En Chantier n°18, Octobre 2011

Septembre 2011

 

En Chantier, Publication du Chantier de Recherche documentaire de l'ICEM Pédagogie Freinet : productions de classes, recherches documentaires, exposés,  témoignages, pratiques...
Pour donner-trouver des idées : pour des élèves acteurs et auteurs de leurs savoirs.

 

En Chantier n°18. Un thème de recherche : Pourquoi la guerre d'Algérie ?

Un thème de recherche :         Pourquoi la guerre d’Algérie ?
 

Rencontre avec des anciens appelés et un réfractaire de la guerre d’Algérie
le 21 janvier 2011 au lycée polyvalent Rive gauche à Toulouse
 
 
Classe de Patricia Quinsac seconde 11 – Lycée Rive Gauche – 31 Toulouse
 
           
 
Plan de l’article :

1 - Présentation.

2 - Les questions posées lors de la rencontre.

3 - Et aujourd’hui : une association contre la guerre.

4 - Quelques réactions d’élèves.

5 - Prolongements.
 
 
 
1 - Présentation :
 
Vendredi 21 janvier, nous avons organisé une rencontre avec des personnes ayant fait la guerre d’Algérie. Cette rencontre a duré deux heures. Les personnes conviées étaient quatre anciens soldats, une classe de terminale L, une réalisatrice de film et des personnes de deux radios.
Nous avons fait d’abord une présentation des anciens soldats et du programme. Il y avait Gérard Kihn, engagé à 18 ans, M. Georges Garié, instituteur qui fut sous-officier en Algérie, Robert Siméon-Cadot réfractaire et Jacques Carbonnel qui s’est joint à eux et qui a été appelé vers l’âge de 26 ans. Tous font partie de l’Association des Anciens Appelés d’Algérie contre la Guerre (4acg).
Six thèmes ont été présentés par les élèves de notre classe, sur lesquels nos invités ont su créer une discussion :
 -Pourquoi la guerre d’Algérie ?
- les Algériens dans la guerre ;
- les sentiments des soldats ;
- les réfractaires et les déserteurs ;
- le retour en France ;
- l’action de l’association.
Louise
 
 
2 - Les questions posées lors de la rencontre :
 
1        - Sur la guerre 
La guerre d’Algérie s’est déroulée de 1954 à 1962, nombreux sont ceux à se demander ce qui s’est passé, surtout les jeunes. Qu’est-ce qui a provoqué la guerre d’Algérie ?
 
Nous nous sommes posé la question : pourquoi les survivants de cette guerre la considèrent-ils comme un sujet « tabou » ?
Questions aux invités :
-         comment avez-vous vécu le début de cette guerre ?
-         quelles étaient vos pensées quand vous avez su que vous alliez combattre ?
Yasmine, Fella, Karen
 
 
     2 – Sur le vécu des soldats dans la guerre
Questions aux invités :
-         Avez-vous parlé avec votre entourage de ce que vous avez vécu en Algérie ?
-         Comment a été votre retour à la vie active ?
                                                                                                   Nassiba, Manon, Anaïs, Sophie
 
Voici un poème écrit par George Garié, un des invités. Ce texte est paru dans un recueil intitulé « La guerre d’Algérie ».
 
La colonne avançait sous un épais brouillard.
Un silence pesant courbait les silhouettes,
Au milieu des soldats, titubant, l'œil hagard,
Un fellah redoutait que la troupe s'arrête.
 
La veille, un court instant délaissant le maquis,
Il était arrivé pour embrasser sa mère
Au plus mauvais moment où paras et harkis
Bouclaient rapidement le village berbère
 
Sa présence en ces lieux était des plus étranges,
Seuls y vivaient encore des femmes et des enfants,
Aussi quelques vieillards, mais bien que ça dérange
Tous les hommes valides étaient morts ou absents.
 
Plaqué d'une main ferme le dos contre le mur,
Il regrettait très fort son envie malheureuse.
Constatant qu'aujourd'hui le lieu n'était pas sûr,
Qu'il risquait fort sa vie, sauf fuite périlleuse
 
Poursuivant leur mission d'action psychologique,
Les soldats exultaient d'avoir eu cette fois
La chance de trouver par un effet magique
Celui qui s'avérait une prise de choix.
 
La soirée se passa ainsi que d'habitude
A presser le suspect de questions et de coups.
Muet, il résistait, face à sa solitude,
Malgré tout le para en vint enfin à bout.
 
Puis au petit matin la décision fut prise :
Le jugeant encombrant, mal en point de surcroît,
Quelques rudes gaillards, dans cette brume grise
Allaient l'accompagner à la corvée de bois.
 
Une courte rafale déchira le silence ;
La face contre terre comme pour l'embrasser,
Le fellah est tombé étant le seul, je pense,
D’être de ses remords enfin débarrassé.
 
(Massif du Sidi Ali Bou Nab-Grande Kabylie - 1957)
 
Nous avons choisi de lire le poème « Corvée de bois » car c’est celui qui nous montre le plus de sentiments. Il nous fait comprendre ce qu’est la torture, il nous parle des interrogatoires et ici, l’interrogé se fait tuer à la fin.
 
3 - Et aujourd’hui : une association contre la guerre.
Nous allons parler de l'association 4acg : association des Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre. Cette association a été créée le 8 janvier 2004 à Albi. Quatre anciens appelés ont décidé de demander la retraite du combattant pour la réserver intégralement à des populations qui souffrent de la guerre ou à des organismes œuvrant pour la paix.
A travers cette association, les membres de la 4acg veulent montrer qu'aucun conflit ne peut se résoudre durablement par les armes, ils veulent nous faire prendre conscience de l'horreur de la guerre. Le désir de transmettre cette mémoire aux jeunes générations les a poussés dans cette démarche.
C'est pourquoi ils ont choisi de témoigner pour sensibiliser les jeunes aux dangers d'une obéissance aveugle à des ordres ou à des directives allant à l'encontre des valeurs humaines fondamentales, en se rendant dans les collèges, les lycées ...
 
