Consultation

Mars 2004

Le Nouvel Educateur n°56, février 94                            éditorial
 
A, l'issue de la manifestation du 16 janvier, Monsieur le Ministre de l'Education nationale consulte les partenaires de l'éducation.
Mais il semble avoir oublié les mouvements pédagogiques.
Pourtant, la rénovation du système pédagogique peut‑elle se faire sans la consultation de ceux qui, depuis des années mènent la réflexion sur le terrain de l'éducation ?
Il est légitime de demander et d'exiger les moyens indispensables au fonctionnement d'un service public de qualité. Bien sûr, l'école a besoin d'argent, mais pas seulement.
Nous avons des propositions à faire, et nous les avons depuis longtemps expérimentées, testées, évaluées :
‑ Des écoles limitées à cinq classes maximum avec moins de vingt‑cinq élèves chacune, pour un enseignement adapté à l'individualisation du travail. Ces effectifs plus réduits permettraient la gestion de l'hétérogénéité et, par la sérénité de chacun, une certaine prévention de la violence.
‑ Des programmes centrés sur des savoir‑faire et des savoir‑être plutôt que sur des connaissances.
‑ Une architecture et un mobilier adaptés à un enseignement individualisé et coopératif, en groupes restreints ou plus importants. Une école ouverte sur le quartier, le village, véritable centre culturel et documentaire.
‑ La possibilité pour les enfants d'accéder à la prise en charge partielle de leurs apprentissages, répartis en unités de compétences, selon leur rythme, aidés en cela par une évaluation formative.
‑ Une véritable formation sociale et civique des élèves dans les travaux quotidiens, par l'accession à l'autonomie et à la responsabilité, par la pratique de la coopération et de l'entraide.
‑ L'exercice quotidien des droits de l'enfant par le respect de son besoin fondamental de s'exprimer, d'être entendu, d'être reconnu.
‑ Une formation nouvelle pour les enseignants, centrée sur la connaissance de la dynamique de groupe, la pratique du travail en équipe (équipe dans laquelle un maître supplémentaire permettrait à chacun de suivre alternativement une formation continue sans perturbation pour le fonctionnement de l'école), la connaissance de l'enfant, en utilisant les recherches récentes en chronobiologie, neuro‑sciences, sciences de l'éducation, psychologie...
La liste n'est pas exhaustive, mais elle permet déjà d'envisager l'évolution de l'école, qui deviendrait ainsi lieu d'apprentissage, de culture, de ressource, de formation, de production...
 
Nicole Bizieau

J.-M. Fouquer

Le 27.02.94