Revue Créations en ligne "Lignes d'expression" n° 226 - février 2016 - SOMMAIRE

Février 2016

 


 

CréAtions "Lignes d'expression"

Revue en ligne annoncée dans le Nouvel Educateur n°226

Publication :  février 2016

 

Ont participé à l'élaboration du dossier « Lignes d'expression » :  Jacqueline Benais, Simone Cixous, Ophélie Gautier, Katina Iérémiadis, Agnès Joyeux, Maud Léchopier, Christiane Nicolas,  Hervé Nunez, Anne Roy, Eliane Trocolo.

Crédits photographiques : Jean Astier, Christain Borgetto, Simone Cixous, Pascale Faraut, Marie Hangouët, Jean-Charles Huver, Hervé Nunez, Hélène Minard.


Lignes d'expression

  titre de l'article niveau de classe thème techniques utilisées artiste

Light-painting

élémentaire - collège Une pratique, un outil  
lumière, photo  
Le dessin en maternelle maternelle : PS-MS

"Le dessin monochrome, non parasité par la couleur, conduit l’enfant, dès la Petite Section, à se concentrer sur le trait."

 dessin  
Lignes-Haïkus collège

Les deux cheminements d'une réflexion poétique : la rencontre avec un calligraphe japonais et la découverte de "Aventures de lignes" d'Henri Michaux.

écriture, collage  
  Lignes de crêtes

collège/lycée

Le voyage permet, grâce à la diversité des dispositifs muséographiques, aux séances de pratique et de mise en commun, de réfléchir sur la mise en scène, la relation entre l'œuvre et son environnement, la proximité des œuvres dans les expositions

peinture  
Influences collège/lycée Le dispositif d'exposition systématique sur les murs de la salle d'arts plastiques des productions terminées permet les influences.    
 
Des maisons et des lignes 
élémentaire : cycle 3
Quelques dessins sélectionnés par le comité de rédaction

ArtTurini : d'autres lignes à découvrir dans le blog de l'école Aimé Legall
 
 feutres  

Noir et blanc,  illustrer le journal

primaire : GS-CP Dans la classe de GS/CP, nous éditons le journal de la semaine. Pour améliorer et diversifier nos dessins, nous avons fait des essais d’illustrations en noir et blanc.
   
Mes dessins racontés maternelle : TPS-PS Dans nos classes de Toute petite section et petite section, chaque matin, après l'accueil, les enfants s'installent pour dessiner [...]
   

 

 

   

 

Une pratique, un outil : Light-painting

 

 Revue en ligne CréAtions n°226 - "Lignes d'expression"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°226 - Parution : février 2016

Classe de CP de Géraldine Migné, classe de CP-CE1 de Christian Borgetto -Ecole Jean Rostand, classe de 5ème de Mme Kaminski - Collège Condorcet, Nailloux (Haute Garonne)

 

   

 

Light-painting

Cette expression anglaise signifie "peindre avec de la lumière".

 

Une technique à la portée de tous

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la pratique du "light-painting" est relativement facile à mettre en place.

Elle nécessite :

- une pièce aussi obscure que possible mais le noir complet n'est pas indispensable,

- un appareil photo monté sur un pied et dont on puisse régler la vitesse d'obturation. Une vitesse lente est nécessaire : 15 secondes, voire plus si l'appareil le permet,

- des objets lumineux de toutes sortes : des guirlandes, des lampes torches, des téléphones, etc.

avec une obscurité réduite

 Place à l'expérimentation et au tâtonnement : Les enfants expérimentent divers  objets lumineux

Ils constatent que les effets varient avec la puissance des lampes, leur couleur, le fait qu'elles clignotent ou pas. Ils font aussi varier la vitesse, l'amplitude de leurs mouvement, la profondeur de leurs déplacements ; ils augmentent le temps de pose, ils choisissent de diriger la lampe vers l'objectif ou pas selon l'effet souhaité.