Questions aux invités :
-         Pourquoi avez-vous choisi de faire cette association ?
-         Quelles sont les différentes actions réalisées par l'association ?
 
Baptiste, Ophélie, Lucas, Arnaud
 
4 - Quelques réactions d’élèves :
 
« J’ai trouvé cette rencontre passionnante car on a pu entendre plusieurs réactions face à cette guerre. On a pu voir à quel point cette guerre les a marqués à tous les quatre. Je trouve que c’est vraiment quelque chose de bien qu’ils veuillent faire partager leurs réactions avec des jeunes, cela nous montre qu’il ne faut pas suivre leur exemple. Ils l’ont dit eux-mêmes, si on se trouve dans une telle situation, il ne faut pas partir sur le champ de bataille. »
                                                                                                                                         Lucas
 
« Les invités étaient émus mais ils ont eu le courage de répondre à nos questions. J’ai trouvé cette rencontre formidable, je voulais en savoir plus sur cette guerre car je suis d’origine algérienne. Cette rencontre a été enrichissante. »
                                                                                                                                          Fella
 
« Les trois anciens appelés nous ont dit qu’au début de la guerre, ils n’étaient pas contre mais au fur et à mesure, ils ont donné raison aux résistants algériens. Cet échange nous a beaucoup apporté, autant à nous qu’à eux, pour eux expliquer cette guerre, pour nous la comprendre. »                                                     
 
                                                                                                                                        Yasmine                                      
 
« Cette rencontre… je ne sais pas comment la décrire en un mot.
Impressionnante car il y avait beaucoup de monde, dans la salle polyvalente, avec des micros, une réalisatrice, les élèves de terminale, deux radios, les camarades et leur stress devant tout le monde.
Emouvante, lorsqu’un des appelés s’est mis à pleurer mais aussi parce que ces grands-pères, il faut le dire, venaient expressément pour nous parler de choses qui les faisaient souffrir, qui avouaient devant nous ce qu’ils avaient fait : la guerre.
Troublante, car je ne cessais d’imaginer mon grand-père à leur place, assis devant 80 personnes, avouant que pour lui la torture avait fini par se banaliser (même si mon cher papi ne m’a jamais parlé de la guerre et que je n’ai jamais abordé le sujet) et je n’ai pas cessé d’imaginer ce qu’ont pu ressentir les trois soldats, de me mettre à leur place, à chacun des moments de leurs récits. Je suis repartie avec un drôle de sentiment glacé au fond du ventre (mais c’était sûrement le stress).
Je pense que l’action de la 4acg est nécessaire autant pour récolter des fonds que pour nous sensibiliser, ainsi nous ne commettrons pas les mêmes erreurs, nous sommes « prévenus ». »
                                                                                                                                  Marie
 
« J’ai bien apprécié cette rencontre avec ces messieurs qui sont très intéressants et émouvants à la fois. Ils nous expliquent ce qui s’est vraiment passé, chacun à leur tour car ils n’ont pas vécu la même chose. Chacun a une version différente selon l’âge qu’il avait et où il était à ce moment-là. »
                                                                                                                                   Karen
 
« Je trouve que cette rencontre avec les intervenants, anciens soldats ou réfractaire de la guerre d’Algérie a été très instructive pour nous. C’est vrai qu’on parle très peu de la guerre d’Algérie qui n’était pas vraiment considérée comme une guerre. Désormais nous en savons davantage. On comprend que ça a dû être très dur et qu’ils le garderont à vie. »
                                                                                                                                 Sophie
 
« La torture a été un sujet dont ils ont beaucoup parlé. Cela était très émouvant et difficile à raconter pour eux. Cependant, ils ont eu le courage de nous en parler et de raconter leurs mésaventures. Ensuite, ils ont aussi évoqué le retour en France. D’après eux, personne ne voulait les écouter, même leur famille. Ils n’ont parlé de la guerre que 50 ans après leur retour.
Pour nous, cela a été très intéressant et nous avons pu savoir la vérité sur ce qui s’est passé lors de ce qu’on appelait les « événements d’Algérie ». »
                                                                                                                                  Louise
 
 
« Cette rencontre avec ces quatre hommes remplis de courage n’a pu que nous enrichir. La leçon qu’il faut en tirer, c’est de toujours faire ce que l’on trouve juste et non ce que l’on oblige à faire. Il y a même eu un réfractaire, qui a payé cher cette décision en allant en prison. Mais ce que je retiendrai le plus, c’est la scène de torture avec les chocs électriques dans une baignoire décrite par un soldat y ayant participé. Ce qui m’a plu avant tout, c’est qu’ils assument leurs actes et qu’ils osent en parler devant des inconnus comme nous. Ils ont eux aussi su apporter des arguments sur les raisons de leurs agissements tels que l’engouement (les autres le faisaient alors eux aussi) et la vengeance. »
                                                                                                                                   Baptiste
 
 
« Les quatre intervenants ont parfaitement répondu à nos questions, c’est ce qui m’a fait plaisir (car il y avait des questions difficiles, par exemple : « Avez-vous participé à la corvée de bois ? »). Lorsqu’un des intervenants a lâché des larmes à cause d’un souvenir qu’on voudrait vite effacer de notre mémoire (si nous avions été à sa place), cela m’a fait de la peine. De plus, je trouve excellent le fait qu’ils utilisent l’argent qu’ils touchent par rapport à cette guerre de façon généreuse et pour aider les Algériens. La guerre d’Algérie a été un moment difficile pour les Français et surtout pour le peuple algérien. Ma grand-mère a été mariée à un homme qui est mort pendant cette guerre en laissant derrière lui des enfants… puis elle s’est mariée avec mon grand-père qui lui aussi y a participé. Ce que je retiens de cette rencontre est que, comme l’a dit l’un des intervenants, notamment le réfractaire, il faut savoir désobéir aux choses injustes. »
                                                                                                                                        Nassiba
5 - Prolongements :
Dans la mémoire de la guerre d’Algérie, on parle peu du point de vue algérien alors qu’il est aussi important que le point de vue français pour comprendre cette guerre.
 
