19ème salon Pédagogie Freinet

« Une école pour penser… repenser l’école »

La pédagogie Freinet s’inscrit depuis des années dans des pratiques pédagogiques, éducatives au coeur des problématiques actuelles de l'École, de l’éducation. Il s'agira donc d'approfondir les questions suivantes : quelles finalités, quels contenus, quelles pratiques pédagogiques et quelle organisation de l'école permettront de former des personnes capables de penser et construire une autre société coopérative, écologique et solidaire?

Pour mener cette réflexion, nous invitons :

Hubert MONTAGNER, Docteur ès sciences, professeur des universités, ancien directeur de recherche à l’Inserm. Il a écrit récemment L’arbre enfant. Une nouvelle approche de l’enfant, (Odile Jacob 2006)

Pierre MADIOT, professeur de lettres. Il a été co-fondateur du Lycée expérimental de Saint-Nazaire et formateur à l'IUFM de Nantes avant d'être rédacteur en chef des Cahiers pédagogiques durant cinq années. Auteur de L'école expliquée aux parents (et aux autres)- (Stock, 2008)
Nicolas GO, docteur ès philosophie, chargé du laboratoire de recherche à l'Institut Coopératif de l’Ecole Moderne (I.C.E.M), il se consacre aujourd'hui essentiellement à l'écriture. Lecteur des penseurs antiques, connaisseur des traditions indiennes, il explore les voies de la sagesse et les questions liées à l'éducation. Il a publié L'Art de la joie, essai sur la sagesse (Buchet/Chastel)
 

Pierre FRACKOWIAK, instituteur, auteur de manuels scolaires, pédagogue, inspecteur honoraire de l'Éducation Nationale dans le Nord, auteur de nombreuses tribunes et analyses sur les sites pédagogiques, en particulier le « café pédagogique » et le site de Philippe Meirieu, co-auteur de l'ouvrage : L'éducation peut-elle être encore au coeur d'un projet de société ? (Seuil)

Isabelle DELCAMBRE, professeure en Sciences de l'Education à l'Université de Lille3, membre du laboratoire THEODILE-CIREL. A collaboré à la rédaction de l'ouvrage dirigé par Y. Reuter en 2007, Une école Freinet. Fonctionnements et effets d'une pédagogie alternative en milieu populaire (L'Harmattan).

Sylvain GRANDSERRE, militant du Mouvement de l’Ecole Moderne (I.C.E.M), enseignant en CM1- CM2 en Seine-Maritime, directeur d'une école à 1 classe, coordonnateur de RPI, maître d'accueil (PE1/PE2), membre du Conseil d'Ecole de l'IUFM de Haute-Normandie.
. Il a écrit École : droit de réponses (Prix Louis Cros de l'académie des sciences morales et politiques), abordant différents sujets d’actualité sur l’école (niveau des élèves, lecture, méthodes d’apprentissage, collège, devoirs, violence…). Il est rédacteur au JDPE (journal des professionnels de l'Enfance), membre de l'ICEM 76 et intervenant régulier sur RMC (et bientôt BFM TV). Il est aussi porte-parole du site http://www.darcos-demission.org/

Cyril PEDROSA, dessinateur. Après avoir fait ses armes aux studios d’animation français de Disney, il se lance dans la Bande Dessinée. Il est le dessinateur de la série Ring Circus (Delcourt) avec David Chauvel et a récemment publié Auto Bio ( Fluide Glacial). Il a également participé avec Cassinelli et Holbé à un site de bandes dessinées gratuit (2004-2007) : http://cadavex.free.fr
Ce 19ème salon se veut un creuset pédagogique où l’on vient mettre en commun expériences, réflexions et productions, en mettant en oeuvre la coopération entre adultes tant dans l’action que dans la théorisation des pratiques.

Seront donc réunis des enseignants du 1er et 2nd degré, des formateurs, des éducateurs, des parents, des professionnels de l’éducation, des chercheurs…Des éditeurs et des associations travaillant dans le champ éducatif seront également présents pour présenter leurs productions et leurs travaux. Nous donnerons la parole à des praticiens de l’école, de la maternelle au lycée.
Les conférences seront suivies de débats et/ou d’ateliers organisés par équipes du Salon.

Mot d’accueil du 19e Salon par Philip Lavis, président de l'IDEM44

Mot d’accueil du 19e Salon

Madame ROLLAND, adjointe au Maire déléguée à l'Éducation,
Madame TOUCHEFEU, du Conseil Général,
Madame QUONIAM, Présidente de l’ICEM,
Mesdemoiselles, mesdames, messieurs, chers collègues, chers enfants, chers amis,
En tant que président du groupe départemental de l'École Moderne, organisateur de cette manifestation, j’ai
l’honneur de vous souhaiter la bienvenue au 19e Salon National de la Pédagogie Freinet.
Ce Salon est un temps fort dans la vie du groupe Freinet 44. C'est un moment privilégié et un lieu vivant
fondé sur la variété des échanges et la qualité des intervenants, un lieu où se rencontrent théorie et
pratique, personnalisation et coopération, enfants et adultes. Il accueille depuis maintenant dix-neuf ans
enseignants, élèves, formateurs, éducateurs, travailleurs sociaux, parents. Dans ce contexte d'attaque sans
précédent de l'Ecole Publique et de pénalisation de l'action citoyenne, nous vous proposons cette année,
20e anniversaire de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant, de travailler sur ce thème :
« Repenser l'école - une école pour penser »
« Repenser l'école » pour qu'elle soit réellement
· une école de justice sociale , démocratique, formatrice d'enfants auteurs, acteurs de leurs
apprentissages et citoyens de demain,
· une école laïque , populaire, moderne et émancipatrice.
Une école qui respecte les droits et les besoins des enfants et des adolescents, l'identité personnelle et la
diversité, le besoin de s'exprimer librement et de communiquer.
Cette transformation doit s'effectuer avec les usagers de l'école, adultes et jeunes,
-par l'exercice d'un droit à l'initiative et à l'autonomie,
-par la coopération,
-par un autre mode d'appropriation des savoirs,
-par l'utilisation d'autres techniques et d'autres outils pédagogiques
-et avec une autre conception des évaluations et des programmes.
Or, la politique éducative actuelle de la France éloigne l’école des « buts de l’éducation » prônés par le
Comité des Droits de l’Enfant des Nations Unies.
En effet, nous affirmons que les nouveaux programmes de 2008 n’apportent pas aux élèves ce que ce texte
juge comme fondement de l’Education, à savoir : « les compétences essentielles »[qui]« ne se limitent pas à
la capacité de lire, écrire et compter, mais consistent également en compétences propres à la vie, soit la
capacité de prendre des décisions rationnelles,
de résoudre les conflits de façon non violente et de suivre un mode de vie sain, d’établir des liens sociaux
appropriés, de faire preuve du sens des responsabilités, d’une pensée critique, de créativité et d’autres
aptitudes donnant aux enfants les outils leur permettant de réaliser leurs choix dans la vie. ».
Les nouveaux programmes réduisent la scolarité obligatoire de deux heures par semaine : c’est pour nous,
pédagogues Freinet, une entrave à la réalisation de tels buts.
« Une école pour penser » :
- penser la langue avec la méthode naturelle de lire-écrire, le journal, la correspondance, le texte libre,
l’expression libre
- penser les mathématiques avec la création et la recherche mathématique, le calcul vivant
- penser l’apprentis sage avec les démarches de tâtonnement expérimental, d’expression libre et de
coopération
- penser la relation avec l’organisation coopérative de la classe, de l’école, l’entraide, les échanges de
savoirs, les Arbres de connaissances
- penser l’histoire avec la construction coopérative d’un patrimoine culturel de proximité qui permettra à
tous d’accéder à la culture universelle
- penser le monde avec les techniques et outils de communication, les technologies nouvelles de
communication et d’information, par la correspondance y compris au-delà des frontières,
- penser la vie et les rapports à la nature, à l'écologie avec nos techniques d’étude du milieu,
les échanges sociaux et cognitifs quotidiens de la classe coopérative qui amènent les élèves, les jeunes
d’aujourd’hui à devenir producteurs et auteurs de leurs savoirs, de leur vie.
Je voudrais maintenant remercier tous nos partenaires :
- la Mairie de Nantes représentée ici par Madame ROLLAND, adjointe au Maire déléguée à l'Éducation,
pour son soutien tant matériel que financier. Je précise en outre que le pot de l'amitié sera offert par la
Mairie demain soir à 17h30.
- L’Inspection Académique, qui permet le stage préalable à cette manifestation. En effet ce sont chaque
année douze stagiaires, remplacés dans leur classe, qui durant toute la semaine, travaillent dur à la
réussite de ce Salon.
- Le Conseil Général, en la personne de Mme TOUCHEFEU, pour son soutien financier. Il est bon de
rappeler à cette occasion que les collèges sont de la compétence du CG.
- le Conseil Régional, en la personne de M. VIOLLAIN pour son soutien financier et matériel, notamment
par la mise à notre disposition des locaux du Conseil Régional qui nous accueillera ce soir pour la
conférence de M. Montagner et dont la compétence est de gérer les lycées.
- Le personnel de la résidence Port-Beaulieu, pour sa disponibilité.
- Je voudrais également saluer la présence parmi nous de M. DEMBA, président de l'ASEM (l'Association
Sénégalaise de l'École Moderne)et vice-président de la FIMEM (Fédération Internationale des
Mouvements d'École Moderne). C'est le moment opportun d'annoncer que nous organiserons en juillet
2010, la Rencontre Internationale Des Éducateurs Freinet, au lycée Rieffel de Saint-Herblain.
- Nous remercions également les intervenants qui ont tous répondu spontanément et bénévolement à
notre invitation. Sans leur coopération, le Salon n’aurait pas lieu.
- Merci aux jeunes, écoliers et lycéens qui ont accepté de participer à nos journées et qui sont volontaires
pour montrer ce qu’ils vivent au quotidien dans leurs écoles, dans des conditions plus naturelles bien
entendu.
- Merci aux éditeurs et associations que vous aurez l’occasion de rencontrer dans les couloirs, au premier
étage. Pour être au plus près de nos principes, nous avons fait le choix d’inviter des éditeurs associatifs
qui nous semblent privilégier des outils au plus proche des savoirs des jeunes, ce qui explique la non
présence de l’ensemble des autres éditeurs.
- Merci enfin à tous les collègues de l’Institut Départemental de l'École Moderne de la Loire Atlantique et
ceux de l’ICEM qui se sont engagés dans cette aventure et sans lesquels nous n’aurions pas pu la
mener à bien.

Discours de Muriel Quoniam, présidente de l'Icem

« Repenser l'école – Une école pour penser »

Discours prononcé à l’ouverture du salon de Nantes 2009
Texte écrit avec l’aide de Marguerite Bachy, Catherine Chabrun, Michel Colas, Michel Duckit et Sylvie Pralong

Repenser l’école…
Merci aux organisateurs de ce salon de nous offrir le temps de nous arrêter un peu pour penser, repenser
l’école… Merci, parce que face à l’avalanche de mesures et de déclarations qui visent à démanteler le
service public en général et le service d’éducation pour ce qui nous concerne, on finirait presque par
oublier l’essentiel : les enfants !

La stratégie actuelle du gouvernement est claire : elle consiste à dénigrer le travail des enseignants, lancer
des petites formules percutantes et méprisantes, sortir du chapeau des analyses discutables d’évaluations
internationales dans le but de préparer l’opinion à accepter des réformes profondes de l’école. Les
mesures mises en place actuellement ainsi que les discours démagogiques qui les accompagnent ne cachent
pas la logique exclusivement économique qu’elles veulent servir.

Quelle est la place de l’enfant dans les programmes rétrogrades qui nient toutes les recherches
pédagogiques des quarante dernières années ? Des programmes qui font la part belle à la transmission
frontale et aux exercices de systématisation, sous prétexte de recentrer sur les savoirs fondamentaux !
Mettre en place ces programmes, c’est réduire les activités d’expression, de création et d’expérimentation
dont on sait pourtant qu’elles sont fondamentales aux apprentissages.

Où est l’intérêt de l’enfant quand on réduit son temps de présence hebdomadaire d’école au lieu de
modifier la journée et la semaine scolaire ? C’est une mesure démagogique à l’adresse des adultes
(parents et enseignants) et des professionnels du tourisme et du loisir. C’est une mesure inégalitaire : la
recherche a prouvé que la réduction de ce temps d’apprentissages ne peut que nuire aux enfants en
difficultés : Hubert Montagner pourra en témoigner. Elle est aussi préjudiciable à tous, en particulier à ceux
qui ont besoin d'un peu plus de temps et qui seront mis en difficulté par ces deux heures d'apprentissage
en moins chaque semaine.

Où est l’intérêt de l’enfant lorsqu’on lui rajoute des heures de « soutien » et de « remise à niveau », s’il
rencontre des difficultés ? Ce système nie le droit de chacun d’apprendre à son rythme et dévalorise le
travail individualisé. Cela prive une partie des enfants de leur droit au repos, aux loisirs, à la vie de
famille.

Où est l’intérêt de l’enfant dans la suppression des RASED ? Au lieu d’ajouter un enseignant par école –
ce qui serait nécessaire – supprimer les RASED permet de gagner 8000 postes budgétaires. Même
imparfaite, cette structure permettait aux enfants qui en avaient besoin d’accéder à une aide spécialisée
sur temps scolaire. Leur suppression conduira à envoyer systématiquement les enfants en difficulté dans des
structures privées, en dehors du cadre scolaire, si les familles peuvent en supporter le coût et l'organisation.
Où est l’intérêt de l’enfant lorsque dès la maternelle, il se retrouve fiché dans Base Elèves ? Cela nie le
droit d’opposition des parents et c’est en contradiction avec la Convention Internationale des Droits de
l’Enfant.

Où est l’intérêt de l’enfant lorsque l’évaluation n’est plus destinée à diagnostiquer les réussites des élèves
mais les performances et sert à contrôler la bonne mise en oeuvre des programmes ? Surtout lorsque ces
évaluations sont clairement étalonnées pour repérer l’élite (je vous renvoie aux évaluations CM2 de janvier
où la totalité du programme était évaluée avec un système de correction manichéen (zéro ou un) où seuls
les meilleurs étaient repérés.

Rendre publics ces résultats permet de comparer les écoles et de les mettre en compétition. Nous sommes
dans une logique libérale totalement inégalitaire où les parents sont incités à inscrire leurs enfants en
fonction des résultats obtenus dans telle ou telle école. Que va devenir la liberté pédagogique des
enseignants ?

Où est l’intérêt de l’enfant dans le regroupement des écoles en EPEP ? Placer à leur tête un chef
d’établissement permet de mieux les contrôler. Cela permet aussi de fermer encore quelques classes et
Association agréée par les Ministères de l’Éducation Nationale et de la Jeunesse et des Sports
petites écoles, c’est limiter les relations de proximité entre la population et son école, c’est augmenter le
pouvoir des collectivités territoriales sur l’école, c'est limiter le pouvoir des professionnels de l'enseignement
qui jusqu’alors pouvaient faire le choix personnel des méthodes pédagogiques et des outils utilisés...
Où est l’intérêt de l’enfant dans l’évolution actuelle de l’école maternelle ? Refuser l’accueil des plus
jeunes au lieu de le faire évoluer, c’est ouvrir la porte aux structures privées pour ceux qui auront les
moyens de la financer. C’est limiter l’accès à l'école gratuite aux enfants issus de milieux dits défavorisés
alors que école maternelle française a fait la preuve de son importance dans la réduction des écarts
sociaux. Rapprocher l’école maternelle du fonctionnement de l’élémentaire, c’est faire entrer les enfants dès
le plus jeune âge dans un système normatif soumis à évaluations d’apprentissages qui sont imposés de plus
en plus précocement qui vont à l’encontre de son développement personnel, c’est le priver de son temps
d’enfance, et sa singularité. C’est le priver de points d’appuis indispensables pour sa réussite future.
Nous savons que toutes ces mesures ne réduiront pas l’échec scolaire parce qu’elles s’éloignent de plus
en plus de l’intérêt et les désirs de l’enfant. Tous les camarades qui ont eu à défendre une classe (aussi
bien pour une ouverture qu’une fermeture) ou à expliquer leur acte de désobéissance à l’administration
n’ont pas pu exposer leurs arguments pédagogiques : aujourd’hui, parler de pédagogie, prendre en
compte l’intérêt de l’enfant, de son désir d’apprendre, de son plaisir de vivre relève presque du tabou.
Aujourd’hui, des collègues sont sanctionnés parce qu’ils s’opposent avec conviction et courage à des
mesures allant à l’encontre de l’intérêt de l’enfant et de ses droits. Un comble, on leur retire une grande
partie de salaire : deux jours par semaine parce qu’ils prennent la classe entière au lieu d’en extraire un
petit groupe ou quatre jours parce qu’ils ont refusé de faire passer les évaluations CM2. « Travailler plus
pour ne rien gagner ! » quel slogan ! Nous leur apportons tout notre soutien et saluons avec vigueur leur
combat juste et courageux.

Dans ce contexte, repenser l’école est une véritable urgence… et nous ne voulons pas de cette école qui
nous est proposée, celle qui fabrique de bons petits exécutants et sélectionne les élites.

Parce que nous considérons l’enfant comme un être social,
Parce que nous considérons l’enfant comme une personne à part entière,
nous affirmons notre choix d’une pédagogie qui apporte les aides appropriées à ses apprentissages en ne
les isolant pas artificiellement de ses expériences,
Nous réaffirmons notre choix d’une éducation qui développe la capacité de l’enfant à être auteur et
acteur de ses apprentissages pour qu’il devienne un adulte auteur et acteur des nécessaires évolutions
sociales.

Je ne vais pas reprendre les idées forces de notre pédagogie présentées par Philip Lavis, le président du
groupe départemental tout à l’heure, mais j’insiste sur l’importance de la méthode naturelle qui prend en
compte l’enfant dans toute sa complexité. Une méthode qui ne sera jamais définitivement écrite, une
méthode qui évolue avec les enseignants, les enfants et le monde grâce en particulier aux échanges comme
ceux qui auront lieu dans cette rencontre, mais aussi tout au long de l’année dans les groupes de travail
coopératif au sein des départements et des secteurs de l’ICEM.

Pour que l'enfant autant que l'élève puisse penser et SE PENSER …
Pour que l’enfant puisse être acteur de sa vie
Pour que l’enfant puisse être auteur de ses apprentissages
Pour qu’il puisse se projeter dans une société qui plus que jamais a besoin de citoyens responsables, au
sens critique aiguisé et en alerte, merci encore aux organisateurs de nous inviter à repenser l’école
ensemble dans un autre objectif que celui fixé par nos dirigeants.

