CréAtions N° 112 - Travailler ensemble- mai/juin 2004

Mai 2004

 


CréAtions N° 112 "Travailler ensemble"

mai/juin 2004

 

Ont participé à ce numéro : Nicole BIZIEAU, Simone CIXOUS, Philippe GENESTE, Agnès JOYEUX, Maud LECHOPIER, Corinne MARLOT, Christiane NICOLAS, Hervé NUNEZ, Jeannette ROUDIER, Eliette SEMERIA, Eliane TROCOLO

Crédits photographiques: Annie CHARTRAIN, Michel COLAS, Marie Savitri GO, Agnès JOYEUX, Maud LECHOPIER, Nicolas KOESSLER, Dominique LESAGE, Alain NOYEL, Bruno ANDRIEU, Lisiane VINCENT

 

  titre
 niveau classe

thème

techniques utilisées

artiste
Contre le conformisme, rencontrer l'autre     Edito    

La peinture libre ou le refus de la censure

 
maternelle
Permettre l’expression de « gestes audacieux et singuliers » avant l’écriture
peinture


Ressemblances et différences, une exposition à l’école 

élémentaire

 L’école s’ouvre pour « faire ensemble », « pour vivre ensemble »

encres, terre,
collages, maquettes
écriture

Etudiants en architecture et aux beaux arts

 Quand petit arbre deviendra grand

maternelle

Rencontre de deux générations autour de la création d’un « jardin pour la vie »

écriture
collectage
dessin


Un parcours initiatique

 autodidacte

 De l’apprentissage d’une technique ancestrale à son appropriation

peinture

Annie Chartrain

L’artothèque à roulettes

 

groupe départemental ICEM - Val d’Oise

Coopération et enrichissement mutuel à la portée de tous : exposer - échanger

choix
déclencheur

 

Images d’enfances - Henri Cueco, peintre, écrivain, scénographe

 
entretien
 
Henri Cueco
Les malles voyageuses

maternelle
élémentaire
collège

Des écoles de pays voisins correspondent sur un thème commun et exposent ensemble

correspondance
dessin
peinture
collages

 

Boîte à sourires, à soupirs
Carnet de bord de Marie                                

lycée

carnet de bord

 
 
Portrait et autoportrait
 
collège: 4ème
Une expérience pédagogique interdisciplinaire sur l’identité
retravailler une gravure - cadre
écriture
 

Le forum du vent

 

classes primaires

A partir d’un thème, des écoles voisines font des ateliers complémentaires et exposent ensemble

peinture
collage
bricolage
écriture
exposition

 

Bibliographie

 
 
 
 

 

 

Edito

Mai 2004

 

CréAtions n° 112 - Travailler ensemble

publié en mai/juin 2004 (Editions PEMF)

Edito

 

Edito : Contre le conformisme, rencontrer l'autre

 

" Tous les hommes prétendent se faire eux-mêmes sans l'aide de personne mais tous se pillent et se dévalisent effrontément : styles de vie, manières de se vêtir, de parler, mœurs amoureuses, goûts culturels ".

Si le mythe du "self made man" que décrit Pascal Bruckner n'est que mystification d'un désir individualiste très connoté par le "rêve américain", par contre le conformisme qu'il décrit aussi est bien ancré dans les comportements et les modes standardisés générés par la société de consommation. Les gens croient être libres, faire des choix, alors qu'ils sont dans l'imprégnation et dans la copie permanentes, à cause de l'angoisse d'être différents, de la peur d'être soi-même, de la passivité face au réel et à ses multiples facettes. Dans l'opposition entre exotisme et quête de la diversité, Victor Segalen (in Essai sur l'exotisme) préfigure l'attitude du consommateur qui réduit la connaissance de l'autre au tourisme des loisirs (discothèques, voyages organisés) ou de la culture prédigérée (films commerciaux, magasines people) alors qu'il nous faut parier sur l'enrichissement de chacun par la rencontre singulière de l'autre et par l'expérience des œuvres.

N'y a-t-il pas derrière la massification de l'école, l'idée de former des citoyens dociles, formatés, de bons consommateurs sans esprit critique ? Ce système montre pourtant actuellement ses limites, l'école républicaine engendrant contre toute attente le communautarisme ou le malaise adolescent qui se traduit au pire par le repli sur soi jusqu'au suicide mais la plupart du temps par une simple docilité.

D'aucuns pensent pourtant aller encore plus loin : il nous faut traquer les "sauvageons", ceux qui rejettent de façon violente le système, ils annoncent même que c'est dès trois ans, à la maternelle, que le rapport d'autorité doit être inculqué.

La pédagogie Freinet, quant à elle,  a choisi depuis longtemps une autre voie, celle qui veut rendre les enfants plus actifs, leur procurant d'autres recours que la violence, par la reconnaissance de l'individuel, des individus entre eux et du groupe.

Pour cela, elle propose des outils, des situations d'apprentissage qui engagent quelque chose du potentiel de créativité de chacun, de la confrontation et de l'échange : la coopération est un pilier de la pédagogie Freinet ; la correspondance est un des outils privilégiés pour rencontrer l'autre ; la globalité des apprentissages (qui n'oublie pas la spécificité disciplinaire) est la porte de l’interdisciplinarité et de la quête du sens ; l’entraide est le vecteur de l’appropriation des savoirs. Toutes ces pratiques tendent à affirmer que travailler ensemble est le moyen de se construire soi-même et de donner du sens aux apprentissages. Elles sont cependant quasiment absentes des écoles, encore moins présentes dans les collèges et les lycées voués à la compétition et à l’élitisme et si elles sont encouragées comme le suggèrent les programmes, elles sont programmées dans des niches temporelles bien verrouillées, saucissonnées en tranches comme le reste des enseignements ce qui achève de les vider de toute cohérence et de leur substance humanisante.

Ce numéro présente des pratiques d'ouvertures qui partent du principe que « c'est à plusieurs qu'on apprend tout seul », des outils qui sont dans la veine de cette revue créée par Elise Freinet (Art enfantin au départ) qui depuis 1958, diffusant un « gribouillage » d'enfant en pleine page, en quadrichromie et avec des moyens professionnels, voulait parier sur l'idée que cet enfant se sente vivant, par la preuve de son existence sur le papier glacé, par le regard des autres lui renvoyant une image valorisante. Rien que pour cela, CréAtions qui poursuit fidèlement ce même pari est indispensable !

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La peinture libre ou le refus de la censure

Mai 2004

 

CréAtions n° 112 - Travailler ensemble
publié en mai/juin 2004 (Editions PEMF)

Nicolas Koessler, PE2 IUFM Draguignan. Stage en responsabilité en maternelle à l’école de Vidauban (Var)

 


La peinture libre ou le refus de la censure

 

Permettre l’expression de "gestes audacieux et singuliers" avant l’écriture

C’est durant ma deuxième année de formation à l’IUFM, au cours d’un stage réalisé en responsabilité dans une classe maternelle de petite section, que me fut donnée l’occasion d’évaluer l’exploitation didactique d’une pratique libre de la peinture.


Autonomie de l’enfant et part du maître

La démarche de cet atelier postulait une autonomie latente de la classe à actualiser dans un milieu extrêmement normatif où l’enseignant avait pour habitude de tout organiser pour le confort le plus passif de ces jeunes enfants. Une activité libre supposait de ma part, d’accepter l’indétermination de tous les paramètres depuis l’entrée dans le travail jusque dans les contenus exécutés par les enfants. Pour cela, je devais m’affranchir du schéma et de la logique factices de la sempiternelle fiche de préparation. Ma participation se limita à l’aménagement du matériel (encres et peinture dans les trois couleurs primaires ainsi que dans le noir et le blanc et de nombreux outils pour projeter, tracer et dessiner) que j’installai délibérément durant la présence des enfants afin d’en stimuler l’inauguration.

Je pris donc le risque d’introduire dans cette classe une structure nouvelle dont je ne pouvais garantir la compatibilité avec les habitudes qui préexistaient à mon intervention. Cette appréhension demeurait d’autant plus légitime que mon expérience s’adressait à une classe où l’intériorisation des apprentissages coïncidait avec une ritualisation quotidienne à la fois des activités et de leur distribution dans l’espace et le temps.

 Le nouveau dispositif déconcerterait peut-être l’enfant sur ces deux points :
- dans son aménagement d’abord puisqu’il impliquait une installation, sinon nouvelle au moins supplémentaire, d’ateliers de peinture répartis dans toute la classe et disponibles afin de recevoir les moindres occasions que les enfants accepteraient de fournir
- dans son fonctionnement surtout qui induisait que l’enfant se détermine lui-même dans l’activité sans que n’interfère la décision de l’adulte
.

La ruche, vite !

Mes premières inquiétudes sur l’efficacité d’une telle organisation disparurent vite. La structure fut très bien accueillie par les enfants qui désertèrent parfois leurs espaces de jeux et d’activités symboliques ou même leur plage de sieste afin de produire avec une intarissable frénésie de nouvelles productions. Après un désoeuvrement presque réflexe, la réaction affective à ce nouveau dispositif se convertit en une positive curiosité pour un support qui laissait s’exprimer l’attitude simplement naturelle de l’enfant.

L’autonomie scolaire de l’élève même à l’école maternelle devient au regard de cette expérience un faux problème auquel doit se substituer plus légitimement la problématique fondamentalement didactique de l’expression.

 


On peut effectivement définir, à l’appui de toute une tradition esthétique, la peinture comme un langage formalisant une pensée. La peinture libre construit en même temps qu’elle le protège, un espace de communication qui est réceptif à l’intentionnalité tâtonnante des enfants. Ils se projetaient d’autant plus facilement dans la tâche que cette dernière émergeait de la nécessité intrinsèque de vouloir dire quelque chose. J’obtins d’ailleurs dans ces ateliers de meilleurs résultats pour intercepter la parole de l’enfant que dans les activités de médiations traditionnelles que je m’étais efforcé de conserver (graphisme et logique principalement).


