Couleurs

 

Revue en ligne CréAtions n°188 "PRÉPARER LA RENTRÉE
annoncée dans le Nouvel Éducateur N° 188 - Publication : juin 2008

Cycles 2 et 3, Ecole Freinet, Hérouville Saint-Clair (Calvados) – Enseignante : Danielle Maltret


COULEURS

 

 

 

A l’Ecole Freinet il y a des ateliers décloisonnés le mardi après midi durée 1H20 par cycle de trois scéances. Je demande deux cycles contigus pour que les enfants aient plus de temps pour explorer les couleurs.


Part du maître
Comme les enfants apprennent à lire des textes de mots je leur propose de « lire » des couleurs.


Installation matérielle
Des reproductions de peintures sont affichées tout autour de la salle, des bâches étalées sur le sol (côté gris dessus), une palette de trois couleurs primaires pour deux élèves (couvercle de seau blanc), un pot d’eau propre, des chiffons à disposition de chacun et une feuille format raisin en papier Canson épais: pour sacraliser le travail, pour pouvoir laver par endroit, essuyer, effacer, gratter éventuellement.

Première séance

Lecture libre des posters

Chacun regarde en silence les posters durant quelques minutes, puis a lieu un tour de table.
« Quel est celui que tu préfères ? Pourquoi ? » Les enfants commencent par le récit de l’image. Je profite des remarques pour orienter les discussions sur les couleurs, un rouge ne dit pas la même chose dans deux tableaux de Delacroix…

 

Présentation de "lumière et couleurs" devant une fenêtre
Je remplis d’eau , à demi, une petite carafe transparente en verre(genre vinaigrier ancien).
La partie en eau semble amplifier la lumière du jour qui traverse la carafe (la petite carafe ronde de dentellière éclairée par une bougie)
Donc l’eau donne une "impression de lumière".
Je verse quelques gouttes de lait dans la carafe, le liquide blanchâtre est étanche à la lumière; c’est pourquoi je ne donne du blanc, sur une petite palette, que vers la fin du cycle de l’atelier.

 

Retour aux couleurs

Je remplis d’eau des petites bouteilles transparentes, une jaune ,une bleue, une rouge. En superposant les couleurs de ces fioles deux par deux, devant la vitre, on obtient les couleurs secondaires et suivant l’ordre de superposition du bleu et du jaune on peut obtenir un vert plus ou moins jaune…
Quand les flacons sont juxtaposés la couleur de l’un se reflète sur l’autre et réciproquement, de même, les bords du flacon jaune encadré du rouge et du bleu ne sont pas de la même couleur.
Chacun confectionne un cube de couleur-lumière sur une feuille dessin A4.


Tâtonnement des enfants
Un petit chiffon est entouré sur l’index en guise d’outil pour peindre. Je souhaite ainsi que l’enfant ose des gestes amples, ose superposer, diluer, effacer les couleurs et recommencer. Je vois les enfants étonnés par les couleurs qu’ils obtiennent, ils échangent parfois leurs « recettes ». Comme les palettes sont différentes  (bleu de sérule, bleu roi, rouge vermillon, carmin, rose thyrien, jaune d’or, jaune citron, etc.),  une multitude de couleurs apparaît.
J’insiste sur le mouillé des couleurs pour avoir de la lumière.
Après ce quart d’heure de premier contact, tout le monde suspend son travail et on regarde ensemble, on commente, on questionne ces premiers résultats. C’est une sorte de glane collective.
A la fin de la scéance les peintures restent en place et le lendemain matin, je les ramasse, sèches.

 

Séances suivantes

Chaque séance de travail commencera par l’installation, au sol, des travaux en cours. Avant de se mettre à peindre, il y a la recherche collective de nouvelles « sensations » sur les posters toujours affichés : profondeur, chaleur, eau, vent, mouvement, calme, violence… C’est intéressant de discuter quand deux élèves n’éprouvent pas le même sentiment pour un même tableau.
Quand on revient aux travaux installés au sol, on peut retrouver des sensations évoquées plus tôt. Avant de reprendre le travail chacun dit rapidement où il en est, ce qu’il pense faire ou dit s’il est en panne. Il peut obtenir des avis ou des conseils du groupe.
Dans cet "atelier Couleurs", l’enfant évolue bien dans son travail par des échanges multiples : lecture collective des posters, conseils , étonnements, demandes des autres.

En six séances l’enfant a le temps de mûrir son projet d’une semaine à l’autre, la plupart se sont détachés d’une représentation fidèle pour se retrouver dans « l’abstraction ».
Je pense que cet atelier, qui peut paraître trop cadré, a permis aux enfants d’oser jouer à s’étonner dans un premier temps, puis ils ont tenté de représenter des sentiments à travers des travaux peu figuratifs le plus souvent. Ils ont appris à reprendre un travail plusieurs fois, en effaçant, en le complétant, en le réequilibrant.
Je pense qu’ils se sont vraiment investis dans ces moments de peinture parce qu’ils se souviennent parfaitement de leurs œuvres et de celles des autres enfants de leur groupe au moment de la distribution.


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