 

On ne voit pas l'image en train de se faire : on la découvre après coup. Déception ou joie sont au rendez vous selon que le résultat corresponde ou non aux attentes. Les enfants apprécient de pouvoir recommencer facilement. Ils aiment aussi l'instantanéité du résultat : pas de séchage, pas de nettoyage.

avec différents objets lumineux
Il y a aussi un gros effort d'imagination : on voit "dans sa tête" seul ou à plusieurs une image et il faut la "fabriquer" dans le noir sans contrôler directement ce que l'on fait. Certains passent de bons moments à s'entraîner. Ils travaillent beaucoup le geste, le déplacement. Bien sûr, pas mal de ratés au début : on est vraiment dans le tâtonnement expérimental.


"Lignes d'expression"

Light painting NE 224

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Le dessin en maternelle

 

Revue en ligne CréAtions n° 226 "Lignes d'expression"
annoncée dans le Nouvel Éducateur N°226 - Publication : février 2016

Classe de Petite et Moyenne sections,  École maternelle des Moulins, Marseille (Bouches-du-Rhône) – Enseignant : Jean Astier

 

Le dessin en maternelle


Je dessine, j’exprime, j’existe. Je laisse une trace. Je suis capable de représenter le monde. Je le pense. Je l’imagine. Je le mets en situation. Je dis.  Je me dis.

 

A la maison, TV et ordinateurs sont « chronophages » et empiètent sur les opportunités de dessiner des jeunes enfants. A l’école maternelle, on se préoccupe peu du dessin des enfants. Ils y sont peu entraînés. On n’évalue pas cette compétence. Par conséquent, on assiste à un appauvrissement de la maîtrise du langage graphique. Confinés au seul statut de consommateurs d’images, les enfants en perdent le savoir-faire créateur. La primarisation de l’école maternelle incite les enseignants à se soumettre et à contraindre leurs élèves à l’injonction de l’exercice scolaire et à sa loi implicite : point de salut hors de la consigne. Or, l’exercice graphique qui consiste à obliger à faire des traits, des ponts et des boucles est dénué de sens. Les enfants éprouvent des difficultés à l’intégrer et à le réinvestir dans des productions personnelles. Accepté par les élèves, cet entraînement exclusivement scolaire éteint la créativité.

Pourtant, à cet âge, le dessin a une importance capitale pour la structuration et le développement de ces enfants encore immatures pour l’écrit-lire. Le dessin monochrome, non parasité par la couleur, conduit l’enfant, dès la Petite Section, à se concentrer sur le trait.
Dessiner permet à l’enfant d’acquérir une maîtrise graphique toujours plus fine par réinvestissement constant de ses découvertes techniques ou artistiques et l’observation de pairs au travail.
Dessiner aide à construire une culture esthétique comme amateur et comme technicien (réfléchir en connaisseur).
Contrairement aux exercices graphiques imposés par le maître, le dessin fait sens pour l’enfant.

L’iconographie occupe une place majeure dans la littérature enfantine destinée à un public lecteur d’images. Elle renvoie les enfants à leurs propres dessins comme référence culturelle. Elle. Le va-et-vient de l’un à l’autre enrichit l’enfant. Il peut aborder la littérature jeunesse en « connaisseur ».

Une perméabilité s’établit entre le livre et le dessin. Parfois, l’enfant est tenté de reproduire par la copie ou le souvenir. Se remémorer nécessite une intense activité intellectuelle. Cette activité aiguise le regard du lecteur qui réfléchit à la manière et au sens de la représentation.

Chaque représentation est « ex-pression ». En dessinant, l’enfant progresse dans la complexité, il s’apprend. L’enfant dit, il se dit. Il accède à la représentation symbolique des émotions, des sentiments. Il peut ainsi les mettre à distance. Le dessin peut être aussi schématisation d’hypothèses scientifiques  diverses. Il est l’occasion d’imaginer la façon de représenter le réel, les structures et leur fonctionnement. Il pousse à observer les sujets, les objets reproduits.