Je vais laisser le mot de la fin à Célestin Freinet :
"Ce n'est pas avec des hommes à genoux qu'on mettra une démocratie debout !"
Nous avons du pain sur la planche !
Avant de rendre la parole à Philip Lavis, je vous souhaite à toutes et tous, un très bon salon !

Muriel Quoniam,
Présidente de l’ICEM
Nantes le 25 mars 2009

Présentation des élèves de la 5e SEGPA

Les élèves de 5ème SEGPA d'Olonnes sur Mer sont venus faire les journalistes d'un jour lors du 19ème salon Freinet de Nantes. Voici leur présentation.

 

Bonjour à tous,

 

Nous sommes d’Olonne sur Mer en Vendée. Nous venons du Collège Paul Langevin. Notre classe est presque au complet : il ne manque qu’une élève. En fait nous ne sommes que 11. Nous vous avons préparé quelques présentations personnelles dont je vais vous lire quelques morceaux choisis :

 

« La SEGPA, c’est là où il y a des élèves en difficulté, qu se donnent de la peine ou qui ne veulent pas travailler. Moi, je suis en SEGPA parce que j’avais des difficultés. Je me sens mieux en SEGPA. En général, c’est parce qu’on se fait mieux aider et on y arrive mieux pour apprendre à lire, à écrire…»

 

« Avant on était en primaire et on avait que des mauvaises notes. Maintenant en SEGPA on a des bonnes notes. A la SEGPA, il y a des classes de 6e7, 5e7, 4e7 et 3e7. En classique il ya au moins 5 classes de 6e, 5e, 4e et de 3e. Nous ne sommes pas nombreux en SEGPA. Si on est en SEGPA, c’est parce qu’on a des difficultés. En primaire on n’aimait pas la primaire. Au collège on aime, mais ce qu’on n’aime pas c’est se lever à 6h.»

 

«Je suis en SEGPA parce que j’ai des difficultés dans certaines matières telles que le français, les maths ou l’histoire et c’est souvent parce que je n’aimais pas les cours. Maintenant je me sens mieux en SEGPA parce que les matières sont plus faciles et nous avons plus de temps pour faire les exercices…»

 

« Nous sommes en SEGPA pour rattraper notre retard scolaire et nos problèmes de travail en maths et en écriture. La SEGPA c’est différent…»

 

« Nous sommes en SEGPA parce que nous avons des problèmes de lecture, écriture des mots, des problèmes de matières comme le français, les maths, la SVT… Des problèmes de comportement aussi : avant, on se faisait virer de cours, on avait des heures de colle…»

 

Vous l’aurez compris, la SEGPA (note du PE : Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté) est réservée aux élèves qui ont des difficultés (note du PE : graves et durables... selon les textes officiels).

 

Nous sommes ici pour faire les journalistes d’un jour. Vous nous verrez aujourd’hui au Salon pour observer et prendre des notes de ce qui se passe.

 

Bonne journée à tous.

Le canard déchaîné

Journal réalisé par les 5ème SEGPA d'Olonnes sur Mer sur le 19ème salon Freinet de Nantes

 

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Nature et Pédagogie Freinet

Présentation du groupe "nature" de l'IDEM44 à la suite de l'ouverture du 19ème salon Freinet de Nantes

 

Mais qu’est-ce qu’on attend pour faire quelque chose ?

On en entend parler partout autour de nous et on ne met pas ça au quotidien dans nos école ? Cela semble évident, cela fait écho dans notre vie mais nous ne le plaçons pas au cœur de notre travail.

De quoi s’agit-il ? De notre préoccupation de réfléchir au présent et à l’avenir sur notre planète.

C’est sur ces bases que s’est constitué le groupe nature cette année. Nous avons passé une journée au début des vacances de la Toussaint à nous pencher sur les textes de Freinet et nous avons été étonnées de voir à quel point certaines de ses phrases pouvaient faire écho aujourd’hui.

Pendant les vacances de février nous nous sommes retrouvées pour une autre journée d’échanges autour de nos pratiques. Nous avons cherché à voir ce que nous pouvions faire au quotidien pour essayer de changer des choses, en faisant davantage attention aux gaspillages et déchets de toutes sortes que nous générons dans nos classes.

Nous avons aussi essayé de mesurer l’impact pédagogique que cela peut avoir quand on place la connaissance et le respect de la nature au cœur des apprentissages et de la vie de la classe. Cela appelle à sortir de la routine, à se questionner sur la place et l’authenticité des écrits, à poser un regard nouveau sur nos pratiques à long terme et à nous interroger sur notre responsabilité par rapport aux générations qui nous suivent. C’est difficile et c’est toujours surprenant de voir que, ce que Freinet écrivait dans les années 50 ,est encore autant d’actualité aujourd’hui . Voici une de ses phrases :

« N’essayez pas de bâtir indépendamment de la vie souterraine. Il faut bâtir avec la vie et dans la vie… Les excuses ne manquent pas et elles sont parfois excellentes . L’horticulteur aussi, qui produit de belles pêches nocives, a des excuses, humaines également… C’est bien parce que trop de gens se contentent ainsi de ce qui est, que le monde va où le mènent le hasard ou les mauvais génies.

Les éducateurs, plus que d’autres, doivent s’appliquer à voir juste d’abord, à essayer de faire surgir ensuite, ne serait-ce qu’une lueur de vérité… »

C’est avec l’espoir de faire naitre des lueurs de vérité sur ce qui attend nos enfants dans un futur proche  que nous essayons donc de voir ce que nous pouvons changer à l’école pour que leur avenir soit possible sur notre planète.


Table ronde de Sylvain Grandserre

19ème salon Freinet de Nantes

notes de Maïwenn

SALON DES APPRENTISSAGES

25 MARS 2009

 

TABLE RONDE SYLVAIN GRANDSERRE

 

Présentation de François Le Ménahèze:

dédicace aux enseignants en résistances, aux parents qui portent plainte contre le fichier Base Elèves, à la collègue RASED qui a osé prendre la parole dans Là-bas si j'y suis.

 

Intervention d'une représentante du comité de soutien à Sami Benméziane. (Trésor Public se retourne contre Sami: 206 jours d'ITT + frais d'hospitalisation: entre 20 000 et 30 000 euros) Souscription lancée 28 000 signatures de la pétition, + de 700 adhérents au Comité de Soutien.

 

Point sur la situation concernant l'avenir des IUFM:

Casse des IUFM et de la formation. Lettre de Darcos aux syndicats: maintien des concours tels quels pour un an, mais masteurisation maintenue.

Demande du retrait total de la réforme, présidents des Universités étant avec nous. Recrutement des remplacement actuellement passe déjà par l'ANPE. D'où danger de précarisation qui va augmenter encore par la suite (à défaut de concours, on embauchera les étudiants « master »pour remplacement...)

F LM:Un questionnement sur la formation actuelle dans les IUFM (est-on acteur et auteur de ses apprentissages?)...

 

Sylvain Grandserre:

 

Une école pour penser et penser pour agir: cf atelier

 

Repenser l'école ou re-panser l'école?

« Allo maman bobo, Darcos comment tu m'as fait je suis pas beau... » Nos missions sont en train d'être modifiées..

Certaines personnes pensent qu'il n'y a pas besoin de repenser l'école: un simple retour à un « âge d'or » suffit (cf. Marc Le Bris: ancien désobéisseur:refus d'appliquer programmes 2002: chevalier national de l'ordre et du mérite!)

Une cascade de changements...

 

Notre société est en pleine mutation:

Les différentes composantes de l'école sont en mutation complète: société de sur-consommation qui fonctionne sur le principe général de la satisfaction (et création) directe des désirs et des caprices (services ouverts 7 jours sur 7 et 24h sur 24) Tout s'accélère! Ce qui est malvu chez l'enfant, le « caprice », est en fait la norme pour les adultes de notre société (cf.« parce que je le vaut bien! »)...

 

Institution scolaire obsédée:

Obsession du moindre coup: suppression de postes pour seulement 500 000 000 euros d'économie (dérisoire en comparaison aux plans de sauvetage des banques)... Credo sous-jacent: Liquider les soixant-huitards...

Ministère de l'Education Nationale (MEN): tentée par 2 figures: celle de Bartabas qui s'est fait connaître car il galopait à reculons, comme le MEN: il s'agite, se cabre, et... recule!

Supprimer les RASED alors qu'on voulait diviser par trois l'échec scolaire, suprimer les IUFM car on donne l'impression qu'on n'a pas besoin d'apprendre à enseigner: c'est inné..

Darcos est aussi comme Karl Lagerfeld: prendre des mesures pour faire de l'habillage...

Un épisode historique a eu lieu dernièrement: l'évaluation CM2: on nous a dit officiellement qu'il fallait faire passer des évaluations sur des compétences non travaillées en classe: très dommageable pour la relation de confiance vis-à-vis des inspecteurs...

 

Plus de problème de recrutement: on propose un Agence nationale du remplacement, qui pourrait recruter des étudiants ayant par exemple échoué au concours... à peu de frais!

 

Les parents changent:

Ils subissent eux-mêmes un monde du travail très violent, voire sont exclus du travail (8 millions de personnes vivent en France en dessous du seuil de pauvreté). On demande aux salariés une implication, ils n'ont plus d'horaires mais uniquement des délais (cf. François Becbéder): le travail ne s'arrête plus. D'où l'impression qu'on est des privilégiés. Les parents d'élèves travaillent de plus en plus loin, on constate un éclatement géographique des familles... Divorces de plus en plus nombreux...

La consommation d'anxiolytiques, calmants, alcool et tabac bat des records en France...

 

D'où: les parents sont de plus en plus consommateurs d'école (autrefois on pouvait rater l'école et réussir sa vie). Aujourd'hui, même si on réussit à l'école, on ne trouve pas forcément de travail.. les parents pensent pour certains que quelques matières n'ont plus leur place à l'école (arts/sciences, langues anciennes)...

 

Les collègues changent:

Dans le 1er degré: autrefois être instituteur convenait et était une promotion sociale pour un enfant d'ouvriers/agriculteurs. Aujourd'hui: le recrutement à bac +5 a des retentissements sociologiques: seuls ceux qui ont des conditions sociales élevées pourront y accéder. D'où un décalage par rapport aux parents et aux élèves au quotidien, et un danger si trop d'homogénéité au sein de notre corps. Le corps enseignant se féminise : cela signifie que les hommes n'en veulent pas... La conception qu'on se fait du métier est parlante: cela permet un salaire d'à point, c'est un métier second, ça permet de s'occuper des enfants avec le mercredi libéré et des vacances scolaires. Or: les collègues sont en fait débordées par leur vie de famille et un travail très prenant! Une partie des écoles se vident à 16h30 (les collègues se remettant à travailler de 22h à minuit).

On constate un désenchantement généralisé: le discours lancinant est dangereux... Autarcie de la répression est entretenue!

Dépolitisation: les enseignants sont moins inscrits politiquement, syndicalement, pédagogiquement: pourtant, il faut vouloir changer la société pour changer l'école: la pédagogie ne peut pas tout... Une action extérieure est nécessaire. C'est le prix à payer pour faire avancer le système.

 

Les enfants changent:

Ils vivent dans un grand confort moyen, nous visvons dans un des pays les plus riches du monde (il est presque indécent de présenter nos écoles ou notre mode de vie aux correspondants africains). L'enfant est aujourd'hui un projet très programmé... d'où une projection de désirs très lourds... Il y a un fantasme parental très fort et très lourd sur l'enfant, ce qui est assez nouveau. Les parents ne supporte plus l'échec scolaire: moins il y a d'échec en france, moins on le supporte, car aujourd'hui cela équivaut à être voué à un échec social.. D'où une montée de la pression.

 

Dommage: notre école est dépassée mais elle ne recule pas. On constate mêm certains progrès (langues, accueil enfants handicapés). Dommage que ces progrès soient souvent basés sur la contrainte (beaucoup de collègues voudraient se cantonner à instruire, non à éduquer).

 

Un sondage à Paris à établit un bilan de santé des élèves de 3ème: la consommation d'alcool régulière est à la hausse chez les collégiens: 30% chez les garçons/ 33% filles) . Il y a 17 % de fumeuses en 6ème .. Au contraire seulement 10 % des jeunes consomment des végétaux tous les jours... Quant au petit déjeûner: 40 % n'en prennent pas.

Sommeil: une heure et demie de sommeil en moins depuis 30 ans... un tiers des élèves de collège se couchent après 22h, un quart se couche après minuit..

D'où des conséquences énormes sur la santé (obésité, problème de mémorisation, stress...)

40 % du temps de loisirs des élèves de Cycle 3 se déroule derrière un écran (activités dans la passivité) où l'on trouve des images de plus en plus violentes.

Baisse de la pratique d'une activité physique: 15 % seulement chez les filles de 3ème.

 

Bilan:

Surconsommation, incapacité à surmonter la frustration (qui est pourtant la base de toute pédagogie, notamment la pédagogie freinet). Pédagogie Freinet à l'opposé du laxisme: la souplesse nécessite énormément de rigueur.

 

Nous ne sommes pas sur la théorie du don: tout ce qu'on fait en classe est long à mettre en place, difficile, en perpétuel ajustement, jamais une pratique n'est l'exacte application d'une théorie.

 

Exemple du groupe scolaire Concorde, près de Lille: mise en place d'une équipe freinet dans une école périclitante: résultat: réussite aux évaluations.

Ecole Ballard Montpellier, avec uniquement des classes uniques. Ecole de Sylvain Connac (Auteur du livre: Apprendre avec la pédagogie coopérative): on veut toujours essayer de trouver une solution seul alors que les enfants ont la solution... Excellents résultats aux évaluations.

Autre exemple : le Collège Clisden « un plaisir de collège » près de Bordeaux: un fonctionnement à la carte et les meilleurs résultats de l'Académie au Brevet.

Autre modèle: la Finlande: or basé sur une pédagogie active, pas de redoublements.. Et: a les meilleurs résultats au monde. Pris en main de tous les leviers par l'équipe (temps, lieux..) et un travail sur la communication (parents, élus...).

 

Notre collège français a été fait pour les meilleurs élèves (structure de départ) et les accueillent tous.

 

Questions:

 

Pédagogie freinet n'est pas une pédagogie de luxe uniquement valable pour les écoles sans problème. Nous devons faire de l'élève tout sauf un consommateur de cours... Donner une place différente aux élèves en les responsabilisant, en les inscrivant dans le temps, les projets à long terme.

Les valeurs : il faut assumer notre militantisme, on n'est pas une école neutre (entraide, mixité, ne sont pas neutres). D'où l'ambition des valeurs freinet. Pas de principes tout terrain: une réflexion au cas par cas.

 

Féminisation : ancienne? (depuis déjà une vingtaine d'années) Dépolitisation des enseignants (comme de la société en général): quel parcours avant l'IUFM pour être si peut engagé?

 

La féminisation s'accélère: 85% des nouvelles recrues, où est la figure symbolique masculine pour les enfants? Pour les petits garçons, pas de projection, de modèle possible...

Politisation: On pourrait demander une attestation de « colonie de vacances » une année scolaire équivaut au nombre d'heures de vie commune avec les enfants lors de 2 mois de colonies de vacances.

 

Autorité:

Une représentation souvent faussée de l'autorité (interdire/obéïr ) l'autoritéc'est aussi « autoriser ».

Les élèves qui ont des représentations archaïques de l'autorité sont très surpris de nos réactions. Avoir toujours un décodeur sociologique: se questionner sur le sens que nos actions ont sur nos élèves.

Sylvain Grandserre s'est dit décomplexé sur l'idée de l'autorité traditionnelle (pas aller trop vite en démarrage en Pédagogie Freinet) sinon on risque de tout abandonner « ne vous lâchez pas des mains avant que les pieds touchent par terre » disait Célestin Freinet...

Notre rôle est de freiner les débutants qui ne doivent pas aller trop vite, au risque de se mettre en danger.

 

Désobéisseurs: un carotte du MEN sont les « primes », mais il fonctionne aussi avec un bâton:attaque au portefeuille. Cf: Alain Refalo : 2 jours de salaires de moins par semaine parce qu'il prend toute sa classe au lieu de quelques-uns.

Sylvain Grandserre: pour son refus de faire passer les évaluations CM2: 4 jours de salaire en moins (en plus de la prime en moins).

 

Le but du Ministère: qu'il n'y ait plus de carte scolaire, plus de salaire au mérite (à l'obéissance), l'idée dissimulée là-dessous est d'avoir un système pour pouvoir choisir l'école de son enfant, mais cela risque d'être l'inverse: ce sera l'école qui choisira ses élèves... D'où la formation de ghettos..

cf. livre: Main basse sur l'école publique.

Conférence d'Hubert Montagner - 19ème Salon de Nantes

 

Conférence Hubert Montagner à l’hôtel de région le 25 mars 2009

 
 
Introduction par Eric Cluzel. Il lit un article de « l’Humanité » qui raconte comment Freinet a été traduit devant le conseil départemental.
 
Montagner est en accord avec la philosophie, les démarches et les combats du mouvement Freinet pour former des citoyens accomplis.
Deux thèmes :
  • Le développement du petit enfant
  • Les rythmes
 
Il semble que le président de la République n’aime pas les enfants, au vu des dispositions prises depuis deux ans :
  • diminution du nombre de maternités, dans des petites villes notamment, qui posent des problèmes humains
  • congé maternité remis en question, pour la réduction de ce congé
  • devant le Sénat, le ministre de L’EN, s’étonne qu’il faille une formation bac+5 aux enseignants qui n’ont qu’à changer des couches… Hubert Montagner trouve cela insupportable. Cela prépare le lit pour le remplacement de la GS : les jardins d’éveil. C’est une coquille vide, il n’y a rien dans le projet, il n’y a pas de conceptualisation du projet.
Il s’agit de voir quelles sont les finalités de l’école maternelle : pour quelle société ?
 
Cette succession de mesures ne s’inscrit pas dans le hasard :
  • la maternelle coûte chère, il faut des structures d’accueil valables, et il faut tenir compte de la formation des enseignants. Pourquoi si peu d’allusions à la petite enfance dans la formation des enseignants ? Il faut repenser cette formation sans oublier la petite enfance.
 