Contre l’uniformisation


Avec le temps les techniques s’y sont multipliées, libérant les gestes les plus audacieux qui préfiguraient déjà la formation de la future écriture. Au travers d’une profusion indénombrable et syncrétique de signes comme les projections, les courbes, les points et les lignes, l’enfant fabriquait en puissance la convention écrite des lettres et de la ponctuation. La matière offrait donc un signifiant docile dans lequel se trouvait objectivée l’effervescence intérieure de l’enfant. La signature devenait même un geste superflu et agissait comme une redondance par rapport à l’autographe qui se devinait déjà dans l’immanence des motifs. Malgré un phénomène de contamination au cours duquel je pus observer certaines productions circuler d’une toile à une autre, le graphisme de chaque réalisation restait en effet nettement personnalisé, revendiquant l’originalité d’un ici et maintenant toujours différent.

On demeurait loin de ce que l’on trouve affiché sur les murs d’une classe traditionnelle où le même dessin est souvent reproduit à l’identique sur l’initiative d’un maître qui formate toutes les énergies de la classe dans une réalisation commune. Il ne s’agit là que d’une pédagogie de la censure.

 

        

Cette expérience m’a donc contraint à interroger le problème de la posture enseignante. Les séances d’arts plastiques révèlent ce despotisme du maître qui réduit la création enfantine à la simple exécution de consignes. Cette pédagogie aliène délibérément l’imagination de l’enfant pour lui substituer de discutables canons de beauté. Le beau reste pourtant, selon la définition kantienne du jugement de goût, un universel sans concept limitant donc toute norme esthétique à une référence relative voire subjective. L’enseignant doit taire en lui le narcissisme.

 

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Ressemblances et différences, une exposition à l’école

Mai 2004

 

CréAtions n° 112 - Travailler ensemble

publié en mai/juin 2004 (Editions PEMF)

CM2, Ecole André Meunier, Bordeaux (Gironde), Enseignant Alain Noyel

 

Ressemblances et différences,
une exposition à l’école

 
L’école s’ouvre aux étudiants en architecture et aux beaux-arts, pour "faire ensemble", pour "vivre ensemble"
 
L'école André Meunier, à Bordeaux est une école située près de la gare Saint-Jean, dans un quartier en pleine restructuration, suite à l'arrivée fin décembre 2003 du tramway.
 


Cet établissement est situé au cœur d'un quartier étudiant qui se compose d'un lycée, d'un I.U.T., d'une Ecole Militaire, du Conservatoire National d'Aquitaine, de l'Ecole des Beaux Arts, de l'Ecole de Journalisme...

L'école accueille une population d'élèves dont les parents connaissent une grande précarité de travail, de logement, d'intégration... Pour ces familles, l'école est le lieu de toutes les chances, de tous les nouveaux départs.
J’ai proposé à des étudiants de l'Ecole des Beaux Arts, située à 200 mètres, de travailler avec les élèves. Six ont été intéressés ainsi que deux élèves en Ecole d'Architecture (située à Talence, soit quinze kilomètres environ).
Coopération
 

Mon objectif pour cette année 2002/2003 serait de réaliser avec les enfants de ma classe une "exposition" la plus professionnelle possible, afin de prouver aux enfants, et entre autres pour ceux qui étaient le plus en difficulté, qu'ils étaient capables d'aller au bout d'une réalisation aboutie. Le choix du thème se fixa, après maints tâtonnements, sur le mélange, le métissage, la mixité des origines de notre école et nous choisîmes un titre pour notre future expo. Ce serait "Ressemblances et différences".

Le cadre était posé, il allait falloir commencer.
Après trois réunions avec les diverses personnes intéressées par le projet, nous avons convenu d'un fonctionnement pour mener au terme cette entreprise. Les quatre premiers mois seraient consacrés aux créations des enfants, les quatre mois suivants à l'élaboration de l'exposition et le dernier mois à la finalisation.

Bryan

 
Les intervenants, plasticiens et architectes
 

Comme prévu, ils vinrent à l'école et je les présentai aux enfants mais pour eux c'était encore trop lointain, Ils étaient simplement heureux de se lancer dans des productions plastiques avec des jeunes adultes capables de leur faire partager leur savoir et de les aider à créer, avec des techniques qu'ils avaient apprises à l'Ecole des Beaux-Arts.

Grâce à l’intervention des plasticiens, les enfants ont pu s’exprimer avec des nouveaux outils tels que l’encre, la terre, les collages… et appréhender de nouveaux supports et espaces (sculptures ; affiches 3 m sur 2 ; portrait). Cela leur a permis de développer de nouvelles sensibilités.

Arsène

Mathilde


   
Les étudiants les ont encadrés lors d'une visite du musée d'Art Contemporain de Bordeaux, le C.A.P.C. Ce jour-là, les étudiants étaient tous présents et ont partagé la classe en petits groupes qu'ils ont accompagnés dans le musée, à la découverte des œuvres. Avec papier et crayon, les enfants devaient notamment essayer de reproduire l'œuvre qu'ils préféraient. Ainsi chaque enfant a fait une visite du musée, avec son conférencier personnel.
Quand les architectes vinrent, ils firent sortir les enfants de la classe pour leur faire découvrir l'espace : la cour, les arbres, le terrain de foot, notre jardin.
Ils leur montrèrent leur propre espace d’évolution pour les mettre en situation de recréer le leur, espace imaginaire ou idéal.
Les enfants ont dessiné en plein air, ont décrit ce qu'ils voyaient, ont reproduit des photos de monuments. Les architectes étaient heureux de leur faire partager les techniques graphiques de leur spécialité.
Les enfants se sont lancés dans la construction de maquettes pour créer la ville de leurs rêves ; ils ont appris à dessiner en perspective ; ils ont vu qu'avec quelques matériaux de récupération, il était possible de créer des objets (bancs, lampadaires, arbres...).

 

Les interventions conjuguées des plasticiens et des architectes ont été extrêmement profitables car chaque enfant fut vraiment susceptible de trouver la place qui lui convenait le mieux : soit du côté de la création pure soit en prise directe avec la réalité de l’architecte.
Lorsque toutes ces œuvres furent réalisées, se posa le problème du stockage : tous les coins, les recoins, les "sur-coins", les "entre-coins"furent remplis. Sous ou sur les armoires, dans les placards, sous un évier, dans une autre classe : il fallait tout garder et ne rien perdre. Surtout ne rien égarer.
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Quand petit arbre deviendra grand …

Mai 2004

 

 

CréAtions n° 112 - Travailler ensemble

publié en mai/juin 2004 (Editions PEMF)

Ecole maternelle Carnot 2 Roanne, Classe de Lisiane Vincent

 

Quand petit arbre deviendra grand …

 
Rencontre de deux générations autour de
la création d’un "jardin pour la vie".
 
 
 
 
Ce sont des enfants du centre ville qui fréquentent l’école maternelle . Ils n’ont pas de jardin, ce qui motive la maîtresse à engager une relation avec la maison de retraite ARCADIA qui cherche un partenariat scolaire pour réaliser une action inter génération : "un jardin pour la vie".
 

Le projet est mis en œuvre


Les petits souhaitent pouvoir manger ce qui poussera dans le jardin, en particulier des fruits, faire des tisanes, faire des bouquets.
Les personnes âgées proposent de cultiver des plantes potagères.
Ainsi chacun imagine faire pousser ce qui résonne en son vécu, et réalise ses désirs.
C’est ainsi que furent plantés un arbre, des fleurs, des salades, des herbes aromatiques, des haricots, des pommes de terre, des choux, des radis…
Les tâches à partager permettent une coopération, un échange de savoirs entre générations et un grand bain affectif pour une meilleure découverte mutuelle.

Les petits participent au repiquage, à l’arrosage, au désherbage, à la récolte.
Les Papis et Mamies constituent des doublettes ponctuelles avec les enfants lors de chaque rencontre pour réaliser les travaux prévus.

D’autres personnes interviennent également : ce sont les jardiniers de la ville qui réalisent les gros travaux et fournissent les graines, les plants, les outils sans oublier les conseils.

Les enfants disposent de petits outils tels que plantoirs, râteaux, bêches, arrosoirs… et d’une cabane de jardin pour ranger leur matériel.
Nicolas le jardinier est même venu !
Les enfants effectuent cette "initiation" avec beaucoup de plaisir et d’énergie ; ils sont en situation authentique d’apprentissage, ce qui est très motivant.


1- Nous arrachons les plantes fanées.
2- Les jardiniers retournent la terre.
3- Nous ratissons la terre.
4- Nous plantons les grandes fleurs au milieu du massif, ensuite les moyennes, et les petites tout au bord. Puis nous arrosons.

 
Ce travail enclenche

- des recherches documentaires dans l’imagerie de l’école, ou de la maison en ce qui concerne les plantes, les jardins et le jardinage
- des écrits de type compte rendu, courrier, avec les plus grands
des lectures concernant le thème et en particulier des recettes de tisanes, de soupes pour les réaliser
- la constitution d’un herbier par le prélèvement d’échantillons
des expériences pratiques concernant les plantations, leur évolution au rythme des saisons, leur forme et constitution, leur utilisation…
- la découverte du vocabulaire adapté lié aux actions : semer, planter, repiquer, arroser, couper, cueillir, arracher…
- une grande production de dessins d’observation, de croquis, mais aussi de créations plastiques singulières sur le sujet.
Par sa richesse pédagogique ce projet a développé un aspect citoyen qui a pris une grande importance. Personnes âgées et jeunes enfants ont partagé des temps de vie pour réaliser une « œuvre » commune, coopérer pour une production valorisante parce qu’utile.
Ils ont appris à mieux se connaître, se supporter, prendre des précautions nécessitées par les difficultés des uns et des autres : mobilité réduite, présence de cannes, de fauteuils roulants, maladresse qui nécessite l’entraide. Le bruit et l’agitation des enfants pouvaient être désagréables à certains…
Pour les petits, la découverte d’un monde dont ils sont souvent tenus à l’écart aujourd’hui est importante pour rétablir la communication, entretenir du lien social entre générations.
Des moments très forts ont été partagés lors des cueillettes, des goûters pris en commun , de la confection des gâteaux et potages, du partage d’être et de faire ensemble.

