Expression libre assumée

  

 

Revue en ligne CréAtions n°217 "Vers des pratiques singulières"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°217 - Publication : avril 2014

Classes Freinet du CLEF - Collège Lycée Expérimental Freinet - Classes traditionnelles, Collège Jean-Jaurès, La Ciotat (Bouches du Rhône) - Enseignant : Hervé Nuňez

 

Expression libre assumée

CLEF :
- une heure de cours par semaine dans une salle spécialisée
- une demi-heure d'arts plastiques en TI (travail individualisé) par quinzaine
- la possibilité de s'inscrire à un atelier de trois heures dans la semaine (salle spécialisée) ;
à partir de février prochain un atelier permanent : les élèves s'y inscriront sur un projet à long terme (plus de deux heures jusqu'à l'infini) qu'ils pourront suivre cinq heures par semaine à la place du TI.

Classes traditionnelles :
Une séance de 55 minutes par semaine.

Objectifs
- responsabiliser, impliquer, rendre autonome l’élève dans son apprentissage et sa progression : le rendre auteur de sa production.
- développer sa curiosité pour la création artistique, son ouverture d’esprit, son esprit d’initiative.
- favoriser les démarches suivies, les productions à épisodes, plutôt que la fragmentation des investissements.

Idées maîtresses - Chaque élève est à l'origine de sa production.
Bien poser le contrat de travail : l’élève doit bien comprendre ce qui est attendu, ce n’est pas « ce que je veux, quand je veux, si je veux » ; si l’idée de départ est la sienne, il doit faire l’effort de progresser et de grandir à travers sa production. D'où l'idée de faire avant, pendant ou après la production une fiche-projet dans laquelle apparaîtront un titre, des objectifs, une procédure, un schéma explicatif (le plus simple possible).
L'objectif supérieur est de dégager des problématiques plastiques ou artistiques :
- l’élève construit son projet et sa réflexion dans un aller-retour expérience-accompagnement de l’enseignant, conseils et échanges avec les autres élèves.
- il n’y a donc plus d’incitation, si ce n’est pour les élèves « en panne ». L'élève puise ses idées dans ses propres productions - rechercher un fil directeur, parodier -, dans les productions affichées, dans la documentation non classée présente dans la classe, auprès des autres ou du professeur.
- Les notions du programme sont abordées sur les quatre années, au rythme des élèves : l’élève en sixième abordera peut-être d’abord l’image et s’appropriera les questions autour de l’objet plus tard.

       

Mickael en 6e, est un élève qui a un style bien affirmé : ses représentations sont proches des tatoos, des stickers. Elles ont peu à peu évolué à partir du stéréotype "manga" jusqu'à des mises en scène familières. Je lui propose d'augmenter le format de ses scènes pour que ses portraits acquièrent une dimension plus impressionnante comme l'ont fait Roy Lichtenstein avec les images des "illustrés" ou Jagna Ciuchta avec les décalcomanies, tous les deux ayant pour objectif de donner un autre impact visuel à ces images.

                                      

 Fonctionnement - 3 séances de pratique suivie d'une séance de « mise en commun ».


Projet personnel de l’élève : exploration, recherches, approfondissements, dialogue avec l’enseignant ressource.
Lorsque l'élève estime que sa production est aboutie, il rédige un cartel et la production est systématiquement affichée en classe, cela veut dire qu'elle est terminée.


« Mise en commun » : il s'agit de verbaliser autour des productions.
Un élève se propose pour assurer le secrétariat, les autres ne sortent pas leurs affaires, tournent leurs chaises pour mieux se voir les uns les autres. Elle se fait en trois temps :

- entretien : les élèves parlent de leurs visites de musées, de faits, d'images qui les ont étonnés dans la rue, à la télé, dans leurs lectures... et qui relèvent selon eux du champ des arts plastiques.

