CréAtions N° 78 – La part du maître

Octobre 1997

 


CréAtions N° 78 - La part du maître


septembre/octobre 1997


Ont participé à l’élaboration de ce numéro : Nicole AUNE, Annie CROCHERIE, Pierre FOURRIER,  Jeannette GO,  Agnès JOYEUX,  Maud LECHOPIER, Hervé NUŇEZ, Danièle MALTRET, Annie SOLAS.

Photographies : Jacqueline BENAIS, François GOALEC, Agnès JOYEUX,  Maud LECHOPIER, Annie SOLAS.    

 Sommaire
Titre et chapeau
Niveau classe
thème
Techniques utilisées
artiste
  La part du maître    édito                                                    

 

Du fond surgit la forme Second degré - Espagne Une expérience menée sur trois ans pour favoriser l'expression des enfants.
peinture, encres, pastels,  
  
 Atelier en collège ....
  ... pour faciliter le développement de l'autonomie, de la créativité, de la socialisation. peinture, dessin, encres, pastels  
  
Créations artistiques élémentaire Le travail de l'enseignant n'est-il pas de créer un milieu riche ? peinture, pastels, fusain, écriture  
   Reg'art d'enfants élémentaire: CP Une institutrice de CP raconte son expérience d'une année scolaire avec une intervenante dessin, peinture, pastels  
   Monotypes  artiste Rencontre avec Isabelle Gomond monotypes Isabelle Gomond, peintre
   Pavages élémentaire Lors d'une rencontre nationale d'enfants, un atelier de Pavage bois collage, bois  
  Regard sur la couleur maternelle En parallèle à l'atelier de peinture libre, un atelier peinture à consignes peinture, craies, collage  
  Empreintes maternelle Un travail sur les empreintes dans le cadre d'un projet global sur la sculpture peinture  

Juste l'envie, le désir, l'impulsion, l'imaginaire... 

élémentaire: CP Culture d'une classe "On essaie, on tente, on ose, on rate, on reprend, on abandonne, on poursuit" peinture  
Passage à travers la percussion élémentaire: CM Un musicien, en visite dans l'école, invite les enfants à produire des créations musicales. musique Francesco Agnello, musicien-compositeur

 

 

Edito Créations n° 78

Septembre 1997

 


CréAtions 78 - La part du maître - publié en septembre-octobre 1997


Annie Solas

La part du maître

 

« Il nous faudra marquer et étudier dans quelle mesure le seul fait pour l’enfant de s’exprimer librement par le dessin et la peinture […] contribue d’une façon insoupçonnée à l’harmonisation des individus, à leur équilibre, à leur culture et même à leurs acquisitions scolaires » (1). C’est au départ de leur aventure pédagogique qu’Elise et Célestin Freinet ont attiré l’attention sur le rôle essentiel de l’acte créateur et la nécessité d’inscrire cette démarche dans le contexte socio-culturel. Leur « ouvrir les fenêtres sur le monde de l’idéal et les techniques nouvelles » (1) s’inscrivait à l’avant-garde des écrits contemporains aux côtés du « favoriser l’appropriation des formes diverses de l’expression pour repousser l’image du réel » de Jean Dubuffet. Enfin, tout comme le Pourquoi était incontournable, le Comment était, lui, rarement explicité dans tous leurs écrits.

Un Comment reposant essentiellement sur la part du maitre, à propos de « ces règles, ces lois qu’il faut « atteindre par le tâtonnement » (1)., car « on ne doit pas endiguer trop tôt le torrent qui gronde et s’agite de crainte de l’immobiliser » (2). Et, ajoutaient-ils, il faudra penser à « magnifier dessins et peintures qui seront alors dignes d’une collection, d’une exposition » (1) pour « sauvegarder le besoin d’ascension et de vie » (2). Tout était donc dit sur l’importance de savoir accompagner l’enfant dans son expression individuelle pour l’aider à conquérir « la liberté difficile » (2) par le travail, le respect des règles et l’ouverture sur le monde, la place du cheminement naturel et celle des apprentissages, du « nourrissage ».

On devine combien délicate est cette tâche pour celui qui devra, en son être, posséder lui-même ce Comment, car « ce qu’on ne sait pas, on ne saurait ni l’enseigner, ni le donner à un autre » (3). C’est animé du sentiment profond du sens de la liberté que le maitre pourra laisser l’enfant s’exprimer librement jusqu’à atteindre le besoin de se former pour accéder à une autre liberté, plus vaste et débordant le cadre scolaire : une liberté construite sur des règles. Et plus délicate encore sera la tâche lorsqu’il devra accompagner des enfants devenus trop tôt prisonniers d’eux- mêmes, de leur éducation, n’ayant ni désir, ni besoin d’expression. Il lui faudra « veiller à ne pas les mettre en situation de faire ce qu’ils ne peuvent pas » (2), savoir recourir aux déclencheurs, aux aides, aux consignes ouvertes jusqu’à faire naitre le désir d’agir, de tâtonner pour atteindre le jaillissement.