Il est difficile d’évaluer la réalité des effets d’une telle réalisation mais certains gestes ne trompent pas : un enfant offre des violettes qu’il a cueillies à un papi ; une mamie aide un petit à ne pas se mouiller les pieds en arrosant les plates bandes, elle se sent utile… De nombreux sourires, des petits bisous, des gestes d’affection sont échangés. C’est, main dans la main, une grande expérience du vivre ensemble.

… Petit homme deviendra grand aussi.


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Annie Chartrain, un parcours initiatique

Mai 2004

 

 

CréAtions n° 112 - Travailler ensemble

publié en mai/juin 2004 (Editions PEMF)

Propos recueillis sur place par Jeannette Roudier.

 

Annie Chartrain, un parcours initiatique

De l’apprentissage d’une technique ancestrale à son appropriation.

« Quand c’est raté, c’est réussi. » disait Paul Le Bohec pour encourager les uns et les autres lors d’échecs divers. On pourrait appliquer cette « devise » à Annie qui a rencontré au cours de sa carrière de professeur une déception amère lors de la suppression dans son établissement de sa classe de SEGPA qu’elle appréciait beaucoup…
En 1999, elle part en vacances à la découverte d’une pratique d’artisanat et découvre un centre culturel au Kerala, en Inde. Elle choisit la pratique de la sculpture et de la peinture, à raison de deux heures et demie de cours par jour. Au bout de deux semaines, elle commence à travailler à la maison, et fréquente le petit musée de peintures murales du village. C’est pour elle la découverte d’une passion : la peinture murale traditionnelle du Kerala. Elle se met alors en quête d’une documentation sur ce sujet et fait l’acquisition de livres.
De retour en France pour assurer la rentrée scolaire, elle décide alors rapidement de repartir au Kerala à Noël pour suivre ses cours. Elle ne choisit alors qu’une seule activité : la peinture. Elle travaille huit à neuf heures par jour et parvient à la réalisation d’un tableau. Ce sera pour elle la fin d’une psychanalyse de douze ans.
Alors, tout s’enchaîne rapidement. A la suite d’un arrêt maladie, elle se met en disponibilité et repart en Inde où elle arrive en Janvier 2001. Elle suit deux heures et demie de cours par jour et le reste du temps, elle peint chez elle. Avec cette discipline qu’elle s’est imposée, elle découvre « une sérénité et un bien être inimaginables ». A la rentrée 2003, elle demandera une troisième année de disponibilité et est prête à démissionner si elle ne l’obtient pas.
Elle commence des études approfondies des techniques murales avec son nouveau professeur à l’aide de différents sujets comme Shiva et Parvati son épouse, chasseurs dans la pièce de Khatakhali (théâtre spécifique du Kerala utilisant d’énormes masques). La plupart du temps, sur une idée d’Annie, Suresh dessine sur une feuille un sujet similaire à ce qu’elle va représenter. Elle y ajoute tous les codes conventionnels.
Et c’est l’occasion pour Suresh d’introduire de nouveaux décors d’arrière plan. Ces interventions nouvelles permettent de préciser certaines techniques rencontrées auparavant, comme l’ordre d’exécution du tableau, toujours le même. En peinture murale, seules cinq couleurs de base sont employées : blanc, noir, jaune, rouge et vert (correspondant aux seules couleurs minérales existant dans le Kerala) on ne peut les utiliser dans n’importe quel ordre.
Annie Chartrain née à Bourges en 1946 d’un père ébéniste et d’une mère couturière, n’avait jamais peint avant d’arriver en Inde...
Voici ce qu’elle m’a confiée : « J’aime le Kerala, ses fêtes religieuses grandioses. Les gens sont sereins, porteurs de sourires d’amour. Je me sens si bien, que peut être, je terminerai ma vie ici.
J’aimerais poursuivre mes recherches dans la peinture murale mais aussi exploiter la technique pour des créations personnelles représentant la vie quotidienne du pays. »
Elle passe alors à la peinture sur toile avec un mélange eau et acrylique.
Parallèlement à sa pratique de la peinture, Annie s’adonne à la lecture du Mahabharata et du Ramayana, les deux grandes épopées indiennes dont les textes embrassent plusieurs siècles autour de conflits et de luttes entre les dieux héros et les démons. Cette lecture éveille en elle le désir de représenter des scènes de ces contes mythologiques.
Après ce tableau, et devant le désir de perfectionnement d’Annie dans la peinture murale traditionnelle, un professeur plus qualifié et reconnu, Suresh Muthukulam va la guider dans sa démarche.

Légendes
Photo 1 L’arbre de vie

Photo 2 Tout au début de son installation, elle peint sur papier avec de la peinture à l’eau.
Elle réalise une création personnelle en utilisant un personnage de l’histoire des dieux et déesses : Varuna, considéré comme dieu de l’Univers et souvent représenté dans un carrosse tiré par des cygnes.
Elle place ce personnage dans un environnement (qu’elle crée) d’arbres et de fleurs du Kerala.

Photo 3 Dans son désir de peindre la nature qu’elle admire, avec des personnages mytholo-giques, elle réalise un Ganesh dans un fond réaliste.

Photo 4 Pour étudier les contrastes et les reliefs, elle utilise le crayon.

Photo 5 Après ses débuts sur papier, elle tente un essai de peinture sur bois avec de l’acrylique pure qui se révèle, pour elle, peu concluant.

Photo 6 Elle réalise Lakshmi (épouse du dieu Vishnu) sur son trône, inspiration d’une peinture murale très abîmée. En recherche de fond, elle introduit des plantes de l’Italie du Sud, trouvées dans son herbier. A remarquer : le sens de l’équilibre dans cette peinture.

Photo 7 Ici, représentation de Hanuman, roi des singes (il protège les primates réfugiés dans les temples) retrouvant Sita retenue prisonnière par le monstre Ravana. Une recherche active s’est mise en place pour remplir le fond de motifs.

Photo 8 Ce tableau complexe est inspiré initialement par la photo d’un professeur de danse : Padayani (danses sacrées des temples dédiées à a déesse Durga dont la victoire sur le démon buffle compte parmi les mythes Hindous les plus célèbres). Cette danse symbolique et violente est interprétée par les danseurs habités par Durga, qui tombent en transes. Annie a adapté la photo à la technique de la peinture murale. Elle a ajouté trois musiciens, trois masques représentant la colère de Durga et en haut à droite Durga elle-même. Ce tableau est donc une création personnelle.

Photo 9- Suresh, son professeur, lui apprend aussi la représentation des 5 éléments dans le style mural. Par exemple, l’eau est toujours symbolisée par des vagues représentant sa surface.

Photo 10
Elle va poursuivre la réalisation de peintures mythologiques avec son premier professeur.
Dans l’écriture du Mahabharata, le sage poète dicte son poème à Ganesh, choisi par Brahma.

Photo 11 -Rencontre de Rahama et Parashurama qui lui donne son pouvoir par l’arme céleste.

Photos 12, 13 14, 15 Exemples d’une technique : progression de la réalisation d’un peinture murale. Tout d’abord l’esquisse en jaune, ensuite redéfinie en rouge avec tous ses détails. La couleur jaune est appliquée, et le rouge et le vert viennent en superposition du jaune pour donner le relief. Enfin le noir est appliqué et à la fin du tableau chaque trait rouge est repassé en noir.

Photo 16- Ayant vu la pièce de Khatakhali peu avant, Annie a dessiné et peint seule Shiva.

Photo 17 -Annie Chartrain sur sa terrasse en Inde.

Photo 18 - Parvati

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L’artothèque à roulettes

 

 Revue en ligne CréAtions n°185 "Artothèques"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°185 - Publication : décembre 2007
Article déjà publié dans la revue CréAtions n° 112
"Travailler ensemble" - Parution : mai/juin 2004

Groupe départemental de l’ICEM 95 (Val-d’Oise)

 

 

 

L'artothèque à roulettes

Coopération et enrichissement mutuel à la portée de tous

 

 

Naissance du projet et règles du jeu

 

Au congrès de Rennes, l’école Louis Buton d’Aizenay avait présenté des œuvres d’enfants encadrées, accrochées à des cimaises comme dans un musée ou une galerie. Ces tableaux faisaient partie d’une artothèque que l’équipe d’Aizenay avait mise en place auprès des familles. CréAtions en a rendu compte dans son numéro 99.


Ce projet nous a séduit et nous avons envisagé de l’adapter à nos classes.

Dans un premier temps, chaque classe ou chaque enseignant a fourni une production d’enfant mise en valeur dans un cadre. Une petite dizaine d’œuvres très diverses ont ainsi été réunies. Elles ont été emballées dans du plastique à bulles et rassemblées dans une caisse en bois munie de roulettes et de poignées pour en faciliter le transport ; les frais d’achat des cadres et de fabrication de la caisse ont été pris en charge par le groupe départemental de l’ICEM.

Un circuit de prêt interclasse a été programmé, permettant à chaque classe d’exposer, pendant une semaine, l’ensemble de l’artothèque soit, selon les cas, dans la classe même qui participe au circuit, soit dans l’école de cette classe (hall d’entrée, couloir, etc.).

