Revue CréAtions en ligne "Narrations" n° 231 - SOMMAIRE

Janvier 2017

 

CréAtions "Narrations"

Revue en ligne annoncée dans le Nouvel Educateur N°231

Publication :  février 2017

 

Ont participé à l'élaboration du dossier « Narrations » :  Jacqueline Benais, Simone Cixous, Lucie Gaudet, Ophélie Gautier, Florence Géroudet, Anne Hadri, Marie-Pierre Houviez, Agnès Joyeux, Maud Léchopier, Katina Iérémiadis, Hervé Nuñez, Sylvie Pralong, Anne Roy, Eliane Trocolo, Isabelle Van de Walle.

Crédits photographiques : Christelle Cordonnier, Marguerite Gomez, Hervé Nuñez,  Mireille Jarlut, Jean-Luc Vérilhac.



  titre de l'article niveau de classe thème techniques utilisées artiste

Un éléphant pas ordinaire

maternelle :
MS-GS
Créer un album dont le héros est un personnage d'un album portugais. dessin, peinture, écriture  
Un fonctionnement non collectif en arts visuels
élémentaire :
CE2-CM1
Les plages ont lieu le matin de 8h30 à 9h, pendant l'accueil et le quoi de neuf et dans la journée, pendant le travail individuel. dessin, peinture,  
Un tour de souris  maternelle : 2è et 3è maternelles (MS-GS)

Après la participation à un concours organisé pour promouvoir la lecture chez les enfants et faire connaitre les auteurs de Bruxelles et de Wallonie, la classe reçoit une auteure de littérature jeunesse.

dessin, écriture, encres,
peinture,
 
  Trajectoire d'une vie
élève de terminale,
option Arts plastiques
Présentation d'une recherche personnelle dessin,
carnet de bord
 
Le voleur, le boucher, le mignon gourmand et le loup élémentaire :
CE1-CE2
Une réponse pédagogique pour faire vivre la reconnaissance de la langue d'origine.

castelet d'ombres, création de dialogues

 
Le bateau adultes du groupe
ICEM sud-Ouest
 Création d'un kamishibaï géant toutes techniques  
La classe transplantée permet l'interdisciplinarité collège: 5e
Lors d'une activité interdisciplinaire mise en place au pied levé, les élèves réalisent un kamishibaï mettant en relation arts plastiques et anglais
dessin, écriture, lecture
 

 

 

   

 

Un éléphant pas ordinaire


Revue CréAtions en ligne n° 231 "Narrations"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°231 - Publication : février 2017

Classe de moyenne et grande section, École maternelle Thérèse Roméo, Nice (Alpes Maritimes) - Enseignante : Mireille Jarlut

 

 

Un éléphant pas ordinaire

Au cours d'un voyage au Portugal, mon amie Manuela Castro Neves, auteure de livres pour enfants, m'offre un de ses albums en édition portugaise, Un éléphant pas ordinaire qui dérangeait tout le monde.
C'est ce que j'explique aux enfants en leur montrant le livre. Je précise qu'il est écrit en portugais, la langue maternelle de Tiago, un élève de la classe et qu'il raconte l'histoire d'« un éléphant qui a une trompe très longue, si longue que ça pose des problèmes !! ».

Je leur montre la couverture et nous identifions ses différentes composantes. J'attire leur attention sur le fait que l'illustration montre une péripétie de l'histoire de l'éléphant.

Un drôle d'éléphant
On l'a imaginé à notre façon
Mireille nous a montré la couverture de l'album de Manuela
Sans connaitre l'histoire nous avons imaginé cet éléphant avec une trompe longue, si longue...


Imaginer une couverture

 

Je leur propose alors d'imaginer ce qu'il peut se passer dans la vie de tous les jours avec une trompe si longue, quand l'éléphant marche dans la rue, quand il joue avec les autres, quand il fait ses courses, etc.

