On veut faire art plastique!

Mars 2006
 

RECUPERATION - CréAtions N°117
Publication en mai juin 2005
Classe unique, école de St-Perdoux (Lot) – Enseignant : Gérard Rigaldo

 

"On veut faire art plastique!"

 

  

Des catalogues de papier peint pour créer

 

"On veut faire art plastique!", c’est le nom donné par les enfants de cette classe unique à un atelier de découpage collage de papiers peints.
A l’origine de ce qu’il faut bien appeler un engouement qui a duré plusieurs mois et qui ressurgit régu
lièrement encore: de simples gros et lourds catalogues de papiers peints, fournis par une maman travaillant dans un magasin de bricolage qui ont été le déclencheur.

 Cette fois-ci, je fus le déclencheur. Pendant une récréation, j’ai pris deux feuilles de l’un de ces catalogues. Je les ai découpées en bandes, puis j’ai commencé à les tresser, assis dans un coin de la cour. C’était également ma récréation, et c’était mon occupation sans aucune visée particulière.

"Qu’est-ce que tu fais ?"
                   "On peut faire aussi ?"

C’est ainsi qu’a débuté ce travail artistique, pendant les récréations puis pendant les ateliers.

Des groupes se formaient par affinités du moment pour découper, coller, discuter, se disputer.
Tentatives de rationalisation et de répartition des tâches mais aucune contrainte autre que:
- on range la classe après l’activité
- on laisse les réalisations à l’école pour l’instant.

 

 

Est-ce qu’"On a fait n’importe quoi ?"

Après quelques séances d’activités spontanées ou programmées, les premières réalisations ont été accrochées (sur du papier peint en rouleau) et nous nous sommes assis pour les regarder et pour en parler (expression orale dans les I.O.).

Les autres enfants avaient réagi également, chacun argumentant à partir de ce qu’il avait consciencieusement fait. Nous avions même listé l’ensemble des compétences qui avaient été mises en œuvre (être capable de découper, de coller, de ranger, de travailler proprement, de respecter les autres…). Mais ce n’était pas ça.

  

Certains ont présenté leur réalisation mais ce n’était pas obligatoire. Le plus important me semble-t-il a été de dépasser le premier jugement "j’aime" ou "je n’aime pas" en essayant de dire pourquoi et en respectant l’œuvre de l’autre. Lors de l’un de ces moments d’échange, j’avais été surpris par la remarque d’un enfant qui avait dit : "On a fait n’importe quoi!".

 
 

"N’importe quoi" signifiait ici le fait que certaines réalisations ne représentaient rien, en d’autres termes, qu’elles étaient "abstraites" ou tout simplement non figuratives. Ce premier pas a bientôt été suivi par un autre dans la discussion puisque finalement tout le monde s’accordait pour admettre que "ce n’était pas n’importe quoi!".

De la suggestion à la création

Rien de bien original dans cette démarche au fond, qui peut se résumer par quelques points :
- ne pas hésiter à apporter quelque chose en tant qu’adulte pour démarrer l’activité comme peut le faire n’importe quel membre du groupe classe;
- faire confiance aux enfants et leur laisser le temps d’explorer, de s’approprier l’activité (tâtonnement) sans chercher à imposer des contraintes «didactiques»;
- laisser le temps au temps comme on dit, pour qu’ils aillent aussi loin et aussi longtemps qu’ils en ont envie ;
- mettre des mots sur le travail fait pour arriver à prendre du recul face à son travail ou le travail de l’autre et également pour permettre la prise de conscience des savoirs qui ont été nécessaires à la réalisation de ce travail.

 

  

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