Un enfant habitué à dessiner n’aura aucune difficulté pour apprendre à écrire car il aura rencontré, naturellement, au cours de ses représentations, chaque geste, chaque forme de l’écriture (traits, ponts et boucles). Le dessin appelle l’écriture. Naturellement, dès la Petite Section, des lettres apparaissent. Vers 5 ou 6 ans, ayant atteint une maturité suffisante, l’enfant entrera sans difficulté en écrit-lecture.

 


Dessiner implique une activité intellectuelle, une élaboration, un travail de la pensée. Or penser procure de la dignité à l’humain. L’enfant au dessin tire sa motivation du plaisir de laisser une trace, du désir de progresser, de sa capacité à se surpasser de dessin en dessin, de la dignité conquise à travers la reconnaissance des pairs, des adultes, gratification de l’estime personnelle. 

Le dessin occupe dans la classe et dans la motivation des enfants une place proportionnelle à l’intérêt que lui accorde le maître. 

S’il est un simple bouche-trou occupationnel sur lequel l’enseignant ne jette même pas un œil, seuls le porteront les enfants (principalement les filles) issus de milieux favorisés où le dessin est généralement valorisé.

Si, au contraire, le maître investit le dessin en montrant son intérêt pour les productions enfantines, s’il le place au centre des activités graphiques de ses élèves, il autorise ces derniers à le valoriser. Le maître doit donc penser l’organisation de cette activité. Comment et où les enfants accèderont dans la classe au matériel graphique, s’il doit être en libre accès et sous quelles formes (types de crayons, formats des feuilles, etc.). Pour sa production, comme pour son observation, le maître envisage les moments à lui consacrer et  la manière de les proposer.



La dynamique, les phénomènes de groupe occupent une place de choix dans les progrès potentiels de chacun. Afin d’éviter d’enfermer trop tôt les élèves dans des poncifs, des modèles, le maître favorise l’émulation au sein du groupe de jeunes dessinateurs. Le travail et la personnalité de chacun doivent être respectés. Tous doivent pouvoir participer, montrer leurs œuvres en toute sécurité. Les remarques des autres doivent être bienveillantes, interroger son travail, s’intéresser à la technique et à la démarche. Les allers-retours des productions personnelles à l’étude en groupe sont le ferment des progrès de chacun, une culture commune en construction où chacun est acteur actif.

Dessiner librement apprend l’autonomie dans le travail, la coopération. C’est un moment d’éducation à la paix.


                                                                    

 

  "Lignes d'expression"    
 


 

 

Lignes/Haïkus

 

 

Revue en ligne CréAtions n° 226 "Lignes d'expression"
annoncée dans le Nouvel Éducateur N°226 - Publication : février 2016

Classe de 5ème, Collège Lahaye, Andernos-les-bains (Gironde) – Enseignants : Philippe Geneste (français), Dominique Brochet (arts plastiques), Madame Baudy (Éducation musicale)

 

Lignes / Haïkus 

 

Aventures de lignes

sur les traces de Klee et Henri Michaux, avec l'accompagnement de Maître Maaya, calligraphe

 

 Durant trois mois, les élèves de la classe de 5ème mènent une réflexion poétique en empruntant deux cheminements.
Tout commence avec la rencontre du maitre calligraphe japonais Maaya, point de départ d'une pratique calligraphique sous son égide. Cette découverte se poursuit dans le cours d’Arts plastiques.

En parallèle, les élèves sont conviés à réfléchir et à s’appuyer sur les « Aventures de lignes »* exploration poétique du vocabulaire de la ligne et de l’œuvre du peintre Paul Klee, commentée par le poète Henri Michaux dont les élèves lisent et expérimentent plusieurs textes. Convoquant les genres de la rhétorique du Moyen âge et de la Renaissance autant que des formes contemporaines de poésie libre, s’investissant dans le shikishi (carte de bienvenue : format 12x15cm) autant que dans le haïku japonais, les élèves construisent peu à peu leur matériau poétique. Ils l’enrichissent même en travaillant, avec Madame Baudy, leur professeure d’éducation musicale, à la transposition musicale des haïkus créés.

