Stage de Rostrenen - Compte rendu de l'atelier d'écriture collective

 

 


Ah ! Vous écrivez ensemble...
Paul Le Bohec a inventé les ateliers d’écriture collective pour ouvrir, à l’écriture libre, des adultes abîmés par toute une scolarité de pédagogie traditionnelle castratrice.
”Expression/création dans un groupe positif”, il s’agit bien de recréer, en raccourci, les conditions de la méthode naturelle et de vivre ensemble l’inénarrable jouissance de la création collective, en toute confiance et en toute sécurité affective.
Cet atelier ne s'adresse pas à toi, si tu as une jolie plume. Tu ne brilleras pas chez nous, désolé.
Il s'adresse à toi qui as choisi de proposer à tes élèves de s'engager dans la grande aventure du texte libre. Tu sens bien qu'il y a là une boîte de Pandore à ouvrir. Tu devines des océans de possibles. Mais tu n'oses pas embarquer toi-même. Du moins pas tout(e) seul(e).
D'ailleurs, on devrait interdire la pratique du texte libre à qui n'a pas fait, au minimum, un cycle de trois séances avec nous !
Non mais !
Philippe Bertrand
"Il faut cultiver ses plaisirs." (Paul Le Bohec)

 

Interviews
Le personnes interviewées ont bien voulu répondre à la question : "Qu'as tu pensé, ressenti pendant cet atelier d'expression écrite ?"

Hélène :
A la base, écrire me fait peur. Cet atelier m'a fait découvrir le plaisir d'écrire. Plaisir d'écouter les textes auxquels j'ai participé. C'est valorisant. Je prends la mesure de ce que le groupe est capable de produire en coopérant. Ca me donne envie de faire découvrir le plaisir d'écrire à mes élèves.

Solène :
Ça m'a permis de comprendre comment écrire peut être une jubilation. Je réalise à quel point il faut proposer ce travail aux élèves le plus souvent possible pour qu'ils soient décomplexés. Il est important que le groupe soit très positif. L'enseignant doit éviter de donner un jugement de valeur individuel (même positif).

Jérémie :
J'ai trouvé l'atelier très sympa. L'aspect collectif est très convivial. On travaille dans une ambiance bienveillante. Cette bienveillance permet la richesse du travail collectif. Ce genre de pratique peut avoir des vertus regénératives par rapport à l'acte d'écrire et par rapport au regard d'un groupe. Elle génère beaucoup de plaisir. J'ai vu qu'on peut s'amuser avec les mots, tout en ayant un discours personnel sur la vie ou les choses (parfois malgré nous).

 

 Evelaine:

J'ai intégré l'atelier le 2ème jour, et j'ai apprécié la souplesse du groupe, qui m'a intégré. Les entrées proposées étaient facilitantes (consignes simples, écriture de groupe en se faisant passer les feuilles successivement et rapidement). J'ai apprécié la construction collective. Comment chacun rebondit sur ce que les autres ont écrit. Parfois la mayonnaise prend et est particulièrment savoureuse. Sur certaines feuilles, un univers se construit et le texte est totalement collectif. Je me suis longtemps considérée comme une coincée de l'écriture. L'activité d'écriture avec une contrainte de forme et de temps a fait sauter ce préjugé, m'a libérée. Je m'étonne de la richesse de ce qui sort de chacun. Je souhaite que ce genre d'activité se développe à l'intérieur comme à l'extérieur de l'école.

 

 

                                                                                                                                                                Interviews réalisées par Elisabeth

 

Discours d'ouverture de la soirée de présentation des travaux des ateliers créatifs

Bonsoir les amis… Car oui, je crois que maintenant, avec la bienveillance qui nous porte, nous pouvons nous dire amis !
J'ai le grand honneur de vous présenter cette soirée qui, sans nul doute, restera gravée dans nos mémoires.
Du monde entier, ils sont venus, qui en vélo, qui en auto, qui est en pédalo, qui en levant un simple pouce, ce petit être plus petit que ses quatre grands confrères…
D'ailleurs qui serait d'accord pour organiser un pédibus, l'année prochaine ?
Oui mais à partir d'où, le pédibus ?
Car si on doit commencer de l'Afrique, il faut démarrer tôt.
Carapate, les amis ! Pédibus, c'est fini car, à pattes, ça va plus vite… Carapace sur le dos car, à pinces, ça va plus haut.
Pincez-moi pour me dire que je ne rêve pas ! Tant d'intelligence émotionnelle, d'ouverture d'esprit, de coopération sauvage, de pédagogie à géométrie variable, ça donne le tournis !
Heureux les enivrés que nous sommes !

