Revue Créations en ligne "Aux arts, les écoles !" n°212 - avril 2013 - SOMMAIRE

Avril 2013

 

 

CréAtions "Aux arts, les écoles!"

Revue en ligne annoncée dans le Nouvel Educateur N°212

Publication : avril 2013

 

Ont participé à l'élaboration du dossier "Aux arts, les écoles!" : Jacqueline Benais, Ophélie Gautier, Katina Iérémiadis, Christiane Nicolas, Anne Roy, Eliane Trocolo, Laure Zulian.

Crédits photographiques : Jacqueline Benais, Daniele Blumfarb, Christiane Nicolas, Pascale Leporé, Michel Xufré.

 

 

   titre de l'article niveau de classe thème techniques utilisées artiste

 "J'ai peur"

Anne Roy, Conseillère pédagogique en Arts visuels.

Edito - Au sujet de la consultation sur l'éducation artistique et culturelle

   

Une pratique,
un outil :
Teintures naturelles

 primaire Fabriquer ses couleurs à partir d'éléments  naturels et les utiliser teinture

 

Il pleut sur nos peintures ! Il pleut sur nos dessins!

maternelle :  PS/MS

Expérimenter les effets de l'eau sur différentes productions

dilution, eau, tous les médiums
 

Carnet de bord de Pascale n°3

maternelle :  PS/MS Une troisième période très graphique dessin, encre, graphisme, peinture, monotype, regard Nicolas Desmarchelier

Exploration gravure

élémentaire :
Cycles 2 et 3
  gravure  

 

 

Edito : "J'ai peur" (consultation sur l'éducation artistique et culturelle)

 

Revue en ligne CréAtions n°212 "Aux arts, les écoles!"
annoncée dans le Nouvel Educateur n°212 - Publication : avril 2013

Edito - Anne Roy, conseillère pédagogique en arts visuels

 

"J'ai peur"
(consultation sur l'éducation artistique et culturelle)

Le 21 novembre 2012, le ministère de la culture a initié une consultation nationale sur l’Education artistique et culturelle. (cf. http://www.culturecommunication.gouv.fr/Politiques-ministerielles/Consultation-education-artistique-et-culturelle).

Un comité de pilotage composé d’élus, de personnalités du monde de la culture, de la recherche et de l‘éducation était chargé « d’auditionner des organismes institutionnels et représentatifs des acteurs œuvrant en faveur de l’éducation artistique et culturelle. » Des contributions spontanées étaient possibles jusqu’au 7 décembre. J’ai donc pris ma plume.

Je suis inquiète car je constate que les grands absents de cette consultation et du comité de pilotage sont les enseignants du premier degré et leurs représentants (au sens large syndicats, associations, etc. ). Je reconnais le rôle important des mouvements d'éducation populaire, des associations culturelles dans la diffusion et l’accès à la pratique artistique et culturelle. Je sais que l’école n’est pas la seule à mettre les enfants en contact avec les œuvres/la culture/les lieux de diffusion et d'exposition et à les faire pratiquer. Je pense qu’il faut créer, inventer, faire vivre des partenariats entre l’école, les structures culturelles et les artistes.

Cependant, j’ai peur que les enseignants du premier degré soient « dépossédés » de ce rôle de passeur de culture. Ce sont eux qui emmènent les élèves au cinéma dans le cadre d'Ecole et cinéma, ce sont eux qui les emmènent au musée, dans les lieux de spectacles vivants et qui intègrent ces "activités" dans leur enseignement, ce sont eux qui permettent aux élèves de tisser des liens, des ponts entre les disciplines. La richesse de la polyvalence des enseignants du premier degré, c’est bien ce non-cloisonnement des disciplines qui permet la construction d’une culture commune. Si l'art et la culture ne relèvent plus des compétences, des attributions des enseignants, comment allons-nous travailler de façon transdisciplinaire ? Par ailleurs, j’ai peur que les enfants qui ont des difficultés ne trouvent plus leur place dans la classe si les domaines dans lesquels ils pouvaient être valorisés ne sont plus enseignés dans la classe. Que vont devenir les élèves qui ne sont pas "bons" en math et en français ? Qu’en sera-t-il du développement de l’intelligence sensible à l’école ?

