CréAtions N° 77 – L’enfant et son paysage

Août 1997

 


CréAtions N° 77 - L’enfant et son paysage


juillet/août 1997 –

Ont participé à l'élaboration de ce numéro: Anto ALQUIER, Annie CROCHERIE, Jeannette GO, Agnès JOYEUX, Pascale LANDOLFINI, Maud LECHOPIER, Hervé NUNEZ, Eliane SAYOU, Annie SOLAS.

 Sommaire
Titre et chapeau
Niveau classe
thème
Techniques utilisées
artiste
  Mon paysage n'est pas tout à fait le tien    Edito    
  Créer un paysage  Elémentaire: CP Tirer parti de la fréquentation d'expositions pour inscrire les enfants dans une démarche de création photocopies noir et blanc, collage, encre de chine, peinture, volumes Michel Barjol, artiste
   La verticale rouge Maternelle Un déclencheur proposé par les conseillers pédagogiques qui voyage de classe en classe. peinture, collage, installations, dessin, couleur  
  Paysages en vie, envie de paysages Maternelle, toutes sections Une proposition extérieure, occasion d'une recherche plastique
sanguine, fusain, craies sèches et grasses, in-situ, photographie  
Pascal Simonet   A propos du paysage   Pascal Simonet, sculpteur
   Rivages  Elémentaire: CM Un projet de classe: une classe culturelle au bord de la côte bretonne. dessin, in-situ, volumes, eau
 

Jean-Loup Cornilleau

Entre quatre yeux

 

Echanges de courrier avec Marcel Lubac                                          

  Jean-Loup Cornilleau, sculpteur
Les Bastides Collège: 5ème  Un projet d'action éducative sur le patrimoine local croquis sur le vif, craies grasses  
Recettes de notre Causse Primaire De la recherche de recettes typiques auprès des anciens à l'édition d'un recueil de cuisine. dessin, peinture,
 
 Variations sur un cheval  Elémentaire:CM Du tâtonnement expérimental à la conquête de la personnalité vraie.
dessin, feutres, peinture, encres, aquarelle,
 

 

 

Edito Créations 77 L'enfant et son paysage

Août 1997

 


CréAtions 77 - L'enfant et son paysage - publié en juillet-août 1997

Edito

Mon paysage n’est pas tout à fait le tien

J’écoutais une émission de radio dans laquelle l’intervenant tenait à peu près ces propos : « Il est merveilleux de penser que même si tout le reste a changé, c’est en regardant le même ciel que nous que Lucy rêvait en son temps. Et ses rêves ne devaient pas être très différents des nôtres ». Lucy est cet australopithèque dont quelques fragments d’os ont été retrouvés en Afrique septentrionale.

L’auteur de cette réflexion ignore que le « pays » de Lucy était peu comparable au nôtre. Car, là où nous voyons des étoiles en les nommant, en chiffrant leur quantité, elle voyait autre chose (si elle regardait le ciel !). On pourrait dire qu’elle voyait des yeux, des âmes, des trous, etc.

Car si l’idée de paysage est construite sur des éléments que l’on peut connaître (la topographie, le climat, etc.), elle se manifeste surtout à partir d’éléments perceptifs non objectifs concernant le rapport que l’on entretient avec le monde, l’environnement, l’histoire individuelle, le groupe auquel on appartient (et l’être humain n’a pas toujours fait partie de groupes !).

Lors de la commémoration de la bataille de Valmy, F. Mitterrand a demandé à l’artiste D. Buren de réaliser une œuvre qui « représenterait », qui « évoquerait » la bataille. Elle délimiterait et peuplerait l’endroit de manière à concrétiser son « paysage ».

Si l’artiste avait été Uccello (XVe), l’œuvre aurait été une peinture de grand format, en deux dimensions, faite de juxtapositions de lignes formant surfaces. Le paysage d’Uccello aurait été une « mesure » de la bataille.

Si l’artiste avait été Goya, le paysage aurait été une meurtrissure, une salissure dans la nature, l’œuvre aurait été l’expression de la douleur.

Si l’artiste avait été Monet, il n’y aurait pas eu de représentation, ce genre de paysage ne l’intéressant pas.

Si l’artiste avait été E. Pignon, il y aurait eu seulement du mouvement, sans objets, un paysage de déplacement, d’échanges d’énergies.

Si l’artiste avait été R. Combas, nous aurions eu une bataille pratiquée par des personnages fictifs, un paysage ludique, un spectacle dérisoire.

Lorsque les spectateurs ont découvert l’œuvre de Buren, ils ont dû d’abord penser qu’il n’y avait pas eu de bataille (au mieux).

L’artiste avait disposé plusieurs cadres sans toile à la limite de l’espace in situ du champ de bataille. Les spectateurs, s’ils voulaient « voir », devaient se « déplacer » et « regarder » au travers de ces cadres. Ils apercevaient alors des fragments de nature, de la nature naturelle, cadrée, mais simplement là, en l’état. Manquaient les acteurs, les matériels, toute la représentation quoi !

Le cadre est ouvert comme le paysage est « ouvert ». L’artiste ne veut plus être le constructeur de paysages ou plus généralement le faiseur d’illusion. « C’est le regardeur qui fait le tableau », disait M. Duchamp.