On a discuté ensemble :
Ça fait trop de bruit.
La trompe va à droite, à gauche... ça peut faire des nœuds.
Elle peut se cogner !                        
Elle s'envole dans les arbres.
L'éléphant doit l'attacher, sinon elle peut se faire écraser.               
La trompe peut faire peur aux enfants.
Elle peut monter les escaliers et frapper à la porte de quelqu'un...
La trompe se cache.
Elle monte dans les arbres
elle s'enroule autour des branches et elle ne tombe pas !

Je note toutes leurs propositions. Chaque enfant en choisit une. Il la représente par un dessin sur une feuille A4 pour concevoir une nouvelle couverture pour l'album en y intégrant les différents éléments découpés et collés : titre, nom de l'auteure, de l'illustratrice et de l'éditeur. Les productions sont affichées.

Lire l'album

Ensuite seulement, nous découvrons l'album dans son intégralité. Je leur en lis d'abord une première partie en traduisant les phrases écrites.
Lors de la séance suivante, nous le feuilletons et les enfants déduisent l'histoire, notamment
les lieux et les actions, en observant les illustrations. J'écris leurs hypothèses puis poursuis la lecture pour qu'ils puissent les vérifier.

Je mets alors en place différentes activités permettant de d'approprier le livre :
- jeux de mémoire, lotos se rapportant aux domaines lexicaux abordés : le supermarché, la maison, la rue, etc. ;
- repérage de l'enchainement des actions, du déroulement chronologique ;
- travail sur les lieux et les personnages (aspects physiques et psychologiques) ;
- activités réalisées avec divers supports : images des lieux et du lexique utilisé ;
- réalisation d'un petit livre en accordéon pour remettre en ordre des images séquentielles.

   

"Narrations"

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Une pratique, un outil - Un fonctionnement non collectif en arts visuels

Revue CréAtions en ligne n° 231 "Narrations"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°231 - Publication : février 2017

Classe de CE2-CM1, école publique de Soleymieux (Haute-Loire)  – Enseignant : Jean Luc Vérilhac

 

 

Un fonctionnement non collectif en arts visuels

Installation matérielle
Un espace arts visuels dans la classe où sont, à disposition, des papiers divers, de la peinture, des crayons, des rouleaux, des pinceaux, des feutres, des ciseaux, de la documentation : livres d'art, cartes postales, etc.

Dispositif
Il est mis en place le matin
de 8h30 à 9h, pendant l'accueil et le quoi de neuf et dans la journée, pendant le travail individuel. Six élèves par semaine passent trois fois une demi-heure dans cet espace. Ils y vont par deux. Ils font des essais pendant les deux premières séances. Lors de la dernière, ils produisent  une « œuvre » qu'ils présenteront. Aucune consigne ne leur est donnée. 

Présentation et exposition 
Une fois par semaine, pendant trente minutes, six réalisations au moins sont présentées.
Personne n'y est obligé et il y a parfois des œuvres faites à deux. L'une d'elles, sélectionnée par l'enseignant, le sera devant le groupe classe.
Les élèves réagissent à l'œuvre en termes d'impression, d'émotion, pas de jugement de valeur. Puis l'auteur expose ses intentions et répond aux questions techniques. Enfin les élèves proposent un titre si ce dernier
n'en a pas prévu. Il écrit le titre retenu et expose son œuvre dans le couloir.
Les cinq autres auteurs présentent alors leur œuvre simultanément, selon le même protocole, à des petits groupes d'élèves.
Chaque mois, une œuvre est choisie pour être exposée à l'entrée de l'école, avec celles des deux autres classes.

Lien culturel
En résonance avec la production exposée, l'enseignant montre des œuvres d'artistes avec le vidéoprojecteur. Les élèves réagissent en cherchant les similitudes et les liens. Le nom de l'artiste, sa nationalité, son courant dans l'histoire des arts, ses dates de naissance et mort sont écrits dans le classeur avec une reproduction de l'œuvre. Ponctuellement, deux ou trois fois par an, un travail collectif est mené, en fonction des besoins mis en lumière par les présentations.

