Une période cruciale pour le mouvement de l'Ecole Moderne

Septembre 1964

Une nouvelle année commence.

Elle ne peut pas, elle ne doit pas être comme les autres parce que le monde autour de nous, le milieu scolaire, les programmes, les lois et règlements ne sont plus ce qu'ils étaient il y a quelques années. Nous ne resterions pas à l’avant-garde de la pédagogie si nous ne savions pas, tout en restant sensibles aux enseignements du passé, faire sans cesse l'effort, parfois difficile et délicat, de la modernisation de notre enseignement.

Qu’y a-t-il donc de tellement changé, ou quels sont du moins les changements qui sont intervenus au cours de ces dernières années et qui nécessitent une reconsidération de notre comportement et de notre action?

Si nous pouvons répondre aux questions que posent les faits nouveaux, nous étudierons en meilleure connaissance de causes les normes de cette reconsidération ;

1°. - Le retard des méthodes et pratiques scolaires par rapport aux progrès sociaux et techniques, que nous avons dénoncé depuis l’origine de notre mouvement, devient de plus en plus flagrant. Tout le monde, sauf parfois les éducateurs, se rend compte aujourd'hui que cette anomalie d’une école 1900 dans le contexte 1964 ne peut plus durer et que nous arrivons maintenant à des échéances inéluctables à l’approche desquelles on se pose les questions cruciales : Que faire? Et comment ?

Nous sommes les seuls pour l’instant à apporter des réponses à ces inquiétudes, parce que nous avons signalé depuis trente ans ce décalage, en sachant bien qu'il allait devenir un jour catastrophique et que des aménagements seraient alors indispensables. Cette échéance approche. Notre expérience entrera-t-elle en compte pour les réformes à promouvoir, ou, une fois de plus se contentera-t-on de quelques replâtrages de l’ancien pour faire illusion? La décision dépend, en parue du moins, de la valeur théorique et pratique de notre longue expérience, dont nous devons parfaire sans cesse les enseignements.

2°. - Les milieux pédagogiques officiels sont tout particulièrement préoccupés de ces problèmes et les récentes Instructions Ministérielles les cernent d’une façon que nous pouvons considérer comme très satisfaisante.

En théorie du moins, car reste à voir maintenant si les réformateurs disposeront des possibilités financières et techniques pour faire passer cette théorie dans la réalité de nos classes. Et si les Instructions Ministérielles pour les Travaux Scientifiques Expérimentaux, et, plus récemment, celles pour les Classes de Transition et Terminales, où notre pédagogie est à l'honneur, pourront donner vie aux promesses dont elles nous apportent la virtualité.

Si le SNI et sa revue L'Ecole Libératrice font sur ces graves problèmes de Modernisation de l’Enseignement un silence complice, la grande presse s'agite et s’interroge, et interroge. Les Fédérations de Parents d'élèves s’émeuvent. La réforme est dans l'air. Ses conséquences pourraient bien, un jour prochain, déferler en trombe sur l’Université endormie.

3° - La réforme scolaire en cours contraint les administrateurs à poser des jalons, à fixer des échéances, dont on est sûr d’avance qu’ils ne seront pas respectés.

Dans deux ans, la scolarité sera légalement prolongée jusqu'à 16 ans ; le CEP sera supprimé. L’enseignement primaire prendra fin à 11-12 ans, à la sortie du CM2. La formation des enfants qui, au 2d cycle, monteront bien ou mal vers un enseignement de culture ne manque certes pas d’aléas. Mais le grand problème reste le sort des 30 à 50% des enfants qui, refoulés à l’entrée en 6e, devront continuer leurs classes jusqu’à 16 ans. Pour quoi faire? Ils sont à peu près totalement rebelles à l’enseignement traditionnel qui a signé leur échec. Et pourtant la plupart d’entre eux, moyennement ou excellemment doués, pourraient aller vers une culture bien comprise.

Mais que sera cette culture? Seront-ils destinés d’avance, parce qu'ils n’ont pas bifurqué à ri ou 12 ans, au destin mineur de manœuvres ou d’ouvriers pour travail à la chaîne?

Cela sera si l'Ecole ne découvre pas une forme nouvelle de culture à même la vie et le travail ; non plus une formation simplement manuelle, par opposition à la culture intellectuelle de « l’élite », mais une culture qui, dans le complexe du milieu paysan ou ouvrier, munirait les individus d’un maximum de connaissances pour un maximum de virtualités, par une exaltation de toutes les formes éminentes d’intelligence et de progrès, par la création et l’action.