Mais s’il y a changement dans le contenu, on voit aussi des artistes utiliser de plus en plus la nature elle-même comme support.

Lorsque R. Long marche dans le désert, le désert est toile, le sable est pigment, son corps est pinceau. Tout désir d’illusionnisme a disparu. La ligne au crayon ne représente plus la route, l’artiste déplace des pierres, laisse des traces sur le sol qui forment autant de signes faisant « image » de lui, du monde dont il est issu. L’analogie disparaît pour laisser plus de place au réel. De représentation, on passe à présentation. Le paysage est instantané, car seule une photo en sera la trace.

Et nous aussi, en tant que pédagogues, nous devons encourager les enfants à rendre compte de « leurs » paysages et non pas à nous renvoyer les nôtres, nos perspectives, nos mythes. Cette libération par rapport au territoire traditionnel de la peinture fait se rejoindre les disciplines de l’enseignement, favorisant un regard plus global sur le monde. Où la mathématique rejoint la poétique, et la topographie la signalétique.

Ainsi La Verticale rouge devient unité de mesure, par correspondance, par ressemblance, et elle développe le monde lui-même, le met à sa mesure, ou à la mesure de celui qui l’a créée c’est-à-dire le groupe des enfants.

Choisir son cadre, inventer ses outils, n’est-ce pas ce que l’on essaie de faire en pédagogie Freinet ? Ne pas inculquer la connaissance mais chercher à mettre en place des moyens pour que chacun construise par lui-même la sienne, à travers l’émergence de « son » paysage.

Hervé Nuňez
 

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Créer un paysage

Août 1997

 


CréAtions 77 - L'enfant et son paysage - publié en juillet-août 1997

Classe de cycle 2 (CP), Ecole de la Rebeyrade, Malaucène (Vaucluse) – Enseignante : Anne Isnard – Intervenant : Michel Barjol

 

 

Créer un paysage   

Les élèves de la classe d’Anne Isnard se rendent à chaque exposition organisée par la galerie Martagon à Malaucène. Cette fréquentation régulière a permis la mise en place d’un atelier de pratique artistique animé par Michel Barjol. Réalisant des compositions faites à l’encre de Chine (voir Créations n° 74), il accueille dans sa galerie des artistes qui, comme lui, évoquent la nature dans leurs œuvres.

Catherine Marcogliese a exposé quelques travaux dont le sujet est la nature, le support étant la photographie. Elle y a introduit des éléments naturels, des objets et engins de consommation qui donnent une autre dimension à son œuvre.

Catherine Marcogliese, née à Montréal (Canada), vit et travaille à Six-Fours dans le Var. Quand elle arrive en Provence, elle y découvre l’aridité de la terre, la domination du sombre et du noir, la violence des formes et une nature manipulée, commercialisée, incendiée. Ses émotions apparaissent dans une pratique artistique qui réduit les limites entre sculpture/peinture/photographie.

Oeuvres de Catherine Marcogliese :

THE HOUSE THAT JACK BUILT 1993, 58 x 78 cm

SANS TITRE 1992, 128 x 128 cm Photographies avec sacs de sable et avion en bois.

LA DEMARCHE DE L’INTERVENANT

Tirer parti de la fréquentation d’expositions pour inscrire les enfants dans une démarche de création.

 

Créer un paysage

 

 

Michel Barjol a demandé aux élèves de rechercher des paysages sans personnage dans des revues. Il fallait constituer un stock important de documents très variés.

Ensuite, les élèves ont fait des photocopies en noir et blanc des paysages qu’ils ont choisis parmi le tas constitué par leur collecte. Ils ont extrait parmi ces photocopies des éléments qu’ils ont déchirés, découpés, pour composer leur propre paysage par collage sur le thème de l’année : la forêt, l’infiniment petit, l’imaginaire et la forêt…

Le résultat a été photocopié et ils ont travaillé sur cette réalisation avec de l’encre de Chine, de la peinture acrylique blanche pour faire ressortir les lignes de force.
 
Les enfants s’approprient le paysage par cette intervention

 

A chaque étape une photocopie est réalisée. C’est elle qui sert de support à chaque intervention de l’élève (collage-traces).
 
La dernière étape s’est matérialisée par un collage d’éléments naturels végétaux sur le paysage crée par l’enfant.

 

Un cas particulier est à souligner, car un enfant a fait apparaître un visage dans son paysage. Il n’a pas suivi les consignes dans tout son travail.

Quelle est la part de création de l’enfant dans une activité « artistique » ? L’enseignant doit accepter cette création qui n’est pas une désobéissance à la consigne.

 


  

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La verticale rouge

Août 1997

 


CréAtions 77 - L'enfant et son paysage - publié en juillet-août 1997


Classe de Petite et Moyenne Sections, Ecole de Cormeilles-en-Vexin (Val d’Oise) - Enseignante: Agnès Joyeux


  La Verticale rouge est un déclencheur proposé par les conseillers arts plastiques du Val d’Oise. Elle voyage de classe en classe.
C’est une baguette magique qui est venue un jour dans ma classe de petits-moyens. Elle est magique parce qu’elle provoque des actions d’expression plastique dans les classes où elle séjourne : dessins, peinture, sculptures, collages.