Dans « l’arbre enfant … » , Montagner affirme qu’on ne peut comprendre les enfants si on ne prend pas en compte le fait que la sécurité affective est moteur chez l’enfant : il ne doit pas être en danger, maltraité, abandonné. Cette sécurité permet à l’individu de prendre confiance en lui, de développer de l’auto-estime. Cette sécurité affective est d’autant plus nécessaire pour les enfants en souffrance.
Les vraies questions, ce n’est pas l’auto-exclusion de la société, le trop-plein de mouvement, les enchaînements de violence mais quels sont les enchaînements d’insécurité affective.
Quand l’enfant est installé dans la sécurité affective, son langage oral peut se développer et ainsi libérer ses émotions. Cette libération lui permet de partager ses émotions pour être plus tard à l’écoute de celles des autres.
 
La narration contribue au développement de l’enfant. Raconter une histoire : quelle réaction pour les enfants insécures ?
 
Les enfants sécures :
  • posent des questions sur les émotions des personnages de l’histoire. Ils n’hésitent pas à entrer dans l’univers affectif des personnages.
  • libèrent leur attention auditive et visuelle soutenues. Ils sont capables de combiner les 3 dimensions d’un même message : symboles au tableau (info visuelle), gestuelle du maître (information visuelle), discours du maître (information auditive). les enfants communicants peuvent combiner ces informations.
  • Ils ont un élan à l’interaction très fort, et attirent de ce fait les autres. Leur répertoire social est développé (adhésion à notre discours, à nos situations mises en place…). Fondements de la socialisation.
  • Ils sont capables d’imiter et d’être imité.
  • Ils développent des habilités gestuelles, de la créativité
 
Ils libèrent ces 5 capacités et donc leur processus cognitifs qu’ils ont en eux depuis leur naissance. Tous les enfants ont ces processus, mais ces processus doivent être extraits des enfants en cours de développement.
 
Les enfants non sécures :
  • Ils ont une capacité d’attention visuelle faible, leur regard balaie le tableau. L’enseignant a l’impression qu’ils n’écoutent pas, en fait, ils ne regardent pas. Il leur manque la combinatoire entre visuel et auditif.
  • Ils ont très peu d’élan à l’interaction, peu de comportements affiliatifs. Ils développe nt des conduites de fuites ou d’hyperactivité ou s’enferment dans de l’autodestruction.
  • Ils hésitent à s’interroger sur les émotions des personnages, ils n’interrogent pas l’éducateur, ils s’éloignent et quittent la situation de narration, comme s’ils avaient peur d’entrer dans les émotions des personnages. Ils ont peur pour les personnages.
  • Ils ont un déficit d’habilités motrices
 
 
Trois leviers sur lesquels jouer pour s’insérer dans la sécurité affective :
 
Celui constitué par les éducateurs (crèches et école maternelle) en tant que personnes relationnelles (être humains avec affection et émotion).
 
L’enfant doit lier des liens avec ces personnes. La figure d’attachement sécure peut être pour plusieurs enfants. C’est d’autant plus important quand il n’y a pas d’attachement à la maison. L’insécurité est aussi créée par la culpabilité développée chez des enfants : on a alors un empilement d’insécurité affective.
Autre situation d’insécurité affective : avec ses pairs. L’enfant doit créer un groupe, non-hiérarchique, en coopérant et en s’entraidant avec d’autres. Les enfants ont en eux toute la gamme des éléments de la socialisation, dont l’entraide et la coopération, sachant qu’avant d’arriver à l’école maternelle, ils ont déjà construits des élans d’interaction, des comportements affiliatifs, des comportements de socialisation.
 
 
Aménager le temps pour que ce ne soit pas à contretemps des rythmes de l’enfant.
 
C’est la catastrophe dans notre pays. Cela fait plus de 20 ans que la communauté scientifique parle de cela : si on veut aider les enfants à se développer, il faut les considérer dans les 24 h. Ils se structurent par l’alternance du jour et de la nuit. Cela se construit très tôt (chez le fœtus de 6 mois déjà : coïncidence alternance jour/nuit avec la mère. Le fœtus s’agite au moment où la situation physique de la mère change, qu’elle se couche par exemple).
Quand ce rythme change, on a du mal à se remettre en phase (éclairée et obscure). Dans un cycle de sommeil, les deux derniers états attirent l’attention des scientifiques. L’hormone de croissance se développe chez les enfants pendant la phase de sommeil lent. Cela a des effets anabolisants et leur permet de fabriquer de la matière. Cette phase permet de reconstituer les protéines que nous brûlons en situation d’éveil. Cela joue aussi un rôle pour la récupération du sommeil.
Les enfants qui ont le sommeil interrompu en sommeil lent auront du mal à récupérer. Ils ne peuvent alors pas s’ajuster au message du maître. Pendant le sommeil paradoxal le cerveau est actif et il rêve. Cela sert à la consolidation de la mémoire.
 
Deux moments où les capacités d’attention sont faibles :
  • Entre 7 h et 8 h, car les enfants ont du mal à se réveiller. Les élèves en difficulté sont particulièrement concernés.
Il faut commencer à 9h30 pour donner à chaque enfant toutes ses chances. Puis, cela va jusqu’à 11h.
 
  • 14h30 – 16h30 , pour l’après-midi.
 
Cinq heures de travail dans la journée est un grand maximum, à 16h30, les enfants sont fatigués.
 
Semaine de 4 jours + nouveaux programmes :
Il s’agit de faire en 4 jours ce qui se passait avant en 4 jours et demi. Donc les enseignants accordent plus de temps au français, aux maths et au calcul.
L’enfant de CP doit suivre 10 h d’apprentissage formel en français, et 5 h en maths. Il n’y a donc plus de temps pour le reste. Les enfants doivent rester concentrer 15 h.
La journée scolaire en France est la plus longue du monde, et cela, sans compter les devoirs.
 
Le lundi est une mauvaise journée pour la pédagogie… avec les activités du week-end en plus. Les deux jours libérés le week-end peuvent provoquer une déstabilisation chez certains enfants.
 
Et que faire des enfants insécures qui vivent mal le milieu familial ?
 

Gérer les espaces pour allier corps et santé

 
On peut changer les choses, à condition d’agir sur ces leviers.
C’est au mois de septembre que l’on peut essayer d’agir sur ces trois leviers, pour sécuriser.
 
Questions :
 
Préciser ce qu’est le temps sujet, ou le temps-objet :
 
Temps sujet : l’enfant meuble comme il l’entend, il choisit (temps de 8h30 à 9h30). En classe, il faut un cadre mais on peut développer des interactions pour que l’enfant le vive comme un temps sujet, sans les enfermer dans des temps explicites d’apprentissages formels.
 
Un éducateur de jeune enfant intervient : il est surpris de la méconnaissance du jeune enfants chez les professeurs des écoles, il s’interroge d’autant plus par rapport aux réformes, il est inquiet.
 
Les enfants ne peuvent supporter la pression actuelle, même pour les bons élèves. 3h45, c’est trop. Il faut prendre en compte la personne qui est derrière l’élève. En ce moment, on peut constater que les enfants sont inquiets, anxieux, et qu’ils peuvent avoir du mal à dormir. Les mesures actuelles sont une catastrophe : augmentation du poids des fondamentaux et diminution de la semaine scolaire.
 
Au sujet de la personne qui peut aider l’enfant : quelles conditions créer pour être une « figure d’attachement » ?
 
Il faut s’intéresser à l’enfant, ne pas le maltraiter, le considérer, pour qu’il ne se sente pas en danger et accepter les élans affectifs des enfants.
 
En ce qui concerne la pression sociale : ce n’est pas nouveau (citation de 64), on en fait un réel problème que depuis peu.
 
On en parle depuis un moment mais l’opinion publique n’était pas forcément à l’écoute. Il faut utiliser des arguments crédibles.
 
Sur le 3ème levier, si je veux que mes élèves s’installent dans la sécurité affective, comment gérer l’espace de classe ?
 
Il s’agit d’allier corps et pensée dans la classe et hors classe :
  • escalier, plans inclinés, mezzanines, blocs de mousse, bacs à balles, pour qu’ils maîtrisent l’espace. Ils doivent le conquérir.
  • Dans les cours : aménagement pour que les classes d’âges différents puissent se transmettre des processus (escalade : prendre de la hauteur pour prendre de la hauteur, voir tout du dessus).
  • Espaces verts à l’extérieur : montagnes russes (buttes de terres engazonnées), labyrinthe, manchons
 
A propos du rythme de la semaine, du mercredi matin, que penser de mettre en place cinq jours consécutifs comme dans d’autres pays européens ?
 
Pour diminuer la durée de la journée scolaire, il faut prévoir l’accueil des enfants en dehors du temps pédagogique.
Donc, pour trouver du temps, il faut travailler le mercredi. Il n’y a pas d’autres solutions que le mercredi matin.
On peut accueillir en classe jusqu’à 11h, puis introduire un temps nouveau : des clubs culturels peuvent venir au sein de l’école et organiser un menu pour l’après-midi. Ils sont ainsi préparés cérébralement. Les enfants qui veulent garder leur enfant le mercredi après-midi pourraient le faire. Cela resserrerait les liens entre tous les acteurs qui tournent autour de l’enfant.
C’est de la responsabilité des pouvoirs publics de ne pas abandonner l’enfant. C’est un projet de société pour réduire les inégalités sociales.
 
Ce qui est proposé serait idéal, mais il y a déjà des problèmes de répartition selon les communes…
 
Il faut constituer un fond, par la région, pour ajuster aux besoins véritables des communes.
Au niveau national, une partie des fonds de pensions et des bonus pourrait servir à développer l’école pour tous.
 
Revenir sur la réforme : l’âge d’acquisition est réduit, il faut connaître les choses plus tôt, l’enfant est-il capable d’intégrer toutes les notions ?
 
Il ne faut pas faire de ségrégations, on accepte les enfants tels qu’ils sont. On ne doit pas raisonner en terme de précocité de compétences. Ce n’est pas l’âge qui compte, c’est d’accéder aux compétences quand l’enfant est prêt, quand il a envie d’être prêt. Dans les pays scandinaves, c’est différent. Il faut accepter l’hétérogénéité.

 

Conférence de Pierre MADIOT

19ème salon Freinet de Nantes- Notes de Pierre -

« La place de la parole dans l’institution scolaire, parole magistrale, parole citoyenne, parole du sujet apprenant »

 

 Pour reprendre un mot de Freinet « L’école est trop orgueilleuse de posséder la science » et par conséquent a tendance à privilégier la parole du maître et à négliger la parole des élèves qui pourtant, existe au moins à deux niveaux :

- dans le domaine des échanges qui concernent la communauté de vie et le fonctionnement
- dans le domaine des apprentissages.
Si on remonte très loin dans le passé, on voit que le débat a toujours opposé, d’un côté, les tenants d’une transmission centrée sur l’autorité du savoir et sur celle du maître, et d’un autre côté, les pédagogues qui font une place à la parole de l’élève dans l’institution scolaire.
 Je me propose donc de repérer quelques éléments de l’histoire de l’école qui montrent
- que ce débat  accompagne un lent et difficile mouvement de démocratisation
- que ce débat se déroule sur un arrière plan d’exclusion sociale et d’échec scolaire.
Mais, on verra que c’est bien l’équilibre entre les trois paroles qui pourrait être le garant d’une école démocratique et efficace.
 
1) Je / nous.
La parole du sujet apprenant.
 
L’époque des humanistes.
Nous ne tenons les uns aux autres que par la parole.
Montaigne  le maître doit laisser parler son élève.
Comenius (image du précepteur)  au milieu d’un environnement : les lumières du savoir arrivent tout de même par l’intermédiaire du maître, des élèves en activité.
Ce qui intéresse les humanistes, c’est le doute. Critique de la scolastique, que Montaigne décrit comme de vrais « geôles de la jeunesse captive ». On n’y apprend rien que le latin. Montaigne accuse la violence des institutions « scolaires » de son époque.
Abbaye de Thélème (Rabelais)  « Fais ce que voudras » : utilisation de la capacité naturelle à ouvrir les yeux sur ce qui nous entoure.
Interrogation du statut des savoirs : le savoir sert-il à distinguer socialement les gens ou à agir sur le monde ?
Rousseau oppose l’autorité à la raison.
L’enseignement mutuel depuis le XVIIIème siècle et mis en place sous la Restauration, sous l’influence anglaise : des élèves moniteurs, placés face à un groupe. Le maître renonce à l’exclusivité de la parole experte.
 
2) Les savoirs et leur sens social.
La parole scientifique.
 
Idéal de Condorcet (1792)  offrir à tous les individus les moyens de pourvoir à leurs besoins. Prise en compte d’un devoir de justice, renversement des principes de l’éducation : ne plus transmettre les savoirs à ceux qui le « méritent » socialement, mais permettre à tous les citoyens d’exercer leur citoyenneté ; c’est la marche vers la démocratisation.
Après la Révolution, Napoléon s’empresse de faire le contraire, pas seulement dans l’éducation, mais dans l’ensemble du système social : affirmation des préceptes de la religion catholique, fidélité à l’Empereur, obéissance à l’Etat, à la patrie, à la religion, à la famille.
 
Un nouveau projet émerge avec la Révolution de 1848 et Lazare Hippolyte Carnot (ministre de l’instruction publique). L’instauration du suffrage universel induit un retour aux principes défendus par Condorcet.
La réponse de Thiers ne souffre pas d’ambiguïté : il faut limiter l’instruction à lire, écrire et compter, tout le reste étant superflu. L’Etat peut ainsi consacrer l’argent économisé à « l’inspection » (la police, dans le langage de l’époque), il ne faut surtout pas instruire le peuple afin de ne pas nuire à l’ordre établi.
 
Après la défaite de 1870, vient l’ère des « hussards noirs de la République » qui vont apporter au peuple un savoir porté sur la raison. Les lois J. Ferry de 1881-1882 ont pour vocation de réunir le peuple autour d’une culture et d’une langue communes permettant à la nation de se rassembler. Les lois Ferry ajoutent au lire écrire compter, l’instruction morale et civique (et non plus religieuse), la musique… « Ceux qui sont forts sur le mécanisme ne comprennent rien à ce qu’ils disent ». Mais ce système demeure inégalitaire socialement dès que l’on aborde le secondaire.
 
3) Le partage des responsabilités.
La parole politique.
 
La réforme se fait sur la marge (comme par exemple l’école des Roches, qui s’adresse aux classes favorisées). C’est le temps des novateurs. John Dewey (1899) (« Il s’agit de faire des citoyens et non des savants ».), puis Freinet vers 1930) et Gustave Monod (1945), créateur des Cahiers Pédagogiques, pour qui l’ordre de la classe sera confié aux enfants eux-mêmes (les « classes nouvelles »). Ce qui importe, c’est de mettre les élèves en activité. Ils communiquent et font des travaux manuels, mais sur les photos on les voit toujours tête baissée.
En 1945 Langevin et Wallon constatent le divorce entre l’enseignement scolaire et le réel.
En mars 1968 apparaît le mot dynamisme, juste avant mai 68 qui voit la révolte contre l’ennui et contre un modèle dont on ne veut plus.
 
La réforme de 1975 (loi Haby) instaure le collège unique. Désormais on a un système unique pour les enfants de 6 à 12 ans, mais l’inégalité se retrouve dans le secondaire, marqué au niveau des filières. L’enseignement secondaire est toujours centré sur les savoirs (beaucoup plus d’enfants issus de la bourgeoisie titulaires du bac C, par exemple).
Des instances de concertations sont introduites (CA et CE), qui rendent possible pour la première fois la parole politique dans le système éducatif. Le groupe des élèves se voit reconnaître un point de vue à faire valoir.
Les TPE permettent de contourner le problème : affirmation de la parole du sujet apprenant, qui devient producteur de savoir. Dans le même sens on assiste aux IDD qui permettent le développement de compétences. Mais les TPE sont supprimés, et tout est à nouveau recentré sur les savoirs.
Les projets Sarkozy-Darcos annoncent un « retour aux fondamentaux ». Le moins que l’on puisse dire est que ces fondamentaux ne sont pas ceux de Condorcet. On décrète qu’il faut acquérir les techniques opératoires avant le sens des opérations. On a redonné toute la place au savoir, au détriment des deux autres pôles (le pouvoir et le sujet apprenant).
 
4) Les 3 pouvoirs de la parole.
 
Henri Atlan affirme qu’entre la parole poétique, la parole politique et la parole scientifique, il faut maintenir le droit à la parole à ces 3 pouvoirs. Cette tripolarité se retrouve dans le schéma du sociologue René Lourau : le groupe de base, le groupe d’action et le groupe de travail. Ça ne sert à rien de faire comme si le groupe de travail occultait tous les autres. Il faut mettre en valeur les trois composantes.
- le groupe de base renvoie au sujet apprenant ; c’est le lieu privilégié de la parole « poétique ».
- le groupe d’action renvoie au pouvoir ; c’est le lieu privilégié de la parole « politique ».
- le groupe de travail renvoie au savoir ; c’est le lieu privilégié de la parole « scientifique ».
Une école qui réussit est une école démocratique. Une école démocratique est une école qui réussit. La condition de cette réalisation tient dans l’équilibre entre les 3 axes.
 
En guise de conclusion, on peut se reposer sur un exemple connu d’une école qui réussit, celle de Mons-en-Barœul où cet équilibre entre les 3 axes est respecté. Mais on peut se poser la question : et dans les écoles ordinaires ? La réussite peut là aussi être atteinte si certaines conditions sont réunies : travail en équipe des enseignants, accueil des parents dans l’école, mise en place d’une pédagogie active…
 

 

Mi deziras lerni la naturan metodon : je veux apprendre la méthode naturelle

 

Mi deziras lerni la naturan metodon
atelier animé par Nicolas GO
 
L'idée est de nous faire vivre la méthode naturelle façon Paul Le Bohec.
On est prévenu-e-s : pas la peine de prendre de notes... Mais j'en prends néanmoins pour faire un compte-rendu le plus fidèle possible, puisque c'est mon rôle pour cet atelier...
 
Nous allons écrire un texte libre en espéranto. Oui oui.. Personne dans la salle ne maîtrise cette langue, pas plus que l'animateur. Deux esperantistes présent-e-s sur le salon viendront nous prêter main forte.
L'idée, c'est que c'est en créant qu'on apprend.
 
Phase 1 Une phrase est écrite au tableau, on déchiffre, on traduit toussétoutes, ensemble.
 
Phase 2 On écrit ensuite notre texte libre en espéranto. Les espérantophones les corrigent. Ils ne sont pas censés nous expliquer leurs corrections, et les premiers couacs arrivent : ils le font !
 
