CréAtions N° 86 – Naturellement créateur

Avril 1999

 

 


CréAtions n° 86 - mars/avril 1999
Naturellement créateur

 

Ont participé à l'élaboration de ce numéro:  Nicole BIZIEAU, Brigitte Chapuy, Catherine Chanteloube, Mireille Guelou, Monique Godfroi, Jeannnette Go Roudier, Henri Go,  Agnès JOYEUX, Pascale Landolfini, Maud LECHOPIER,   Hervé NUNEZ, Cécile ROUGIER, Eliane SAYOU, Annie SOLAS, Alain VALEGEAS.

Crédits photographiques: Nicole Bizieau (I et IV de couverture, Agnès JOYEUX, Catherine BARLES, Catherine Chanteloube, Maud LECHOPIER,  François GOALEC, Alain VALEGEAS.

 Sommaire
Titre et chapeau
Niveau classe
thème
Techniques utilisées
artiste
 

Editorial

       
 

Naturellement créateurs

adultes stage de formation du secteur Arts et Créations à Vassivière

visites actives, travail in-situ,

 

 
 

Un mètre carré de tissu

maternelle Installer, photogra-phier, écrire et traduire plastiquement son idée tissu, photographie, tissage.
 
 

Petits décors naturels

collège : 6ème Une sortie et des ateliers en début d'année pour favoriser les relations éléments naturels, land-art
 

Avec des pommes

maternelle: PS Je propose de "dessiner avec des pommes" nature, in-situ  
 

Catherine Barles

artiste Les demoiselles coiffées sculpture
Catherine Barles, sculpteur

Regard d'artiste
sur le monde végétal

artiste ou "c'est quand on a le cul dans l'herbe qu'on voit le mieux le monde" "je dessine-peins de façon complètement liée"
Catherine Chanteloube, plasticienne

Un élan commun
vers le land art

Elémentaire:  cycle 3 Un atelier de pratique artistique sur le thème du paysage afin de permettre la lecture esthétique de l'environnement paysage, in-situ, peinture
 

Arp, piège à nuages

élémentaire: CP Réaliser des écrits poétiques en devenant des "chasseurs de nuages" écriture
 

Les couleurs de la baie

élémentaire : cycle 3

Multiplier les regards Peindre sur le motif

couleur, peinture, regard, eau, ciel
 

Bibliographie

       

 

 

 

Edito - Créations 86 "Naturellement créateur"

Avril 1999
CréAtions 86 - Naturellement créateur  - publié en mars-avril 1999

Edito -  Agnès Joyeux

 

Edito

Pour les créateurs qui sommeillent en chacun de nous, produire quelque chose est une aventure. Nous ne savons pas où nous mènera le chemin choisi et d’ailleurs qu’importe : pour les pédagogues que nous sommes aussi, seul compte le parcours. On choisit un petit quelque chose et on tire, on étire, on transforme, on associe au gré de sa fantaisie ou de ses associations d’idées. On est parfois surpris du résultat. C’est qu’en chemin, on a su voir (les taches blanches de s fleurs), lire (les lignes des passages répétés), entendre (craquer les feuilles recroquevillées), c’est qu’on au pu aussi transposer sensations, idées et émotions avec des matériaux choisis intentionnellement (une longue de papier blanc).

Produire la revue Créations est l’aventure artistique, pédagogique et éditoriale qu’une poignée d’hommes et de femmes renouvelle tous les deux mois. Aujourd’hui, en rénovant la maquette, ils ont choisi de suivre un sentier élargi : une couverture plus solide, glacée, pour une mise à disposition des enfants plus facile dans les classes et dans les bibliothèques, quarante-quatre pages pour une plus grande maniabilité et des numéros encore plus cohérents, mieux construits, un graphisme rajeuni du titre pour montrer notre dynamisme et la diversité de nos approches, enfin, un slogan pour réaffirmer notre spécificité et nos invariants pédagogiques.

Plus que jamais, ce chemin doit être redessiné avec conviction, plus que jamais, d’autres sentiers d’expression doivent s’ouvrir.

Plus que jamais, c’est en favorisant l’éclosion de l’expression première, en la nourrissant d’échanges respectueux et de confrontation multiformes que nous accompagnerons nos élèves vers un épanouissement personnel et social.

Plus que jamais, le sentier balisé par Créations doit stimuler nos sens et notre esprit.

Plus que jamais, nous avons besoin de vous tous pour qu’il ne se laisse pas envahir par la monoculture.

Agnès Joyeux

     

végétal, couleur, tissu
                                                                    sommaire n° 86

 

Naturellement créateurs

Avril 1999

CréAtions 86 - Naturellement créateur  - publié en mars-avril 1999

Stage du Secteur Arts et Créations

 En juillet 1997, le centre de vacances de Masgrangeas (23) accueille les douze membres d’un stage organisé par le secteur « Arts et Créations » de l’ICEM pour une semaine intense de découvertes et d’expression.

