Les Echanges Interscolaires Nationaux

Octobre 1932

Nous croyons utile de donner ici le rapport que notre ami Faure, chargé de ce service, a rédigé pour notre Congrès de Bordeaux.

Sa lecture en sera, pensons-nous, utile pour tous les camarades qui, en ce début d'année, vont recommencer, avec enthousiasme, le travail selon notre technique.

Il nous semble, d'après la lecture des journaux de l'année scolaire, que les échanges d'imprimés ont fonctionné d'une façon générale à la satisfaction de tous.

Nous avons reçu d'une façon régulière une centaine de journaux qui, dans l'ensemble, sont bien imprimés, assez copieux comme textes ou comme dessins ; et il semble comme d'habitude que les échanges ont été fructueux.

Dans l'ensemble ils sont réguliers, et nous n'avons eu qu'une ou deux plaintes au sujet de correspondances peu régulières ou peu intéressantes.

La plupart des échanges d'imprimés ont été complétés d'échanges épistolaires, et on ne saurait trop recommander l'échange régulier (tous les quinze jours par exemple) de correspondances individuelles. L'enfant trouvant avec la lettre une occasion nouvelle de manifester ses sentiments et ses aptitudes diverses (dessin, coloriage, découpage, présentation artistique). Les écoles qui pratiquent l'échange épistolaire n'ont qu'à se louer des résultats obtenus. Les envois de produits divers - empreintes de schiste, chicon, vers à soie, fossiles divers, fleurs, olives, figues, etc... – sont toujours accueillis avec faveur.

Les petites notes brèves (Notre enquête, nos renseignements) qui donnent en quelques mots une foule de renseignements utiles à la géographie économique, à la vie sociale, nous paraissent devoir être signalés à l'attention de tous, car elles permettent aisément d'asseoir d'une façon sérieuse et profitable les notions de géographie que nous voulons faire acquérir à nos élèves.

Ceci pour les hors d'oeuvre qui accompagnent les imprimés.

Car tout cela (lettre, paquets, renseignements) constitue les hors d'œuvre appréciables certes, mais inconsistant sans le plat de résistance : le texte imprimé, celui que l’enfant aime à trouver, à lire, à relire et qui motive toute son activité.

L'an dernier déjà, nous avions dit notre préférence pour le correspondant attitré et personnel.

Le véritable échange et l'échange bi­-journalier régulier, individuel pour­rait-on dire : L'enfant ayant un jour­nal bien à lui qu'il forme feuillet par feuillet.

Nous pourrions faire une petite clas­sification des textes d'enfants. Il est bien certain que des textes imprimés constituent déjà une sélection, mais ils donnent une image assez exacte des textes écrits par les enfants et ai­més d’eux.

Nous y trouvons quelques descriptions pures. Elles sont rares. L'enfant ne décrit pas pour décrire et une description le laisse assez indifférent.

Les descriptions trouvées sont en général des descriptions collectives, faites intentionnellement pour montrer le pays, le faire connaître aux autres. On y sent le plus souvent une inspiration « supérieure », celle du maître. Ces textes sont utiles, mais ils ne doivent pas être très nombreux. On trouve encore des descriptions dans les poésies naïves de nos élèves. Elles sont assez goûtées. L'enfant aimant ce qui chante à son oreille.

Les textes les plus nombreux sont des narrations. L'enfant rapporte surtout ce qu'il a fait. Il nous dit s'il a en eu « du plaisir » ou de la peine. Il nous raconte ce qu'il a fait. Si le travail auquel il se livre lui est pénible. Sa vie propre en un mot. Il nous semble que ces textes, les plus nombreux, sont les plus goûtés d'une façon générale. L'enfant est très sensible au comique. S'il y a quelque chose de drôle dans un texte, celui-ci aura ses faveurs. Les textes les plus nombreux sont des narrations où tout est action, et c'est bien pour cela que la correspondance bi­-journalière nous paraît la meilleure, surtout si elle est accompagnée de correspondance épistolaire. Parmi tous les textes, l'enfant cherche celui de son correspondant, et il est heureux de le voir agir comme s'il l'avait devant lui.

« L'application, le joli texte, le beau dessin, sont pour le correspondant, pour lui faire plaisir, surtout si celui-ci lui a envoyé une belle image. »

Nous avons vu cette année, la crise aidant, les textes d'enfants s'orienter vers la question sociale. La lecture des différents journaux nous permet de dire que les textes d'enfants peuvent avoir sur les enfants beaucoup plus, d'influence que les paroles les plus persuasives du maître. Il la sent violemment si c'est un autre enfant qui la découvre

Pas de formule toute faite, pas de dissertations vaines, mais des faits vécus, vivants, sensibles, parleront à leurs élèves et feront mieux que tontes les paroles oiseuses et inutiles.

A coté des textes se rapportant au chômage et aux misères des ouvriers et des paysans, nous avons vu des écoles organiser, parce qu'étant dans des pays plus favorisés, des secours à leurs camarades fils de chômeurs. Il nous semble en définitive que les échanges nationaux ont suscité cette année une vie nouvelle plus profonde encore, plus large et plus humaine dans nos classes et cela nous pouvons l'ajouter aux bénéfices moraux de l'imprimerie à l'école.

Pour terminer, et ceci au point de vue utilitaire, nous demanderons à nos camarades de, façon à ce que ceux qui travaillent pour retirer de l'imprimerie le maximum de bénéfice, aient toute satisfaction, de vouloir bien fixer d'une façon très précise, le règlement des échanges. Application stricte du règlement établi l'an dernier avec en plus des sanctions, si besoin est, allant jusqu'à la radiation, s'il le faut, pour les négligents.

 

A et R. FAURE.