 

 

Des... Organisations

 

“Désorganisation”, avez-vous entendu ? Quelle médisance !

La richesse du groupe est supérieure à la somme des individus qui le composent.

Et l'individu, alors ? Qu'en est-il de mon 'moi' et de ses Besoins ?

Insinuez-vous que l'individu est inférieur aux groupes qui le composent ? M'enfin !

'Je' est un 'plusieurs' composite qui peine parfois à composer avec les différentes parties de lui-même.

Aime-toi, le Ciel t'aimera. Lui, en s'aimant, se retrouve dans chacun de ceux qui l'ont composé et le composeront car il est lui et il est elle et il est eux.

On est libres, Nom de Dieu !

Mais oui… Et Dieu, dans tout ça ?


 

Mondes imaginaires

Terres étrangères, par delà les mers et l'éther.
Entrons-y par la porte de derrière et laissons la raison au vestiaire.
Des vallées et des rivières qui s'accrochent dans les nuages, parce qu'à certains endroits, le ciel est bien bas.
Allons-y gaiement, ces terres-là sont enivrantes.
Les couleurs de ces terres me font rêver… On nage dans un océan arc-en-ciel, entre terre et ciel.
Monts dodus, vallées secrètes, nuages prolifiques.
Monde suspendu, jardin magique, univers délirant.
Du bleu, du vert, de la colle et des boîtes de conserves, pour construire ensemble notre univers.

 

MNLE

Mâchoire Nanotechnologique Lucrative et Éducative ?
Non, ça n'aurait pas de sens !
Mais où est le sens ?
Sens interdit ou sans interdits ?
Aime, Haine, Aile, Eu-cu-ménique
Initiales mécaniques.
Mouvement National de Libération des Énergies, à renouveler aussi longtemps qu'il le faudra.
Lorsque le mouvement s'emballe plus rien ne l'arrête. Mâchoires inexorables du temps qui nous engloutit : « à l'aide ! »
Mécanique Nuageuse de la Liberté Exacerbée.

 

Arts plastiques

Grabouilli Grabouilla
Petit pas et petits pois.
Enjambées et grosses bavures, encre et larges rayures, sur la feuille et dans l'esprit.
Esprit du jeu, es-tu là ? Que reste-t-il de notre élan, ce grand mammifère dont les bois se sont pris dans la contrainte ? Il a cassé les branches, cassé des arbres, mugi dans la bise et laissé derrière lui des tas de fagots fumants, pendant qu'il humait le retour du printemps.
Plein les yeux, éclaboussés de soleil et du vert de l'Amour.
L'Amour avec un grand A, le vrai, le grand, le beau !
Et le plastique… Un œuf en plastique, sorti du cul d'une poule en plastique, sortie d'un œuf en plastique, sorti du… monde magique de la co-création.

 

Apéro

« Dong ! » C'est ainsi que commence l'opéra de l'apéro,
Ah ! Ah ! Ah ! Prout – Pet – Pet – et Oups ! Rot…
Où sont les cépages éducatifs, les pastis pédagogiques, les limonades émotionnelles ?
Au fond des bouteilles prêtes à être débouchées.
Des bouchées, à tous les goûts. Des ragoûts pour toutes les bouches. Hé ! Hé ! Des bigots, des mégots, des ragots, des gros mots comme la dévolution analcoolique.
Coliques néphrétiques collées aux Néfertiti d'opérette. Opéra, apéro, « Opera la botiglia ! » Ouvre la bouteille ! Et jaillissent les bulles pétillantes comme les idées qui crépitent dans des cervelles, après être passées par nos tripes remuantes, au son des accordéons.
C'est parti !

Envoi (choeur des vierges) :

Coliques dans les prés,
Ca urge, ça urge
Coliques dans les prés,
Y a plus de papier WC
 
La feuille restante,
N'etant pas suffisante,
Tans pis pour cette fois,
J'y vais avec les doigts !