Où seront les maîtres ? Qui seront-ils ?

Nous apportons pour cela une pédagogie aujourd’hui éprouvée, des techniques vraiment à la mesure des enfants et de nos classes. Les Instructions Ministérielles reconnaissent le rôle constructif d’avant-garde que nous avons joué.

Mais il y a un point sombre, et de taille.

A cause du retard apporté par l'administration à la formation des éducateurs qui seront indispensables dans deux ans, on n’est pas encore sûr que les classes nécessaires, si tant est qu’elles soient ouvertes, trouvent des titulaires. Et sî elles en ont, ce seront forcément des éducateurs formés à l’ancienne pédagogie qui a fait faillite, ou qui auront été hâtivement recyclés et qui, dans les meilleures contingences, seront tout juste aptes à pratiquer les techniques modernes avec l’esprit traditionnel. Car ce n'est pas seulement par manque d'argent que les classes de Transition et Terminales peuvent faire faillite.

Bien sûr, nous conseillons à ceux de nos adhérents qui le peuvent de s’engager dans ces classes nouvelles où ils seront en mesure de promouvoir notre pédagogie. Leur exemple pourra au moins témoigner que les I.M. peuvent passer dans les faits et que l’Ecole Moderne détient bien les clefs — ou une des clefs — du succès de cet enseignement.

Les stages d’initiation et de formation

La question est liée d’ailleurs il celle des stages d'initiation et de formation,

Etant donné notre maturité pédagogique, il serait normal en effet que ce soit l'Ecole Moderne qui ait officiellement la charge du recyclage pédagogique des futurs maîtres des classes de Transition et Terminales. L'organisation technique de ces stages pourrait continuer à être assurée par les CEMEA, mais à condition que ce soient des maîtres Ecole Moderne qui assurent les cours et non des moniteurs entraînés seulement aux jeux et aux divertissements des colonies de vacances.

Ce n’est pas là une question de préséance. Nous disons seulement que si on veut, conformément aux I.M., introduire dans les classes de Transition et Terminales une pédagogie moderne, encore faudrait-il qu'elle soit connue — pas seulement verbalement — et pratiquée pour ceux qui seront appelés à enseigner dans ces classes.

L'afflux débordant aux vingt stages que nous avons organisés nous montre effectivement que nombreux sont les éducateurs qui, pour des raisons diverses s'intéressent à notre pédagogie et désirent s’y initier. Si une organisation appuyée par l’Etat avait l’autorité et les moyens d’organiser de tels stages, le problème de la pédagogie dans les classes issues de la réforme aurait quelques chances d'être résolu. Devant les lenteurs administratives et si l’impuissance à appliquer la réforme scolaire rendait caduque les lois solennellement votées, il se pourrait bien qu’un jour prochain les parents eux- mêmes clament leur mécontentement et attirent les pouvoirs publics à prendre enfin les mesures qui s'imposent.

4°. - Il résulte de tout cela que nombreux sont les éducateurs qui sont aujourd’hui sensibilisés à un changement de méthodes. Les jeunes surtout, dont la fonction n’est pas encore automatisée par la routine, et qui ont souffert, et qui souffrent de cette inadaptation de l'Ecole, sont prêts à s'engager dans un changement plus ou moins radical de leur technique pédagogique. Ils ont vaguement entendu parler de Techniques Freinet, Dans leur esprit cette appellation signifie non conformisme et libération — et ils n'ont pas tort. Mais, la facilité étant la pente la plus tentante, ils pensent parfois qu’il leur suffira de laisser faire un vague texte libre, ou de ne plus faire réciter de leçons pour avoir modernisé leur classe. S’ils en doutaient du moins, et qu’ils participent à un stage, leurs idées en seraient quelque peu précisées. S'ils assistent aux réunions du groupe départemental et entrent en contact avec des éducateurs plus ou moins chevronnés, le mal pourra être minimisé.

Le danger, c'est que des velléitaires trop impulsifs s'engagent dans nos techniques sans aucune préparation, sans une élémentaire connaissance de nos livres et de nos revues, se contentant de détruire ce qui est, sans s’appliquer parallèlement à construire dans l’esprit nouveau qui nous a toujours mobilisés. Et ils appelleront Techniques Freinet une aventure dont les parents se plaindront, et contre laquelle l'inspecteur sera contraint de réagir, parfois même en interdisant les Techniques Freinet.

