Laïcité vigilance

Décembre 1993

Laïcs et vigilants, il nous faut l'être. Le Ministre de l'Education Nationale vient  de nous le rappeler utilement, le 4 novembre, lors de la discussion du budget de l'Education Nationale. Le projet de réforme de la Loi Falloux est actuellement à l'étude. Aujourd'hui ou demain, cette réforme apparaîtra, commme l'estime M.Bayrou lui-même, indispensable à la majorité de droite au pouvoir et à ses amis.

 
Dans le contexte politique actuel, cent  quarante ans après, nous voici réduits à défendre cette loi. Pourtant, ce n'était pas une loi laïque, loin s'en faut. Présentée par le comte Falloux de Courdray, catholique « libéral » et ministre de l'instruction publique, elle fut votée en 1850 par les députés de droite, en  dépit des prostestations des laïcs. Elle reconnaissait le droit aux associations et particuliers de fonder des écoles secondaires dites « libres ». Mais elle stipulait aussi que ces établissements « libres » pouvaient obtenir des communes, du département ou de l'état une subvention qui ne pourrait excéder le dixième de leurs dépenses annuelles.
 
C'est là que le bât blesse : après les lois Marie (1951), Debré (1959), Guermeur (1977), l'accord Cloupet-Lang (1992), voici l'objectif de l'enseignement catholique : faire sauter le  dernier verrou qui limite encore le financement des établissements  scolaires de l'enseignement privé par des fonds publics.
 
Nous qui « nous refusons à plier l'enfant à tout dogme infaillible et préétabli quel qu'il soit », devons donc être vigilants. L'enseignement catholique, conforté par l'arrivée de la droite au pouvoir, n'affiche-t-il pas ses ambitions et sa prétention à être la réponse « moderne et efficace » au problème de l'enseignement ?
 
Nous devons donc, comme nous y invite la Charte de l'Ecole  Moderne, lutter socialement et politiquement pour que l'enseignement laïc puisse remplir sa fonction éducatrice. Or, « Dépenser mieux et non pas dépenser plus » comme le souhaite notre Ministre, ne peut avoir qu'un effet : réduire les moyens de l'enseignement public pour les offrir à l'enseignement privé, enrichissant ainsi un patrimoine privé avec l'argent du contribuable.
 
Pour toutes ces raisons, nous avons répondu favorablement à  l'appel à la mobilisation lancé par le Comité National d'Action Laïc. Nous nous associerons, tant nationalement que localement, à toutes les initiatives prises pour la sauvegarde du principe de laïcité de l'état, seule garantie de la liberté absolue de conscience de chacun.
 
Fondement de la liberté de penser, garantie d'apprendre en toute liberté de conscience, la laïcité est un principe pour lequel nous nous sommes déjà mobilisés, et que nous devrons encore défendre !
 
Jean Marie FOUQUER
du C.A de l'ICEM