Le mouvement Freinet

Le mouvement Freinet est à la fois national (ICEM) et international (FIMEM).
Toujours actuel et avant-gardiste, sans aucun doute, il a aussi une histoire et s'appuie sur plusieurs textes de base.

Les éducateurs et enseignants Freinet cherchent à développer des pratiques pédagogiques ancrées dans la réalité sociale, pour œuvrer à une réelle émancipation des enfants. Ils revendiquent une école où chaque enfant peut apprendre à son rythme,  s'exprimer, développer son sens critique, se responsabiliser, coopérer, expérimenter et s'ouvrir sur le monde.

 

Textes de base

Ces textes sont des textes fondateurs du mouvement Freinet.
Ils sont à prendre dans le contexte de l'époque pour les versions anciennes et sont parfois réactualisés.
 

 

Charte de l'École moderne (1968)

La Charte que nous publions a été mise au point et adoptée à l'unanimité au Congrès de Pau. On verra qu'elle s'inspire très largement de la Charte du Congrès de Nancy élaborée en 1950. Ce texte s'adresse à tous ceux qui, enseignants ou non enseignants, se préoccupent de l'éducation. Il constitue un véritable manifeste proclamant les grandes idées qui nous attachent à la pédagogie Freinet et guident notre action quotidienne.

Dans l'esprit de Freinet, cette Charte des éducateurs devait être complétée par une Charte de l'Enfant et c'est dans cet esprit qu'il proposa au Congrès de Nantes en 1957, un projet qu'il soumit aux pouvoirs publics, aux organisations d'enseignants, aux associations de parents el notamment à l'UNESCO. 

Le 20 novembre 1959, l'Assemblée générale des Nations Unies adoptait une Déclaration des droits de l'enfant* dans laquelle sont inclus un bon nombre des principes soulignés par Freinet. Par contre ce lexie de portée universelle ne contient aucune référence précise à la vie scolaire. C'est pourquoi nous reproduisons ici le projet de Nantes.   

* Le texte en est publié dans Le Courrier de l'Unesco, de novembre 1960. 

 

1/ L'éducation est épanouissement et élévation et non accumulation de connaissances, dressage ou mise en condition.

Dans cet esprit nous recherchons les techniques de travail et les outils, les modes d'organisation et de vie, dans le cadre scolaire et social, qui permettront au maximum cet épanouissement et cette élévation.

Soutenus par l'œuvre de Célestin Freinet et forts de notre expérience, nous avons la certitude d'influer sur le corportement des enfants qui seront les hommes de demain, mais également sur le comportement des éducateurs appelés à jouer dans la société un rôle nouveau.

2/ Nous sommes opposés à tout endoctrinement.

Nous ne prétendons pas définir d'avance ce que sera l'enfant que nous éduquons ; nous ne le préparons pas à servir et à continuer le monde d'aujourd'hui mais à construire la société qui garantira au mieux son épanouissement. Nous nous refusons à plier son esprit à un dogme infaillible et préétabli quel qu'il soit. Nous nous appliquons à faire de nos élèves des adultes conscients et responsables qui bâtiront un monde d'où seront proscrits la guerre, le racisme et toutes les formes de discrimination et d'exploitation de l'homme.

3/ Nous rejetons l'illusion d'une éducation qui se suffirait à elle-même hors des grands courants sociaux et politiques qui la conditionnent.

L'éducation est un élément mais n'est qu'un élément d'une révolution sociale indispensable. Le contexte social et politique, les conditions de travail et de vie des parents comme des enfants influencent d'une façon décisive la formation des jeunes générations.

Nous devons montrer aux éducateurs, aux parents et à tous les amis de l'école, la nécessité de lutter socialement et politiquement aux côtés des travailleurs pour que l'enseignement laïc puisse remplir son éminente fonction éducatrice. Dans cet esprit, chacun de nos adhérents agira conformément à ses préférences idéologiques, philosophiques et politiques pour que les exigences de l'éducation s'intègrent dans le vaste effort des hommes à la recherche du bonheur, de la culture et de la paix.

4/ L'école de demain sera l'école du travail.

Le travail créateur, librement choisi et pris en charge par le groupe est le grand principe, le fondement même de l'éducation populaire. De lui découleront toutes les acquisitions et par lui s'affirmeront toutes les potentialités de l'enfant.

Par le travail et la responsabilité, l'école ainsi régénérée sera parfaitement intégrée au milieu social et culturel dont elle est aujourd'hui arbitrairement détachée.


5/ L'école sera centrée sur l'enfant. C'est l'enfant qui, avec notre aide, construit lui-même sa personnalité.

Il est difficile de connaître l'enfant, sa nature psychologique, ses tendances, ses élans pour fonder sur cette connaissance notre comportement éducatif ; toutefois la pédagogie Freinet, axée sur la libre expression par les méthodes naturelles, en préparant un milieu aidant, un matériel et des techniques qui permettent une éducation naturelle, vivante et culturelle, opère un véritable redressement psychologique et pédagogique.

6/ La recherche expérimentale à la base est la condition première de notre effort de modernisation scolaire par la coopération.

Il n'y a, à l'ICEM, ni catéchisme, ni dogme, ni système auxquels nous demandions à quiconque de souscrire. Nous organisons au contraire, à tous les échelons actifs de notre mouvement, la confrontation permanente des idées, des recherches et des expériences.

Nous animons notre mouvement pédagogique sur les bases et selon les principes qui, à l'expérience, se sont révélés efficaces dans nos classes : travail constructif ennemi de tout verbiage, libre activité dans le cadre de la communauté, liberté pour l'individu de choisir son travail au sein de l'équipe, discipline entièrement consentie.

7/ Les éducateurs de l'ICEM sont seuls responsables de l'orientation et de l'exploitation de leurs efforts coopératifs.

Ce sont les nécessités du travail qui portent nos camarades aux postes de responsabilité à l'exclusion de tout autre considération.

Nous nous intéressons profondément à la vie de notre coopérative parce qu'elle est notre maison, notre chantier que nous devons nourrir de nos fonds, de notre effort, de notre pensée et que nous sommes prêts à défendre contre quiconque nuirait à nos intérêts communs.

8/ Notre Mouvement de l'École Moderne est soucieux d'entretenir des relations de sympathie et de collaboration avec toutes les organisations œuvrant dans le même sens.

C'est avec le désir de servir au mieux l'école publique et de hâter la modernisation de l'enseignement qui reste notre but, que nous continuerons à proposer, en toute indépendance, une loyale et effective collaboration avec toutes les organisations laïques engagées dans le combat qui est le nôtre.

9/ Nos relations avec l'administration.

Au sein des laboratoires que sont nos classes de travail, dans les centres de formation des maîtres, dans les stages départementaux ou nationaux, nous sommes prêts à apporter notre expérience à nos collègues pour la modernisation pédagogique.

Mais nous entendons garder, dans les conditions de simplicité de l'ouvrier au travail et qui connaît ce travail, notre liberté d'aider, de servir, de critiquer, selon les exigences de l'action coopérative de notre mouvement.


10/ La Pédagogie Freinet est, par essence, internationale.

C'est sur le principe d'équipes coopératives de travail que nous tâchons de développer notre effort à l'échelle internationale. Notre internationalisme est, pour nous, plus qu'une profession de foi, il est une nécessité de travail.

Nous constituons sans autre propagande que celle de nos efforts enthousiastes, une Fédération Internationale des Mouvements d'École Moderne (FIMEM) qui ne remplace pas les autres mouvements internationaux, mais qui agit sur le plan international comme l'ICEM en France, pour que se développent les fraternités de travail et de destin qui sauront aider profondément et efficacement toutes les œuvres de paix.

Charte adoptée au Congrès de Pau de 1968
 

Charte de l'École moderne (2018)

La Charte que nous publions ici a été mise au point et adoptée à l'unanimité au Congrès de Pau, puis actualisée à l'AG de l'ICEM
de Paris de mai 2018.