Et c’est en cela qu’Isabelle Gomond (voir p, Monotypes), qui fut en partie son propre maitre, s’inscrit dans cette démarche, affirmant que si désir et besoin sont nécessaires, ils ne suffisent pas en préalable. Le travail, la maitrise des gestes, des outils, matériaux, la connaissance du monde nourrissent le tâtonnement, l’expérimentation pour atteindre l’expression créatrice. Tout ceci ne pouvant être dissocié de la formation de l’être à devenir acteur par son esprit critique et les « propositions nouvelles » qu’il fera au groupe, à la société. Elle nous explique comment le maitre devra savoir apporter à l’heure juste – respectant l’étape purement personnelle et les répétitions inlassables des mêmes gestes - les règles, les apprentissages, le « nourrissage » dans la connaissance du monde de la création passé et à venir, en laissant l’enfant  « emprunter aux autres jusqu’à trouver son propre chemin » (1) comme « ces abeilles, qui butinent çà et là les fleurs, et ensuite en font leur miel, qui n’est qu’à elles : ce n’est plus du thym ni de la marjolaine. Car ce que l’enfant a emprunté à autrui, il le transforme et le fond de manière à faire une œuvre qui soit toute à lui » (4) dans une liberté conquise.

Annie Solas

 

(1) Méthode naturelle de dessin, Célestin Freinet
(2) Les Dits de Mathieu, Célestin Freinet
(3) Platon
(4) Essais sur l’Education, Montaigne

 

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Du fond surgit la forme

Septembre 1997

 


CréAtions 78 - La part du maître - publié en septembre-octobre 1997


Ecole dAlphonse XII, Algésiras (Espagne)
- Enseignant: Fransisco Gallardo - intervenante: Maria José Bellido

Du fond surgit la forme

 

Créations retrace l’expérience menée par des amis du Mouvement espagnol de l’Ecole moderne. Nous les remercions de leur contribution au développement sans frontières de l’expression enfantine.

 

 

Maria José Bellido enseigne les arts plastiques dans un établissement du second degré proche de Cordoue. En juin 1996, elle a soutenu avec succès une thèse de doctorat sur l’enseignement des arts plastiques en pédagogie Freinet. Fransisco Gallardo est instituteur, membre du Movimiento Cooperativo de Escuela Popular Espaňol.

 

 

Le projet lancé au cours des années 1994-1995 et qui s’étend sur trois ans est fortement influencé par la situation de l’école publique Alphonse XII d’Algésiras. Elle se trouve, en effet, dans un quartier socialement défavorisé et les caractéristiques de la population scolaire sont la marginalité, l’absentéisme et une très grande inégalité socioculturelle. L’expérience menée, à travers différents projets artistiques construits en fonction de ces conditions, va donc n’avoir pour but que de favoriser l’expression du vécu des enfants qui n’ont pas, jusque-là, le sentiment que la vie et la vision de l’un puissent concerner l’autre. Pour y parvenir les deux enseignants ont établi une organisation du travail qui, à partir de l’apprentissage en ateliers des procédés et techniques d’arts plastiques, permet un travail interdisciplinaire.

Atelier de couleurs


Du fond surgit la forme et celle-ci réinvestit le fond. Nous décidons que garçons et filles vont jouer avec les couleurs, avec les taches, les superficies. Qu’ils peindront, plutôt que de partir d’un dessin qu’ils colorieraient de l’intérieur. Ils commencent, en petits groupes, par créer un chaos (et il y a de beaux chaos). Mais du chaos surgissent les formes. Tous discutent de ce que leur suggèrent ces taches, ces surfaces. Puis ils vont concrétiser, révéler les formes.

 

 

     

 

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Atelier en collège

Septembre 1997

 


CréAtions 78 - La part du maître - publié en septembre-octobre 1997


Collège le Chapitre, Chenôve (Côte d’Or) – Professeur : Janine Poillot

Atelier en collège

 

Fonctionnement général

Le matériel est géré coopérativement. Ce sont des volontaires qui le distribuent et le ramassent.

Organisation de la classe

Différents ateliers découlant de l’organisation du travail sont mis en place dans la classe. Chaque élève choisit et programme son travail concernant les thèmes, les techniques, le rythme. Le choix comporte d’une part la possibilité de réaliser, dans le cadre du travail hebdomadaire, un travail seul(e), à partir de la fiche Plan de travail, à partir de nombreux jeux créatifs ou à partir de la documentation ; d’autre part la possibilité de participer à un projet collectif que le professeur propose plusieurs fois par an. Chaque élève prépare un dossier comprenant une fiche Plan de travail sur laquelle il inscrit ses choix, une fiche Evaluation pour lui et pour l’enseignante, les travaux qu’il a réalisés en classe.

 

Exigences de l’enseignante

Les travaux doivent être personnels, variés, relevant d’une observation de la réalisation, d’un travail de l’imagination, et réalisés en classe.
Les dossiers sont rendus à l’enseignante à la fin de chaque trimestre, contenant au moins quatre dessins pour les 6e-5e, au moins trois dessins pour les 4e-3e.
Les élèves reçoivent une note par trimestre en évaluation de leurs travaux strictement personnels ou appartenant au projet, de leur attitude, des efforts fournis.

 

 

Part du professeur

Le professeur suggère des techniques, des thèmes, propose une ouverture sur l’art.
Cette aide se fait régulièrement selon les opportunités, les demandes, soit à partir de jeux créatifs d’incitation, de déblocage, soit à partir de projets auxquels chacun peut participer avec une grande documentation.
Que sont les jeux créatifs ? Des incitations à la créativité, des pistes de déblocage… Ces incitations sont basées sur l’humour, l’insolite, le fantastique. Ce sont des dessins ou morceaux de dessins, des effets de taches, graphismes, des phrases ou morceaux de phrases à assembler ou combiner, des sujets de dessins.
Ces jeux se présentent sous forme de fichiers dans des chemises ou des classeurs, ou sous forme de carnets, comportant parfois des pages découpées à manipuler, ou dans des papier enroulés ou pliées à dérouler.

