La Polalhera, février 2015, page 10...

 la coopération, coopérer, 2

 

 

Extraits de La classe coopérative de Sylvain Connac, de la thèse de François Le Mennaeze, d'écrits de Jean Le Gal : pendant la lecture, nous écoutons en questionnant le stage à la lumière de ces écrits.


F : On a tous fait des choses différentes dans nos projets : écrire, jouer de la musique, sport...

 

Ca : Organisation originale du temps.

 

S : quelque chose de pas linéaire, rythmé,

 

HN : Au niveau des échanges : informels à l'intérieur du groupe, hors des groupes, de pratiques, de compétences... Le temps n'est plus linéaire, mais avec des étagements différents.

 

L : le terme « original » est dans ce qu'on entend traditionnellement par emploi du temps, qui est amené à changer régulièrement.

 

HA : dans le développement des logiciels on parle de différence entre construction d'une cathédrale, pyramidale, où on ne peut pas construire le toit tant que les murs ne sont pas terminés et de bazar au sens de marché, ou de fourmilière, où plein de choses se passent en dehors de nous.

 

V : faisons-nous une différence entre coopération et collaboration ?

 

HA : dans la coopération, on choisit le but commun, alors qu'en collaboration on peut être contraint à participer.

 

V : Dans la coopération on peut avoir des tâches différentes, division négociée des tâches en actions qui sont réparties entre les personnes, la responsabilité de chacun est limitée à l'action qui lui incombe ; dans la collaboration l'objectif est le même, tous les membres du groupes restent en rapport régulier, les interactions sont permanentes. LE mod collaboratif est plus difficile à mettre en place en raison des ego.

 

HN : On peut parler aussi de compagnonnage (terme de Freinet).

 

HA : Il y a des idées qui se recoupent : l'enseignant à la porte ouverte, aguerri, qui va accueillir d'autres enseignants... mais il n'en parlerait pas entre les enfants.

Plusieurs questions pour amener le débat : nous, en tant qu'enseignant adulte, avec qui coopère-t-on ? Comment la met-on en place ? Qu'est-ce qui fait obstacle ?

 

CéSag : ce qui peut faire obstacle, les enfants leaders et les enfants plus timides, en retrait.

 

L : Dans la hiérarchie des leaders, il y a la maître. Concomitance d'une organisation décidée par le maître et d'une organisation mise en place par la classe. Quel effet sur l'efficacité en matière d'apprentissage ? Ce n'est pas toujours possible de coopérer, c'est le maître qui décide quand.

 

CéSag : C'est là qu'on en vient l'élaboration des règles, dont la première dans sa classe a été « écouter l'autre sans se moquer ». Sans respecter cette règle, on ne peut pas participer au groupe.

 

Ca : a rencontré le problème avec des enfants qui jugeaient nul le travail de l'autre, se rejetaient, voulaient travailler seuls.

 

HA : Il y a deux choses qui viennent en conflit dans la classe : certains à des moments ont besoin ou envie de travailler seuls pour être efficaces et tranquilles. Ça peut être aussi une question de timidité, avec des élèves qui ne vont jamais monter sur scène pour présenter quelque chose aux autres, ça les met en difficulté.

 

HN : Il faut accepter l'altération de son travail, le regard de l'autre. Il organise la classe de manière à favoriser éventuellement les échanges, mais ça s'apprend. Grâce à l'échange avec mon voisin ou le groupe, je vais accepter que mon travail soit altéré, modifié par les autres. La méthode naturelle est à réinterroger dans ce cas-là.

 

NB : entre adultes c'est déjà difficile, dans le cadre d'une grande école par exemple. Dans la coopération, on a besoin d'un médiateur qui va aider, réajuster, calmer celui qui parle trop fort...

 

V : voudrait revenir sur la situation où on préfère travailler seul : la coopération n'est utile que quand la complexité des tâches le nécessite.

 

CéSag : un enfant de CE2 demande ce qu'est un copain, un autre lui répond « Si tu tombes, un copain va t'aider à te relever, alors que si ce n'est pas ton copain... », un autre enfant lui a dit que quand-même il pourrait l'aider même s'ils ne sont pas copains, un autre a dit « Non, ça c'est de la coopération ».

 

HA : Il y a très tôt une notion de propriété, c'est très difficile d'accepter qu'on le change.

 

HN : aime utiliser deux images, l'une de Salvador Dali qui parle d'oursins, durs avec des piquants à l'extérieur et mous à l'intérieur, qui ont du mal communiquer, l'autre à Henri Queco, qui parle de pommes de terre capables d'adapter leurs formes.

 

L : Il y a une question de place et de conception de la coopération, il faut bien savoir de quoi on parle. Un enfant dans une classe, pour accroître son pouvoir, pour apprendre mieux, grandir et se développer, a besoin de l'autre, de coopérer. La coopération s'adapte à l'individu.

 

NB : on est vite capable de dénoncer l'autre. Quand on fait du travail avec tutorat, au début pour eux dire la réponse c'est aider, et ça s'apprend petit petit, ce n'est pas spontané.

 

Ch : ça lui rappelle les cours de fac où l'enfant apprend grâce à l'autre, avec le conflit socio- cognitif de Piaget. Il faut cette coopération pour que l'enfant grandisse.

 

PLR : On peut avoir une forme de coopération, quand on se partage le travail, selon la définition du deuxième texte.

 

HA : Est-ce que la coopération se fait nécessairement sans conflit ?

 

CéSam : ça dépend du nombre d'oursins et de pommes de terre !

Ch : Le conflit fait grandir...

Jacquie : est humain.

S : Pour elle la coopération n'est pas le taylorisme.

 

HN : une définition très personnelle serait que dans la collaboration les entités restent intactes, alors qu'à la fin de la coopération, les gens sont changés.

 

F : on est plus d'accord avec l'inverse de la définition lue par V ; pour nous la collaboration est plutôt le taylorisme, l'agrégat, le partage des tâches.

 

V : c'est justement cette inversion qui l'a choquée. Il suffit de se mettre d'accord sur ce qu'on entend par les termes que l'on utilise, être alertés sur les différentes conceptions.

 

PLR : Ce qui peut permettre de faire fonctionner le groupe est la prise de responsabilités.

 

HDC : il y a une contradiction entre les deux textes, il y a étymologiquement ensemble dans les deux, mais une différence entre labor (travailler en commun et résultat de l'action, travail imposé) et opera (œuvre, création qu'on élabore ensemble parce qu'on a envie de travailler ensemble).

 

L : Historiquement, un membre de l'OCCE a créé la classe coopérative, fonctionnement calqué sur le fonctionnement républicain. Si l'enfant rencontre un milieu, il faut que le milieu soit perturbateur pour l'enfant, que la rencontre soit possible pour qu'il puisse apprendre, pour qu'il y ait coopération.

 

G : sa conception était plutôt dans le milieu de l'éducation de rue. Il lui semble que l'hétérogénéité est un élément absolument nécessaire à la réussite de la coopération et à la gestion des conflits.

 

S : quelle répartition des enfants ?