A l’issue de cette période, les enfants choisissent une œuvre qu’ils conservent jusqu’à la fin de l’année scolaire. En échange, une œuvre de la classe, encadrée, est jointe à l’artothèque.

 

Dans chaque classe, dans chaque école, l’artothèque est l’occasion de découvertes et d’échanges. 

 

 

Un statut d’œuvre
pour les travaux d’enfants

Les enfants, qu’ils soient spectateurs actifs ou producteurs sont sensibles à la valorisation de leur travail par la mise en cadre. Une peinture ordinaire acquiert une nouvelle valeur grâce au regard particulier que l’on porte sur elle.
D’ailleurs, certains enfants, conscients de cela, choisissent de « signer » ou de coller leur étiquette de façon visible sur leur travail.

 

 

Une grande diversité

 

L’exposition propose des techniques très variées : pastels, encres soufflées, collages, monotypes, etc. Cette richesse suscite l’envie de les expérimenter à son tour et relance dans les classes les ateliers d’arts plastiques.
Les réalisations proviennent de classes de tous les cycles. Les enfants accueillent avec le même enthousiasme et la même curiosité tous les travaux, quel que soit l’âge de leur auteur. Dans un CM1/CM2, les enfants choisissent de conserver une œuvre d’un enfant de la maternelle. Ils proposent en échange une autre œuvre qui renvoie par sa composition à celle d’un autre élève.

 

Le foisonnement des échanges


Le fonctionnement même de l’artothèque provoque de nombreuses occasions de discussions, lors de la découverte de l’exposition elle-même, lors du choix de l’œuvre à garder ou lors du choix de l’œuvre à proposer.

Nous avons choisi l’œuvre de Loïc, sans titre.
Les enfants y voient « plein de choses », beaucoup de couleurs, des formes qui ressemblent à… un chapeau de fou, un oiseau (en prenant plusieurs parties), un paysage vu de loin, etc.
Nous avons l’idée d’expliquer tout ça sur notre site internet .
Rémi, enseignant en classe de CM1/CM2.

 

Pour ouvrir l’artothèque à la troisième dimension, je les incite à choisir une des sculptures en bois que certains ont fait en octobre. Très attachés à leur réalisation, les enfants hésitent à s’en séparer, même provisoirement. Je dois bien expliquer de nouveau que personne n’emportera sa sculpture dans l’immédiat puisqu’elles seront exposées dans la bibliothèque et que tout le monde la récupérera en fin d’année. Huit enfants sur quinze acceptent de proposer la leur.
Le choix définitif, par vote, se portera sur le « château fort » réalisé par Alice qui est en moyenne section. Cela donne l’occasion aux enfants qui avaient préféré l’atelier mosaïque en octobre de réaliser à leur tour une sculpture en bois.
Maud, enseignante de Grande Section.

Chez nous, à Bernes–sur-Oise, l’artothèque est exposée dans le hall de l’école. La sculpture du « château fort » fait grosse impression. Mais comme il n’y a qu’une seule sculpture, nous n’osons pas la garder. Nous retenons « Les portes ». De retour en classe, nous avons essayé d’ouvrir les portes de l’imaginaire ainsi que les fenêtres, les entrées de la mémoire… Nous avons raconté les œuvres, mais après avoir quitté l’expo. J’en ai profité pour relancer certaines techniques et redynamiser le coin peinture. A suivre…
Dominique, enseignant de classe de Moyens.

 

 

Des ouvertures facilitées


Lorsque les œuvres sont exposées, dans un hall par exemple, tous les enfants peuvent en profiter et Dominique note que ses collègues sont impressionnés par la mise en exposition.
Rémi remarque un accueil intéressé et curieux de tous les enfants du cycle 3 qui fréquentent cet espace, même de ceux qui ne sont pas impliqués dans le projet.
Dans l’école de Maud, cette approche a motivé l’équipe pour imaginer un projet d’exposition évolutive au sein des trois classes et en direction des familles. Dans toutes les classes, on est maintenant attentif à la présentation des travaux des enfants.
Afin de choisir l’œuvre à prêter à l’artothèque, Dominique a choisi de faire participer au vote non seulement les enfants de sa classe, mais aussi tous les adultes qui viennent à l’école : parents, collègues, accompagnateurs, etc.


Conclusions


Dans les classes, après deux années de fonctionnement, nous sommes globalement satisfaits de cette tentative de changer le regard porté sur la création des enfants. Nous en avons affiné les règles du jeu dans la durée et la fréquence. Cette année, nous garderons l’artothèque une dizaine de jours et nous la retrouverons deux fois dans l’année.
Nous constatons que l’artothèque déclenche des envies de faire, des découvertes de techniques, des réactivations des ateliers déjà mis en place. Dans le Groupe Départemental, l’élaboration et le suivi de ce projet multi-niveaux ont permis aux membres du groupe de tâtonner ensemble, de coopérer, de communiquer l’état de leurs recherches. Ils leur permettront bientôt aussi de s’exprimer…
En effet, nous avons petit à petit transformé, affiné, ajusté les règles du jeu. Nous avons pris confiance et nous osons maintenant davantage proposer des travaux en trois dimensions malgré les difficultés pratiques de stockage, de transport et de mise en espace.
Nous avons ressenti le besoin de garder des traces de ces tâtonnements et un cahier circule avec nos notes et nos photos. Il rend compte des diverses installations dans les écoles et des mouvements d’œuvres.
Si l’idée de départ était vendéenne, nous l’avons adaptée à la réalité val d’oisienne et nous souhaitons maintenant l’enrichir grâce à un outil en cours d’élaboration dans la région Nord-Pas-de-Calais : « le passeur de culture » (voir encadré ci-dessous).
Cette action dynamise l’ICEM 95 et quel que soit le niveau de classe et les préoccupations de chaque enseignant, il occasionne des rencontres régulières et des échanges qui débordent le cadre de l’artothèque et qui n’auraient pas lieu sans elle.

 
Et l’expression ?


Valoriser l’expression artistique des enfants certes, mais aussi veiller à ne pas les enfermer dans un ghetto infantilisant. Nous proposons donc d’élargir l’artothèque à des travaux d’adultes. Ce sera l’occasion pour les enfants de désacraliser les productions des adultes en leur demandant de choisir, parmi plusieurs, celle qui sera encadrée. Pour les enseignants, ce sera une opportunité de mettre les mains dans l’encre et à nouveau de coopérer, tâtonner et de communiquer leurs expériences artistiques. Pour tous, l’artothèque deviendra prétexte à échanger points de vue et savoir-faire, culture et expression. 

 

 

  

Notre travail d’enseignant(e) est un travail d’éducateur pour peu que l’on se préoccupe de l’enfant, être global, être vivant dont la nature est la même que celle de l’homme. Cette « évidence » nous conduit, dans les classes coopératives, dans notre choix de militant(e) de la pédagogie Freinet, à permettre les impulsions créatrices, à laisser se creuser les sillons où vont germer les créations et expressions des enfants. Les communications, la coopération dans les apprentissages nous conduisent petit à petit à prendre , construire des points d’appui, par l’intermédiaire de techniques et d’outils. Dans cette « montée » vers les savoirs, lois trouvées, techniques de vie, vont apparaître des métissages de cultures au gré des rencontres entre les enfants, entre les enfants et l’enseignant, entre la classe et les cultures socialement déjà existantes. Les productions des enfants vont au fur et à mesure s’interpénétrer et « s’entrechoquer » avec des œuvres extérieures à la classe, que ce soit des livres, des textes, d’écrivains adultes, des peintures, des sculptures, musiques de « grands maîtres »… Révéler aux enfants, dans tous les domaines, les richesses de leur patrimoine culturel relève d’une nécessité qui incombe tout naturellement à un éducateur soucieux d’élargir au maximum le champ d’investigations culturelles des enfants : les mettre en rapport avec le monde passé et le monde à venir, avec le « déjà là » historique, social, culturel. Il nous appartient, à nous éducateurs, de bâtir des ponts entre savoirs personnels, privés, d’une part et savoirs coopérativement construits au sein d’une communauté que chacun sert et qui sert chacun, savoirs « publics », d’autre part. C’est là certainement la part essentielle que tout(e) enseignant(e) doit apporter.


Extrait du dossier « Le passeur de culture », in Le Nouvel Educateur n° 95 , Ed PEMF, Coordination : Sylvain Hannebique
(*1): paru aussi dans CréAtions n° 112 (Travailler ensemble)

  

 

Sommaire
CréAtions N°112
Vers Salon de Paris (nov 2010) Vers sommaire Artothèques    


  


 

Images d'enfances

Mai 2004

 

 

CréAtions n° 112 - Travailler ensemble

publié en mai/juin 2004 (Editions PEMF)

Henri Cueco, peintre, écrivain, scénographe

 

Images d'enfances


Tout en feuilletant un carnet de croquis rempli de notes et de dessins d'enfants, en particulier les portraits réalisés par son petit-fils B. Henri Cueco, interviewé par Tristan Garcia-Fons, psychanalyste, pour la revue La lettre du Grape *, livre ses réflexions sur les créations d'enfants : quels rapports existe-t-il entre l'inventivité de l'enfance et celle de l'adulte ? Cette dernière serait-elle reconquête et accueil de la première ?

Conduite de l'artiste, conduite de l'enfant.

