14 idées, chacun la sienne

Octobre 2001

 


CréAtions 98 - L'autre, image de soi - publié en septembre-octobre 2001

Seconde année de CAP Carrosserie du Lycée professionnel Gaston Barré, Niort(Deux-Sèvres) – Enseignante : Frédérique Martineau – Intervenant : Jérôme Hulin

 

14 idées, chacun la sienne 


Un projet au point mort

Voici un projet qui nous a donné bien du souci !
Voici un projet qui a permis à une classe de devenir une véritable classe.
L’effet de ce projet ne s’est pas fait attendre et, pour une fois, on en a mesuré rapidement les bienfaits.
Au début de tout projet, nous ne savons pas ce qui va se passer et encore moins jusqu’où nous allons pouvoir aller. Nous proposons un cadre : la vidéo ; pour le reste, tout dépend des individus eux-mêmes. Nous n’avions pas mesuré les difficultés de ces individus.



La principale difficulté résidait dans le fait que ces élèves étaient extrêmement passifs ; ni envie, ni pas envie de participer à un projet vidéo, ni envie, ni pas envie de venir au lycée… A tel point que je me suis surprise un jour à chercher une lueur de vie dans les yeux de ces adolescents…
Pas d’envie, c’est aussi pas de conflit, pas d’humeur, le point mort quoi ! Un état de soumission particulièrement inquiétant.
L’arrivée de Jérôme Hulin de « Vidéo pour tous » n’a rien changé à cet état. De ce fait, nous avons commencé cet atelier en leur proposant des choses que nous savions faire, à savoir l’écriture collective d’un scénario : aucun enthousiasme, aucun refus.
Trois mois plus tard, je leur proposai d’arrêter ce projet et procédai par vote : personne ne voulait arrêter.
Il s’agissait alors pour nous de réfléchir sur la suite du projet , sur ces élèves, et de trouver une solution pour les « mettre en vie ».

 

14 portraits en vidéo

  C’est l’histoire d’une classe.
Avec ses récrés.
Ses arrivées en cours.
Ses départs de cours.
C’est un projet vidéo qui n’était pas bien réfléchi.
Il débarqua dans une classe dans laquelle ils étaient 14, 14 qui n’avaient aucune envie d’appartenir à une même histoire.
Il fallut alors changer les habitudes ; un scénario ne réunirait pas ces 14 personnalités.
Il fut alors décidé de tourner 14 idées, chacun la sienne.
Chacun pour soi avec son idée et ses capacités à jouer.
Mais une sacrée exigence fut posée : jouer avec le moins possible d’accessoires et le plus possible avec soi-même. Ou, en d’autres termes, mener son idée jusqu’au bout avec ses propres moyens, de façon à réfléchir sur cette idée et à ouvrir son champ de représentations.
Chaque idée fut écrite à partir d’un atelier d’écriture prévu à cet effet.

 

De l'idée aux images 

Puis, individuellement, chaque élève est venu présenter son idée. A partir de là, des questions lui étaient posées dans le but de faire avancer cette idée : qu’avait-il vraiment envie de montrer, de dire ?
Ensuite, chaque idée fut jouée, toujours individuellement, sans accessoire ; certains y sont parvenus, d’autres pas.
Jérôme Hulin, le réalisateur vidéo, et moi-même étions les accessoires quand nécessaire!
Enfin, chacun a tourné son idée.
Le but de ce travail individuel était bien de mettre ne perspective les images de soi, d’agrandir les représentations souvent limitées de ces élèves, de faire émerger des analogies, des associations, des transpositions symboliques ou poétiques.
Nous avons tenu secret le travail de chacun jusqu’à la projection finale à laquelle les parents étaient conviés. Chaque élève avait visionné auparavant son propre petit film… et les langues ont commencé à se délier : qu’avait bien pu faire X ou Y ?

 

   

 

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