CréAtions 86 - Naturellement créateur - publié en mars-avril 1999 Edito - Agnès Joyeux
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Edito
Pour les créateurs qui sommeillent en chacun de nous, produire quelque chose est une aventure. Nous ne savons pas où nous mènera le chemin choisi et d’ailleurs qu’importe : pour les pédagogues que nous sommes aussi, seul compte le parcours. On choisit un petit quelque chose et on tire, on étire, on transforme, on associe au gré de sa fantaisie ou de ses associations d’idées. On est parfois surpris du résultat. C’est qu’en chemin, on a su voir (les taches blanches de s fleurs), lire (les lignes des passages répétés), entendre (craquer les feuilles recroquevillées), c’est qu’on au pu aussi transposer sensations, idées et émotions avec des matériaux choisis intentionnellement (une longue de papier blanc).
Produire la revue Créations est l’aventure artistique, pédagogique et éditoriale qu’une poignée d’hommes et de femmes renouvelle tous les deux mois. Aujourd’hui, en rénovant la maquette, ils ont choisi de suivre un sentier élargi : une couverture plus solide, glacée, pour une mise à disposition des enfants plus facile dans les classes et dans les bibliothèques, quarante-quatre pages pour une plus grande maniabilité et des numéros encore plus cohérents, mieux construits, un graphisme rajeuni du titre pour montrer notre dynamisme et la diversité de nos approches, enfin, un slogan pour réaffirmer notre spécificité et nos invariants pédagogiques. Plus que jamais, ce chemin doit être redessiné avec conviction, plus que jamais, d’autres sentiers d’expression doivent s’ouvrir. Plus que jamais, c’est en favorisant l’éclosion de l’expression première, en la nourrissant d’échanges respectueux et de confrontation multiformes que nous accompagnerons nos élèves vers un épanouissement personnel et social. Plus que jamais, le sentier balisé par Créations doit stimuler nos sens et notre esprit. Plus que jamais, nous avons besoin de vous tous pour qu’il ne se laisse pas envahir par la monoculture. Agnès Joyeux
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CréAtions 86 - Naturellement créateur - publié en mars-avril 1999
Stage du Secteur Arts et Créations
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En juillet 1997, le centre de vacances de Masgrangeas (23) accueille les douze membres d’un stage organisé par le secteur « Arts et Créations » de l’ICEM pour une semaine intense de découvertes et d’expression.
Des visites actives
Il s’agit d’une part, de tirer parti de ressources locales, d’autre part de favoriser une appropriation par chacun d’un patrimoine collectif. Pour chaque lieu, il sera proposé une méthode d’investigation différente, facilement transposable en classe.
En revanche, la plus grande liberté de techniques est laissée aux stagiaires. Sont mis à disposition : gouaches, acryliques, peintures à l’huile, pastels secs ou gras, crayons gris, fusains, sanguines, encres de couleur, encre de Chine, pinceaux, brosses, couteaux, tissu, machine à coudre, ficelle, bois, scies, marteaux, grillage, pinces, toutes sortes de matériaux de récupération, ainsi qu’une caméra vidéo, des appareils photos (et labo, une photocopieuse, etc.
Un groupe dynamisant
Le nombre réduit de stagiaires (12) a permis de rester proches. Venus d’horizons différents mais portés par la même recherche, le groupe a été sécurisant, accueillant, permettant des remises en cause et des prises de risques.
Des contraintes qui libèrent
Le rythme de production est intensif : au moins une production par jour de visite plus une production sur l’ensemble du stage soit cinq travaux au total, sans négliger les temps de communication, les temps de documentation… ni bien sûr les temps des visites elles-mêmes. Les dernières réalisations, celles qui rendent compte de l’ensemble de la semaine, sans consignes précises, n’ont été possibles que grâce au passage obligé des quatre premiers jours qui eux-mêmes ne trouvent leur justification que dans cet aboutissement.
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CréAtions 86 - Naturellement créateur - publié en mars-avril 1999 Classes de Maud Léchopier à Méry-sur-Oise, Agnès Joyeux à Cormeilles-en-Vexin, ainsi que Mesdames Ustase et Lucas à Franconville et Catherine Tallec à Ermont pendant l’année scolaire 1997-1998. |
Un mètre carré de tissu
Projet de circonscription imaginé par Brigitte Chappuy et développé notamment dans les classes citées ci-dessus.