 
En février 2011 paraît un récit autobiographique écrit par Gérard Kihn, l’un de nos invités. Voici ce qu’il en dit :
« J'ai écrit un témoignage sur la guerre d'Algérie qui a duré de 1954 à 1962. Comme beaucoup de jeunes gens je me suis retrouvé sous l'uniforme en Algérie d'octobre 1957 à octobre 1959.
Mon témoignage est sans complaisance et je relate les faits tels que je les ai vécus. Pour la majorité d'entre nous, ces témoignages que l'on a voulu garder enfouis au fond de notre mémoire resurgissent malgré le temps qui passe et la volonté d'oublier. Témoignages de honte, de
 

colère et d' indignation, de violences et de peurs. A vous de juger. »

 
Titre de l'ouvrage- Algérie: Le sang des autres
Auteur: Gérard Kihn
 
Editions Empreinte  
10, Bd de l'Europe
BP 9
31122 Portet sur Garonne
Site:

www.empreinteditions.fr

 

 
Vous pouvez le trouver ou le commander dans les librairies au prix de 19,50 €, ou sur le site ci-dessus.
 
Si vous avez des difficultés à le trouver, vous pouvez contacter directement l’auteur :
05 61 73 45 10
7 Allée du Cantou – 31320 Auzeville  
Courriel : kihngerard[arobase]aol.com (kihngerard[arobase]aol.com)
 
 

 

Cet article peut être prolongé par des recherches documentaires, des questions aux proches, des débats, etc. La guerre d’Algérie reste une question très sensible et il est souvent difficile pour ceux qui l‘ont vécue d’en parler. Il convient donc d’approcher ce thème avec prudence, car les passions et les blessures ne sont pas éteintes. Cela ne signifie pas pour autant qu’il faut ne pas s’y intéresser…

 

 

 

 

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En Chantier n°18. Inventaire des thèmes en 6°

 
INVENTAIRE DES THÈMES ET NOTIONS À ABORDER
Typologie des compétences
info-documentaires en 6ème
 
Un article deVéronique Nagiel, documentaliste au collège de Koumac (Nouvelle Calédonie-Nord)
        
Les nouveaux réseaux numériques dans l’éducation font exploser la notion de document, d’information. Les missions des documentalistes deviennent stratégiques : l’information est une haute valeur ajoutée qui répond aux normes des établissements scolaires en prenant en compte la notion incontournable d’éducation à l’information, de culture de l’information, du droit des usagers d’accéder à une information fiable, valide, reconnue d’intérêt pédagogique. La maîtrise de l’information est liée aux droits d’auteurs et aux droits des usagers selon la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen. Autant d’éléments à prendre en compte.
 
Un long article que nous sommes obligés de couper : les pages consacrées à la 5ème, 4ème, 3ème, seront publiées dans les prochains numéros de En Chantier.
 
Plan de l’article :
 

I – Du bon usage de l’information au collège. 

II - Etude de l’information : supports documentaires, livres, droits de l’information

A - Préambule – objectifs
B - Supports documentaires
C – Construction de l’information
D - Droits de l’information
E – La lecture
F - Les technologies de l’information et de la communication
G – La recherche d’information et le B2I
H – Les médias
                - Etude de l’information journalistique : la construction de l’information
                - Etude de l’image
                - Découverte de la presse écrite
 
I - Méthodologie pour analyser l’image
 
 
I – Du bon usage de l’information au collège. 
       
        L’information se trouve sous toutes ses formes, papier, magnétique, électronique, numérique. Les nouveaux réseaux numériques dans l’éducation font exploser la notion de document, d’information, qui peut être traitée de nombreuses manières par les usagers, avec des paragraphes, des différents caractères, des couleurs, sous formes carrés, rectangulaires,… l’information est en ce sens une denrée banalisée qui est sans cesse en construction. Dans les CDI, les documents sont utilisés par les différents publics concernés, les usuels (dictionnaires, encyclopédies), les documentaires, les romans, les contes, les albums, les bandes-dessinées pour écrire, se documenter, produire d’autres documents (en terme bibliothéconomique, des documents tertiaires), pour favoriser les apprentissages liés aux différents supports d’information, du livre au document électronique, pour sensibiliser les différents publics à l’écriture, aux droits de l’information et aux droits d’auteur.
       
Les missions des documentalistes deviennent stratégiques : l’information est une haute valeur ajoutée qui répond aux normes des établissements scolaires en prenant en compte la notion incontournable d’éducation à l’information, de culture de l’information, du droit des usagers d’accéder à une information fiable, valide, reconnue d’intérêt pédagogique. La maîtrise de l’information est liée aux droits d’auteurs et aux droits des usagers selon la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen. Les usagers, élèves et enseignants s’approprient des données pour les exploiter et les reproduire : ils sont usagers et auteurs selon le code de la propriété intellectuelle et en vertu des règles citoyennes, d’une éducation aux valeurs du respect des productions écrites, orales, voulues par l’école de la République. Ainsi, les CDI sont devenus des systèmes d’information accessibles par les usagers avec des espaces qui ne sont pas figés donc en perpétuelle évolution.
 
