Le Nouvel Educateur n° 146

Février 2003

La formation et le mouvement Freinet

Février 2003

Le mouvement Freinet s’est toujours confronté à un dilemme : permettre à ses idées et pratiques d’être véhiculées dans le monde enseignant, mais aussi faire en sorte que celles-ci ne soient pas détournées et demeurent fidèles aux fondements de la Pédagogie Freinet. Notre place dans la formation « officielle » reste encore très morcelée, relative aux contextes, aux possibilités ou obstacles locaux. Par contre, les sollicitations ne manquent pas, provenant de tous les horizons : milieu de la formation, milieu éducatif, universitaire, social… ; elles correspondent à des demandes diverses : professionnelles, curiosité, souhaits institutionnels... Comment expliquer cet
attrait ?
Nos principes de formation sont fondés essentiellement sur l’alternance des pratiques de terrain et de l’analyse de celles-ci. Le compagnonnage, la responsabilisation et la mise en pratique des acteurs, la co-formation, sont de plus en plus utilisés dans l’institution. Ces pratiques, nous les avons expérimentées sur nombre de terrains, parfois dans des conditions difficiles. Nous nous situons bien dans une démarche personnelle de co-apprentissage de la part des « formés ». Ces pratiques s’articulent bien sûr aux fondements de la pédagogie Freinet : expression, communication, coopération, individualisation, tâtonnement expérimental. Elles soutiennent toutes nos actions. Pourquoi serions-nous alors absents des structures officielles de formation ?
Il est sans doute temps de faire reconnaître nos pratiques de praticiens-chercheurs dans le cadre d’une innovation coopérative en rupture avec ce qui se réalise encore trop souvent dans l’école actuelle. Notre vécu de la coopération, du travail en équipe doit nous amener à concrétiser là où nous le pouvons l’idée de « formateurs collectifs associés ». Ce « statut » nous permettra à la fois de poursuivre notre travail de co-formation indispensable à l’analyse de nos pratiques et à notre recherche, mais aussi d’exister à travers un collectif identifié et garant de ce qu’il présente.
Cette perspective ne doit pas nous empêcher d’investir le système de formation autant que possible, à condition que ça se fasse en cohérence avec les principes que nous défendons. Mais nous devons aussi faire face aux dangers qui nous guettent : « verbiage », décontextualisation de nos pratiques… C’est en accordant nos discours à nos pratiques et non pas en discourant sur nos pratiques que nous pourrons éviter ces écueils. Nous n’avons pas pour but de produire des théories, mais bien de dynamiser les pratiques   en   maintenant   en   constante   congruence   la   relation théorie/pratique. Freinet ne disait-il pas « Les formateurs transmettent
toujours un message par la structure de travail qu’ils proposent et par les interventions qu’ils effectuent. »
Nous savons que les prochaines années verront un renouvellement important de la profession. Alors ne regardons pas le train passer en critiquant seulement ce qui se passe dans la formation et dans l’Ecole. Défendons nos idées, nos pratiques, une autre vision de l’école, là où elle se construit avec l’appui de nos structures coopératives : nos équipes, nos groupes départementaux, nos réseaux de co-formation, nos groupes de travail, nos classes d’accueil… et tout ce que nous avons encore à inventer pour prendre notre place dans ce qui se joue actuellement pour le monde enseignant de demain.
 

François Le Ménahèze
École ouverte Ange-Guépin de Nantes
Formateur associé à l’IUFM de Nantes

Un PE2 en stage au Sénégal

Février 2003

Ce qui les gêne, c'est le plaisir !

Février 2003

Au fond, ce qui dérange tout le monde dans la pédagogie en général (on croule littéralement sous les articles ou les prises de position qui s’en prennent aux pédagogues) et dans la pédagogie Freinet, en particulier, c’est le plaisir d’éduquer que nous cachons si mal ! Pire, ce plaisir de travailler avec nos élèves, il s’exprime, et transpire en dehors même de nos classes.
On pardonne beaucoup de choses aux enseignants ; ceux qui sont malades tout le temps, ceux qui sont particulièrement tatillons, ceux qui sont sévères mais justes, (c’est-à-dire ceux qui sont juste sévères). C’est fou ce que les enfants et les parents peuvent pardonner aux profs et aux instits… Mais par contre ce qui dérange nos collègues, ce qui fait peur dans les écoles et les collèges, ce qui constitue un scandale insupportable, à la limite du trouble à l’ordre du public, c’est la joie à l’école !
Des enfants qui viennent avec plaisir le matin dans leur classe, qui apportent avec eux le résultat de leur travail volontaire et personnel du soir !
Des enfants qui amènent des textes qu’ils ont écrits spontanément, des documents qu’ils ont triés, des exposés et des « conférences » qu’ils ont préparés tout seuls. Des enfants qui ne se rangent pas à l’entrée des  cours  car  ils  sont  trop  pressés  de « monter » en classe. Des enfants qui refusent de partir le soir, ou à la récré, qui reviennent travailler pendant le temps de cantine. Des enfants qui écrivent ou qui reviennent  les  années  suivantes  pour donner de leurs nouvelles ou pour demander à emprunter des documents auprès de leur ancien enseignant, ça fait peur, non ?
Mais, vous vous rendez compte de ce que ça fait subir aux collègues ? Allez, nous sommes égoïstes nous autres à Freinet, je vous le dis et il ne faut pas s’étonner qu’on soit si souvent soupçonnés et critiqués !
Quoi ? Vos élèves travaillent avec plaisir ?
Alors ça veut dire que ce n’est pas du travail (CQFD) !
Imaginez les discours ou la chronique des « coeurs brisés » des collègues malheureux des classes Freinet : « Et en plus leurs élèves rigolent ! Ils font du bruit dans la journée ! Ils ne sortent même pas jouer ! Ça rend malades mes élèves ; ils se mettent par contagion, à me demander à moi des choses insensées comme de faire du théâtre ou de faire un film. Ils ne veulent plus venir dans ma classe en septembre ! Ils pleurent quand ils voient leur nom sur ma liste… »
Et oui ! Même si c’est parfois difficile de survivre à l’école en tant que pédago, on peut tout de même se dire, qu’au fond, on ne nous déteste pas la moitié de ce qu’on mérite !
… Tant mieux, comme ça on peut continuer !

Laurent Ott
Enseignant et éducateur à Longjumeau (91)

Transmettre la pédagogie Freinet : la formation

Février 2003

Présentation du dossier du Nouvel Educateur n°146 de février 2003.

 

La formation par les groupes départementaux de l'ICEM

Février 2003

Un groupe départemental à l'IUFM

Février 2003

La pédagogie Freinet au quotidien en IUFM

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Réflexion sur nos années de formation... par des PE2 en IUFM

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Réflexion sur nos années de formation... par des PE2 en IUFM

Sica : un Arbre en formation permanente pour une formation continuelle

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Stage national ICEM

Février 2003

"Une école laïque et populaire, émancipatrice et coopérative pour TOUS"

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Maître formateur en classe de découverte

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Aperçu du Forum social : Florence, novembre 2002

Février 2003

Pour une autorité basée sur l'apprentissage de la liberté

Février 2003