L’idée est d’offrir aux maitres un ensemble d’éléments (accompagnement pédagogique, dynamique d’un projet de circonscription, finalisation matériel), pour les aider à mettre en place en classe des projets originaux à dominante artistique, en particulier photographique, dans le cadre d’une proposition commune.
Un espace de liberté
Des moyens d’expression variés
Une sensibilisation pluridisciplinaire Pour sensibiliser les enfants au projet, certains enseignants ont choisi de mettre en place des activités qui leur permettront par la suite d’entrer de plain-pied dans le vif de l’événement. - Quelques unes ont proposé à leurs élèves d’évoluer avec des tissus ;
- Agnès Joyeux a familiarisé ses élèves de petite section au tissu grâce à un travail plastique à partir de compresses - cf Créations n° 84.
- Maud Léchopier a initié ses élèves de CE1 à la prise de vue et au cadrage. Elle a également permis une approche sensible avec le matériau textile :
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CréAtions 86 - Naturellement créateur - publié en mars-avril 1999 Classes de 6e, Collège Le Chapitre - Chenôve (Côte d’Or) – Enseignante : Janine Poillot
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Petits décors naturels
xxx * Andy Goldsworthy, plusieurs ouvrages parus aux Editions Anthèse.
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CréAtions 86 - Naturellement créateur - publié en mars-avril 1999 Ecole maternelle Jean Jaurès, Cormeilles-en-Vexin (Val d’Oise) – Enseignante : Agnès Joyeux
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Avec des pommes
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Henri GO (extraits de la plaquette du vernissage de l’exposition de La Tour Charles Quint, 1997, Editions H.I.E.M.S.)
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CréAtions 86 - Naturellement créateur - publié en mars-avril 1999 Henri Go (extraits de la plaquette du vernissage de l'exposition de la Tour Charles Quint, 1997, Editions H.I.E.M.S.) Catherine Barles - Les demoiselles coiffées publié avec l'aimable autorisation de l'artiste |
Catherine Barles Les demoiselles coiffées
Le présent n’est qu’une « traversée ». Le temps que nous nous efforçons de vivre, ce temps maintenant est comme une apnée, un saut qu’il faut risquer dans le vide ; assurant notre appui du côté de l’origine, nous nous confions aux images du possible, pour tenter, encore et encore, la séparation de l’image de soi. Une traversée, c’est en effet ce que l’étrange Jésus de Nazareth disait qu’était ou devait être notre existence. Les sculptures se dressent, nombreuses, hiératiques, manifestant presque l’élan du refus, du refus de se laisser décrypter ou ramener à un discours d’ordre. Ces sculptures, les demoiselles, viennent à la fois vers nous, dans le processus même de la création artistique, et s’en défendent. Elles sont en suspens, elles sont la concrétion grave, et le déséquilibre d’un présent qu’exténue sa propre audace.* Elles sont l’apparition, sous nos yeux arrêtés à l’espace, d’une limite où de l’Autre se perçoit enfin distinctement, où le désir de vie donne lieu à images sans une ombre de mensonges, sans une ombre de doublure, sans une ombre de répétition de soi. Que cette prolifération de possible, en l’espèce des sculptures, dise le désir du réel, c’est ce qui n’est pas étonnant, car les demoiselles érigent et multiplient l’image de ce qui résiste au-delà toujours de toute image, l’image de cet Autre que désire en vérité le désir. Mais si nous ne cédons pas à la tentation métaphysique de considérer le réel lui-même comme impossible, les œuvres et la temporalité qu’elles nous invitent à instituer dans l’énigmatique temps de la contemplation – sont l’inscription de l’auteur dans son présent osé, dans son appel pris pour un ailleurs qui n’est que la production même du désir. Les œuvres surgissent dans le champ de vision, comme matière neuve, et comme une floraison de finitude. L’échec de l’art, c’est lorsqu’il se raconte sa propre histoire, et qu’il tourne dans l’arène de l’identique à soir. Gratuit. Arbitraire. Guindé ou bavard. Superficiel et maniéré. Bourgeois. Un drame de l’art, c’est lorsqu’il s’abîme sous l’étrave de la souffrance, et qu’il se perd dans l’étrangeté à soi, la tristesse, rongeant pars son altération de sciures le sens de soi. Que l’art soit cette fumée ou ce mur, il ne parle que d’une abdication éthique, ce moyen subtil et presque malhonnête de vouloir se mettre à l‘abri des questions ultimes de notre état humain. Que l’art dise une fascination pour l’image illusoire de soi à la surface de l’eau de la mort, ou qu’il dise une fascination pour l’enfouissement de toute image de soi dans cette même eau, il est l’art sans art. Voilà la belle chose que présentent Les Demoiselles : un entrechat spirituel. Comme si l’intelligence, à la fine pointe de son attention la plus tranquille, effectuait ce saut léger au cours duquel les sculptures harmoniseraient comme un ouvrage presque sonore la matière.