On voit déjà deux aspects de la production d'écrit, de texte libre : le respect du sens donné au texte par son auteur - j'ai du, par exemple, batailler ferme pour que ma phrase « je veux apprendre la méthode naturelle » ne devienne pas « je veux apprendre l'espéranto par la méthode naturelle », - ainsi que la difficulté pour celui ou celle qui sait à ne pas faire savoir ...
Autre aspect : l'absence totale de risque, la sécurité qui nous entoure fait qu'on se lance dans l'activité, dans la création sans peur.
 
Phase 3 : Lles phrases sont corrigées, chaque auteur ou groupe d'auteurs recopie deux fois sur sa feuille la phrase corrigée, apprentissage implicite oblige, puis recopie la phrase au tableau.
A nous toussétoutes, nous avons produit sept phrases, alors que nous ne connaissions RIEN en espéranto; un texte libre, limité par les connaissances que nous avions.
 
Mais chaque jour, en répétant la formule, grâce à la multiplicité des textes, à leur diversité, bientôt l'espéranto n'aura plus de secrets pour nous ... (si on le faisait vraiment tous les jours).
 
 
Phase 4 : les auteurs viennent au tableau, alors que le groupe tente de donner un sens aux phrases.
De nouveau, les couacs... les espérantophones ne sont pas des méthodistes naturalistes et proposent des explications grammaticales de nos productions. Nicolas Go intervient; l'impatience se fait palpable dans le groupe : le « correcteur » pratique la réticence didactique : il sait la règle de grammaire, et il se la garde pour lui, il attend que les élèves la découvrent et établissent la règle, se l'appropriant ainsi.
Point de vue élève (que j'ai, pour une fois): c'est très désagréable, alors que certains éléments du système m'apparaissent, de me faire « voler » mes découvertes par un « sachant »...
 
Phase 5 : théoriquement, c'est LÀ que nous serions devenus grammairien-ne-s, explorateurs ou exploratrices de texte. Observons les phrases, que voyons-nous? Qu'avons-nous à en dire?
Là, on doit pouvoir se déplacer, circuler aisément entre notre place d'apprenant-e et le tableau où l'on va indiquer les lettres qui reviennent, les structures qui se répètent, etc...
Lors de cet atelier, c'est sur l'étude grammaticale que nous démarrons l'exploration du texte, mais parce que nous partons de NOS connaissances.
 
Les phrases n'ont pas été lues à l'oral; l'écriture est première, c'est par nécessité que nous en serions venus à la lecture, partant aux questions de prononciation.

 

 

Frustré-e-s par le temps trop court, et la place trop grande des « sachants » , il ne reste que peu de temps pour une discussion.
 
Ce qui pourrait poser problème est que les élèves se disent qu'ils sont censés DEJA savoir ce qu'on leur demande. Ici, on rigole, on accepte de ne pas savoir, on joue le jeu. Mais le rapport à l'erreur est à construire; l'erreur interdite, l'erreur bloquante est à proscrire pour se lancer efficacement dans cette méthode; c'est précisément là que l'erreur est décidément ce qui nous fait avancer, progresser, nous-individu, et nous-groupe.
 
Autre question qui émerge : la difficulté pour l'adulte à se positionner dans un domaine où il est peu à l'aise... Plusieurs pistes : les stages organisés par l'ICEM (!) et puis créer des habitus de création. Démarrer en ... « faites n'importe quoi », relever un geste (pour le langage corporel), un son en création vocale, une trace en arts visuels.. valoriser, inviter le groupe à « faire comme ».. sauter sur les variantes, les variations, les propositions des enfants.
 
 
Et c'est déjà fini.
En guise de bilan très personnel : on a entr'aperçu ce que peut donner la méthode naturelle, et aussi, grâce aux interventions inopportunes, à voir précisément ce qu'est une intervention inopportune en méthode naturelle, et à sentir la frustration que peut ressentir un enfant avide de réfléchir à qui on vole ses découvertes par des apports... programmés .
 
Mélanie
GD 44
 

 

La méthode naturelle - Nicolas Go

 
La méthode naturelle (Nicolas Go) revoir les citations de Freinet

 

 

 

Introduction par François Perdrial : La méthode naturelle est construite.

 

Nicolas Go est philosophe. Il est chargé du laboratoire de recherche au sein de l’ICEM, afin de faire évoluer les pratiques.

Il propose une lecture de Freinet, afin de réexpliciter les fondements de la pédagogie Freinet, et montrer que ces fondements restent nouveaux.
Ces techniques sont aussi expérimentées dans le social, on peut transporter la méthode naturelle dans d’autres champs que celui de l’école.

Méthode naturelle : qu’est-ce que cela veut dire ? Méthode ou naturelle ? Normalement, ils s’agit d’éléments contradictoires.

 

Analyse de la méthode naturelle pour approcher ce qu’elle est dans son essence.

 

 

 


Pourquoi la méthode naturelle ?
Parce qu’elle est l’entreprise fondamentale de la pédagogie Freinet. Elle enveloppe toutes les découvertes de l’école moderne. C’est le milieu favorable au tâtonnement expérimental.
Freinet a développé cette notion dans « Essai de psychologie sensible ».

Que fait-elle ?
Elle organise la rencontre des processus individuels dans le contexte social et politique de la coopération.
Elle concrétise des principes de philosophie de l’éducation : éducation à la sagesse notamment (« L’éducation du travail » par Freinet : livre initiatique par un paysan auprès d’enseignants).

Méthode naturelle de quoi ?
Méthode naturelle d’apprentissage. Education au travail et par le travail. Elle déborde le domaine des savoirs scolaires.
C’est une méthode de vie (apprentissage naturel de la lecture).
On travaille beaucoup dans les classes Freinet. Notion de jubilation, de joie, de puissance de vie…

 

Principes de la méthode naturelle :

 

 

 

Freinet est parti de l’ennui des enfants. S’ils s’ennuient, ils ne peuvent pas apprendre. D’où problèmes d’autorité, de sanction… et par voie de conséquence, l’échec scolaire et les inégalités. Donc, pourquoi les élèves rechignent tant ? Ils ne s’ennuient pas parce qu’ils ne veulent pas travailler mais parce qu’ils n’ont pas assez de travail. Il faut donc libérer le travail de la scolastique. La classe traditionnelle ne met pas au travail, elle prive l’enfant des ressources créatives du désir. Freinet s’inscrit dans une visée politique révolutionnaire. Il était pragmatique et animateur d’un mouvement populaire. Il voulait « un projet de sagesse révolutionnaire ».La méthode naturelle est la forme concrète que prend ce projet.
En ce qui concerne la notion de puissance de vie (Freinet), de primat du désir : c’est une considération matérialiste de bon sens, et qui plonge ses racines dans les physiciens… « L’être humain est dans tous les domaines animés par un principe de vie, qui le pousse à croître à se perfectionner… afin d’acquérir un maximum de puissance sur ce qui l’entoure » (Freinet).
Dans la réalisation de ce processus vital, pour la montée normale de l’être, on mobilise de la puissance. L’éducateur doit voir des puissances de vie dans les élèves. Chaque enfant est une puissance de vie singulière. Chacun cherche son propre mode d’évolution, pour grandir. Elle a une histoire personnelle. Elle varie en fonction des diminutions et des accroissements.
Quand un enfant présente un texte devant les autres, il ressent un sentiment de puissance, d’où une jubilation. C’est le signe que la vie a réussi.
Quand après plusieurs tâtonnements, un enfant redécouvre seul la méthode de Gauss, il éprouve dans sa solitude et devant le groupe un sentiment de puissance. C’est une expérience cruciale intellectuelle, affective et sociale.
Freinet est en accord avec Aristote : «  Il n’y a qu’un seul principe moteur : la faculté désirante ».
Spinoza : «  Le désir est l’essence de l’homme » ( In L’éthique).

Cette méthode crée un milieu favorisant les accroissements de puissance. Elle organise leur rencontre et leur amplification mutuelle dans un contexte coopératif.

Inconscient : usine à fabriquer du désir (Deleuze). C’est donc différent de chez Freud. La conquête d’une connaissance est comme la conquête d’un être aimé (on part d’un principe de désir).

 

Deuxième aspect de la méthode naturelle : La fécondité du milieu, la rencontre des puissances

 

 

 


Les enfants se rencontrent par leur désir de vivre.
C’est grâce aux autres que la liberté existe.
Avant d’être un principe politique, la méthode naturelle est un principe éthique. Il est le prolongement social de phénomènes biologiques.
La coopération enrichit les puissances de vie, sans aucun effet de pouvoir. Ce n’est pas un partage des pouvoirs. Le pouvoir est toujours effectuation d’une puissance au détriment d’une autre.
C’est donc l’inverse qui se produit quand il y a coopération. On partage ses découvertes, et en transmettant, on enrichit les autres. L’enfant partage car c’est plus humain et c’est plus joyeux.
Freinet voyait aussi un apprentissage naturel par l’imitation « La loi de résonance ».
« L’individu éprouve un besoin psychologique et fonctionnel d’accorder ses gestes […] avec les individus qui l’entourent. Tout désaccord est senti comme une désintégration.  Il est donc naturel que l’enfant accorde ses gestes et ses cris à l’unisson […] ».
La méthode naturelle prend en compte la totalité de l’être. Paul Ricoeur appelle la complexité de l’être « l’expérience totale ». On n’est pas juste des sujets épistémiques mais des êtres sensibles avec des satisfactions, des angoisses…
Gilles Deleuze : « On ne désire jamais un objet isolé, séparé, on désire toujours dans un ensemble ». « Un milieu est fait de qualités, de substances, d’évènements ».On met des affects dans nos expériences. Ce sont ces affects qui font l’identité de l’individu.
En pédagogie Freinet, on assiste à une prolifération d’évènements dans l’incertitude, ce n’est pas prévu à l’avance.

La méthode naturelle organise le tâtonnement expérimental. L’enfant est auteur. Elle favorise les intentions, permet à l’enfant de développer sa puissance créatrice, en coopération avec les autres.

« En méconnaissant ce besoin de l’être de monter […], l’école s’est privée du plus puissant des moteurs humains » (Freinet).

 

DISCUSSION :

 


François pose la question de la mise en pratique de la méthode naturelle.

 

Pourquoi ne pratique-t-on pas la méthode naturelle ?

 

 

 


C’est un problème sociologique. Depuis la Grèce antique, la scolastique fonctionne.
C’est aussi un problème politique, il vaut mieux former des individus pouvant être assujettis à une autorité. C’est du cynisme de la part de ceux qui sont aux commandes, notamment actuellement.
Il y a un véritable enjeu des postures face à ce système : on créé une société avec rapport de domination…
Mais il ne faut pas être fataliste face à cela. Il y a toujours la possibilité de mettre en œuvre un acte libre.

 

Comment se fait-il aujourd’hui, si l’on prend en compte l’état des recherches en sciences sociales et en ayant conscience des mécanismes, que la machine soit plus puissante que les acteurs eux-mêmes  ?

 

 

 


Les sciences de l’éducation est un champ où se joue du pouvoir. On est dans une logique de rapport de pouvoir. Il faut être en conflit de résistance, mais il faut être aussi créatif. Il faut montrer que l’on peut travailler autrement dans nos classes afin de viser le mieux.

Les décisions se prolongent dans le lien social, vers une coopération avec d’autres.

Autre enjeu : essayer d’inventer les voix d’une action autre. Il faut se rendre digne de sa propre existence. C’est de l’égard par rapport au monde.

 

Aristote est le père de la scolastique. Freinet serait plus proche de Socrate.

 

 

 


Nicolas Go conteste.

Rappel historique de François. Freinet a amené un sang neuf, après la première guerre mondiale. Dans la méthode naturelle, il y a l’idée de repartir sur d’autres bases.

N.G : On peut faire la méthode naturelle dans le milieu économique, on peut transférer les principes dans différents champs en les adaptant. Il s’agit juste de prendre en compte les spécificités de ces champs.

 

Interrogation d’un parent d’élève : est-ce que cette méthode est valable pour tous les enfants, est-ce que ce n’est pas trop déstabilisant pour certains enfants ?

 

 

 


NG répond que oui, par essence, c’est valable pour tous les enfants. Il faut mettre nos pratiques à l’épreuve. Ce n’est pas la méthode naturelle qui est à remettre en cause. Théoriquement, il ne peut y avoir d’échec.
Si cela ne fonctionne pas, c’est qu’il y a un dysfonctionnement au niveau des acteurs. Il faut se mettre dans une position critique : qu’est-ce que j’ai raté ?
Responsabilité de l’enseignant qui doit se poser la question de ce qui dysfonctionne.

 

Quelle rôle et place de l’enseignant dans cette méthode ?

 

 

 


L’histoire ne produit pas les conditions de sa réussite. C’est donc à nous d’agir.
Il faut 20 ans de travail pour y arriver.
Il s’agit d’avoir une attitude adéquate à la méthode naturelle.
Cette méthode est fragile, parce qu’elle est de l’ordre des processus singuliers de l’enfant.
Il faut arriver pour chaque enfant à mettre en place sa ligne de vie.


 


 

 

Problèmes liés aux associations


 
Salon des apprentissages 2009
Jeudi 26 mars
 
 

AFL:

Nicole Plée: Deux particularités de l'AFL: travailler en recherche-action avec les enseignants des écoles avec une obsession, la lecture et l'écriture. Aide développée auprès des enseignants.
Leur postulat est que la lecture n'est pas seulement l'affaire de l'école (sur demande des écoles) mais également des quartiers (bibliothèques, maisons de quartiers, entreprises..) et des familles.
Difficile de convaincre les collègues que l'école seule ne suffit pas, de toucher les parents, surtout dans les milieux populaires (parents peu lettrés, etc.): comment permettre que toutes les familles se sentent concernées, sans pour autant dicter à l'école ce qu'elle doit faire?
L'objectif de l'AFL: faire en sorte que n'importe quel individu en France soit capable de gérer sa vie de façon autonome en étant lecteur (y compris compétent pour lire « entre les lignes »...).
L'AFL n'a jamais été dotée par le Ministère de l'Education National (MEN) de postes de mis à disposition, ni subventions, ni soutien... Sauf une exception: cette année elle a été reconnue d'intérêt pédagogique. Ne fonctionne que par bénévolat et engagement militant. L'AFL travaille aussi avec des adultes (alphabétisation, promotion de la lecture), lien avec ATD Quart Monde, Secours Populaire... AFL mène aussi des actions de formation.
 
CRAP:
Pierre Madiot : (à l'initiative du Lycée expérimental de Saint-Nazaire)
Cahiers Pédagogiques: crée en 1945, sous l'impulsion de Gustave Monod créateur de classes nouvelles dans des lycées pilotes (pédagogie active au second degré). Revue servant d'organe de liaison pour tous les enseignants concernés. 3000 à 4000 exemplaires par mois. Enseignants et chercheurs croisent leurs regard sur le système scolaire. Le CRAP est l'association gérante et organise des rencontres estivales. Fonctionnement du Cahier Pédagogique: un dossier central sur un thème disciplinaire ou non. Organisé à partir d'appel à contribution: articles proposés par les enseignants et chercheurs, de façon équilibré, de la maternelle au lycée. Des rubriques concernent l'actualité, lqui sont également alimentées par des acteurs du terrain éducatif. Au début, ils étaient relayés par le ministère, mais après 1968: rupture avec les instances officielles. Indépendance totale, géré par des militants: 2 postes en détachement, une subvention diminuant tous les ans et risque de disparaître complètement.
A écrit un livre: l'école expliquée enfin ou pas?
 
CEMEA:
Pascal Gascoin: Les attaques contre les associations éducatives viennent de tous les sens de façon très organisée.
Il existe beaucoup d'associations qui se préoccupent de l'Education non formelle, 8 d'entre elles sont reconnues comme d'utilité publique « Les Eclaireurs et éclaireuses de France, AROEVEN, Francas, OCCE, Pupilles de L'enseignement public (PEP), Ligue de l'enseignement, CEMEA, ICEM.
Des enseignants Mis-à-Disposition participent à leur développement, ce qui semble pertinent pour créer du lien entre ces associations et l'école. Maintenant, ces postes deviendront détachés, moyennant un subventionnement aux associations.
Symboliquement c'est une mise à distance. En octobre 2008: on a reçu l'annonce que l'on toucherait 25 % de moins au budget 2008. Aujourd'hui: on annonce qu'il n'y aura plus de mis à disposition (au CEMEA 62 enseignants était MAD nationalement, il n'en retsera qu'une trentaine à la rentrée 2009 sous forme de détachés, faute de moyens/dans la Ligue de l'enseignement: il y en avait plus de 800)
Le ministère Jeunesse et Sport n'existe plus: haut Comissariat à la Jeunesse, un flou total sur les subventions. Vie associative, dans le flou aussi, 11 % de baisse générale des subventions, sur les conventions pluriannuelles: moins 15 %. Les AFR ( familles rurales ) n'ont plus aucune aide, le travail social dans les quartiers non plus, le Planning familial est en danger...
Disparitions des CREPS.
Tout le système d'éducation populaire est en train d'être attaqué de façon pluriel...
Fadela Amara a attaquée nos grosses associations qui « spolient les gens du quartier.. » et demande qu'on évalue leurs actions. Or elles sont soumis à des conventions pluri-annuelle d'objectifs: et on ne pourra évidemment pas atteindre nos objectifs si on nous ôtent tous nos moyens. On fait en fait la place au privé tranquillement...
 
GFEN
Annie Monteinnet:
Groupe Français d'Education Nouvelle: qui n'existe pratiquement plus sur région nantaise mais tente de redémarrer. Postulat: tous les enfants sont capable d'apprendre, au contraire de ce que présente la théorie des dons.
 
OCCE 44
Anne Le Garrec: proche de la pédagogie freinet, permet aux enseignants de créer une coopérative scolaire dans sa classe afin de faire circuler l'argent de façon légale. Argent mutualisée entre toutes les écoles, les intérêts sont ensuite répartis.
Les mis-à-dispositions sont supprimés et remplacés par des postes de détachés avec subvention amputée au minimum de 25 pour cent et aucune garantie.
Pour 12 département: les postes de détachés seront à partagés sur 2 départements (exemple: le détaché de Loire-Atlantique devra aussi couvrir la Vendée)
Il existe a27 000 adhérents (55 000 coopératives en France)
 
Grand flou sur le recrutement des détachés pour l'année à venir, un risque que cela se fasse au dernier moment... Début avril, on ne sait toujours pas le montant des subventions qui seront versées cette année.
Les conventions signées en 2007 sont déjà remises en cause!
 
Comme par hasard ces associations en danger sont celles dont les valeurs sont à l'opposé des programmes actuels du MEN...
 