  Les objectifs du stage sont de proposer à chaque individu de vivre globalement le stage en tant que créateur : dans un esprit individuel de formation et de construction, de manière à ce que chacun s’ouvre, par le tâtonnement expérimental, d’une part, sur les problématiques de l’art aujourd’hui, et d’autre part sur la prise de conscience de comment se construit l’enfant. Les stagiaires sont à l’origine de leurs apprentissages ; les animateurs sont à leur disposition pour ouvrir des voies à leur perception, pour leur apporte des enseignements techniques appropriés à leur production, pour relier leur production plastique à d’autres domaines de la connaissance, de manière à mettre en évidence la globalité de la démarche.


 Des visites actives

Il s’agit d’une part, de tirer parti de ressources locales, d’autre part de favoriser une appropriation par chacun d’un patrimoine collectif. Pour chaque lieu, il sera proposé une méthode d’investigation différente, facilement transposable en classe.

L’Espace Rebeyrolle est un bâtiment vaste et clair où la lumière naturelle entre largement, valorisant les grandes toiles de cet artiste majeur de l’art contemporain.
Avant la visite, l’animateur du stage propose un document vidéo qu’il a filmé dans le musée quelques jours auparavant. Surprise : on ne voit que les lames du parquet et des cartels blancs énonçant des titres énigmatiques.
Chacun choisit un titre et est invité à s’exprimer sur ce seul titre. En revanche, il a le choix des moyens, des plus classiques (acryliques, pastels…) aux plus étonnants (grillages, bois, récupération diverses…).
L’après-midi, chacun apporte sa réalisation au musée et la confronte avec celle de l’artiste. Beaucoup de contrastes bien sûr, mais aussi des similitudes, des parentés… On s’interroge sur les choix de l’artiste.
A l’issue du processus, cette visite remarquable restera une étape importante dans les parcours individualisés ainsi que le confirmeront les témoignages.

La cité des insectes. Ce n’est pas un musée d’art. C’est un lieu didactique, pédagogique, dont le but est d’améliorer notre connaissance des insectes. Outre des collections, on y trouve d’étonnants vivariums, des enregistrements sonores, des panneaux situant l’animal dans son milieu, etc.
Ce lieu, les stagiaires le visitent en toute liberté mais en le « détournant », c’est-à-dire en y recherchant des éléments plastiques qu’ils utiliseront ensuite dans une réalisation. Les pistes sont comme les insectes, innombrables.

Aubusson, capitale de la tapisserie, est une ville grise et terne qui se meurt. Nous nous promenons dans ses rues, visitons un atelier de teinture et une manufacture de tapisseries.
Pour aiguiser le regard, une liste de termes techniques avec leurs définitions est remise aux stagiaires. Certains mots sont polysémiques. Tous peuvent devenir une clé pour mieux comprendre la réalité de cette ville dont chacun rendra compte de retour au centre.

Centre d’art de Vassivière. C’est notre dernier jour de visite et il s'agit d’un lieu magique par son site, par son histoire tragique, par la force des artistes qui s’y sont exprimés.
Aucun matériel. Deux axes pour orienter notre regard : ce centre est une île : naturel/artificiel, où sont les limites ?
C’est sur place, avec des éléments recueillis, que chacun exprimera son ressenti. Des photos en garderont la trace.
Après quatre jours de visites activées par les moyens cités, nous consacrons les trois derniers à la production, à l’expression, à la communication.



Une grande richesse de matériaux

En revanche, la plus grande liberté de techniques est laissée aux stagiaires. Sont mis à disposition : gouaches, acryliques, peintures à l’huile, pastels secs ou gras, crayons gris, fusains, sanguines, encres de couleur, encre de Chine, pinceaux, brosses, couteaux, tissu, machine à coudre, ficelle, bois, scies, marteaux, grillage, pinces, toutes sortes de matériaux de récupération, ainsi qu’une caméra vidéo, des appareils photos (et labo, une photocopieuse, etc.
La salle est vaste et rustique : nous pouvons utiliser des techniques salissantes. Un point d’eau y est indispensable.

 

Un groupe dynamisant

Le nombre réduit de stagiaires (12) a permis de rester proches. Venus d’horizons différents mais portés par la même recherche, le groupe a été sécurisant, accueillant, permettant des remises en cause et des prises de risques.  

Des contraintes qui libèrent

Le rythme de production est intensif : au moins une production par jour de visite plus une production sur l’ensemble du stage soit cinq travaux au total, sans négliger les temps de communication, les temps de documentation… ni bien sûr les temps des visites elles-mêmes.
Les quatre premières productions répondent à des consignes précises :
- partir d’un cartel,
- utiliser un pu plusieurs éléments choisis dans un musée scientifique,
- décliner un mot de vocabulaire spécifique à un artisanat ;
- expérimenter la notion d’île ou le contraste naturel/artificiel.
Loin d’enfermer les stagiaires, ces consignes leur ont permis de prendre appui sur des références communes pour mieux exprimer leurs propres ressentis. Les réalisations sont toutes très différentes.

Les dernières réalisations, celles qui rendent compte de l’ensemble de la semaine, sans consignes précises, n’ont été possibles que grâce au passage obligé des quatre premiers jours qui eux-mêmes ne trouvent leur justification que dans cet aboutissement.

autres stages de formation   sommaire n° 86

des démarches individuelles: témoignage des stagiaires

l’œuvre du pédagogue : témoignage de l’animateur

 

 

Un mètre carré de tissu

Avril 1999
  CréAtions 86 - Naturellement créateur  - publié en mars-avril 1999

Classes de Maud Léchopier à Méry-sur-Oise, Agnès Joyeux à Cormeilles-en-Vexin, ainsi que Mesdames Ustase et Lucas à Franconville et Catherine Tallec à Ermont pendant l’année scolaire 1997-1998.

