Pour la Révolution à l'Ecole

Octobre 1920
L'Internationale de l'Enseignement
Pour la Révolution à l'Ecole
 
Notre congrès de Bordeaux a été avant tout un congrès politique, très intéressant, certes, et peut-être nécessaire. Mais nous n'avons pas su y montrer que nous étions instituteurs. Nous nous sommes posés en syndicalistes révolutionnaires, mais jamais en instituteurs révolutionnaires. Et là est pourtant la voie infaillible ; car, sans la révolution de l'école, la révolution politique et économique ne sera qu'éphémère.
Le Congrès des « Socialistischer Erzieher » (instituteurs socialistes) qui s'est tenu à Gotha, du 2 au 4 octobre (1) nous est un enseignement.
En voici l'ordre du jour :
I. Le Syndicat des Instituteurs ;
II. Académie de travailleurs ;
III. L'enseignement, science de la vie ;
IV. L'Internationale socialiste pédagogique.
L'Académie des Travailleurs s'occupera de l'école des travailleurs, notamment l'enseignement post-scolaire.
L'Enseignement, sciences de la vie. Il s'agit d'abord de séparer l'école de l'église, et logiques en cela, de rechercher la libération de l'école, vis-à-vis des autres « religions » qui l'asservissent.
Il se divise en :
a) Le cosme et son développement ;
b) L'homme et son développement ;
c) Les formes du travail des hommes ;
d) Les formes de communauté des hommes, avec une histoire des religions.
L'Internationale pédagogique (2) combattra la haine des peuples, donc la guerre, par l'école unique, par l'école vraiment active, celle-ci, au lieu d'apprendre des matières aux enfants on n'aura en vue que le développement de son être.
Il se formera une Centrale pour l'information sur les groupements d'instituteurs, sur la pédagogie et la psychologie, sur l'organisation de l'école et l'éducation des maîtres.
L'internationale, formée par les instituteurs qui s'accordent sur ces bases de la nouvelle école : contre la guerre, contre la haine, surveillera la littérature pédagogique, spécialement la littérature pour la jeunesse, les livres de l'école. Elle donnera des directives aux différents groupes. Il y aura un journal de l'Internationale (espéranto) ainsi qu'une centrale de correspondance (maîtres et élèves).
Voici, à propos du nouvel esprit de l 'école, ce que dit « Pädagogik deines Wesens » :
« Il faut que l'instituteur dans la classe soit le grand camarade de la jeunesse. L'éducation est l'action de la vie sur la vie. Il est impossible d'en faire un système. On a transféré le centre de l'éducation par l'homme dans une chose. C'est là le grand mensonge objet de tous nos maux.
« Dans l'école, tout était prémédité par l'instituteur, par le plan d'enseignement. Où était la spontanéité, l'indépendance des élèves ? Nous n'envisagions l'éducation intellectuelle qu'au point de vue de l'utilité pour la vie ; c'était l'annihilation de l'âme. »
Que la jeunesse se souvienne enfin de son être, de sa vie propre.
H. Siems et C. Freinet
(1) Nous en publierons un compte rendu prochainement.
(2) Observons que le Congrès de Bordeaux en fondant L'Internationale de l'Enseignement s'est proposé le même but et a préconisé les mêmes moyens de réalisation (N.D.L.R.)