Ligue de l'enseignement (FAL 44) a donné source aux différentes asso:
PEP (après première guerre mondiale pour la prise en charge des orphelins)/ CEMEA (36-37: explosion des colonies de vacances, d'où la formation aux méthodes actives, a également un pôle santé mentale, petite enfance. Ils sont axé sur la globalité de la personne, sur son histoire: CEMEA est sur le terrain de la formation et diffusion, pas organisateur direct, contrairement aux autres associations qui ont une fonction fédérative)/ FRANCAS (après seconde guerre mondiale: boum des centres de loisirs, entrées un peu différente: droits de l'enfant).
 
FCPE:
issu de la Ligue également (en 1947). Existe quasi uniquement dans les écoles publiques. Baisse égelement des subventions et 2 fois moins de MAD (15 au lieu de trente au siège national).
Le statut de délégué est parfois mis à mal, à cause des horaires de certaines réunions en journée scolaire. Dans les entreprises privées pas de statut reconnu pour permettre des abscences.
Partenaire avec la MAE (cours pour les enfants malades), car défendent les mêmes valeurs: école publique et pour tous (prêt de matériel, subvention de certaines classes transplantée, actions de préventions... uniquement à l'école publique).
 
ICEM/ICEM:
Jeanne Potin: ICEM: mvt national
IDEM44: sur le terrain, enseignants ayant envie de confronter leurs idées, améliorer les pratiques, militer...
85 militants adhérents.
ICEM: 400-500 personnes en France.
FIMEM: structure internationale: mouvement des pédagogues freinet à travers le monde. Charte des écoles freinet réservée en France à l'école publique, pas forcément partout dans le monde.
 
CLIMOPE
Collectif d'associations organise une journée festive et de réflexions: Journée de Résistances et de Fête pour l'éducation Populaire: 6 juin à la Barakason.
 
Chacune de ces asso a sa revue:
 
OCCE: Animation-et Education
AD 44: Presse-coo
plein d'outils
 
CEMEA: Vers l'Education Nouvelle (VEN) (pédagogie)
Cahiers de l'animation (centré sur l'animation)
VST: Vie sociale et traitements (santé mentale et psychiatire)
  • livres en tout genre pour éducateurs
Site CEMEA Pays de la Loire: Site ressource en licence libre: fiches sur éducation pop, péda, activités à mener, chants...
 
ICEM:
Le Nouvel Educateur
livres etrevues: BT-BTJ... fait avec des enfants ds les classes et équipes d'enseignants qui coopèrent à l'édition.
FRANCAS: Camaraderie
 
 
 

 

Compte-rendu du Café Pédagogique sur le 19ème salon Freinet de Nantes

25 et 26 mars, 19ème salon des apprentissages individualisés organisé par le groupe IDEM 44 

Par Lucie Gillet 

 

 Une organisation bien rodée pour deux jours d'ateliers, de conférences et de débats; 350 participants pour la journée du mercredi, loin d'être tous originaires de Loire-Atlantique, et vous prenez la teneur de la portée de l'évènement. Comme un ange gardien de la bonne tenue du salon, la mémoire de Paul Le Bohec , décédé en ce début d'année 2009 veille en maints petits détails. Un salon où il sera évidemment question de méthode naturelle, où une salle sera rebaptisée pour honorer le pédagogue, et un salon qui s'ouvre sur un sémillant hommage sous la verve de Nicola Go.

 

Mais entrons dans le vif du sujet par un petit parcours dans la journée du 25 mars.

 

Les ateliers ou rendre compte des activités de la fourmillière...

Plutôt que de ne restituer qu'un seul des ateliers de la matinée dans son intégralité, picorons ici et là : les salles sont grandes ouvertes, installons-nous au sein des débats, saisissons-en quelques bribes. En point de mire, toujours et dans chacun des ateliers, l'organisation, la structuration sont de rigueur, une attention particulière à comment les enfants apprennent et ce qu'ils apprennent. Les contenus sont bien au coeur de la problématique, et s'il n'est pas certain de trouver des réponses, par contre on se pose beaucoup de questions. La pédagogie Freinet, c'est loin d'être de l'impro ! C'est plutôt tout un art, la mise en place de contraintes libératoires...

 

Le salon des apprentissages individualisés a la particularité d'allier théorie et pratique. Les enseignants présents échangent autour de leurs pratiques en classe, des théories sur lesquelles ils s'appuient telles des guides, mais les élèves sont aussi présents. L'an dernier Christelle Guillot menait une séance de français avec ses collégiens de Guérande et présentait ainsi le blog Les Mots à la bouche, support d'apprentissages, motivant pour ses élèves. Cette année, des élèves de cycle 2 et 3 de l'école ouverte Ange Guépin (Nantes) sont également au travail.

Enfin une classe de 5ème SEGPA de Vendée accompagnée de leur professeur a la lourde tâche de réaliser un journal… (voir : ici )

 

Pour cette revue des ateliers, la synthèse de Nicolas Go, choisi pour être le grand témoin de cette matinée met également la focale sur quelques données organisationnelles.

 

Prenant la tangente par rapport à sa mission de « grand témoin », Nicolas Go avoue que devant la « situation rocambolesque » de devoir rendre compte de ce qu'il n'a presque pas vu, donc « devant le risque de faire de faux témoignages », il a choisi de s'appuyer sur la présence des élèves « journalistes d'un jour » et qui eux aussi déambulaient entre salles et amphi, prenant leur notes, interrogeant quelques participants. Studieux ils ont pris la tâche très au sérieux. Nicolas Go propose donc à ces jeunes journalistes de pratiquer la « méthode naturelle » de grand témoin, c'est à dire commencer par dire n'importe quoi, le plus dur étant toujours de commencer. Bon gré mal gré, les journalistes timides se lancent...

 

Jordan a rencontré une dame qui vient de Normandie, Adrien explique leur objectif qui consiste à produire un journal qui devrait être mis en ligne le lendemain sur le site de l'ICEM, pour cela ils doivent prendre des notes, tout au long de la journée. Nicolas Go les tanne : « Allez qui a vu un truc nul? », personne n'ose répondre à la question ! Mélanie et Pauline avouent que l'atelier qu'elles avaient choisi d'écouter n'aura lieu que l'après-midi. Bryan a vu des images, des peintures, un bar, des expositions. C'est difficile la méthode naturelle, surtout les démarrages, argumente Nicolas Go, mais « un grognement suffit » dédramatise-t-il. Comme en classe, certains cachent leurs notes, avouent qu'ils n'ont pas envie de parler, d'autres évoquent la rencontre avec les enseignants chargés du « groupe international » qui mène des partenariats avec la Géorgie ou encore le Sénégal. Nicolas Go reprend le micro, il nous livre ses impressions, éparses, tout en faisant le pari, que ça y est « vous allez voir, c'est maintenant qu'ils vont parler... ».

 

La classe au travail :

Pour reprendre le mot de Nicolas Go « les enfants enseignaient aux enseignants comment enseigner. ». Devant les enseignants intéressés pour qu'on leur raconte comment ça marche une classe Freinet, on bute parfois sur ce qui paraît évidences pour les enfants, ils ne comprennent pas d'emblée les questions. Les adultes se sont alors mis à l'écoute, leurs questions ne fonctionnaient pas, ils ont alors posé des questions pragmatiques sur comment les enfants travaillent, ils les ont écouté présenter leurs outils et dans ces présentations étaient contenues des tas de réponses. Tous se sont retrouvés autour de fichiers, plans de travail, cahiers, le « super c'est vendredi... », des techniques artistiques comme celle de l'encre-vapo...

 

Les enseignants se bousculent, les enfants répondent aux questionnements. Une élève explique l'inscription pour les responsabilités chaque lundi matin : « ce n'est pas trop la bagarre entre vous? » lui demande une maîtresse... Amankaya explique le « super c'est vendredi » : tous les 15 jours les élèves présentent à toute l'école le fruit de leurs recherches ou production élaboré durant la dernière quinzaine. Les tableaux sont décortiqués, les cahiers analysés. « Pourquoi on met un point jaune ici, et que ce passe-t-il si le point est rouge, a-t-on le droit de recommencer? » « Je ne sais pas, je n'ai jamais eu rouge... » confie l'élève quelque peu rougissante pour le coup!

L'atelier a remporté un franc succès , on pouvait y voir de multiples supports, audio compris, représentatifs dans la non hiérarchisation des activités, des pratiques de la pédagogie Freinet.

 

Atelier Créations mathématiques :

Dès la mise en place de l'atelier, les participants doivent se mettre à l'ouvrage : des feuilles leurs sont distribuées, ils doivent imaginer une « histoire mathématique ». Qu'est-ce que c'est que ça ? « ça » contient des données mathématiques, des nombres, des formes géométriques... Des témoignages et pratiques de classes sont questionnés : Combien de fois? La question de la régularité, de la fréquence des séances est posée, et fatalement comment suivre les programmes? Comment s'assurer de couvrir toutes les compétences s'il n'y a pas de contraintes? En tous les cas, une activité qui permet de penser autrement le rapport qu'on a aux mathématiques.

 

Atelier élémentaire : Les différents langages

La création orale : la question n'est pas seulement d'avoir le droit de parler, mais de savoir si on peut être entendu. Comment organise-t-on la vie de la classe pour que cette parole ait un effet de transformation de la vie, et ne soit pas seulement un droit dénué de prolongements. Sont présentés dans l'atelier les lieux institutionnels, l'adulte restant le garant de la parole.

 

Langage écrit : Ritualisation, organisation de l'expression. Comme les textes produits par les enfants font part de l'intime se pose la question du poids du regard des autres. Comment mettre en place la réécriture des textes libres? : le texte libre, doit-il être considéré comme outil d'étude de la langue? Quelles exigences de correction? Un enseignant fait remarquer que pour lui, l'orthographe ne doit pas forcément être le critère d'évaluation, dans ce cadre de production de texte, la cohérence du texte est aussi importante. Tout dépend de dans quel temps on est, création ou étude de la langue et tout dépend de l'objectif initial (publication, communication... ). Au travers du prisme des corrections, se pose la question de l'influence de l'enseignant et du fait de veiller à laisser l'enfant la propriété de son texte. L'influence est normale, elle fait partie du rôle de l'enseignant, loin de tout angélisme les participants ne croient pas au spontanéisme créateur de l'enfant. Ne pas être dans le tout interventionnisme, mais pas non plus crédule, jouer de son influence mais « une bonne influence » c'est à dire écoute de l'enfant, faire avec lui, l'accompagner. Le texte libre n'a de fonction que s'il est socialisé, c'est la socialisation qui nécessite l'exigence de la rigueur.

 

Langage du corps : en préalable, la place du corps à l'école est remise en cause, il est question de la circulation dans la classe, de règles de travail où l'on peut permettre au corps de s'exprimer pendant la journée scolaire.

 

L'objectif affiché est de mettre en place dans les classes une situation qui permet les conditions de la création : ainsi utiliser le détournement d'un objet, par le biais d'une consigne précise, ouvrir des possibles, puis l'acquisition d'une technique, grâce à laquelle on va pouvoir créer, créer du repère. De l'individu et de ses créations on va donner une valeur au groupe. Le chemin à parcourir se situe entre les propositions individuelles et la structuration collective. L'enseignant fait partie du collectif classe, n'est pas forcément uniquement le chef d'orchestre, en tant que participant, il est force de propositions, tel un chorégraphe prenant part à sa création en danse contemporaine.

 

Ateliers maternelle et « nature » :

Les participants sont organisés en cercle, une distribution de la parole est mise en place. Nicolas Go souligne l'organisation de l'atelier, la mise en oeuvre adéquate au contenu du discours (principes démocratiques). Sont évoqués les conflits entre apprentissage de la loi et apprentissage de la liberté. Par la libération de la parole on découvre la nécessité de la règle, qui se découvre en situations pratiques. Les problèmes de disciplines sont plus facilement résolus quand l'enfant s'intéresse à ce qu'il fait. La question est alors de comment mettre l'enfant au travail, investir son désir dans le projet personnel.

 

Un participant s'interroge, pose la question des outils, des supports pour démarrer.

La parole est donnée à de jeunes débutantes, T1 elles démarrent en pédagogie Freinet et n'osent d'ailleurs se coller l'étiquette. Une « plus vieille » coupe la jeune femme : « mais si tu peux t'étiqueter, on a tous démarrer comme toi, c'est en tâtonnant, en s'imprégnant petit à petit d'une chose ou deux ». Quelles réticences à s'étiqueter, se revendiquer, faut-il se sentir légitimé dans sa pratique? Ou finalement se réclame-t-on « labellisé Freinet » quand ce label est digéré en tant que  « philosophie de vie »...

 

Est soulignée là l'importance du groupe IDEM pour pouvoir échanger avec des collègues dans la même approche, le groupe permet « de ne pas se sentir seul », de se donner également des arguments à défendre au sein de son équipe quand celle-ci n'a pas forcément les mêmes conceptions ou approches.

 

La parole revient aux jeunes collègues. Convaincues lors de stages d'observation chez PIUFM Freinet lors de leur année de formation à l'IUFM, elles ont été séduites par l'autonomie acquise par les enfants, le fait qu'ils soient responsabilisés dès la maternelle. « Mais, c'est possible aussi dès la petite section? », interroge un collègue dans la salle? « Ben ... oui », répond un peu étonnée une autre débutante, elle cherche ses mots, mais cela lui semble une évidence... « oui !», affirme-t-elle, « certes les enfants ne sont pas toujours compréhensibles, ils apprennent », c'est l'année où la place de la parole est prépondérante, mais « oui, assûrément !»...

 

Ces enseignants ont pour dénominateur commun de prendre en compte la classe dans son ensemble, de vouloir faire en sorte que chaque petit individu progresse et acquiert sa propre autonomie. La structuration de la classe est déterminante, apprendre à utiliser les outils de la classe, c'est toute une organisation ! Et pour cela il faut prendre le temps, se donner le temps.

 

Toutes les classes ne se ressemblent pas, une collègue fait part de son choix de fonctionner en classe multi-âge, pour elle c'est la réponse évidente pour permettre l'acquisition de cette autonomie qui découle de fait de cette organisation. Les enfants de PS nécessitent une attention toute particulière, impossible pour cette enseignante de pouvoir l'apporter à 23 élèves en même temps. Dans sa classe, elle n'en a que 7, avec 9 moyens et 14 grands. Les petits ont toujours des plus grands pour les accompagner, quelqu'un susceptible de les écouter. Et cela là déculpabilise aussi en tant qu'enseignante.

 

Comment concilier les objectifs de l'enseignant-e et les désirs des enfants ? Et bien, parfois il n'y a pas à tergiverser, ni de scrupules à avoir, l'objectif de l'enseignant-e peut être posé comme une activité ou atelier obligatoire. L'enseignante qui explique son fonctionnement parle de ses outils : une grille pour noter ce que font les enfants : seuls, avec les autres. La validation, l'évaluation se fait aussi par ce biais. Un autre outil est évoqué, il s'agit du plan de travail, un outil qui peut amener une sécurité aux enfants fragilisés dans les apprentissages par le cadre qu'il procure. Comment organiser la classe pour les enfants puissent agir sur cette programmation d'activités, qu'ils organisent leurs emplois du temps tout en ne perdant pas de vue les objectifs de la classe, les contenus à enseigner...

 

Atelier Secondaire :

Nicolas Go relève le caractère éclectique des participants : des profs de collège ou de lycée bien sûr, mais également des enseignants en prison, des psys... Cet atelier est lieu de convergence, d'hétérogénéité...

 

Perdre du temps ou en gagner?

Entre autres, on évoque la nécessité de se pencher sur l'organisation du collège, de trouver des temps de parole. Une stagiaire donne son sentiment de « courir après les minutes » pour boucler le programme, alors donner du temps aux élèves pour « tenir un conseil », ça paraît difficilement tenable... Dans les échanges apparaît encore que l'on est jamais perdant à libérer les paroles, les conflits, s'autoriser 20 mn pour permettre au cours d'avoir lieu, de toutes façons sans ça, le cours de deux heures ne fonctionnera pas mieux. Il faut se l'autoriser et puis parfois on n'en a pas non plus besoin. Être attentif à ce qui bloque la classe, ce qui fait que le groupe va se mettre ou non au boulot. Ne pas hésiter, ce n'est pas perdre du temps. Le conseil est lieu de désirs également : les projets apparaissent, on y expose les réussites. Ce temps n'est pas que pour régler les conflits.

 

Perdre du temps ou en gagner c'est encore buter sur la question du programme: peut-il être fait intégralement par le biais des travaux de groupe et travaux individuels? Est-ce vraiment possible de traiter tous les contenus du programme plus l'actualité qui émerge souvent dans les « quoi de neuf? » ? Là encore on se demande comment les enfants apprennent et qu'est-ce qu'ils apprennent ? L'intérêt des profs est de faire levier sur le désir, ce qui motive les élèves. Mettre les enfants en position d'auteur. Une prof qui témoigne d'une expérience de 10 ans martèle les questions, elle veut être sûre de remplir son contrat, elle a quand même signé pour garantir le fameux programme, elle ne veut pas s'y soustraire, cela reste la clé de ses préoccupations. 

 

On se pose la question du rôle de l'enseignant, il apparaît que pouvoir se détacher des programmes, c'est une vraie organisation. Il faut anticiper, préparer des cours, des documents, des mises en situations pour le traitement de 6 ou 7 sujets parfois. Sujets qui seront traités ensuite par les élèves lors de travaux en groupe. La clé de voûte du choix de cette organisation pédagogique : apprendre à supporter l'autre, à travailler à plusieurs, ne pas faire de copier-coller c'est à dire pouvoir restituer son savoir en changeant de supports, éviter « l'effet wikipédia » : faire une bd, une saynette, des diapos, une exposition . L'optique de la présentation, de la distorsion, la méthode naturelle, le tâtonnement permettent d'apprendre plus que les simples contenus. Travail de groupe fait peur au prof : la classe s'agite, ça fait du bruit. Plein de chantiers en même temps, plein de sujets à préparer, donner le choix, la liberté aux élèves.. ce n'est pas simple. Mais pour les convaincus, toutes les compétences transversales peuvent ainsi être abordées et les élèves effectuent un transfert des apprentissages, ils deviennent plus autonomes pour la suite.

 

Sont abordés également les difficultés du métier, le fait d'être seul dans sa discipline, confronté à des soucis, les problèmes liés aux collègues, la notation, l'institution « conseil de classe » qui n'a rien de coopératif... Comment innover, ajouter des choses, réfléchir tout en assurant ses heures d'enseignements ? On se prend même à rêver de briser le fonctionnement actuel du collège...