 

Un mètre carré de tissu

 

Projet de circonscription imaginé par Brigitte Chappuy et développé notamment dans les classes citées ci-dessus.

L’idée est d’offrir aux maitres un ensemble d’éléments (accompagnement pédagogique, dynamique d’un projet de circonscription, finalisation matériel), pour les aider à mettre en place en classe des projets originaux à dominante artistique, en particulier photographique, dans le cadre d’une proposition commune.

 

Un espace de liberté

Il fallait donc trouver une idée qui incite les collègues à entrer dans un projet artistique, mais qui offre également les possibilités à chaque enseignant de mettre l’accent sur l’objectif qu’il souhaite développer, en fonction de son projet de classe, d’école. Le temps consacré au projet doit être modulable selon les vœux de l’enseignant.

Le projet doit permettre de lier les capacités des enfants dans différents champs disciplinaires, afin d’inviter à une pédagogie de projet.

 

 

Des moyens d’expression variés

Cependant, il faut mettre en place un dispositif matériel qui garantisse, si l’on peut dire, un investissement personnel de chaque élève : ici chaque enfant dispose de son matériel, la réalisation est individuelle. La proposition peut devenir rapidement le projet de chaque enfant.

 

Mais il faut également qu’il y ait de réels échanges, entre les enfants, et entre les collègues. Cette communication peut se faire le biais d’expositions, mais surtout par un retour vers chaque enfant du travail réalisé par d’autres.

C’est ainsi qu’est proposé : Un mètre carré pour une photo.

Des boites (une pour chaque élève) circulent de classe en classe.
Elles contiennent du matériel :
• un mètre carré de tissu ;
• un appareil photo jetable ;
• une feuille d e "beau papier" pour chaque enfant (futur "carnet de bord") ;
• et une règle du jeu : chacun prend une photo (et une seule avec ce matériel), sur laquelle le mètre carré de tissu soit être visible.
Sur sa feuille de « beau papier », chaque enfant raconte sa photo.
Puis les boites partent dans une autre classe.

A la fin de la chaine, les feuilles de "beau papier" sont associées avec les photos correspondantes, puis rassemblées en "carnet de bord". Ceux-ci voyageront de nouveau dans les classes participantes afin que chaque enfant découvre sa photo, mais aussi celles réalisées par d’autres enfants, avec le même mètre carré de tissu que lui.

 

Les enfants imaginent, apprennent :

Ils découvrent le contenu de la boite, et explorent les qualités plastiques du tissu (couleur, matière, forme, transparence…). Ils prennent en compte les impressions ressenties et cherchent comment les communiquer à d’autres par l’intermédiaire de la photographie.

Pour cela, ils imaginent une mise en scène du tissu – le froisser, l’étirer, envelopper, dissimuler, l’associer, le bouger, bouger avec lui, l’installer, le confondre dans un lieu, avec un objet… - qu’ils photographient.

Ils mettent la photographie au service de leur idée, ils apprennent à donner un sens à leur message visuel, à traduire une émotion, une relation, pour les communiquer, en abordant les notions de cadrage, de point de vue, de lumière…

Ils échangent leurs idées avec d’autres enfants, apprennent à respecter d’autres idées.

 

Une sensibilisation pluridisciplinaire

 Pour sensibiliser les enfants au projet, certains enseignants ont choisi de mettre en place des activités qui leur permettront par la suite d’entrer de plain-pied dans le vif de l’événement.

- Quelques unes ont proposé à leurs élèves d’évoluer avec des tissus ;
- Agnès Joyeux a familiarisé ses élèves de petite section au tissu grâce à un travail plastique à partir de compresses - cf Créations n° 84.
- Maud Léchopier a initié ses élèves de CE1 à la prise de vue et au cadrage. Elle a également permis une approche sensible avec le matériau textile :
« Des tissus apportés par les enfants ou en stock dans nos réserves sont déballés sur la table. Les enfants les regardent, les touchent et nous listons les mots désignant leur aspect, leur couleur, leur tenue, la sensation qu’ils provoquent.

Ensuite, les enfants sont invités à laisser voguer leur imagination en disant ce qu’évoquent pour eux les tissus. Puis chacun va choisir son tissu, en découper un morceau, le coller sur un carton et matérialiser son évocation à l’aide de peinture. Une mise en commun et des échanges permettent d’enrichir le premier jet.

Un titre poétique est alors attribué à chaque production.

Chaque enfant, pour réaliser lui-même son encadrement, choisit des échantillons de tissu mural qu’il disposera en bande ou en carrés. »

 


 

Campagne vue d’en haut – Laura

Fête éclairée
Ginaba.
Des points blancs ont été ajoutés sur le tissu après des échanges et sur suggestion des autres enfants.