 

  A Cormeilles, elle a été l’occasion de nombreuses actions.
• la regarder, en chercher d’autres,
• l’intégrer dans un dessin, dans une peinture,…
• la collectionner sous différentes formes,
• la multiplier,
• la construire, etc.
Avec des outils variés (pinceaux, rouleaux à longs manches, pieds nus, nous avons reproduit de nombreuses verticales.

 

Nous avons d’abord observé notre environnement immédiat et nous avons repéré ses petites sœurs qui, jusqu’à présent, se tenaient cachées dans la classe.
Nous avons collectionné ce qui lui ressemblait : claves, crayons et feutres rouges, tours de cubes rouges, constructions diverses que nous avons installées avant de les photographier.

Nous avons emballé des boîtes avec du papier rayé de notre fabrication et, avec ces boîtes, nous avons construit de multiples villes pour nos véhicules, des châteaux pour les princesses et les chevaliers…

 

 

 

Pas à pas, nous avons peint avec nos pieds une longue bande de huit mètres de hauteur que nous avons accrochée dans la salle de jeux. Hélas, des travaux nous ont obligés à segmenter la bande.
Nous l’avons peinte sur de grands panneaux posés à plat. Grâce à un cadre découpé, nous avons sélectionné dans nos peintures des zones que nous avons cernées de noir avant de découper ces fenêtres que nous avons exposées sur des fonds noirs et blancs.
Avec la grande bande maintenant coupée, les boîtes pour construire, le mobile de photos et les panneaux peints, nous avons proposé une exposition aux autres classes et à nos parents.


 

 

 

D’autres recherches n’ont pas laissé de traces visibles mais seulement une étincelle dans l’œil des enfants qui découvrent leur monde.
Par la suite, la verticale rouge fut exposée au Foyer rural du village, dans le cadre des rencontres artistiques de Cormeilles-en-Vexin parmi des œuvres d’artistes amateurs ou professionnels.

 

Puisse la verticale rouge
continuer à être magique
et provoquer en vous
l’envie de faire !

 

 

 

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Paysages en vie, envie de paysages

Août 1997

 


CréAtions 77 - L'enfant et son paysage - publié en juillet-août 1997

Classe maternelle, Ecole publique, Saint-Yves-Bubry (Morbihan)- Enseignante : Jacqueline Benais


 

Ce travail a été réalisé dans le cadre de la semaine des arts, manifestation organisée par l’inspection académique (depuis une dizaine d’années dans une ville différente à chaque fois) proposant aux scolaires et a tout public expositions, théâtre, danse, poésie, rencontre chorale. Sur ce thème, tous les enfants de l’école ont présenté un «spectacle musical» et la classe maternelle et les CP ont réalisé une exposition.

 Ainsi, j’ai d’abord demandé aux enfants de dire ce qu’évoque pour eux le mot "paysage" : Visages, forêt, plantes, fleurs, campagne, vivant, galoper, prairie, maison, ruisseau, voyages, vacances, pique-nique, dormir, pays, se promener, village, ville, ciel, eau, mer, océan, îles, "pays-sages" .

Puis, chacun a fait un projet avec la technique de son choix : peintures, craies grasses, craies sèches, sanguines, crayons de couleurs, aquarelles, collages, feutres, encres.

Nous avons en même temps consulté beaucoup de documents :
- livres sur différents pays et aspects du paysage,
- revues Créations (peintures corporelles, visages-collages),
- reproductions de peintures,
- photographies sur le travail de Nils Udo,
- vidéo sur Richard Long.

Les enfants ont été très intéressés par le travail de celui-ci. Nous ne pouvions pas aller dans le désert mais nous avions le bac à sable qui a été investi aussitôt par cinq ou six d’entre eux.

Leur "paysage de sable" terminé, ils venaient me chercher pour que je photographie leur travail. De même, à l’atelier terre.

Et comme Richard Long, nous n’avons gardé comme « traces » que des photos.

 

  

Très vite, parallèlement à cette entreprise, s’est imposée l’idée de travailler à partir de leur propre visage.
J’ai fait des portraits des enfants en noir et blanc, puis ceux-ci les ont retravaillés à l’encre ou aux feutres, directement sur les originaux ou sur des photocopies.

Mais les résultats étaient décevants : ou bien on voyait trop le visage, ou on le voyait plus du tout, car les photos étaient trop foncées, le format trop petit et la technique pas assez maîtrisée.

J’ai alors proposé d’essayer avec des photos en  "sur-impression" comme sur une photo "ratée" d’un de nos albums de vie de la classe.

           

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Pascal Simonet

Août 1997

 

 CréAtions 77 - L'enfant et son paysage - publié en juillet-août 1997

Pascal Simonet -  François Goalec

Pascal Simonet 

… L’art moderne et contemporain a systématiquement ouvert la réflexion sur le paysage : mise en cause de l’espace perspectif, présentation d’objets naturels ou fabriqués comme œuvre ou comme éléments de l’œuvre, utilisation des rythmes saisonniers, de ceux du déplacement , des éléments du réel comme outils ou colorants, ou comme objets constituant l’œuvre, jusqu’à la présentation de pans entiers du paysage urbain, et le travail directement sur le paysage naturel ou urbain par marquage, transformation, oblitération enveloppement.