 

 

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couleur, paysages, portraits

 

Créations artistiques

Septembre 1997

 


CréAtions n°78 - La part du maître - publié en septembre-octobre 1997


Ecole de La Mareschale, Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) – Enseignante Monique Godfroi

Créations artistiques

 

" L’essentiel reste aujourd’hui, comme autrefois, de fortifier la personnalité, de retrouver et d’animer en elle le sens de la vie et de l’équilibre." Célestin Freinet

 

 

Art, dessin libre, création, expression, liberté, travail, communication, échange, écoute, autonomie, responsabilité, coopération… Tous ces mots sont utilisés depuis toujours par chacun de ceux qui travaillent en pédagogie Freinet.
Dans ce monde moderne où l’on oublie souvent l’homme, il est indispensable de préserver, pour les enfants, tout ce qui aide à voir, à entendre, à comprendre, à critiquer, à décider, à sentir, à évaluer, à se connaître, et à connaître les autres, à entrer en relation avec ce qui les entoure, à chercher son équilibre.
L’expression créatrice permet à l’enfant de traduire sa représentation du monde, donc de le comprendre. J’aime assez cette définition de la créativité d’A. Beaudot : " Capacité d’exploiter sans contraintes, de manière brute, ce champ initial des possibles, sans désir précis de construire et d’élaborer. "

 

L’enfant qui crée ne visualise pas le produit final, c’est à chaque fois une surprise. Il réfléchit, fait des choix, peut changer d’avis ou en demander un, il est plus ou moins satisfait de ce qu’il a fait. Il aura envie de le monter ou non, qu’on en parle, qu’on l’affiche ou pas. Là interviennent le droit à la différence, le droit d’être respecté. On ne fait pas que créer, on parle ensemble de l’acte de créer, de dessiner, d’écrire, de présenter.

 

Ce qui est important, c’est de faire en sorte que l’enfant puisse de plus en plus faire appel à ce qui est à l’intérieur de lui-même pour s’exprimer, pour créer.
Chaque enfant a sa vie propre, ses souvenirs, son tempérament, sa culture, et tous ont besoin de s’exprimer, même ceux qui semblent réservés, peu motivés, réticents, aucun ne doit se faire oublier, chacun doit avoir sa place avec ce qu’il est, c’est-à-dire un être en évolution.
Je suis persuadée qu’un enfant qui dit " Je n’aime pas dessiner " souffre d’un blocage.

Quand un enfant découvre qu’il peut jouer librement avec les supports, les matières, les matériaux, les couleurs, qu’il peut mélanger des techniques, faire des expériences, quand un enfant découvre qu’il peut intervenir pour transformer, améliorer son œuvre, décider de ne pas continuer un dessin qu’il juge raté, quand il découvre que le beau varie selon les goûts de chacun, qu’à certains moments on peut avoir envie de peindre non pas le beau mais le laid, la violence, la souffrance, alors il est en confiance, il est capable de comprendre que la réussite vient plus du fait qu’on a trouvé les moyens de traduire de que l’on voulait exprimer, avec la part d’aventure, de hasard que cela suppose, que d’avoir réalisé ce que l’on appelle une œuvre d’art.

Tout moment de création dans la classe est un moment de détente, de plaisir, de liberté, mais aussi de travail, de recherches, de questions, d’échanges avec les autres, suivi de moments de communication.
Si le maître fait en sorte que chaque individu du groupe (et lui en est un) s’exprime, agisse, propose, critique, accepte, refuse avec ce qu’il est, ce qu’il a d’original, si les problèmes sont discutés coopérativement, si chacun donne son avis et apprend à le défendre, alors chacun trouve sa place.
Le maître est là pour inciter à la création, stimuler l’imagination, trouver des déclencheurs pour faire émerger des souvenirs, des émotions, des images.
Mais, en trente ans d’expérience, je puis dire que j’ai aussi développé ma propre imagination, ma sensibilité à tout ce qui est expression, création au contact des enfants. Ensemble, nous travaillons, nous communiquons, nous évoluons.

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Reg'art d'enfants

Septembre 1997

 


CréAtions 78 - La part du maître - publié en septembre-octobre 1997


Classe de CP, Ecole de Villelaure (Vaucluse) – Enseignante : Joëlle Février – Intervenante : Odile Fabre

Reg'art d'enfants

Joëlle Février, institutrice de CP, raconte son expérience d’une année scolaire avec une intervenante, Odile Fabre, enseignante en disponibilité munie d’un CAFMIF Arts Plastiques.

 

 

 

 

 

 

La terre du Luberon, gorgée de soleil…
Quelques œufs battus en omelette…
Une cuillerée de l’un plus une cuillerée de l’autre.
Une merveilleuse matière pour entreprendre le chantier d’un paysage provençal.
Le cernage est réalisé au feutre noir après séchage.

 

Joëlle Février : Avant de travailler en arts plastiques avec Odile, je me reprochais de ne pas proposer à ma classe un éventail de techniques et matériaux suffisamment variés. Je ne trouvais jamais le temps, ni l’énergie d’installer des ateliers, car je ne savais pas comment m’y prendre. Je n’osais pas me lancer car les contraintes matérielles me paraissaient insurmontables.
Néanmoins, je ménageais régulièrement des moments de dessin libre, de peinture au sein de ma classe et chaque année, j’obtenais de belles productions.
Pour peu qu’il y eût un ou deux « enfants-artistes » dans la classe, la valorisation de certaines créations provoquait la progression du groupe entier, par imitation, par une meilleure prise de conscience du schéma corporel, par l’enrichissement du graphisme et des détails sous l’effet de petites remarques pertinentes, de questions, de conseils…
Ce que je pensais savoir faire ?
- Laisser un peu de temps aux enfants pour leur permettre d’exprimer ce qu’ils ont en eux.
- Accepte qu’ils puissent dessiner presque la même chose chaque jour, et reconnaitre dans cette répétition un besoin profond ayant parfois une value thérapeutique.
- Incite les enfants à faire varier les matériaux, les supports.
Cette année, Odile est entrée dans ma classe comme un rayon de soleil.