 

Au moment de la synthèse, Nicolas Go revient sur cette préoccupation, forts de ces   80 ans d'histoire, des consensus, comment faire à présent pour aller plus loin? Il propose aux participants de toujours mettre en chantier leurs propres pratiques, les interroger pour les faire évoluer.

TABLE RONDE :

 

Avec Sylvain Grandserre il va s'agir de « Repenser l'école », mais pas de la façon du gouvernement. La table ronde est dédiée à « ceux qui résistent ». Aussi en préambule deux interventions ont lieu, l'une du collectif de soutien à Sami Benméziane pour évoquer les suites du procès du 23/02. Ce collègue enseignant va faire appel de sa condamnation pour rébellion. La crainte est grande que le trésor public se retourne contre lui pour le paiement des jours d'ITT du policier blessé au doigt lors de l'évacuation de l'inspection académique en juin dernier. Cela représente des sommes importantes et un appel à solidarité est toujours lancé pour pourvoir aux frais à venir. La seconde prise de parole est axée sur les menaces pesant sur la formation suite aux récentes déclarations du Ministre. C'était la pire des solutions envisageables qui a été annoncée : la confusion est totale pour l'année prochaine avec le maintien des concours et la mise en place des masters.

 

« comment repenser l'école d'aujourd'hui? », « comment les réformes en cours ne permettent pas de repenser l'école ?»

Sylvain Grandserre saisit la balle au vol et se permet de jouer sur les mots : il s'agit pour lui de la repenser et re-panser, « allo maman bobo, darcos comment tu m'as fait j'suis pas beau » : l'école a mal au corps enseignant. Puisque certains se posent la question, avant d'y répondre, faut-il la repenser? On a déjà des vieilles recettes, il suffirait de se référer à un âge d'or (contrairement à ce que démontre les études, les recherches universitaires...) et appliquer des méthodes soit-disant bien connues et infaillibles. Après tout c'est ce que préconise un désobéisseur bien connu, Marc Lebris, décoré de l'ordre national du mérité, alors même qu'il a revendiqué de refuser d'appliquer les programmes de 2002, la mise en place des cycles etc.

 

Finalement c'est plus à la seconde question que Sylvain Grandserre s'attachera, essayant de montrer la direction prise aujourd'hui, « prétendument au nom du bon sens ». Dans son propos, il définit différentes composantes interagissant avec l'école, toutes en mutation complète.

 

La société de consommation voire de sur-consommation : dans un monde où le principe général est la satisfaction immédiate des désirs, tout s'accélère. L'organisation de la société est basée sur la satisfaction du caprice. Alors qu'on demande aux enfants d'apprendre la frustration, de différer leurs envies, l'immédiate satisfaction possible de nos désirs est érigée en principe de fonctionnement pour les adultes. Au sein de la société, l'institution scolaire est selon Sylvain Grandserre obsédée par deux choses: le moindre coût, et il rappelle que l'économie réalisée par la suppression des 13 500 postes n'équivaut qu'à un demi milliard par an et liquider mai 68. Afin de qualifier la démarche du Ministère qui gouverne l'institution scolaire, Sylvain Grandserre convoque deux images : selon lui, on y est inspiré par Bartabas et Zingaro son cheval à qui il avait appris le galop à reculons. Le ministère s'agite, se cabre, et finalement recule. Il essaie de faire passer des logiques absurdes : avec moins de temps (suppression du samedi matin), on va travailler mieux ou ce qui est bon, c'est de supprimer la formation, contrairement à n'importe quel corps de métier. La deuxième image tutélaire, c'est celle de Karl Lagerfeld : « Darcos prend des mesures pour faire de l'habillage ». Donner un habillage pédagogique à des mesures comptables. Ainsi il témoigne de la mise en place des évaluations CM2 : « on nous a demandé de mettre en échec des élèves », « d'évaluer sur des compétences non travaillées en classe ».

Les parents : eux aussi en complète mutation. Ils ne sont plus les mêmes qu'il y a quelques années, et subissent un monde du travail extrêmement difficile. Aujourd'hui les parents sont pressurés et deviennent des consommateurs d'école. Ils s'inscrivent dans une démarche où intervient un rapport de rendement, de retour sur investissement. Autrefois des tas de gens rataient l'école et réussissaient dans la vie, aujourd'hui beaucoup de gens diplômés ne trouvent aucun débouché, même si le diplôme semble encore le meilleur atout pour réussir. Tout cela pèse sur le climat de classe, d'école.

 

Les collègues, les enseignants : autrefois être instituteur, c'était une promotion, travailler sans se salir les mains. Aujourd'hui, les conséquences sociologiques du recrutement à bac +5 émergent. Pour Sylvain Grandserre, il y a danger d'homogénéisation, il n'est pas bon de cultiver uniquement au sein de l'institution un profil de personnels de condition sociale élevée qui au contact d'autres tranches de la société va subir une rencontre de troisième type. Comment permettre dans ces conditions de se rencontrer, se comprendre? Le corps enseignant qui se féminise : est-ce bon signe? Rarement, et souvent c'est porteur de sens, ça veut dire des choses en particulier que les hommes n'en veulent pas... laissent la place. Métier de la femme? Est-ce un salaire d'appoint dans le couple? Un métier second, qu'on fait à côté.  La vision sous cet angle risque de se développer. Sylvain Grandserre constate que les écoles se vident de leurs enseignantes, jeunes collègues et jeunes mères, à 4 heures et demi, quelles incidences sur la vie de l'école? Sylvain Grandserre se défie aussi d'un désenchantement généralisé, selon lui c'est un discours dangereux, il est parfois important de « zoomer arrière » pour regarder le système de plus haut. Mais il pointe la dépolitisation d'un corps professoral moins inscrit politiquement, syndicalement. Or la « pédagogie in vitro » selon lui, ça n'existe pas. La pédagogie ne peut pas tout, une action à l'externe est aussi indispensable, c'est aussi le prix à payer, il faudrait le concevoir comme conquête sociale.

 

Les enfants, ces acteurs les plus importants du système éducatif évoluent également : ils vivent dans l'un des pays les plus riches du monde, naissent dans ce monde de satisfaction immédiate des désirs, ils sont, quand tout se passe bien le fruit d'un projet. Ce sont aujourd'hui des enfants choisis, mais la somme de désirs investis sur leurs frêles épaules peut être difficile à porter. De nos jours, les enfants sont perçus comme des merveilles uniques, cela se traduit jusqu'au choix du prénom qui doit illustrer la singularité, alors qu'autre fois le prénom choisi situait l'enfant dans une lignée. Les projections parentales sont une pression qui se ressent jusque dans le système scolaire, aujourd'hui les gens ne supportent plus l'échec scolaire et l'on constate que  moins il y a de l'échec, moins on le supporte. Dans les années 60, seule la moitié d'une classe d'âge accédait au collège et le terme d'échec scolaire n'existait pas. Les enfants et adolescents ont une hygiène de vie qui doit nous questionner : un récent bulletin de santé des élèves de 3ème montre que ces jeunes adolescents ont une consommation d'alcool et de tabac à la hausse, 40% des collégiens ne prendraient pas de petit déjeuner le matin, leur temps de sommeil diminue et la somnolence en classe est un vrai problème (ainsi 1/3 des élèves de 6ème se couche après 22h. et plus du quart des élèves de 3ème après minuit), les écrans occupent trois heures par jour de nos jeunes ce qui représente 40 % du temps de leurs loisirs.

 

Et le système scolaire dans tout ça? Il avance, il progresse, mais si cela semble lent, il avance mais les avancées semble subies. Sylvain Grandserre dénonce le manque d'éducateurs quand on prône aujourd'hui un retour à l'instruction. Il est urgent pour lui d'avoir l'ambition d'agir sur l'Education. Les différents acteurs du système sont en mutation, or Sylvain Grandserre rappelle qu'il n'y a pas d'éducation sans frustration, c'est une évidence. Dans ce contexte la pédagogie Freinet est bien une pédagogie du travail, finalement « c'est l'une des pédagogies qui a le plus réfléchi au maintien de l'ordre ». Les ceintures de comportement en sont un exemple. Filant la métaphore Sylvain Grandserre constate « qu' il n'y a rien de plus rigoureux que la souplesse », il est beaucoup plus facile de faire un cours frontal, cela nécessite nettement moins de préparation que de s'ajuster sans cesse et de chercher les dispositifs qui mettront vraiment les enfants au travail.

 

Alors qu'on lui demande de citer ce qui lui semble positif dans le système actuel, Sylvain Grandserre s'appuie sur 4 expériences dont il faut tirer parti, l'école de Mons-en-Baroeul et la recherche de l'Université Lille 3, l'école Ballard de Montpellier où enseigne Sylvain Connac, le collège Clisthène de Bordeaux qui a obtenu les meilleurs résultats au brevet en Gironde et il se réfère au livre de Luc Cédelle Un plaisir de collège, enfin les résultats de la Finlande dont le système n'a pas que des qualités, mais dont il est intéressant de constater qu'il favorise les pédagogies actives et les regards positifs sur l'élève. Citant Philippe Meirieu qui affirme « en pédagogie on est revenu de tout sans y être allé », il remarque qu'il ne faut pas se laisser décourager, ne pas céder à l'abandon devant la difficulté : « le premier travail de groupe, c'est toujours le bazar ! ; le premier exposé est toujours nul, c'est normal il faut le dire! » Mais il ne faut pas s'arrêter sur le constat et « revenir aux vieilles valeurs », cent fois sur le métier tu remettras ton ouvrage... Les adversaires des pédagogies nouvelles sont dans la logique du don : on est doué ou non pour la profession, Sylvain Grandserre revendique le fait que la pédagogie nécessite des ajustements, qu'il n'y a rien de spontané. « Il faudra toujours renouveler, trouver des solutions, ne pas avoir peur de chercher, tout est possible, il faut toujours essayer... »

 

Finalement Sylvain Grandserre aura dans cette « tribune libre » en lieu et place de table ronde, plus dressé des constats sur où en est l'école d'aujourd'hui et les contradictions avec lesquelles elle est en prise que proposé des pistes à creuser. Mais il fallait garder de la matière pour continuer de creuser le sujet en atelier...

TABLE RONDE :  Hubert Montagner et la FCPE

Plaidoyer pour un « éco-système »

 

Avant sa conférence qui se tenait le soir-même à l'Hôtel de Région, Hubert Montagner rencontrait en « petit comité » des élus FCPE, quelques formateurs, un élu, un enseignant-chercheur. Autour de la question de la prise en compte des rythmes de vie l'enfant dans les structures scolaires, Hubert Montagner a développé sa conception d'un « éco-système » à inventer pour coller au plus près des besoins des plus petits. C'est en effet surtout des enfants entre la crèche et l'école maternelle dont il a été question lors de cet atelier, alors que la FCPE proposait de réfléchir sur la question large de « la prise en charge du temps des enfants dans la société », « plutôt que changer l'école, comment changer la prise en charge du temps des parents, du temps des enfants, au sein même de la société ?» s'interrogeait la présidente FCPE 44.

Avec un franc-parler Hubert Montagner déplore un manque de réflexion sérieuse sur les finalités de l'école maternelle, selon lui il est étonnant que toutes les associations qui se battent pour les élèves n'aient pas fait une analyse politique suffisante. Pour lui, il faut mettre en regard la disparition des maternités (qui génère des problèmes pour les accouchements et suites de naissances), l'annonce de volonté de réduction du congé de maternité corrélée à la reprise du travail de la Garde des Seaux quelques 5 jours après la naissance de son enfant, le discours qualifié « d'obscène » sur la maternelle par le Ministre avec l'épisode « couches » et la perception actuelle des structures d'accueil de la petite enfance. Ainsi il évoque le rapport Papon et la création des jardins d'éveil, un sujet « lancé en pâture à l'opinion publique », alors que rien n'est vraiment élaboré, le mot est lancé et l'on risque très prochainement de considérer les jardins d'éveil comme de vraies structures d'accueil au détriment de l'école et de la crèche.

 

Il aurait fallu donc une « réflexion sérieuse, conséquente » : une école maternelle, pour quoi faire? , avec quels moyens? , pour quelles familles? Hubert Montagner regrette vraiment qu'elle n'ait eu lieu, c'est selon lui un travail qu'il est urgent de faire mais dont le Ministère n'a pas l'air de se saisir.

 

Hubert Montagner s'interroge sur la formation, les compétences professionnelles nécessaires, il constate que la formation des éducateurs de jeunes enfants est bien meilleure que le faible nombre d'heures consacrées à la question en IUFM.

 

Enfin son intervention se situera essentiellement pour l'heure à la description d'une expérience de création de « maison de la petite enfance » à Pau, une crèche-école enfantine pour les enfants de 2 à 4 ans. Dans la conception de cet « éco-système » ont peut également accueillir des enfants de moyenne et grandes sections fragilisés dans leurs apprentissages et nécessitant de travailler en touts petits groupes. Les enfants « scolarisés » dans ce type de structure rejoindraient ensuite une « école première » (et non plus « maternelle ») avant d'accéder au CP qui serait une classe charnière, une plaque tournante avant le parcours en école élémentaire.

 

Penser un « éco-système »

Le système doit être pluridisciplinaire : faire travailler ensemble les professionnels issus de la petite enfance et de l'Education Nationale. Les espaces y seront diversifiés et vastes pour que tous les aspects du développement de l'enfant soient couverts. Avoir des lieux spécifiques d'alimentation dans lequel on puisse faire de l'éducation à l'alimentation, des lieux spécifiques pour respecter le sommeil des enfants ( deux lieux pour courts et longs dormeurs), des lieux spécifiques pour les soins d'hygiène.

 

Chaque enfant doit pouvoir y être accueilli dans la continuité de la sécurité affective de la structure familiale, cette sécurité affective étant le moteur du développement de l'enfant. Les professionnels doivent s'attacher à permettre à l'enfant de se mettre en position de personne, et ce sens, veiller à une libération du langage oral, le langage doit d'ailleurs être considéré sur le point de vue émotionnel. Pour illustrer son propos Hubert Montagner évoque les enfants installés dans la sécurité affective qui posent des questions pendant la lecture d'une histoire sur les sentiments ressentis par les personnages, alors que les enfants insécure posent rarement ou pas de questions comme par peur de partager leurs émotions.

 

Ce type de lieux doit être gratuit et assurer les besoins fondamentaux primaires : installation dans la sécurité affective, aménager l'espace pour que les enfants puissent se structurer dans leur corps et qu'ils puissent vivre des expériences leur permettant d'acquérir « l'alliance du corps et de la pensée » :ainsi par exemple, que les enfants puisent maîtriser des concepts de base : au-dessus, en dessous, et tout concepts topologiques par le vécu corporel. Les enfants doivent pouvoir également y développer leur système sensoriel et par exemple pouvoir expérimenter sur la question des couleurs : qu'est ce que sont les couleurs? Tout résulte du mélange par deux des couleurs fondamentales. Hubert Montagner estime fondamental de découvrir dès le plus jeune âge ces propriétés physiques de la matière qui permettent aux enfants d'apprendre qu'une couleur n'est jamais complètement déterminée et qu'il y a des nuances. Acquérir un prisme et décomposer la lumière naturelle devrait être un réflexe de professionnel de la petite enfance.

 

Afin que les enfants puissent se réaliser dans leur dimension sociale il convient de favoriser les interactions. Hubert Montagner pense qu'avec une mezzanine on développe des interactions entre petits enfants dès l'âge de 2 ans et que dispositif permet de construire « l'alliance du corps et de la pensée dans toutes les dimensions de l'espace ». Entre 2 et 4 ans, il faut que grâce à un choix approprié de dispositifs, les enfants découvrent les processus cognitifs cachés. Il faut définir les finalités en pensant aux enfants, en se disant que tous les enfants ont des compétences cachées qu'ils ne montrent pas pour des raisons diverses et qu'il faut leur permettre d'utiliser leur imaginaire pour créer. Ainsi dans la réflexion sur la mise en oeuvre, l'aménagement de l'espace, il faut questionner nos pratiques où on pré-formate pour les enfants des espaces définis (les fameux « coins » en maternelle), il serait plus bénéfique par exemple de donner aux enfants des briques de mousse et de les laisser  construire leur maison. Aujourd'hui la plupart du temps en maternelle, les coins, les parcours de motricité sont déjà construits et pensés uniquement par l'enseignant en fonction de ses objectifs. Hubert Montagner se réclame d'une conception où l'enseignant doit être « un ferment et non le guide. » tout en se gardant de généraliser et de condamner absolument tous les enseignants et leurs pratiques.

Il se pose donc la question de comment construire aujourd'hui un vrai projet qui permette de définir les finalités de l'école maternelle, un projet qui fasse évoluer les choses.

 

Que faut-il comme structures d'accueil de la petite enfance? Ce n'est pas qu'une question de garde, ni qu'une question d'apprentissages... Il faut veiller à un triple aspect des choses : favoriser des stratégies relationnelles, penser l'aménagement du temps et l'aménagement des espaces. Il serait faux de croire qu'il suffit de cloisonner l'espace pour que le cerveau se développe. Le développement du cerveau ne peut se faire que dans des espaces libres. Les enseignants doivent se fabriquer des boites à outils de façon à ce que les enfants puissent agir, investir toutes les dimensions de l'espace. En vue de les contrôler, l'enfant doit pouvoir dans un premier temps libérer ses émotions, qui sont au nombre de 6 : la joie, la tristesse, la peur, la colère, la surprise et le dégoût. Il faut pour cela admettre que l'enfant puisse consolider un attachement sécurisant avec sa maîtresse, or il convient de distinguer pour le professionnel compétence pédagogique et compétence relationnelle, cette dernière étant celle requise pour les stratégies relationnelles.

 

Pour l'heure, comment procéder?

L'urgence est de sauver l'école maternelle en expliquant son extrême importance, même si rien n'est définitif. On peut ensuite se poser la question des volumes horaires, quel temps faut-il? Le Ministère a toujours entretenu la confusion entre le temps des enfants et temps des enseignants , le pire des exemple en ayant été la mise en place de l'aide personnalisée aux pires moments de la journée. Pour Hubert Montagner, il conviendrait de d'une part, diminuer le temps de la journée scolaire, d'autre part la diminuer en fonction de l'âge des enfants, mais c'est selon lui une question qui a toujours été occultée, alors qu'il conviendrait d'être « ferme sur les intérêts des enfants. »

 

Comment se fait-il que le temps du sujet apprenant soit passé à la trappe du temps social et du temps des adultes?