        Les textes officiels depuis l’introduction des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans l’enseignement (TICE) à commencer par les espaces numériques de travail (conférence de presse de Luc Ferry du 1er septembre 2003), le Brevet Informatique et Internet (BOEN 23/11/2000), « la maîtrise de l’information » (BOEN 09/2005), « la culture de l’information » (sous la direction de Jean-Louis Durpaire ) publié par le SCEREN-CNDP en 2006, l’exploitation et le traitement de l’information présentée dans la partie 4 du Socle commun de connaissances et de compétences (Décret du 11 juillet 2006), définissent les compétences à acquérir dans les domaines info-documentaires de manière précise, mais aucun bulletin officiel ne permet de donner des programmes comme point de repère aux élèves, aux enseignants et aux professeurs documentalistes.
       
Une forte demande des différents publics, élèves et enseignants entraîne la question citoyenne incontournable, liée aux priorités du ministère de l’Education Nationale de mettre en place un référentiel officiel des compétences à acquérir par les élèves en Documentation de l’école primaire à la Terminale.
La typologie des compétences à acquérir en 6ème est présentée ci-dessous. Celle-ci ne se veut pas définitive mais évolutive en fonction des avancées des nouvelles technologies de l’information et de la communication.
 

II - Etude de l’information : supports documentaires, livres, droits de l’information.

 A - Préambule – objectifs
        La notion d’information est abordée dès la 6ème en continuité avec l’école primaire mais de manière plus ciblée. La société dite «de l’information» fait exploser la notion de document qui peut prendre des formes de plus en plus élaborées et de moins en moins «tactiles». Le document se transforme, devient «transparent» ce qui remet en cause la notion fondamentale de source et de support d’information.
        Il apparaît nécessaire de sensibiliser les élèves à la notion de support pour leur permettre de rentrer dans le domaine de la culture de l’information, pour mieux appréhender les risques et les dangers de l’information électronique, pour leur apprendre à maîtriser l’information.
 
B - Supports documentaires
       En 6ème la notion de support est abordée par le contact, l’appropriation de l’objet documentaire. L’élève découvre le document – dictionnaires, encyclopédies (supports papier usuels), documentaires, romans, contes, albums, bandes-dessinées, pièces de théâtre, poésies, périodiques (revues, magazines), supports en ligne (articles, documentaires photographiques ou cinématographiques, périodiques, dossiers), supports optiques (vidéogrammes, diapositives), supports magnétiques (cédéroms, DVD). Il apprend à les exploiter comme il l’entend, de manière libre, à jongler avec les différentes formes de présentation.
        Cette approche est à mettre en relation d’une part avec le programme d’Histoire de 6ème et la naissance de l’écriture, ainsi qu’avec l’apparition du livre avec la première Bible dans un souci de conservation de l’information. Elle doit permettre d’aborder la notion de transmission de l’information par l’Homme et de transmission de la connaissance dans un souci de démocratisation du savoir.
       - Le travail en interdisciplinarité avec le professeur d’Histoire et le professeur documentaliste permet la mise en place de nombreux apprentissages, de la naissance de l’écriture jusqu’à l’apparition du livre.
     
 C – Construction de l’information
        Le livre est défini dans sa mise en forme et c’est la notion de support qui est valorisée et celle de celui ou de ceux qui l’ont élaboré : le ou les auteurs. On s’intéresse ainsi à la place des auteurs dans le livre, la place du titre, des sous-titres si il y en a, l’éditeur ou les éditeurs, l’endroit où se trouve le dépôt légal, la table des matières, le sommaire, l’index, le glossaire, le lexique, le nombre de pages, la qualité du papier, l’odeur.
        La notion de collection est abordée car c’est elle qui permet la constitution du fonds documentaire du CDI qui fait partie du patrimoine de l’établissement. Cette notion de collection va dans le sens de la conservation des supports et des documents dans un souci de classification des connaissances et dans un but humaniste.
         La notion de collection peut être vue avec un professeur de Lettres en interdisciplinarité pour permettre aux élèves de connaître la notion de genre littéraire (cf. Programmes de Lettres BOEN n°6 du 28/08/2008) : « les lectures conduites en classe permettent d’initier aux mythes, contes et légendes, aux textes fondateurs et aux grandes œuvres du patrimoine. Elles sont aussi associées au travail sur le lexique et à la découverte des formes et des genres littéraires ». La notion de classification est vue sous tous ses aspects, classification des différents domaines de la connaissance – policier, sentimental, fantastique, aventure, historique, les élèves créant eux-mêmes leurs propres classifications dans le CDI.
 