 

 

 
Ciel d’orage
Alexandre

 

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Petits décors naturels

Avril 1999
  CréAtions 86 - Naturellement créateur  - publié en mars-avril 1999

Classes de 6e, Collège Le Chapitre - Chenôve (Côte d’Or) – Enseignante : Janine Poillot

 

Petits décors naturels

 

 

Et je propose à des petits groupes la réalisation de petits décors avec des éléments naturels que nous trouvons sur place : feuilles, baies, glands, brindilles, fleurs des champs, marrons, cailloux, etc.

Depuis quelques années, dans le collège où je suis professeur d’arts plastiques, nous démarrons l’année scolaire avec les nouveaux 6e par une sortie à l’extérieur de l’établissement, ceci pour favoriser les relations entre élèves, entre élèves et adultes, pour mettre en place quelques structures de vie de groupe.

Généralement, nous allons au lycée de Brochon, à une dizaine de kilomètres de la Z.U.P. d’où sont issus ces enfants.
Ce lycée est situé dans un village de la côte bourguignonne, au milieu d’un parc magnifique abritant un château construit au début du siècle dernier.

 

 

Les consignes sont simples :

- on ne détruit pas l’environnement ;
- on s’installe si possible dans un endroit lumineux pour pouvoir photographier ensuite (une exposition se réalise ensuite au collège) ;
- on a 1 heure à 1 heure et demi ;
- on travaille seul ou en groupe.
- Pour éveiller la créativité, j’établis le contact en leur demandant de s’asseoir près de moi et je leur montre un livre que je qualifie de « magique » tant il est déclencheur de créativité, à savoir celui réalisé à partir des œuvres de Andy Goldsworthy*, cet artiste anglais contemporain qui crée autant dans le sable que dans la glace, avec des pierres, avec des branches…
- A chaque page, c’est la fascination des images l les yeux s’éclairent, les « ouais ! » d’admiration fusent.
- C’est le transport dans un monde imaginaire qui donne aussitôt envie d’essayer !

 

xxx

* Andy Goldsworthy, plusieurs ouvrages parus aux Editions Anthèse.

éléments naturels, land-art
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Avec des pommes

Avril 1999
  CréAtions 86 - Naturellement créateur  - publié en mars-avril 1999

Ecole maternelle Jean Jaurès, Cormeilles-en-Vexin (Val d’Oise) – Enseignante : Agnès Joyeux

 

Avec des pommes
 

 

Notre cour de récréation est un vieux verger. Cette matinée d’octobre-là, pendant la récréation, les enfants entassent spontanément quelques fruits. La plupart sont très durs, et même en compote il est pratiquement impossible de les consommer.

 
Il fait très beau. A l’issue de la récréation, nous n’avons guère envie de rentrer en classe. Je propose alors de « dessiner avec des pommes ». C’est le début de l’année et aussi le début de la scolarité pour la plupart de ces enfants. Ils me regardent incrédules. Juxtaposant les pommes, je « dessine » un rond. Aussitôt quelques-uns sourient et s’emparent des pommes, bientôt imités par toute la classe : ronds, serpents, chemins, soleils apparaissent entre les brins d’herbe !

 

    

Pas de fiche de préparation soigneusement rédigée, ni de projet pédagogique construit, mais l’envie de tirer parti d’un matériau disponible, la relance d’un intérêt spontané, et beaucoup de plaisir et de jubilation : un moment fort dans la vie de la classe dont les photos seront souvent regardées et commentées dans le coin bibliothèque.

 

 

 

 

 

 

dessin, in-situ
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Catherine Barles - Les demoiselles coiffées

Avril 1999

 

 

          

Toutes isolément

 

 

 

S’il y a bien une idée que j’ai envie de dire, à propos des sculptures de Catherine Barles, c’est qu’une cause matérielle est immanente à l‘esthétique de ces œuvres. « La matière, dit le philosophe Gaston Bachelard, reste elle-même en dépit de toute déformation, de tout morcellement », et c’est ce qui m’apparaît lorsque je regard ces installations et statuettes en terre ou en bois de palmier. Les Demoiselles coiffées de Catherine Barles sont une méditation sur l’épaisseur et l’élan de la matière.  

 

 

 

Avec la sculpture de Catherine Barles, la pensée savante et verbeuse est ébranlée. Cette sculpture nous jette soudainement mais sans violence contre les récifs de la réalité matérielle. Elle désintéresse les formes, les édifices idéels, les discours tout faits. Elle montre l’insondable de la profondeur matérielle, comme si l’élan qui lui fut impulsé n’était que paradoxal faire-valoir de l’infertilité de la terre. Mille et une coiffes confèrent sourire, rire, joie à ces inoffensives jeunes femmes, qui pourtant mordent dans le vif notre quête apeurée de représentations et d’institutions, piquent au vif notre goût étriqué pour la forme stable et crédible, touchent au vif notre empathie pour la faiblesse, sont une prise sur le vif des dix mille visages de l’être un art résolument du peuple.

 


 

A force de s’adresser manuellement au silence de la terre, Catherine Barles rencontre pratiquement la nuit sensible. Il est d’ailleurs remarquable que les demoiselles coiffées soient parfois installées dans des triangles de lueurs, rassemblées dans la figure vacillante et incertaine que trace un périmètre de petites bougies.