 

Il convient de repenser l'école dans ses facteurs humains et non strictement pédagogiques, mais ce ne semble pas être au goût du jour quand on constate que l'essentiel des travaux d'Hubert Montagner n'ont plus leur place dans les référentiels de compétences des enseignants. C'est l'organisation d'un grand séminaire sur toutes ces questions que souhaiterait Hubert Montagner, lui qui dit ne pas s'inscrire dans les systèmes institutionnels, et avoir eu des désaccords avec les tenants de l'école moderne et les syndicats.

 

« Oui mais, après le séminaire, on fait quoi? » C'est la question posée plusieurs fois par Jean Le Gal, fervent défenseur des droits de l'enfant, le besoin de concrétiser les choses reste en suspens...

Atelier : Droits de l'enfant

 

Connaître la convention internationale – Jean Le Gal et la classe ayant cré un jeu de 7 familles sur les droits de l'enfant.
 
  • Jean Le Gal fait un très rapide historique sur la naissance des droits de l'enfant.
 
Il présente des statistiques sur la connaissance qu'ont les gens de la Convention internationale des droits de l'enfant : seulement 1/3 des enfants connaissent son existence et ½ adultes.
Un des droits fondamentaux : les enfants ont le droit d'être informé de leurs droits.
 
  • Témoignages d'enseignants ayant utilisé le jeu dans leur classe.
 
Françoise Laboux. Saint Etienne de Montluc CE2-CM1
Les enfants ont joué avec le jeu de cartes puis ils se sont appropriés certains droits qui les concernaient directement (droit d'être aimé, protégé, d'avoir une famille et une identité). Des créations avec la technique de l'encre vapo ont été faites pour présenter les principaux droits en parallèle de travaux d'écriture (histoire d'un enfant qui traverse le monde).
Beaucoup de travail et des réflexions très riches.
 
Virginie Douaglin (maternelle GS)
Questionnements sur les images. Les enfants sont très sensibles aux dangers qui les guettent : les adultes doivent les sauver, ils doivent aimer et être aimés. Il y a eu une confusion entre droit, devoir et liberté.
Création de silhouettes : graphisme- diversité expression d'une émotion ou d'un droit.
Cette technique est au service de la liberté d'expression.
 
Cécile Brisset -Alphonse Braud CE2-CM1 : École non Freinet.
Le projet de départ a été initié sous l'impulsion de l'adulte. Le site de l'école explique en détail le projet : http://petit.alphonse.free.fr
La moitié de la classe ne savait pas que les enfants avaient des droits. Pour les sachants, seuls quelques droits étaient connus : avoir le droit de manger à sa faim, l'accès à l'éducation et le droit d'avoir une famille.
Enfant : On ne savait pas, on faisait que « fais ceci ou fais cela ».
Enfant : On avait des droits sans le savoir, mais on a aussi des devoirs.
 
  • Démarche de création du jeu de cartes
Forum mondial des droits de l'homme (lundi 30 juin 2008 à Nantes)
Enfants : « Un samedi où il n'y avait pas d'école, on a été invité. On a montré notre jeu non fini. On a joué ».
« On a pu jouer mais c'était dur parce que le jeu n'était pas fini. D'autres enfants nous ont aidés.
On a vu d'autres jeux sur les droits ».« On avait des livres pour nous aider à comprendre les droits des enfants. Au début les cartes n'étaient pas comme celles des magasins. C'était seulement un grand bout de papier et des dessins dessus. »
 
Les enfants n'ont pas été jusqu'à la réalisation finale. Cela n'a rien changé dans leur vie à l'école ou à la maison.
 
  • Questionnements sur les droits des enfants.
JLG : Beaucoup de droits de base sont connus et encore non respectés. Certains droits nouveaux comme le droit à la parole, aux décisions avec les parents sont peu connus. Nous devons nous battre et les faire connaître. Un exemple est la démocratie participative qui oublie la place des enfants.
 
Eléve : C'est pour ne pas oublier que les enfants font partie de l'humanité.
 
Jean Le Gal fait le lien entre les droits des enfants et les problèmes d'expulsions de familles avec des enfants scolarisés en France. Puis il clôt le débat pour laisser la place au jeu.
 
  • Groupes de jeux adultes et enfants pendant une demi-heure.
 
  • Intervention de Mamadou Demba (Sénégal). Responsable de l'association sénégalaise de l'école moderne ASEM.
 
Ces textes (charte internationale des droits de l'enfant) sont importants, pour les enfants et pour les femmes. Répondre aux besoins mais par l'approche du droit. Il est possible alors de demander aux gouvernants de changer de politique si ces droits ne sont pas respectés.
Jean Le Gal a beaucoup travaillé avec nous.
 
En 1995 :séminaire sur les jeux éducatifs sur les jeux de l'enfant au Sénégal.
Création de jeux
Jeu du Baobab (symbole du Sénégal avec le Lion) Fait faire un parcours au joueur, qui apprend à vivre le droit.
Ronde des enfants, Ronde de la paix : jeux fabriqués pour les droits des enfants.
 
Nous avons cherché dans la religion et dans la culture du pays les points abordant les droits de l'enfant. Beaucoup de droit étaient déjà existants.
A chaque droit il y a un devoir.
Pour chaque droit il y a eu un questionnement : « Qu'est ce que cela veut dire ?. Que cela implique-t-il ? Quel est le rôle de la mairie et du gouvernement ? »
Il s'en est suivi beaucoup de formations pour les enseignants et proviseurs. Création de gouvernements d'école (conseil d'école) et de journaux scolaires. Cela a permis un dialogue qui a pacifié l'espace collège car les enfants ont pris en main leurs apprentissages. Il y a eu aussi des formations pour les inspecteurs. Nous avons mis en place une nouvelle façon d'aborder la pédagogie : notion de pédagogie de la réussite. Un des objectifs est de réduire le nombre de redoublements très onéreux pour la société. Il est apparu nécessaire de créer des d'outils de remédiation.
 
Chez nous nous nous battons pour faire vivre les droits. Nous avons le même mot pour dire éduquer et bâton. L'enseignant croit encore à l'efficacité du bâton pour que l'enfant apprenne. Il y a un véritable encouragement des enseignants et des inspecteurs pour changer de perspective, revoir les choses. Beaucoup de personnes sont conscientes des besoins de changement.
Dès le CE2 les filles commencent à être retirées de l'école au profit des travaux domestiques bien que l'école soit obligatoire jusqu'à 16 ans. Il n'y a pas comme en France de moyens de coercition.
Nous bénéficions de l'aide des ONG qui sont de véritables partenaires pour ce travail ainsi que l'ICEM qui envoie des formateurs.
Des bilans sont fait au niveau de la FIMEM.
Il existe des échanges triangulaires organisés par les enfants avec la participation des parents. On est ensemble et on avance, c'est encourageant même si c'est une goutte d'eau dans l'océan.
 
  • En conclusion Jean Le Gal présente une des actions :
JLG : Une des actions a été la mise en place d'une correspondance entre les enfants du Sénégal et la France.
Cela a commencé par une explication du fonctionnement de la classe en France. Il s'en est suivi une modification de la structure de la classe au Sénégal qui elle même a influencé la vie sociale du village (parole données aux filles, conseil participatif dans le village)

 

Atelier Création Mathématiques- 19ème salon Freinet de Nantes.

 Compte-rendu de l'atelier Création Mathématiques
Salon Freinet – Mercredi 25 mars 2009

Notes de Dorothée (IDEM 44)

Fichier attachéTaille
Compte_rendu_creations_maths.pdf122.04 Ko

Exposition "Droits de l'enfant"

Exposition réalisée lors du 19ème salon Freinet de Nantes - Technique "encre vapo"

http://plano.free.fr/19salon/droits_de_l_enfant3/

La Méthode Naturelle d'Apprentissage - Suivi de Conférence

 

NICOLAS GO.
LA METHODE NATURELLE D'APPRENTISSAGE.
SUIVI DE CONFERENCE.
Jeudi 26 mars 2009.
 
Ecriture en italique : interventions, questions, réactions du public.
Écriture “normale” : réponses de Nicolas Go.
 
* Méthode naturelle : un monsieur demande s'il a bien compris ce que c'était.
Pour lui : - méthode = méthode d'observation
- ce qui est naturel = ce que font et choisissent de faire les enfants (sur la cour de récré, cf observations Freinet)
 
* Une méthode n'est pas forcément associée à des programmations ou à des procédures (succession d'actions à suivre).
Méthode = effort pour rationaliser en y associant la notion d'incertitude.
Référence faite aux travaux d'Edgar Morin (“Une éducation planétaire”, “la méthode” (?)). Il dit qu'une chose se découvre à mesure qu'elle s'engendre.
Il cite Machado : “C'est en marchant que se découvre le chemin.”
Donc, la démarche d'apprentissage est complexe.
 
Qu'est-ce qui est spécifique en méthode naturelle (M.N) ?
Exemple : La culture pré-existe, les maths existaient déjà avant ton arrivée.
Mais pour un enfant de 2 ans, les maths, ça n'existe pas.
M.N = engager un processus singulier qui consiste à utiliser les processus rationnels de l'enfant et à les mettre en oeuvre sur un matériau. Ce que l'enfant crée va devenir un objet de transformation orientés par les savoirs de référence. Le maître aide l'enfant à conceptualiser à partir de ce qu'il a créé.
Le maître est porteur des savoirs, il doit être cultivé sinon, il ne saura pas comment faire passer l'enfant du dessin du rond au tracé du cercle.
 
En M.N, le maître a quasiment une posture d'observation clinique. Il “diagnostique” la possibilité d'un cercle mais l'enfant peut faire évoluer sa création différemment. Donc le maître devra se ré-adapter aux nouvelles propositions de l'enfant.
Le principe d'incertitude est au coeur de la M.N qui est anti-programmatique. Production de n'importe quoi (dans le bon sens du terme) par n'importe qui : éducation populaire.
 
Quand il y a programme , exemple :
Le maître propose plusieurs situations problèmes (= objets du maître) :
- la moitié des élèves seront exclus car ils ne comprennent même pas la situation problème.
- le maître peut proposer de tâtonner, de comparer leurs procédures, mais les élèves travaillent de toute façon sur les objets du maître pas sur les leurs. Alors, même les enfants qui ont compris ne se sont pas véritablement appropriés ce savoir.
 
 
 
M.N : on prend en compte le primat du désir. Donc, on tente de créer un milieu favorable à l'émergence du désir. Le désir ne peut pas survenir de rien. Le travail de l'enfant est planifié sur la longue durée, il l'a planifié.
 
* Une enseignante du RASED intervient et dit sa difficulté à voir comment elle pourrait concilier son travail actuel (prise en charge de groupes d'enfants 1 à 2 fois par semaine pendant seulement ¾ d'heure) avec la M.N.
* Nicolas Go répond que les enfants suivis au réseau d'aide ont des puissances de vie abîmées. De plus, cette enseignante a un temps de fonctionnement très morcelé. Ce contexte différent permet plus difficilement d'envisager ce type de travail à long terme avec les enfants.
 
* Comment concilier puissance de vie et principe de plaisir/ satisfaction immédiate ?
 
* Le “tout, tout de suite” correspond à un désir souffrant (même si l'enfant ne s'en rend compte). L'enfant est alors victime de ce qui le détermine, il a une faible espérance dans son désir; c'est ce désir-là qui s'affirme par défaut d'un désir plus grand.
Le rôle de l'école est alors de créer un lieu tellement riche qu'il devient plein de promesses ; grâce à la relation coopérative avec le groupe, grâce à la bonne relation des enfants avec le maître.
Petit à petit, l'enfant crée et il sait que ça va déboucher sur quelque chose car ça lui est déjà arrivé. L'enfant peut présenter son oeuvre, apporter du savoir. N'importe quelle création est alors saturée de promesses. Il n'a plus besoin du désir “ tout, tout de suite”.
 
* François Perdrial parle d'un film (?) qui a été tourné sur l'école “Quoi” (?) à Riec sur Belon (Philippe Bertrand ??). Quand on arrive dans cette école, les enfants ne font pas forcément attention aux nouveaux arrivants, ils sont très occupés à travailler, très impliqués, c'est du sérieux. Les enfants jubilent.
 
* Créer un milieu où l'enfant va découvrir des satisfactions.
L'ICEM a maintenant 80 ans de pratiques et de recherches dans ce domaine, mais n'est pas à la hauteur de ses découvertes empiriques. Il faudrait pour cela tirer des principes théoriques des pratiques, hausser le niveau de connaissances théoriques, inventer des formes nouvelles de transmission des savoirs et des savoirs-faire.
 
* Marc Chatellier dit qu'il faut s'emparer de la caisse à outils conceptuelle, analyser ce qu'on fait et pourquoi on le fait. On peut prouver que tous les enfants sont capables d'accéder à la connaissance, à l'analyse (ce n'est pas un don).
 
* Désir = essence de l'homme.
Le désir est opaque, non-programmable, non-rationnalisable, et il est victime de ses déterminations.
Un enfant ne peut progresser que sur ses propres bases. Son désir ne peut être puissant qu'à l'intérieur de ses singularités. M.N : l'enfant devient le maître de son propre désir à travers le travail, dans le respect de sa singularité.
Nicolas Go reprend l'exemple de l'enfant qui dessine un rond.
On demande à l'enfant de réaliser une création personnelle puis on lui permet d'aller au bout de son tâtonnement. Quand il ne sait plus quoi faire (améliorer sa création, la transformer pour aller plus loin), il peut demander aux autres élèves, au maître qui se met alors “dans les pas de l'enfant” : “Qu'est-ce que tu as voulu faire ? Si tu essayais cela , comment vas-tu t'y prendre ?”
L'enfant peut alors retourner à son travail, il sait quoi faire et il va continuer à expérimenter et à tâtonner.
Ensuite, il peut continuer à retourner voir le maître ou d'autres élèves ou encore présenter sa création à la classe : “Qu'en pensez-vous ? Que peut-il faire d'autre ? Comment peut-il améliorer sa création ?” L'enfant est alors remis en situation de processus.
En travaillant ainsi, on organise socialemennt l'accès aux savoirs en interaction avec le maître, les élèves. De plus, ça donne envie aux autres, et même si la recherche est en cours, le groupe s'est approprié le sujet (le cercle) et il y a déjà transmission de connaissances --> travail de fermentation de l'idée.
Tout à la fin, après de multiples tâtonnements, l'enfant doit arriver à une production finale et rendre compte d'une notion mathématique. Ce n'est pas seulement une performance d'élève, un résultat mais aussi le processus pour y arriver.
 
On peut disposer dans la classe des objets de curiosité qui vont permettre le tâtonnement (cage à fils de Paul Le bohec, microscope ...)
 
* Témoignage d'une ingénieur en éducation thérapeutique du CHU de Nantes travaillant avec des adultes ayant des maladies chroniques (prise en charge individuelle et collective).
1er temps : diagnostic éducatif, écouter les patients (résistance des soignants mais bébéfice sur les patients)
Fin : bilan de tout ce qui a été dit, cercle magique, bâton de parole.
 
* Marc Chatellier dit que quand il est entré pour la 1ère fois dans une classe Freinet, il a eu l'impression que c'était magique. Tout ce à quoi il aspirait était mis en pratique. Mais ce n'est pas magique, c'est possible.
 
* Pour entrer dans la M.N et pouvoir la pratiquer, on ne peut pas uniquement partir d'une théorie prélable et la mettre en oeuvre pratiquement. Il paraît nécessaire d'entrer dans un processus personnel, de devenir son propre formateur, de tâtonner, d'oser se lancer et d'aller à la recherche de pistes, d'incitations ... comme : aller voir une classe au travail, voir le film de l'ICEM sur la M.N de lecture...
La M.N est appliquée à nous-même.
Le maître crée un milieu rigoureux. La M.N, ce n'est pas “Maintenant, tu fais ce que tu veux”.
 
 
 
 
 
 

 

Pour une autre pédagogie de l'Oral

 

 
ISABELLE DELCAMBRE.
POUR UNE AUTRE PEDAGOGIE DE L'ORAL.
L'exemple d'une école Freinet au travail de la maternelle au cycle 3.
Jeudi 26 mars 2009.
 
Introduction par Françoise Diuzet :
Champ de recherches d'Isabelle Delcambre = pédagogie de l'oral.
Quelle place la pédagogie Freinet donne-t-elle aux enfants à travers sa pratique de l'oral ?
La parole des élèves y est-elle différente ?
 
Isabelle Delcambre (ID) présente les résultats de la recherche THEODILE (Théorie Didactique de la Lecture et de l'Ecriture).
Projet institutionnel : il y a eu convergence entre l'inspection académique et l'ICEM Nord -pas – de – Calais pour remplacer l'intégralité de l'équipe de l'école de Mons-en-Baroeul (de la maternelle au CM2) par des enseignants Freinet à la rentréé 2001.
Avant, l'école, placée en ZEP, ne marchait pas bien, l'ambiance y était mauvaise et elle était mal insérée dans la quartier, des classes fermaient.
 
Projet : lutte effective contre l'échec scolaire.
Condition à la mise en place de ce projet : expérience évaluée par une équipe de chercheurs externes à l'éducation nationale et au mouvement Freinet.
 
La recherche a duré 5 ans. L'évaluation a porté sur : -les résultats des élèves,
- les relations avec les parents,
- les phénomènes de violence,
- l'intégration de l'école dans le quartier.
L'équipe de recherche est pluri-disciplinaire, il y a des didacticiens du français mais aussi des maths et des sciences, une psychologue des apprentissages, un sociologue.
Les projets étaient différents au sein de cette recherche, chacun avait un axe particulier.
Pour l'oral, elles étaient deux :
* Elisabeth Nomon qui a travaillé au cycle 3 sur les exposés et les présentations de livres.
* Isabelle Delcambre qui a travaillé en maternelle et observé les entretiens du matin,
avec une question : recherche du fonctionnement du dialogue scolaire.
 
Didactique de l'oral :
* C'est une discipline de recherche où on élabore des descriptions de ce qui se passe dans les classes pour pouvoir comprendre. Les chercheurs ne prennent pas de posture de formateur ou de préconisateur.
Tout ce qui a été observé et analysé lors de cette recherche n'est pas forcément généralisable car le contexte est très important.
* Les disciplines scolaires ont une place centrale. Comment ces disciplines sont en lien avec les apprentissages ?
Or l'oral n'est pas une discipline mais une modalité langagière, c'est transversal à toutes les matières.
 
 
* Il y a 3 dimensions dans les recherches en didactique de l'oral :
- phénomène de communication scolaire
- oral = milieu dans les apprentissages (??? desolée, je ne comprends pas ce que j'ai noté)
- oral disciplinaire : construction de genres oraux comme l'exposé.
 