H.C : Les carnets que je conserve sont remplis de dessins et de notes. Les notes accompagnent les dessins lorsqu'il y a un commentaire de l'enfant. Parfois, c'est un dialogue. Il est arrivé qu'à la demande de l'un ou de l'autre, je doive moi-même dessiner. [...]
B. a eu une précocité langagière remarquable, avec, à ce moment-là, une faible activité de dessinateur. Récemment, il s'est mis à faire des portraits. Il fait ça très sérieusement. Les portraits occupent la page entière. Il y a le nom du modèle, la date. Chaque personne est moche de son propre point de vue mais chacun est ressemblant. Ces portraits ont une vigueur expressive à laquelle je suis très sensible. Il y a dans ce carnet un portrait de B. que j'ai fait à sa demande. C'est moi qui suis en retrait par rapport à la qualité expressive, c'est mou.
Pour chaque portrait, B. se met en face de son modèle, il dessine avec une grande concentration. Il n'aime pas qu'on plaisante à ce moment-là. Il a un regard intense, capteur de quelque chose qui serait dans le mystère du modèle. Il ne cherche pas, lorsqu'il dessine sa mère, à nouer une relation particulière. Ce sérieux est très proche d'une attitude clinique.

T.G-F : Vous admirez la force affirmée de son dessin par rapport au vôtre. Qu'est- ce que cette force singulière du dessin de l'enfant ?

H.C : Je dirais que la faiblesse de mon dessin, c'est que j'ai voulu “ représenter ”. J'ai pensé qu'il fallait que ce soit ressemblant parce que mes petits-enfants attendaient ça de moi. Il fallait que je fasse preuve de mes qualités de dessinateur pour garder mon statut de grand-père. J'ai beau jouer avec eux, je ne veux pas abdiquer ce qui fait la différence entre un enfant et un adulte.
Je me suis mis en situation de représenter, alors que lui, si je prends un langage qui a cours dans la peinture moderne, il présente. Il ajoute à la réalité du monde. Il est libre, sans doute, mais il veut avant tout réussir son coup. Il y a le plaisir et sa dramatisation. Pour l'artiste que je prétends être, il existe des référents esthétiques auxquels j'ai parfois la faiblesse de me conformer, qui sont antérieurs à l'oeuvre. C'est ainsi que fonctionne la “ beauté ” supposée des oeuvres à chaque époque. Lui n'a pas cette contrainte. Il réalise alors un masque. Je pense aux masques africains plus qu'aux masques de carnaval. Le masque est le moyen de prendre la place du visage représenté en forçant son expression, en le rendant vraiment prêt à parler, à dire. Il peut être cruel, méchant, sans qu'il soit possible de le dire. C'est une chose que l'on pourrait se mettre sur le visage pour inquiéter; surtout quand il s'agit de moi, puisque c'est avec moi que ça se passe : l'usage du carnet, faire du dessin, etc., et moi je suis particulièrement effrayant.
Il y a aussi une utilisation du papier, d'une manière qu'on n'apprend pas à l'école en général - ce que j'appelle l'utilisation non pas expressive mais économique du papier : il faut bien remplir la page pour ne pas perdre de la place. Lui, au fond, il ne se soucie pas de ça, mais plutôt de l'ex-pression. Son dessin peut déborder. Le portrait peut être en dehors, mal placé sur la page. Il n'empêche qu'ici il occupe une bonne place.


Inventer les règles du jeu, du je

T.G-F : Quelle différence faites-vous entre créativité infantile et création de l'artiste ?

H.C : Il faut déjà partir des convergences. A mon avis, le rapport au dessin d'enfant s'est beaucoup modifié avec l' attitude des artistes à l'égard de leur propre travail. Au XXe siècle, il n'y a pas de modèle qui précède l'existence de l'oeuvre puisqu'il y a renoncement à l'apprentissage des beaux-arts. Quand un artiste peint, c'est lui qui définit sa propre règle du jeu. Donc, ça le conduit à ne pas privilégier le rapport à une esthétique institutionnelle mais à ce que l'on pourrait appeler la “ fraîcheur ”. L'artiste s'efforce de trouver de nouvelles règles du jeu, avec encore des contraintes, bien évidemment, mais il est avant tout soucieux d'inventer. Les artistes se sont débarrassés de la nécessité de représenter la nature, c'est-à-dire du rapport au modèle, pour la bonne raison que la photo l'accomplit. Par conséquent, quand on aborde le problème d'un objet, on n'est plus sommé, comme aux siècles précédents, de le représenter par le volume, la lumière, la couleur, par tout ce qui permet de le figurer. La complexité d'un objet est qu'il existe, pour nous, par tous les systèmes de perception dont nous disposons, y compris notre culture [...] C'est une autre règle du jeu que les artistes se donnent. Ils privilégient la fraîcheur, c'est-à-dire la surprise et l'absence de relation à un enseignement institué, tout en prenant en compte les connaissances scientifiques qui apparaissent dans le champ culturel.
Ce qui est commun au dessin d'enfant et au travail des artistes, c'est l'attitude à l'égard des règles instituées. Pour les artistes, il s'agit de s'affranchir de ces règles ; et c'est l'absence de références chez les enfants qui va les intéresser et favoriser un autre regard sur leur travail. Je crois que le regard sur le dessin d'enfant s'est modifié et qu'il est rentré dans l'enseignement par l'éducation qu'a amenée le rapport à l'art moderne. Ce ne sont pas les enfants qui ont su regarder le monde autrement mais ce sont les artistes, et par la suite les enseignants, qui ont su regarder le dessin d'un enfant parce qu'ils y ont trouvé des convergences permanentes entre ce qu'ils font et ce que font les enfants.


Langage de l'image et langage verbale

[...] Il y a dans le dessin ou la peinture des signes en nombre restreint qui permettent de construire un langage. La peinture serait une sorte de langue muette. C'est pourquoi il n'est pas facile d'en parler, même s'il est possible de la faire parler. Là, ce n'est pas le langage qui est un problème mais, à son point de départ, fondamentalement même, l'absence de langage.
Je crois que le désir d'image apparaît ou réapparaît dans la vie de l'adulte en référence à la période où la richesse sensible de l'enfant n'est pas recouverte par la langue. [...] La langue est en retard. C'est une idée, même si elle est fausse, cela n'a pas d'importance. Cela assigne à l'activité artistique un territoire qui est avant tout sensoriel. Il est lié à toute l'activité des sens. La peinture est une activité physique. Le peintre, s'il fait confiance à ce qui est chez lui de l'ordre de la sensorialité et, peut-être, d'une inscription dans l'inconscient, dispose de ressources singulières pour l'imaginaire. A mon avis, l'activité artistique ne se forme pas comme une dépendance du langage, mais en référence à un manque de langage par rapport à la richesse sensorielle. Je pense que votre travail d'analyste consiste non pas à transformer le dessin en langage mais à faire surgir du dessin quelque chose qui le renforce, qui le complète, qui est une tentative de le faire parler, c'est-à-dire de lui redonner la parole qui lui manque a priori. Si on fait de la littérature, c'est-à-dire qu'on applique au dessin ou à la peinture un langage qui préexiste, on rentre dans la technique médicale et on n'est plus strictement dans l'attention à ce qui est dit par l'enfant. La littérature [...] peut masquer au lieu de révéler. Elle paraphrase au lieu d'accepter le vif de ce qui est montré ou dit.


L'invention, la créativité, au risque de l'enseignement

T.G-F : Ce qui ferait invention, c'est qu'à un moment donné on s'affranchit des références ou des codes en vigueur ?

H.C : Certes. Mais l'enfant, lui, ne peut pas s'en affranchir puisqu'il ne les a pas ou peu. Justement, le risque de l'école, c'est qu'elle peut amener des codes référents qui vont empêcher l'enfant d'être spontané.

T.G-F : Il est vrai que l'enfant cesse de l'être et grandit en intégrant un certain nombre de codes. Il y perd de sa créativité spontanée. L'inventivité, chez l'adulte, l'artiste en particulier, serait un travail pour retrouver quelque chose de l'invention d'enfance ?

H.C : Les enfants, dans la pratique scolaire, ont ouvert des espaces de liberté grâce à des enseignants pionniers, souvent passionnés par les inventions de la peinture moderne. Je suis convaincu de l'existence de cette osmose pour l'avoir pratiquée au cours de formations d'enseignants ou d'animateurs culturels. De leur côté, les artistes ont vu dans les dessins ou les peintures des enfants des images inattendues, des signes inconnus, des formulations nouvelles convergentes avec leurs recherches. C'est aussi le temps où les surréalistes se passionnaient pour l'inconscient et trouvaient plus encore dans l'art brut que dans le dessin d'enfant des ressources créatrices nouvelles.
Il est probable que les codes ou consignes introduits par les enseignants désireux de réguler les violences ou les incongruités des dessins d'enfants ont créé une uniformisation des pratiques : les usages, les techniques, les outils, la mise en exposition peuvent produire un acadé-misme du dessin d'enfant.
On trouve aussi, à certaines pratiques scolaires, d'autres limites, celles de proposer des modèles, de montrer la peinture moderne comme des réservoirs de formes à copier, à plagier. Mais, heureusement, demeure encore l'idée forte d'un territoire vierge de l'enfance, du bon sauvage à privilégier, de l'animalité sacrée contre les figures du petit ange civilisé.
Beaucoup d'artistes modernes - Miró, Paul Klee, Kandinsky, Dubuffet, ont célébré et utilisé les modes d'expression repérés chez les enfants en même temps que Picasso découvrait l'archaïsme des Ibères et l'art africain. Toutes les figures de l'enfance ont présidé à la fécondation de cette période faste de l'art de la première moitié du XXe siècle. Enfance de l'homme, enfance des hommes.


La peinture comme métaphore du corps.

T.G-F : Le dessin d'enfant recèle en effet une vérité qui touche au corps et que l'on ne saurait immédiatement réduire en termes langagiers. Je pense ici à l'apport de Françoise Dolto et à sa conception d'une image inconsciente du corps qui se manifeste dans le dessin.