 

 

 

 

Comme si quelque chose d’infirme, indiqué par les lucioles de cire, commençait à vivre à partir de la masse même de l’élément : la sculpture comme pratique d’un élan de la terre et du bois.

 

Henri GO (extraits de la plaquette du vernissage de l’exposition de La Tour Charles Quint, 1997, Editions H.I.E.M.S.)

 

 


sculpture, artiste

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Catherine Barles - Les demoiselles coiffées

Avril 1999
 

CréAtions 86 - Naturellement créateur  - publié en mars-avril 1999

Henri Go (extraits de la plaquette du vernissage de l'exposition de la Tour Charles Quint, 1997, Editions H.I.E.M.S.) Catherine Barles - Les demoiselles coiffées

publié avec l'aimable autorisation de l'artiste

 

                Catherine Barles

                     Les demoiselles coiffées 

 

Le présent n’est qu’une « traversée ». Le temps que nous nous efforçons de vivre, ce temps maintenant est comme une apnée, un saut qu’il faut risquer dans le vide ; assurant notre appui du côté de l’origine, nous nous confions aux images du possible, pour tenter, encore et encore, la séparation de l’image de soi. Une traversée, c’est en effet ce que l’étrange Jésus de Nazareth disait qu’était ou devait être notre existence.

Les sculptures se dressent, nombreuses, hiératiques, manifestant presque l’élan du refus, du refus de se laisser décrypter ou ramener à un discours d’ordre. Ces sculptures, les demoiselles, viennent à la fois vers nous, dans le processus même de la création artistique, et s’en défendent. Elles sont en suspens, elles sont la concrétion grave, et le déséquilibre d’un présent qu’exténue sa propre audace.*

Elles sont l’apparition, sous nos yeux arrêtés à l’espace, d’une limite où de l’Autre se perçoit enfin distinctement, où le désir de vie donne lieu à images sans une ombre de mensonges, sans une ombre de doublure, sans une ombre de répétition de soi. Que cette prolifération de possible, en l’espèce des sculptures, dise le désir du réel, c’est ce qui n’est pas étonnant, car les demoiselles érigent et multiplient l’image de ce qui résiste au-delà toujours de toute image, l’image de cet Autre que désire en vérité le désir.

Mais si nous ne cédons pas à la tentation métaphysique de considérer le réel lui-même comme impossible, les œuvres et la temporalité qu’elles nous invitent à instituer dans l’énigmatique temps de la contemplation – sont l’inscription de l’auteur dans son présent osé, dans son appel pris pour un ailleurs qui n’est que la production même du désir. Les œuvres surgissent dans le champ de vision, comme matière neuve, et comme une floraison de finitude.

L’échec de l’art, c’est lorsqu’il se raconte sa propre histoire, et qu’il tourne dans l’arène de l’identique à soir. Gratuit. Arbitraire. Guindé ou bavard. Superficiel et maniéré. Bourgeois. Un drame de l’art, c’est lorsqu’il s’abîme sous l’étrave de la souffrance, et qu’il se perd dans l’étrangeté à soi, la tristesse, rongeant pars son altération de sciures le sens de soi. Que l’art soit cette fumée ou ce mur, il ne parle que d’une abdication éthique, ce moyen subtil et presque malhonnête de vouloir se mettre à l‘abri des questions ultimes de notre état humain. Que l’art dise une fascination pour l’image illusoire de soi à la surface de l’eau de la mort, ou qu’il dise une fascination pour l’enfouissement de toute image de soi dans cette même eau, il est l’art sans art.

 
Voilà la belle chose que présentent Les Demoiselles : un entrechat spirituel. Comme si l’intelligence, à la fine pointe de son attention la plus tranquille, effectuait ce saut léger au cours duquel les sculptures harmoniseraient comme un ouvrage presque sonore la matière.
 
    

 

A l’écart de la fallacieuse unité d’une esthétique convenue, des pleurnichards apitoiements désarticulés, l’œuvre de Catherine Barles tient la barre de son propre déploiement dans une sagesse de la tentative vers l’Autre. C’est cette tentative sûre qui est la ferme, l’assurée conquête d’une joie. Non une requête. Car l’artiste ici ne se met pas en posture de prière, ni simplement une quête avec son appareillage religieux. Une conquête parce que l’art est travail et vaillance.
 
 
Il existe une autre voie dans la vie que celle qui ne mène nulle part, qui n’est que fausse route et parole muette. Les grandes sculptures de Catherine Barles sont cette parole ouverte sur l’Autre, comme on le dirait d’une fenêtre, et qui nous invite et incite à orienter un regard inquiet, parce que soudain l’inspiration de quelque chose de juste nous viendrait.

 

DEPUIS 1994, CATHERINE BARLES TRAVAILLE LA SCULPTURE AUTOUR DU THEME « LES DEMOISELLES COIFFEES ».