Résultats
Le plaisir de créer est réel. Les productions affichées sont personnelles, variées, en évolution perpétuelle. Des traces de leur appropriation sont visibles : une technique de collage, par exemple,  va être reprise la semaine suivante mais différemment). Au fil de l'année, les élèves sont de plus en plus capables de faire des liens avec d'autres œuvres, plastiques ou littéraires. Une culture de classe se crée…

        

L'idée de ce fonctionnement, qui évolue chaque année, est venue des précieux conseils de Nicole Bizieau - cf. Editions ICEM n°19 Apprendre aux enfants à explorer les arts plastiques et a été nourrie par la réflexion au sein du groupe départemental 42 et avec mon ex-collègue Laurent Couliard.

Une pratique, un outil 

 Narrations

 

 

Un tour de souris

 

Revue CréAtions en ligne n° 231 "Narrations"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°231 - Publication : février 2017

Classe multi-âge de 2e, 3e maternelle, l'Autre école, Bruxelles - Enseignante : Christelle Cordonnier

 

 

 

Un tour de souris

 

L’histoire de l’album "Un tour de souris" est le fruit d’un long travail de la part de la classe et vaut la peine d’être expliqué pour mieux l’apprécier encore.

Mon groupe de cette année aime parler, raconter des histoires, commenter.

Démarrage du projet

 

En décembre, je propose aux enfants de participer au concours de La Petite Fureur de lire organisé par la fédération Wallonie-Bruxelles. Ce concours a lieu tous les ans pour promouvoir la lecture chez les enfants et faire connaitre les auteurs de Bruxelles et de Wallonie.

Trois albums sont sélectionnés pour une tranche d’âge et les classes sont invitées à poursuivre, par une création, un album dans notre cas.
Les enfants sont motivés et enthousiastes et nous nous lançons donc dans ce travail de longue haleine.
Nous lisons les trois livres de la sélection plusieurs fois et nous les critiquons.
Nous observons les éléments extérieurs, découvrons les auteurs et les univers graphiques des illustrateurs. C’est un temps "plaisir" mais aussi un temps de questionnement sur le contenu, sur l’histoire et ses personnages.

 

Voici les commentaires des enfants

Hänsel & Gretel

Rascal
Pastel, l'école des loisirs

Cette histoire est bizarre car il n’y a pas de texte. La différence avec les autres livres est que ce livre est en noir et blanc. Nous aimons bien quand Gretel pousse la sorcière dans la cheminée. 
J’aime bien car ça fait un peu peur.
Mes parents me lisent cette histoire dans un autre livre avec plein de textes. Elle est plus longue. 
Je n’aime pas quand les enfants sont perdus, ça me rend triste. 

Bonjour

McCloud Zicmuse, Anne Brugni
Les requins marteaux, coll. L'articho

Waouw, waouw, waouw !
Toutes les illustrations sont belles.
 "Les arcs-en-ciel" sont beaux.
Parfois, il y a de belles couleurs : des roses, des bleus, des jaunes, des beiges.
Il y a des yeux sur la couverture, ce sont les yeux des nuages.
Cette histoire raconte des choses de la terre.
L’eau nourrit la terre, ça permet de faire grandir l’herbe, les arbres, les fleurs et les fruits. Les fruits permettent de nourrir les humains.

Un tour de cochons 
Françoise Rogier
A pas de loup


C’est un livre rigolo car les cochons ont fait une farce au loup.
Dans l’histoire, le cochon a eu une idée : il a vu un oiseau sur une branche et il s’est dit "Ting !"
Il a appelé tous les cochons pour faire une blague au loup. C’est une farce.
Ils ont fait une maison dans l’arbre.
Je crois que c’est quand les trois petits cochons de la vraie histoire ont grandi.
Cette histoire était très drôle, rigolote.

 

Nous discutons avec les enfants pour faire les premiers choix sur les orientations que nous allons prendre pour l’album : type d’album, type d’histoire, inventée, drôle, avec des rimes, etc.

Après ce temps, nous votons et nous tranchons pour une histoire de souris qui vont faire des blagues au chat qui a envie de les croquer.