Pourquoi insistons-nous sur cet état de fait? Parce qu'il constitue pour nous un véritable danger.

Au cours de la longue période difficile de gestation de nos Techniques, seuls s’engageaient dans l'entreprise les camarades qui étaient d'attaque, disposés à travailler et à lutter pour aboutir. Les tièdes et les timides étaient éliminés d’office par l'accumulation des difficultés rencontrées. C'est maintenant le contraire qui tend à se produire. Nos succès pédagogiques et administratifs, la bienveillance de la majorité des I.P. pour les éducateurs qui osent sortir des sentiers battus risquent de nous amener des camarades qui ne prendront de nos techniques que ce qu'elles ont d'engageant et d'apparemment facile, qu'ils seront impuissants à compenser par la compréhension profonde et le travail qui contribuerait à les promouvoir.

Or, nous n'avons aucun autre moyen de diffusion de notre pédagogie que les exemples vivants que nous pouvons offrir dans tous les coins du territoire, Ils sont notre force et la démonstration flagrante de la supériorité de nos techniques, Il serait regrettable et redoutable, que cette chaîne bénéfique soit un jour menacée et contredite par une autre chaîne, hélas ! aussi spectaculaire des écoles qui n'ont pas su tirer de notre pédagogie tout ce qu’elle promet.

Si, par suite de circonstances nouvelles cette chaîne impuissante et bâtarde allait se développant aux dépens de la chaîne des succès, nous courrions le risque de voir se répandre comme une traînée de poudre l’idée — qui serait complaisamment colportée par nos ennemis de toujours — que les Techniques Freinet sont un échec, qu'il faut les abandonner et chercher mieux, en attendant de les interdire. Ne croyez pas que j'exagère. Voyez ce qui est advenu de la méthode globale, cette galeuse d’où vient aujourd’hui tout le mal, et qu'on charge volontiers de tous les maux pédagogiques de la Terre. Les parents eux- mêmes, qui ne se sont jamais préoccupés des tares de l'Ecole traditionnelle, ne sont-ils pas persuadés aujourd’hui que si leurs enfants ont de la peine à apprendre à lire, la cause en est à la méthode globale, qui n’est appliquée intégralement dans aucune école française ?

Il nous faut réagir avant qu’il soit trop tard. Comment?

l'Educateur-Magazine

a) Il nous faut aiguiller vers nos techniques les éducateurs et les parents qui sentent l’inconséquence des méthodes traditionnelles et souhaitent, et recherchent une pédagogie répondant à leurs besoins.

Nous faisions mal ce travail — qui nous était, il est vrai, jusqu’à ce jour, moins indispensable que celui de création et de mise au point permanentes de nos techniques — par nos revues trop vite spécialisées et mal rattachées au complexe psychologique, artistique, social et même politique qui conditionne notre pédagogie.

C’est à cette réussite nouvelle que voudrait répondre la nouvelle formule de notre Educateur Magazine : accrocher, par les divers aspects de notre action, les adhérents en puissance. Rares sont ceux qui nous viendront exclusivement par le biais pédagogique que la tradition a dévalué. Mais l’un sera intéressé par le renouveau littéraire que peut susciter le texte libre ; un autre sera attiré par la nouvelle conception de l’enseignement des sciences, de l'histoire, de la géographie ou du calcul que nous avons mise à l’honneur. L’Art Enfantin sous toutes ses formes, enthousiasme tous ceux qui sont en rupture avec les théories scolastiques. L’aspect affectif et psychanalytique de notre enseignement apparaîtra à d’autres exceptionnellement riche de promesses.

Ce qui importe, comme dans nos classes, c’est de persuader le lecteur qu’il sera obligatoirement concerné par notre nouvelle conception pédagogique, Tout le reste viendra par surcroît.

Comme on le voit, nous n’avons nullement visé à faire de notre Educateur un de ces magasines où l’on parle un peu de tout, pour essayer de distraire et faire verser des fonds. Nous y étudierons ensemble les divers aspects de l'Education et de la Culture pour asseoir les bases profondes de notre pédagogie au service de la Vie.

