Stage de Rostrenen - Le bilan de Francine


 Quelques mots à propos du stage grand-ouest de cette fin août 2014. Tout d’abord merci aux GDs organisateurs et aux personnes qui les représentent. J’ai trouvé ce stage riche, constructif et surtout innovant.

Lorsqu’en début de stage j’ai vu la multitude de petits post-it collés sur un mur dans un coin du réfectoire, Damien Treton les classant par catégorie, une inquiétude m’a envahie : « Quelle complexité des demandes et des offres formulées par les stagiaires ! L’idée est certes généreuse mais comment vont-ils faire pour gérer tout cela ? » En fait mes représentations d’impuissance sous-estimaient le travail réalisé en amont par nos copains bretons.

Il fallait leur faire confiance. En effet, tout au long du stage, j’ai pu observer une multitude d’ateliers fleurir, des mains se lever, tant pour participer auxdits ateliers que pour les animer, le tout porté par les organisateurs, jamais les mêmes. Un vrai travail collectif s’est mis en place portant aussi bien sur le fond ô combien complexe que sur la forme : pas de chef, que des auteurs, me renvoyant à « la société des égaux » de Jacques Rancière. Pas facile de déconstruire nos habitudes de consommateurs de formation ! Eh bien, c’est ce qui s’est passé au stage grand-ouest. Nous avons déconstruit pour reconstruire autre chose, une autre façon de fonctionner ensemble. Les copains bretons ont su créer les conditions de la transmission efficace, celle qui nous fait ressentir tout au fond de nous-mêmes que nous ne sommes plus tout à fait les mêmes à l’issue du stage. Personnellement j’en suis sortie avec un sentiment d’agrandissement, et une envie augmentée d’aller plus loin encore et encore.

Bien sûr, je pourrais entrer dans les détails en donnant des exemples, il y en a tant, le meilleur à vous transmettre étant celui que j’ai vécu moi-même, ayant les mots pour le dire : tout d’abord l’atelier d’écriture collective avec Philippe Bertrand. Toujours le même plaisir de jeter des mots très vite sur le papier, sans réfléchir surtout, les processus de contrôle interne étant rarement de bons conseilleurs en matière de création. Rapidité ne signifie pas médiocrité de la production ! Loin s’en faut ! Ne connaissant pas les autres membres du groupe, j’ai découvert à nouveau à quel point la poésie et l’invention habitent chacun d’entre nous, changeant le regard porté sur l’Autre. « Ah oui, je n’aurai pas pensé que toutes ces personnes ensemble puissent produire autant de belles choses ! », le rire (l’homo-démens de Paul le Bohec, inventeur de l’exercice) étant un levier de taille pour créer du lien.

Quant à l’animation de l’atelier sur la philosophie de la « Méthode naturelle » que j’ai proposé sur un post-it à l’arrivée, je ne m’y étais pas du tout préparée, n’ayant pas prévu une seule seconde que j’allais le suggérer par écrit sur un petit bout de papier collant. C’est sans doute parce que les conditions étaient favorables que l’idée m’en est venue, l’ayant pratiqué au Congrès de Caen et plus récemment dans un stage régional à Tours. Je n’ai pas la prétention d’avoir fait le tour de la question (bien prétentieuse aurais-je été si j’avais eu ce projet) avec celles et ceux qui étaient présents, mais, quel plaisir de pouvoir partager ce que je porte en moi sur le sujet depuis que Paul m’y a introduite et qu’avec Monique Quertier nous circulons de classe en classe avec la Création Mathématique Collective, mais aussi avec des habitants du quartier de Surville (Montereau77). La Méthode naturelle n’est-elle pas une Méthode de vie ? N’est-ce pas ce qui s’est passé à Rostrenen pendant ces quelques jours? Je n’ai pas la réponse à la question, mais j’avoue que ça me trotte dans la tête.