Myriam Bourianne : Maman est une artiste!
Vers l’illustration
Myriam est une jeune femme pleine de paradoxes… Elle fait des études de comptabilité, empoche son BEP-CAP de comptable et… se lance dans l’animation ! A l’âge où toutes les jeunes filles ne rêvent que de s’amuser, elle se marie… et devient très vite maman de 3 enfants : Camille, Louis et Coline. En fait, rien ne la prédestinait à peindre, et pourtant…
Après la naissance de son fils Louis, elle décide de prendre un congé parental pour s’occuper de ses enfants et retaper la grande bâtisse qu’elle vient d’acheter avec son mari. Elle commence à peindre par hasard, pour évacuer la boule d’angoisse qui parfois lui noue l’estomac… “ Peindre est venu comme quelque chose de naturel, une manière d’évacuer les sentiments que j’avais en moi… Je n’y connaissais rien : j’ai fait des expériences, j’ai lu des livres, j’ai demandé des conseils autour de moi, notamment à ma belle sœur qui a fait les Beaux Arts ” se souvient-elle.
|
|
|
Sa technique : l’émotion !
Myriam est admirative quand elle écoute des artistes expliquer leur travail, leurs motivations, leur parcours… Chez elle, la peinture est spontanée, elle correspond simplement à une envie soudaine de partager une émotion. Une émotion qu’elle a choisi d’exprimer à travers des portraits de femme… “ Ce que j’aime chez la femme, c’est son côté maternel, sensuel. Une femme, c’est rond, c’est beau, non ! ” dit-elle avec enthousiasme. Pourtant, sur ses draps qu’elle déchire et enduit d’apprêt – faute de moyens – elle ne peint pas que des femmes rondes et sensuelles ! Dans ses premiers tableaux, elles apparaissent plutôt dans la fragilité de leur maigreur, le visage simplement représenté par un ovale, sans yeux… Spécificité artistique, choix délibéré…L’explication est beaucoup plus simple : “ je ne sais pas dessiner ! Et les visages, c’est ce qu’il y a de plus dur à faire… Le regard surtout, qui doit être vivant et expressif. Alors, pour contourner le problème, je ne le dessinais pas, voilà tout ! ” |
|
Du hobby à l’art, Myriam hésite à passer le pas…
Myriam se voit alors plus comme un peintre du dimanche que comme une artiste… Sa salle à manger lui tient lieu d’atelier – “ je rangeais mes pinceaux quand il y avait du monde qui venait ” - et ses tableaux, elle les garde pour elle, dans le secret de son grenier. Jusqu’au jour où des amis découvrent son hobby et s’enthousiasment pour ses peintures. Plutôt que de tendre ses toiles sur un cadre en bois, elle demande alors au ferronnier d’art de la ville voisine de lui confectionner des encadrements sur mesure. Et l’histoire aurait pu s’arrêter là.
Au hasard des rencontres une artiste est née. |
Mais le ferronnier d’art croit à sa peinture et lui propose d’exposer ses œuvres dans sa boutique, à l’occasion des “ portes ouvertes des métiers d’art ”. Très vite, des sages-femmes la contactent pour illustrer un petit journal sur la naissance, et elle se met au travail avec bonheur… Une jeune femme, rencontrée lors d’une réunion de parents d’élèves, lui présente sa sœur qui rêve d’écrire des livres pour enfants : elle se propose spontanément et bénévolement de les illustrer. Mais faute d’un éditeur prêt à se lancer dans l’aventure, le projet tombe à l’eau. Elle renouvelle l’aventure avec son beau frère et un livre sur le respect de la nature et de l’environnement. Lui aussi reste dans les cartons… Mais l’expérience est enrichissante : les éditeurs contactés reprochent notamment aux images d’être trop statiques et trop “ léchées ”… Myriam évolue alors vers un nouveau personnage : la lolita, une étonnante petite bonne femme aux grandes chaussettes rayées, vivante et impertinente. |
|
|
Le succès est enfin au rendez-vous !
La lolita séduit… Grâce à elle, Myriam vend ses deux premiers tableaux et reçoit un prix destiné à récompenser le talent d’une jeune artiste. Une artiste qui a pris confiance en elle, et qui a affiné sa technique – elle sait maintenant dessiner les visages et mieux encore, leur donner une expression qui les rend séduisants ! - . Elle n’hésite plus à prendre des contacts pour exposer ses œuvres et vendre des toiles, même si, devant le prix fixé par certaines galeries, Myriam n’en revient toujours pas ! Et si elle ne vit pas encore de son art, elle sait maintenant qu’elle a de l’or au bout de son pinceau…
“ J’ai réalisé que je pouvais devenir une artiste, le jour où ma fille aînée, Camille, a inscrit “ illustratrice de livres pour enfants ” en face de la mention : “profession de la mère”. Un jour prochain, peut-être, elle pourra écrire : “artiste peintre”!” espère Myriam.
Un titre qui ne serait pas volé, tant elle mérite à être connue!
Elle est en tout cas un bel exemple de persévérance, et la preuve que l’on peut débuter une carrière, par hasard, en laissant simplement s’exprimer le meilleur de ce que l’on a en soit.
Un espoir, pourquoi pas, pour toutes celles qui aimeraient bien, mais n’osent pas…
Sylvie Grunberger.
|
Version imprimable au format PDF
|