Nous souhaitons que, sensibles à cette diversité d'intérêts, nos lecteurs soient nombreux à collaborer à une revue qui n’est pas seulement l'œuvre d’une équipe, mais l’expression, sur le plan de la production coopérative de tout notre mouvement d’Ecole Moderne.

L'Educateur Technologique qui paraîtra au cours de la deuxième quinzaine du mois exprimera davantage l’aspect technique et pratique de notre pédagogie.

Le cours par correspondance de l’Ecole Moderne

b) Nous devons aussi accompagner et soutenir les éducateurs qui ont fait le premier geste d'adhésion à notre mouvement, par la participation à des stages, l'abonnement à nos publications et l'achat de matériel, Il faudrait même que nous puissions organiser, comme le font les grandes firmes commerciales, une sorte de service après-vente, avec des éducateurs qui passeraient dans les écoles pour donner tous conseils en vue d'une utilisation rationnelle de nos outils et de nos techniques. Cela nous est impossible, parce que nous n'en avons pas la possibilité financière, mais aussi parce que l'administration n'autoriserait pas la présence de nos délégués dans les classes. Nous pallions cette impossibilité, par l'action de nos groupes départementaux qui, par des réunions fraternelles et des visites de classes, par des démonstrations et des expositions, encouragent et guident les nouveaux venus.

Mais la proportion des débutants qui prennent contact avec nos groupes reste insuffisante. Certains éducateurs, par timidité, hésitent à se joindre à des collègues chevronnés plus âgés dont ils sous-estiment la fraternité et la générosité.

Certains d'entre eux exercent d'ailleurs dans des agglomérations éloignées des centres et ne peuvent effectuer les déplacements du jeudi ou du dimanche. Pour eux, nous venons d'organiser notre Cours par correspondance, qui touchera plusieurs centaines de camarades. Nous dirigerons leurs travaux et leurs expériences ; nous les conseillerons et les aiderons avec le concours de notre service de parrains qui entreront directement en relation avec les participants au cours pour développer au sein de notre grande famille cet esprit d'entraide et d'amitié qui est indispensable à ceux qui, avec des possibilités réduites, s'engagent hardiment dans cette voie du renouveau scolaire.

Nous demandons à tous les débutants en Techniques Freinet de s'inscrire à notre cours gratuit par correspondance. Nous espérons éviter ainsi les erreurs majeures qui risqueraient de compromettre le renom et l'avenir de notre pédagogie. Nos techniques ne peuvent s'étendre et se développer que si, tout compte fait, elles permettent pratiquement aux éducateurs d'assurer une école efficiente et humaine.

C'est de la qualité de l'ensemble de nos adhérents que dépendent le succès et la vie de nos techniques,

Nos écoles - témoins

c) Multiplier le nombre et le rayonnement des classes qui sont d'excellents modèles d’Ecole Moderne. C’est parce que nous avons déjà, un peu partout, de telles classes dirigées par des partisans éprouvés de nos techniques que la renommée du mouvement Ecole Moderne va se développant. Quand une expérience enthousiasmante réussit dans un coin quelconque d’un département, cela se sait : les Inspecteurs en font état ; les Ecoles Normales y envoient leurs étudiants ; les journalistes viennent aux renseignements ; on admire les travaux dans les expositions, Nous ne voulons pas citer de noms car il y faudrait une page de notre revue, mais nous pouvons assurer que c’est ainsi que se poursuit la propagande profonde en faveur de nos techniques, la seule qui compte en définitive.

Il faut que nous ayons davantage encore de ces écoles-témoins, et qu’elles témoignent vraiment. Or, ce succès n’est pas automatique. Il y faut une information sérieuse des éducateurs, leur connaissance totale des principes et de la portée de nos techniques, une désintoxication radicale de l’ancienne pédagogie qui nous marque tous si dangereusement.

La formation de nos cadres

La formation de ces éducateurs-témoins ne saurait être exclusivement technique. Il faut qu'ils sachent naturellement intégrer la pratique de leur classe dans le complexe culturel contemporain, pour y gagner eux-mêmes assurance d'abord, et pour savoir aussi le cas échéant montrer à ceux qui les visitent ou les écoutent que leur pédagogie élargit leur horizon et les met aux écoutes du monde.

Nous avons à forger ensemble cette indispensable culture. Nous allons y pourvoir par une édition intérieure de Techniques de Vie, où nous discuterons de tous les problèmes culturels qui nous intéressent et pour laquelle vous aurez tous la parole.