 

Odile Fabre : J’ai proposé à Joëlle de démarrer dans sa classe un travail de découverte et d’expression. A travers la mise en place de ces ateliers s’est exprimé mon désir de créer des liens amicaux avec la nouvelle maitresse de mon fils, qui d’emblée m’a ouvert la porte de sa classe, et celui de favoriser chez les enfants leurs besoins fondamentaux d’affirmation de soi, de libération et de jeux.

Joëlle Février : En proposant à chaque séance, deux ou trois ateliers différents, c’est une mine d’idées nouvelles et une véritable formation qu’elle nous a apportées, à moi et à mes collègues qui suivaient avec intérêt les réalisations dans ma classe de CP.
Au début j’avais scrupule à consacrer toute une demi-journée par semaine aux arts plastiques, mais j’ai très vite découvert l’existence d’une globalité des apprentissages dans ce domaine. Chaque séance mettait en jeu l’attention, la réflexion, l’expression orale, le respect des autres et du matériel. Elle permettait l’acquisition de techniques, développait l’autonomie, les échanges et l’esprit de coopération lors de la participation à des œuvres collectives, mais aussi lors de l’installation des ateliers, de la remise en ordre et du nettoyage.

 

Odile Fabre : Que les enfants prennent plaisir à agir sur les matériaux, communiquent leurs découvertes, enrichissent leurs références artistiques, développent leur curiosité, leur imaginaire et prennent conscience de l’évolution d’une œuvre sont mes préoccupations essentielles.

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Monotypes, Rencontre avec Isabelle Gomond, peintre

Septembre 1997

 


CréAtions 78 - La part du maître - publié en septembre-octobre 1997


Rencontre avec Isabelle Gomond, peintre

Monotypes

On a tellement fait circuler l’idée que les femmes n’ont accès à l’art, à la peinture que lorsqu’elles ont un certain statut : qu’elles sont seules, célibataires et qu’elles assument celui d’artiste masculin. Je veux proclamer et j’assume mon statut d’artiste, de femme et de maman.

 Rencontre avec                               
                            Isabelle Gomond, peintre 


Ouvrir la fenêtre sur mes émotions intérieures

 

Isabelle Gomond : Je ne peux pas dire que je suis "Maître de ma Création". Elle a une partie autonome dont je suis l’esclave consentante. Figuration et abstraction servent toutes les deux des aspirations complémentaires. Le "dit"et le "non-dit", chaque regardeur va compléter le tableau par son propre regard.
J’ai toujours cherché à faire vibrer chez les autres des ondes sensibles. Mon regard sur mes propres perceptions m’a incitée à développer dans mon travail une force qui sert de véhicule à cette sensibilité.

 Monologue, 54 x 65
 

                   Sans titre, 120 x70

Au départ, j’ai travaillé dans tous les sens, mon attention ne s’était pas portée sur le message que je pouvais véhiculer. Je faisais les images que j’aurais aimé voir : mes premières images de la nature ont évolué vers des paysages oniriques, fantastiques, puis surréalistes, purement imaginaires; un imaginaire poétisé, un réel sensible. Je cherchais à transcrire les sensations de l’éphémère.
Je crois avoir épuisé mon intention : "me donner des images". Quand j’ai compris que je pouvais en créer à volonté, j’ai pu aller à la recherche du plus profond, du plus proche du sens. Ce n’était pas le choix du présent qui nie le passé. C’est le choix de quelque chose qui a bien vécu, qui s’est bien repu et qui permet de commencer autre chose. On ne peut pas, enfin je le pense, donner, créer un sens au départ. Il émerge de ce qu’on est, de ce qu’on fait. Il faut d’abord se débarrasser d’un tas d’illusions et puis: savoir dessiner. C’est la base, mais cela prend des mois, des années jusqu’à s’être prouvé qu’on sait et qu’il n’y a plus à le prouver aux autres, ni à être en démonstration de la technique. Il reste à mettre en œuvre ce qu’on a à faire, à dire.


