Après le congrès d'Annecy

Mars 1964

Un grand et beau congrès

Si je vous disais seulement que notre Congrès, plus que les précédents peut-être, a été un grand et beau Congrès, vous diriez que c'est chez nous une formule rituelle au lendemain de notre rencontre annuelle.

Il me faut donc entrer quelque peu dans le détail pour expliquer mon optimisme, en attendant que le prochain numéro de L'Educateur vous apporte un compte rendu plus détaillé de nos deux séances plénières consacrées aux maladies scolaires et de celle qui se rapporta à l'importante question des machines à enseigner et de la programmation, qui sera notre grand thème de travail de l'année. Ce numéro de notre revue vous donnera aussi le compte rendu détaillé de notre grande séance internationale de clôture où 35 pays étaient présents ou avaient envoyé des messages.

 

Oui, Annecy nous a valu un excellent Congrès :

— Un Congrès très populeux d’abord, trop populeux presque : 900 inscrits, contre 4 à 500 il y a quelques années. 1000 & 1 200 participants, ce qui n’a pas empêché un fonctionnement sans accrocs et un travail efficient. Nous ne pouvons que féliciter les organisateurs.

— Un Congrès jeune. Il y a quelques années, nous parlions encore de relève. La relève est maintenant effective. A côté de 500 camarades ayant déjà participé à nos Congrès, 500 nouveaux, dont la plupart avaient cependant fait des stages.

La présence de cet afflux de nouveaux nous pose des problèmes dont nous allons reparler.

— Une très riche exposition, doublée cette année d’une belle exposition au musée du château d’Annecy, et qui se continuera durant tout le mois d'avril.

— De nombreux étrangers avec lesquels des dispositions importantes ont été prises pour une meilleure cohésion internationale.

— Et, comme à l’ordinaire, malgré le nombre, notre bel esprit Ecole Moderne a bien vite gagné tout le Congrès qui fut détendu, fraternel, mais curieux et enthousiaste, un beau Congrès Ecole Moderne.

Et maintenant que nous avons tous retrouvé notre travail et que nous regardons déjà avec le recul du temps cette grande semaine de vie et de travail en commun, quels sont les idées, les travaux, les gestes, les projets et les décisions dominantes qui sont la caractéristique particulière de ce Congrès?

Le problème des jeunes. Un Congrès de jeunes nous incite à nous poser avec plus d’acuité encore ce problème délicat et difficile de la préparation des nouvelles générations à l’Ecole Moderne que nous voulons promouvoir.

Une constatation très pessimiste d’abord sur la portée des efforts que nous avons faits jusqu'à ce jour pour accrocher les jeunes éducateurs : depuis 3 ou 4 ans, à raison de 700 à 1 000 par an, nous avons accueilli dans nos stages 2 à 3 000 nouveaux éducateurs, sans compter ceux, et ils sont nombreux, qui nous rejoignent par diverses voies en cours d’année. Nous vendons chaque année 1000 à 1 500 matériels d’imprimerie et de limographes. Mais au cours de ces 3 ou 4 dernières années nous n’avons pas récupéré plus de 4 à 500 abonnés nouveaux à L'Educateur. Ce qui veut dire que les 4/5 des camarades qui nous rejoignent, travaillent en tirailleurs, avec parfois quelques relations de groupes, mais ne sont pas intégrés à notre mouvement.

Nous avons l’impression que tout ce que nous avons pu écrire à leur intention n’a eu qu’une portée très relative et qu’il nous faut donc reconsidérer la forme de notre action et de notre propagande.

Nous avons fait, dans ce domaine, cette mauvaise pédagogie que nous condamnons. Nous avons expliqué, démontré, prouvé par l’exemple alors que seules portent l’action et l'expérimentation, et nous n'avons pas su consolider la seule influence valable : celle de nos stages et de nos visites d'Ecoles.

Ajoutons à cela qu’une partie importante des nouveaux-venus sont perdus dans des postes reculés, qu'ils n'ont pas toujours les moyens de communication qui leur permettent de se déplacer pour un jour en vue d’assister à une réunion de groupe.