 

  Il y a des lignes partout
Il y en a même sur nous.
Il y a des lignes partout.
Si certaines sont naturelles,
Il y en a d’autres qui sont artificielles

Il y a des lignes partout,
lignes brisées telle le genou…
Il y a des lignes partout.
Les plantes en sont calligraphiées
Le virtuel en est paré…

Il y a des lignes partout,
Il y a des lignes à nous

Ariane Arnaud

 

L’aboutissement de ce travail d’écriture guidé par la pédagogie de l’apprentissage créatif du langage est la réalisation de  deux recueils Ligne et Lignes/Haïkus.

Nous proposons ici quelques pages du recueil Lignes/Haïkus.

 

   

Sans jamais risquer

Oh! Les lignes à la trace

Juste bien les dire

Océane Ferran

   

 

    

Ligne mélodique

Poudre de conscience

Sort de vie avide

Carla B.A

   

C'est spectaculaire

lentement toutes énigmes

Déréaliser

Ambre Ferran

 

 

Vivre en cheminant

et se faire lendemain

Trait de ligne unique

Killian Ciria

 

 

Et les allusives...

Oh symboles transparents

dans un labyrinthe...

Matéo Longuet

 

 
 

Eternelle ligne
  conscience de mélodie
et tiret de vie.

Carla B-A

Des lignes partagent
un labyrinthe éternel
Pour y méditer.

Jean-Baptiste Martinez

Le poison d'oubli
 aime refleurir bouquet,
  Mélodie de vie

Agathe Célarié

Allusive...Aucune...
Plus dense que ces  objets
  Un poème naît.

Marine Duclavo

D'espace et de temps
Le labyrinthe du retour
Pensées accomplies.

Ariane Arnaud

                     

Témoignages "Lignes d'expression" 
 


 

Lignes de crêtes

 

 

Revue en ligne CréAtions n° 226 "Lignes d'expression"
annoncée dans le Nouvel Éducateur N°226 - Publication : février 2016

Collège Jean-Jaurès et Lycée Lumière (Bouches-du-Rhône) – Enseignant : Hervé Nunez (Arts Plastiques)

 


Lignes de Crêtes

Introduction 

Outre le fait qu'elle prépare à l'épreuve du Bac, l'option arts plastiques au Lycée Lumière offre la possibilité à tous les élèves de mener une pratique de plus en plus personnelle, de réfléchir sur elle, tout en l'alimentant du contact des autres et des œuvres des artistes.

 

Le dispositif, aidé par la région PACA, permet d'organiser deux voyages dans l'année :

- l'un traditionnel à Aix en Provence, pour le festival Gamers d'arts numériques

- le deuxième, l'année passée à Paris et cette année 2014 à Digne.

 

 

Le voyage à Digne

- L'hébergement à la fontaine de l'ours à Auzet permet de voir trois œuvres "in situ" et d'envisager le rapport entre l'art, le paysage et de discuter de la perception des œuvres avec ses habitants.

- Le musée Gassendi de Digne dispose d'œuvres de Joan Foncuberta, un artiste au programme du Baccalauréat, le voyage permet aux élèves d'approfondir leur connaissance de l'œuvre par un rapport direct.

- La notion de "présentation" est centrale dans le programme de terminale, le voyage nous permet, grâce à la diversité des dispositifs muséographiques, grâce aux séances de pratique et de mise en commun qui accompagnent le voyage, de réfléchir sur la mise en scène, la relation entre l'œuvre et son environnement, la proximité des œuvres dans les expositions.

La visite de l'école d'art de Digne et la rencontre avec des élèves en classe préparatoire permet de préparer le parcours post bac des élèves.

Justine écrit face à l'œuvre de herman de vries

 

Témoignages "Lignes d'expression" 

Lignes de crêtes - introduction

Si tu regardes ...

