Naturellement créateurs

Avril 1999

CréAtions 86 - Naturellement créateur  - publié en mars-avril 1999

Stage du Secteur Arts et Créations

 En juillet 1997, le centre de vacances de Masgrangeas (23) accueille les douze membres d’un stage organisé par le secteur « Arts et Créations » de l’ICEM pour une semaine intense de découvertes et d’expression.

  Les objectifs du stage sont de proposer à chaque individu de vivre globalement le stage en tant que créateur : dans un esprit individuel de formation et de construction, de manière à ce que chacun s’ouvre, par le tâtonnement expérimental, d’une part, sur les problématiques de l’art aujourd’hui, et d’autre part sur la prise de conscience de comment se construit l’enfant. Les stagiaires sont à l’origine de leurs apprentissages ; les animateurs sont à leur disposition pour ouvrir des voies à leur perception, pour leur apporte des enseignements techniques appropriés à leur production, pour relier leur production plastique à d’autres domaines de la connaissance, de manière à mettre en évidence la globalité de la démarche.


 Des visites actives

Il s’agit d’une part, de tirer parti de ressources locales, d’autre part de favoriser une appropriation par chacun d’un patrimoine collectif. Pour chaque lieu, il sera proposé une méthode d’investigation différente, facilement transposable en classe.

L’Espace Rebeyrolle est un bâtiment vaste et clair où la lumière naturelle entre largement, valorisant les grandes toiles de cet artiste majeur de l’art contemporain.
Avant la visite, l’animateur du stage propose un document vidéo qu’il a filmé dans le musée quelques jours auparavant. Surprise : on ne voit que les lames du parquet et des cartels blancs énonçant des titres énigmatiques.
Chacun choisit un titre et est invité à s’exprimer sur ce seul titre. En revanche, il a le choix des moyens, des plus classiques (acryliques, pastels…) aux plus étonnants (grillages, bois, récupération diverses…).
L’après-midi, chacun apporte sa réalisation au musée et la confronte avec celle de l’artiste. Beaucoup de contrastes bien sûr, mais aussi des similitudes, des parentés… On s’interroge sur les choix de l’artiste.
A l’issue du processus, cette visite remarquable restera une étape importante dans les parcours individualisés ainsi que le confirmeront les témoignages.

La cité des insectes. Ce n’est pas un musée d’art. C’est un lieu didactique, pédagogique, dont le but est d’améliorer notre connaissance des insectes. Outre des collections, on y trouve d’étonnants vivariums, des enregistrements sonores, des panneaux situant l’animal dans son milieu, etc.
Ce lieu, les stagiaires le visitent en toute liberté mais en le « détournant », c’est-à-dire en y recherchant des éléments plastiques qu’ils utiliseront ensuite dans une réalisation. Les pistes sont comme les insectes, innombrables.

Aubusson, capitale de la tapisserie, est une ville grise et terne qui se meurt. Nous nous promenons dans ses rues, visitons un atelier de teinture et une manufacture de tapisseries.
Pour aiguiser le regard, une liste de termes techniques avec leurs définitions est remise aux stagiaires. Certains mots sont polysémiques. Tous peuvent devenir une clé pour mieux comprendre la réalité de cette ville dont chacun rendra compte de retour au centre.

Centre d’art de Vassivière. C’est notre dernier jour de visite et il s'agit d’un lieu magique par son site, par son histoire tragique, par la force des artistes qui s’y sont exprimés.
Aucun matériel. Deux axes pour orienter notre regard : ce centre est une île : naturel/artificiel, où sont les limites ?
C’est sur place, avec des éléments recueillis, que chacun exprimera son ressenti. Des photos en garderont la trace.
Après quatre jours de visites activées par les moyens cités, nous consacrons les trois derniers à la production, à l’expression, à la communication.



Une grande richesse de matériaux

En revanche, la plus grande liberté de techniques est laissée aux stagiaires. Sont mis à disposition : gouaches, acryliques, peintures à l’huile, pastels secs ou gras, crayons gris, fusains, sanguines, encres de couleur, encre de Chine, pinceaux, brosses, couteaux, tissu, machine à coudre, ficelle, bois, scies, marteaux, grillage, pinces, toutes sortes de matériaux de récupération, ainsi qu’une caméra vidéo, des appareils photos (et labo, une photocopieuse, etc.
La salle est vaste et rustique : nous pouvons utiliser des techniques salissantes. Un point d’eau y est indispensable.

 

Un groupe dynamisant

Le nombre réduit de stagiaires (12) a permis de rester proches. Venus d’horizons différents mais portés par la même recherche, le groupe a été sécurisant, accueillant, permettant des remises en cause et des prises de risques.  

Des contraintes qui libèrent

Le rythme de production est intensif : au moins une production par jour de visite plus une production sur l’ensemble du stage soit cinq travaux au total, sans négliger les temps de communication, les temps de documentation… ni bien sûr les temps des visites elles-mêmes.
Les quatre premières productions répondent à des consignes précises :
- partir d’un cartel,
- utiliser un pu plusieurs éléments choisis dans un musée scientifique,
- décliner un mot de vocabulaire spécifique à un artisanat ;
- expérimenter la notion d’île ou le contraste naturel/artificiel.
Loin d’enfermer les stagiaires, ces consignes leur ont permis de prendre appui sur des références communes pour mieux exprimer leurs propres ressentis. Les réalisations sont toutes très différentes.

Les dernières réalisations, celles qui rendent compte de l’ensemble de la semaine, sans consignes précises, n’ont été possibles que grâce au passage obligé des quatre premiers jours qui eux-mêmes ne trouvent leur justification que dans cet aboutissement.

autres stages de formation   sommaire n° 86

des démarches individuelles: témoignage des stagiaires

l’œuvre du pédagogue : témoignage de l’animateur