Pour remédier à tout cela nous allons à partir d’octobre commencer une vaste campagne de cours par correspondance et de parrainage. C'est l’expérience concluante menée cette année avec les 50 camarades inscrits à notre cours par correspondance qui nous a poussés à la nouvelle formule que voici :

Nous instituons donc à partir d’octobre un cours par correspondance Ecole Moderne auquel pourront s'inscrire gratuitement tous ceux qui veulent s’initier ou se perfectionner dans nos techniques et notre pédagogie (chaque devoir sera cependant accompagné d'une somme de 2 F en timbres pour frais de polycopie et de correspondance).

Le cours, tout à la fois théorique et pratique, à même votre classe, comportera une leçon mensuelle qui ne demandera qu’un travail réduit, basé sur les principaux thèmes d’initiation.

Deuxième innovation : Chaque élève bénéficiera d’un parrain, choisi de préférence dans le département qui participera à la correction des devoirs, suivra son filleul, le visitera ou l’invitera, lui enverra le journal de sa classe.

Le cours en acquerra de ce fait une grande efficience (Nous pourrons avoir un cours pour maternelle, un pour CP et CE, un pour CM et FE, un pour CEG).

Troisième innovation : Un cours de culture et de perfectionnement sera organisé pour les parrains qui seront appelés à étudier, individuellement ou en équipes, quelques-uns des problèmes délicats qui nous sont posés.

Nous demandons aux intéressés de s'inscrire dès maintenant pour que nous puissions pourvoir à l’organisation de cette entreprise sans précédent, et qui pourrait bien être décisive pour le progrès de notre pédagogie.

Nous dirons dans notre prochain numéro la nouvelle formule de nos diverses publications, avec, probablement :

— l’Educateur magazine mensuel

— l’Educ. technologique mensuel

— 2 BT au lieu de 3 tous les mois, mais encore embellies

— 3 SBT au lieu de 2

— L’Art Enfantin et la Gerbe, qui continuerons.

Nous préciserons tout cela.

Bandes enseignantes et bandes programmées

Elles ont dominé, par leur intérêt et par leur nouveauté, les discussions et les travaux pédagogiques de ce Congrès.

1°. - Le cours de calcul en 100 bandes sera livrable en octobre avec 30 bandes CP et CE, 40 bandes CM et 30 bandes CM-FE.

2°. - Nous espérons sortir également pour octobre un cours de français original en 60 bandes.

30. - Un livre sur la programmation donnera toutes explications technologiques et pédagogiques pour la pratique de nos bandes, leur préparation et leur utilisation.

Pour la mise au point des nouvelles séries de bandes nous avons constitué un Centre International de Programmation auquel on adhère en versant une souscription de 50 F totalement remboursable en bandes de travail.

Nous avons à ce jour 150 inscrits. Nous sommes en mesure d’éditer, en exemplaires polygraphiés les bandes de grammaire, de géographie, d’histoire, de sciences, de CEG que nos équipes spécialisées nous présenteront. Le centre va être incessamment organisé par l’intermédiaire de notre Chronique de VICEM. Nous en informerons les lecteurs.

Les travaux en cours apporteront bien vite la preuve que cette technique de Boites et de Bandes enseignantes est un événement sans précédent qui va faire faire à nos techniques un bond en avant dans toutes nos classes.

ICEM et CEL

Un autre événement enfin : les CA de la CEL et de l’ICEM ont décidé qu’à partir du 1er mai prochain ces deux sociétés seront administrativement et financièrement séparées : la CEL gardant la lourde tâche de vendre aux adhérents le matériel et les éditions dont ils ont besoin ; l’ICEM se consacrant, comme l’indiquent ses statuts aux périodiques et aux éditions.

CEL et ICEM devraient de ce fait, prendre l'un et l’autre un nouvel essor.

Nous terminerons en rappelant que si la plupart de nos revues joignent difficilement les bouts, nous avons deux publications : les BT et les suppléments BT (pour les maîtres) qui devraient connaître maintenant un grand succès. Dans les mois à venir nous inviterons nos lecteurs à participer à une ardente campagne pour la diffusion et la vente des BT et des SBT.

Nos Congrès ne sont jamais une halte. Ils sont plutôt un relais fraternel dans notre grande marche en avant. Et comme vous le voyez le travail ne manque pas. Les travailleurs non plus.

Il nous suffit maintenant de nous remettre à l’ouvrage avec un enthousiasme et une confiance renouvelés.

Et à Brest l’an prochain !