Les empêchements à travailler en pédagogie Freinet...

 

D : Avec les clowns, ils ont commencé à travailler sur les empêchements à apprendre en pédagogie Freinet, d'abord lié aux programmes (un clown traversait la scène à toute vitesse et l'autre prenait le temps d'observer la jungle alentours), puis au changement (un clown habillé différemment et les autres n'acceptent pas parce qu'il n'est plus le même), à la manière d'apprendre (décortication des tâches ou pas), au côté politique (se dirigeaient vers l'horizon), à la différence (une classe sans affichages).

PH : Si au niveau ministériel on nous impose des méthodes avec des évaluations communes, la manière de lutter sera différente.

S : Comment on fait pour se lâcher, quels sont nos empêchements ?
Ce que ça remet en cause en nous d'entrer en pédagogie Freinet ?

JC : L'empêchement, ce n'est pas principalement l'inspecteur mais l'institution, l'absence de formation.
On passe tous par un moment de bascule…

D : Le sujet est tellement large… que faire pour aider les gens à avoir moins peur à enseigner en pédagogie Freinet ?
Un axe : Le blog la classe plaisir, qui montre que ce n'est pas un truc énorme, ça peut donner envie aux gens d'essayer.

L : Quand on s'engage en pédagogie Freinet, ça peut ne pas être facile, il y a quand-même des choses à faire bouger, ça peut être séduisant mais ça a un coût.

V : Il faut accepter de lâcher le pouvoir en classe et ce n'est pas facile.

JC : Il faut trouver une part d'équilibre, ça a un coût en termes de prise de risque et de temps, mais c'est aussi être en accord avec ce que l'on recherche.
Il y a aussi le problème de ne pas vouloir dire que l'on travaille en pédagogie Freinet.
On est en chemin sur la pédagogie Freinet dès qu'on débute dans ce cheminement.

PH : Met en place des choses depuis un moment, n'arrive pas à avancer, n'est pas contente de ce qu'elle fait, a besoin de choses très concrètes (comment mettre en place tel coin par exemple, utiliser un cahier ou pas?), a besoin de compagnonnage.
On n'est pas dans la même école dans notre département.
Pour elle la pédagogie Freinet est un idéal.
C'est compliqué parce que ça lui fait très peur.
Elle est tout le temps empêchée dans ce qu'elle fait, les enfants ont une parole libérée dans la classe, ils font des textes libres etc. mais est empêchée.
Elle a toujours une énorme pression car elle a aussi du mal à ouvrir sa classe.

S : Si tu ne fais pas ce que tu aimerais faire, qu'est-ce que tu aimerais faire ?

H a l'impression qu'il y a trois étapes dans le cheminement.
Certains y entrent « pour le confort », il y a des outils,… puis on entre dans un point de bascule, le déséquilibre peut être plus ou moins long pour retrouver une autre zone de confort, où on est en adéquation avec ses valeurs profondes.
Comment aider à passer cette bascule ?

V se retrouve un peu dans ce que dit P.
On fait aussi des allers-retours, elle a tout changé (école, niveau), commence à accepter de se laisser du temps, se rend compte quand elle les raconte qu'elle a fait des trucs en pédagogie Freinet.
Il y a tout un tas de facteurs, et parfois on recule, quand il y a eu des changements dans le milieu.

Al : Ce qui peut être un vrai empêchement, c'est que philosophiquement on ne soit pas en adéquation avec ce que sous-tend la pédagogie Freinet.
Ce qui est compliqué pour les autres, c'est d'expliquer comment fonctionne ce foisonnement dans lequel elle travaille.

S : On est tous différents, on fait tous différemment.
Le fait d'aller dans la classe d'un collègue Freinet, permet qu'il y ait un regard extérieur qui permet de voir ce qui est mis en place.

D voit dans le compte facebook de pédagogie Freinet des personnes qui demandent d'être accompagnées, et plusieurs compagnons (B, JC, H, D, Papi…) apportent cette aide, mais cela reste un compagnonnage virtuel. Pourquoi ne pas créer des trios de compagnonnage, de gens qui ont envie de travailler ensemble, peuvent échanger ensemble de façon plus personnelle qu'en réunion de GD ?
En classe, il forme des trios, avec une sorte de tirage au sort.
Pourquoi, ce qu'on fait dans une classe, on ne le fait pas pour nous ?

