CR du 7 avril - Paulo Freire

Par Andréa

Par Andréa (par manque de temps on finira  d’en parler lors du prochain chantier)
Enseignante et éducatrice populaire en Uruguay.
Paulo Freire est le pédagogue référent de l’éducation en Amérique Latine. On l’associe à l’éducation populaire, mouvement pédagogique très répandu dans ce continent. 
Mots clés: praxis, émancipation, alphabétisation, coopération, cohérence entre la théorie et la pratique ...  
Les trois étapes de Paulo Freire
Selon José Luis Rebellato[1] on peut parler de trois grandes étapes qui caractérisent le parcours de Paulo Freire :
1)   de 1960 à 1964 – premières expériences en éducation (avant le coup d’état)
2)   de 1964 0 1979 – exilé au Chili où il travaille, ensuite en Suisse (pendant toute la dictature)
3)   de 1979 à 1996 – expérience personnelle au Brési (après la dicture)
 
Première étape 
Avocat de formation, Freire décide d’abandonner sa profession ce qui a produit des contradictions profondes dans ses valeurs et principes. 
Il est père de cinq enfants, ce qui l’incite à porter son attention sur les théories éducatives, la psychologie, la sociologie et la philosophie. 
Freire commence à côtoyer des cercles de culture où il commence à parler de transformation de la culture en dehors de l’éducation. Il soutient que les changements doivent se produire à partir de l’expérience. 
L’alphabétisation devient un des piliers fondamentaux pour pouvoir « lire le monde » dit-il, afin de le découvrir, de comprendre la réalité du monde qui nous entoure, et de cette façon nous nous découvrons nous-mêmes.
Il commence à parler de dominateur et dominé en disant que ce dernier est colonisé et il parle de la peur à la liberté, en faisant souvent référence à Fromm entre autres. 
Devenir éducateur va au delà des diplômes, c’est grandir en tant que personne, il s’agit de se montrer authentique, lui qui à la base est avocat et non éducateur, il l’est de manière innée. 
 
Deuxième étape : l’exil
Au moment du coup d’état au Brésil, Freire est considéré subversif à cause de ses activités, il est interrogé sans relâche pendant 70 jours. Il commence à réfléchir à son livre « l’éducation comme pratique de la liberté ».
« L’alphabétisation suppose non pas une accumulation, dans la mémoire, de phrases, de mots et de syllabes, détachés de la vie [ ] mais une attitude de création et de ré-création. Elle suppose une autoformation susceptible d’entraîner l’homme à intervenir sur son environnement. Aussi le rôle de l’éducateur est-il avant tout de dialoguer avec l’analphabète, sur des cas concrets, en lui proposant simplement les instruments avec les quels il s’alphabétise. L’alphabétisation ne peut-être administrée d’en haut, comme un cadeau ou une règle imposée, mais doit progresser de l’intérieur vers l’extérieur, par l’effort de l’analphabète lui-même, avec la simple collaboration de l’éducateur. C est pourquoi nous voulions une méthode qui serait aussi l’instrument de l’élève et non pas seulement de l’éducateur et qui identifierait, [ ] le contenu de l’apprentissage avec le processus même de l’apprentissage. »[2] 
Freire s’est exilé au chili, malgré toute sa souffrance, il a participé de l’expérience de la réforme agraire en accompagnant le processus éducatif. 
Il prend en compte la Révolution Cubaine dans toute l’Amérique Latine et l’image du Che Guevara.
Il fait partie du courant de la théologie de la libération (c'est en Suisse que son appartement deviendra le lieu de rencontre pour la diffusion de ce mouvement et d'échanges). Courant de pensée qui surgit en Amérique Latine, suivi d’un mouvement socio-politique (la « praxis »), visant à rendre dignité et espoir aux pauvres et aux exclus et les libérant d’intolérables conditions de vie. Expression utilisé pour la première fois en 1968 par le prêtre péruvien Gustavo Gutierrez lors du congrès de la CELAM (Conseil Episcopal de l’Amérique Latine – Latino-américa-). Pour la « pratique » (« praxis » théologique) l'instrument d'analyse et d'observation utilisé est inspiré du marxisme, même si les théologiens de la libération se distancent quasi tous de l'idéologie marxiste. Elle prône la libération des peuples et entend ainsi renouer avec la tradition chrétienne de solidarité.
Pendant un certain temps Freire n’emploie pas le mot « conscientisation » il parle lui-même de deux Paulo Freire. 
L’alphabétisation peut précéder la pos-alphabétisation, il donne l’exemple d’un peuple africain très conscient des problèmes politiques mais qu’au Brésil il faut passer d’abord par l’alphabétisation pour comprendre la politique. 
L’alphabétisation et la conscientisation doivent être lié à un projet politique et/ou social.
Théorie de la connaissance :
·      Connaître pour quoi 
·      Connaître avec qui
·      Connaître en faveur de quoi
·      Connaître en faveur de qui
·      Connaître contre quoi
·      Connaître contre qui
 
Troisième étape : expérience personnelle au Brésil
Freire découvre les mouvements sociaux : écologiste, féministe, il soutient que ce sont des mouvements réformistes mais pas politiques.
Une fois la démocratie rétablie au Brésil, Paulo rentre dans son pays ne pouvant pas reprendre son poste à l’université de Recife il démarre un nouveau poste à l’Université Pontificale de Sao Paulo.
Dans cette nouvelle étape il n’est plus poursuivi mais bien au contraire, sa trajectoire, sa pensée et son expérience deviennent de plus en plus reconnues et valorisées. 
Il travaille pour le gouvernement, dans le département d’éducation de la Mairie de Sao Paulo et dirige la réforme éducative en introduisant la technologie. Il a pour objectif  de changer le visage de l’école.
Livre : « l’éducation dans la ville » : il soutient que dans toute société il y a des espaces politiques et sociaux pour y travailler. 
Il écrit son dernier livre : « pédagogie de l’autonomie » où on observe davantage sa posture éthique. Il parle de 26 valeurs de l’éducation.
Il introduit le concept de « domestiquer ». 
Il a reçu le prix d’Honoris Causa dans 27 universités internationales ainsi que le prix UNESCO de l’éducation pour la Paix en 1986 et le Prix Andrés Bello de la OEA (Organisation des États Américains) comme Éducateur des Continents, en 1992.
 
[1] Docteur en Philosophie et éducateur populaire. Professeur à l’Université de Montevideo et en master d’éducation populaire à la Multiversité Franciscaine de l’Amérique Latine. Mon grand professeur en éducation populaire !
[2] Paulo Freire « l’éducation comme pratique de la liberté »