compte-rendu de l'atelier formation initiale des enseignants en Finlande

Atelier du congrès de Lille 2011 animé par Florence Saint-Luc, professeur des écoles et doctorante en Sciences de l'éducation à l'Université d'Aix-Marseille 1.

Notes prises par Laura Van Vlasselaer

 

 

Présentation générale de Florence Saint-Luc autour de sa thèse à défendre : « De la confrontation interculturelle à l'auto formation: le cas des formateurs d'enseignants au sein du mouvement international de l'école moderne »

 

En 1990 a eu lieu la rencontre internationale des éducateurs Freinet (RIDEF) en Finlande, qui a permis à Florence de rencontrer des enseignants du mouvement Freinet Finlandais qui ont joué un rôle important dans les réformes du système éducatif. Elle a commencé sa thèse en juillet 2008, avec l’animation d’un atelier « coopération internationale et formation », pendant la RIDEF du Mexique (2008). Cela a permis de démarrer un réseau pour travailler la  question des formations d'enseignants dans différents pays.

 

Elle s'est donc attelée à étudier tous les niveaux de classes et de formation d'enseignants dans 5 pays : la Finlande, l'Allemagne, le Portugal, l'Espagne et la Belgique dans le but de construire des rencontres interculturelles collaboratives qui permettraient de révéler les points aveugles propres à chaque culture grâce à l'approche interculturelle. Cela devrait également permettre de créer la déstabilisation pour provoquer la reconstruction et façonner une intelligence collective internationale sur les didactiques communes en comptant sur la formation des enseignants orientée vers l'école moderne.

 

L'idée serait ensuite de pouvoir construire la formation des formateurs d'enseignants autour de cette dimension interculturelle.

 

En effet, dans la pratique de l'école moderne, beaucoup se sont rendu compte que la formation d'enseignants est complexe puisqu'il ne suffit pas de se servir de ses capacités d'observation pour pouvoir reproduire, il s'agit d'aller plus en profondeur. L'enjeu est donc de pouvoir former à l'école moderne par les mêmes pratiques pour les enseignants que pour les enfants (c'est à dire la coopération, l'éducation populaire, le tâtonnement expérimental...) afin de mieux entrevoir cette complexité

 

Le cas de la Finlande

 

En 1990, la présence de la RIDEF en Finlande permet de prendre conscience de l'impact de l'école moderne sur le système éducatif finlandais (notamment par les observations à l'école Strömberg d'Helsinki).

 

En 2008, Florence part étudier l'ensemble du second degré dans le lycée d'application de la faculté d’éducation d’Helsinki. Elle visite également l’école primaire Freinet Strömberg, vitrine du ministère de l’Education Nationale.

 

En 2010, elle retourne analyser l'ensemble la formation des enseignants du Premier Degré (les professeurs de classe) à l’école d’application de la faculté d’éducation de Joensuu.

 

Contexte

 

Il faut prendre en considération la présence d'éléments de la pédagogie Freinet dans le programme des études finlandais.

Les futurs enseignants suivent une formation universitaire en 5 ans très sélective durant laquelle ils reçoivent une formation pratique grâce aux stages réguliers en école d'application mais aussi une formation théorique très complète dispensée à l'université notamment par les enseignants/formateurs qui travaillent dans les écoles d'application. Cette dernière laisse beaucoup de place aux sciences de l'éducation. Pour le Second Degré, la répartition est à peu près de 35 ects[1] pour la discipline et de 25 ects pour les sciences de l'éducation.

Par ailleurs, le métier d'enseignant est très attractif, il y a énormément de demandes. Ceci permet aux universités de pouvoir sélectionner les étudiants à l'entrée. A même niveau de formation, la sélection dépend surtout de la motivation et des compétences relationnelles.  Les enseignants du second degré sont généralement bi-ou trivalents. Au premier degré, leur formation est polyvalente, mais ils choisissent deux ou trois disciplines sur lesquelles ils font porter leurs efforts. Les équipes pédagogiques peuvent ainsi s’organiser la répartition des contenus d’enseignement en fonction de ces axes choisis. 

Il y a trois niveaux de formation : le master, le « lisensiaat » et le doctorat. Une grande partie des enseignants se forment pour obtenir au moins d’un de ces deux diplômes durant leur carrière, cela leur permet, entre autres, de devenir formateurs d'enseignants.