H.C : J'utilisais souvent, avec les élèves des écoles des beaux-arts, l'idée que la peinture était une métaphore du corps. On arrivait à déceler dans leurs travaux des thèmes ou des formes récurrentes qui pouvaient évoquer des représentations avérées ou masquées du corps. Il m'a fallu faire un travail par rapport à ma production récente pour me rendre compte que, par exemple, dans les “ petites peintures ” que j'ai réalisées les deux dernières années et qui sont au fond assez épanouies, assez “ jolies ”, qui sont des fragments de regard, la toile n'est jamais remplie, si petite soit-elle. Finalement, j'ai fini par me demander s'il ne s'agissait pas, au fond, de montrer la toile blessée, affectée d'une “ blessure ” *. Le problème énorme de mon enfance a été une blessure à la face, un bec de lièvre.
Je crois que la présence du corps dans le travail, on la trouve probablement d'une manière permanente, et chez les enfants il y a sûrement quelque chose à voir de ce côté-là.. Mais c'est dans la construction du dessin, la place qu'il occupe, les refus qu'il y a à signifier tel ou tel élément.
[...]

T.G-F : L'artiste conserve-t-il en lui une curiosité infantile ?

H.C : La curiosité - c'est un mot qui me gêne - est le moyen de détourner l'attention de ce qu'il y a de singulier dans la banalité.
Mon problème, c'est le rapport à l'enfance, qui a été très rapidement oblitéré par le savoir enseigné du père. Il m'a enseigné à être habile. Mon problème, dans la peinture, c'est toujours à la fois de retrouver le plaisir de l'habileté, du savoir-faire, et d'y renoncer. La virtuosité est une manière de cacher l'émotion, de la détourner par la gratification. Les “ petites peintures ” qui ne couvrent pas la surface de la toile, c'est aussi ça : je sais faire, je peux faire, mais je ne fais pas.
À la complaisante curiosité, je préfère le risque provocant de la banalité, la singularité comme moyen de capter l'intérêt des autres, des regardeurs supposés. J'ai beau la chercher, cette curiosité, je ne sais pas la trouver. J'y arrive plus facilement dans la littérature et avec le dessin des autres.

(1) Revue de l'enfance et de l'adolescence, N°49 Septembre 2002 : Inventions d'enfance. GRAPE : Groupe de Recherche et d'Action pour l'Enfance
(2) Lire “ Narcisse navré ” Henri Cueco, Ed. du Seuil 2003, Coll. Autoportrait.
(3) Coll. Autoportrait et dans Créations n° 111, l’atelier de peinture
lire,

               

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Les malles voyageuses

Revue en ligne CréAtions n°186 "ÉCHANGES"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°186 - Publication : février 2008
Article déjà publié dans la revue CréAtions n°112

Classes de CM1 et de 6ème de collège, Linkebeek (Belgique) ; classe de GS de maternelle, Kenton Primary School, Devon (Grande Bretagne) ; “ Ateliers de créations ” de la GS au CM2, École communale de St-Lambert-du-Lattay (France)

Les malles voyageuses

Des écoles de pays voisins correspondent sur un thème commun et exposent ensemble

Nous en étions à notre troisième et dernière année d’échanges dans notre projet Comenius. Nous ? Deux écoles belges (francophone et néerlandophone) de Linkebeek, une école anglaise du Devon, et l’école communale de St-Lambert-du-Lattay.

En tant que coordinateur du projet, j’avais bien senti un “certain fléchissement” dans nos échanges au cours de l’année précédente. Il fallait absolument relancer le projet pour sa dernière année.
Aussi, j’ai proposé d’échanger… du concret.

 

 

France. Délégation à la rencontre Comenius

Belgique. 6e Collège, grand format

Pendant les deux premières années, chaque école envoyait une malle à une autre école, à une date précise, sur un thème défini mais l’échange s’arrêtait là.

Cette année, nous nous sommes mis d‘accord pour organiser en plus une exposition de nos travaux, lors des fêtes de jumelage, à la fin de l’année en prenant le thème du portrait comme support d’échanges.
Mais pour cela, il fallait de la matière !

 

Belgique. Grande Section, Maternelle

Grande-Bretagne. Têtes en argile blanche

Il a donc été décidé que les belges enverraient leurs malles aux français, les français aux belges, puis les anglais aux belges, puis aux français, puis aux anglais, les belges aux anglais, les français aux anglais… Bref !!! chaque école a pu exploiter les créations des autres écoles, et toutes les malles se sont retrouvées mi-mai à Kenton.
Je savais que tous ces envois “provoqueraient” nos amis “british”. Et pour ne pas faire dans la demi-mesure, nous avions réalisé des œuvres en volume. En arrivant un peu avant le jour de l’inauguration, j’ai pu mettre quelques œuvres dans la rue… ce qui n’est pas chose courante dans un petit village anglais.

Cette expo a été une grande réussite pour tous et elle a été très appréciée.

Pour nous, enseignants des quatre écoles (belges, anglaise, française), ce thème a permis des échanges très positifs et des créations dont on ne soupçonnait le potentiel auparavant.
Toutes les tranches d’âge ont participé d’une manière ou d’une autre, les réalisations étant très variées : techniques, supports, présentations, etc.
Je crois personnellement, que “le faire” a été beaucoup plus riche que “le dire” (dans ce type de correspondance, la langue est une barrière).
La contrainte n’est plus celle du “je sais”, elle est libératrice du “je fais, j’ose”.

 

Belgique. 6e Collège, études de symétrie


 

                                                                                                                                                Belgique. CM2, Collage avec deux affiches


Même si les écoles partenaires du projet ne sont pas affichées Pédagogie Freinet, cette façon de provoquer l’Expression (échanges imposés, sur un thème défini à l’avance, dans un temps limité, pour un objectif précis et commun) a été source de créations pour beaucoup, d’enrichissements pour tous.
Nous en avons d’ailleurs reparlé dernièrement, car les mêmes écoles font partie d’un autre projet Comenius… alors qui sait ?

Michel Colas

 

France. Masques de bois de la Maternelle au CM2 en ateliers artistiques

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Boîte à sourires - Boîte à soupirs : Le carnet de bord de Marie

 

Revue en ligne CréAtions n°197 "Carnets de bord"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°197 - Parution : avril 2010

Article déjà publié dans la revue CréAtions du n°108 au n°112

Marie Savitri, Classe de TL Théâtre, lycée de Draguignan

 

Le carnet de bord de Marie

 

Le journal de bord en Terminale Littéraire Théâtre prend une place importante dans l’année. Il est personnel et regroupe nos décisions, nos intentions, nos choix théâtraux, nos envies et nos déceptions y figurent aussi. Le journal a rythmé mon année scolaire tout autant que mon évolution, ma progression artistique. Je dis artistique car ce ne fut pas qu’une ouverture théâtrale, mais également plastique et photographique.
Chaque week-end j’y amassais les apprentissages de la semaine, mes réflexions, mon émotion après une séance pratique, un spectacle, un cours...
J’ai privilégié les sentiments, les émotions, plutôt que l’objectivité. Ce fut le résultat d’une réflexion intérieure, intime, douloureuse parfois quand je me rendais compte des erreurs commises, voire d’une régression. Souvent j’ai douté. Je pensais n’être pas assez forte pour supporter un tel changement intérieur.
Pratiquer trois ans de théâtre change une personne, peut-être même une vie, du moins certains choix à faire par la suite. Le journal m’accompagna, il est une trace de mon éveil au monde.
Le journal de bord est identique à celui d’un capitaine de bateau : nous devons y inscrire le plus de choses possibles, commenter sans cesse chaque geste, chaque mot. Je me rends compte, maintenant, qu’il fut plus le témoin du développement de ma personnalité qu’un simple objet de travail. Tel une boîte à trésor, une boîte à secret, un jardin intime et caché. Dans un sens il fait le lien avec ma vie d’enfant, d’ado, ma vie en Inde, et avec ma future vie d’adulte.
Tout simplement, le journal de bord a été une boîte à souvenirs, à rêves, une boîte à rien, comme un objet de la vie courante. Boîte à sourire, boîte à soupirs. Je me livre entière, à construire.

témoignages sommaire CréAtions n°108 CréAtions "Carnets de bord" suite de l'article

 Carnet de bord, Théâtre, Ecriture, Spectacle vivant, photographie

 

Portrait et autoportrait

Mai 2004

 


CréAtions n° 112 - Travailler ensemble
publié en mai/juin 2004 - Editions PEMF

Classe de 4°, Collège d’Andernos les Bains (Gironde) - Enseignants : Dominique Brochet (Arts Plastiques),  Philippe Geneste (Français)

 

Portrait et autoportrait

Une expérience pédagogique interdisciplinaire sur l’identité

 

Début d’année : en français, les élèves lisent à la classe un acrostiche d’identité comme ils exposent une feuille peinte de leur couleur préférée en arts plastiques. En parallèle dans les deux cours, les élèves vont travailler sur le portrait littéraire (lecture, étude et production) et sur l’œuvre d’Edouardo Ponce, graveur sur bois, présentée dans la revue Plein Chant de janvier-mars 1984 (toujours disponible à Plein Chant 16120 Bassac). Tous les élèves ont donc en main le livre et les gravures. En arts plastiques, les élèves sont invités à retravailler une gravure de leur choix à partir de leur couleur préférée. Les élèves savent que l’autoportrait écrit et le portrait subjectivé créés par eux-mêmes à partir de la gravure de leur choix de Ponce, vont être envoyés dans le réseau “On S’affiche, Pédagogie Freinet”, et proposés à la revue Créations.
Ce travail achevé, nous avons en cours commun demandé aux élèves d’écrire un article court de présentation de l’œuvre d’Edouardo Ponce. Ce travail réflexif est aussi un moyen de réinvestir l’ensemble des savoirs et connaissances mobilisés autour de cette séquence interdisciplinaire. C’est à partir de ces textes qu’a été écrite, par les enseignants, la synthèse que vous lirez en fin d’article (n’est-ce pas une autre forme d’évaluation du travail interdisciplinaire, une évaluation productive et réflexive ?).

