Carnet n°3
Sur nos carnets d'écoliers…Un voyage musical avec Emeline
Mercredi 1er septembre 2004, première rentrée en tant que professeur des écoles stagiaire. Ça y est, après trois années d’études plus une de bachotage, me voilà acceptée dans cette grande institution qu’est l’Education Nationale ! Grand tournant dans ma vie et dans mon rapport à la société, je ne suis plus l’étudiante inutile qui travaille en silence pour récupérer des diplômes, j’ai désormais une mission, un véritable devoir dans ce monde humain : on m’a confié une partie de l’éducation des enfants.
D’ailleurs le 13 septembre, je pars en stage en pratique accompagnée pour deux semaines. Et ce n’est pas parce que je débute que je n’ai pas ma petite idée à propos d’éducation. En effet, je crois sincèrement en la pédagogie de type Freinet, cette pédagogie où l’élève est totalement acteur de ses apprentissages et dans laquelle il effectue un travail coopératif. Utopie d’une école où il ferait bon s’y rendre et y apprendre à son rythme ? Je ne pense pas… sinon je démissionne de suite ! Justement pour ce stage, j'ai l'opportunité d’aller dans la classe coopé des « Trois Maisons » à Nancy. Hasard ? Destin ? Je ne sais pas, mais ça tombe plus que bien, je vais enfin pouvoir tester si mes idées tiennent la route.
Et me voilà plongée, avec deux camarades, dans cette classe de CM2. Nous commençons par observer le fonctionnement de la classe et dès le deuxième jour, nous devons la prendre en charge. Que faire durant ces quinze jours ? L’idée d’un projet, un projet qui me tient à cœur… En tant que musicienne, je pense qu’un projet autour du violon (mon instrument de prédilection) pourrait faire l’affaire. Il s’agit maintenant de trouver autour de quelles disciplines celui-ci pourrait tourner.
Il y a bien sur la musique. Présentation du violon en « live » puis écoute d’œuvres dans lesquelles le violon apparaît sous des styles différents : concerto et symphonie pour la musique classique, musique orientale pour la musique du monde et rock pour la musique actuelle.
On peut aussi étudier en physique et en techno les matériaux utilisés pour fabriquer un violon ainsi que son principe de fonctionnement : phénomène de vibrations, longueur et diamètre de la corde qui déterminent la hauteur de la note… Mais cette partie ne pourra pas être faite faute de temps. Il faut faire des choix pédagogiques comme on dit !
C’est pourquoi j’ai préféré choisir de continuer le projet avec les arts plastiques. On pourrait ainsi faire des productions plastiques sur le violon, sur lesquelles on écrirait les références des œuvres écoutées. En outre cela constituerait la trace écrite réglementaire !
Le problème est que les arts plastiques ne sont vraiment pas une discipline dans laquelle je suis très à l’aise. Cela vient sans doute d’un manque de référents théoriques et de pratique. Peu importe, je relève le défi.
Première séance, nous allons rechercher sur Internet des œuvres d’art qui traitent du violon. Nous découvrons des œuvres de Picasso, Dufy, Wiscombe et Espin. Une élève fait la remarque judicieuse que « même si on ne reconnaît pas toujours un violon, ses couleurs typiques (teintes du marron) sont présentes ». C’est ce qui va être un référent essentiel pour la production plastique. Dans la séance suivante, les élèves commencent leur planche sur une feuille blanche.
Consigne : « faire une œuvre où l’on pourrait ressentir l’atmosphère du violon ».
L’objectif est d’organiser son travail au crayon de papier, la couleur viendra après.
Enfin quelques oeuvres se terminent et nous découvrons à quel point les enfants ont du talent ! Mes collègues et moi sommes vraiment stupéfaits du résultat. Nous avons appris que pour réaliser une œuvre plastique il faut du temps et que les enfants ont un potentiel énorme en terme de créativité. Nous retiendrons de cette expérience qu’il est nécessaire de proposer un maximum de situations dans lesquelles les élèves peuvent se laisser aller à créer, que ce soit en art, en français ou toute autre discipline. Emeline Keller – PE2 – IUFM de Nancy.
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