Les enseignants ont donc tous un statut de praticien/chercheur, ce qui est opposé  au clivage entre théorie et pratique que l'on retrouve souvent dans nos régions.

L'outil principal d'évaluation durant la formation est le portfolio, il permet une analyse continue et formative de la formation mais aussi des allers-retours entre théorie et pratique.

Par ailleurs, les étudiants sont principalement formés à la recherche-action, il existe peu de recherches quantitatives bien qu'elles soient également présentées durant le cursus.

 

Il convient toutefois de prendre en considération une transmission orale de certaines pratiques, peu d'ouvrages étant traduits du français au finnois mais passant par l'allemand. Par conséquent, des pratiques comme la coopération sont parfois faussées. Ainsi, cette idée de coopération est présente dans les décrets mais, selon les observations de Florence à l'école Freinet d'Helsinki, sur le terrain, la représentation de la coopération n'est pas identique à l'idée que l'on en a en France. Par exemple, les conseils coopératifs n'ont lieu que deux fois par trimestre et les travaux de groupes sont possibles mais les questions de collectif et de dynamique de groupe sont globalement peu traitées.

 

Cependant, Florence a pu revenir sur ces questions de coopération plus tard dans son processus de recherche. Les Finlandais se sont montrés extrêmement intéressés par sa lecture du sujet principalement en raison des difficultés qu'ils rencontrent face à l'immigration récente. L'idée des conseils de coopérative, plus développés en France et en Belgique, et plus généralement la pratique de l'interculturel pourrait les aider. Ceci montre une nouvelle fois, l'importance de la pratique de la recherche collaborative pour révéler les points aveugles présents dans les différentes pratiques culturelles.

 

Séquences vidéo

 

Première vidéo

Il s'agit d'un formateur, enseignant en école d'application qui dispense une séquence didactique autour d'une investigation scientifique de formation à la langue. Durant la séquence, il met les étudiants en situation d'apprentissage face à un problème de classification de mots, les étudiants sont répartis en groupes de travail.

S'en suit une discussion autour du ressenti de l'activité mais aussi des concepts théoriques qui sont abordés en regard de la situation. Un débat se met en place concernant les processus métacognitifs, les différences entre constructivisme et behaviorisme, le conflit socio-cognitif etc.

 

Florence bénéficie de trois entrées pour comprendre la situation: un étudiant, une professeure de langue (qui donne leur traduction de la situation en différé grâce à un enregistrement vidéo) ainsi que le formateur qui anime la séquence didactique (durant les moments de travail des étudiants lors de la présentation de la séquence). Ceci permet d'obtenir des regards croisés de différents niveaux de sources : enseignant/élève, enseignant/leçon donnée. Par ailleurs cela permet de faire le lien entre théorie et pratique : comment faire comprendre aux étudiants l'intérêt de la situation didactique, pourquoi est-ce utile ?

 

Deuxième vidéo : Articulation de la formation universitaire et de terrain autour d'une situation didactique.

 

Tous les étudiants ont préparé une séquence de leçon à présenter durant le cours d'éducation physique en école d'application. Les étudiants ont travaillé par groupes de trois, un groupe est tiré au sort, deux des trois équipiers présentent la leçon devant le reste de la classe, l'enseignant ainsi que le formateur.

 

Durant la séquence, les observations se construisent en fonction d'une série de thèmes précis. Plusieurs étudiants ont le même thème ce qui leur permet ensuite d'échanger à propos de leurs observations. Chaque étudiant a également la feuille de préparation du groupe en situation.

 

Après la séquence, les groupes se retrouvent en cercle pour construire la critique de la séquence, les échanges sont régulés par les formateurs.

 

Troisième vidéo : Importance de la place de la technologie

 

La troisième vidéo montre un enseignant de l'école d'application qui reçoit ses futurs stagiaires pour une première visite, il leur montre les différents outils technologiques mis à disposition mais aussi les différentes possibilités d'agencement de l'espace de la classe.

L'intérêt de cette vidéo se situe également dans la place laissée par les Finlandais aux technologies et aux NTIC, qui ne trouvent pas actuellement de place conséquente dans l'enseignement tel qu'il est conçu en France ou en Belgique sans doute parce qu'on estime que ce n'est pas une « matière noble ».

 





[1]    European credit transfer and accumulation system (comptage de crédit temps mis en place lors du décret «Bologne » , une année académique équivaut à 60 ects).