L'Educateur n°6-7 - année 1945-1946

Janvier 1946

L'école moderne ne se construira pas avec du verbiage

Janvier 1946

Il est des domaines de l'activité humaine où n'ont jamais sévi les intellectuels ni les scoliâtres et où il ne viendrait point à l'idée des spécialistes qui les pratiquent de proposer des solutions intellectualistes aux problèmes matériels à résoudre. L'agronome fera certes appel à la connaissance intelligente et à la science mais il saura qu'il n'aura rien fait tant que ne se seront traduites dans la pratique du travail quotidien les découvertes de laboratoire et que cette pratique suppose la mise au point et la production des outils perfectionnés indispensables.

L'urbaniste peut étudier, abstraitement d'abord, les solutions possibles du problème de l'habitation. Mais il sait qu'il n'aura rien fait tant qu'il n'aura pas réalisé techniquement les projets abstraitement élaborés. Et cette réalisation suppose le perfectionnement, à la base, des techniques de travail, des matériaux et les outils sans lesquels ne prendrait corps aucun progrès véritable.
Ce n'est qu'en fait d'éducation qu'il en va autrement. Des éducateurs, des intellectuels, des administrateurs préparent, eux aussi, des projets, donnent des conseils, formulent des rêves. Mais ils ne dépassent pas ce stade comme si instruction et éducation se gagnaient par une pure opération de l'esprit, par l'effet magique du contact d'homme à homme, par la révélation d'une formule ou d'un écrit. C'est ce qui explique que la science pédagogique verbale ait progressé pour atteindre parfois d'incontestables sommets intellectuels et que, pourtant, dans la pratique, les éducateurs travaillent encore avec les outils et selon les techniques du siècle passé, et même, pour certains degrés d'enseignement, des siècles précédents.
Il est alors facile aux critiques et aux réactionnaires de faire remarquer que tous les progrès en pédagogie et que même le courant actuel de pédagogie nouvelle ne changent pas grand-chose à l'affaire. Et ils ont raison. L'agronome et l'urbaniste peuvent présenter les projets les plus osés, les ministres peuvent même recommander leurs vues. Le progrès véritable sera à peu près zéro s'il n'y a pas, à la base, à même le travail, amélioration matérielle et technique.
Vous pouvez avoir des théoriciens éminents en matière de pédagogie nouvelle : l'administration peut même leur emboîter le pas, I1 n'y aura lien de fait s'il n'y a pas, à la base, à même le travail, cette amélioration matérielle et technique qui conditionne le vrai progrès pédagogique.
 
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Pourquoi Ce préambule ?
La pédagogie nouvelle est incontestablement dans l'air. La faillite de l'école tradi­tionelle est aujourd'hui consommée. Parents et éducateurs sentent confusément l'urgence d'une rénovation dans ce domaine.
Ils sont courageux ceux qui, tels M. Lhotte dans le Manuel Général du 8 décembre, osent dénoncer les dangers possibles d'un tel courant, La plupart des hommes, même et surtout dans les milieux officiels, préfèrent suivre ce courant, au risque de le pousser vers une impasse, On donnera des conseils de pédagogie nouvelle ; on instituera les nouvelles pour lesquelles on recommande les « méthodes actives ». Mats a-t-on fait le moindre effort financier et technique pour permettre aux éducateurs de travailler effectivement selon ces tendances nouvelles ? Non, encore une fois on fait fond exclusivement sur l'intellectualisme, sur la portée possible des discours, des leçons et des sentences, qui seront » de pédagogie nouvelle », et qui seraient susceptibles d'opérer le miracle.
Nous qui ne croyons pas à ce miracle, nous disons avec M. Lhotte : Attention ! Il y a maldonne ! Vous ne faites pas de la pédagogie nouvelle, mais du verbiage de pédagogie nouvelle ; vous chantez bien les riches moissons de demain mais vous ne faites rien pour que la terre soit plus profondément et mieux labourée, pour que soit mieux nourrit) la plante qui monte, pour que s'épanouissent harmonieusement pour produire leurs graines des beaux épis de l'avenir.
Et demain, parce que ce ne sont pas les théories de l'agronome qui font pousser les grains ni les plans de l'urbaniste qui montent les maisons, demain on s'apercevra que, pratiquement, rien n'est changé, ou si peu : que les moyens matériels et techniques ont manqué pour répondre aux espoirs un instant éveillés dans le peuple ; que peut-être on a fait fausse route.
Ce sera la faillite de l'Education Nouvelle et les masses trompées se réfugieront à nouveau pour quelques lustres dans ce faux intellectualisme scolastique, qui aura joué son jeu et aura gagné.
 
