La connaissance de soi à l’école

    Atelier du Jeudi 25.08.2011
Benoît Choquart

Le propos de ce matin est imprégné de ma pratique du yoga, un yoga de la connaissance de soi.
L’essence fondamentale de l’être humain est d’être en paix. Comment retrouver cela dans la classe ? Freinet propose d’accompagner un être (l’enfant) pour qu’il devienne libre et autonome. Un être qui est libre est un être qui est heureux d’être. En tant qu’éducateur, on apprend à l’enfant à s’exprimer en tant qu’individu et membre d’un groupe mais a-t-on conscience d’où on veut les amener, vers cette autonomie ? Pour moi (Benoît Choquart), être libre, c’est d’abord être libre de. Etre libre de, c’est être détendu par rapport à tout ce qui m’arrive, c’est la voie de la sagesse dont parlait également Nicolas Go.
Qu’est-ce que la sagesse ? L’acceptation de toute chose ? Se dire que si on ne peut pas changer les choses, il faut changer son regard sur les choses? Nous sommes gouvernés par un tas d’émotions qu’on a refoulées et qui nous briment dans ce refoulement. La question « qu’est-ce qui nous fait agir ? », on l’a écartée. Dès qu’il y a un écart entre ce que je veux et ce que la vie me rend, et que je refuse cet écart, il y a tension. Or, le sage colle sa réalité avec la réalité du monde.
La connaissance de soi est très proche du ressenti. Or on est passé d’un monde du ressenti à un monde de l’intellectuel. Ces stratégies du mental nous font échapper à ce qu’on ressent. Dans la pédagogie Freinet, on part du ressenti, de la connaissance de soi. On accueille les malaises ou les tensions que peuvent ressentir les élèves dans la classe pour qu’ils puissent les exprimer.
Apprendre à se connaître, c’est être toujours connecté avec son ressenti. Le sage est toujours relié à son ressenti. Souvent, le ressenti donne une réponse beaucoup plus juste que la tête. La connaissance de soi appelle l’idée de vivre dans l’instant. La pédagogie Freinet permet de vivre dans l’instant, permet à l’élève de développer son projet comme il l’entend. Pour pouvoir vivre dans l’instant, il ne faut pas avoir d’attente. Moins on a d’attente, plus on est ouvert à ce qu’il se passe. On est en permanence en classe confronté à la réalité et la réalité, c’est l’autre. Moins on a d’attente et plus on est présent. Plus on est présent, plus on est en mesure de développer des choses inattendues, d’élargir son champ de vision.
Il y en a qui résument le bonheur en trois lettres : oui. Oui à ce qui est. Oui, j’entends ce que tu me dis. Je ne m’adresse pas qu’à la tête de l’enfant mais à son ressenti. Je suis libre par rapport à son émotion.
Qu’est-ce qui dans nos classes nous apprend à nous recentrer ?
- Un texte libre (qu’est-ce que ce texte me fait ? Pourquoi il m’intéresse ?)
- Tout ce qui nous rend attentif à ressentir l’extérieur, les autres, via le quoi de neuf (qu’est-ce que tu as ressenti dans cela ? Il faut encourager les enfants à être réceptifs à leur environnement)
- Apprendre aux enfants à vivre dans l’instant et à partager l’instant présent.
Quelles situations en classe favorisent chez les enfants la connaissance de soi ?
- En classe, le conflit est toujours une histoire qui concerne les deux, victime et persécuteur : ils ont tous les deux tort et doivent réussir à s’écouter. Méditation forcée (après avoir fait la paix, vous pouvez aller jouer). Autre proposition par quelqu’un du groupe : le message clair (mise en mot de tout ce qui s’est passé entre deux enfants : on travaille sur les émotions qui les ont traversés).
- Le travail de groupe aide à réfléchir à ce qu’il se passe en classe.
- Texte libre : on est libre d’écrire ou pas, il faut lui donner du temps, ne pas se déplacer et rester devant son cahier, ce qui au bout de quelques séances finit par se débloquer car on prend le temps de se poser.
- Le fait que l’enseignant soit accueillant crée la condition pour que l’enfant se sente autorisé, écouté et finisse par s’accompagner lui-même, s’écouter lui-même. Ainsi, il va devenir autonome. Bouddha a dit « Quand vous m’avez trouvé, tuez-moi» : c’est ça l’autonomie : on n’a plus besoin du maître, on est autonome et libre. Aider l’enfant à répondre à des choses qui sont profondes en lui (projet, désir), c’est l’aider à se connaître.