Nous choisissons ensuite notre livre préféré, celui à partir duquel nous allons créer notre histoire. Les enfants ont deux jetons pour voter et peuvent choisir de donner un jeton pour deux livres qu’ils aiment ou deux jetons pour le livre qu’ils veulent vraiment.

Nous avons nos paquets de jetons et nous cherchons une solution pour trouver le récipient qui contient le plus de jetons. Un enfant propose de les aligner et nous repérons ainsi le livre préféré : Un tour de cochons de  Françoise Rogier.

 

 

"Narrations" 

début de l'article 

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Trajectoire d'une vie


Revue CréAtions en ligne n° 231 "Narrations"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°231 - Publication : février 2017

Lisa, élève de l'option arts plastiques, Lycée Lumière, La Ciotat (Bouches du Rhône) - Enseignant : Hervé Nuñez

 

 

Trajectoire d'une vie

 

La narration n'est pas toujours un texte. L'image séquentielle est, elle aussi, narrative dans le sens où elle égrène le temps qui passe. Plus surprenant, l'image fixe peut être, elle aussi, narrative.

On se souvient de l'Adoration des mages de Gentile da Fabriano  qui raconte le voyage des mages dans un même espace mais dans des temps différents. Pour cela Gentile mise sur la capacité de l’œil à parcourir l'espace par analogies de formes (appels*, rappels de formes), des répétitions ou des variations progressives de couleurs et en invitant le spectateur à suivre les lignes (routes, barrières, etc.).

Plus près de nous, le cubisme de Picasso et de Braque qui "racontent" le volume dans un espace en deux dimensions ou les artistes de la figuration narrative qui ajoutent à ce qui a été dit plus haut des éléments du langage de la bande dessinée, la série, l'ellipse et autres syntagmes visuels.

 

 

Premier dessin : "Biographie évolutive d'Anälya Wildri"
Personnage : Anälya Wildri + Kiria, femme renard
Personnage dans plusieurs endroits/situations au fur et à mesure du temps

Époque : Moyen-âge
Univers : héroïc fantasy
Termes en rapport : évolution, enfance, passé, bricolage, tir.

Problématique : Comment , à travers le temps, le personnage a-t-il évolué grâce à une rencontre clé de sa vie ?

Temps : un mois
Étapes : bulle par bulle
Matériel : feuille format raisin, feuille effet parchemin, crayon, crayons de couleur, promarker, encre de chine, découpage.

Bilan 
Je suis fière  car c'est la première fois que je réalise un dessin à la fois au crayon gris et en couleurs*.
J'ai respecté mon projet de départ car je n'ai pas eu l'idée de modifier ce dernier.
J'ai appris à représenter le même personnage sur le même dessin, ce dernier ayant à peu près le même visage/expression à chaque bulle.
Changement de forme.
*Je ne suis pas fière car la couleur de l'effet sépia et du parchemin sont trop jaunes.
Lien : La bicyclette ensevelie.

 

Lisa, pour raconter, a utilisé des éléments du code visuel de la bande dessinée : elle a trouvé des éléments stables pour reconnaitre les personnages, choisi une lecture "à l'occidentale" en passant de vignette en vignette de gauche à droite, articulé les formes par analogies pour organiser la lecture (orientation des personnages et de l'arc, flèche projetée, etc.).
Elle a en même temps inventé des outils plastiques pour renforcer la lecture : cadres en 3D qui jaillissent comme autant d'explosions, impression de parchemin qui réfère au manuscrit, différence entre le noir et blanc et la couleur pour favoriser la distinction entre le passé et le présent.

Lisa fait finalement un lien avec une œuvre de Claes Oldenbourg (pop art), au programme du baccalauréat, celle-ci "raconte" une bicyclette en en proposant des fragments "enterrés" dans le parc de la Villette à Paris. L'œuvre nécessite que le spectateur recompose dans sa tête l'agencement de ces fragments afin d'en synthétiser la forme globale.

