La guerre... le sang...

Juin 1999
 

CréAtions n° 87 - Traces - publié en mai-juin 1999

Lycée professionnel de Blaye (Gironde)

 

La guerre... le sang

 

A partir de textes puisés dans la presse,

d’authentiques lettres d’amour désespérées ou porteuses d’espoir…

 

A l’origine de ce travail d’expression, un P.A.E. interdisciplinaire s’articulant autour de divers objectifs : connaître la presse écrite ; comprendre le fonctionnement de l’info ; savoir, lire, analyser et rédiger un article de presse ; sensibiliser aux grands problèmes de l’actualité pour aboutir à la réalisation d’un journal scolaire. Le projet est mis en place et conduit par trois professeurs en lettres-histoire, lettres-anglais et arts appliqués.
 

        


Les temps forts en seront : une expo sur les « unes » de Sud-Ouest, un débat sur l’éthique des journalistes, la réalisation de « billets d’humeur » au Salon de la BD, une visite de nuit au journal pour réaliser une exposition sur la réalisation d’un journal et enfin un forum-actualité sur la Bosnie avec Jean-Claude Spirlet et Mme Dina Ravel (Bosniaque). Les travaux réalisés sur la presse et en arts appliqués donneront lieu à une exposition au sein de l’établissement.

Les élèves d’un LEP, parce qu’ils ont la plupart du temps un parcours social et scolaire difficile, ont réellement besoin, lorsqu’ils entament leur formation professionnelle, de se trouver en situation de dire, analyser, critiquer, exprimer et de pouvoir accéder à une phase créative, récréative également, dans laquelle ils pourront exprimer leur sensibilité.

 

Parmi les divers travaux réalisés et exposés, allant de l’expression plastique à la menuiserie (approche du volume), les élèves sont très fortement interpelés par ce que nous tentions d’exprimer au sujet e la guerre en Bosnie.

Ce sont des documents authentiques qui en ont été le point de départ : nous avons étudié à travers diverses œuvres de créateurs ce qu’était « le geste expressionniste », comment le mettre en œuvre pour exprimer « son propre ressenti », son émotion.

La phase d’observation a donné lieu à une analyse du travail des créateurs : comment est-ce fait ? Qu’est-ce que je vois ? Qu’est-ce que cela me suggère ?

Zones de lumière ou d’ombre, pleins, vides, axes, construction de l’espace, superpositions, format.

Des traits, hachures, taches, etc. et la connotation ressentie : frapper, rayer, violence, détruire…

Une œuvre de J. Pollock retient plus particulièrement notre attention et nous aide à oraliser ce que pourrait être notre forme d’expression. Les élèves évoquent : le sang (coule, éclaboussure, tache…), des éclats (frappent, détruisent, coupent, hachent…), le feu (jaillit, fume…).
          

 

 

Parallèlement, nous abordons une étude sur la psychologie des couleurs car le sens que nous leur donnons est très subjectif : le noir, chez nous, exprime le deuil, pour d’autres, c’est le blanc. Sachant que les arts picturaux considèrent surtout le rapport entre les formes et les couleurs et que les métiers de la communication utilisent plutôt la psychologie des couleurs en respectant la connotation habituelle, nous convenons que le rouge suggère la force, la vitalité, l’énergie, mais aussi la brutalité, la violence, le sang, la passion. Le noir : la mort, le désespoir, le néant. Brillant, il est élégance. Et le blanc : la pureté, l’innocence, le silence, la propreté, l’hygiène.

Les élèves réalisent alors plusieurs travaux où le geste, la matière, la couleur et parfois le jeu du hasard expriment leurs émotions, leurs sentiments, leur avis et qui leur permettent de communiquer aux autres leur sensibilité, leur perception du drame, de l’horreur et de la cruauté. Ce travail se déroule en deux séquences de deux heures, puis une troisième est consacrée à la communication, l’échange, la critique autour des productions.

Je propose alors d’utiliser une « fenêtre » et d’observer son rôle sélectif, rôle qui met en jeu le hasard, mais surtout la séduction, la sensibilité, la nôtre, celle des autres. Après une séance de discussion, l’élève reste maître de son choix et prépare ses réalisations à) exposer sur format A3. La sélection pour l’exposition a été faite par les élèves et le choix s’est porté sur les œuvres illustrant le mieux le sujet.

L’exposition, 25 m2 de panneaux, a eu lieu dans le forum du lycée. Le travail réalisé en arts appliqués était enrichi de documents visuels historiques, géographiques, sociologiques. Mais on retiendra surtout ce que cette forme d’expression et tous les échanges qu’elle a suscités ont apporté aux élèves.

 

interdisciplinarité, peinture
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