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Nous dénonçons encore une fois, et nous voudrions le faire d'une façon définitive, cette conception intellectualiste, scolastique et verbale de l'éducation nouvelle ; nous voudrions mettre nos camarades en garde contre ce « gauchisme pédagogique » et montrer les voies efficientes, les voies de bon sens, de la rénovation scolaire. Il y a toujours à boire et à manger dans ce gauchisme, dans cet intellectualisme verbal : toutes les positions sont défendables, comme le seraient toutes les théories dans le cabinet de l'agronome. Mais menez vos discutailleurs dans les champs où poussent le blé, les pommes de terre et les betteraves. Là il n'y a plus deux solutions : il y en a une, qui permet, avec le minimum de peine humaine, avec le maximum de sécurité, la production la meilleure dans le milieu donné. Si vous produisez mieux, avec moins de peine, de meilleures récoltes, on vous tirera son chapeau.
Si vous De parvenez à cette excellence, quelle que soit la solidité de votre démonstration intellectuelle, vous aurez échoué.
Il en est de même en éducation. La meilleure méthode n'est point celle qui se défend le mieux au point de vue théorique, intellectualiste ou scolastique, MAIS CELLE QUI, A MEME LES ENFANTS, A MEME LE TRA­VAIL, DONNE, AVEC UN MAXIMUM DE REUSSITE, LES MOISSONS LES PLUS EF­FICACES.
Tant que cette pédagogie nouvelle n'a pas permis dans tous les domaines, pour une dépense égale d'énergie et d'efforts, un meilleur rendement, la cause de cette éducation ne saurait être gagnée.
On a fait erreur en plaçant, au centre du projet de rénovation, l'idée d'un principe : la METHODE ACTIVE, par exemple. Cela a été un drapeau. Comme le tracteur qu'on promène â travers champ, symbole des réalisations nouvelles. Ce drapeau a été brandi par un homme, Ad. Ferrière, qui a su le faire claquer au) dessus des conformismes assoupis. Il a animé, suscité, orienté les problèmes et les recherches. Mais nous devons aujourd'hui aller plus loin.
 
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D'abord, que nos adhérents, et les critiques, ne se méprennent plus — ou ne feignent plus de se méprendre — sur les fondements de la modernisation de notre enseignement.
Il ne s'agit ni à proprement parler d'activité, ni encore moins de vulgaire plaisir, ni de déification de la pensée ou du jugement enfantins, ni de liberté abstraite ou de self- government intégral.
Le problème est autrement complexe et profond et on fait d'avance fausse route si on ne considère que l'un des éléments si puissant soit-il, de la rénovation scolaire.
Aucun grand éducateur ne s'y est jamais trompé : c'est la vie qu'il faut atteindre. « L'Ecole par la vie et pour la. vie », disait Decroly. « La vie enseigne, le livre précise »,
Toutes nos techniques visent en effet à replacer l'effort éducatif dans le circuit normal de la vie, à retrouver les éléments fonctionnels qui poussent irrésistiblement l'individu à aller de l'avant, à monter, à se perfectionner (besoin naturel et normal de connaître, de chercher et d'agir pour triompher des obstacles qui s'opposent à cette marche en avant, ajustement permanent des outils et des techniques — naturels ou créés par l'homme — qui aident à ce triomphe — ; besoin d'extériorisation et d'expression par la parole, le dessin, l'écrit, l'acte manuel, la danse, le théâtre, le cinéma, la radio.
C'est à cette besogne complexe que nous nous sommes attelés victorieusement. Et non plus seulement par des conseils théoriques mais par la mise au point des outils et des techniques qui permettent cette reconsidération vivante de notre enseignement.
Et c'est tout à la fois un véritable plan d'enseignement que nous traçons ainsi, en même temps que le programme de nos efforts coopératifs :
a) Expression libre et circuit normal de la pensée et des écrits par l'Imprimerie à l'Ecole, le journal scolaire et les échanges interscolaires ;
L'Ecole par la vie et pour la vie par : le travail véritable à l'Ecole, les enquêtes vers la vie ambiante, la Coopérative scolaire, l'intégration des adultes dans l'œuvre éducative.
Satisfaction normale du besoin de connaître et de se perfectionner par ; le Fichier Scolaire Coopératif, les fichiers auto correc­tifs, la Bibliothèque de Travail, le Cinéma, et la Radio, les recherches techniques (calcul, agriculture, sciences, etc...).
La mise au point de ces outils et de ces techniques est à peine entamée. Ce sera l'œuvre tenace et coopérative des mois à venir.
d) La satisfaction artistique par : l'imprimerie, la gravure, le dessin, le théâtre, le cinéma, la danse et la rythmique.
 