Am : Pour donner envie, on peut ouvrir sa classe, avec tous ses doutes, ses erreurs, ça donne envie de venir, ça aide et ça fait du bien.

N : On a trop tendance à se sous-estimer.
Problème de légitimité.

Al : Est-ce qu'on idéalise pas ce qu'est la pédagogie Freinet ?
Quand elle accueille des étudiants entant que MAT, elle a un regard sur ce qu'elle fait porté par des regards extérieurs intéressants.

Au : Faire des formations aux stagiaires, ouvrir sa classe.
Elle n'est pas en école Freinet et se met des empêchements parce qu'elle n'est pas dans une équipe Freinet.

JC milite pour que dans le mouvement Freinet on puisse se dire qu'on travaille en pédagogie Freinet, qu'on mette en avant des pratiques différentes.
C'est bien de faire du compagnonnage, c'est bien aussi qu'en formation on entende les enseignants qui débutent, qui doutent…
On revendique ce qu'on fait, on a besoin de s'affirmer en pédagogie Freinet. Si on ne le fait pas, il ne se passe rien.
On devrait porter beaucoup plus d'intérêt aux camarades qui débutent, en leur montrant qu'ils sont déjà en pédagogie Freinet.
Ce n'est pas limité à l'utilisation des outils de façon experte ni à de vieux enseignants.

D fait de la pédagogie Freinet à sa sauce.
Il a été sollicité pour intervenir dans un GD.
Comme d'habitude il s'est posé la question de sa légitimité.

Al est convaincue qu'on peut faire de la pédagogie Freinet sans outils Freinet, et avoir des outils Freinet sans pratiquer la pédagogie Freinet.

JC ne croit pas que les pratiques soient reproductibles d'une personne à l'autre, et selon le groupe, l'année, les changements.
Il y a des « choses » pratiques, invariants, axes avec lesquels on peut ne pas être d'accord.
L'intéressant est de pouvoir en discuter.
On est encore dans un mouvement dans lequel on a des idéaux, il y a des choses qui nous permettent d'être nous.

B, quand elle était MAT, demandait un maximum de 2 stagiaires, elle en avait entre 4 et 6 et n'avait jamais de temps pour parler avec eux, jamais de retour parce qu'ils avaient cours l'après-midi et ne revenaient plus.

Al : Ils restent toute la semaine et ils passent du temps en dehors des temps de classe.

Am : Ils prennent des stagiaires comme accompagnateurs en classe de découvertes.

JC : Apparaître en tant que pédagogues Freinet, ça fait un peu « tâche d’encre », l'inspection les a sollicités pour ça, des collègues aussi.
On a une crédibilité qui s'est faite sur le temps, sur le fond, mais si on ne le dit pas ça reste confidentiel et seuls les parents aisés comprennent que tu travailles en pédagogie Freinet.
C'est une vraie victoire que les familles populaires demandent que leur enfant soit dans nos classes.

PH : Nous avons proposé une animation pédagogique à une circonscription, les stagiaires n'étaient pas au courant que notre groupe ICEM l'avait proposé.

Al : On ne nous mentionne pas et on ne se fait pas voir. Lors d'une manifestation, ils ont fait une banderole et plein de gens sont venus les voir.

JC : Nous n'avons aucun film grand public édité par l'ICEM, nous critiquons ceux qui existent, alors que même imparfait et ne montrant pas toute la pédagogie Freinet (alors que c'est impossible de tout montrer) on peut les montrer aux parents, à l'ESPE.
Nous n'osons pas être filmés parce qu'on va nous tomber dessus.
Cela ne devrait pas être le cas…

V : Investir la formation.

NB : Il y a des inspecteurs qui proposent de mettre à disposition des remplaçants pour aller observer un enseignant dans une autre classe ou école.

V : Parfois les directeurs déchargés remplacent pour permettre ces observations (ou les ex maitres surnuméraires).

Prise de notes : Nadège.