Groupe Français d’Éducation Nouvelle, 30 novembre 1937

 

Une réunion de travail du Comité d’action du GFEN, le sujet de réflexion n’est ni la réduction des horaires, ni la prolongation de la scolarité pourtant au cœur de la réflexion du moment, mais les classes d’orientation.

Des divergences apparaissent et il est décidé de poursuivre la réflexion dans les sections départementales du GFEN. 

 
Le 1er novembre a eu lieu, à Paris, une réunion du Comité d’Action du Groupe Français d’Éducation Nouvelle.
Il s'agissait de voir plus spécialement qu’elle allait être l’activité pratique du Groupe en face des urgents problèmes de l’heure. Et on sait que ce désir de pousser le Groupe vers l’action pratique en faveur de l’École Nouvelle est, depuis, l’an dernier, une de nos principales préoccupations.
Nous savons, en effet, que, pour que nos sections vivent, et se développent, il faut qu’on sente que le Groupe Français n’est pas seulement une association théorique, mais un Groupe d’action.
Quelques-uns de nos camarades des environs de Paris, spécialement convoqués, étaient présents.
Nous aurions voulu que puissent être examinées les questions si importantes pour notre enseignement et que nous avons traitées dans l’E.P. : la scolarité prolongée et la réduction des horaires, mais la discussion se cantonna et se passionna sur les classes d'orientation.
Un certain nombre d’expériences ont été tentées pour ces classes d’orientation: les uns en disent grand bien, d’autres crient au sabotage organisé.
Certes, le problème est complexe et cette complexité fut soulignée surtout, par les représentants du secondaire dont nous ne cacherons pas le scepticisme.
A l’occasion de cette discussion, quelques divergences de vues se firent jour sur nos propositions pour le nouveau certificat d’Études. La plupart des représentants du secondaire et du supérieur trouvent que placer le début de l’orientation après le certificat d’Études, soit à 12 ans environ, est beaucoup trop tard. C’est pourquoi ils demandent : soit qu’on devance le C.E.P. — solution que nous rejetons et nous avons nos raisons — soit qu’on institue un examen spécial pour les enfants qui doivent entrer dans le secondaire en reportant à la fin de la scolarité prolongée le nouveau certificat d’Études. Nous nous sommes élevés également contre cette conception.
Nous continuons à penser que si on veut s’orienter vers un enseignement démocratique, si l’école primaire a été quelque peu réorganisée, il n’est pas trop tard pour les enfants doués d’entrer vers 12 ans dans les classes d’orientation dont nous attendrions beaucoup.
L’enseignement secondaire, comme le supérieur, se fait certainement illusion sur les résultats de ce forçage prématuré et foncièrement aristocratique. Nous connaissons le travail du lycée : nous savons ce que sont les classes de latin ou autres dans les petites classes de lycée et nous prétendons qu'on peut fort bien envisager un enseignement plus démocratique et ainsi conçu : enseignement primaire jusqu’au C.E.P. à 12 ans ; classe d’orientation pour les bien doués, puis E.P.S., lycée ou collège — scolarité prolongée pour les autres après le C.E.P.E.
Nous serions heureux qu’une discussion s’institue à ce sujet dès maintenant soit dans « Pour l’Ère Nouvelle », soit ici même, afin que le Conseil Supérieur qui se réunira dans quelques mois ne soit pas regrettablement influencé par des opinions hâtives et partiales.
Le G.F.E.N. a décidé d’étudier pratiquement les classes d’orientation. Les tâches ont été réparties et nous y participons, dans l'espoir que cette collaboration sera un heureux prélude à la collaboration plus élargie que nous souhaitons.
Nous demandons à nos camarades de créer dans leur département des Sections du G.F.E.N., d’entrer en rapports avec les professeurs du secondaire, du technique, du supérieur, d’organiser des expositions, des réunions, afin de nous aider flans la tâche urgente entreprise.
Nous donnerons prochainement des explications détaillées sur la façon dont, on doit procéder pour créer des Sections du G.F.E.N.
 

 

Célestin Freinet

L’Éducateur Prolétarien, n° 5, 30 novembre 1937 dans son intégralité.