Edito: Côté cour, côté jardin,

Revue en ligne CréAtions n°194 "COUR ET JARDIN"
annoncée dans le Nouvel Educateur n°194 - Publication : septembre/octobre 2009

Edito

"Coté cour, côté jardin"

C’est encore l’été ! Le temps des récoltes et le temps des plantations sont déjà loin dans les écoles ! Tout au long de l’année, depuis septembre dernier, on a semé des haricots, joué à transformer les fruits et les légumes, confectionné des soupes, on n’a pas attendu les beaux jours pour laisser l’imaginaire conjurer
les saisons et multiplier les occasions de rêver sur le thème de la nature.

A l’occasion de ce premier Nouvel Educateur de l’année scolaire, le chantier CréAtions vous invite à visiter des jardins d’écoliers ou une cour d’école transformée, à laisser votre regard voyager à travers des fenêtres de carton ou
les nervures d’une feuille de chou. On s’aperçoit que la classe s’est prolongée dans la cour, dans le jardin de l’école ou vers des ailleurs inventés.

La pratique du jardinage, très présente dans les témoignages proposés ici, est précieuse pour observer et comprendre les caractéristiques du vivant. Elle permet d’entrer en contact direct avec la nature, d’agir sur elle, de
l’apprivoiser, par exemple en observant un haricot pousser ou bien en effeuillant une salade.
Occasion appropriée de manipuler, de toucher la matière, de découvrir la structure des plantes et de construire ses
connaissances. Suivre l’évolution des plantations tout au long de l’année oblige l’enfant à se décentrer sur le plan temporel, à prendre conscience des notions de devenir et de cycle: jardiner impose l’attente et la persévérance.

Jardiner, c'est apprendre en tâtonnant, c’est accepter d’échouer et de recommencer. Au sein de la classe, le jardinage, la construction d’un mur autour du bac à sable rassemblent les élèves autour d’un projet commun où
chacun trouve sa place et pour lequel le groupe construit alors de manière coopérative ses outils pour se repérer, pour rendre compte de son travail et pour
s’organiser : par exemple avec le carnet de bord du jardin, mais encore le livre à compter, l’alphabet des matériaux, qui sont des occasions réelles et vivantes d’échanger, de présenter son
travail, de lire et d’écrire, que cela soit au quotidien ou dans le cadre de correspondances inter-classes. Situations qui donnent du sens aux apprentissages parce qu’elles induisent une démarche interdisciplinaire à l’image de l’approche enfantine de la complexité du monde, une démarche naturelle où se mêlent les activités de biologie, de
technologie, de français, d’arts plastiques et de mathématiques. Tous les apprentissages peuvent découler des activités décrites dans les articles présents. De spectateur attentif du monde,
l’élève devient acteur et rêveur du
monde qui l’entoure. En investissant l’espace, l’enfant est amené à transformer son environnement (un environnement le plus souvent décidé par l’adulte), à agir sur les éléments et à modifier son propre regard. Par cette appropriation, le jardin ou la cour accèdent à un nouveau statut : ils deviennent des lieux légitimes d’expérimentation où le ludique ne s’oppose pas à la connaissance, où il devient possible de jouer avec
les matériaux, avec la lumière, l’eau, la terre et l’air, où il n’est pas interdit de laisser sa signature, tel le Facteur Cheval . La cour et le jardin, lieux par définition collectifs et impersonnels, abritent presque toujours dans leurs
recoins l’espace du jeu libre, de la rêverie personnelle et de l’ennui fructueux, source d’exploration, d’observation et de création, l’espace qu’il s’agit de préserver pour cultiver les jardins secrets de chacun, jardins personnels donnés ou non en partage au sein de la classe, à travers des oeuvres communes.

Côté cour et côté jardin, des espaces comme autant de champs d’explorations multiples, carrés de rêverie, sillons de connaissance sous des formes toujours à inventer.

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