Il troque ainsi son statut d’objet et se transforme en support, prise en compte (ou écho) des transformations géographiques, politiques, scientifiques, techniques de notre présence au monde, médiation sur la relation entre matériologies et rêves d’espaces, exploration d’un nouveau type de rapport à l’univers dans la recherche systématique d’une émotion spatiale issue d’un simple traitement des matières, des colorants, des supports, des densités…

Pascal Simonet s’inscrit dans ces interrogations. La seule présentation des moyens plastiques dont il use pour donner forme à cette interrogation sur le paysage pourrait être significative des recherches actuelles pour les supports, par exemple l’usage de matériaux traditionnels comme la toile ou le papier voisine avec l’introduction de supports nouveaux comme le plexiglas, ou inédits comme le béton.

… Le paysage n’existe pas en soi. Il n’existe pas des paysages que les peintres n’auraient plus qu’à représenter, qu’ils figureraient, ou dans lesquels ils iraient puiser de l’inspiration. Le monde, en effet, n’est pas le réservoir de la peinture. Le paysage est le résultat d’un travail, d’une réflexion, d’une construction ; c’est en ce sens que la peinture nous apprend à voir non pas parce que le peintre voit dans la réalité des aspects que nous ne voyons pas, mais parce qu’il construit le regard, c’est-à-dire la façon dont nous allons percevoir le monde, ce que nous y reconnaîtrons, comment nous le composerons, ce qui nous y effraiera, ce que nous y aimerons.


 

 

 

Raphaël Monticelli, Nice, mars 1997 - Photos François Goalec

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Rivages

Août 1997

 


CréAtions 77 - L'enfant et son paysage - publié en juillet-août 1997

Classe de CM1-CM2, Ecole primaire La Sébille, Cergy (Val-d’Oise) – Enseignante : Sylvette Plouet.

Rivages 

 

 

Aboutissement d'une longue démarche
 
Le projet de la classe de CM de l’école de La Sébille à Cergy était une classe culturelle au bord de la côte bretonne. Ce séjour et l’exposition qui le couronna étaient l’aboutissement d’une longue pratique dans l’éducation du regard et le développement de l’expression de chacun.

Tout au long de l’année scolaire, l’institutrice menait avec sa classe de nombreuses activités d’observation, de sensibilisation et d’expression dans divers domaines pédagogiques. La classe culturelle fut préparée très en amont :

- En géographie et sciences, on rechercha des documents et on réalisa des dossiers sur la région, le port de pêche, les marées, le bord de mer et le milieu marin.

- En français, on répertoria le vocabulaire s’y référant.

- En poésie, des calligrammes, des haïkus furent produit par les enfants après avoir recherché collectivement à mettre des mots ou expressions sur leurs sensations et leurs émotions.

- En histoire, Jean-Loup Cornilleau, documents à l’appui, les initia à l’historique du bord de mer.

- En Arts plastiques enfin, un travail quasi quotidien fut mené sur le regard, le rythme, le mouvement. Tout était prétexte à regarder et à dire : la couleur du ciel pendant une récréation, la texture de l’écorce des arbres de la cour…

- Les enfants eurent ainsi l’occasion de se familiariser avec diverses techniques qu’ils réinvestirent très rapidement dès leur arrivée à Tréboul (aquarelle, monotypes, frottages, collages, recherches de graphismes, de couleurs, etc.).

 

Moment privilégié de réinvestissements

Cette classe d’initiation artistique, moment privilégié, fut:

 - un lieu de découverte. Découverte du milieu, découverte d’un artiste vivant et d’un mode d’expression à travers son œuvre,
 
- un lieu de sensibilisation à la création avec une entrée dans l’art par la pratique. En sollicitant ses émotions, sa curiosité, l’enfant devient artiste,
 
- un lieu de confrontation où l’enfant devra affiner son jugement, porter un regard critique sur ses productions et celles de ses camarades,
 
- un lieu de socialisation qui contribuera au développement du sens des responsabilités dans la vie de groupe, au respect des autres, au développement de l’esprit d’initiative.
 
Pour favoriser le désir de création, divers moyens plastiques, liés à l’écriture poétique furent proposés.

 

   

 

 

                                                                                                                                              Comment transformer et enrichir ses rivages intérieurs en découvrant, explorant et exploitant les ressources offertes par un bord de mer.

 

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Jean-Loup Cornilleau

Août 1997

 

CréAtions 77 - L'enfant et son paysage - publié en juillet-août 1997

Entre quatre yeux - Echanges de courrier avec Marcel Lubac

 Jean-Loup Cornilleau

 

 

consulter également:

[PDF] 

Jean-Loup Cornilleau

www.portesessonne.fr/content/.../1/.../Catalogue%20JLCornilleau.pdf

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Entre quatre yeux - Echanges de courrier avec Marcel Lubac

 

Marcel Lubac : tu dis "l’art c’est la vie". Ne crois-tu pas que l’art, c’est dans la tête ?