 

  *Un appel de formes, c'est une forme qui va en appeler une autre. Par exemple, quand on lit une peinture, la vision d'un cercle amène le regard vers un ovale car les formes sont presque identiques. C'est de cette manière qu'on crée de la narration dans une peinture. L'oeil se déplace d'une forme à une autre. Le peintre narratif cherche à guider le regard.

 

 "Narrations" 


 

 

Le voleur de banque, le mignon gourmand, le boucher et le loup


Revue CréAtions en ligne n° 231 "Narrations"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°231 - Publication : février 2017

Classe de CE2-CM1, École élémentaire Montesquieu, Pessac (Gironde) - Enseignante : Marguerite Gomez

 


Le voleur de banque, le mignon gourmand,

 

le boucher et le loup

La langue fondatrice

La question de la langue me semble essentielle dans l'appropriation des savoirs, dans l’accès aux apprentissages pour les élèves de ma classe en zone urbaine dite très sensible.
Mes questions sont nombreuses et se bousculent : la langue française en tant que langue seconde, le passage à l’écrit souvent difficile, la langue française considérée comme un sujet à étudier pour lequel on aurait fait l’économie de la parole. La nécessité de la maitrise du français est, tout au long de la scolarité, un critère puissant de sélection scolaire.

Alors dans le quotidien de ma classe, comment aider mes élèves à s’approprier le français ?
La nécessité de la reconnaissance de leur langue d’origine s’est posée peu à peu dans la classe.

Voici une réponse pédagogique dans le cadre de ma classe pour faire vivre cette reconnaissance en CE1/CE2.

Castelet d'ombre et cinéma : un petit film multilingue

La réalisation de ce film se déroule sur plusieurs séances, en allers-retours entre groupe-classe et petits groupes.

Je propose à l'un d'eux de faire vivre leurs textes personnels à l’aide d’un castelet d’ombres, créé à la suite de la découverte du film de Michel Ocelot : Princes et princesses.
Il est difficile pour le groupe de se mettre d’accord sur le choix d’un texte.
Plutôt que de voter, Nadia a une idée : « On pourrait choisir un personnage de texte libre de chaque élève pour faire l’histoire. »
Aussitôt dit, aussitôt fait, tous dessinent et découpent leur personnage en carton. Chacun tient à colorier sa silhouette.

Une fois les personnages prêts, les enfants veulent raconter l’histoire tout de suite sous la lumière du vieux projecteur de diapositives.
L’histoire nait toute seule à l’aide des marottes dans la jubilation du travail spontané.
Les enfants s’organisent et se répondent dans une cohérence immédiate. Ils créent un dialogue en forme de ritournelle entre le voleur de banque et les autres personnages à la manière de contes en randonnée : La Petite Poule Rousse ou des histoires construites en accumulation comme Le petit cochon qui ne voulait pas rentrer.
Je prends quelques notes à toute vitesse :

- Bonjour.

- Qu’est-ce que vous voulez ?
- Non, je n’ai que de la viande rouge.
- Donne-moi ta viande rouge, boucher !
-… Mais il me faut trois jours. D’abord il faut que vous partiez et vous reviendrez dans trois jours, elle sera prête.
- … car je suis le loup !

Nous sommes tous ravis de cette séance. Avant de nous quitter, Nadia propose : « Et on pourrait la dire dans toutes les langues ! ». L’idée est lancée, je la rappelle au groupe-classe au moment du bilan de la journée. Les doigts se lèvent, enthousiastes. Je demande : « Qui pourra la raconter dans une autre langue ? ». Les enfants sont plus timides et certains même pouffent de rire, un peu de honte. Je les encourage.
Kanto pourra la dire en malgache, Adama en peul, Ediz et Berrin en turc. Rui comprend le portugais et pourra la dire un peu. Trois enfants sont très hésitants et ne savent pas s’ils pourront la dire en arabe.