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On le voit, ce n'est ni au nom de l'activité, ni au nom de la joie ou du plaisir, ni pour le seul profit pédagogique que nous travaillons avec nos enfants. Il s'agit d'une activité fonctionnelle bien plus essentielle que celle que vous risqueriez de susciter dans vos classes ; la joie et le plaisir ne sont que des manifestations superficielles d'une satisfaction intime qui ne redoute ni la peine, ni l'effort, ni les grincements de dents ; le profit pédagogique lui-même se mesurera selon d'autres normes dont nous allons entreprendre l'étude.
Ainsi comprise, réalisée techniquement, avec les outils adaptés aux besoins nouveaux dont nous savons l'éminence, la rénovation pédagogique est inattaquable. Elle ne peut donc que triompher.
Elle nous apportera :
D'une part, les avantages qu'a mis en vedette l'éducation nouvelle : intérêt des enfants, formation du jugement et du caractère, discipline fonctionnelle, sens artistique, sens social, etc...
D'autre part, les acquisitions que visait trop exclusivement l'école traditionnelle, et que, par opposition, l'école nouvelle a incontestablement négligées.
Grâce à notre matériel et à nos techniques, nos élèves auront l'esprit mathématique et sauront calculer vite et bien — ce qui n'est pas à dédaigner. Ils écriront mieux, avec plus de maîtrise et de sûreté, et avec moins de fautes que les écoliers de l'ancienne école ; ils auront conservé le sens scientifique et se seront exercés pratiquement à dominer la technique scientifique ; ils seront des géographes attentifs et des historiens curieux et intelligents ; ils seront habiles de leurs mains et riches de leur corps harmonieux. Ils pourront donc, sans fatigue anormale, affronter les examens, et plus tard affronter la vie, avec des chances de succès considérablement plus grandes que les élèves de la vieille école.
L'instituteur vivra avec ses enfants et se fatiguera, beaucoup moins nerveusement.
Nous parlons au futur parce que ces avantages ne sont pas tous garantis tant que nous n'aurons pas poussé plus avant, dans toutes les branches, la mise au point matérielle et technique que nous avons entreprise. Nous sommes comme l'agronome en face de la rénovation agricole. Nous pouvons vous dire : voici une charrue parfaite qui remuera profondément votre champ et animera vos graines ; voici une taille des arbres efficace, un système de transport à travers champ qui fait merveille. Venez voir, rendez-vous compte. Nous savons que vous ferez l'effort financier indispensable. Il nous reste à mettre au point une batteuse simple et perfectionnée, une faucheuse pratique, un système d'habitation adapté au milieu, un tracteur économique. Aidez-nous à faire cette mise au point. Et en attendant, accommodez-vous comme vous le pouvez des machines et des outils traditionnels.
En pratiquant ainsi, nous n'aurons ni les uns ni les autres, aucune désillusion, nous conserverons intact notre désir de perfectionnement, et nous aurons chaque année, IMMANQUABLEMENT, MATHEMATIQUEMENT, des moissons plus belles.
 