Jean-Loup Cornilleau : Plutôt que de te parler d’art, j’ai envie qu’on se taise et qu’on aille manger des huîtres au bord de la mer !
Tu me diras, c’est déjà une réponse, puisqu’en effet depuis longtemps j’essaye au quotidien de ne pas différencier ma pratique artistique et mon vécu. Vie et art sont intiment liés. C’est la même balade, la même situation d’aventure, de vagabondage, le même engagement où esthétique et éthique se rejoignent. De deux choses l’une.
Les « œuvres » que je donne à voir sont davantage le résultat d’un art de vivre que d’un art de faire. Elles sont au plus proche de la fluidité de la vie avec ses moments d’intensité fragile. La vie, l’art, entre l’éblouissement et la révolte.
Le « monde de l’art » se veut souvent un art de produire, moi ce qui m’intéresse c’est un art de vire ! Je remarque au passage qu’il est plus juste d’apprendre à vivre que d’apprendre l’art ! Etre, est-ce saint François d’Assise ou Bibi Fricotin ? J’aime l’art des Marx Brothers, on seulement celui de Groucho, Harpo et Chico mais aussi celui du quatrième qui « n’a rien fait » et dont j’ai même oublié le nom.

Récemment, j’ai trouvé dans un dictionnaire un proverbe relevé en 1821 par La Mésangère : « l’art est de cacher l’art. »
Ta question me fait penser aussi à une phrase de Fernando Pessoa qui dit : « Dans la vie la seule réalité est la sensation, dans l’art la seule réalité est la conscience de la sensation. » Ceci me permet de répondre à la deuxième partie de ta question – l’art c’est dans la tête – qui amène pour moi la question du rapport entre réel et représentation.
Le réel du Tour de France, qu’est-ce que c’est ? Est-ce le vécu des coureurs qui pédalent, celui de la caravane publicitaire qui vend, celui des spectateurs qui crient au bord de la route, celui des téléspectateurs, celui des commentateurs sportifs qui cirent aussi ou celui de Roland Barthes qui écrit « le Tour de France comme épopée » ? (Je remarque tout à coup que Roland Barthes, ça colle bien comme nom de coureur cycliste !).
Je suis d’accord avec toi, l’art est une pensée, une conceptualisation et une vision du monde. Et le réel ?
Si nous étions allés manger des huîtres au lieu de blablater, le restaurant serait là, mais nous serions dans deux restaurants différents, la mer devant nous mais pas la même. Malgré la grande baie vitrée, peut-être n’existerait-elle pas, si pour une raison ou pour une autre nous n’étions pas en état de recevoir le paysage. Le réel aussi est cosa mentale.
Un verre d’eau dans le désert est-ce : un plaisir fou ? un mirage ? une inutilité agricole ? un geste mécanique ? une œuvre d’art ?
Parfois pourtant, j’envie ceux que j’imagine être dans la vie en prise directe, sans représentation : les « imbéciles heureux », les simples ». Entre Prof et Simplet mon choix de nain est fait ! Je t’ai déjà dit en plaisantant (mais est-ce une plaisanterie ?) que je rêvais de me recycler en idiot de village.
L’idiot de village est présent, il fait partie du village, il est aussi seul. Admis, admiré, envié, troublant et faisant peur.
Quand j’étais petit enfant, quelle force donne cet état d’innocence qui permet à la vue d’une étiquette de camembert représentant un paysan tenant dans sa main un camembert avec une étiquette représentant un paysan tenant dans da main un camembert avec une étiquette représentant un paysan tenant dans sa main… de rencontrer, de sentir, de vivre la notion d’infini.
Quelle force donne cet état d’innocence qui m’avait permis étant gosse, non pas de rencontrer Dieu (!) mais d’être surpris, interloqué et de rencontrer, de sentir, de vivre la notion de mystère, quand assis en culotte courte sur le perron de la maison, rêvassant en regardant ma cuisse nue où l’instant d’après apparaissait subitement sur le vide lisse de la peau, une petite masse ronde indéfinie venue de je ne ais où. C’était – en réalité è un caca d’oiseau venu d’en haut…

M.L. : Ange ou papillon ? (écrit au dos d’une carte postale de Bouguereau « Flore et Zephyr » 1875, Musée des Beaux-Arts de Mulhouse).

J.L.C. : Pour moi ces deux figures appartiennent à une espèce bien particulière que l’on appelle les métaphores ! Il me plaît d’envisager l’existence et donc l’art, comme un ange ou comme un papillon.
Il y a quelques années sont apparues dans mes sculptures et mes dessins l’image de l’aile, puis celle de l’ange. L’ange comme passant. Celui qui s’élève et l’autre – le rebelle – qui tombe. Si l’on parle d’envol, ne pas oublier la chute ! Aller-retour (AR), va-et-vient qui dessinent un lieu de réconciliation entre les gouffres et les sommets. Tu te souviens du titre que j’avais donné à une petite sculpture de 19869 : Rocking-chair ou Monument pour sourire aux anges.
Quant au papillon, il me fascine : une vie qui me semble courte et bien remplie, fulgurante, qui va des courbes larvaires et terrestres de la chenille dans l’ombre, au poudroiement des couleurs dans l’éclat du soleil. Quelle belle représentation !
Le vol du papillon ressemble à la pensée créatrice : léger, imprévisible, rebondissant, inexplicable (les scientifiques n’ont toujours pas trouvé), silencieux, apparemment frivole, voire même ironique. Dense et libre comme un haïku.