 

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Charte de l'École moderne 2018 (format PDF)46.04 Ko

Charte de l'École moderne (2019)

La Charte que nous publions ici a été mise au point et adoptée à l'unanimité au Congrès de Pau en 1968, puis actualisée aux AG de l'ICEM
de mai 2018 et mai 2019 à Paris

 

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Charte de l'École moderne 2019 (format PDF)44.41 Ko

Charte de l'École moderne (2025)

La Charte que nous publions ici a été mise au point et adoptée à l'unanimité au Congrès de Pau en 1968, puis actualisée aux AG de l'ICEM
de mai 2018, mai 2019 et mai 2025 à Paris

 

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L'Educateur n°3 - année 1978-1979 (Supplément) - Perspectives d'Education Populaire

Novembre 1978

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Archives

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Revues pédagogiques

 

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Travaux de classes

 

Revues documentaires

 

Autre

 

Auteurs

Présentation chronologique des écrits de quelques auteurs

 

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Bibliographie

Écrits de Célestin Freinet :

- Oeuvres pédagogiques, Ed. du Seuil, 1994, Edition en 2 volumes établie par Madeleine Freinet, introduction par Jacques Bens, (seuls les Conseils aux parents n’y sont pas intégrés)
   Tome 1 : L’éducation du travail - Essai de psychologie sensible appliquée à l’éducation
   Tome 2 : L’école moderne française - Les dits de Mathieu - Méthode naturelle de lecture - Les invariants pédagogiques - Méthode naturelle de dessin - Les genèses

Écrits d’Élise Freinet :

- Naissance d’une pédagogie populaire, Cannes, Ed. de l’École Moderne, 1949, réEd. en 2 volumes, 1962, puis en un volume : Paris, Maspero, 1969
- L’école Freinet, réserve d’enfants, Paris, Maspero, 1974
- L’itinéraire de Célestin Freinet, Paris, Payot, 1977

Écrits de Madeleine Freinet :

- Elise et Célestin Freinet, souvenirs de notre vie, Tome 1 (1896-1940), Stock, 1997
- Elise et Célestin Freinet, Correspondance 21 mars 1940 – 28 octobre 1941, PUF, Education et Formation, 2004

Présentation générale de la pédagogie Freinet :

- Peyronie Henri, Célestin Freinet, dans Houssaye Jean (dir) 15 pédagogues, leur influence aujourd’hui, A. Colin.
- Le centenaire de Célestin Freinet, Cahiers Binet-Simon, n°649, n° spécial en hommage à Célestin Freinet, Erès, 1996.
- Robo Patrick, Qu’est-ce que la pédagogie Freinet ?, Voies Livres, Lyon, 1996.
- Boumard Patrick, Célestin Freinet, collection pédagogues, pédagogies , Paris, PUF, 1996.
- Lamihi Ahmed (s. l. dir. de), Freinet et l’École moderne, éditions Ivan Davy, 1997.
- Peyronie Henri Célestin Freinet : pédagogie et émancipation, Portraits d’éducateurs, Hachette éducation, 1999.
- ICEM, La pédagogie Freinet, des principes, des pratiques , Ed. ICEM n°31, 2002.
- Chabrun Catherine, Entrer en pédagogie Freinet, Editions Libertalia, 2015.
- Giauque Nadine et Tieche Chantal (sous la direction de ), La pédagogie Freinet, concepts, valeurs, pratiques de classes, Pédagogie et formation, Chroniques sociales, 2015.
- Laboratoire de Recherche Coopérative de l’ICEM-Pédagogie Freinet,
Éléments de théorisation de la Pédagogie Freinet. Une approche complexe des apprentissages, ICEM, 2013, 2015.

- Laboratoire de Recherche Coopérative de l’ICEM-Pédagogie Freinet, Dictionnaire de la Pédagogie Freinet, ESF-Sciences humaines, 2018.
- Boncourt Martine et Legay Martine, La pédagogie Freinet en élémentaire, comment faire ? ESF-Sciences humaines, 2019.
- Boncourt Martine (sous la directement de), La pédagogie Freinet en maternelle, comment faire ? ESF-Sciences humaines 2023.

 Pour les jeunes :
-Barré Michel, Guérin Pierre, Célestin Freinet par lui-même, Album sonore (livre cassette), PEMF, 1988.
-ICEM, Célestin Freinet et l’Ecole moderne,Album BT Histoire (avec un CD audio, témoignages de Freinet), PEMF, 1996.
-ICEM, Célestin Freinet, pédagogue moderne, BT2 n° 43, PEMF, Ed. remaniée 2001.

Histoire de Freinet et de son mouvement :

- Barré Michel, Célestin Freinet : Un éducateur pour notre temps, Éditions ICEM n° 20, réédition 2002
- Bruliard Luc, Schlemminger Gérald, Le mouvement Freinet : des origines aux années 80, Éditions l’Harmattan, Paris, 1996
- Barré Michel, Compagnon de Freinet, Éditions Ivan Davy, 1997
- Lafon Delphine, Célestin Freinet ou la révolution par l’école, Éditions ICEM hors collection, 2006
- Bulletin des Amis de Freinet et de son mouvement, biannuel
- Henri Portier et Doriane-films, L’École buissonnière, DVD, en complément : Prix et profits, Le Mouvement Freinet de Henri Portier, Les enfants d’abord de Suzanne Dansereau Forslund, Jérôme et la tortue de Gérard Poitou-Weber, Autour de l’École buissonnière de Jean-Pierre le Chanois, Le centenaire de Freinet à l’UNESCO de Michel Mulat, 2006
- Losset Daniel, Le maître qui laissait rêver les enfants, Film télévision, France 3, 2007
- Goupil Guy, Comprendre la pédagogie Freinet, genèse d’une pédagogie évolutive, Éditions Amis de Freinet, 2007
- Mondolini Jacques, Les enfants de Freinet, Paris, Éditions le Temps des Cerises, 1996, réédition 2009
- École-Boivin Catherine, Mimi Guillam, Cahier de vie d’une institutrice, Presses de la Renaissance, 2010.
- Broersma Rouke et Velthausz Freek , Petersen et Freinet, le Plan d’Iéna et l’École Moderne, Éditions Les Amis de Freinet, Mayenne, 2011
- Diaz Marcel, De Freinet à la lutte anti-fasciste (Espagne 1936-1939), Atelier de création libertaire, 2014.
- Le maître insurgé, articles et éditoriaux 1920 -1939, recueil de textes établi par Catherine Chabrun et Grégory Chambat, Editions Libertalia, 2016.
- Ueberschlag Josette, Le groupe d'Education nouvelle d'Eure-et-Loir... et l'essor du mouvement Freinet, Presses universitaires de Caen, 2015.

Travaux sur la pédagogie Freinet :

- Vial Jean, Pédagogie Freinet, pédagogie du travail, de l’aléatoire et de la dédicace, dans Célestin Freinet, Paris, IPN, 1967 -Ueberschlag Roger, Avenir de la pédagogie Freinet, dans Célestin Freinet, Paris, IPN, 1967
- Vasquez Aïda et Oury Fernand, Les techniques éducatives de Célestin Freinet, dans Perspectives de l’éducation, n°1, UNESCO, 1969
- Piaton Georges, La pensée pédagogique de Célestin Freinet, Toulouse, Privat, 1974
- Clanché Pierre, Testanière Jean, (s. l. dir. de), Actualité de la pédagogie Freinet, actes du symposium tenu à l'Université de Bordeaux II, mars 1987, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux
- Clanché Pierre, Debarbieux Eric, Testanière Jean, (s. l. dir. de), La pédagogie Freinet, Mises à jour et perspectives, Actes du colloque international, Presses Universitaires de Bordeaux, 1993
- Boumard Patrick, Lamihi Ahmed (s. l. dir. de), Les pédagogies autogestionnaires, Editions Ivan Davy, 1995
- Legrand Louis, Célestin Freinet, article de l’encyclopédie Profils d’Éducateurs ,vol.1 du n° hors série de la revue Perspectives, UNESCO, 1994
- Testanière Jean, Eléments pour écrire l’histoire du mouvement Freinet, dans Hameline Daniel, Helmchen, Jürgen, Ölkers Jürgen (dir.) : L’éducation nouvelle et les enjeux de son histoire, Berne, Peter Lang, pp. 75 – 86, 1995
- Peyronie Henri (s. l. dir. de), Freinet, 70 ans après. Une pédagogie du travail et de la dédicace ?, Actes du colloque de Caen, Presses Universitaires de Caen, 1996, réédition 2000
- Vergnioux Alain, Cinq études sur Célestin Freinet, P.U. de Caen, Sciences de l’Education, 2005
- Reuter Yves, Une école Freinet : fonctionnement et effets d’une pédagogie alternative en milieu populaire, L’Harmattan, 2007
- Veya Jean-Marie, Les grands pédagogues, Editions Loisirs et pédagogie, Suisse, 2010