D - Droits de l’information
        Les droits de l’information sont liés à ceux de l’objet documentaire, au support d’information, au droit de conserver des documents dans un souci de transmission des connaissances. Les droits de l’information sont en relation avec les droits de l’Homme et du citoyen, des auteurs selon la loi du 11 mars 1957 et du code de la Propriété intellectuelle L-112-1 et L. 112-2. Les droits de l’information sont abordés dès la 6ème par une sensibilisation aux supports documentaires, à leurs mises en forme, à la mise en scène de l’information par les professionnels de l’information, éditeurs, médiathèques, réseaux spécialisés de librairies jeunesse, musées, établissements scolaires.
        Les droits de l’information vont dans le sens d’une éducation à la diversité et au pluralisme (décret n°2007-474 du 28 mars 2007) et de la circulaire n°2005-135 « les nouvelles technologies d’information et de communication » (circulaire du 09/09/2005) :
«L’Education Nationale contribue naturellement à ce projet gouvernemental d’une société de l’information pour tous qui nécessite un effort éducatif ambitieux. Son rôle est de dispenser à chaque futur citoyen la formation qui, à terme, lui permettra une utilisation raisonnée des technologies de l’information et de la communication, de percevoir les possibles limites des traitements informatisés, de faire preuve d’esprit critique face aux résultats de ces traitements, d’identifier les contraintes juridiques et sociales dans lesquelles s’inscrivent ces utilisations ».
       Le «Rapport d’information» de M. David Assouline (rapport n°46 – 2008-2009) définit le passage du livre imprimé aux nouveaux médias comme une priorité pour revaloriser les compétences du droit de l’information en «motivant les élèves, en consolidant leurs capacités d’analyse, en renforçant leur engagement citoyen».
       La notion de droit sur Internet est renforcée par le grand nombre de documents mis en ligne : œuvres littéraires, graphiques, musicales, architecturales, images, photographies, articles de presse, logos, logiciels, documentation technique, écrits scientifiques, conférences, publicités, cours, etc.
       En 6ème, cette notion est abordée par la découverte du support, la place de l’auteur dans ce support, son rôle, les droits d’auteurs et les droits des usagers qui accèdent à l’information.Le droit moral et les droits patrimoniaux ne sont pas définis entièrement mais seulement abordés.
        La recherche de sites sur les droits d’auteur peut aider à cela, avec des séquences d’apprentissages : «brevet du surfeur», quizz, questionnaires, charte des droits du citoyen à l’heure de l’information électronique, charte des droits de l’information électronique…
        Le travail d’écriture est aussi une priorité : écriture de contes, d’albums pour la jeunesse par les élèves qui peuvent par exemple participer à des concours d’écriture. Ce travail permet aux élèves qui deviennent auteurs de connaître leurs droits d’auteurs, le rôle de l’auteur dans un support papier, électronique (Internet), optique (cédéroms), et la fonction du livre, du document en ligne, du document multimédia.
        Ce travail d’écriture peut être réalisé en interdisciplinarité avec d’autres enseignants de Lettres, d’Histoire, en relation avec la maîtrise du document, ou dans un club allant dans le sens des textes officiels « La maîtrise de la lecture et de l’écriture », du socle commun des connaissances et des compétences (décret du 11 juillet 2006), « Préparation de la rentrée 2008 » (BOEN n°15 du 10 avril 2008).
 

E – La lecture
La lecture peut être définie comme le décodage de l’information par un usager, l’identification des mots permettant la compréhension d’un document, l’appropriation du document. Le décret du 11 juillet 2006 « Le socle commun des connaissances et des compétences » et le BOEN n°3 du 18 janvier 2007 « Préparation à la rentrée 2007 » rappellent les principes définis par la circulaire « Apprendre à lire » et par les modifications des programmes du 24 mars 2006 en matière d’enseignement de la lecture :
« Par la familiarisation avec des livres adaptés à son âge, l’élève étendra sa culture et donnera plein sens à la lecture par laquelle il apprendra à accéder au savoir de manière autonome ».
La lecture de l’information permet à l’usager de prendre en compte la mise en scène de l’information : la typographie employée par le ou les auteurs, les mots choisis, les couleurs, les illustrations. Le XXIème siècle est celui de l’information électronique et les élèves apprennent à lire en se familiarisant avec tous les supports, papiers, magnétiques, électroniques, à prendre un recul critique vis à vis de l’information pour la maîtriser.
La lecture du document électronique sur Internet favorise l’appropriation de certains repères qui représentent une priorité dans une société où l’information peut être transformée à souhait par n’importe quel usager, remettant en cause la notion de validité et de fiabilité des sources. L’élève doit acquérir par la lecture une culture que l’environnement social et médiatique ne permet pas de construire.
«Le socle commun des connaissances et des compétences» prévoit au titre de la culture humaniste  (pilier 5) que tout au long de la scolarité, au collège, les élèves soient préparés à partager une culture européenne par une connaissance des textes majeurs de l’Antiquité (L’Iliade et l’Odyssée, les récits de la fondation de Rome, la Bible).
Des séances autour du livre sur la notion de support, de contenu et d’auteurs sont mises en place au centre de documentation et d’information. Ils peuvent prendre plusieurs aspects : « table ronde », de lecture en groupe ou de manière autonome, présentation d’un auteur ou d’un titre que l’élève ou le groupe d’élèves a choisi, lecture d’album, de contes, etc.
Ce travail sur la lecture peut être pratiqué en interdisciplinarité avec le professeur de Lettres, d’Histoire Géographie pour aborder par exemple les notions de «lecture analytique» et de «lecture cursive».
     Enfin, les élèves peuvent être amenés à écrire des textes, des contes, à élaborer des albums pour la jeunesse dans le cadre de clubs ou lors de séances d’apprentissage au CDI.
 
F - Les technologies de l’information et de la communication
        Les nouvelles technologies de l’information peuvent être définies comme une transformation du document qui peut se présenter avec du texte, de l’image, de la photographie, du son. Cette évolution de la mise en forme de l’information remet en cause la notion de document Il apparaît alors nécessaire d’apprendre aux élèves à rechercher l’information, la sélectionner, la traiter pour la communiquer.
        Les documents sélectionnés par les élèves auront été ciblés en amont par l’enseignant-documentaliste après un travail en collaboration avec le professeur de discipline. Pour la 6ème, les documents doivent être courts, avec des mots simples que les élèves peuvent lire, exploiter, imprimer pour élaborer un travail écrit ou oral en fonction de l’enseignant de discipline.
         La notion de «mot-clé» est capitale puisque les élèves apprennent à manipuler la langue française, à utiliser les mots de toutes les manières possibles pour définir une équation de recherche. La définition des mots-clés va dans le sens de «la maîtrise de la langue» : Les élèves apprennent à comprendre un sujet demandé par leur professeur, à définir des mots en fonction de ce sujet et à écrire, à créer une équation de recherche, à prendre un recul critique vis à vis d’un thème donné.
 