 

Lolita Darracq

 

 

Céline Ducellier
 

Lorsque j’ai de la colère en moi, je pense toujours au noir et rouge car je ressens toujours un peu de vengeance sur les personnes qui m’entourent ; mais je sais très bien que je ne leur ferai pas de mal. En effet, je n’ai pas la force d’exprimer ce que je ressens.
Avant j’habitais juste à côté d’une forêt mais plus je grandissais, plus les arbres tombaient à cause des tempêtes ou des maisons qui devaient être bâties. C’est dommage car lorsque j’étais petite, je rêvais de construire ma maison dans les arbres.
Mais maintenant c’est un nouveau quartier qui est à côté de chez moi. Il reste toujours un arbre, esseulé, placé juste devant la fenêtre de ma chambre. Ca me fait souvent plaisir de le voir quand je suis toute seule, parce qu’il est là depuis que je suis toute petite et, lui, il n’est pas parti. Il est resté dans mon jardin.

Joana Ruiz

Je suis le rouge, je suis le noir
Dans cet escalier sans fin, je représente la froideur
et le désespoir que je ressens au plus profond de moi
Sans issue
Sans personne à qui parler sauf à la tristesse
et au malheur que chacun a en soi
A la coupure de la vie
Et toucher de près à la mort sans en avoir vraiment envie,
comme si mon destin était déjà tracé, déjà vécu
Ne plus avoir d’espoir.

Joanna Ruiz

Bastien Clays

 

Stéphanie Gaurin

Je suis vive, j’ai besoin de bouger, de me défouler. Je suis très nerveuse. J’ai les cheveux longs et marrons. J’adore les couleurs vives comme l’orange, le vert, le jaune...
J’aime beaucoup l’été.
J’adore le feu, je trouve ça magnifique ; j’adore regarder le feu vivre, virevolter ses couleurs.
Et j’aime aussi regarder les étoiles. Je déteste la mort. J’ai les yeux marrons.
J’adore être entourée par mes amis, ma famille. J’aime énormément danser. Je participe à un club ; lors des galas, j’ai le trac ; c’est à ce moment-là que j’ai besoin de voir une amie ou un ami.
J’aime beaucoup les poupées de porcelaine, mais j’ai horreur d’en voir une cassée.
Si je pouvais, je brûlerais la mort.

 

 

Alexandra Dubaud

 

 

Eva Berger
 
Je suis grande parce que je mesure un mètre soixante quinze. Ma chevelure est blonde aux reflets dorés. Je suis un peu forte par rapport aux autres filles. J’ai de grands et beaux yeux verts qui voient loin. Ma bouche est pulpeuse, mon nez, légèrement gros. Mes mains fines ont de longs ongles dont je prends soin. J’ai deux trous à chaque oreille.
Mon personnage est noir parce qu’à certains moments de ma vie, je me suis sentie triste et déçue de tout. En même temps, je suis vert pâle, couleur de ma féminité, pâleur de ma coquetterie. Le vert foncé du silence marque mes paroles. La gaîté et la joie qui sont en moi me colorient en jaune et entourent ma vie.

 
       
 

Charlotte Fin

Je suis très joyeuse quand il y a de beaux jours. Parfois je peux être pareillement triste si je me dispute avec mes parents ou mes amis. Je suis très énergique, je bouillonne de chaleur et de vivacité. Parfois je me sens si triste que j’ai l’impression d’être emprisonnée dans ma propre douleur. J’ai une impression étrange, celle d’être complètement contrôlée par la deuxième personne qu’il y a en moi. Je trouve que les flammes me représentent bien. Je suis une personne ouverte qui parle à tout le monde sans trop de complexe. Les mauvais jours, mes flammes rouges deviennent noires et meurent.
Ma taille est quand même plus petite que celle des flammes. Elle est d’un mètre soixante. Je suis ingambe et sportive ; je ne suis pas aussi belle que les flammes quand leurs couleurs se mélangent mais je suis aussi souple que les flammes et l’obscurité qui se propagent.
Je suis blonde comme le soleil, les yeux bleus et verts comme la mer méditerranée. Ma mine est trompeuse ; je ne suis pas ange. Je suis nerveuse et très sensible à la moindre réflexion, comme les flammes le sont à la moindre étincelle.

 
Damien Denis

L’homme a les mains au milieu du corps, comme quelqu’un de mort. A l’intérieur du cercueil, l’homme est blanc, la couleur du paradis. L’extérieur du cercueil est noir comme en enfer. Quant à moi, je voudrais aller au paradis.

Julien Delmœre

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Le forum du vent

 

Revue en ligne CréAtions n°186 "ÉCHANGES"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°186 - Publication en février 2008
Article déjà paru dans la Revue CréAtions n°112

Classe de CM1/CM2, école de Cavillargues (Gard). Enseignant Bruno Andrieu. Et écoles de Le Pin, Saint-André-d’Olérargues, Saint-Marcel-de-Careiret, Saint-Paul-les-Fonts

 

A partir d’un thème, des écoles voisines

font des ateliers complémentaires

et exposent ensemble

 

 

Préparation


La préparation du "forum du vent" a été complexe : il a fallu trouver des idées, bricoler, peindre, coller , recommencer, découper, attacher des fils de fer, percer, reprendre, etc.
Chaque opération, chaque réalisation a donné l’occasion d’écrire :
- pour décrire les difficultés de la mise en oeuvre
- pour expliquer ce qui était fait, dans quelle intention, dans quel sens
- pour accompagner l’objet technique d’un peu de poésie car sans poésie, on n’est rien du tout.
Avant le forum, il y avait eu le carnaval. Les idées y avaient déjà été expérimentées. Les réalisations du forum du vent ont prolongé le travail pour le carnaval.

Thème de l’air et du vent Char de carnaval (exposé au forum)

Extraits des journaux électroniques (Mel)


Premier journal de la semaine : du 4/02 au 13/02 2002
La structure du char
Aujourd’hui, 12 février 2002, nous avons fait un assemblage de bambous verticaux, horizontaux, et en diago-nale sur un chariot .Nous avons utilisé une tenaille, une pince, du fil de fer, de la tarlatane et une scie. Nous faisons ce char pour le carnaval qui aura lieu le 16 mars 2002.
Raphaël, Kévin, Justine et Géric


La déco des ordinateurs
Aujourd’hui mardi 12 février 2002 nous avons fait des groupes. Le nôtre est chargé de peindre les ordinateurs. Nous avons dessiné d’abord au crayon à papier. Après avoir gommé plusieurs fois, nous sommes passés à la peinture. Les couleurs utilisées par les élèves sont : rouge, orange, magenta, bleu, vert, marron, jaune et noir.
Chloé, Amandine, Sylvain et Cécile


Les girouettes
Nous avons choisi l’atelier Girouette qui consiste à créer des girouettes en forme d’oiseaux pour le char de Carnaval. Nous avons peint de couleurs vives les silhouettes que nous avions dessinées puis nous avons re-passé à la peinture noire.
Pauline, Léa, Manon et Aymeric


Les éoliennes
Aujourd’hui, nous avons travaillé sur les éoliennes. Nous avons eu une roue de vélo chacun. Jean Hervé dévissait un rayon sur deux pendant que Romain essayait d’enlever le rayon avec un fil de fer tordu. L’après-midi nous avions une scie pour couper les rayons. Mais la roue se tordait parce qu’il manquait des rayons, il faudra les resserrer.
Jean, Hervé et Romain


Troisième journal du 17/03 au 09/04
Cette semaine nous avons beaucoup avancé le char. Le groupe "girouettes"a trouvé un système pour faire tourner les girouettes, une éolienne est terminée, les mobiles sont presque tous peints et le char semble de plus en plus léger grâce au groupe des “ Légérovents ”. Le plan de travail continue jusqu’à vendredi. En maths nous cherchons des problèmes de division sur les fichiers. En français nous travaillons sur le passé simple et le conte. L’organisation du travail sur le conte se passe comme ça : le soir les élèves le lisent et le lendemain nous travaillons dessus en discutant et nous marquons sur nos cahiers des remarques.
Écrit par Hugo, tapé par Géric et Paulin


Le carnaval

Pour le Carnaval nous avons fait un char. Il avait plusieurs parties. Nous avons alors fait un texte pour chaque partie. En voici quelques uns :


Les mobiles
Les mobiles sont faits pour se balancer de tous les côtés. Pour s’hypnotiser et s’endormir. Leurs couleurs atti-rent le vent qui les pousse doucement et calmement. Leur légèreté les envole loin d’ici.

 

Les girouettes
Nous avons attrapé ces girouettes majestueuses et incroyables dans un arbre splendide alors qu’elles grigno-taient quelques cerises. Elles volent miraculeusement, elles sont majestueuses.

 

Le léger
Les ballons violets sont comme le ciel couvert. Et les tissus sont magnifiques avec leurs couleurs et leurs beau-tés. Les fils de laine sont multicolores comme l’arc-en-ciel après l’orage.

 

Les roues volantes
Selon la légende, les roues volantes seraient des serviteurs de l’enfer. Elles mettaient la terreur partout sur la planète. En tournant, les gens étaient morts de trouille. Mais un jour, la classe de CM, partit au centre de la terre, en expédition, pour essayer de capturer ces roues infernales. Une fois dans ce labyrinthe sans fin, ils arrivèrent à les capturer. Et la peur disparut pour "toujours".

 

 

Le forum


Ces textes ont été repris avec d’autres pour accompagner la présentation des objets au forum
La veille du forum, il fallut faire un dernier effort d’explication, chaque réalisation devait avoir un sens et pouvoir être expliquée aux visiteurs par les élèves, en s’appuyant sur les panneaux d’explication.