Travaux autour de la pédagogie Freinet :

- Vial Jean, « Pédagogie Freinet, pédagogie du travail, de l’aléatoire et de la dédicace », dans Célestin Freinet, Paris, IPN, 1967
- Uberschlag Roger, « Avenir de la pédagogie Freinet », dans Célestin Freinet, Paris, IPN, 1967
- Vasquez Aïda et Oury Fernand, « Les techniques éducatives de Célestin Freinet », dans Perspectives de l’éducation, n°1, UNESCO, 1969
- Piaton Georges, La pensée pédagogique de Célestin Freinet, Toulouse, Privat, 1974
- Clanché Pierre, Testanière Jean, (s. l. dir. de), Actualité de la pédagogie Freinet, actes du symposium tenu à l'Université de Bordeaux II, mars 1987, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux
- Clanché Pierre, Debarbieux Éric, Testanière Jean, (s. l. dir. de), La pédagogie Freinet, Mises à jour et perspectives, Actes du colloque international, Presses Universitaires de Bordeaux, 1993
- Boumard Patrick, Lamihi Ahmed (s. l. dir. de), Les pédagogies autogestionnaires, Éditions Ivan Davy, 1995
- Legrand Louis, « Célestin Freinet », article de l’encyclopédie Profils d’Éducateurs, vol. 1 du n° hors-série de la revue Perspectives, UNESCO, 1994
- Testanière Jean, « Éléments pour écrire l’histoire du mouvement Freinet », dans Hameline Daniel, Helmchen, Jürgen, Ölkers Jürgen (dir.) : L’éducation nouvelle et les enjeux de son histoire, Berne, Peter Lang, pp. 75 – 86, 1995
- Peyronie Henri (s. l. dir. de), Freinet, Soixante-dix ans après. Une pédagogie du travail et de la dédicace ?, Actes du colloque de Caen, Presses Universitaires de Caen, 1996, réédition 2000
- Meirieu Philippe, Célestin Freinet, Comment susciter le désir d’apprendre ? L'éducation en questions, PEMF. Livre, DVD, Mosaïque Films – France 5, 2001
- Vergnioux Alain, Cinq études sur Célestin Freinet, P.U. de Caen, Sciences de l’Éducation, 2005
- Reuter Yves, Une école Freinet : fonctionnement et effets d’une pédagogie alternative en milieu populaire, Éditions L’Harmattan, Paris, 2007
- Go Juliette, Go Nicolas, mai 2010 « Approche complexe d’une éducation aux Langues vivantes à l’école primaire », revue des Cahiers Pédagogiques, hors série numérique sur l’enseignement des Langues vivantes, 2010
- Go Nicolas, Thorel Danielle, Thorel Marcel, Hannebique S., juin 2010, « Le dispositif dit de ‘recherches mathématiques’ : analyse didactique d’une séance de CM1 », Recherches en Didactique des Mathématiques, vol. 30/2, 2010
- Jacomino Baptiste, Alain et Freinet, Une école contre l’autre ?, L’Harmattan, 2011
- Decker Véronique, Trop classe ! Edtions Libertalia, 2016.
- Hurtig-Delattre Catherine, La co-éducation à l'école, c'est possible !, Chroniques scolciales, 2016
- Decker Véronique, L'école du peuple, Editions Libertalia, 2017

Pédagogie institutionnelle :

- Vasquez Aïda et Oury Fernand, De la classe coopérative à la pédagogie institutionnelle, Maspero, 1967, réédition Matrice, 2001
- Pochet Catherine, Oury Fernand, Qui c’est l’conseil ?, Éditions Maspero, 1979
- Pochet Catherine et Oury Fernand, L’année dernière, j’étais mort !, signé Miloud, Matrice 1986
- Vasquez Aïda et Oury Fernand, Vers une pédagogie institutionnelle, (2 volumes), Maspero, 1981, réédition Matrice, 1991
- Laffitte René, Une journée dans une classe coopérative, Le désir retrouvé, Syros, 1985, réédition Matrice, 1997
- Lamihi Ahmed, De Freinet à la pédagogie institutionnelle ou l’école de Gennevilliers, Éditions Ivan Davy, 1994
- Thébaudin Françoise et Oury Fernand, Pédagogie institutionnelle, Éditions Matrice, 1995
- Laffite René et AVPI, Mémento de pédagogie institutionnelle, Matrice, 1999
- Laffitte René et AVPI, Essais de pédagogie institutionnelle. L’école, un lieu de recours possible pour l’enfant et ses parents, Champ Social 2006
- Robbes Bruno, Héveline Édith (préf. J. Pain), Démarrer une classe en pédagogie institutionnelle, Éditions Hatier, coll. Questions d'école, 2000
- Meirieu Philippe, Oury Fernand, Y a-t-il une autre loi possible dans la classe ?, L'éducation en questions, PEMF. Livre, DVD, Mosaïque Films – France 5, 2001
- Fernand Oury, La pédagogie institutionnelle, Éditions Matrice, 2009.

Ouvrages internationaux :

- Jiménez Mier y Terán Fernando, Un maestro singular : José de Tapia Bujalance, México, 1996
- Morais, Maria de Fatima (Org.), Freinet, e a escola do futuro, Recife, Brésil, Ed. Bagaço, 1997
- Cioppo Elias Marisa, Célestin Freinet : Una pedagogia de atividade e cooperação, Vozes, 1997
- Zurriaga Agusti, Ferran, Herminio Almendros y la pedagogia Freinet ; una experienca didactica del siglo XX, in Centenario de Herminio Almendros, Almansa (Cuba), Cuadernos de estudios locales, octobre 1998
- Acker Victor, Célestin Freinet, USA, Greenwood Press, 2000
- Lopes da Silva Aracy, Kawall Leal Ferreira Mariana, Praticas pedagogicas na escola indigena,Sao Paulo, Brésil, Global Editor, 2001
- Whitaker Sampaio, Rosa Maria, Freinet, Evoluçao historica e actualidades, Sao Paulo (Brésil), Scipione, 2002
- St Radulescu Mihaela, Pedagogia Freinet, un demers innovato, Bucarest (Roumanie), Stiintele educatiei, 1999
- Ferreira, Glaucia de Melo (Org), Palavra de professor(a), tateios e reflexoes na pratica da pedagogia Freinet, Campina (Brésil), Mercado Letras, 2003
- Nunes Antonio, Freinet, actualidade pedagogica de uma obra, Lisboa, Portugal, Asa, 2004
- Lors derechos del nino en la escuela. Una education para le ciudadania, Barcelone, Grao, 2005.

ICEM - Pédagogie Freinet

L'Institut Coopératif de l'École Moderne (ICEM) - Pédagogie Freinet est une association loi 1901, créée en 1947 par Célestin Freinet rassemblant autour de lui un certain nombre de pionniers.

Aujourd'hui, agréée et financée par les ministères Éducation Nationale et Jeunesse, sports & vie associative, l'ICEM est structurée en fédération d'associations, la plupart départementales, appelées Groupes départementaux. Elle est également constituée de Groupes de travail nationaux, appelés Chantiers et Secteurs.

Ces associations regroupent des enseignants, des formateurs et des éducateurs autour des principes de la pédagogie Freinet et en particulier la Charte de l'École Moderne.

L’association se donne pour buts la recherche pédagogique, l'innovation pédagogique et la diffusion de la Pédagogie Freinet par l'organisation de stages, par la conception, la mise au point et l'expérimentation des matériels divers, l'édition d'imprimés, publications pédagogiques, livres et productions audiovisuelles et informatiques.