1996
14e RENDEZ-VOUS DES JEUNES PLASTICIENS, LA GARDE (83)
LAUREATE DU PREMIER PRIX (PRIX PASSERELLE)
LES DIX ANS D’ELSTIR : EXPOSITION COLLECTIVE, VILLA TAMARIS, LA SEYNE-SUR-MER (83)
EXPOSITION COLLECTIVE, ENTRE DEUX PORTES, DRAGUIGNAN (83)

1997
EXPOSITION DE GROUPE ELSTIR, LA GARDE (83)
EXPOSITION PERSONNELLE, LA TOUR CHARLES QUINT, LE MUY (83)
EXPOSITION PERSONNELLE, CAVES DE L’HOTEL DE CLAVIER, BRIGNOLES (83)

1998
EXPOSITION PERSONNELLE, LA TOUR DES TEMPLIERS HYERES (83)
EXPOSITION D’ART CONTEMPORAIN, CHAPELLE DE L’OBSERVANCE, DRAGUIGNAN (83)
COLLABORE A LA REVUE LITTERAIRE H.I.E.M.S.

*Je me réfère uniquement, dans ce très bref article, aux sculptures en bois de palmier hérissées sur tiges métalliques. Catherine Barles produit une diversité de sculptures que je n’ai pas la possibilité d’évoquer ici. Henri GO (extraits de la plaquette du vernissage de l’exposition de La Tour Charles Quint, 1997, Editions H.I.E.M.S.)

 

 


sculpture, artiste

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Regard d'artiste sur le monde végétal ou "c'est quand on a le cul dans l'herbe qu'on voit le mieux le monde"

Avril 1999
  CréAtions 86 - Naturellement créateur  - publié en mars-avril 1999

Entretien avec Catherine Chanteloube, artiste peintre - Propos recueillis par Nicole Bizieau, octobre 1998

publié avec l'aimable autorisation de l'artiste

 

 Regard d'artiste sur le monde végétal

ou "c'est quand on a le cul dans l'herbe qu'on voit le mieux le monde" 

 

Entretien avec Catherine Chanteloube, artiste peintre 

 

L’atelier. Accrochés au mur, les végétaux sèchent et « prennent forme ».

 

Le fagot

Qu’est-ce qui a déclenché ton travail actuel dans le domaine artistique ? Est-ce un choix ou un accident de parcours ?

J’ai fait des études à la faculté d’arts plastiques de Saint-Etienne jusqu’au DEA. En fac j’étais considérée comme "super coloriste" évaluée comme "n’ayant pas de dessin". Cela m’agaçait. Alors je suis allée dessiner dans la nature, beaucoup, beaucoup… C’est quand on a "le cul dans l’herbe qu’on voit le mieux le monde". Ces paysages sont devenus miniatures, au format timbre-poste. Puis j’ai habité un moment à Paris, j’ai beaucoup travaillé dans le petit format, à cause du manque de place et de la vie étriquée que j’y menais. Plus tard, j’ai eu besoin de réaliser de gros motifs, ils ne tenaient pas dans le cadre, et n’étaient que débordements. On aurait pu continuer mes toiles tout autour. Lorsque j’ai eu un jardin, j’ai porté un nouveau regard sur ce nouveau cadre de vie, devenu nouvelle source d’inspiration, de travail.
 
J’ai beaucoup dessiné d’un aspect analytique, c’est la période des jonquilles… Mais en même temps j’avais un terrible besoin de couleur, ce qui correspond à tout mon travail sur les voûtes avec une profusion de couleur, de matière. C’était un fabuleux travail de patience avec les pastels, de jouissance, d’obsession même au niveau de la couleur et de la lumière.

 

Puis, lentement je suis passée à la couleur telle que j’aime la vivre, telle que je la ressens. Aujourd’hui, je me sens bien dans la voie qui est la mienne et que sans doute je recherchais depuis longtemps. Je ressens une harmonie totale entre dessin, couleur, motif, espace, matériau et fond très travaillé dans la matière. C’est un travail très cohérent dans son ensemble jusqu’à la fin du processus qui est la toile montée.

Au départ, je travaille sur une toile brute, c’est-à-dire de ton naturel, mais parfois aussi sur une toile recyclée, sur laquelle j’ai marouflé du papier asiatique à la colle de peau. Je dispose ce papier soit en couche unique (ou multiples), soit en superposition partielle, avec quelquefois des bulles, des fissures, des déchirures, des accidents de collages exploités, réinvestis dans le travail du fond. C’est sur ce fond que je dessine-peins de façon complètement liée.

Le tournesol

 Rose trémière

J’ai beaucoup travaillé le dessin de paysages sur le terrain, ce qui nourrissait aussi en parallèle des productions du domaine de l’imaginaire. Je faisais beaucoup de dessins d’observation dans la nature, ce qui m’obligeait à être toujours sur le terrain. Je me suis alors livrée à la cueillette et je rapportais ce qui avait attiré mon attention chez moi, c’était plus pratique pour travailler. J’ai commencé par un travail de dessin analytique et en parallèle j’ai mené un travail plus abstrait.

Ceci correspond à la période de 93/94 au cours de laquelle je ressentais deux besoins complémentaires sans doute : du dessin de grande précision, fouillant le végétal dans ses moindres détails, mais aussi avec sobriété, à la mine de plomb, et une orgie de couleurs et de matière traduite par une série de voûtes de grandes dimensions où l’ombre et la lumière apparaissaient par un jeu de superposition de couleur de pastels secs. Je pense que ce n’est pas fini, même si en ce moment j’ai abandonné cette voie. J’imagine en faire encore. Grâce à la couleur, je m’évadais.
 