Il est beaucoup question de cohérence entre les différents acteurs, entre collectivités locales, institutions culturelles, associations et je suis pour lorsque c’est possible : dans les villes importantes où ces organismes existent, mais ailleurs ? Et cet ailleurs, n'est-ce pas une grande partie du territoire ? Je vis et travaille en Saône et Loire, un département qui compte trois scènes nationales dans trois villes moyennes mais ailleurs, dans le reste de ce département géographiquement très étendu et rural, les institutions culturelles, les associations ne sont pas présentes. L'immense majorité des communes n'aura pas les moyens de permettre cette rencontre avec l'art et la culture dans le temps périscolaire. Dans ces villages, il n'y a pas de mouvement d'éducation populaire, pas d'association culturelle, ni même la plupart du temps de foyers ruraux. Dans les villages et petites villes, la seule structure, le seul endroit où les enfants sont en contact avec l'art, c’est l'école. Je ne suis pas sûre que les auteurs de ce projet politique aient pleinement conscience de la réalité des départements majoritairement ruraux...
J’ai peur que les inégalités se creusent encore plus car la structure qui reste encore présente, à égalité pour tous, sur l'ensemble du territoire, c'est l'école publique.

Anne Roy, conseillère pédagogique en arts visuels.

 

 

 

                                             

autres témoignages

 

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"Aux arts, les écoles!"

 

Teintures naturelles - Une pratique, un outil

Revue en ligne Créations n°212 "Aux arts, les écoles!"
annoncée dans Le Nouvel Educateur n°212  - Parution : avril 2013

Niveau primaire, L'Autre Ecole - Auderghem - Bruxelles - Belgique - Enseignante : Daniele Blumfarb

 

 

Teintures naturelles
Une pratique, un outil.


 

Des ateliers décloisonnés

Dans notre école, des ateliers décloisonnés ont lieu un après-midi par semaine. Ils regroupent des enfants de cinq à douze ans qui choisissent leur activité pour cinq semaines : cuisine, expression corporelle (danse, clown, théâtre), sport (jeux de ballons, badminton,etc.), travail du bois, création artistique en 2D (pastels secs, fusain, peinture sur soie, naturelle,etc.) et en 3 D (miniatures, sculptures,etc.). Cela dépend des années mais nous essayons de proposer des ateliers de chaque type.

Un certain nombre de places est réservé à chaque classe, les enfants négocient pour que chacun s'y retrouve (les plus jeunes sont guidés par les enseignantes). Il y a plus d'animateurs d'ateliers que de classes, ce qui permet d'avoir un petit groupe. Chaque atelier reçoit plus ou moins treize enfants, au maximum deux enfants de chaque classe.

Notre objectif est de favoriser les activités qui développent la coopération entre des enfants d’âges différents. C'est dans ce cadre que l'atelier "Teintures naturelles" est proposé.

 

Première séance

Dans un premier temps, les enfants découvrent les aliments apportés : épinards en branche, chou rouge, betterave rouge cuite ou crue. Ils s'intéressent à l'odeur, aux couleurs et aux effets produits en les frottant sur une feuille. Ils proposent même de les goûter.
Du matériel est mis à leur disposition : centrifugeuse, pots en verre hermétiques, divers papiers, pastels gras blancs, vinaigre blanc, bicarbonate de sodium, etc.
Puis ils préparent des couleurs avec les épinards et le chou rouge et les testent.

L'un des enfants qui, l'an passé, a participé à un atelier de peinture sur soie, propose d'utiliser du sel de cuisine pour "repousser" la couleur, créant ainsi un effet spécial sur la soie. Dans ce cas-ci, nous obtenons une concentration de la teinture qui provoque un relief.
Les enfants remarquent l'absence de la couleur jaune. Nous cherchons dans le livre * comment procéder pour en obtenir. Comme ce n'est pas la saison des fleurs indiquées, nous choisissons une épice, le curcuma.

Nous conservons les teintures au réfrigérateur pour pouvoir les réutiliser.

 

 

Deuxième séance

Les enfants disposent des teintures préparées lors de la première séance. Avec du sel, des pelures d'oignons, du curcuma, ils fabriquent de nouvelles teintures qu'ils utilisent aussitôt.