 

 

Voir une présentation complète de l'ICEM-Pédagogie Freinet  

Groupes départementaux

Les Groupes départementaux sont des associations locales dans lesquelles se réunissent les éducateurs Freinet, dont beaucoup d'enseignant·e·s, de la maternelle au secondaire, en passant par l'enseignement spécialisé.

Ces groupes sont généralement affiliées à fédération ICEM dont ils partagent la Charte.

Ils organisent des réunions d'analyse réciproque de pratiques dans l'idée qu'on apprend avant tout en faisant, en tâtonnant dans sa classe, tout en échangeant avec ceux qui, comme nous, quel que soit leur niveau d'enseignement, sont dans la même démarche "Freinet", c'est-à-dire dans un but d'émancipation, de libération de l'expression de l'enfant, de réappropriation de son travail... dans un esprit de coopération.

Groupes régionaux

 

Groupes de travail nationaux

Les Groupes de travail de l'ICEM sont généralement appelés chantiers et secteurs.
Les chantiers sont ceux qui se réunissent nationalement autour d'un projet de production et les secteurs autour d'une thématique.

Il y a également le Comité d'Animation de l'ICEM.
 

Chantiers de l'ICEM

Les chantiers de l'ICEM sont des groupes de travail qui se réunissent nationalement autour d'un projet de production.
Cette production peut être une revue régulière, des outils, des outils numériques, etc.
 

 

 

Comité d'Animation de l'ICEM

Le Comité d'Animation de l'ICEM - Pédagogie Freinet se réunit une dizaine de fois par an, lors de réunions spécifiques (à Paris ou en visioconférence) et est présent lors des moments de la vie de l’ICEM (congrès, fédération de stages, journées d’études...)

Il est chargé de veiller au fonctionnement de l’association, mettre en œuvre les décisions prises lors des Assemblées Générales, assurer la promotion de la pédagogie Freinet et tisser des liens avec d’autres associations et mouvements pédagogiques.

Le Comité d'Animation est secondé dans son fonctionnement par des membres associés : sur une tâche particulière (congrès, fédération de stages, journées d’études, animation départementale, diffusion des publication...) ou pour en découvrir le fonctionnement de l'intérieur avant d'y entrer.

Des chargé·e·s de missions apportent également leur concours (droits de l’enfant, archives, relations extérieures et partenariales).

Il est aussi aidé par les salariées du secrétariat à Nantes et par les détaché·e·s, sans oublier les militant·e·s de l’ICEM !!!

 

Contact

comite-d-animation[arobase]icem-freinet.org

 

Informations complémentaires

Lettres d'information de l'ICEM

 

Réunions du CA

Prochains rendez-vous du Comité d'Animation

Les comptes-rendus des réunions de CA [Page réservée aux adhérent·es]

Les délibérations du CA [Page réservée aux adhérent·es]

 

Comptes rendus Assemblées Générales ICEM

Les comptes rendus des AG de l'ICEM depuis 2008

 

Plaquette de présentation de l'ICEM

 

 

Une plaquette de présentation de la pédagogie Freinet et de l'ICEM.

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Présentation de l'ICEM-Pédagogie Freinet

L’Institut Coopératif de l’École Moderne (ICEM-Pédagogie Freinet) est une association créée en 1947 par Célestin Freinet rassemblant autour de lui un certain nombre de pionniers.

L’association aujourd'hui agréée par les ministères de l'Éducation nationale et de la jeunesse et de la vie associative regroupe des enseignants, des formateurs et des éducateurs autour des principes de la pédagogie Freinet.

Voir les textes de base, à commencer par la Charte de l'École Moderne

L’ICEM-pédagogie Freinet se donne pour objectifs et bases de travail la recherche et l'innovation pédagogiques, la diffusion de la Pédagogie Freinet par l'organisation de stages, par la conception, la mise au point et l'expérimentation d’outils pédagogiques pour la classe, de revues documentaires pour les enfants, les jeunes et les enseignants, et l’édition de publications pédagogiques.
C’est un creuset pédagogique où l’on vient mettre en commun, expériences, réflexions et productions, en mettant en œuvre la coopération entre adultes tant dans l’action que dans la théorisation de ses pratiques. On y poursuit ce qui fait la spécificité de la pédagogie Freinet depuis ses origines : un choix pédagogique en lien étroit avec un engagement social et politique.

La pédagogie Freinet est en permanence, et de façon dialectique, action, formation et recherche. Elle conduit des milliers de praticiens des premier et second degrés, de l’enseignement supérieur, de la formation, à explorer des domaines très divers. . Ces praticiens, compagnons, chercheurs, novateurs se retrouvent dans des groupes départementaux, dans des groupes de recherche pédagogique tels les arts et créations, les mathématiques, le tâtonnement expérimental, le français, les Droits de l’enfant, l’école maternelle, le second degré, l’enseignement spécialisé, les équipes pédagogiques ...
Elle est centrée sur la vie de l’enfant, auteur de ses apprentissages, en lien constant et dynamique avec ses groupes d’appartenance (classe, école, réseaux de correspondance). Cette démarche est articulée autour de quatre axes : l’expression et la communication, le tâtonnement expérimental, le travail individualisé et la vie coopérative. Ce dernier axe est celui qui, à la fois, organise et structure les apprentissages tout en développant le sens critique.

Les travaux de réflexion et de recherche paraissent dans des revues pédagogiques « Le Nouvel Éducateur », « Créations » et dans des brochures pédagogiques aux « Éditions ICEM » qui relatent aussi bien les pratiques que les réflexions portant sur les fondamentaux de la Pédagogie Freinet. Plusieurs numéros comme « La recherche documentaire », « La méthode naturelle de mathématiques », «Les parents dans l’école », « Les pratiques Freinet à l’école maternelle », « Apprendre aux enfants à explorer les arts plastiques », « Le conseil d’enfants à l’école » s’adressent aussi bien aux enseignants qui débutent, qu’à ceux qui désirent réfléchir sur -ou transformer- leur pratique. Ces publications trouvent ainsi leur place au sein des centres de documentation des ESPE.

L’ICEM-pédagogie Freinet représente un potentiel collectif de formateurs présents dans les lieux de formation institutionnels (IUFM, Sciences de l’éducation) et organisateur de formations nationales (Fédération de stages d’automne, stages régionaux et départementaux) et de rencontres (Congrès biannuel, salons des apprentissages…).


Une partie de l’ICEM (les chantiers de production) se consacre plus particulièrement au travail sur les outils pour la classe : livrets de lecture, fichiers de travail individualisés autocorrectifs, fichiers pédagogiques par champs disciplinaires, revues documentaires pour enfants et adolescents issus de la Bibliothèque de Travail créée par Freinet il y a plus de 70 ans (JMag, BTJ, BTn).
Ces outils sont élaborés par des équipes coopératives d’enseignants et en interaction permanente avec les classes pour propositions, lecture critique et relecture, écriture et réécriture, par les élèves et leur enseignant.

L’ICEM est membre du CAPE (collectif des Associations Partenaires de l'Ecole publique) et du  Comité de liaison des mouvements pédagogiques et d’éducation (CLIMOPE) qui réunit par ailleurs l’AFL, les CEMÉA, Le CRAP-Cahiers pédagogiques, Éducation & Devenir, la FOEVEN, les Francas, le GFEN, la Ligue de l’enseignement et l’OCCE.
L’ICEM est également affilié à la FIMEM (Fédération Internationale des Mouvements d’Ecole Moderne) qui regroupe les mouvements Freinet d’une cinquantaine de pays. Il entretient des relations privilégiées avec plusieurs d’entre eux en Europe, Afrique et Amérique latine (coformation, coéditions, correspondance scolaire internationale…).

Voir la plaquette de présentation de l'ICEM
 

FIMEM - Pédagogie Freinet

La Fédération internationale des mouvements de l'École moderne (FIMEM) - Pédagogie Freinet est née en 1957.
Elle réunit les mouvements Freinet nationaux et organise une Rencontre internationale des éducateurs Freinet (RIDEF).