 

 "Narrations"
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Le bateau


Revue CréAtions en ligne n° 231 "Le bateau"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°231 - Publication : février 2017

Stage du Sud-Ouest été 2016, Villefranche de Rouergue (Aveyron)

 


Le bateau

Création d'un kamishibaï géant


« Le Bateau
Un bateau de mots prend feu. Un bouquet d'images tourne dans ma tête. Il s'envole dans le vent comme une goutte de poussière.
A fleur de peau, je m'envole avec lui. »

Le Bateau

Un bateau de mots

prend feu.

Un bouquet d'images

tourne dans ma tête.

Il s'envole dans le vent comme une goutte de poussière.

A fleur de peau, je m'envole avec lui.

Lors du stage Sud-Ouest, nous proposons la réalisation d'un kamishibaï.  

 

L'atelier « fil rouge : arts plastiques »  comporte trois séances de 1h30  sur la durée du stage.

Il a un double but :
- faire l'expérience de créations plastiques en correspondance avec un texte choisi dans des productions d'enfants,
- tester de nouvelles fiches du fichier d'arts plastiques en cours de réalisation (sur demande du chantier Outils).

Le groupe est limité à huit participants.

 

  

Le butaï, spécialement construit pour le stage, permet un support format raisin  (80cm/120cm carton de 1mm) ce qui favorise éventuellement un travail collectif et permet une présentation en grand groupe.

La salle a été préparée avec le matériel disponible, des posters Créations ont été affichés, ainsi que les fiches à tester et des fiches de l'ancien fichier sélectionnées : drawing-gum, encre et gros sel, monotypes, craies grasses, dessin au rouleau, papiers déchirés, découpés, collages divers, peinture aléatoire.

 

 

Les stagiaires prennent connaissance du matériel mis à disposition, elles découvrent des techniques, en particulier celle du monotype ; elles expérimentent et tâtonnent. Les essais sont utilisés ou pas, découpés et collés comme fond ou comme élément de collage.

Nous proposons cinq textes d'enfants (le temps imparti ne permettant pas d'écrire).
Le texte choisi offre l'avantage d'être un récit très elliptique et visuel, de ceux qui peuvent amener les enfants à des représentations non figuratives.

 

 

 

 
Le partage du texte est un moment important de prise en compte collective des sensibilités de chacun : le groupe fait des choix pour un découpage, chacune choisit sa séquence, seule ou à plusieurs.

Nous accompagnons, partageons le travail engagé par les stagiaires.

La créativité et la coopération au cours de ces ateliers ont été étonnantes dans ce temps si court. Très bonne réception lors de la soirée de présentation.

 

 

Ce qu'en disent les stagiaires :

- Plaisir de faire
- Envie
- Conseils plutôt que jugement de la part des autres
- Découverte de différentes techniques amenant à sortir de sa zone de confort
- Recherche à deux et à plusieurs
- Observation des procédés des autres : collages, drawing-gum, monotypes...
- Travail serein du groupe.
- L'ensemble des stagiaires participant à l'atelier sont reparties avec la ferme intention d'installer un atelier permanent « arts plastiques » dans leur classe dès la rentrée et nous, stagiaires et animatrices, avons longuement discuté de l'organisation.

 

  

 

Concernant les outils,

les fiches test les plus utilisées sont :
- monotypes (différentes techniques)
- collages-matériaux divers
- dessin au rouleau
- gomme à dessiner
- peinture aléatoire
- Encres au vaporisateur

Nota : un vieux  produit à (re)découvrir « la pâte Arma »  qui nous a permis de nettoyer mains et pinceaux très facilement.

 

 

 

 

La dernière phrase échoit à l'une d'entre nous : si « l'envol » fait image pour elle, la métaphore qui l'accompagne « à fleur de peau » associée à l'intrusion d'un  « je » énigmatique (bateau/je) fait question pour sa représentation plastique.

Tâtonnements sur une proposition vite perçue comme trop réaliste, un bras sur lequel glisse une barque, se transforme dans la diagonale de la page en l'envol de deux grandes ailes libérant le léger fantôme d'un bateau.