A voir ce que devenaient mes végétaux séchés, j’ai été attirée par leur nouvel aspect et je me suis investie de plus en plus dans cette voie parce que ça me procurait beaucoup de plaisir.

 

 


couleur, dessin, marouflage, végétal

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Un élan commun vers le Land art à Coutouvre

Avril 1999
 

CréAtions 86 - Naturellement créateur  - publié en mars-avril 1999

Classe de cycle 3 de l’école de Coutouvre (Loire) – Enseignante : Cécile Barbier, Intervenante : Nicole Bizieau – Créatrice : Catherine Chanteloube

 

 

Un élan commun vers le Land art à Coutouvre

 

Un atelier de pratique artistique avec les enfants de CE2-CM1-CM2 de l’école de Coutouvre, en zone rurale près de Roanne (Loire), s’est déroulé de janvier à mai 1998.

Le thème de cet atelier est le paysage ; l'objectif est de développer l’acuité du regard des enfants sur le monde dans lequel ils vivent, de permettre une lecture esthétique de cet environnement, de leur permettre de découvrir la représentation du monde par les artistes, grâce aux collections du musée, et enfin de créer eux-mêmes grâce à l’exercice de leurs compétences sensibles, plastiques et techniques.

  

Le chemin

Intervention dans le paysage naturel 

Ce travail s’effectue en classe et sur le terrain. Il a été précédé d’une découverte sensible et créative des collections du musée Joseph Déléchette. La classe, qui n’ignore pas la globalité du projet, en connait les différentes articulations. Ceci permet de maintenir l’esprit créatif en éveil.

 

Les enfants ont prospecté dans leur environnement pour proposer des lieux d’investigation. Le choix est un petit bois à une demi-heure de marche de l’école, ce qui nécessite un effort physique, la prise en compte de la météo, des "vues" rencontrées tout au long du parcours, un équipement particulier (un projet à gérer).

Les consignes sont établies pour la découverte du lieu. C’est ici, dans ce bois, dans ce chemin, que nous pouvons créer. Il faut choisir un endroit précis… chacun explore, court, crie, s’amuse…

Stop ! Ce n’est pas la récré !

Chacun a compris, les idées fusent sur des espaces privilégiés qui ont su capter leurs regards : un arbre déraciné, deux troncs qui s’entrelacent, un tapis de lierre,, un trou dans le sol…

On peut travailler seul ou à deux, on laisse voguer son imagination, on échange sur des projets qui prennent forme en mots. On rentre en classe la tête pleine d’idées.
La semaine sera consacrée à « penser » au projet et préparer le matériel, les matériaux nécessaires à la mise en œuvre : ficelle, fils, papiers, tissus, peinture à l’eau, pigments…
 


Le lapin

 

 


 paysage, in-situ, peinture

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Arp, piège à nuages

Avril 1999

CréAtions 86 - Naturellement créateur  - publié en mars-avril 1999


Classe de CP de l’école de Crozon (Finistère) – Intervenante : Nicole Bizieau


 

Arp, piège à nuages

Jean ARP (1887-1966)

Jean Arp aimait beaucoup la nature mais ne souhaitait pas la copier. Il voulait plutôt produire comme elle, c’est-à-dire créer des objets aussi purs que des galets et des nuages. Toutes les formes de ses sculptures et reliefs se ressemblent. Elles donnent l’impression de pousser, de se déformer, de se métamorphoser. Celles des relies sont regroupées chaque fois autrement comme des feuilles sur un arbre. Arp était aussi poète. Il s’inspirait de ses œuvres pour inventer des titres insolites ou des textes plus longs. Aujourd’hui encore, ses poèmes nous font rêver et nos fond découvrir un monde où l’écrit et les formes ne font qu’un.

 

Dans Jours effeuillés, Jean Arp définissait ainsi la création : "Il suffit de fermer les paupières, et le rythme intérieur passe dans la main avec plus de pureté. Je me laisse mener par l’œuvre en train de naître, je lui fais confiance. Je ne réfléchis pas. Les formes viennent, avenantes ou étranges, hostiles, inexplicables, muettes ou ensommeillées. Elles naissent d’elles-mêmes. Il me semble que je je fais, pour moi, que déplacer mes mains. Ces clartés, ces ombres que le "hasard" nous envoie, nous devrions les accueillir avec étonnement et reconnaissance.
Le "hasard"par exemple qui guide nos doigts lorsque nous déchirons du papier, les figures qui apparaissent alors, nous donnent accès à des mystères, nous révèlent les cheminements profonds de la vie."

 

Les formes et le hasard, sources d’inspiration pour Arp, le sont aussi devenus pour une classe de C.P. qui a réalisé des écrits poétiques en devenant des "chasseurs de nuages".

Suivons donc leurs traces sur la piste de leurs jeux surréalistes "arpiens".

 

Tout d’abord, il faut prévoir son matériel : des formes abstraites de couleurs différentes découpées dans du carton puis le jeu peut commencer !

1. Si le ciel a des nuages, les observer. En essayant d’ "attraper" leurs formes, les dessiner. Les fabriquer en papier déchiré.