 

 

Site de la FIMEM

Site de la FIMEM

Célestin Freinet et son mouvement

Quelques dates importantes de l'itinéraire de Célestin Freinet et du Mouvement qu'il a initié

     

1918 : Après la première guerre mondiale, nombreux sont les enseignants pacifistes marqués dans leur chair et dans leur conscience. Syndicalistes révolutionnaires regroupés dans la Fédération des Membres de l’Enseignement, ils luttent pour que ne se reproduise plus la tuerie de 14-18, pour mettre fin à l’exploitation capitaliste et construire une société plus juste et plus humaine. Au sein de la commission pédagogique et dans leur revue “l’École Émancipée” ils réfléchissent aux moyens de promouvoir une pédagogie populaire par “l’École Active” et “les centres d’intérêt”...

Leurs regards se tournent vers les grands anciens (Rabelais, Rousseau, Pestalozzi ...), vers les expériences d’avant 1914 comme celles de Paul Robin à l’orphelinat public de Cempuis dans l’Oise (Enseignement intégral), de Francisco Ferrer et son « Escuela Moderna » en Espagne (Enseignement rationaliste), et de Sébastien Faure à « La Ruche » près de Rambouillet (Enseignement libertaire). Aussi vers les expériences d’Ecole nouvelle de Faria de Vasconcellos près de Bruxelles et de Kirchstensteiner en Allemagne. Ils s’intéressent aussi de près aux expériences des années 20 en Suisse (A. Ferrière), en Belgique (O. Decroly), en Italie (M. Montessori), aux USA (J. Dewey, plan Dalton), en Allemagne ... et bien sûr aux pédagogues prolétariens de l’École du Travail de la jeune URSS (Pistrak, Blonskij, Kroupskaïa ...). 

- Célestin FREINET naît le 15 octobre 1896 dans une famille modeste à Gars dans les Alpes-Maritimes. Entré à l’École Normale d’Instituteurs de Nice en 1912, il en sort pour être mobilisé en 1915. Jeune officier, il est grièvement blessé au poumon par balle en octobre 1917 au Chemin des Dames.  

1920 : Après une longue convalescence, il est nommé au Bar-sur-Loup en janvier 1920 où il restera pendant 8 ans. Passionné par son métier et désireux de changer l’école, Freinet profite de ses congés et rencontre d’autres pédagogues (Hambourg en 1922, Montreux en 1923, URSS en 1925). Il collabore à des revues d’avant-garde (« Clarté », « l’École émancipée »), milite sur le plan syndical et politique et participe à de nombreuses œuvres coopératives (« Abeille baroise »).  

1924 : Il introduit une imprimerie dans sa modeste classe rurale et rend compte de ses expériences dans diverses revues.  

1926 : Il entreprend une correspondance interscolaire régulière avec René Daniel et sa classe de St-Philibert-en-Trégunc dans le Finistère, puis lance une “Coopérative d’Entr’aide pédagogique” avec une revue “l’Imprimerie à l’École”, mettant en place un réseau des “Livres de Vie” composés et imprimés par les écoles travaillant à l’imprimerie.  Il épouse Élise Lagier-Bruno, institutrice et artiste (prix Gustave Doré de la gravure en 1927).  

1927 : En août, à l’issue du Congrès syndical de la Fédération de l’Enseignement (CGTU) à Tours, se tient le premier Congrès international de l’Imprimerie à l’École avec la présence de la majorité des 40 premiers adhérents actifs, dont un délégué du Ministère de l’Instruction Publique espagnole. En octobre, sous l’impulsion de Rémy Boyau et d’instituteurs girondins, est fondée la Société “Cinémathèque Coopérative de l’Enseignement laïc” qui assure prêts et vente de films, projecteurs, caméras et envisage la production de films pédagogiques.

1928 : Au second congrès à Paris, les activités de l’imprimerie et de la radio fusionnent avec celles du cinéma au sein de la Société “Coopérative de l’Enseignement Laïc” (C.E.L.) dont la revue est “l’Imprimerie à l’École”. De “l’unité de l’enseignement” aux “méthodes naturelles d’apprentissage”, les adhérents de la CEL approfondissent techniques et méthodes nouvelles, et par souci de matérialisme pédagogique vont éditer les “Enfantines”, les “Fichiers Scolaires Coopératifs”.
Célestin et Élise Freinet sont nommés à Saint-Paul (de Vence) à la rentrée scolaire. 

1932 : En février 1932, Freinet crée une brochure documentaire pour les enfants : la “Bibliothèque de Travail” (B.T.). En octobre 1932, la revue “l’Imprimerie à l’École” devient “l’Éducateur Prolétarien”. La CEL produit un court-métrage engagé “Prix et profits” réalisé par Yves Allégret avec les frères Prévert comme acteurs…

 

1932-1934 : En pleine montée du fascisme et du nazisme en Europe, le Mouvement de l’Imprimerie à l’école et son leader Freinet vont être la cible de violentes attaques de l’extrême droite. Charles Maurras lance une vaste campagne contre Freinet dans « l’Action Française ». À 37 ans, Freinet quitte l’Éducation Nationale !  

1935 : Célestin et Élise Freinet ouvrent une école privée “prolétarienne” avec internat à Vence. Pendant le Front Populaire, Freinet propose un “Front de l’Enfance” que préside Romain Rolland, et s’adresse aux parents pour promouvoir l’éducation populaire. Il lance les Brochures d’Éducation Nouvelle Populaires (BENP).  

1937 : Son école accueille de nombreux enfants victimes de la guerre civile en Espagne. Une école “Célestin Freinet” est ouverte à Barcelone par la Généralité de Catalogne.  

1939-1944 : Pendant la seconde guerre mondiale, les activités du Mouvement Freinet sont interrompues. Freinet est arrêté, interné dans plusieurs camps, puis assigné en résidence dans les Hautes-Alpes. L’école de Vence est fermée et saccagée. Des adhérents de la CEL subiront la déportation et périront (Bourguignon, Torcatis, Boubou, Varenne, Ballon).  

1945 : À la Libération, Freinet anime le Comité Départemental de Libération à Gap et s’occupe d’enfants victimes de la guerre. La CEL redémarre et s’installe à Cannes. “l’Éducateur” reparaît dès 1945 et l’école de Vence peut rouvrir.  

1947 : Le Mouvement Freinet se développe rapidement, s’organisant en 1947 en Institut Coopératif de l’École Moderne (ICEM). Face aux calomnies lancées contre lui par le PCF, Freinet et Élise quittent le Parti en 1948 après 22 ans d’adhésion.  

1949 : C’est la sortie du film “L’École buissonnière” de J.P. Le Chanois, sur un scénario d’Élise Freinet, consacré au Freinet novateur et à l’affaire de Saint-Paul. Ce film populaire sera un succès et aura un énorme retentissement. C’est aussi l’année où paraît le livre “Naissance d’une pédagogie populaire” d’Élise Freinet.  

1950-1954 : Une campagne virulente des staliniens contre Freinet tente sans succès de déstabiliser l’ICEM et la CEL.  

1957 : La FIMEM (Fédération Internationale des Mouvements d’École Moderne) est créée, regroupant les Mouvements de dix pays et consacrant le rayonnement international de la pédagogie Freinet. De nouvelles revues : “Art enfantin” en 1950, “Techniques de vie” en 1959, “l’Éducateur second degré” en 1963, et bien d’autres ... vont voir le jour.

1964 : L’école Freinet est reconnue comme école expérimentale, et ses enseignants pris en charge par le ministère de l’Éducation Nationale. Sa renommée attire de nombreux stagiaires et visiteurs du monde entier, et tous les étés s’y déroulent des rencontres appelées “journées de Vence” avec la participation de personnalités et de chercheurs du monde de l’éducation.  

1966 : L’itinéraire de Freinet se poursuit jusqu’à sa disparition à 70 ans en 1966, sous le signe des méthodes naturelles et du tâtonnement expérimental, mais aussi des combats sur les conditions de travail ( 25 élèves par classe dès 1953 !) la défense de l’enfance et ... de la paix.  

