Depuis 1927, je publie une revue pédagogique “ L’Imprimerie à l’Ecole ». Cette revue, comme toutes les publications remplissant les conditions requises par la loi circulait librement au tarif réduit des périodiques.
Brusquement, en mars 1932, l’administration des Postes a cru bon de nous supprimer ce droit et de nous interdire l’envoi comme périodique.
Toutes nos réclamations sont restées inutiles. L’administration persistait nous refuser le bénéfice du tarif périodique.
La raison : nous étions assimilés aux publications faisant de la publicité déguisée pour une maison de commerce.
Nous avons, à l’époque, protesté, et fait protester par les députés. Nous établissions que notre coopérative ne faisait pas de commerce proprement dit puisqu’elle ne faisait pas de bénéfice : que tous nos articles traitaient de questions de pédagogie sans considération commerciale ; que la revue faisait toujours du déficit.
J’exigeai des précisions sur les pages incriminées comme étant de la publicité déguisée. On considérait comme telle jusqu’à nos critiques de livres !
La décision fut cependant maintenue. Nous étions assimilés aux revues faisant de la publicité pour une maison de commerce.
Devant cet ostracisme dont vous sentez toute l’injustice, « L’Imprimerie à l’Ecole » cessa de paraître en juillet dernier, et, indépendamment de moi ni de notre organisation. un de nos adhérents, M. Lagier-Bruno instituteur à St-Martin-de-Queyrières (Htes- Alpes) lança en octobre une nouvelle revue, « L’Educateur Prolétarien », dont 1’ « Imprimera à l’Ecole » assura l’administration mais qui n’avait pas d’autre attache avec la Coopérative de l’Enseignement Laïc.
Le premier numéro (octobre 1932) fut en effet expédié comme périodique, et cela nous parut normal.
Mais le numéro suivant (novembre 32) fut de nouveau taxé comme imprimé.
Le Gérant demanda la raison : on lui répondit la même chose : c’était une revue au service d’une maison de commerce. L’accusation était déjà grave puisqu’il était impossible de prouver que la moindre attache existait entre le gérant de la revue et la Coopérative.
Nous avons fait plus : dans le numéro de décembre 1932, nous avons mis à part, sur des pages d’annonces en couleurs, au même titre que les annonces diverses d’autres maisons, tout ce qui risquait d’avoir un caractère commercial. Les pages contenant ces annonces portent en tête, comme vous pourrez vous en convaincre, la mention :
Coopérative de renseignement Laïc - Registre de C. Bordeaux 3.440 B
Il s’agit donc bien d’annonces régulières payantes insérées au même titre que les autres annonces.
Dans tous le cours du texte — pages en blanc — le mot Coopérative de l’Enseignement Laïc n’est pas même cité une fois.
Nous parlons, il est vrai, d’imprimerie à l’Ecole. Mais l’imprimerie à l’Ecole n’est nullement une organisation commerciale. C’est une technique nouvelle, dont nous sommes libres de parler comme nous l'entendons, chacun ayant, le loisir d’acheter le matériel nécessaire où bon lui semble.
En tous cas l’imprimerie à l’Ecole ne peu! à aucun titre être considérée comme organisation commerciale.
Et pourtant la poste de Gap a refusé ce numéro comme périodique.
Il y a là une violation flagrante des règlements en vigueur, et il est inadmissible que nous soyons obligés d’expédier notre revue à 0 fr. 25 l’exemplaire, alors que toutes les revues pornographiques de France circulent librement comme périodiques, que tous les journaux pédagogiques qui font à chaque page une réclame peu discrète pour les maisons d’éditions qui les éditent bénéficient du même tarif.
Or, nous sommes, hélas ! fondés pour croire qu’il y a ‘à un parti pris délibéré dont le but est de nuire à notre activité.
— Ce boycottage correspond avec la préparation et le déclanchement des attaques contre nous.
— Le 4 janvier dernier un télégramme m’était adressé de Lille par un professeur des Universités catholiques. Quelques jours après, alors que je n’en avais communiqué le texte à personne, le télégramme était publié par Maurras dans L’Action Française.
— Le 25 janvier, apprenant que je devais passer devant le Conseil Départemental 1e 28, j’adressai en imprimés urgents, timbré' avec le supplément de taxe de 0.10, quatre cents circulaires demandant aux camarades de la Coopérative d’agir d’urgence, par télégramme pour empêcher que se commette l’injustice.
Cette circulaire n’est parvenue à la plupart des destinataires que du 3 au 12 février, c’est-à-dire au bout de dix à douze jours. Une trentaine de réclamations sont déjà déposées par les destinataires contre ce retard irrégulier puisque ces imprimés urgents devaient être transmis comme les lettres. Il y a eu certainement là un sabotage conscient de notre défense.
II faut que cela cesse.
Vous payons — et fort cher — à l’Administration des Postes. Nous avons bien le droit d’exiger que nos correspondances soient transportées conformément aux règlements.
Nous demandons à tous nos adhérents de surveiller très attentivement la correspondance qu’ils reçoivent afin de déposer des réclamations régulières contre toutes les erreurs imputables au service des Postes.
Nous serions heureux d’être tenu au courant de toute action intentée pour que nous puissions agir collectivement.
C. F.