Une borne au musée de Louvain-la-Neuve

Avril 2000

 

CréAtions 91 - Lieux culturels, Visites actives  - publié en mars-avril 2000

Ecole des Bruyères, Louvain-la-Neuve (Bouches-du-Rhône) – Enseignant : Olivier Magos


 Une borne au musée de Louvain-la-Neuve


Expérience de partenariat entre le musée et l’école

 

  Le cadre du projet

 

Ce projet a permis la rencontre entre deux partenaires : le musée et l’école des Bruyères à Louvain-la-Neuve.

Le musée a sa spécificité : il offre un espace culturel avec ses collections permanentes : Afrique, Océanie, Asie, Amérique, Europe, de la préhistoire à l’art contemporain, ses collections où les noms de Picasso, Delvaux, Magritte… dialoguent avec des œuvres anonymes et des pièces archéologiques. Son cabinet des estampes couvre l’histoire de ‘art européen et l’histoire de a gravure de Dürer à Picasso.

L’école des Bruyères a aussi sa spécificité : la pédagogie Freinet dont quelques axes principaux sont :
- l’ouverture vers l’extérieur,
- l’organisation coopérative de la classe,
- l’utilisation des nouvelles technologies comme outil de communication et d’apprentissage.

 

Son objectif

Les responsables du musée de Louvain-la-Neuve avaient la volonté de développer un outil facilitant le rapport entre le musée et les enfants. L’école des Bruyères dispose d’un site Internet réalisé par les enfants. Suite à son observation, Bernard Van den Driessche, administrateur du musée, me contacte pour me proposer ce projet : créer une borne qui expliquerait aux enfants ce qu’est un musée.

 

 

Historique

Si la demande est assez précise, le chemin à parcourir est inconnu. C’est donc ensemble, les enfants, les membres du service éducatif du musée et moi-même, que nous décidons de la réaliser. Nous ne savons pas très bien quel contenu y mettre, quelle forme lui donner… Un premier conseil de classe fait émerger une multitude de questions. Nous devons nous organiser, préciser un plan de travail. Il est décidé que nous y consacrerons les matinées du mercredi. Nous effectuons une première visite pour voir et mieux comprendre ce qu’est un musée.
Dès cette première encontre, je suis frappé par l’intérêt des enfants : leur attention est d’abord captée par l’ordinateur présent à l’entrée du musée, mais destiné au public adulte. Face aux objets d’art, leur curiosité est grande pour le contexte (géographique, historique, social…). Ils s’informent sur l’utilité des objets, leurs techniques de fabrication. Ils s’intéressent aussi à tous les aspects extérieurs aux objets exposés : les toilettes, les vestiaires, les caméras de surveillance… et les endroits qui ne se visitent pas : les réserves et l’atelier de restauration.
Avec l’aide des membres du service éducatifs, les enfants essaient de comprendre quels sont les objectifs du musée de Louvain-la-Neuve : conserver, étudier, exposer. Cette première visite donne lieu à un travail de synthèse effectué en classe. Leurs intérêts et ceux de l’équipe du musée donnent déjà un premier cadre pour le contenu de la borne.
Toutefois, cette première synthèse, tout comme celles qui suivirent, met à jour de nouvelles questions et donc de nouvelles visites au musée. Quelles sont les règles à respecter dans un musée, pourquoi, quels sont les objets « coup de cœur », comment ont-ils été fabriqués… ?
Passée cette étape de découverte, nous nous attelons à la réalisation concrète du projet. Dans un premier temps, les enfants essaient d’imaginer la borne et de la dessiner. Une dizaine de dessins retenus par la classe et le musée sont réalisés en terre. Les sculptures sont ensuite évaluées en fonction de critères pratiques (stabilité…). Les meilleures idées de chaque réalisation sont gardées et une dizaine d’enfants travaillent sur un projet définitif à une échelle ¼. Vu certaines difficultés techniques, Claude Manesse, un artiste de notre région, nous propose d’effectuer lui-même le travail en grandeur réelle, ce que nous acceptons car il nous reste encore une bonne partie du travail à accomplir : le contenu.
Les travaux de synthèse des visites nous permettent de retenir quatre axes pour la borne :
a) Le plan général du musée.
b) Les objets du musée.
c) Les règles à respecter.
d) Les objets « coup de cœur ».
Il faut adapter ces axes aux contraintes des nouvelles technologies (liens hyper-textes, images réactives…). Les enfants ne souhaitent pas qu’il y ait trop de textes. C’est ainsi que nous privilégions des illustrations accompagnées de brèves explications. Actuellement, un informaticien traduit l’ensemble de notre travail pour le mettre dans la borne.

 

  Conclusions et pistes de réflexion

J’aimerais présenter les conclusions par rapport aux trois acteurs principaux de ce projet : les enfants, le musée et les nouvelles technologies de la communication. La collaboration établie dans ce projet se distingue par le fait qu’elle a donné une place d’acteur et de créateur aux enfants. Outre le fait que ce projet a été l’occasion de multiples apprentissages (dessins, travail de la terre, textes, logique, géographie, histoire…), les enfants qui ont participé au projet se sont ouverts au musée. Ils ont également apporté un plus à la conception de la borne ; sans eux, certains aspects n’y auraient pas été inclus.

Cette démarche permettra, nous l’espérons tous, d’offrir aux enfants visiteurs du musée une porte d’accès adaptée. Il faut souligner l’importance du service éducatif au sein du musée, sans qui ce projet n’aurait pas vu le jour. Il a été nécessaire et précieux à chaque étape et son rôle ne peut être remplacé par aucune technologie. Les liens interactifs offerts par les nouvelles technologies de la communication, s’ils sont bien pensés, mettent les enfants en situation de découverte, tout en respectant leurs intérêts. Ils suscitent, sans imposer.
Toutefois, il est illusoire de voir dans les nouvelles technologies de la communication une réponse à toutes les questions que se posent les enfants, encore moins un écho à leur sensibilité. En ça, elles sont un instrument qui ne remplace en aucun cas la richesse des personnes qui accueillent les enfants au musée.

Ce projet a permis de connaître certaines demandes des enfants :
a) pouvoir toucher (en opposition à la règle qui interdit de toucher) pouvoir connaître (la possibilité peut être offerte par les nouvelles technologies de la communication et le service éducatif);
b) pouvoir s’extasier, s’exprimer… (en opposition à la règle qui interdit le bruit) ;
c) pouvoir expérimenter (en opposition avec l’atelier de restauration qui est fermé au public) ;
d) pouvoir connaître (la possibilité peut être offerte par les nouvelles technologies de la communication et le service éducatif).

Quelles pourraient être les réponses qui satisfassent les enfants et le musée ? L’expérience de ce projet a montré que pour les rapprocher des musées, ces derniers doivent intégrer le monde de l’enfance dès le départ dans leur concept global. Les nouvelles technologies ne sont qu’un élément de réponse à l’intégration des enfants. Mais ce projet a montré aussi qu’un nouveau type de partenariat peut se mettre en place entre l’école et, pour autant que les acteurs du projet fassent preuve d’une réelle volonté de collaboration.

 

 

 

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dessins, terre, écriture, recherche documentaire