Cette publication polygraphiée ne recevra pas d'abonnements. Elle sera servie exclusivement :

— aux membres du CA de la Coopérative de l’Enseignement Laïc (CEL) et du CA de l'institut Coopératif de l’Ecole Moderne (ICEM) ;

— aux Délégués Départementaux et aux responsables de Commissions ;

— aux camarades qui auront accepté d'être parrains de débutants ;

— à nos cadres en somme, à tous ceux, jeunes et vieux qui, d'esprit ouvert, sentent le besoin de dépasser la simple fonction éducative.

Nous espérons ainsi améliorer d’une façon bien sensible le nombre et la qualité des éducateurs qui porteront témoignage de la valeur et du sens de notre pédagogie.

C’est dans cet espoir que nous nous lançons dans une entreprise difficile et onéreuse dont doivent bénéficier les meilleurs d'entre nous, ceux sur lesquels nous pouvons compter dans l'œuvre constructive qu'il nous faut aujourd'hui parfaire.

Nous voudrions même que ce travail culturel puisse se doubler de toute une campagne de colloques et de conférences, organisés par notre Association pour la Modernisation de notre Enseignement (AME) en collaboration si possible avec l'Association pour la Défense de la Jeunesse Scolaire et les diverses organisations laïques qui œuvrent dans le même sens que nous.

Le Second Degré

5°, - Tout en portant notre attention sur l'évolution pédagogique au premier degré et dans les classes de Transition et Terminales, il nous faut en même temps opérer une sorte de changement de front.

Nous sommes primaires, et c’est à l'origine pour le degré primaire élémentaire que nous avions plus particulièrement expérimenté et orienté nos travaux. C'était au temps où jusqu'en Fin d'Etudes et au Certificat d'Etudes Primaires nous touchions la presque totalité des enfants du peuple.

Par la bifurcation à 11 ans vers les 6e, on nous enlève 50 à 60% de nos effectifs. Le cours de Fin d'Etudes est supprimé dans sa fonction de complément des autres cours. Nous ne pouvons pas nous désintéresser de cette moitié des effectifs qui nous échappe prématurément. Il ne suffit plus pour nous de consentir un petit effort pour les CES. Il faut que, peu à peu, l'enseignement au-delà du premier degré prenne la moitié de nos soucis et de nos publications.

Nous savons combien ce travail sera difficile dans un milieu que nous connaissons encore mal. Mais nous devons nous dire aussi que rien n’existe encore de cette pédagogie du Second degré en gestation, qui prend pourtant la moitié de nos enfants. Nous contribuerons hardiment à la recherche des pratiques et des techniques qui continueront, à ce degré, le long travail que nous avons poursuivi avec quelque succès au Premier degré.

Nous donnerons donc une importance croissante à notre Educateur Technologique 2e degré, pour lequel un dossier spécial sera publié chaque mois sous forme d'une Gerbe 2e degré dont nous étudierons ensemble le contenu.

Comme on le voit, le travail ne nous manque pas. Nous pouvons l’aborder avec une grande confiance parce que nous possédons une des plus puissantes équipes de travail pédagogique existant non seulement en France mais dans le monde. Vingt stages Ecole Moderne viennent de se tenir, dont nous donnerons prochainement compte rendu. Sans aucun appui officiel, de puissantes équipes d'organisateurs et d’instructions ont été réunies sans que nous ayons à intervenir, ce qui représente 2 ou 300 cadres au travail. Et pendant 15 jours, 20 travailleurs bénévoles ont œuvré à la réalisation, à Vence, des bandes aujourd'hui en cours d'édition.

C'est cette activité généreuse, ce sentiment de contribuer à une des grandes entreprises de notre siècle, pour le succès croissant de notre Ecole du peuple, qui justifie en ce début d’année notre confiance et notre espoir.

A vous tous, les dizaines de milliers d’adhérents Ecole Moderne de faire connaître nos réalisations autour de vous, de vous abonner 5 nos revues et de recueillir des abonnements à nos BT et Supplément BT, à la Gerbe et à l’Art Enfantin, sans compter évidemment cet Educateur qui reste notre grand organe de liaison et de travail. Vous pouvez et vous pourrez être fiers de notre œuvre commune.

C.F.