En traçant un dessin simple au pastel gras blanc, on empêche la teinture de se fixer à l'endroit couvert par le pastel : un dessin apparait alors. Ce procédé aux allures magiques est fort apprécié par les enfants.


Troisième séance

Les enfants ont à leur disposition les teintures préparées collectivement lors des deux premières séances et une feuille épaisse de grande dimension pour réaliser une peinture collective. 

Ils se partagent les couleurs, choisissent un thème, délimitent des espaces sur la feuille. Chacun peint la partie qui lui est attribuée en essayant de veiller au raccord avec ses voisins.

Les enfants collaborent bien et nous affichons la peinture collective dans la cage d'escalier de l'école. Elle suscite beaucoup de félicitations et de questions. Les enfants sont fiers de leur travail. De jour en jour, nous voyons la couleur perdre de son intensité au contact de la lumière. La photo ci-dessus est prise après quelques semaines. 

 

Quatrième séance 

Cette fois-ci, nous avons comme projet de préparer des teintures à base de différents thé pour décorer des œufs (ce sont les thés d'hibiscus et de cerise qui colorent le mieux). Le matériel et les ingrédients sont prêts : casserole pour les cuire ou aiguille pour les percer et les gober, farine, filtres à café, différents thés. Pendant que les œufs cuisent, nous fabriquons de la colle.

Les enfants découpent ou déchirent de petits morceaux de filtre. Ils les trempent ensuite dans le thé choisi puis les collent sur les œufs à l'aide de la colle refroidie.

 
  
 
 Nous n'avons pas trouvé d'œufs blancs et constatons que les contrastes de couleurs entre le brun des œufs et celui des thés sont difficiles à observer.
 
 

 La cinquième et dernière séance est décalée dans le temps à cause des congés scolaires.

 

Les premières couleurs n'ont pu être conservées et nous ne retrouvons plus le curcuma. Cela nous oblige à utiliser ce que nous découvrons sur place : nous faisons des essais avec le café des animateurs, le paprika de l'atelier cuisine, des fleurs et de l'herbe cueillies sur la place devant l'école.

 

Lors des ateliers précédents, j'ai constaté que les enfants sont moins satisfaits par une réalisation collective parce qu'ils n'ont rien à emporter et à montrer à leur classe juste après l'atelier ou à leurs parents. Cette fois-ci, nous exposons quelque temps les réalisations individuelles puis ils les emportent à la maison. Mise à part l'odeur qui imprègne ma salle de classe durant plusieurs semaines, j'apprécie beaucoup cet atelier qui permet, dans une réelle coopération, de tâtonner et de créer en même temps.



* pour aller plus loin, un très beau livre « Peinture végétales avec les enfants » d'Helena Arendt aux éditions « la plage » www.laplage.fr

 

témoignages 

                                             

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 teintures, éléments naturels

 

Il pleut sur nos peintures, il pleut sur nos dessins !

 

 

Revue en ligne CréAtions n°212 "Aux arts, les écoles !"
annoncée dans le Nouvel Educateur n°212 - Publication : avril 2013

Classe de MS / GS école de Lédignan (Gard) - Enseignante : Christiane Nicolas

 

   " Il pleut sur nos peintures,

                  il pleut sur nos dessins ! "

 

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Après avoir manipulé différents outils et techniques en septembre et octobre, je décide, avant les vacances d' automne, de faire le point avec les enfants: avec quoi avons-nous travaillé ? Quels  matériaux ?

Nous allons chercher dans les tiroirs et nous posons sur les tables : peinture (gouache, acrylique), encres, crayons de couleur, crayons gris, feutres, pastels gras et secs, fusain, craies du tableau. Je demande alors aux enfants de choisir un médium et d'en faire une production pour ensuite comparer les réalisations. Il faut donc s'organiser pour tout utiliser. Chacun se met au travail sur du papier dessin format A4.

 

L'après-midi, les productions sont exposées au tableau. A tour de rôle, les enfants les présentent.

 Je précise qu'il faut s'intéresser à la matière plutôt qu'au sujet représenté, cela leur est très difficile. C'est la première fois que des productions aussi différentes des élèves se côtoient sur l'espace restreint du tableau.