 

 "Narrations" 


 

 

La classe transplantée permet l'interdisciplinarité

Revue CréAtions en ligne n° 231 "Narrations"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°231 - Publication : février 2017

Classes de 5e et 3e du CLEF (Collège Lycée Expérimental Freinet), Collège Jean-Jaurès, La Ciotat (Bouches du Rhône) - Enseignants : Yvette Bragagnolo et Hervé Nuñez

 

 

La classe transplantée permet l'interdisciplinarité

Tous les ans, les classes de troisième et de cinquième CLEF du collège partent en classe transplantée une semaine du mois de mai dans le village de Saint Julien en Champsaur.
Aux activités identiques à celles du collège (cours, travail individualisé) s'ajoute la découverte du milieu environnant pour nourrir ces activités. Ce sont des balades dans la montagne, des recherches sur l'histoire, les activités des habitants, etc.).

C'est donc l'occasion d'expérimenter des dispositifs que la rigidité des horaires et des lieux habituels ne permettent pas comme le fait de pouvoir croiser des disciplines sans avoir à proposer un cadre qui chamboulerait toute l'organisation des emplois du temps.

Lors d'une activité interdisciplinaire mise en place au pied levé, un kamishibaï mettant en relation les arts plastiques et l'anglais est réalisé avec des élèves de cinquième.

Mais en l'absence d'un butaï traditionnel, il faut faire avec les moyens du bord.


Inventer, écrire et associer les histoires à des dessins


Les élèves se répartissent en groupes et inventent ensemble une histoire en s'inspirant plus ou moins directement du vécu de la classe transplantée. Puis certains écrivent les textes en anglais pendant que d'autres commencent à créer les dessins. Régulièrement, ils mettent leur travaux en commun.
La séance d'invention, d'écriture et la conception des dessins a pris trois heures.
Au moment de la présentation, les élèves se tiennent face au groupe et montrent les dessins à bout de bras.
 

« Candies »

In St Julien, at Jonquilles, Mr N. take away bags of candies from Victor during the night. Victor, Lukas, Théo and Alex decided to get back the candies in the bedroom of Mr N. and Mr L.
They opened the door which made noise and looked the bedroom of the teachers.
They entred in several bedroom but they never found the good one.

The boys entred in Emilie's bedroom by mistake.

And Emilie screamed they ran away discretelly.
They found the bedroom of Mr. N. and MR L. and the bags of candies were empty.
Mr. N. ans MR L. had eaten all the candies. »

 

Django, Swan, Etan, Sophie, 5e
 

  
« Mockery »

The scene took place in the everning in a little village called St Julien, in a chalet named « les jonquilles ». Year 7 and year 9 classes were an a school trip.
Some girls were arguing in their room.
I was going to them when suddenly I slipped Earth. All the girls stopped talking,
Returned to me and began to laugh.
The next day, we went hiking all day long.
At the moment, there was mud on the floor and one of the girls fell in the mud and carried away all the girls with her.
All the class laughed.
The next day, all the class fell and all the teachers laughed.
The nex day, all the teachers fell and the village laughed.
The next day, the le village fell and the mountains laughed.
The next week, the mountains fell and the country cried !!!

Emilie, Aicha, Amandine, Malvina, 5e

La part du professeur d'arts plastiques est de faire en sorte que les élèves "synthétisent" et "schématisent". Cela permet aux élèves "bons en dessin" de montrer toutes leurs capacités et à ceux qui ne le sont pas de comprendre qu'un dessin de communication est possible.

Etan, un élève du groupe « candies » peut montrer ses talents de dessinateur .

Le groupe « Mockery » propose des dessins de communication : par exemple, un dessin montre le groupe en train de se moquer de manière très synthétique et schématique, le deuxième montre la scène de la glissade.

L’extrait du texte à lire est écrit au verso de chaque dessin et les élèves racontent l’histoire en montrant leur page à tour de rôle, comme le fait Solea.
 
 
 
 
 
 
 

Au retour au collège, une "mise en commun"
permet de fixer les apprentissages
mis en œuvre au cours de cette séance.

 

 "Narrations"