G – La recherche d’information et le B2I
        La recherche d’information s’effectue à partir d’Internet à partir de moteurs de recherche tels que Google, Exalead en mode simple. Le logiciel documentaire BCDI élaboré par les spécialistes et les scientifiques en Sciences de l’information du CNDP permet aux élèves d’apprendre à rechercher l’information en mode simple ou en mode de recherche thématique.
        La recherche d’information permet aux usagers de savoir se repérer dans un dédale informationnel, de décoder des documents en tenant compte de différents paramètres qui les constituent (titres, paragraphes, mots sélectionnés par le ou les auteurs, couleurs, images, etc.) et de les exploiter.
        La maîtrise de l’information est définie dans le quatrième point du « Socle commun des connaissances et des compétences » : «La culture numérique implique l’usage sûr et critique des techniques de la société de l’information. Il s’agit de l’informatique, du multimédia et de l’internet, qui irriguent tous les domaines économiques et sociaux».
La maîtrise des techniques de l’information et de la communication est développée en termes de capacités dans les textes réglementaires définissant le B2I :
 

-   s’approprier un environnement informatique de travail,

 

 

-   créer, produire, traiter, exploiter des données,

 

 

-   s’informer, se documenter,

 

 

-   communiquer, échanger.

 

Le B2I (BOEN 23/11/2000) définit les compétences liées à la maîtrise de l’information :
«Son rôle est de dispenser à chaque futur citoyen la formation qui à terme le mettra à même de faire des technologies de l’information et de la communication une utilisation raisonnée, de percevoir les possibilités et les limites des traitements informatisés, de faire preuve d’esprit critique face aux résultats de ces traitements, et d’identifier les contraintes juridiques et sociales dans lesquelles s’inscrivent les données».
 
H – Les médias
 
- Etude de l’information journalistique : la construction de l’information.
        «La presse, la radio et la télévision sont de puissants moyens qui ont rendu le public plus exigeant en matière d’information sur le fonctionnement des grands services publics. L’Education Nationale ne peut échapper à de telles nécessités» (circulaire du 15 septembre 1972)
        L’information par les médias : télévision, radio, presse écrite, fait partie d’une organisation de sélection et de diffusion des documents par des professionnels, des journalistes, qui communiquent des faits, des événements pour familiariser les publics à leurs environnements. «Informer» provient du latin «formare» qui signifie «mettre en forme», un fait, un événement. En ce sens, l’information mise en forme dans les supports, journaux, documentaires papier, documentaires filmés, procède d’une construction.
«L’éducation au média» apparaît incontournable à l’heure des nouvelles technologies de l’information et de la communication, puisque l’information qui est diffusée sur les réseaux peut être transformée, utilisée à souhait, falsifiée.
        Une étude des journaux papier, télévisés ou en ligne permet aux élèves d’être sensibilisés au métier du journaliste et à la manière dont un journal est élaboré.
        Les différents modes de traitement de l’information, la recherche, la sélection, la rédaction, la mise en forme de l’information doivent favoriser chez les élèves, journalistes en herbe, de prendre un recul critique vis à vis des documents vus par les journalistes.
        L’étude de la mise en scène d’un fait, d’un événement, est un apprentissage citoyen lié aux droits des usagers d’être informés sur l’actualité, pour prendre part à la vie sociale, économique, politique, et culturelle et pour construire leurs identités.
 
        «La semaine de la presse et des médias dans l’école» est mise en place par le CLEMI chaque année pour permettre aux écoles et aux établissements scolaires de poursuivre leur éducation traditionnelle et leur instruction en restant ouverts sur le monde environnant» (circulaire du 1/10/2008). La lecture des programmes scolaires sous l’angle de l’éducation aux médias (école primaire, collège, lycées techniques et d’enseignement général) définit l’éducation aux médias comme une priorité.
         En 6ème, l’étude des médias est abordée par la découverte des différents supports, presse écrite, revues, magazines, journaux en ligne. Certains journaux sont très appréciés du public tels que «Les clés de l’actualité junior» (http://www.lesclesjunior.com/), «le Monde des ados» (http://www.le-monde-des-ados.fr/), «le journal des enfants», http://www.jde.fr/, «Le petit quotidien»
 
 

- Etude de l’image

 

        L’étude de l’image fait partie des textes officiels (Programmes de Lettres, programmes d’Histoire et Géographie, BOEN spécial n°6 du 28 août 2008) :
            - «Ces deux capacités (analyse de documents et maîtrise de l’expression orale et écrite) concernent toutes les parties du programme». Dans l’analyse des documents, les manuels scolaires d’Histoire définissent l’analyse des documents photographiques, des documents avec des images, des textes.
            - «L’image fixe ou mobile constitue pour l’enseignement en général et pour l’enseignement du français en particulier, une ressource précieuse à plus d’un titre : en fournissant à l’élève des représentations du monde passé et présent, elle contribue efficacement à la constitution de sa culture et de son imaginaire ; elle favorise l’expression des émotions et du jugement personnel, elle peut en outre consolider l’apprentissage des méthodes d’analyse ».
         L’image fixe ou animée est étudiée en tant que support documentaire, support photographique, support filmique sur lesquels sont imprimées des informations vues par un ou plusieurs auteurs. C’est cette notion de support qui doit rester une priorité pour décoder les différents messages véhiculés par les documents, et pour permettre aux élèves de prendre un recul critique vis à vis de l’information dans un souci méthodologique.
         L’approche de l’analyse de l’image prend appui sur les documents des manuels scolaires d’Histoire, de Géographie, de Français en fonction du choix du document lui-même, des couleurs, des formes, des techniques de mise en forme des informations. L’éducation à l’image en tant que support doit permettre aux élèves de s’interroger sur ce qu’ils voient, ce qu’ils observent, avant de définir le message et sa fonction.
        L’étude de l’image favorise le travail en équipe, en interdisciplinarité avec les professeurs d’Histoire-Géographie, de Lettres. Par exemple, l’étude des différentes représentations d’Ulysse vues par les auteurs (photographes, scientifiques, archéologues) et la définition d’Ulysse dans les manuels scolaires d’Histoire et de Lettres, afin de définir les différentes formes de forces de l’image, son rôle à la période de l’Antiquité, pour informer les citoyens, pour les influencer (danger de la propagande politique dans la cité), pour communiquer.



