Teintures naturelles - Une pratique, un outil

Revue en ligne Créations n°212 "Aux arts, les écoles!"
annoncée dans Le Nouvel Educateur n°212  - Parution : avril 2013

Niveau primaire, L'Autre Ecole - Auderghem - Bruxelles - Belgique - Enseignante : Daniele Blumfarb

 

 

Teintures naturelles
Une pratique, un outil.


 

Des ateliers décloisonnés

Dans notre école, des ateliers décloisonnés ont lieu un après-midi par semaine. Ils regroupent des enfants de cinq à douze ans qui choisissent leur activité pour cinq semaines : cuisine, expression corporelle (danse, clown, théâtre), sport (jeux de ballons, badminton,etc.), travail du bois, création artistique en 2D (pastels secs, fusain, peinture sur soie, naturelle,etc.) et en 3 D (miniatures, sculptures,etc.). Cela dépend des années mais nous essayons de proposer des ateliers de chaque type.

Un certain nombre de places est réservé à chaque classe, les enfants négocient pour que chacun s'y retrouve (les plus jeunes sont guidés par les enseignantes). Il y a plus d'animateurs d'ateliers que de classes, ce qui permet d'avoir un petit groupe. Chaque atelier reçoit plus ou moins treize enfants, au maximum deux enfants de chaque classe.

Notre objectif est de favoriser les activités qui développent la coopération entre des enfants d’âges différents. C'est dans ce cadre que l'atelier "Teintures naturelles" est proposé.

 

Première séance

Dans un premier temps, les enfants découvrent les aliments apportés : épinards en branche, chou rouge, betterave rouge cuite ou crue. Ils s'intéressent à l'odeur, aux couleurs et aux effets produits en les frottant sur une feuille. Ils proposent même de les goûter.
Du matériel est mis à leur disposition : centrifugeuse, pots en verre hermétiques, divers papiers, pastels gras blancs, vinaigre blanc, bicarbonate de sodium, etc.
Puis ils préparent des couleurs avec les épinards et le chou rouge et les testent.

L'un des enfants qui, l'an passé, a participé à un atelier de peinture sur soie, propose d'utiliser du sel de cuisine pour "repousser" la couleur, créant ainsi un effet spécial sur la soie. Dans ce cas-ci, nous obtenons une concentration de la teinture qui provoque un relief.
Les enfants remarquent l'absence de la couleur jaune. Nous cherchons dans le livre * comment procéder pour en obtenir. Comme ce n'est pas la saison des fleurs indiquées, nous choisissons une épice, le curcuma.

Nous conservons les teintures au réfrigérateur pour pouvoir les réutiliser.

 

 

Deuxième séance

Les enfants disposent des teintures préparées lors de la première séance. Avec du sel, des pelures d'oignons, du curcuma, ils fabriquent de nouvelles teintures qu'ils utilisent aussitôt.

En traçant un dessin simple au pastel gras blanc, on empêche la teinture de se fixer à l'endroit couvert par le pastel : un dessin apparait alors. Ce procédé aux allures magiques est fort apprécié par les enfants.


Troisième séance

Les enfants ont à leur disposition les teintures préparées collectivement lors des deux premières séances et une feuille épaisse de grande dimension pour réaliser une peinture collective. 

Ils se partagent les couleurs, choisissent un thème, délimitent des espaces sur la feuille. Chacun peint la partie qui lui est attribuée en essayant de veiller au raccord avec ses voisins.

Les enfants collaborent bien et nous affichons la peinture collective dans la cage d'escalier de l'école. Elle suscite beaucoup de félicitations et de questions. Les enfants sont fiers de leur travail. De jour en jour, nous voyons la couleur perdre de son intensité au contact de la lumière. La photo ci-dessus est prise après quelques semaines. 

 

Quatrième séance 

Cette fois-ci, nous avons comme projet de préparer des teintures à base de différents thé pour décorer des œufs (ce sont les thés d'hibiscus et de cerise qui colorent le mieux). Le matériel et les ingrédients sont prêts : casserole pour les cuire ou aiguille pour les percer et les gober, farine, filtres à café, différents thés. Pendant que les œufs cuisent, nous fabriquons de la colle.

Les enfants découpent ou déchirent de petits morceaux de filtre. Ils les trempent ensuite dans le thé choisi puis les collent sur les œufs à l'aide de la colle refroidie.

 
  
 
 Nous n'avons pas trouvé d'œufs blancs et constatons que les contrastes de couleurs entre le brun des œufs et celui des thés sont difficiles à observer.
 
 

 La cinquième et dernière séance est décalée dans le temps à cause des congés scolaires.

 

Les premières couleurs n'ont pu être conservées et nous ne retrouvons plus le curcuma. Cela nous oblige à utiliser ce que nous découvrons sur place : nous faisons des essais avec le café des animateurs, le paprika de l'atelier cuisine, des fleurs et de l'herbe cueillies sur la place devant l'école.

 

Lors des ateliers précédents, j'ai constaté que les enfants sont moins satisfaits par une réalisation collective parce qu'ils n'ont rien à emporter et à montrer à leur classe juste après l'atelier ou à leurs parents. Cette fois-ci, nous exposons quelque temps les réalisations individuelles puis ils les emportent à la maison. Mise à part l'odeur qui imprègne ma salle de classe durant plusieurs semaines, j'apprécie beaucoup cet atelier qui permet, dans une réelle coopération, de tâtonner et de créer en même temps.



* pour aller plus loin, un très beau livre « Peinture végétales avec les enfants » d'Helena Arendt aux éditions « la plage » www.laplage.fr

 

témoignages 

                                             

sommaire "Aux arts, les écoles!"

 teintures, éléments naturels