Le passage obligé : apprendre à dessiner puis oublier

C’est souvent le passage obligé de l’artiste. Van Gogh et bien d’autres en sont l’exemple. Ils ont commencé avec leur désir, leur émotion, mais cela ne suffisait pas. Il faut, à un moment, acquérir la maîtrise, puis la dépasser dans le sens où ce qu’on va faire, montrer, ne devrait plus comporter de  "technique visible".
Cependant, on se confronte là à des polémiques difficiles. Le sectarisme me choque dans le sens où il faudrait rejeter l’autre pour affirmer ses propres points de vue sur la création. Il faudra bien sortir de ces comportements et éviter les phrases réductrices, choquantes. Certains artistes vont devoir afficher la technique: les "décos" par exemple, qui sont dans l’obligation de répéter une dizaine de fois le même geste et dans l’art du trompe-l’œil également; la technique est, là aussi, mise en avant et un certain public apprécie de la voir dans son évidence. Il n’y a pas à chercher comment elle est venue là, elle est là. Cependant, les uns comme les autres peuvent être des créateurs, s’ils ont fait le choix d’un parti pris, conçu une image qui leur soit propre et, par là, dépassant la simple technique. Je ne parle pas de la peinture commerciale, elle ne fait pas partie de l’art.
Il y a bien sûr, tous ceux qui possèdent la technique et ne s’en débarrassent pas facilement. Certains artistes sont d’une grande technicité, et c’est elle qui est l’impact principal, elle porte le sens qui n’est là qu’au second degré, chez Dali par exemple. Il faut alors, au-delà du regard, savoir lire, comprendre.
La seule chose qu’il faut bannir, je crois, c’est quand l’art ne fait plus que se répéter sans l’acte de créer et ne fait appel qu’à un regard primaire. L’intention n’est là que de galvauder, montrer, vendre. Il n’y a pas d’identité propre. La sincérité est importante ainsi que le fait de proposer d’avoir un parti-pris qu’on peut identifier. S’il n’y a pas cela, il n’y a rien. Au-delà de la maîtrise du dessin, de la technique, des outils, matières, matériaux, il faut savoir lâcher son émotion, la libérer.

   

Eve

  Adam

   

 

 
Annie Solas : Quand as-tu ressenti ce désir, ce besoin de créer ? Quel a été ton parcours ?

Isabelle Gomond : Depuis que je suis petite, j’ai cherché où était ma place et, très tôt, j’ai su que c’était dans l’art. J’y étais prête avec mon corps dès mon enfance, ayant beaucoup pratiqué la danse, le théâtre et la musique. J’ai commencé par la publicité, par hasard, pour gagner ma vie et ça, je ne l’ai pas choisi. J’ai travaillé avec des maquettistes, cela me plaisait, j’avais des idées, on m’incitait à les proposer. Le groupe a été formateur, j’ai appris les croquis, les rush, le dessin, la rigueur. Puis les vacances et le hasard m’ont permis une expérience dans la photo: j’avais à gérer, seule, des reportages sur des musiciens et des sportifs de haut niveau, en relation avec la presse. J’ai appris à décider, agir et comprendre qu’il fallait bouger. Une deuxième expérience en agence, une filiale de Publicis, m’a permis de travailler sur des projets, des illustrations.
J’ai appris véritablement à maîtriser le dessin. Enfin, j’ai eu un poste d’assistante dans un atelier de dessin pour assurer la gestion, le marketing. C’était très vivant, j’observais les élèves et le désir de peindre m’est venu, je n’y connaissais rien!
On m’a donné une toile, j’ai peint, seule, pendant quatre heures, sans même m’en rendre compte, ce fut la révélation ! Dans tous mes cheminements, mes activités, j’étais en recherche de l’image, de sa conception et je n’avais pas trouvé satisfaction dans la photo. C’était en 1980.
J’ai travaillé de façon boulimique, lu, fait des stages, expérimenté tout ce qui se fait en "Beaux-Arts" : toutes les matières, les outils, les matériaux. Tout ce que je pouvais apprendre, je l’apprenais. Grâce à mon travail d’agence, j’avais la chance de maîtriser le dessin, j’avais l’œil. Après les pastels, la peinture, la gravure avec les eaux-fortes a éveillé mon intérêt: l’impression de travailler sur le temps, d’être dans la durée. Mais ce geste est celui d’un dessinateur et ne convenait pas à mon besoin de m’exprimer.
Peindre, c’est pour moi ne pas me figer dans un trait. Et pourtant je ne me trouvais pas encore. Puis, j’ai lu un article sur Toulouse-Lautrec et ses monotypes. Je n’avais jamais vu cela et j’ai tout de suite essayé avec une plaque de verre, du noir, du blanc : j’ai gravé dans la pâte, cela ressemblait à une eau-forte, j’ai ensuite introduit les couleurs et j’en ai tant fait que j’en ai rempli des cartons. Ce sont les monotypes et non mes peintures que j’ai installés dans une expo qu’on me proposait.

 

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Monotypes, Rencontre avec Isabelle Gomond, peintre

Septembre 1997

 

 

Les monotypes

 

Dans cette partie de mon travail, j’ai gardé comme constante l’abstraction. Il me semble que l’empreinte, le transfert, les reports de matières donnent toujours des effets si particuliers qu’ils n’ont pas besoin de sens, de définition. Dans certains, l’esthétique s’affirme à part entière et je respecte cette vie en veillant à ne pas les enfermer dans un cadre formel. Pour d’autres, j’ai un cheminement différent à partir de ce que la matière me propose d’elle-même. Je suis alors encline à travailler la forme jusqu’à ce qu’elle devienne figurative. Cela fonctionne comme un sens supplémentaire, des ondes qui vont orienter différemment mon travail.

Le Poisson-symbolon

 

 

2ème passage

3ème passage

4ème passage

Il y a eu aussi plusieurs séries. Les personnages issus de références personnelles, lectures, cinéma, qui me sont chères et m’ont marquée : on peut se reconnaître à certains moments dans un "Gargantua" et à d’autres dans une "Juliette". Ils peuvent aussi surgir de mon passé… des chansons enfantines, c’est si vaste ! Les Poissons : je ne suis pas attachée au document réel, à la transposition de la nature, ça ne m’intéresse pas. J’ai davantage le désir de traduire des poissons qui n’existent pas, de trouver un graphisme qui crée le caractère. A travers leurs couleurs, leur assemblage sur la feuille, leur interpénétration avec le fond, leur façon d’agir, d’être dans la vie, chacun peut reconnaître le poisson qu’il pourrait être.