 (auteur anonyme)

 

Voilà la voix ! !

Elle arrive, discrète tout d'abord, puis s'élève haut, très haut et crie, hurle, hurle, hurle !
« La voilà, la voilà ! »
La voix, là ! C'est elle qui nous montre la voie !
C'est incroyable ce que si peu de cordes peuvent sonner ou raisonner. Elles qui étaient restées si discrètes, les voilà guillerettes.
Voies navigables ou cyclables, voiture ou voîte aux lettres. Voirie qui suit sa route, coûte que coûte. Voilure qui bouge au gré du vent.

 

Plan de travail

Plante particulièrement délicate à géométrie variable.
Nécessite de nombreux jardiniers, inspirés et souples des genoux.. De préférence, des jardiniers danseurs de gavotte Fisel pour que le rythme du plan y soit.
Elle présente la particularité de s'accrocher aux grilles, aux cases de toutes sortes.
Certains l'installent dans un petit coin de leur jardin, d'autres la laissent s'étaler, prendre toute la place dans le jardin.
Pas besoin de l'arroser mais lui jouer quelques gavottes bien ficelées chaque semaine. Si on la délaisse, cette plante peut dégager une odeur extrêmement malodorante pour se rappeler à votre bon souvenir. Une odeur faisant généralement penser à celle des aisselles de certains enseignants. Surtout le vendredi soir, quand il doit récolter tous ces merveilleux plans.
Plans de travail passés et à venir,
Souvenir du travail acharné des aisselles de ceux qui les ont préparés.

 

La joie des dortoirs

Trouver une place, poser son sac, étendre son duvet, découvrir ces inoubliables matelas mousse,
Souvenir du temps insouciant de l'adolescence.
Souvenir des colos,
Pas feutrés du soir dans les couloirs, rires du matin.
Une alarme incongrue, une douche qui n'en finit pas de tiédir et toutes ces portes qui claquent, reclaquent, claquent encore.
J'imagine une invasion de crapauds, un assaut de taxidermistes.
Oui, mais où est le surveillant ?
Étouffé par les crapauds, grignoté par les taxidermistes. Avec toute cette humidité, les pauvres bêtes se sont multipliées … Et puisqu'il faut partager… Nous voila bien coincés.

 

Accordéon

Petits boutons, petits boutons
De l'accordéon
Vous me fascinez
Petits moutons, petits moutons
Du Pays Léon
Vous m'exaspérez
Du bois, du son et le flonflon
Vous m'amusez
Ron Ron Ron
Petit Patapon
Roses Bonbon et coup de chiffon
A ton son, valsez nos pas
A corps de ON, que se vive la musique
Soufflet tzigane, pour veillée partagée
Valse ou complainte pour toujours s'enivrer
En hiver comme en été
L'accordéon
Accorde nos « ON ».

 

La gavotte Fisel

D'abord bien décomposer les temps et les pas mais les pas c'est pas la même chose que les temps parce qu'il y a des temps sur lesquels il n'y a pas de pas. Alors déjà c'est pas facile. Et en plus, il faut se taper les fesses avec les pieds… J'aimerais bien voir ça des coups de pieds aux fesses en cadence.
Danse, danse, « dansons la capucine » ♫…
Mais non pas la capucine, la ficel(le) ! Et un, deux, trois, quatre et cinq, on est en pleine créa-math, ça décape !
Avec l'ami Jojo, on se lance et on entre dans la danse.
Mais ne vous lancez pas trop fort… Gare à vos fesses ! Surtout celles de Jojo qui en ont déjà trop reçu.
Quant à Mamie Germaine, gare à ceux qui voudront la suivre, ils ne seront pas déçus !
Ce qui explique le trou dans son slip.

 

Débris-collage

Des bricolages
Debrico – l'âge
Deb ricollage
Quelle ricollade !
Oh la déconnade !
Un vrai décalquage
Ça va faire des ravages
Et à tous les âges !
Des bries ? Coulage...
Du brie ? A l'abordage !
Du brie ? Courage !
Du racollage ?
Certainement pas du ramonage.
Et ne parlons pas de bidouillage.