- critique constructive : des élèves demandent de l'aide ou des pistes pour continuer leur projet, ils nous le montrent mais ce ne sont pas eux qui parlent : les autres, sans connaître le projet de départ, donnent des idées, leur avis sur l'approfondissement de la production, l'élève en fait ce qu'il veut. Ce temps est important pour l'élève, qui voit comment son travail est perçu par les autres, qui, eux, de leur côté avivent leur créativité et leur sens critique.

- présentations : un ou deux élèves présentent leur travail « déjà affiché » accompagné de la recherche associée. Les autres écoutent, regardent. A la fin, ils posent des questions sans pour cela proposer des changements car le projet est terminé.
Un compte-rendu de la séance est donné la fois d'après aux élèves, complété éventuellement de connaissances complémentaires par le professeur.
Émergence d’un vocabulaire spécifique, « les mots de la classe », notés à part sur le cahier et susceptible d'être réutilisés.

 

  • Entrée « dans le monde »
    La production de l’élève peut ensuite être exposée dans le monde : dans le collège mais aussi hors les murs de la classe, dans le journal, lors d'expositions - deux dans l'année dans une vraie salle d'exposition dans la ville -, etc. Les travaux qui ont été pressentis par la classe sont réexaminés et un choix argumenté est fait en fonction du média.


Outils pour la mise en œuvre

Un cahier (vers le carnet de bord) intégrant :
- la fiche pour chaque projet (fiche définie plus haut) accompagnée des traces éventuelles, essais, tâtonnements ;
- la recherche associée à chaque production : « recherche culturelle » avant, après ou pendant la production : cette recherche a pour raison d'ancrer la production dans le champ des arts plastiques. Elle commence obligatoirement par une recherche sur « Google image » en tapant deux mots clés dont l'un sera « artiste ». L'image choisie doit être celle de l’œuvre d'un artiste, pour cela, j'ai défini la notion suffisante d'artiste en disant que c'était quelqu'un dont plus de trois sites parlent, autres que Facebook ou des blogs perso ;
- les comptes-rendus des mises en commun ;
- la liste des mots de la classe.

Une organisation de la salle permettant l'échange, le déplacement facile des élèves, le choix de l'espace de travail (dont un jardin et la cour attenants).


   

Andrea a créé un univers onirique basé sur la translation de notre monde dans un autre monde peuplé non plus d'êtres humains mais de vers. C'est un monde fantastique comme celui des schtroumpfs qui vient de l'enfance. Andrea multiplie les dessins très détaillés, dans de petits formats. Ses images sont narratives, on ne les lit pas d'un coup, il faut parcourir les détails les uns après les autres, en lisant les bulles qui les accompagnent. Je ne dis rien à Andrea, sa production se régénère d'une image à une autre.


Gestion de classe pendant les séances de pratique

Dans la classe, les élèves disposent :
- d'un panel très étendu de matériel, du fusain au monde virtuel informatique (via argile, béton cellulaire, bricolage, couture, marqueterie, etc.) ;
- d’une bibliothèque de choses ;
- d’une banque d'images : livres d'art non classés ;
- d’une documentation : internet et CDI ;
- d’ordinateurs avec zones partagées, élèves et professeur ;
- d’une imprimante N & B
Le professeur peut à tout moment sortir des fiches ressources : fiches incitatrices pour un apport technique, pour développer une compétence nécessaire à la progression du projet, pour expliquer un matériel.

Une fiche de « demande de matériel » est placée au tableau. Les élèves s’inscrivent :
- pour l'accès au matériel : une partie est disponible directement, une autre est donnée par le professeur ;
- pour l'accès à 3 ordinateurs (+1) ;
- pour parler au professeur.
Le professeur rencontre d’abord les élèves avec lesquels il désire parler puis ceux qui ont demandé à le voir. Un élève ne doit pas être « bloqué » dans l'attente de parler au professeur ou dans l'attente d'un matériel, cela voudrait dire qu'il y a dysfonctionnement dans la gestion de son temps.

   

  



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