M.L. : Peut-on évoquer la relation quasi érotique que tu as avec les objets dans ton travail ? l’œil est pour le coup organe du toucher.)

J.L.C. : … et le regard au faîte de la main.
J’entretiens un certain type de relation, disons d’attirance, sans rendez-vous, avec ce qui m’entoure (des fragments très divers), du banal au sublime, rarement des objets ; mon propos n’est ni « l’objet détourné » ni « la trouvaille ». Il y a un rapport de disponibilité donc de séduction. Avec lenteur je lasse venir les choses à moi.
Dans un temps proche ou lointain, les éléments entrevus, ceux qui m’ont touché (tiens !), vont se rencontrer. Parfois ceux aussi qui ne m’ont pas parlé, pour ne pas tomber dans la complaisance et dépasser le bon goût. La sculpture va prendre forme, (s’incarner) par les lisières, par une suite de petites actions d’allégresse : contact, glissement, frottement (abrase-moi !), frôlement, effleurement, caresse… Alors surgit quelquefois une étincelle, une illumination un moment de grâce qui prend forme, forme souvent proche de l’ébauche pour la laisser vivante. La sculpture est là, présente, autonome, dans un fini inachevé.
Je précise que l’attente est très importante (et très érotique !) dans mon « travail ». Attente retenue et retenue attentive. Mais arrêtons ces folies textuelles car je vois bien que finalement dans l’érotisme ce sont peut-être les « travaux préliminaires » que je préfère !

M.L. : Il y a chez toi une espèce d’insolence décontractée, voire provocante – ce qui n’est pas pour me déplaire – enfin j’arrive à la quatrième question : la réalité n’existe que si on l’invente. Ne crois-tu pas plutôt à la nécessité ?

J.L.C. : La réalité existe si on l’invite ! si par nécessité tu entends un besoin vital qui dépasse ce qui pourrait n’être finalement qu’un minable aménagement de confort personnel et qui comprend une morale, je te suis. C’est cette nécessité intérieure qui en souriant me fait répondre aux curieux me demandant, perplexes, si je vis de mon art : « Oui bien sûr, je vis de mon art » et d’ajouter plus tard : « Je n’ai pas dit, gagner ma vie ! »
Mes œuvres découlent de ma façon d’être au monde. Cette façon d’être au monde n’est ni celle d’un romantique, ni celle d’un gourou. J’ai besoin du quotidien au sens social du terme (le quotidien le plus lourd, pour tout le monde) mais aussi d’être seul. Etre à la périphérie est encore une façon pour moi d’être dedans, ce que j’appelle « les voluptés d’alentour ». Il ne s’agit pas de s’extraire, mais de s’impliquer, de trouver les liaisons entre les choses. Je me souviens de cette phrase de sommeil qui m’a habité pendant une nuit : « le monde est mieux depuis qu’il est ici. » Le monde, en effet, car heureusement il y a l’autre, la connivence, le partage. Si je me laisse porter par le vent de l’esquisse sans m’écraser dans le labeur de la réalisation je donne à l’autre la liberté d’aller, tel cet ami sculpteur qui a envie de continuer mes pièces qu’il sent comme des points de départ, ou telle personne de tous les jours qui s’émerveille et reconnaît soudain « des Cornilleau » en contemplant son filtre à café ou goûtant, en faisant la vaisselle, l’infime et délicat dessin des fissures du mur d’en face.

Post-scriptum après relecture, où l’on apprend que la mer est dans l’huître, que le quatrième Marx Brothers pourrait s’appeler Fernando, que Roland Barthes a fait le Tour de France puisque cet hiver mon voisin a fait Cézanne, qu’il est recommandé d’être tyrosémiophile pour entrevoir l’infini, que dorénavant les critiques d’art peuvent épingler le spécimen « artistapopilio », que faire la vaisselle est un ravissement.
Où l’on rencontre l’artique
vagabond et bond et bond petits pas…


Avril 1996

Ce texte a été édité par les Cahiers de l’Artelier, Brax

 sommaire n° 77

 
 


 

Les Bastides

Août 1997

 


CréAtions 77 - L'enfant et son paysage - publié en juillet-août 1997

 

Classe de 5ème, Collège Val d'Adour, Riscle (Gers) - Enseignante: Anto Alquier.

 Les Bastides

 

Ce travail s’inscrit dans le cadre d’un projet d’action éducative sur le patrimoine local. Une jeune architecte en est l’initiatrice.