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L'éducation des enfants ne saurait faire exception dans le processus vivant du progrès humain.
Méfiez-vous du verbiage de pédagogie nouvelle ; sachez bien qu'aucune formule intellectuelle ou sentimentale ne vous apportera la clef définitive du problème qui vous préoccupe.
L'essentiel est de savoir où l'on va, de déceler avec sûreté les forces essentielles et permanentes que nous devons mobiliser, et de mettre au point, patiemment, méthodiquement, coopérativement, les outils de travail qui nous permettront les belles moissons humaines.
El vous direz aussi aux administrateurs, aux gouvernants, aux élus que cette éducation ne saurait échapper à la règle générale de la vie, que contrairement à ce qu'on a trop feint de croire, la formation des jeunes générations n'est pas seulement une affaire de pensée et de salive, mais aussi, mais surtout, une affaire de crédits pour que nos enfants puissent se préparer, non plus dans la serre froide et vide de la scolastique, mais à même la vie, aux techniques de vie qu'ils devront demain maîtriser et dominer.
 
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A la conception intellectualiste de l'éducation, opposons notre pédagogie réaliste qui exige, pour la formation tics enfants autant de sollicitude matérielle et financière que pour la fabrication des casseroles ou des autos, pour la reconstitution du cheptel ou la préparation de la guerre.
Quand les éducateurs, quand les parents et les administrateurs se seront débarrassés de la lourde chape scolastique, alors on raisonnera positivement, enfin, el on agira en conséquence.
Et ce ne sera pas la plus petite de nos victoires que de prouver, en marchant, l'éclatante vérité qui tous éblouira demain,

 

Le Journal pour enfants !

Janvier 1946

A l'heure où l'on semble vouloir « réformer » l'enseignement, chercher des solutions nouvelles au problème de l'éducation, il nous paraît indispensable de donner aux enfants, avec de nouveaux moyens de s'instruire, des possibilités de se distraire en s'éduquant. Nous ne devons négliger en cette époque d'affaiblissement grave de la moralité des jeunes, aucun des moyens susceptibles de contribuer au redressement indispensable.
Parmi ces moyens, l'un des plus précieux, plus peut-être ou tout au moins aussi efficace que l'action de l'Ecole, pourrait être le Journal pour enfants.

Le Journal pour enfants,  tel que nous le concevons, doit donc répondre à ces deux exigences : recréer et éduquer.
De nombreux essais de journaux pour enfants ont été tentés avant-guerre. Nous n'en connaissons pas qui ait vraiment réussi. Je ne parle pas des «  illustrés » vendus par des maisons d'éditions dont le seul souci était de gagner de l'argent et qui n'étalaient le plus souvent que médiocrité et banalité désolantes ; non plus de ceux propagandistes d'une malfaisante idéologie religieuse ou politique et dont nous déplorions la nocivité. Mais il faut bien avouer par exemple, que «  Copain Copine et «  La Gerbe », pour ne citer que ceux dont le but éducatif emportait notre sympathie, ne recueillaient pas auprès de leurs jeunes lecteurs l'enthousiasme que nous aurions souhaité.
Il y aurait certainement lieu d'étudier tes raisons de ces échecs plus ou moins complets : la principale est sans doute le manque d'argent qui entraîne une collaboration insuffisante, et une présentation indigente et peu colorée.
Notre journal pour enfants devra pouvoir naturellement jouir d'un gros budget, sans être dépendant d'un parti politique, d'une confrérie religieuse ou antireligieuse. I] sera neutre, comme notre école, neutre et laïque. Mais neutre, dans le sens le plus large, ce qui ne veut pas dire qu'il ne prendra pas parti — lorsque l'occasion se présentera — contre une injustice, une oppression, ou simplement un acte contraire à la solidarité, à la fraternité, ou à une large morale humaine.
Sans être moralisateur, il devra être d'une haute tenue morale et littéraire. Pas de banalités donc, des histoires simplement amusantes, certes, ou merveilleuses, mais d'un merveilleux de bonne frappe, à côté de beaux récits, agréablement contés, mais d'inspiration noble.
Qu'on nous comprenne bien. Nous ne voulons pas, comme certains journaux l'ont tenté, instituer le culte du héros, car nous savons tous ce que ce culte peut faire de bien, ou de mal. Mais notre histoire ne manque pas, l'histoire de l'humanité ne manque pas d'exemples de
belles et grandes vies, merveilleuses comme des contes de fées, grandes comme d'héroïques légendes {pensons aux Stephenson, Brazzaville, Caillé, Nansen, Mermoz, Saint-Exupéry, Pasteur, etc...)  et qui, contées avec les détails et le pittoresque nécessaires, sont riches d’enseignements, sans avoir besoin d’y ajouter une moralité.
Nous voudrions aussi une présentation artistique, des illustrations et des dessins de choix, propres à donner le sens et le goût du Beau. Une partie purement récréative aussi, car il faut dispenser aux enfants, la joie, le rire, mais le rire sain.
Ceci posé, comment sera notre Journal ? Huit ou douze pages, selon notre richesse- Autant que possible hebdomadaire. Format d'un illustré ordinaire, plutôt réduit, parce que plus maniable (n'oublions pas que l'enfant ne lira pas son journal comme le grave monsieur lira le sien, confortablement installé dans son fauteuil). Il doit être vendu au prix le plus bas possible, au prix coûtant et même avec perte si les organisations intéressées subventionnent suffisamment l'entreprise — pour qu'il soit lu par nos petits pauvres. Il doit s'adresser aux enfants de 9 à 14 ans, et même devrait pouvoir être lu par les adultes (n'avons-nous pas éprouvé plus que du plaisir à la lecture de l'Ile Rose, de Nils Holgerson, de Claque Patins, les Compagnons de l'Aubépin, par exemple ?). L'idéal serait évidemment un journal spécial pour chaque âge, pour chaque sexe, mais ne voyons pas trop grand !...