Dessin d'observation


 

Influences

 

 

Revue en ligne CréAtions n° 226 Lignes d'expression
annoncée dans le Nouvel Éducateur N°226 - Publication : février 2016

Collège Jean-Jaurès et Lycée Lumière (Bouches-du-Rhône) – Enseignants : Hervé Nunez (Arts Plastiques)

 


Influences

 

Les travaux ci-dessous sont réalisés par plusieurs élèves de classes différentes. Le dispositif d'exposition systématique sur les murs de la salle d'arts plastiques des productions terminées permet les influences même s'ils ont des problématiques différentes.

 

Impression de profondeur d'Erwan - élève de 6e

Erwan a développé sur plusieurs mois un tâtonnement autour du trait. Il a choisi la gouache et les mélanges allant du blanc au noir. Ce choix l'a tout de suite amené à se confronter à l'impression de profondeur et même si son projet "abstrait" dit-il était d'exprimer "une chute infinie, le néant", etc., il développe dans sa poétique graphique des moyens et des formes qui trouent l'espace plan.

- dégradé en mélangeant du blanc au noir et valeurs intermédiaires

- répétition d'une forme en variant sa taille

- amorce de figuration pour servir de repère

- symétrie, motifs concentriques

- all over.

 

 

Contrarier la limite, Nina - élève de 5e

 

 

Le tigre

 

 


Exprimer le mouvement, Paul - élève de 3e

 

 

Autres productions d'Erwan :

 


Liberté

 


Pomme de mémoire croquée par l'oubli


Fiche projet de "Liberté"


Témoignages Lignes d'expression 
 


 

Des maisons et des lignes

 

Revue en ligne CréAtions n° 226 "Lignes d'expression"
annoncée dans le Nouvel Éducateur N°226 - Publication : février 2016

Classe de Cycle 3, Ecole Aimé Legall,  Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes) - Enseignant : Jean-Charles Huver

 

Des maisons et des lignes

 Dessins réalisés pour la RIDEF sélectionnés par le comité de rédaction pour leurs lignes

  

 


 

 


 

               

  "Lignes d'expression"    


Noir et blanc

 

Revue en ligne CréAtions n° 226 "Lignes d'expression"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°226 - Publication : février 2016

Classe de Grande Section et CP - École primaire, Vaulx (Haute-Savoie) - Enseignante : Pascale Faraut

 

 

 

 Noir & Blanc

Dans la classe de GS/CP, nous éditons le journal de la semaine
Pour améliorer et diversifier nos dessins, nous avons fait des essais d’illustrations en noir et blanc.

Le feutre fin noir

 

Le gros feutre noir


L'encre de chine

 

Le drawing-gum

 

Papier blanc collé sur fond noir

                                                                                                                      

 

témoignages 

sommaire "Lignes d'expression 

 

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Mes dessins racontés...

 


Revue CréAtions en ligne n° 226 "Lignes d'expression"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°226 - Publication : février 2016

Classes de Toute Petite et Petite Sections - Écoles maternelles Oscar Leroux et Léon Grimault, Rennes (Ille-et-Vilaine) - Enseignantes : Hélène Minard et Marie Hangouët

 

 

Mes dessins racontés...