En effet, le Gers possède de nombreuses bastides fort bien conservées et nous avons tellement l’habitude de les traverser, de nous promener sous leurs couverts que nous n’y prenons pas garde. Notre œil est tellement habitué à voir sans regarder, qu’il nous faut faire effort pour découvrir les lieux où nous visons. Notre ambition a été de permettre aux enfants de découvrir trois bastides proches du collège, non pas à partir d’un cours magistralement organisé mais par l’observation dirigée afin de susciter des questionnements et de tenter d’y trouver des réponses. Il fallait que chacun puisse enfiler l’habit d’un seigneur du Moyen Age qui désire créer une cité nouvelle.

 

 


 

Quel emplacement choisir ? Quel plan ? Faire comprendre aux enfants que ces deux questions appellent des réponses qui dépendent d’une certaine conception de la société a été notre souci.
Ce projet s’est déroulé pendant l’année scolaire avec trois classes de cinquième, le Moyen Age étant à leur programme d’histoire.

Les professeurs de français, maths, biologie, histoire, langues y ont participé, chacun dans sa discipline tirant à lui un aspect de la découverte. Ainsi, en maths on s’est occupé à tout ce qui touche les mesures : dimensions de la place centrale, proportions, etc. Le professeur de biologie s’est attaché aux matériaux de construction, celui de français à la rédaction d’un guide touristique, celui d’anglais à la traduction du guide et à la découverte de villes anglaises de la même époque, etc.
Il y avait du pain sur la planche pour toutes les disciplines et, pourquoi pas, pour les Arts plastiques ?
 

  Notre projet comportait la visite de trois bastides :

Marciac, village désormais connu pour son festival de jazz en août, situé dans une plaine, avec sa place rectangulaire et ses couverts, et un chemin de ronde intact ; celle-là servant de piste de découverte.

Sur place, les élèves ont dessiné le plan de la place, se sont situés dans ce plan, ont évalué des proportions, codé des éléments : trottoirs, arbres, bancs, rues, maisons… Pas facile quand on a douze ou treize ans de mettre à plat ce qui est en volume et surtout de l’imaginer comme si on voyait depuis un avion !

Que de surprises sur les capacités d’abstraction de nos élèves… et pourtant … en sixième, on avait vu ci, on avait fait ça, tout cela nous semblait à leur portée… mais on n’avait jamais fait du vécu, in situ… Plus d’un (prof !) s’est rendu compte alors qu’il ne faut pas confondre comprendre et réaliser ! Les plans étaient corrigés par les enfants entre eux, ce qui a permis un échange très productif et efficace. Lors de cette visite, ils se sont intéressés aux matières et matériaux à travers les sensations tactiles et la couleur. Ceci a permis une prise de conscience de l’insuffisance de vocabulaire de base dans ce domaine ; aussi, dès le retour en classe, j’ai mis en place une approche spécifique qui sera racontée dans un prochain numéro.

 

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Les recettes de notre Causse

Août 1997

 


CréAtions 77 - L'enfant et son paysage - publié en juillet-août 1997

Ecole publique de Nespouls, Larche (Corrèze) – Enseignante : Christine Meyjonade

 Recettes de notre Causse

 

« Plus de cinquante enfants qui résident dans six petites communes corréziennes sont les auteurs d’un livre de recettes original.
Des écoliers qui, dans leurs sympathiques classes rurales, n’écrivent pas uniquement pour remplir de beaux cahiers. Ils enquêtent, collectent, trient leurs informations, rédigent, font comme les « grands », les professionnels, ceux « qui savent faire ». Ils communiquent. »

Gérard Daumet, Inspecteur d’Académie de la Corrèze.

               

 

Sur les traces de nos ancêtres

Le point de départ pour chaque enfant fut la recherche auprès de ses aînés de recettes typiques. Ne furent conservées que celles qui étaient vernaculaires. Parallèlement à ce travail, les élèves, en observant les livres, les fiches et rubriques culinaires, ont tracé un tableau des invariants de la recette.

Ils ont pu, grâce à cela, réécrire leurs recettes régionales et adopter une présentation d leur production.

 

 

 

 

 

 

Naissance d’un recueil : Boulégou et compagnie

Lors d’un regroupement de classes, chaque groupe présente son travail. L’objectif étant la création d’un recueil de recettes composant les différentes parties d’un menu, certaines améliorations ont été apportées collectivement : enrichir par exemple le domaine des plats de poissons et éliminer des desserts que les enfants avaient choisis en grand nombre. 

        Le potage

VELOUTE A LA CITROUILLE

VELOUTE A LA CITROUILLE

 

Préparation : 30 mn
Cuisson : 40 mn
Matériel : fait-tout

 

INGREDIENTS :
POUR 6 PERSONNES

1 kg de pommes de terre,
1,5 l d’eau,
1 cuillère de crème fraîche,
croûtons de pain,
1 kg de citrouille,
1 oignon,
sel, poivre.
 
                                             

 

- Epluchez et lavez les pommes de terre, épluchez la citrouille et l’oignon.
- Emincez le tout, puis mettez dans le fait-tout d’eau bouillante, ajoutez le sel et le poivre, faites cuire à feu doux.
- Passez ensuite au mixer, puis versez dans la soupière, ajoutez la crème et mélangez bien.
- Servez avec des croûtons frits par ailleurs.
 