Quelle pourrait être la teneur de notre journal ?
I. -— Une partie documentaire : a) Aspect pittoresque de la vie économique d'un coin de France. (Ex.: pêche au saumon en Loire ; rentrée des foins par câbles en haute montagne ; exploitation d'une tourbière ; un bateau en construction, etc...).
b) Les curiosités du monde. (Ex. : construction et intérieur d'un igloo esquimau, un tipi Indien, la vie curieuse des bêtes, un tremblement de terre, un coup de grisou dans une mine, etc...).
c) Histoire de la civilisation. (Ex, : Histoire de la navigation, de l'aviation, de l'éclairage, des jeux, des costumes, de l'alimentation, etc.).
Une ou plusieurs photos ou dessins très suggestifs illustrant un texte de lecture facile, avec des détails très précis.
II. — Une partie sportive :
Explication d'un jeu de plein air ou d'intérieur, nouvelles des sports, des Groupements de jeunesse (Auberges de Jeunesse, Eclaireurs, Francs et Franches Camarades, etc...) ; records, grandes manifestations sportives, initiation à la pratique de la vie naturelle et du camping etc...
III, — Un roman à suivre. (Le type le plus parfait à ma connaissance est « l'Ile Rose » de Charles Vildrac, qui possède toutes les qualités : aventures, merveilleux, émotion, belle tenue morale, forme agréable, type parfait).
IV. — Une double page en couleurs (Histoire amusante, d'aventures, ou merveilleuse, en images, avec 5 à 6 lignes de texte en dessous de chaque image).
v. — Une page d'actualités (avec photos).
VI. — Une partie plus spécialement éducatrice. Vie des grands hommes, les belles découvertes, les grands voyages (avec des détails vivants et pittoresques).
VIÏ. — Une partie réservée à la correspondance entre lecteurs, à de larges enquêtes auxquelles participeraient les enfants des différentes régions, aux réponses à des questions posées (pensons à la si vivante émission de la Radio Suisse, « Questionnez, on vous répondra » , aux charades, aux jeux, aux mots croisés, rébus, silhouettes à trouver, bricolages, etc.
La matière, croyons-nous, ne manque pas, toute la difficulté, tout l’art résidera dans la présentation, et nous n'en méconnaissons pas les difficultés.
Nos enquêtes, nos pages de Vie des Grands Hommes, notre Rubrique A travers le Monde, ne devront pas avoir l'allure de leçons. Le roman, s'il doit conserver sa forme de roman, doit aussi émouvoir, enrichir, élever.
Bien entendu, nous ne prétendons pas proposer une formule définitive. Notre journal devra pouvoir se perfectionner sans cesse, se modifier, changer même complètement de facture, s'ouvrir largement aux idées neuves, aux conceptions de plus en plus favorables à la réalisation du but que nous voulons atteindre.
Toutes les organisations qui s'occupent d'éducation (C.G.T., S.N., C.E.L., U.F.U., Ligue de l'Enseignement. Francs et Franches Camarades, U.F.U.J.P., etc., etc...) se doivent de joindre leurs efforts et d'aider largement à la réalisation d'un journal sain, attrayant, inspirateur d’optimisme, d'action virile, dans lequel la religion du travail remplacera le culte de la force.
Et c'est alors que se pose le problème du contrôle de la presse enfantine. Nous ne pouvons admettre que sous le prétexte de liberté, on laisse se répandre toutes ces publications malfaisantes et malsaines qui endoctrinent ou désaxent la jeunesse. Il faut qu'une commission composée d'éducateurs de tous les degrés, de représentants qualifiés des syndicats d'ouvriers et d'intellectuels, de délégués des groupements d'éducation, ait tout pouvoir, en accord avec le Ministère de l'Education Nationale, pour contrôler effectivement la presse, la radio, le cinéma éducatifs.
Y. GUET, instituteur à Montluçon (Allier), rapporteur de la question « Journaux pour enfants » à l'Union Pédagogique départementale.