Je travaille en ce moment une série que j’ai appelée Civilisations. Elle est plus intimiste, tout à fait basée sur la sensation que nous sommes dans un système de spirale ascendante qui acquiert la technologie, les savoir-faire et qui "se casse la gueule", se pourrit de peur de trop bien faire. J’ai l’impression que nous sommes dans cette phase où, en même temps, on atteint des niveaux qualitatifs de vie et ressent une déshumanisation, un rejet de la capacité d’être et du faire de l’homme. Je m’interroge sans cesse sur ce que nous ont laissé les civilisations passées : des signes artistiques, calligraphie, fresques, des bouts d’objets un peu cassés, des énigmes en fait.

"Ce peintre a trouvé là une expression qui semble convenir à sa spontanéité, à son dynamisme, à sa fièvre de création, ce besoin de se découvrir elle-même et de tester son imagination en se mesurant à l’inattendu, en le faisant sien." Pierre Bellon, artiste peintre, Nevers.

Et c’est ce côté énigme, "partir à la quête de…", qui a déclenché cette étape de mon travail : chaque tableau décrit le petit morceau d’un énorme puzzle. Il va falloir chercher, retrouver des signes, aller d’un tableau à l’autre, les reconnaître, découvrir des analogies, comprendre, donner un sens. Lors de ma prochaine exposition – qui, j’espère aura lieu bientôt – j’aimerais voir les gens s’amuser dans une sorte de parcours, avancer, revenir et tout à coup saisir le sens de ce que j’ai voulu faire.
Comment expliquer qu’un monotype va vivre de façon individuelle. Tout en ayant l’air d’être dans une réflexion, dans un choix, je suis presque inconsciemment sensible à la matière, à ce qui se passe en dehors de moi. Il va donc être issu à la fois de mon projet et de la couleur, de l’outil qui vont s’imposer. Pour le même monotype, il peut y avoir deux ou trois empreintes mais aussi, huit, neuf ou davantage selon le besoin de le nourrir. Ça ne peut s’expliquer.

Les Poissons: multitude

Mais ce que je peux affirmer, j’en suis au 50ème de la série Civilisations, c’est ma quête des signes visibles, de l’héritage que nous avons reçu et que nous devons transmettre. Cela me permet de renouveler mon regard, de rebondir avec de nouvelles idées et mes mains vont s’autonomiser. Le point de départ, alors, va devenir illisible, parce que pris dans la matière, la composition et le thème, pour le regardeur, n’aura peut-être pas forcément d’importance.
Ce qui importe plus que tout, c’est la créativité qui est un parti pris et une quête à la fois. L’artiste est celui qui met des garde-fous, cherche à faire progresser l’esprit critique et l’évolution du groupe où chacun a son rôle, et, comme l’ont fait tous ces hommes et femmes, tel Jules Verne, par exemple, fait de nouvelles propositions à la société. Car c’est sur celles-ci que les humanistes, les sociologues, les scientifiques vont s’accrocher pour avancer.

 

Isabelle Gomond est née le 28 février 1960 à Paris.
En 1991 elle a pris la direction de l’école d’art Ellipse à Nevers avec Philippe Libois.
En 1995, elle crée sa propre école : l’atelier L’Eau sauvage à l’Isle-sur-la-Sorgue ave cThierry Savini.
Principales expositions
A Paris en 1986, 1987, 1989
1989 : galerie Le Vieux Pressoir, Deauville.
1960 : au Centre culturel Toulouse-Lautrec à Vélizy,
Galerie Diagondos à Clermont-Ferrand.
1991 : galerie Vision d’artiste à Nevers.
1994 : galerie Vision d’artiste, Utrillo et les peintres régionaux au Palais ducal de Nevers.

 

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Pavages

Septembre 1997

 


CréAtions 78 - La part du maître - publié en septembre-octobre 1997


Rencontre nationale d’enfants à l’école Célestin Freinet d’Hérouville-Saint-Clair (Calvados) – Enseignante : Danielle Maltret

Pavages

A l’occasion du Centenaire de la naissance de Célestin Freinet, une rencontre nationale d’enfants a été organisée à l’école Célestin Freinet d’ Hérouville-Saint-Clair. Il y avait des délégations des écoles de Brest, Triel-sur-Seine, Marly, Soyaux. Deux cent quarante enfants se sont retrouvés pendant deux jours pleins. A une table ronde, en début de matinée, succédaient deux séances d’ateliers, dont celui de pavage bois.

 


 

Cette idée d’atelier collectif est née de mes échanges avec une artiste caennaise, Yvonne Guégan, qui a crée une décoration intérieure à base de pavés de bois d’épaisseur et d’orientation différentes.

Quelques créations en céramique ont été incluses dans ce pavage. Les pavés ne sont pas jointifs et les lignes du tableau sont modulés par l’éclairage ou l’angle de vue.

Pendant l’atelier Pavage bois, les enfants avaient à leur disposition des plaques de contreplaqué de différentes tailles, un lot de tasseaux et autres chutes de bois, des égoïnes, des serre-joints, des râpes, du papier de verre et des carreaux de céramique colorés.

Au moment de la mise en place de l’atelier, les enfants habitués au travail coopératif se sont très vite organisés en petits groupes pour composer un élément de pavage. Chacun prévoyait le pavé à découper pour qu’il s’harmonise dans leur projet de composition collective.