Dispositif concret de la recherche d'ID :
Observation pendant 4 ans de 4 classes maternelle de l'école de Mons-en–Baroeul (pédagogie Freinet) et étude comparative de classes non-Freinet avec des enfants venant de mêmes milieux.
Chaque année, deux entretiens du matin ont été filmés dans chaque classe, un en début d'année, un en fin d'année. Sept heures de vidéo sur 4 ans ont été analysées.
Puis, ID a réalisé des interviews des maîtresses à partir des vidéos de leur classe, elles commentent et réagissent.
 
Les entretiens du matin : lieu où s'apprend le dialogue à l'école, lieu qui donne les conditions du développement et de l'apprentissage du langage (parler clairement...)
Point de vue ethnologique : c'est le lieu du passage entre le non-scolaire et le scolaire.
 
Comment fonctionne le dialogue scolaire ?
Lors d'une recherche précédente, elle avait établi que c'était un dialogue asymétrique : l'enseignant est en position haute, de pouvoir et de responsabilité et le nombre de ses prises de paroles est plus important que l'ensemble des prises de parole de tous les enfants.
Ce dialogue est figé : Question de l'enseignant – Réponse de l'élève – Validation de l'enseignant.
Il est répétitif, il y a peu de prises de paroles des élèves, peu d'initiatives, ils se trouvent en position basse.
Absence de dialogue suivi de l'enseignant avec un même élève.
Avec la pédagogie Freinet, le dialogue scolaire instauré est-il différent ?
 
Choix de recherche D'ID :
Elle décrit plus les formes d'enseignement qu'elle n'évalue les productions des élèves.
Plusieurs raisons : par manque de temps, c'est plus difficile à mettre en place, c'est compliqué d'évaluer quelle est la part de la pédagogie par rapport au développement naturel du langage chez l'enfant.
 
Axes de travail :
1) Les enseignantes laissent-elles une autonomie aux élèves, la prise de parole entre eux est-elle possible ?
2) Comparer les organisations différentes de ces temps de prise de parole.
- Formes de prises de parole d'élèves qui enchaînent avec une autre prise de parole d'élève.
- Identifier des variations dans le dialogue scolaire.
 
 
 
 
 
 
1) Contrôle ou autonomie ?
Dans toutes les classes, peu d'échanges entre élèves, il y a densité du contrôle de la maîtresse.
La qualité des échanges entre élèves est meilleure dans les classes Freinet (CF).
Meilleur = ils ont quelque chose à ajouter, ils ont des échanges de type complémentaire.
Exemples : CF --> un enfant parle d'un hérisson, un autre le corrige en disant que non, c'est un écureuil.
Dans une classe non Freinet (CNF), un enfant dit qu'il a 5 ans et un autre dit -moi aussi, puis un autre -moi aussi.
 
2) Dans l'organisation de l'entretien, il y a des différences très nettes.
Fonctionnement dans une classe Freinet :
- 3 ou 4 élèves s'inscrivent au début de la séance, donc ils se préparent à parler, à faire cette présentation. Ils peuvent préparer cette prise de parole avec leurs parents. Ce n'est pas spontané, improvisé.
- Ils présentent un objet face aux autres en position de conférencier.
- Les autres élèves peuvent ensuite poser des questions, c'est la maîtresse qui donne la parole.
- Pendant la séance, une photo de l'élève qui a présenté a été prise. Elle est collé dans le cahier de vie qui circule dans chaque famille.
- Quand une question, un problème non-résolu s'est présenté plusieurs fois à l'entretien du matin (ou ailleurs), cela va servir de point de départ à l'étude d'une notion.
- Etayage fort de la maîtresse pour que l'enfant puisse construire un dialogue autonome.
 
Dans une classe non Freinet :
- Activités de numération, compter les absents, ceux qui mangent à la cantine...
- Etablir la date du jour, repérage sur le calendrier.
- Présentation des ateliers à venir : activité de lecture d'images, formulation d'hypothèses à partir d'un objet caché.
 
3) Les fonctionnements sont différents donc les rôles sont également différents.
CF : - locuteur principal = celui qui écoute.
- locuteurs secondaires = ceux qui posent des questions.
- rôle d'écouteur, rôle qu'I. Delcambre a découvert lors de l'interview avec les maîtresses.
 
CNF : les rôles ne sont pas explicitées.
L'élève a un rôle de répondeur, il s'adresse exclusivement à la maîtresse. Il n'y a pas de rôle d'écouteur.
 
Rôle d'écouteur :
CF : les maîtresses le décrivent ainsi, être attentif, ne pas bouger, être présent et actif, les yeux grands ouverts. On voit que l'enfant qui adopte cette attitude a compris ce qui se joue dans cette situation.
CNF : les maîtresses ne donnent pas de sens à ce silence ou alors une valeur négative, c'est le signe que l'élève s'ennuie ou qu'il n'a pas compris.
Et pourtant, l'écoute est la situation de réception dans la communication orale, il paraît important de construire les 2 pôles.
 
CF : les prises de parole sont institutionnalisés, le fonctionnement du rituel est clairement expliqué, tous le connaissent.
CNF : le rituel fonctionne sur le mode implicite, le fonctionnement n'est pas verbalisé par la maîtresse.
 
CF : l'entretien du matin est un travail de nature langagière et communicationnelle. C'est également la mise en commun d'objets sur lesquels on va construire les apprentissages.
Cela permet aussi de faire le lien avec les familles. C'est un moment pour apprendre à prendre la parole, à questionner, à répondre.
CNF : le fait que l'entretien du matin puisse être un travail n'est pas conscient pour la maîtresse. L'objectif, c'est de faire s'exprimer les élèves. L'élève apprécié est celui qui est “moteur”, qui “prend la place de la maîtresse” dans la manière et le contenu de ce qu'il dit. Il faut l'inciter à parler sans qu'il prenne toute la place pour donner aux autres envie de faire pareil.
 
4) Les variations dans le dialogue.
Observation de la présence et de la fréquence des dilogues (maître- élève) et des trilogues (maître- élève- élève), qui sont des moments où le maître (pour un dilogue) ou un élève (pour le trilogue) se consacre à un autre élève plus longuement (plus de deux prises de parole consécutives).
 
Les dilogues.
- Phénomène fréquent en CF ou CNF.
- En moyenne 5 dilogues par séance mais leur répartition au sein de la séance est très inégale.
- Nombre d'élèves concerné par le dilogue : de 1 à 6 élèves, en moyenne, 3 élèves par séance. Ce n'est pas lié à la longueur de la séance et ce n'est pas spécifique aux CF. Mais dans les CNF, c'est souvent le même élève qui est concerné par le dilogue.
Les enseignants Freinet semblent avoir un contrôle intentionnel du fonctionnement du dialogue.
- La qualité des ionteractions est présente dans toutes les classes.
 
Les trilogues : objets de discours communs entre 2 élèves et la maîtresse au sein du groupe classe.
- 14 trilogues observés durant les séances. 13 trilogues sur 14 ont été observés dans les CF.
C'est un indice de la liberté de parole des élèves qui ne craignent pas d'intervenir, de s'insérer dans un dialogue maître – élève.
 
Conclusion sur les dilogues et les trilogues.
Ce sont deux potentialités du dialogue scolaire. Ces moments- là sont très riches au niveau interactionnel.
 
 
 
 
 
 
 
5) Conclusion :
Dans les CF :
- Diversité des rôles langagiers offerts aux élèves.
- Intentionnalité de la prise de parole : oral préparé.
- Explicitation des rôles : reflexivité, prise de conscience.
S'incrire pour prendre la parole. Quand un enfant veut prendre la parole et qu'il ne s'est pas inscrit, cela lui est refusé. C'est une attitude qui pourrait paraître étonnante dans d'autres classes où l'objectif est que le maximum d'enfants prennent la parole.
- Qualité interactionnelle des prises de parole.
- Aisance dans la prise de parole (trilogues).
Il y a, dans les classes Freinet, une recherche d'équité dans la gestion du dialogue scolaire.
 
Présentation (très rapide et incomplète, par manque de temps) de la recherche d'Elisabeth Nomon au cycle 3 (CE2, CM1).
(Pour plus d'informations, se référer au livre d'Yves Reuter qui regroupe l'ensemble des recherches).
 
Organisation des conférences : les élèves proposent à l'avance un sujet et une organisation (travail seul ou à 2). La préparation se fait en semi- autonomie (recherche documentaire, réalisation d'une affiche).
 
Déroulement de la conférence :
- Présentation.
- Questions et commentaires à l'initiative des auditeurs.
- Evaluation de la classe portant sur la qualité de la conférence, l'enseignant a une voix comme les élèves.
- Présentation minuté (6 minutes).
- Les conférenciers peuvent être enrengistrés pour pouvoir s'écouter dans un second temps et ainsi prendre conscience de leur débit de parole et mieux le contrôler ensuite.
Rôles confiés aux élèves : - contrôle du temps
- animateur.
 
La ritualisation des rôles et du travail, l'inscription dans l'emploi du temps, la répétition du même déroulement entraînent une institutionnalisation des conférences.
 
Autonomie des élèves : sujets libres, les élèves s'inscrivent dans l'emploi du temps lorsqu'ils sont prêts.
Contrôle de l'enseignant : exigences et propositions de procédures à suivre pour mieux organiser son travail et être efficace. Il amène les élèves à distinguer les faits des questions qu'ils soulèvent. Il demande aux élèves de diversifier leurs sources d'information.
 
 
 
 
 
 
CONCLUSIONS GENERALES :
* Importance de la ritualisation : les élèves savent à quoi ils s'attendent , cela va dans le sens de la clarté. La limite, c'est la routinisation, on peut se contenter de faire tourner le rituel à minima. Le rôle de l'enseignant est alors d'aider les élèves à aller plus loin.
* Continuité des apprentissages dans cette école. En maternelle, il y a un grand accompagnement des maîtresses dans l'apprentissage de la parole publique. Ce qui fait que dès le CP, les élèves sont capables de faire des présentations de travaux.
L'enfant est considéré comme un interlocuteur valable.
 
 
Intervention d'une dame qui présente l'AGSAS (Jacques Lévine)
Livre : “Apprendre à parler, apprendre à penser”
Lors d'ateliers, les enfants sont placés en cercle, les adultes sont à l'extérieur. Un mot inducteur est lancé. Il n'y a pas de questions de posées pour éviter de rentrer dans le schéma question-réponse. Les enfants doivent établir des dialogues autour du mot inducteur. Il y a une exigence de clarté posée par la situation elle- même puisqu'il faut qu'ils se fassent bien comprendre des autres.

 

Suivi de conférence Isabelle Delcambre-19ème salon Freinet de Nantes

 

Suivi de conférence Isabelle Delcambre
 
Questions :
1 – Côté transférabilité à démontrer, continuer à chercher sur ce thème. La recherche à Mons éclaire et donne des pistes de travail importantes.
Dans quelles conditions est-ce transférable ? Faire tomber des représentations.
 
Question difficile. C’est une des conditions de la présence à l’école, condition posée par l’IA.
Question impossible à traiter, dans la mesure où cela appuie un discours sur un système de preuves.
Or, cela signifie de remettre en place toutes les conditions de la recherche, dans une autre école, avec une autre équipe.
Par ailleurs, limites inhérentes à cette expérience atypique. On ne peut appliquer ce modèle. Exemples :
  • la manière dont s’est constituée l’équipe
  • investissement exceptionnel de l’équipe (projet formé depuis 1974)
  • ténacité de l’IEN de secteur pour que le projet soit montable et monté
  • la compétence des maîtres et leurs croyances
Ces conditions interrogent la possibilité de transférabilité de l’expérience.
Autre chose : le mode de travail pédagogique Freinet fonctionne en système. Transférer, c’est transférer tout le système. On ne peut pas prendre que quelques éléments. Les éléments sont interdépendants (liens école-familles, école-quartier, liens entre apprentissages et élèves en dehors de l’école, élaboration des règles et des lois communes). Cette interdépendance des éléments explique en partie la réussite de cette pédagogie avec ces élèves.
Pour aller plus loin, on peut penser que des micro-systèmes peuvent être transférés (quoi de neuf, entretien du matin…), avec le risque que l’on tombe dans le formalisme du fonctionnement. Fonctionnement avec règles à appliquer, sans liens avec les apprentissages, sans lien avec les familles, sans responsabilisation des élèves au moment de présenter.
Articulation dispositif-philosophie à garder.
 
Marcel Thorel :
Précautions quant à la transférabilité, mais il faut se remonter les manches. Autre vision des enseignants. Transférabilité empirique.
Les chercheurs ont permis d’améliorer l’intelligibilité des pratiques des enseignants.
Il faut être d’accord avec les autorités autour de l’école (entendue comme étant une école entière Freinet). Marcel est moins prudent que les chercheurs, il pense que c’est tout à fait faisable à condition de ne pas prendre ce qui est fait comme modèle. D’où l’intérêt de faire un diagnostic correct (conditions autour, relations parents, positionnement enseignant…) .
Il faut donc faire un projet individuel, ne pas faire « comme ». Cela n’empêche pas d’échanger avec des collègues, de leur prendre des idées.
 
Isabelle Delcambre ne peut en tant que chercheur, garantir la transférabilité. Mais en tant que formateur, avec prudence, on peut innover dans les classes.
2 – Faire ce que l’on peut avec les moyens que l’on a, même en classes fragmentées.
Même si l’on fait les choses un jour dans la semaine, cela peut avoir son intérêt, car on se positionne autrement. Il faut bien commencer par quelque chose.
 
3 – Pédagogie de l’oral dans nos classes, revendiquée par Françoise, par quoi on parle plus et autrement dans nos classes. Ils ont une relation à l’autre de nature différente, mais aussi une relation au savoir différente. Les enfants apprennent plus de choses qu’ailleurs. C’est par le langage oral que l’on développe la pensée et donc un rapport au savoir lui aussi développé.
 
C’est difficile d’affirmer que la pédagogie de l’oral permet d’accéder à plus de savoirs. Il faut être prudent.
Mais on peut observer que la position que l’on permet de prendre à l’élève (construction de savoir à travers les recherches mathématiques, les recherches documentaires…), donne des appuis à l’enfant. Ils sont auteurs, avec une responsabilité individuelle et collective de la construction des savoirs.
Est-ce que cela tient uniquement à la pédagogie de l’oral ou au système dans son entier mis en place, on ne sait pas.
Mais le rapport au savoir est la cause de ce nouveau rapport au savoir.
Cela tient aussi au statut de l’erreur différent dans la classe, donc un positionnement autre de l’enseignant.
En cas d’erreur, l’élève modifie son travail, revient dessus.
Dans la cadre de la pédagogie de l’oral, c’est le rapport, la place du pouvoir qui est différente. Les élèves ont un vrai espace de prise de parole.
Au conseil, il n’y a pas de prédominance de la parole de l’enseignant.
Ce sont donc les rapports de pouvoir qui influencent notamment.
 
4 – Pour que les enfants soient auteurs d’écrits en primaire, ils doivent déjà âtre auteurs de la parole à la maternelle.
 
Importance de la continuité entre maternelle et élémentaire
 
5 – Les enfants sont capables de prendre la parole, d’expliquer pourquoi et comment ils font.
 
Cela rentre dans la réflexivité. Ils font et se regardent faire. Ils peuvent commenter ce qu’ils font, et cette prise de conscience fait qu’ils sont amenés à développer des rapports méta-cognitifs avec leurs apprentissages.
L’enfant travaille pour lui mais aussi pour les autres.
 
6 – Par rapports aux dilogues en maternelle, est-ce transférable en élémentaire ?
 
MT : Comment va la parole dans la classe ? A observer. Déplacement en étoile (aller-retour), ou polygonale.
Construction de la pensée :
  • dans les milieux difficiles, les enfants vivent dans l’immédiateté. Il n’y a pas de langage d’évocation. Les milieux culturellement favorisés le font naturellement. L’enfant doit prendre du recul par rapport à ce qu’il vit. Quand il s’inscrit, il se projette.
  • La circulation de la parole dans la classe en dehors de l’enseignant, entre enfants. Il y a une culture dans la classe qui se construit avec leurs propres mots. Quand ils ont la possibilité de se déplacer, d’échanger, ils se construisent un autre langage. Il faut accepter cela car c’est porteur.
 
7 – Fait que les gens oublient que leurs paroles ont leur importance, le début du cours, c’est déjà du cours. A en charge une classe ghetto, et une sixième. Problème de violence.
Ce matin, elle avait cours. Elle leur a dit de se choisir un objectif personnel. Les élèves se sont dits : « On lève la main », « On parle moins »… puis ils se sont mis d’accord sur « Accepter la parole des autres, s’écouter parler ». Cela n’a pas fonctionné, et elle a donc failli abandonner le bilan. Mais elle a repris la liste d’élèves, et ils sont tous revenus pour dire pourquoi cela n’avait pas marché.
 
8 – Par rapport au thème :
Les apprentissages à l’écrit participent à l’acquisition du langage.
Avez-vous pu constater que parler avant d’écrire lui permet de montrer qu’il sait des choses même s’il ne sait pas le montrer à l’écrit ? Que faire dans les classes où les enfants ne parlent pas ? S’ils peuvent formaliser à l’oral, cela permet après de les amener à l’écrit.
 
Isabelle Delcambre n’a pas pu observer cela concrètement. Mais les langages écrit et oral sont imbriqués. Pas de distinction de temps où il n’y aurait que de l’oral ou que de l’écrit.
L’oral doit être présent dans l’écrit. La dictée à l’adulte permet de rassurer des élèves faibles à l’écrit, qui ne s’autorisent pas à l’écrit, qui sont privés de l’accès à l’écrit, alors qu’il y a des compétences de scripteurs à construire même s’ils ne sont pas autonomes dans le langage écrit.
L’oral est un outil pédagogique fondamental. On met les élèves en situation d’écriture avec l’enseignant comme scribe. Position intellectuelle de scripteur par les enfants.
Il faut penser cette articulation oral-écrit. Ne pas hésiter à les confronter à l’écrit même s’ils ne sont pas scripteurs matériellement.
L’oral est une béquille pour accéder à l’écrit. Dans les entretiens du matin, c’est l’inverse, ce peut être l’écrit qui est support de l’oral.
Il faut penser, percevoir dans les situations pédagogiques construites, quelle est la place de l’oral et de l’écrit. Ne pas mettre en place de prédominance de l’écrit, et laisser l’oral comme secondaire. Penser l’oral en tant que tel.