Élise Freinet continuera leur œuvre et assurera la gestion de l’école jusqu’à son décès en 1981. Leur fille Madeleine Bens-Freinet l’assumera jusqu’en 1991, date à laquelle l’école Freinet, rachetée par l’État, devient école publique d’État et fait aujourd’hui partie du patrimoine, avec de sérieuses garanties de reconnaissance de l’œuvre de Célestin et Élise Freinet.

 

1968 : Le Mouvement Freinet continue de poursuivre son chemin, et L’ICEM adopte à pâques 1968 “la Charte de l’École Moderne”.
 

mai 1969 : fondation de l’association  Amis de Freinet

 

1978 : Dynamisé par mai 68, L’ICEM pédagogie Freinet publie les “Perspectives d’Éducation Populaire” (PEP) en 1978.  

1986 : Le contexte économique ne laisse guère de place aux structures coopératives et la CEL doit déposer son bilan, mais redémarre avec la S.A. des PEMF (Publications de l’École Moderne Française).  

1996 : L’UNESCO rend un hommage solennel à Freinet à l’occasion de la célébration de son Centenaire, accueillant 49 délégations d’enfants venus du monde entier et pratiquant la pédagogie Freinet.  

La Commission Européenne, la Présidence de la République et le Ministère de l’Éducation parrainent cette manifestation. 

octobre 2018 : sortie d’un timbre “Célestin et Elise Freinet” (0,95 €)

De nos jours : Les classes coopératives de l’École Moderne fonctionnent toujours avec les techniques de l’expression libre et du journal scolaire, de la correspondance interscolaire et des réseaux, avec l’apport des techniques modernes que sont l’informatique, le minitel, le fax, la vidéo, l’Internet ... Comme à ses origines, un même espoir en la liberté de l’enfant et en l’Homme anime les enseignants de l’ICEM, convaincus que la pédagogie de Freinet, vivante et généreuse, est porteuse d’une éducation populaire synonyme d’espoir et de modernité pour le 21ème siècle.

                   

 

L’Affaire de Saint-Paul

Dans Naissance d'une Éducation populaire (1) d’Élise Freinet (Droits réservés)
Livre en cours d'élaboration
[Le] dévouement opiniâtre d'un instituteur à l'école laïque, c'est, en fait, la raison unique de l'affaire de Saint-Paul.

 

Atmosphère irrespirable

l'école de St Paul de Vence 60 ans plus tard

l'école de St Paul de Vence
60 ans plus tard

À Pâques, la municipalité ne trouva rien de mieux que de répandre dans l'espace resserré entre les remparts, et qui nous servait de cour, des platras, de démolition d'où montaient sans fin des nuages de poussière de plâtre.

La période de vent amplifia les inconvénients de ce triste état de fait: dans notre classe du rez-de-chaussée, l'atmosphère était irrespirable; les yeux, la gorge, nous faisaient mal...
Silence de la mairie, silence de l'administration ; indifférence totale à nos protestations.
Malade, je fus obligée d'accepter un congé de six mois...

Cette année de Saint-Paul avait été pour nous particulièrement pénible. Nous nous enfoncions plus encore dans le travail pour oublier les duretés de la vie au contact des enfants et de la pensée collective de nos camarades.

La liaison avec les parents d'élèves se ressentit de cet état de faits. Freinet se rendait bien compte des faiblesses de cet isollement du milieu social imposé par la force des choses. À Bar-sur-Loup, l'école et son maître étaient le centre du village, l'élément d'éducation permanente; ici, ils étaient comme à l'écart de la vie villageoise, impuissants à la pénétrer. Comment n'en serait-il pas ainsi ? Tous les métayers qui constituent la majorité des parents d'élèves sont dispersés dans de lointaines fermes. Les visiter occasionnait une perte de temps énorme.

Il n'appartenait point à Freinet de solutionner des réalités insolutionnables ; force était d'en courir les risques en essayant d'y parer de son mieux.
 

La déclaration de guerre

Octobre arriva. La rentrée fut ce que sont toutes les rentrées dans les classes employant nos techniques : joie réelle de reprendre le travail, de retrouver les enfants, de partir vers la recherche et le savoir sous des aspects toujours nouveaux, toujours enthousiasmants. Par ailleurs, le démarrage de la C.E.L. nous occupe grandement, et comme chaque année, il faut faire face aux exigences nouvelles d'effectifs anormalement grossis pour les ressources financières de l'entreprise. Absorbés par un labeur de tous les instants, nous sommes dans la plus grande ignorance de cette malveilllance gratuite qui peu à peu prend cohésion et ampleur autour de nous.

À cette époque de raisins, de figues, de pêches, des offrandes nous parviennent continuellement sous la forme de beaux paniers arrangés avec art, apportés par les enfants, ou déposés discrètement sur le seuil de la porte, et c'est pour nous le symbole de la sympathie reconnaissante de ce Saint-Paul que nous aimons et au milieu duquel nous voulons vivre.

MAIS, UNE NUIT...
Dans la nuit du 1er au 2 décembre, vers une heure du matin, une voix discrète appelle, de la cour :
- M. Freinet! Pouvez-vous nous ouvrir ? Nous voudrions vous parler .
La porte ouverte, Titille notre employée, son frère Tounin, et un jeune ami, se présentent, tenant à la main des tas d'affiches, plus ou moins pliées.
- Regardez, M. Freinet, voiià des affiches que deux jeunes gens venus en auto ont posées dans Saint-Paul. Nous les avons suivis et avons tout arraché. Il n'en reste plus dans le village. Nous allons voir en bas sur la place et aux abords.
Grand fut notre étonnement en voyant ces deux grandes affiches colombier, l'une rouge et l'autre verte, qui nous font présager d'un coup la vaste campagne qui se trame contre Freinet. C'était une bombe explosant sous nos pas. Nous ne pouvions en croire nos yeux.
L'affiche rouge reproduisait un texte d'enfant qui avait été imprimé il y avait presque un an, en 1932 ; la seconde était un appel à la révolte des parents; l'une et l'autre placées sous le signe de la diffamation la plus outrancière.

Voici le texte d'enfant, écrit en gros caractères sur l'affiche rouge :
J'ai rêvé que toute la cIasse s'était révoltée contre le Maire de Saint-Paul qui ne voulait pas nous donner les fournitures gratuites... Je m'élance, les autres ont peur. Monsieur le Maire sort son couteau et m'en donne un coup sur la cuisse. De rage, je prends mon couteau et je le tue.
Monsieur Freinet a été le Maire... Je suis allé à l'hôpital. A ma sortie on m'a donné mille francs.

C'était là le texte d'un petit Espagnol qui venait chaque jour de Vence, enfant instable, anormal sous bien des aspects, et qui toujours dans ses écrits parlait de batailles, de meurtres, de faits sanglants...
Parce que c'était là un rêve, parce qu'il restait dans la ligne d'une individualité d'enfant et qu'il s'intégrait à l'atmosphère morale et humaine de la classe, ce texte ne suscita aucune remarque, aucune censure de la part du maître... C'était un document psychologique comme tant d'autres, pédagogiquement intéressant, comme tout ce qui sort spontanément de l'âme de l'enfant. Brusquement, la malveillance venait d'en faire un symbole d'immoralité et de crime...

Voilà, disait la deuxième affiche, les dictées qu'un instituteur sans scrupules impose à ses élèves. Nous nous élevons contre l'enseignement déplorable de ce mauvais éducateur de la jeunesse et nous tenons à dire avec force que nous ne comprenons pas que la société et l'Etat le paient pour accomplir cette besogne.
Signé: Les parents d'élèves

Nous ne pouvions comprendre, devant ce scandale brusquement suscité à l'encontre de notre dévouement inlassable en faveur de l'école, quelles forces pouvaient en être les auteurs. Car le procédé grandiloquent n'était certes pas du ressort des petites gens.Tout d'abord, il faut prendre contact avec les parents d'élèves. Qu'en pensent-ils ?

Offensive de l'extrême-droite

Brusquement, dans « l'Action Française », en première page, et sous la signature de la grande vedette Maurras, apparaît un article à l'adresse de l'instituteur de Saint-Paul : Freinet y est présenté comme un maniaque irresponsable, brandissant ie drapeau rouge, ne rêvant que de plaies et bosses, apologiste du meurtre et de l’assassinat mettant en péril la santé morale des enfants...