 

- Découverte de la presse écrite

 

Cette découverte peut se faire de différentes manières :
         - Par appropriation du support papier, qualité du papier, odeur, taille, définition de la mise en scène, mise en forme de l’information : taille des caractères, couleurs, typographie, paragraphes, sauts de ligne, etc.
         - Par l’étude du lexique spécialisé : titre, gros-titre, accroche, document, gros plan, journaliste, journal, périodique, fait, événement, etc.. .
         - Par comparaison entre le journal papier et le journal en ligne.
         - Pour permettre aux élèves de «maîtriser la lecture et l’écriture des journalistes», des clubs d’écriture sont créés, débouchant sur des journaux de collège, sur papier, en ligne sur le site de l’établissement, etc.
 
 

I - Méthodologie pour analyser l’image :

 

- Etude du support d’information : photographique, filmique (vidéogrammes, cédéroms, DVD), et ses fonctions (par exemple le manuel scolaire, mais aussi le documentaire, les usuels, optiques, magnétiques).
 
- Démarches : l’image est un langage codé qui permet aux hommes de communiquer depuis les origines. On sélectionnera des supports au choix, en fonction de leurs différents usages : par exemple image d’illustration d’une définition dans un dictionnaire (usuel), image pour définir de manière scientifique une espèce, des phénomènes liés à la pollution et aux actions de l’homme sur son environnement, dans des documentaires papier, films...
        
- Capacités :
           - connaître et utiliser les supports d’information où l’image est imprimée, et connaître   les fonctions de l’image dans les différents supports : image d’illustration, image documentaire, image scientifique, image en 3D.
           - Décrire la fonction d’une image dans un support.
           - Expliquer le rôle de l’image, support d’information pour transmettre des informations et communiquer.
 
 
 
 

 

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En Chantier n°18. Les Dits de Mathieu (II)

Célestin Freinet et les Dits de Mathieu (II)
 

Extraits du livre de Célestin Freinet « LES DITS DE MATHIEU » : « Aller en profondeur » et « le travailleur homme »
 
 
 

Article proposé par Annie Dhénin

           
Allez, encore deux petits passages des Dits de Mathieu (voir aussi En Chantier 17). En ce début d’année scolaire, il est bon de se replonger dans ces petits textes qui nous parlent de pédagogie en termes simples et directement accessibles. Un plaidoyer pour donner le temps à l’enfant d’installer ses racines, et un autre qui appelle à ne pas négliger la culture : l’apparent superflu peut être le terreau de demain. Décidément, Célestin Freinet reste d’une brûlante actualité…
 
 
I – Aller en profondeur
II – Le travailleur homme.
 
 
 
 
ALLER EN PROFONDEUR (p.143)
 
L'apprenti jardinier s'enorgueillissait de ses melons qui poussaient, vigoureux et drus, dans des vasques aménagées en lignes régulières qu'il alimentait richement en eau et en fumier.
Oui, mais que deviendront vos melons quand ils auront utilisé l'engrais généreux, ou qu'apparaîtra la sécheresse ? Vous les verrez alors végéter et s'étioler avant d'avoir donné leurs fruits, parce que, habitués à vivre paresseusement sur votre apport, ils sont incapables d'affronter par eux-mêmes les complexités de la vie.
Disposez donc fumier et eau dans une rigole entre les lignes, à quelque distance des plants. Pour vivre, le jeune melon sera contraint de lancer ses racines tâtonnantes à la recherche de la nourriture ; il développera ses radicelles, les enfoncera, les fortifiera jusqu'à atteindre la zone grasse, et généreuse. Et si votre aide fait défaut, ces mêmes racines iront chercher dans les profondeurs du sol la vie qui gonflera et mûrira les fruits.
Combien de parents, combien de pédagogues, pratiquent comme l'apprenti jardinier ! et accumulent là, à la portée de l'enfant, la nourriture toute prête à ingérer : manuels abondants et riches, explications et leçons concentrées en synthèses indigestes, devoirs soigneusement rationalisés pour éviter aux jeunes pousses tous efforts inutiles.
Et l'élève, en effet, paraît cossu et fort. Mais que l'abandonnent les formules scolastiques, que la vie pose ses vrais problèmes, que n'avait point prévus l'Ecole, que le travail exige des connaissances que n'a point préparées un laborieux tâtonnement, le plant se dégonfle et se flétrit pour ne produire que ces fruits secs qui tombent lamentablement aux premières chaleurs. Laissez l'enfant tâtonner, allonger ses tentacules, expérimenter et creuser, enquêter et comparer, fouiller livres et fiches, plonger sa curiosité dans les profondeurs capricieuses de la connaissance, à la recherche, ardue parfois, de la nourriture qui lui est substantielle. Cela n'ira pas toujours sans pleurs ni grincements de dents. Quand tomberont les échafaudages, la maison sera déjà solide et puissante ; quand l’abandonnera la chaleur du foyer, le petit homme pourra affronter la vie avec maîtrise et décision. L'arbre portera ses fruits.
 
