Entre l'homme et l'animal


Revue CréAtions en ligne n° 230 "Bestiaires"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°230 - Publication : décembre 2016

Élèves de l'option Arts Plastiques,  Lycée Lumière, La Ciotat  (Bouches-du-Rhône) - Enseignant : Hervé Nunez.

 


Entre l'homme et l'animal
 
Les arts plastiques de la seconde au baccalauréat en pédagogie Freinet

Parmi les élèves qui choisissent l'option arts plastiques au lycée, il y a peu de peintres, peu de photographes, presque aucun élève pratiquant l'image séquentielle ou numérique, peu de sculpteurs, de bricoleurs, d'installateurs, de performeurs. Je reçois des élèves de toute la ville, c'est à dire de trois collèges dont le mien, et force est de constater que tout se passe comme si quelques uns avaient oublié après un été tout ce qui a fait leur pratique durant les années collège, les connaissances, les méthodes et outils.
Le dispositif Freinet permet à chacun de choisir son point de départ dans ce qu'il va faire et les moyens pour le faire. Il met en évidence la tendance des élèves durant les premières semaines de l'année de seconde à revenir à des stéréotypes, à la copie de modèles, souvent des mangas.
On peut donc s'interroger sur la capacité de l'école à mettre à l'épreuve les idées reçues sur la pratique artistique et à les changer pour que l'élève développe son esprit critique et une pratique de plus en plus personnelle.


Quelques idées à bousculer :

- sans technique point d’art
- la technique serait innée et non apportée par l’expérience.
- la créativité et l'inventivité ne sont pas issues d'un travail, les grands artistes ont de l'imagination car ils ont un don ou de l'argent au départ.
- le plaisir n'est pas dans un élan vers l'inconnu mais dans la recherche de l'imitation de ce que l'on aime, il se renouvelle à chaque épreuve.
- nous avons tout en nous et c'est suffisant, le regard de l'autre va polluer notre propre regard, nous n'allons donc pas nous intéresser à ce qu'il fait.
- il y a des styles de jeunes, des styles de vieux, c'est comme ça, ça ne bougera pas !

Malgré les propositions de sujets, les déclencheurs, la possibilité qui leur est offerte de choisir une problématique comme point de départ, les élèves se lancent donc dans des productions dénuées de véritables contenus et pour lesquelles le sens critique, la prise de risque et la forme ne jouent aucun rôle : cela se réduit à de l'imitation non assumée de mangas à partir d'images prises sur leurs smartphones, comme un visage souriant de jeune fille aux grands yeux.

Les contingences de l'option arts plastiques dans la plupart des lycées qui n'ont pas d'option lourde (option où les arts plastiques deviennent la matière principale) font que les élèves ne baignent pas dans un environnement riche et diversifié qui leur permettrait en le renouvelant, de mesurer et de prendre leurs distances avec leur milieu culturel. Les crédits pédagogiques sont dérisoires (150 euros pour l'année), une salle qui n'est pas une salle dédiée, l’enveloppe horaire basse est réduite à deux heures hebdomadaires.

Les travaux qui suivent ont été réalisés par quatre adolescentes qui suivent l’option arts plastiques ensemble depuis deux ans. Au moment de la séquence, Lucile, Lyne et Morgan se regroupent autour de quelques tables tandis que Lisa s’installe seule à sa table. Les trois aiment naturellement échanger mais pas toujours sur ce qu'elles font; Lisa est très concentrée pendant les deux heures mais il lui arrive aussi d'échanger avec l'un ou l'autre ou sur la production.


 "Bestiaires"  

début de l'article Megan
Lucile
Lyne
Lisa
Léa & Conclusion