 

 

 

Culture et vérité

Janvier 1946

Depuis toujours, l'Humanité poursuit les deux sœurs jumelles éternelles : la Vérité et la Beauté.
Malgré qu'elles soient difficilement accessibles et qu'elles semblent vouloir se dérober dès qu'on est sur le point de les atteindre ; malgré la foule de ceux qui, par bassesse, bêtise, intérêt font tout ce qu'ils peuvent pour les cacher, l'homme réussit parfois à les découvrir.
Certains consacrent leur vie à cette chasse, à cette découverte. Voir clair en eux-mêmes et éclairer les autres, tel est leur but.
Et il semble qu'aujourd'hui ce besoin de lumière soit encore plus grand et presque aussi indispensable que le pain.
Aussi un grand effort pour la culture du pays tout entier veut être accompli. C'est une tâche nécessaire, urgente mais d'une extrême difficulté.
Il faudrait d'abord que ceux qui en ont le souci pensent eux-mêmes librement, fortement. Une pensée forte, profonde s'exprimera avec force et trouvera des échos.
On se demande cependant, parfois, si tous ceux qui écrivent et parlent savent toujours ce qu'ils disent et même s'ils y croient vraiment : intimement ou si c'est un simple jeu de leur esprit.
Certains aussi publient des articles de réelle valeur mais trop au-dessus de la portée des non-initiés, oubliant cette élémentaire vérité qu'il faut à toute initiation un temps assez long comme à la graine pour germer.
Ainsi, par exemple, en ce qui concerne les arts plastiques, on veut tout de suite faire apprécier Cézanne, Matisse, Picasso à des gens qui ignorent presque les artistes du passé. Il faut cependant connaître les anciens pour bien apprécier les modernes qui les continuent.
Aussi, ce sont souvent des mots sans racines que ceux que l'on prétend cultivés répètent sans comprendre, avec toujours au fond d'eux-mêmes ce même malaise, cette angoisse inavouée de ne pas être sincère et cette soif de vérité inassouvie.
Non ! cette culture en plaqué ne peut former que des perroquets ou des lâches. Elle est le contraire de la vraie culture, développement libre et harmonieux de la personnalité.

 

L'enseignement individualisé à l'aide des fiches

Janvier 1946

 

Le fichier de sciences

Janvier 1946

 

La notion du temps en histoire

Janvier 1946

 

Cinéma Scolaire

Janvier 1946

 

L'emploi du matériel

Janvier 1946

 

Gravure sur zinc

Janvier 1946

 

La lecture dans une école de onze classes

Janvier 1946

 

La pédagogie nouvelle dans les écoles de villes

Janvier 1946

 

Enquête dans les Cours Complémentaires

Janvier 1946

 

Visites scolaires

Janvier 1946

 

L'Education Populaire

Janvier 1946