 
LE TRAVAILLEUR HOMME (p.144)
 
Le berger est berger du moment qu'il sait devancer ou suivre ses bêtes et assurer les gestes qui permettent au troupeau de brouter dans la paix et la sécurité. Mais s'il peut, de plus, réfléchir par delà les gestes automatiques, s'il acquiert expérience et sagesse à ce long et solitaire commerce avec lui-même, ou si, extériorisant davantage ses préoccupations, il scrute et étudie le ciel, les nuages, la vie des plantes et les mœurs des animaux jusqu'à y devenir expert, ou si, plaçant sa joie de créer à la pointe de son couteau, il grave du buis ou creuse des écorces, alors il fait un pas plus ou moins conséquent vers la culture. Il devient le Berger Homme.
Notre épicier compte et pèse et livre à point voulu les articles qu'on lui demande. Nous ignorions qu'il fût illusionniste. Qui lui a enseigné les secrets du prestidigitateur et les vertus de la poudre de perlimpinpin ? Le soir, sa journée finie, il s'exerce à un art qui, pour lui, déborde et dépasse son métier, à une activité apparemment gratuite en ce sens qu'il n'en retirera pas un bénéfice pécuniaire, mais qui est déjà sa culture, qui par delà sa fonction sociale d'épicier le fait atteindre à la valeur éminente de l'Epicier Homme.
Notre voisin a fort à faire pour tailler ses pêchers et sauver ses serres d'œillets. Il s'applique, certes, à être un jardinier expert. Mais les jours de pluie, derrière les vitres à demi cachées sous les treilles nues, il dessine et peint, et le dimanche, il part avec son chevalet en quête de couleurs et de vie. C'est cela sa culture : ce souci de création et d'élargissement qui fait de lui le Jardinier Homme.
Que vos enfants apprennent les gestes, les signes et les mécaniques exigés par leur fonction d'écolier, et plus tard, par leur rôle d'employés, de paysans ou d'ouvriers, c'est une nécessité comme celle qui commande au berger de soigner son troupeau et au jardinier de produire fruits et fleurs dignes de son intelligence et de son sens social. Mais qu'ils ne se contentent pas d'être des écoliers. Qu'ils débordent déjà leur métier pour accéder aux pensées, aux gestes et aux actes qui ne sont peut-être pas d'une utilité immédiate, qu'ils ne pourront peut-être jamais monnayer mais qui n'en seront pas moins un aspect exaltant d'une exigence de culture qui est le signe noble de l'éducation au service de l'Homme.
 

 

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En Chantier n°18. Promenons-nous autour des lacs (le milieu naturel et les hommes)

Promenons-nous
autour des lacs

(le milieu naturel et les hommes)
 

Un article de Marjolaine Billebault

Les 21 et 22 Mai 2011, la rencontre régionale du Sud-Est a eu lieu à Saint-Auban, dans l’arrière-pays de Grasse (06). Le thème en était : les sorties scolaires, avec pour objectif de préparer des panneaux d’exposition et une animation pour le congrès ICEM de Villeneuve d’Ascq. Nous nous sommes donc divisés en groupes pour observer le milieu.
Notre équipe de trois retraitées (2è degré, maternelle et AIS) a choisi de se mettre dans la peau d’élèves à la découverte des lieux proches depuis le gîte. Un lieu en apparence anodin peut être riche d’observations et de découvertes pour peu qu’on prenne le temps d’observer, d’interroger… L’article est issu de notre panneau d’exposition.
 
  
1 : Ce qu'on a vu et ce qu'on a appris par enquête sur place auprès des promeneurs.
Observons le site : une vallée dans les bois et quatre petits lacs à 1050m d'altitude,alimentés par une source.
 
 Le lac amont
 
La source
 
Faisons le tour : Nous notons la présence, au fond de la vallée, de la remontée mécanique d'une ancienne station de ski (elle ouvre encore à la journée quand la neige est abondante).
 
 
Ces lacs furent creusés par l'homme.
A quoi servent-ils ? Une pêche à la truite sur les deux lacs en amont depuis 2002, tenue par un particulier, et un parc de loisirs municipal sur les deux autres.
L'activité pêche est assurée par l’achat d'alevins et la reproduction naturelle, mais le propriétaire signale un problème de braconnage de nuit.
Nous observons les poissons.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Nous observons les pêcheurs, des insectes sur l'eau, des têtards sur le bord du lac.
 
 
 
 
  
 
Nous nous intéressons aussi aux plantes, nombreuses et en fleurs en cette journée de printemps.
 
 
 
 
 
 
 
Il y aura bientôt des fraises des bois
 
 
 
 
 
 
 
Les deux lacs publics offrent de nombreux attraits pour les promeneurs avec, déjà, la présence des canards sauvages (colverts) qui se sont installés et ne migrent plus : ils sont nourris par les promeneurs, et disposent d’abris construits par les enfants du centre de loisirs, sur une île au milieu du lac.
 
On note aussi l’aménagement de terrains de jeux pour enfants et de sport (tennis, basket, volley, boulodrome, acrobranche), la présence de tables de pique-nique.
Nous apprenons en interrogeant des promeneurs que :
- les canards se reproduisent mais les renards font une sélection naturelle.
- les arbres de la forêt, des pins sylvestres, ont remplacé les cultures passées (lavande)
- la faune locale est essentiellement composée de sangliers, chevreuils, chamois, cerfs chassés par l'homme. Dans les lacs on trouve vairons, truites et carpes.
- l'eau des lacs va dans un 5éme lac situé dans le jardin d'une maison privée puis dans la rivière l'Estéron.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

2 : Prolongements de la sortie
Il reste des questions que nous nous sommes posées, dont la réponse serait trouvée par des recherches documentaires :
* Informations sur les dates concernant la création des lacs par l'homme et le passage des cultures à la forêt,
* La reproduction des poissons,
* La flore rapportée et les noms des arbres présents autour des lacs,
* Les insectes,
* Qu'est-ce qu'un tachidrome ? (mot lu sur une cabane pour l'animation d’activités d’été)
 

Transmission au groupe et à l'extérieur :

 

Dans notre cas, un panneau d’exposition et un article.

 

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