Atelier n°52 « Démarrer en pédagogie Freinet par le texte libre »

1er jour en classe, qu'est-ce qu'on fait pour avoir des textes libres ?

1er jour > 1ère séance : Ecriture des premiers textes

Etape 1

L'enseignant brosse les possibles

"Nous allons écrire un texte."
"On pourrait écrire des BD mais aujourd'hui on n'a pas le temps."

"On va écrire un texte donc on va se servir de mots. Il nous faut un sujet, une idée."

Etape 2

L'enseignant s'assure qu'il ne laisse aucun élève de côté

Interroge les élèves : " Tu as une idée de texte ?",

"Quelqu'un a un autre sujet ?"

"Si on n'a pas d'idée, on pourrait prendre ce sujet-là."

L'enseignant parle ainsi : en incitant, en encourageant, on sollicite.

"Tu as ton sujet ?" "Ah ! c'est bon !"

On commente : "On adore les histoires de dragon. Mais là ce ne sera pas comme dans les jeux vidéo, ce sera ton dragon."

On fait ça jusqu'à ce que chacun soit sûr d'avoir une idée dans sa tête : "Chacun a son histoire dans sa tête."

Etape 3

Les élèves commencent à écrire leur texte.

Matériel : individuellement, une feuille (plus tard cela pourra être sur un cahier de 1er jet), écrire 1 ligne sur 2 (pour correction)

Etape 4

Enseignant fait venir les idées.

Au bout de 15s. Stop, posez vos stylos.
"Tu peux nous lire ton histoire ? Comment ça commence ?"

"Tu sais comment ça va continuer ?"

"Qu'est-ce qui a des idées ?"

"Est-ce que ça te plaît comme idée ?"

=> on va faire venir les idées

Etape 5

Nouveau temps d'écriture

L'enseignant circule, regarde ce qu'il écrive par-dessus leur épaule.

 

Nouvel arrêt.

30 s. Stop.

Les élèves doivent s'arrêter : "oui mais." "Il n'y a pas de "mais"."

Etape 6

Finir l'histoire

Au bout de 15 min, dire que c'est la fin et qu'il faut aller vers la fin de son histoire. "Ca y est ? Tout le monde a terminé ? On clôt."

Etape 7

Le partage des textes avec la classe

L'enseignant a repéré pas plus de 5 textes qui sont présentables. L'enfant qui va lire ne sera pas en danger. L'enseignant se place derrière l'enfant, position de protection.

Si c'est lu pas trop fort, l'enseignant le lit à sa place.

On écoute qq textes ainsi.

Etape 8

Fin

L'enseignant ramasse le tout. L'enseignant corrige tout et réécrit tout (langue académique normale, redresse les conjugaisons, ponctuation, etc.).
D'où l'écriture 1 ligne sur 2 pour pouvoir corriger lisiblement en dessous.

Le lendemain : valorisation des textes

Le lendemain, l'enseignant revient avec son paquet et les élèves ont leur cahier.

"C'est le cahier qui va être le plus beau du monde. On va faire la recopie ensemble."

"On va donner les consignes. "

"On va organiser sa page. On va recopier avec sa plus belle écriture. Toujours une ligne sur deux. Si tu as terminé avant, tu peux dessiner autour mais pas sur le texte."

Très léger sur l'illustration au début. L'important, c'est le texte.

Comme la veille, on partage ensemble les textes.

On demande à 5 élèves pas plus de venir lire leur texte.

Là, on commence à demander aux autres si ça leur donne des idées pour un autre texte.

Si erreur de recopie, l'enseignant corrige de la même couleur. Il faut que l'enfant sente qu'on prend le parti de l'expression.

Notes

Attention, pas de feuille blanche avec liberté d'écrire => provoque de l'angoisse.

Remarque sur l'orthographe. Si tu crois que ça commence par un C, tu fais comme ça "C……………" et l'enseignant passe et complète en interrogeant l'enfant sur le mot qu'il voulait écrire.

Ce qui nous intéresse, c'est l'histoire de l'enfant, son texte.

Si un enfant est en grande difficulté : "Dis-moi ta phrase. Je vais te l'écrire."

Rien ne doit gêner l'expression . Absolument rien.

On est loin du texte libre, on est sur injonction mais le contenu appartient à l'enfant.

Susciter l'envie d'écrire, donner confiance. Au démarrage, il faut des productions dont les élèves sont eux-mêmes étonnés.

Les séances suivantes : évolutions possibles

1er séance, on fait sur une feuille. Pour la suite, il est possible de leur donner un cahier de 1er jet.