Dans nos classes de Toute petite section et petite section, chaque matin, après l'accueil, les enfants s'installent pour dessiner : certains prennent leur petit cahier dans lequel ils dessinent au stylo noir, de façon libre et autonome. La seule contrainte est que l'on n'en change qu'à la fin de la période et que l'on reste tranquille.
Quatre à huit enfants, qui en ont envie, s'installent à la grande table avec la maîtresse. Chacun a une feuille blanche et un feutre noir pour faire un dessin « en prenant son temps ». La consigne de départ est « Faites un dessin que vous me raconterez après », consigne qui devient rapidement implicite. Ensuite l'enfant raconte l'histoire du dessin à la maîtresse qui l'écrit sur la feuille. Le dessin peut ensuite être directement rangé si l'enfant préfère ou accroché au tableau pour être présenté à la classe. Il faudra pour cela se souvenir de l'histoire à raconter : la trace laissée par l'écrit sera une aide...pour la maîtresse qui sait lire et peut ainsi remettre en mémoire ce qui a été dit. Lors de la présentation, les camarades peuvent poser des questions sur l'histoire pour mieux la comprendre ou faire des propositions pour l'enrichir. Ils font également des remarques sur le dessin et l'adéquation entre le dessin et la narration.
Le dessin au trait comme moyen d'expression
Les enfants de 3 ou 4 ans n'ayant pas accès au texte libre « traditionnel » peuvent s'exprimer quotidiennement par le dessin, accompagné de la dictée à l'adulte. Au delà du temps de dessin, c'est un moment d'expression orale en situation duelle avec l'adulte. Puis, devant le groupe, c'est une expérience partagée, un moment d'échange qui structure le groupe et crée une culture commune. Pour certains enfants, c'est un moment privilégié pour « poser ses valises » et exprimer ce qu'ils ne peuvent ou ne veulent dire ailleurs.
 
Les évolutions observées au cours de l'année

Au départ,il n'y pas forcément d'intention ni de permanence entre l'écrit et le dessin. Pour certains, l'histoire peut s'élaborer à posteriori et de façon autonome/décrochée du dessin. Au début, la rencontre peut se faire de façon aléatoire entre le dessin et l'histoire, l'enfant peut construire son récit comme une explication de son dessin, à posteriori (ayant dessiné des spirales de façon fortuite, il racontera ensuite une histoire d'escargot ) Plus l'enfant mûrit, s’entraîne et s'approprie l'exercice, plus il y a de lien entre le dessin et le texte et plus il y met de l'intention, de la cohérence ce qui est source de plaisir. Certains enfants dessinent tout en travaillant le texte, d'autres travaillent le geste ( ils cherchent à tracer quelque chose de précis et défini du géométrique, du figuratif réaliste, du figuratif symbolique, de l'écriture...), d'autres encore se laissent aller à une gestuelle spontanée et aléatoire La répétition au quotidien de cet exercice structure l'enfant qui peut s'y adonner, et s'y abandonner pleinement.

 

Maman qui fait du ski avec Solène

Cette activité graphique, qui permet l'expression - inconsciente ou consciente -, est beaucoup plus puissante qu'une activité dans laquelle elle ne s'exprime pas. 

Les escargots mangent la grosse maman des petits escargots.

Le geste devient un outil d'expression et de transformation et donc de grandissement pour l'enfant qui se trouve toujours en situation de réussite.
Au quotidien, il tâtonne par la répétition de son dessin qui, jour après jour, se transforme et évolue : le cercle va se fermer puis un jour apparaîtra des bâtons, bras et jambes puis les traits du visage puis d'autres détails (mains, puis doigts etc). Certains auront tendance à faire des « collections » (feuille pleines de croix, d'arcs- en-ciel, d'escargots, etc.), affirmant et affinant peu à peu leur tracé. Ils s'en serviront comme d'un répertoire graphique dans leurs dessins à venir.


La part du maître

Certains enfants enrichiront davantage leur expression écrite et d’autres se saisiront plutôt de l'oral.
La part du maître réside dans le repérage pour chaque enfant de la part de l’un et de l’autre. L'important est d'être attentif à se mettre dans les pas de chaque enfant et de percevoir ce qui le fait avancer à ce moment précis .
Il faut creuser dans leur moyen privilégié d'expression pour l'amplifier : repérer « le stade » où en est l’enfant et l’emmener un peu plus loin par le questionnement.

Mais le rôle du maître est aussi de l'inciter à explorer ce qu'il délaisse, en proposant des situations du geste et de la parole complémentaire et variées. (piste graphique avec des supports et médium variés, cahier de dessin au trait, plateau de sable, semoule etc, histoires collectives, histoires à partir de cartes, cahier d'écrivains).

 

Lignes d'expression