 

Ce travail en atelier a favorisé les échanges entre les enfants. Ils devaient respecter des contraintes de sécurité réciproque pour le maniement des différents outils, arriver à un consensus sur le choix des matériaux et l’organisation d’un pavage.

A la fin d’un atelier, on tendait à obtenir un élément de pavage terminé. Si la plaque de départ n’était pas remplie, le pavage pouvait être poursuivi par le groupe suivant. Lors du relais, les enfants qui confiaient leur travail et ceux qui le reprenaient devaient faire preuve de tolérance et de confiance réciproque.

A la fin de la rencontre, les enfants ont offert leurs réalisations pour que mes élèves composent l’œuvre finale. Ceux-ci ont essayé au sol plusieurs positionnements de ces travaux en tenant compte de l’angle sous lequel le grand pavage serait éclairé et regardé. Ils ont tracé le patron de l’arrangement chois afin de composer définitivement le grand pavage qui est exposé dans le hall de l’école et témoigne de cette rencontre riche en échanges.

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Regard sur la couleur

Septembre 1997

 


CréAtions n°78 "La part du maître" publié en septembre-octobre 1997

Classe de maternelle-CP, Ecole publique Tri Derv, Saint-Yves Bubry (Morbihan) – Enseignante : Jacqueline Benais

 

Regard sur la couleur
 

Ce travail a été organisé et conduit dans une classe maternelle-CP avec des enfants de 2 à 6 ans. C’est toute l’organisation et la part du maître qui vont donner à l’enfant la liberté de s’exprimer et d’agir.

 

Atelier libre de peinture

En permanence, les enfants disposent d’encres, de craies, etc., mises à leur disposition à leur demande. Les travaux faits sont regardés en grand groupe, commentés (des traces des commentaires sont conservées, affichées), repris par d’autres ou enrichis de pistes proposées par les enfants ou moi-même.

 

Atelier Peinture à consignes

 

En parallèle à l’atelier peinture totalement libre quant au choix du support, du format, des outils, de la technique, des couleurs, etc. j’ai installé un atelier peinture à consignes avec pour objectif un travail sur la couleur, le regard et les textures. Ce travail a été mené tout au long de l’année de manière intermittente;

 

Première étape

 

Les enfants disposent d’outils au choix : pinceaux, brosses, rouleaux, éponges, mains, brosses à pochoirs, couteaux. L’unanimité ou presque se fait pour la brosse à pochoirs. Un seul enfant essaie le couteau.

Sont imposés :
- les couleurs : bleu, rouge, jaune.
- le support : papier dessin blanc.
- le format : 1/4 raisin.

 


Deuxième étape

 

On continue mais j’impose l’utilisation du couteau pour que les enfants en perçoivent l’effet. Les réalisations une fois terminées et commentées, Je propose d’utiliser un cache afin d’isoler la partie de leur travail qu’ils préfèrent.
A ce niveau, le cache et sa forme évidée ne peuvent être proposés que par l’adulte (un seul modèle de cache est proposé).
J’affiche les réalisations obtenues.

 


    

Troisième étape

 

Il nous reste des travaux avec des trous : je propose de travailler dans le "vide".
La partie imposée est identique.
Au choix, les enfants peuvent utiliser soit de la peinture, soit des craies, soit les deux.

Quatrième étape


A la quatrième étape, les supports et formats sont conservés, une variante est proposée : j’introduis le noir et le blanc toujours avec le couteau.

L’enfant a le choix d’une des trois couleurs primaires, des formats et tailles différents des caches et de la technique pour travailler le "vide" - ils ont tous choisi les craies grasses -.

Quelques-uns détournent la consigne.

 

 Cinquième étape

 

Cette fois-ci, il reste des formes pleines, celles que les caches ont isolées.
 
Les enfants peuvent soit les coller sur une feuille blanche, toujours du même format.
Ils ont surtout travaillé en référence aux œuvres d’Alechinsky que nous avions regardées : l’utilisation des mêmes couleurs est toujours imposée. La technique est au choix.

 

Puis, le regard du groupe nous conduit à utiliser d’autres supports, variés, à disposition dans la classe. La boîte de photos a été souvent utilisée pour participer à un travail collectif dans le cadre de la Dizaine des arts dont le thème était " Ouvrons la boîte ".

Les enfants ont travaillé sur l’opposition jour/nuit, ville/nature, eau douce /eau salée et d’autres associations (papillon/herbe) ; certains enfant ont joué uniquement sur la gamme des couleurs, d’autres sans thème précis.

suite et fin

Ce travail a trouvé une conclusion dans la réalisation de collages où ont été utilisés des vides, des pleins, des découpes et chutes d'autres réalisations.

 

 

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différentes réalisations de Gwennaïg

différentes réalisations de Jérémy


 

Regard sur la couleur

Septembre 1997

 

  Jérémy          

 

 

     

 

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Regard sur la couleur

Septembre 1997

 

 

Gwennaïg    

   

           

 

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Empreintes

Septembre 1997

 


CréAtions 78 - La part du maître - publié en septembre-octobre 1997


Ecole maternelle Jean Moulin, Pernes-les-Fontaines (Vaucluse) – Enseignante Eliane Sayou

Empreintes

 

Ce travail sur les empreintes fait partie d’un projet global sur la sculpture contemporaine.
Dans la partie haute du village de Gigondas, un cheminement de sculptures semi-monumentales est proposé aux visiteurs. C’est un lieu déambulatoire d’accès libre où l’on rencontre des œuvres d’artistes actuels.