2. Montrer les formes découpées. Chacun trouve un nom imaginé.
 
3. Dresser une liste de verbes de ce que les nuages peuvent faire.
 
4. Laisser tomber au sol les formes et juxtaposer certaines d’entre elles.
 
5. On obtient ainsi que réalisation que l’on peut garder telle quelle ou la modifier.
 
6. Là, jouer avec les mots comme avec les formes. Juxtaposer les mots, les formes et ainsi créer un texte surréaliste.

Voici donc la "chasse" réalisée par l’ensemble de la classe. Il ne vous reste donc plus qu’à en faire autant et… bonne chasse !

 

écriture

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Les couleurs de la baie

Avril 1999

 
CréAtions 86 - Naturellement créateur  - publié en mars-avril 1999

Classe de cycle 3, Ecole publique d’Hirel (Ille-et-Vilaine) - Enseignante : Mireille Guégou – Conseiller pédagogique : Alain Valégeas

 

Les couleurs de la baie

Multiplier les regards

 

Il fait gris sur la baie du Mont-Saint-Michel, en cet après-midi de mars, lorsque les vingt élèves de la classe de cycle 3 d’Hirel quittent l’école pour se rendre en bord de mer, à une centaine de mètres de là…

Le projet n’est pas encore très précis pour les enfants : « On va peindre sur la grève. » Vanessa est inquiète : « Moi, je ne sais pas dessiner ! »
Avant de peindre, un temps est consacré à l’observation à travers un tube de carton : « Regardez l’horizon devant vous. Quelles couleurs voyez-vous ? » Evidemment, puisqu’on voit la mer au loin, un enfant voit du bleu !
« Mais non, elle est grise », dit un camarade. La discussion s’engage pour définir avec plus de précision les nuances de l’eau, du ciel, du sable humide de la grève dont la mer vient de se retirer.

 

 

« Nous allons peindre l’horizon tel que nous l’avons vu dans le viseur de carton.
- Est-ce qu’on pourra peindre le Mont-Saint-Michel (visible à droite) ? ou Cancale (à gauche) ?

- Non seulement l’horizon, le ciel, la mer au loin et la grève. »


Vanessa est rassurée ; il n’y a qu’une ligne à « faire », c’est simple…
En fait, cette consigne n’est qu’un prétexte pour exercer le regard sur les couleurs.

Des outils inhabituels

Les enfants s’installent face au panorama, en cherchant un coin sec pour s’asseoir.

Le matériel est distribué : un support de carton d’emballage sur lequel on peindra (pas cher !), des morceaux de bois arrachés d’un cageot qu’on a emporté avec nous, chacun une ardoise d’écolier pour servir de palette, et de la couleur, à la demande – du blanc, du noir, un peu de bleu, du jaune sont souhaités. Les enfants sont un peu déstabilisés par l’emploi de supports et d’outils inhabituels ; une vingtaine de minutes leur seront nécessaires pour se familiariser.

Ils prennent conscience qu’on peut peindre du blanc sur le support beige, certains vont préférer leurs doigts aux fragments… Chacun trouve des solutions personnelles aux problèmes techniques induits par le dispositif.
 
Le rôle de l’adulte est de questionner sur ce qu’on voit : « Regarde le gris du ciel, juste au contact de la mer ; comment est-il ? » ou de faire dire à l’enfant comment il a obtenu telle couleur, voir de proposer de retravailler cette partie.

 

 

Après quarante cinq minutes passées en plein air, il est temps de regagner l’école ; cette séquence s’achèvera dans le coin regroupement de la classe en évoquant, à l’aide de reproductions, les séries que Monet réalisa à Belle-Ile-en-Mer, ainsi que le travail par grosses touches noires de Nicolas de Staël sur les côtes normandes. «Nous aussi, nous pourrions essayer de peindre plusieurs fois le même paysage…» Le projet de la classe prend forme.

 

Quelques jours plus tard, un moment sera consacré au recadrage des travaux : soit pour éliminer ou réduire les parties non peintes du support, soit pour supprimer une partie que l’enfant trouvait peu réussie.

 

 

 

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peinture, motif,      

 

Bibliographie - Créations 86 "Naturellement créateur"

Avril 1999
CréAtions 86 - Naturellement créateur  - publié en mars-avril 1999

Bibliographie

 

Bibliographie

 

• Andy Goldsworthy, trois albums aux Editions Anthèse : (sans titre), Pierres, Bois.

Etre nature, catalogue de l’exposition proposée par la Fondation Cartier pour l’Art contemporain, aux Editions Actes Sud.

• Dossier du Centre d’Art du Crestet.

• Dans la collection « Vivre à la maternelle » chez Nathan, Esthétique et environnement d’Anne Rutily.

Le temps des papiers déchirés, par Jean Arp aux Editions du Centre Pompidou.

L’Idée de nature dans l’art contemporain, par Colette Garraud aux Editions Flammarion.

L’art contemporain en France, par Catherine Millet aux Editions Flammarion.

Groupes, Mouvements, Tendances de l’art contemporain depuis 1945, par l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris.

La sculpture moderne au Musée national d’art moderne, par le Centre Pompidou aux Editions Scala.

Rebeyrolle, catalogue de l’espace Rebeyrolle à Eymoutiers.
 

     

végétal, couleur, tissu
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