Ils se lancent à faire des remarques comme :

" - là, ça brille, là ça brille pas (l'acrylique/ la gouache),
- les pastels secs et le fusain, ça salit drôlement les mains, on en met partout ! comme avec la craie,
- avec les crayons gris et de couleur et les feutres, on a pu faire des petits dessins, des détails,
- l'encre, ça a coulé, c'est mélangé, etc.

- avec les feutres, les couleurs sont belles, vives, on les voit bien."

On conclut en disant que chaque "technique" est différente et donne donc des résultats différents.

 

 

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Le carnet de bord de Pascale n° 3

 

 

Revue en ligne CréAtions n°212 "Aux arts, les écoles !"
annoncée dans le Nouvel Educateur n°212 - Publication en avril 2013

Classe de PS/MS, Ecole maternelle du Centre, Hennebont (Morbihan) - Enseignante : Pascale Leporé

 

  Le carnet de bord de Pascale n° 3

 janvier-février 2013

suite du carnet n°1 et du carnet n° 2 


Pois, ronds, cercles, bulles, traits, lignes, fleurs, soleils, période graphique !

 

Je lis l'album "Dans la cour de l’école" de Christophe Loupy, que j’ai sélectionné pour ses illustrations réalisées avec des cercles. Les illustrations très graphiques déclenchent des activités motrices avec des cerceaux. Les enfants se mettent en situation comme dans le livre : en file indienne, par deux, etc.

Je leur distribue des ronds et les invite à représenter ce qu'ils viennent de vivre.

Je m'aperçois qu'ils sont en difficulté pour traduire cette situation spatiale.

Alors je propose un travail sur papier adapté à chaque niveau :

- pour les plus petits : placer des jetons sur les illustrations de l'album photocopiées ou reproduire un modèle,

- pour les moyens : afin d’imaginer d’autres pages pour le livre, dessiner des situations possibles dans la cour. Dans l’album, il n’y a que des enfants, ils ont envie de rajouter la cabane, le toboggan, etc.

     

 

ronds, pois
et lignes

à la découverte de
la technique du monotype
les œuvres de l'artothèque
dans la salle culturelle
s'approprier
des techniques

la visite de l'exposition de
Nicolas Desmarchelier

témoignages 

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dessin, encre, graphisme, peinture, monotype, œuvres, regard

 

Exploration gravure

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Cycles 2 et 3 - Enseignant : Michel Xufré

 

 
Exploration gravure
 
Contact avec des œuvres originales
 

Dans le cadre du festival annuel des Boréales de Caen autour des cultures nordiques, le musée des Beaux-Arts de la ville accueille une exposition temporaire des œuvres du peintre norvégien Edward Munch d’octobre 2011 à janvier 2012.

 

 

A l’occasion de cette exposition un peu exceptionnelle pour notre ville, je décide d’emmener ma classe au musée. Je connais un peu la peinture de Munch et pense qu’elle peut « parler » aux enfants. Nous visitons donc cette exposition accompagnés de deux parents et pour la circonstance, je choisis de faire la visite avec une médiatrice culturelle du musée. Sa présence contribue à la réussite de cette visite : attention des enfants, intérêt pour les œuvres choisies, libre expression de leurs points de vues.
L’exposition présente des œuvres de techniques variées : peinture à l’huile, lithographie, gravure sur bois dont une lithographie retravaillée du célèbre tableau « Le cri ».

 

Une piste plastique: la gravure sur bois

De retour en classe, chacun exprime son ressenti et nous échangeons et réfléchissons sur ce que nous avons appris au sujet des relations entre les thèmes des œuvres et les éléments biographiques du peintre.

 

Plus tard, je projette des reproductions d'une oeuvre traitée en peinture et en gravure. Nous poursuivons notre réflexion sur ces techniques de reproduction, la gravure sur bois en particulier. La technique développée par Munch consiste à découper la planche de bois gravée en suivant certains traits et à imprégner chaque morceau d’une couleur différente avant impression. (cf. tableau "Deux êtres humains. Les Solitaires",1915 et 1933-1935)

        
 

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