 

 La première visite des enfants est surtout la découverte d’un lieu extraordinaire avec les yeux mais aussi avec le corps. Ici il est permis de toucher, d’être en contact avec l’œuvre. On peut voir les réalisations de près, de loin, d’en haut, d’en bas et en faire le tour. On découvre comment après avoir utilisé le matériau (bois, pierre, fer, béton), l’artiste a prolongé son œuvre par la peinture, les couleurs, le pressage, l’incrustation.

De retour en classe, les enfants font part de leurs impressions. Avec l’aide de la maîtresse, ils découvrent les matériaux et les techniques utilisés par les artistes actuels (diaporama d’œuvres d’artistes plus connus).

 

Nous sommes en début d’année scolaire. L’enseignante propose aux enfants des ateliers de peinture où ils vont expérimenter certaines techniques qu’ils pourront utiliser plus tard sur leurs propres " sculptures ".

Certains ateliers demandent un travail individuel comme, par exemple, la feuille mouillée, la projection de peinture en poudre, faire fuser, circuler, où l’enfant crée à sa guise.

D’autres nécessitent un travail collectif car intervient alors le côté monumental ; ce n’est plus une feuille aux dimensions ordinaires.

La technique proposée est de peindre avec un chiffon. Dans un atelier, les enfants travaillent avec toutes les couleurs, dans l’autre avec des gris (référence à la pierre grise de certaines sculptures).

Les enfants tamponnent leur feuille avec les chiffons ; d’autres frottent en tournant. Ils laissent des traces et prennent un réel plaisir à cette activité qui leur demande une gestuelle différente, plus excitante que l’utilisation du pinceau.

D’autres techniques (peinture, gravure sur plâtre, "peinture-grattage", "peinture-frottage") sont proposées en atelier individuel.

La part du maître est importante dans cette phase car elle permet aux enfants d’apprendre à maîtriser des matériaux et à affirmer leur expression personnelle.

 

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Juste l'envie, le désir, l'impulsion, l'imaginaire...

Septembre 1997

 

 

CréAtions n°78 - La part du maître - publié en septembre-octobre 1997


Classe de CP, Ecole Brunschwig, Lille (Nord) – Enseignant : Jean-François Denis

Juste l’envie, le désir, l’impulsion, l’imaginaire…

 

 

 

Point de thème, ni de ligne directrice,
Juste l’envie, le désir, l’impulsion, l’imaginaire !
Point de technique, de modèle,
Juste des pinceaux, des rouleaux, du papier, de la peinture !
Au-delà des séances, l’instant, le moment de chacun.

Alors, on essaie, on tente, on ose,
Alors on rate, on reprend, on abandonne, on poursuit.

Le règne du tâtonnement, de l’expérience.

L’univers de chacun s’étale sur la surface,
Aux yeux des autres, des paris, de la classe, de l’enseignant,
Qui réagissent, critiquent, admirent, questionnent.
Il interpelle, choque, réjouit, déclenche.

Chacun reprend ou ne reprend pas alors l’idée, la découverte.
Alors les personnages et les arbres fleurissent dan la classe,
Identiques et différents, trace de l’histoire commune en élaboration.

Le chemin est long de l’essai au chef-d’œuvre !
Combien de réalisations tomberont dans l’oubli, ne seront pas poursuivies ?
Pour combien d’interventions l’enseignant devra se limiter, se contenir ?
Combien de fois devra-t-il attendre l’avancée avant d’aider, de guider, de proposer ?
Il lui faudra accepter les erreurs,
Les œuvres à mille lieues des canons de l’esthétique
Car là n’est pas le propos.

Il ne s’agit pas du beau mais du vrai.
La place est à l’enfant, à l’envie, à son être,
Alors plus d’arts plastiques, mais de l’Expression, de la Création !

Jean-François Denis

 

 

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Passage à travers la percussion

Septembre 1997

 


CréAtions 78 - La part du maître - publié en septembre-octobre 1997


Classe de CM, Ecole G. Monmousseau, Méry-sur-Oise (Val d’Oise) – Enseignante : Maud Léchopier – Intervenant : Francesco Agnello

Passage à travers la percussion avec Francesco Agnello

 

La visite de Francesco Agnello
dans notre école

 

Francesco Agnello, musicien-compositeur, fait des études de percussion dans plusieurs conservatoires régionaux.
Parallèlement, il fait des études de danse. Il est d’abord timbalier solo à l’Orchestre symphonique de Tireno de Florence, puis percussionniste au Centre américain dans les cours de danse contemporaine.
Ensuite, son travail aux côtés de Peter Brook et Ariane Mouchkine lui fait découvrir l’univers du théâtre.

Il présente en 1991 sa première création, Un homme écrit, qui associe danse, chant et percussion.

 

 

Un an plus tard, Francesco Agnello forme une équipe pédagogique et lance un nouveau concept musical, Passage à travers la percussion, réunissant la création, l’improvisation, l’écoute, le jeu et le dialogue, afin de faire découvrir aux enfants dès leur plus jeune âge un monde aussi diversifié que riche en sonorités multiples, celui des percussions.

Pour élargir ces recherches, l’association Art et pédagogie*, qui rassemble enseignants, pédagogues et musiciens, s’est fixé comme objectif la mise en place d’une pédagogie musicale centrée sur l’écoute des besoins de l’enfant, adaptée et accessible à tous.

 


 
 

* Art et pédagogie : 1, rue de la Tête Saint-Médard, 93800, Epinay-sur-Seine.

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