Je prends soin de leur montrer au préalable des œuvres de Buren et met l’accent sur les rayures… Mais une fois sur place, l’œuvre se fond complètement dans le paysage si bien que le regard des enfants se porte sur le jardin. De retour en classe, ils évoquent les arbres, les buissons taillés, les fontaines et l’eau de la cascade. Nous travaillerons donc sur le thème du jardin.

La plupart du temps, nous nous accordons le temps d'une vue d'ensemble puis nous nous approchons des œuvres. Les enfants apprennent à regarder silencieusement et à dire ensuite ce qu’ils voient : qu'est ce que c'est ? En quoi c'est fait ? A quoi ça nous fait penser ? Quelle impression ça nous fait ? Souvent, il y a différentes manières de porter le regard selon notre position par rapport à l’œuvre : à la même hauteur, de dessous, par-dessus, etc.

Dans l’exposition Ilots d’Olivier Marty, des petites toiles sont posées au sol et puisque l'intention de l'artiste est axée sur la notion de paysage, nous « jouons » avec le « vu d'avion ». Pendant cinq minutes, nous survolons des œuvres-paysages et y voyons des lacs, des forêts, des chemins, des parcs, etc. et prenons des photos imaginaires.

Cette année, le centre a ouvert une petite salle juste à côté de la grande pièce principale.
Nous y découvrons une vidéo de l’artiste qui permet aux élèves de faire le lien entre le paysage et les tableaux exposés. En classe, pour préparer la visite, après avoir regardé l’affiche, nous avions trié photos, cartes postales et peintures et échangé pour tenter de cerner la notion de paysage. Cette vidéo leur donne aussi quelques clés pour comprendre la démarche d'Olivier Marty. On le voit se promenant avec, à la main, une caméra qui filme les pieds ou l'espace devant lui.
Les prises de vue prennent un sens esthétique et on se met à regarder les couleurs et les formes plutôt que l'objet du film.
Les enfants voient aussi des photos en noir et blanc en cours de colorisation.

Ma collègue de CP-CE1-CE2 s’associe à mon projet. Dès le mois de novembre, nous sensibilisons les enfants au land art. A partir de photos personnelles, elle conduit les enfants à observer les constructions souvent géométriques des œuvres. Elle explique comment elle crée des œuvres éphémères au fil des saisons dans la nature.

Puis nous faisons notre première sortie land art : collectage de fleurs, feuilles, fruits, bâtons tombés. Nous installons ensuite nos collectes et réfléchissons à un assemblage particulier. Chaque groupe d’enfants crée son œuvre en fonction des éléments ramassés et de son insertion dans la nature. Pour immortaliser leurs productions, nous prenons des photos, seules traces indélébiles de notre passage.

Jeudi 5 décembre 2013 – Notre sortie « Land-art »

Nous avons regardé des photos de land art dans la neige, sur la plage, dans la montagne.

Nous sommes allés sur le chemin derrière l’école, à côté de chez Nicolas.
On a ramassé des feuilles, des châtaignes, des bâtons, des herbes.
On a choisi un endroit pour faire une création avec tout ça.
Ça s’appelle le land-art.

Tous les ans, au cours du mois d'octobre, l'école est de sortie en forêt de Carnelle. A cette occasion, ma classe décide d'un thème qui sera le fil rouge de la journée : orientation, cabanes, fabrication de jeux en éléments naturels, prises d'empreintes, etc. Cette année, ce sera Land Art.

Huit jours avant la sortie, nous essayons d'approfondir ce qu'est le Land art à partir de documents et de quelques photos prises une année antérieure par une classe de l'école. Des équipes sont formées et les élèves commencent à discuter de comment ils voient les choses. Nous listons le matériel qui nous sera nécessaire et nous échangeons sur les différentes idées qui émergent.

Le jour J, les équipes sont réparties en trois groupes qui suivent des itinéraires différents. Munis de sacs, de sécateurs et d'imagination elles ont deux objectifs : ne pas se perdre et prélever des éléments qui pourront être utilisés pour leur future création.

Arrivés à la Pierre Turquaise, allée couverte du néolithique, et, après avoir pique-niqué, chaque équipe choisit un endroit propice à sa future création. Certains utilisent beaucoup leurs trouvailles, par exemple le sable ramassé sur le chemin, d'autres recherchent sur place.

Lors de notre première sortie, dans l’environnement très proche de l'école, nous regardons les façades : couleurs, formes, éléments d'architecture, balcons, fenêtres, portes, toits, cheminées, volets. et repérons quelques domiciles d’enfants.

La deuxième sortie est axée sur l’identification des bâtiments publics : gare, garderie, supermarché, bibliothèque, mairie, écoles, poste. Nous les nommons, décrivons, dessinons, photographions. Les enfants prennent conscience de la nature des bâtiments : ceux où l’on habite et ceux où l’on travaille.

Pour notre troisième sortie, je propose de choisir un bâtiment public pour mieux le connaitre : la gare du Sud ou la bibliothèque située dans l'ancienne gare du Sud. Nous y rencontrons les personnes qui y travaillent.

Lors de nos quatrième et cinquième sorties, nous partons à la recherche des domiciles des enfants. Je les photographie devant leur immeuble. Au retour, nous imprimons les photos. Chacun colle la sienne sur une feuille à dessin puis s’essaie à reproduire son immeuble en dessin, en peinture.
En lecture-écriture, nous travaillons sur l’adresse.

Petit à petit, germe l'idée de réaliser une maquette du quartier pour rassembler les domiciles et les principaux bâtiments. Les enfants sont enthousiastes, ils apportent de chez eux des boîtes de tailles diverses et moi des panneaux de bois pour le socle.

Alors que des enfants sont attirés par le sable et l'eau,

certains vont chercher des bois flottés,

d'autres dessinent ou écrivent sur le sable,

d'autres utilisent les coquillages ou autre petit élément pour décorer.

Dans un groupe, l'adulte écrit son nom sur le sable.
Les enfants l’imitent puis, ils dessinent une immense maison sur le sable.

Dans un autre, l’adulte donne des seaux.
Les enfants restent près de l'eau et jouent à
ramasser de l'eau et/ou du sable,
à bâtir des tours de sable,
à lancer des petits cailloux dans l'eau.   

En fin d'après-midi, nous regroupons les enfants et allons voir toutes les productions. Chacun peut alors nommer ce qu'il a fait, dire ce qu'il a ressenti en le faisant...Toutes les productions sont photographiées ; au retour je construirai un diaporama à présenter aux parents.

Ensuite nous passons un moment au bord de l'eau à regarder les vagues arriver et repartir en essayant de ne pas nous mouiller les pieds.