Les girouettes
On a eu beaucoup de mal à faire les girouettes. Pourquoi les girouettes ne tournent pas ? On n’arrivait pas à répondre à cette question. Comment est faite la girouette ? Nous avons discuté en classe pour savoir comment faire tourner les girouettes.
Puis nous avons dessiné un oiseau et on l’a peint sur une plaque en bois. Après nous avons choisi des bambous assez hauts et assez fins. Ensuite nous avons pris un tuyau, nous l’avons mis sur le bambou et nous avons remarqué qu’il était trop fin. Après nous avons percé un bouchon de lait, nous l’avons enfoncé sur le bambou et ça a tenu le tuyau. Nous avons coupé le tuyau et nous avons glissé la girouette dans la fente.
Léa, Pauline, Manon, Amandine


Les roues d’Eole
Nous avons pris une roue de vélo et nous avons collé des pales. Les pales sont faites en carton. Nous avons mesuré les rayons et nous avons fait les pales sur le carton suivant la mesure. Puis nous les avons scotchées sur les rayons. Attention, il faut coller les pales dans le même sens sinon ça ne tournera pas. Ensuite nous les avons peintes.
Sylvain, Romain, Raphaël


Le portique des girouettes
Ce portique est-il une corde de funambule sur laquelle se promènent de petits oiseaux tournant avec le temps ou un pont qui se reflète dans l’air du vent, ou bien la porte magique ouvrant sur le jardin du rêve ?
Texte collectif le 3 mai 2002


Le stabilomobiloBoum
Il fait du bruit sur une plaque en fer avec un caillou qui tape sur la ferraille. C’est un monstre à une queue, une tête et des écailles qui tapent sur la plaque de ferraille.
Texte collectif

 

 

A la suite du forum du vent, les élèves ont écrit leurs impressions

…/… Il y avait de tout : des cerfs volants au parapente en passant par les éoliennes, les girouettes, et les montgolfières. Il y avait aussi des expériences sur le vent et c’est là que la plupart des gens allaient. A l’ordinateur un élève de l’école tapait un conte sur le vent et expliquait comment on l’avait fait. Sylvain

…/… En début de matinée, tous les enfants présents ont aidé à installer les panneaux d’affichage présentant les exposés sur le vent ainsi que les mobiles et tout le matériel servant à l’exposition. De 11 heures à midi, Saint marcel de Careiret a organisé un lâcher de cerfs volants. La plupart des enfants étaient sur le stade à regarder l’envol des cerfs volants, les stands étaient presque vides. L’après midi de 14 heures à 15 heures, des matchs de freesbee étaient proposés aux enfants. Après cette activité, à 16 heures, un lâcher de ballons avait lieu pour tous les enfants des écoles. A la fin, tout devait être rangé, Les parents ont participé à la fête et ont apprécié les réalisations de leurs enfants. Le rangement s’est terminé autour de 17heures 30.
Romain

Le matin à 11 heures, je suis arrivé. Amandine commençait à taper à l’ordinateur. Puis vers 11heures 45 j’ai commencé à taper mais personne ne s’y est intéressé.
Géric

Impressions
Je ne n’imaginais pas qu’il y aurait tant de monde, cela m’a surpris. J’étais très content car je pensais que nos stands allaient avoir un grand succès. Mais je fus très déçu parce que peu de gens vinrent les visiter. En effet, la majorité des visiteurs ont préféré faire les expériences sur le vent, proposées par les autres écoles. J’ai aidé Bruno et les autres à installer les préparatifs du forum. En fin d’après-midi, j’ai fait voler un cerf-volant. Quand les gens ont commencé à partir, j’ai ramassé les papiers sales. Pour me remercier, on m’a donné une canette de Coca et un sac de bonbons.
Raphaël

Les cerfs-volants
Hesse, un copain du foot, m’a prété son cerf-volant. C’était bien qu’il y ait plusieurs écoles pour se prêter les cerfs-volants, chaque enfant a pu faire voler un cerf-volant.
Maxime

Ce qui m’a plu comme activité pour le forum du vent c’est les cerfs-volants. Les CM de Saint Marcel de Careiret avaient construit de beaux cerfs-volants, ça faisait un effet formidable au dessus du stade. Amélie, une copine de la danse, m’a expliqué comment on se sert d’un cerf-volant, puis elle m’a laissé faire. C’était compliqué de le faire voler.
Justine, le 8 mai 2002

Les contes
Samedi matin, je suis allée de 11 à 12 heures au forum du vent pour aller à mon poste de travail. D’abord j’ai tapé le texte de Justine et puis je suis allée voir les expériences et je suis partie après avoir expliqué les panneaux des parachutes.
Amandine

L’activité qui m’a le plus plu dans le forum était les contes. Au début Amandine tapait le conte de Justine et moi je le lui dictais . Ensuite c’était le contraire. Puis des personnes sont venues les lire et on dit : “ Que Justine a une belle écriture ! ”
Cécile, le 14 mai 2002

Le lâcher de ballons
Au forum du vent, samedi 4 mai à 16 heures, il y avait foule sur le parking. Les enfants attendaient impatiemment qu’on leur distribue un ballon. Certains s’élancèrent avant le départ. Un sifflement, les enfants lâchèrent leurs ballons. C’était joli, le ciel était coloré de centaines de ballons.
Marina, le 10 mai 2002

Les roues d’Eole
Les roues d’Eole tournèrent très vite sauf une, car elle n’arrivait pas à prendre le sens du vent. Leurs couleurs donnaient l’impression d’arcs-en-ciel.
Hugo, le 11 mai 2002

Les éoliennes tournaient bien, mais celle tenue par un bambou est tombée sur la tête de quelqu’un. Il y avait aussi de très bons exposés avec des images colorées et de bonnes informations sur le thème choisi.
Andréas le 13 mai

Toutes les éoliennes marchaient, surtout la plus grande. L’éolienne à bille ne se mettait jamais dans le sens du vent. Sinon, tout s’est bien passé car il y a eu beaucoup de gens qui venaient pour savoir comment on les avaient faites. Kevin le 13 mai

Nota bene: cet article a été publié dans la revue CréAtions n° 112, en mai 2004. Il y est accompagné d'illustrations complémentaires.

 

Sommaire
CréAtions N°112
Tous les témoignages Sommaire ECHANGES

 

 

 

Bibliographie

Mai 2004

 

 

CréAtions n° 112 - Travailler ensemble

publié en mai/juin 2004 (Editions PEMF)

Bibliographie

 

Bibliographie " Travailler ensemble "

 

- Pratiques globalisantes, Revue Créations N° 107, Ėd. PEMF.
D’autres manières d’envisager l’espace de travail et le temps didactique qui permettent implication personnelle et connaissance de l’autre dans le travail coopératif.

- Coopérativement, Revue Créations N° 89, Ėd PEMF.
Des exemples concrets du “ travailler ensemble ”:organisation d’un espace atelier, une classe de copains, une fête du livre œuvre collective…

- Coopération et pédagogie Freinet, Focquenoey Thierry (sous la coordination de), Ėd. ICEM N° 33, 2002.
Nombreuses pratiques éclairées par différents points de vue.

- L'oral dans une démarche globale de communication et de coopération, (1 livre plus 1 CDRom), Lemery Janou (sous la coordination de), Bertet Christian, Ėd. ICEM N° 22, 2001.
Parole quotidienne et spontanée, parole d'organisation, de gestion, parole d'expression et de création, parole d'argumentation… Le CDRom apporte des témoignages vivants et convaincants.

- La correspondance scolaire, Bizieau Christian ( sous la coordination de), Ėd. ICEM N° 9, 1996.
La correspondance scolaire sous toutes ses formes

- Essai sur l’exotisme, une esthétique du divers, Victor Ségalen, Ėd. Fata Morgana.
Critique d’un exotisme qui réduit le rapport à l’autre différent à un double de lui-même, pour une reconnaissance de l’autre, de l’ailleurs, dans sa diversité, ses différences.

- La tentation de l’innocence, Pascal Bruckner, Ed. LGF, Coll. Le Livre de poche, 1996.
Une réflexion sur l'homme occidental : pris entre l'immaturité et la victimisation, il refuse la vie adulte. C'est pourtant le prix à payer pour un homme qui a une telle soif de liberté.

- L’Institution imaginaire de la société et Les Carrefours du labyrinthe, Cornélius Castoriadis, Ėd. du Seuil, Col. Points Essais
Une œuvre essentielle, à mettre dans ses projets de lecture, ensemble d’essais du co-fondateur du groupe et de la revue Socialisme ou Barbarie, qui propose, à partir d’une analyse des sociétés libérales et riches, générant “un nouveau type d’individu, défini par l’avidité, la frustration, le conformisme généralisé /…/ perpétuellement distrait, zappant d’une “jouissance” à l’autre, sans mémoire et sans projet /…/ ”, le concept stimulant et offensif d’un imaginaire social instituant, comme déploiement de la créativité sociale. La philosophie comme création de significations, œuvre de l’imaginaire des société et de l’imagination des êtres humains singuliers.

- Réciprocité et réseaux en formation, dir. Claire Héber-Suffrin, Gaston Pineau, Ed. Education permanente, 2000.
Ce numéro propose de dégager les sources sociales et culturelles de deux notions qui interrogent frontalement la formation : réseau et réciprocité.

- L’apprentissage coopératif, théorie méthode et activité, Philip C.Abrami et autres, Ed de la Chenelière, Ed. Accès, 1996

- Les sept savoirs nécessaires à l'éducation du futur, Edgar Morin, Ed. Seuil, 2000

- Construisons une cathédrale, Enzo Cucci, Janis Kounellis, A.Kieffer


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