Les premières séances sont ainsi => sécurisation, c'est plus facile si tous les enfants font la même chose.

Partage des textes : 5 textes par jour (max). 5 x 3 min (un sablier)

Dans la semaine, il faut que chacun ait pu au moins lire une production.

Tout le monde lit son texte ou l'enseignant si un problème de lecture. Cela évite les écrits intimes.

A quelle fréquence on écrit les textes ?

30 textes dans l'année est une bonne quantité par avoir des enfants entraînés.

Au début cela peut être 2 fois dans la semaine pour démarrer. Mais on ne fait pas autre chose en français.

Séance d'écriture.

Les élèves écrivent environ 20 min. En tout, il faut 30 min : démarrage + écriture.

Jusqu'à la Toussaint on fait comme ça.

Après la Toussaint, on transforme sa classe en salle de rédaction:

On va apprendre aux enfants à avoir des tâches différentes.

Les questions

Et les textes banales ?

Un enfant qui raconte son petit-déj. Pendant le partage avec la classe, il est super ton texte. "Et si on l'écrivait autrement ? Avec que des paroles ?"

Changer de point-de-vue, toujours les matchs de foot : "et si on était le ballon ? Qu'est-ce que ça donnerait ?"; "Et ben voilà ce que tu vas écrire la prochaine fois !".

On part toujours de ce qu'a écrit l'enfant.

Et pour les non-lecteurs ?

Dictée à l'adulte. En petit groupe. Les élèves préparent leur dessin, mémoire de l'histoire. Le but, c'est que les élèves "sortent de l'écrit". "Est-ce qu'on peut écrire ça ?" "oui, oui." "Alors on écrit.", qu'ils différencient le langage oral du langage écrit.

Chacun son dessin et chacun son texte.

Le cahier d'écrivain : c'est l'enseignant qui écrit directement et proprement. Suivant le niveau des enfants, on peut laisser des lignes et l'enfant peut recopier quelques mots / lignes.

On n'écrit pas tout ce que l'enfant dit. L'enseignant reformule. Il donne un exemple vers lequel l'enfant doit tendre.

Et après ?

Théorie et argumentaire sur le texte libre

Pourquoi ?

· Pour favoriser une authentique expression, donner à l'élève le statut d'auteur.

· Pour que l'enfant puisse "faire le tour de sa maison" (expression de Freinet). Au début l'enfant parle de sa famille, etc. puis de lui et après il partira dans la philo, etc. Il y a une vertus curative au texte.

o Réf. l'enfant écrivain, Clanché

o Invariant 1 : Le texte libre ne doit pas être isolé d'autres pratiques d'expression.

o Invariant 2 : Le texte libre est tributaire d'outils.

o Invariant 3 : Le texte libre doit échapper à toute tentation "scolastique".

· Avant d'être un objet d'étude de la langue, c'est un outil d'expression. On peut aller là-dedans mais quand c'est installé, quand c'est un besoin. De la Toussaint à Noël, il faut écrire, écrire, écrire. Quand on sent qu'il n'y a plus rien qui empêchera l'enfant d'écrire, on peut y aller.

o Invariant 4 : Le texte libre n'est ni évalué ni jugé.

· Ce qui peut sembler banal au lecteur ne l'est pas pour celui qui a écrit

o Invariant 5 : Le texte libre ne saurait constituer la seule pratique d'écriture de la classe.

Etude de la langue

Tous les jours : une mise au point coopérative d'un texte élu ou choisi.

Dans la méthode proposée, c'est l'enseignant qui choisit le texte le plus "mal foutu".

On peaufine le texte du point de vue littéraire. Le reste est corrigé par l'enseignant.

"Parmi tout ce qui t'a été proposé, qu'est-ce qui te plaît ?"

Total : 30 min, pas plus.

Dans un système "Démarrer", ça, c'est une fois par semaine. Prendre un texte de la semaine 1 et c'est une séance de la semaine 2.

Orthographe par analogie, édition Odilion

Dérives

Enfants qui racontent des jeux vidéo, des choses morbides, etc.

Si l'enfant écrit seul dans son coin, on reprend 1er séance et on demande l'aide de la classe : "Ah ben non, ce n'est pas une histoire à nous. Tu l'as pris dans un jeu vidéo ou dans un film."

Il faut changer ça, il faut intervenir très fortement et repartir des idées qui viennent des enfants eux-mêmes.

Plus tard, des appréciations possibles :

Fichier attachéTaille
Texte libre (format ODP)17.62 Ko