Chaque jour, Maurras, ce docte métaphysicien de l'autorité, y va de son couplet, repris en chœur par toutes les « Croix » de France et de Navarre et par toute la presse réactionnaire nationale et régionale.
Très vite, sous notre impulsion, la presse de gauche réagit, corrige les faits, et les situe sur le terrain de la défense de la laïcité. «L'Humanité», «L'Œuvre», « Le Rappel », « Marianne », etc... mènent spontanément une belle campagne en faveur de Freinet, et les journaux de province informés par nos adhérents prennent la défense d'un enseignement qui déjà à l'époque est présenté comme l'honneur de la pédagogie française. Localement, « l'Eclaireur de Nice » (réactionnaire) et « le Petit Niçois » (républicain) , au demeurant appartenant au même propriétaire ( ?) se renvoient continuellement la balle dans les joutes quotidiennes, et ce sera pendant de longs mois l'atmosphère tragique et hallucinante de faits qui nous dépassent, s'amplifient, se transportent à l'étranger, et dont « l'Argus » de la presse nous déverse sans fin les échos. Dans Saint-Paul règne le plus grand calme. Pendant plusieurs nuits, les affiches continuent à être enlevées par nos amis; mais un beau jour c'est le garde lui-même qui se charge de l'affichage, et, de ce fait, nous savons donc que l'événement gravite autour de M. le Maire et se situe immanquablement de l'autre côté des remparts. Peu à peu, nous connaîtrons enfin le vrai visage de nos ennemis, dont l'antiquaire reste le capitaine. Freinet pense qu'il est indispensable de prendre contact avec les parents d'élèves pour leur expliquer, peut-être en plusieurs conférences, le sens de sa pédagogie, et créer, un peu tardivement il est vrai, ce lien de l'école et du milieu qu'il n'a pu réaliser jusqu'ici.

imprimerieUn samedi, en classe, on compose une lettre d'invitation aux parents, pour susciter une réunion, le lendemain, à quatre heures de l'après-midi.
Radieux, les enfants emportent le papier chez eux :
- M'sieur ! nous, on pourra venir ? On « leur » montrera comment on imprime !
- Si vous voulez. Vous expliquerez vous aussi à vos parents ce que vous faites.
- Ah ! chic, alors !

On se sépare dans l'attente d'une fête...

Mais le lendemain, à trois heures, alors que je reviens de promener ma fillette, je me heurte à une foule de bourgeois de la ville qui me toisent au passage avec sur leur visage une arrogance ironique qui me surprend... C'est la mobilisation générale du Saint-Paul des riches, auquel s'est associé le monde interlope qui vit d'expédients courants... La masse s'ébranle sur mes talons, le maire en tête... Je crois encore à une cérémonie à l'église. Mais à peine ai-je franchi le portail, monté l'escalier pour aviser Freinet, que déjà un brouhaha de foule monte de la cour.
Précipitamment, nous descendons :
- De quel droit, Monsieur le Maire, violez-vous mon domicile arvec ces personnes étrangères à l'école ?
- Le maire est ici chez lui, rétorque l'antiquaire.
- Et vous, monsieur, êtes-vous chez vous ?
Cinglante j'interviens :
- Est-ce pour votre progéniture que vous êtes en souci ?
Il comprend l'allusion, rougit, désarçonné, et ne sait que hurler :
- À Moscou ! À Moscou! (Et c'est là le seul argument de cette foule sans cause: À Moscou ! À Moscou !)
Mais une dame fend la foule des manifestants. C'est Mme Lafitte, femme d'un ingénieur, intelligente, compréhensive. Elle a ses deux enfants à l'école de Freinet. Résolument, elle s'écarte de ceux qui furent jusqu'ici ses amis :
- C'est très mal, ce que vous faites ! Rentrez chez vous !
Elle vient vers nous, nous tend la main, et nous montons dans notre appartement.
Dans la rue, les manifestants s'écoulent et dispersent les enfants et les parents venus à la réunion :
- Allez-vous-en ! La réunion n'a pas lieu. Freinet s'en va.
Quelques jours 'après, un dimanche, M. le Maire se croit autorisé, dans une réunion pubblique, de faire pression sur les parents d'élèves par des insultes à l'adresse de Freinet:
- Si j'avais des enfants, je refuserais de les confier à un tel maître pour en faire des assassins !
Freinet traduit le maire en correctionnelle. Et l'incident agite quelque peu le village. Evidemment le maire n'est pas condamné. Comment en serait-il autrement ? De tels procédés, où le mensonge, la calomnie sont les armes courantes, n'influencent pas les placides paysans, au bon sens inébranlable. Plus que jamais ils nous accordent leur sympathie, et par réaction de classe ils font face aux  provocateurs. En fait, dans cette histoire de Saint-Paul, il n'y aura jamais que deux blocs qui s'affrontent: les travai!lleurs et les bourgeois. C'est entre eux qu'est la lutte. C'est entre eux qu'il y aura les heurts violents, les oppositions d'intérêt, les différences idéologiques.
Pour si étonnant que cela paraisse, nous n'aurons jamais en face de nous un ennemi, un adversaire, un insulteur.

Qu'en disent les parents ?

Dès le matin de ce 2 décembre qui fut contre Freinet une manière de coup d'Etat, nous nous rendons chez les parents d'élèves.

Freinet, avant l'ouverture de sa classe, voit les quatre ou cinq familles qui sont dans la ville. Je m'en vais, moi, vers les petites fermes semées dans ces vastes espaces qui descendent vers la mer. Nous emportons l'un et l'autre un cahier, un stylo, et très simplement nous disons :
- Des affiches ont été apposées cette nuit contre Freinet. C'est signé: « Les Parents d'Elèves ». Nous voudrions savoir exactement quels griefs vous avez contre l'enseignement qui est donné à vos enfants.
- Mais nous n'avons rien à reprocher à M. Freinet
, disaient invariablement les parents. Nous ne savons rien de tout cela ! Nous n'y sommes pour rien ! C'est un scandale que nous réprouvons ! Nous notions fidèlement la déposition, nous la relisions à haute voix :
- Est-ce bien cela que vous avez dit ?
- Oui.
- Alors, voulez-vous signer ?
- Bien volontiers.

Et ils signaient.
À Saint-Paul, seuls deux pères d'élèves ne voulurent pas donner leur signature, bien qu'ils aient reconnu être tout à fait satisfaits de l'enseignement de Freinet : garçon de café et coiffeur, ils doivent compter l'un et l'autre avec la clientèle bourgeoise...
Dans les fermes, ce fut une adhésion généralle :
- Comment donc ne serions-nous pas contents ? Nos enfants mangent bien au chaud en classe, ils travaillent bien ; ils sont si contents ! Bien sûr, que nous voulons que M. Freinet continue à les faire travailler ainsi ! Ce serait un malheur, si nos enfants devaient voir partir leur maître !

En fin de journée, nous avions acquis cette certitude réconfortante : les parents d'élèves ne sont pour rien dans cette étrange aventure. Tout de suite, Freinet met son Administration au courant des faits, et demande une enquête à son Inspecteur d'Académie. Enquête pédagogique, pour statuer sur la valeur de son enseignement, enquête dans le village, pour vérifier la fausseté des faits relevés par les affiches et la sympathie des parents à son égard.
Les jours passent. Pas de réponse de l'Académie. Pas d'incidents dans le village. Derrière la ceinture des remparts, dans le décor des vastes affiches lacérées, la population calme, sereine semble oublier l'incident...
Et l'école continua, sans qu'on pût déceler la moindre malveilllance, la moindre hypocrisie, chez les élèves. L'entrain au travail reste le même, et l'on parle des affiches fantômes, que le diable pose la nuit et que le bon Dieu enlève le matin. Comme c'est là le centre d'intérêt des tout premiers jours, on fit même des problèmes: « Calculez combien, avec le prix de revient des affiches posées, on aurait pu acheter de livres pour la bibliothèque scolaire.