La « CITROUILLE » illumine nos potagers en mai et juin. Il en existe de multiples variétés, consommées en potages ou desserts.

           Après le potage, l'entrée  

                                                                      

Les « garlèches » ou gardèches sont des vairons, poissons de très petite taille.

On pêchait jadis les « garlèches » sur la Couze à Saint-Cernin de Larche, au couvre-plat, une demi-sphère en grillage très fin qui servait à protéger les aliments des mouches. Une bouteille au culot cassé, garnie de croûtons de pain, faisant également l’affaire.

Cette pêche « à vue » était bien entendu interdite…

OMELETTE DE " GARLECHES "

Rencontre avec un éditeur

Un éditeur, présent à la Foire du livre à Brive, fut présenté et proposa la signature d’un contrat d’édition nationale. Certaines obligations sont inhérentes à une commande éditoriale. Il fallait donc remodeler le recueil initial : plus de recettes, des illustrations plus artistiques, un titre générique et des anecdotes.
Les classes se sont remises au travail, se répartissant les différentes tâches : production d’illustrations, recherche sur les couleurs, sur les graphismes, sur les œuvres de peintres, sur les tableaux de natures mortes, recherche de recettes complémentaires
.

 

Traditions du Causse et création artistique


                                                         Les plats de résistance

TREMPIL 

LA TRUITE CAMPAGNARDE DE DEDEE

Dans les ateliers artistiques, il y eut d’abord des phases de tâtonnement qui amenèrent les enfants à la maîtrise de la création de couleur, des nuances et de tout le jeu du cercle chromatique.
Les élèves mettront en pratique leurs découvertes afin de s’exprimer »à la manière de ».
Ils rechercheront, dans les illustrations des ouvrages culinaires, des « invariants » (plat fini et rendu appétissant, ingrédients présents).
Les enfants seront sensibilisés au passage de la réalité photographique, souvent adoptée dans les livres de cuisine, à sa transcription picturale.
Des travaux de recherches graphiques pour représenter la réalité, aboutissent à des dessins hyperréalistes.

                                                                    Et enfin le dessert !

En tenant compte des impératifs de format de l’éditeur et du délai de production, les illustrations sont créées.

Le livre est enfin mis sous presse après acceptation de l’éditeur.

Qui dit édition dit promotion.

Les tableaux réalisés par les enfants et servant de base aux illustrations du recueil de recettes sont exposé à Beaubourg.

Et en 1194, à la Foire du livre de Brive, le livre* est mis en vente avec une opération promotionnelle d’envergure (presse, télé, radio). Animation, dédicace, dégustation animées par les enfants.

 

« J’ai pris à la lecture de ces cinquante-cinq recettes, un vrai plaisir gourmand et oublié… »
C. Reynal, cuisinier

 ŒUFS AU LAIT

*Recettes de notre Causse, aux Editions du Laquet.

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Variations sur un cheval

Août 1997

 


CréAtions 77 - L'enfant et son paysage - publié en juillet-août 1997

Classe de CM1-CM2, Ecole F. Mireur (Var) – Enseignante : Jeannette Go

Variations sur un cheval

ou Du tâtonnement expérimental à la conquête de la personnalité vraie

 

A Marion, qui a tellement désiré un cheval…    
 

 
« L’enfant est une personnalité en formation dans un milieu qui le marque de ses limitations et de ses contraintes, mais aussi qui, souvent, lui propose des évasions salutaires.» Elise Freinet

 Marion, rongée depuis longtemps par le désir de posséder un cheval, rencontre l’expression libre au sein d’une classe coopérative où l’organisation surgit de la réalité quotidienne pour tenter de réunir toujours mieux les conditions propices à une conquête de l’autonomie.

Ainsi se développent les projets personnels des enfants dans une pratique quotidienne de textes libres, arts plastiques et théâtre, les différentes disciplines se nourrissant les unes les autres, dans un parage collectif.

De plus, le thème de la variation, introduit un jour par la lecture d’exercices de style de Queneau, entrainera un foisonnement de réécritures de textes tout au long de l’année – un texte libre 1 est utilisé par X enfants qui vont procéder à une réécriture au gré de leur fantaisie, de leurs désirs, permettant parfois une expression camouflée. Cette même technique s’est retrouvée dans la création théâtrale, par exemple : Un Petit chaperon rouge dans tous ses états. Enfin, et c’est ce qui nous intéresse ici, la transformation d’un dessin 1 en dessin 2, dessin 3, etc. est à l’origine d’une richesse et d’une variété d’œuvres inimaginables.



 Au niveau du groupe classe, d’une part, (jusque pendant les heures d’interclasse cantine autogérée) dans lequel Marion joue le rôle de moteur par son insatiable besoin de dessiner.

Au niveau individuel, d’autre part, et concernant Marion plus particulièrement, et la création de ses centaines de chevaux, (étant bien entendu qu’elle ne s’est pas bornée à dessiner que des chevaux. Elle a également réalisé à la peinture, au pastel, à l’encre ou à la sanguine, de nombreuses autres œuvres), travail dans lequel elle a investi tout son imaginaire, ses désirs, sa créativité. 

  

 

 

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