*Je me réfère uniquement, dans ce très bref article, aux sculptures en bois de palmier hérissées sur tiges métalliques. Catherine Barles produit une diversité de sculptures que je n’ai pas la possibilité d’évoquer ici. Henri GO (extraits de la plaquette du vernissage de l’exposition de La Tour Charles Quint, 1997, Editions H.I.E.M.S.)
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CréAtions 86 - Naturellement créateur - publié en mars-avril 1999 Entretien avec Catherine Chanteloube, artiste peintre - Propos recueillis par Nicole Bizieau, octobre 1998 publié avec l'aimable autorisation de l'artiste |
Regard d'artiste sur le monde végétal ou "c'est quand on a le cul dans l'herbe qu'on voit le mieux le monde"
Entretien avec Catherine Chanteloube, artiste peintre
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CréAtions 86 - Naturellement créateur - publié en mars-avril 1999 Classe de cycle 3 de l’école de Coutouvre (Loire) – Enseignante : Cécile Barbier, Intervenante : Nicole Bizieau – Créatrice : Catherine Chanteloube |
Un élan commun vers le Land art à Coutouvre
Intervention dans le paysage naturel
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CréAtions 86 - Naturellement créateur - publié en mars-avril 1999
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Arp, piège à nuages
Voici donc la "chasse" réalisée par l’ensemble de la classe. Il ne vous reste donc plus qu’à en faire autant et… bonne chasse !
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CréAtions 86 - Naturellement créateur - publié en mars-avril 1999 Classe de cycle 3, Ecole publique d’Hirel (Ille-et-Vilaine) - Enseignante : Mireille Guégou – Conseiller pédagogique : Alain Valégeas
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Les couleurs de la baie Multiplier les regards
Il fait gris sur la baie du Mont-Saint-Michel, en cet après-midi de mars, lorsque les vingt élèves de la classe de cycle 3 d’Hirel quittent l’école pour se rendre en bord de mer, à une centaine de mètres de là…
Le projet n’est pas encore très précis pour les enfants : « On va peindre sur la grève. » Vanessa est inquiète : « Moi, je ne sais pas dessiner ! »
Des outils inhabituels
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CréAtions 86 - Naturellement créateur - publié en mars-avril 1999 Bibliographie
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Bibliographie
• Andy Goldsworthy, trois albums aux Editions Anthèse : (sans titre), Pierres, Bois. • Etre nature, catalogue de l’exposition proposée par la Fondation Cartier pour l’Art contemporain, aux Editions Actes Sud. • Dossier du Centre d’Art du Crestet. • Dans la collection « Vivre à la maternelle » chez Nathan, Esthétique et environnement d’Anne Rutily. • Le temps des papiers déchirés, par Jean Arp aux Editions du Centre Pompidou. • L’Idée de nature dans l’art contemporain, par Colette Garraud aux Editions Flammarion. • L’art contemporain en France, par Catherine Millet aux Editions Flammarion. • Groupes, Mouvements, Tendances de l’art contemporain depuis 1945, par l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris. • La sculpture moderne au Musée national d’art moderne, par le Centre Pompidou aux Editions Scala. • Rebeyrolle, catalogue de l’espace Rebeyrolle à Eymoutiers.
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