Les premiers remous passés, on ne se rappelle plus, dans la petite classe, des affiches ciandestines, posées et sitôt enlevées, absorbé qu'on est par les travaux courants et les projets à venir.
 

Politique et pédagogie ?

Nationalement, les événements de Saint-Paul suscitent une vaste agitation. La Réaction donne de la voix. Nos adhérents, on le devine, s'emploient avec un dévouement inlassable à nous défendre par la presse, et l'action syndicaliste; les syndicats mènent une belle campagne locale et nationale; les écrivains de gauche nous manifestent leur sympathie.

Romain Roland écrit spécialement. Des interventions ont lieu à l'Education Nationale. Des attestations de sympathie, et même, - pourquoi ne pas le dire? - de franche admiration, sont adressées à Freinet et à l'Education Nationale par tous les éducateurs d'éducation nouvelle: Duthil, Baucomont, Perron, MIlle Fayol, H. Wallon, et à l'étranger par les pédagogues progressistes : Claparède, Dubois, etc...
Nous citerons parmi ces innombrables témoignages celui de Pierre Deffontaine, professeur aux Facultés catholiques de Lille :
Sans prendre parti dans l'affaire de Saint-Paul pour laquelle je suis trop peu documenté, je tiens à vous témoigner toute ma sympathie pour vos longs efforts en faveur d'une éducation qui fait si justement appel aux spontanéité.s créatrices de l'enfant.

...et celui de Ferrière, si élogieuse qu'il fit, paraît-il, hésiter un instant le ministre en personne :
C. Freinet est en train d'élever Saint-Paul au rang d'une des capitales pédagogiques de l'Europe. La France peut être fière d'un homme qui, comme les anciens Romains, allie à un haut degré le sens de la simplicité, de la franchise, de la délicatesse de sentiments, à un esprit décidé et impatient des injustices qui alourdissent encore trop le progrès de l'homme vers un Etat social ptus conforme à la mison, mieux organisé et plus juste pour tous.

Si ample est la sympathie dans les milieux intellectuels que Mme Lahy-Hollebecque et M. Lahy font même le voyage de Paris à Saint-Paul pour nous apporter leur appui, et sous cette action élargie de la France républicaine un événement se produit : l'Inspecteur d'Académie est déplacé !

Et tout d'abord, pourquoi cette irrégularité dans le cours des choses. Pourquoi est-ce M. l'Inspecteur d'Académie qui est déplacé ?

Il faut ici aborder le deuxième aspect de l'affaire de Saint-Paul, aspect pédagogique et administratif qui résolument se situe sous le principe d'autorité.

En fait, sur le plan pédagogique, il y eut toujours opposition entre l'éducation de liberté instaurée par Freinet et le vieil enseignement traditionnaliste préconisé par ses chefs, et cela est à ce point exact que l'opposition subsiste même quand l'Inspecteur d'Académie numéro 2 a remplacé l'Inspecteur d'Académie numéro 1.

Entendons-nous bien : il n'a jamais été dans l'esprit de Freinet de se soustraite aux règlen'ents qui le plaçaient en tant que subalterne sous la dépendance aidministrative d'un chef hiérarchique. Il a toujours tenu les inspecteurs au courant de ses innovations en leur faisant le service de son journal scoiaire, de ses revues, de ses éditions. Tout au début de l'imprimerie, influencé sans doute par les articles du « Temps » et de « l'Eciaireur », l'Inspecteur d'Académie avait adressé des félicitations à Freinet, mais au fur et à mesure que des artidles du novateur de Bar-sur-Loup paraissaient dans les revues syndicales ou pédagogiques, que des adeptes se levaient, que prenait forme un mouvement d'inspiration hardie et neuve, la vieille pédagogie s'alarmait.

La pédagogie doit partir d'en bas, écrivait Freinet, de l'intérêt initial de l'enfant pour monter vers des formes  majeures. Le maître est le grand camarade, l'aide compréhensif qui favorise l'ascension vers le savoir ; c'est l'enfant qui décide du rythme de la course et de son ampleur; il est l'ouvrier de son avenir. M. l'Inspecteur ne  comprend pas ce langage ! Il ne te comprend pas, parce que pour lui l'enfant est mineur comme est mineur à ses yeux le subalterne primaire qui n'en est qu'au premier échelon de la culture. La culture, pour lui, c'est une manière de hiérarchie qui doU!ble la hiérarchie sociale. C'est une progression qui va du concret à l’abstrait, du simple au compliqué, et c'est le maître qui la détermine d'avance. Tout vient d'en haut où se tient le réservoir de science, la somme des valeurs, et ce qui est en bas c'est !l'ignorance, c'est la tête vide à remplir par échelons progressifs avec le secours de la mémoire et de la compréhension. En dehors de ces voies traditionnelles, c'est le risque et l"aventure. Faute de pouvoir jeter l'interdit sur les innovations d'un subalterne têtu, résolument, M. l'Inspecteur ferme les yeux, il ignore tout de Saint-Paul et de son apôtre; il le laissera en marge de l'école contrôlée, s'abstenant de l'inspecter, de le conseiller, le laissant seul dans la bagarre, avec l'espoir de le voir un jour vaincu.

Est-ce le meilleur moyen de sauvegarder le principe d'autorité administrative et intellectuelle ?
Peut-être pas. Les événements devraient le prouver .
Quand éclate l'affaire de Saint-Paul, ce n'est pas une surprise pour l'Académie. Elle a reçu sans broncher une vingtaine d'appels à l'aide d'un subalterne qui voulait l'école propre qu'exige la loi. Elle était au courant, tout comme la Préfecture, des manquements graves de la municipalité. Sur le plan pédagogique, elle n'avait en main aucun moyen de contrôle. E[le venait de refuser l'enquête demandée par Freinet au lendemain de la pose des affiches et il y avait quatre ans qu'eHe ne l'avait pas inspecté !
Ces faits exposés à la Tribune de la Chambre par M. Planche (socialiste) interpellateur, produisent quelques remous. Et comme à cet instant ce sont les gauches qui pèsent dans le plateau de la balance, M. le Ministre arrête le couperet de l'autorité au beau milieu de l'échelle hiérarchique: M. Brunet, Inspecteur d'Académie, est renvoyé à Oran, son poste de début.

Mais il est des gestes qui dépassent les intentions de celui qui les exécute et qui inévitablement suscitent le choc en retour en replaçant les choses dans le bon sens de la tradition et du conformisme: ce petit primaire tout éberlué de se retrouver encore dans sa classe poussièreuse, c'est dans le linceul de sa pédagogie qu'on V1a l'ensevelir. Comme préambule, une bonne enquête pédagogique ! Par ordre ministériel, l'Inspecteur primaire, après une éciipse de quatre ans, fait irruption dans la classe de Saint-Paul, et cette fois, en compensation, y passe trois jours entiers, sans récréations, sans la moindre relâche, fouillant tous les détails, suspectant tous les textes imprimés, mettant son génie à faire surgir, du fait insignifiant, le prétexte légal à pourfendre une pédagogie jugée par avance subversive.

Nationalement, une vaste enquête est menée auprès de nos adhérents à seule fin de limiter les dégâts d'une pédagogie frondeuse qui a déjà semé aux quatre vents la malfaisance d'une liberté qu'il est temps de brider. Et, pour que les choses aillent rondement, sans inspection préalable, sans que Freinet ait eu connaissance de son dossier, la peine de « censure » lui est appliquée. C'est M. Richard le rapporteur de cette triste affaire. Venu enquêter quelques jours plus tôt, à Saint-Paul, si grande était son indignation qu'il ne parlait de rien moing que d'aller à Paris en personne voir de Monzie qu'il connaissait très bien...
Victime du principe d'autorité, sa conscience devait, à son tour, s'évanouir sous le surplis du juge.
Mais à cette séance mémorable, un télégramme iui était remis. Le voici :
Majorité parents d'élèves classe Freinet Saint-Paul tient à témoigner à Monsieur Freinet toute sa satisfaction pour enseignement donné à leurs enfants. Protestons contre poursuites engagées pour satisfaire clique réactionnaire ennemie école laïque. Signé pour délégation : Wuffray, Roux, Lafitte.