Edito : Artothèques...

 

 

Revue en ligne CréAtions n°185 "ARTOTHÈQUE"
annoncée dans le Nouvel Educateur N°185 - Publication : décembre 2007

Édito

 

 

 

Édito : Artothèques...

 

Très souvent, nous nous demandons comment faire pour déclencher ou relancer l’élan créateur de nos élèves dans le domaine artistique. Comment faire pour que leurs « représentations » ne stagnent pas ? comment les aider à s’engager dans une démarche artistique? et, par l’échange et la confrontation avec les autres ou d’autres œuvres, se nourrir et ouvrir de nouveaux horizons ?
La revue CréAtions décrit régulièrement des dispositifs d’ouverture et d’échange comme par exemple : les visites de musée, les résidences d’artistes au sein de l’école ou du collège, les interventions d’artistes auprès de la classe, la recherche documentaire, les correspondances plastiques entre écoles, etc. Nous avons choisi ici d’évoquer tout particulièrement le dispositif de l’artothèque. Vous pourrez découvrir trois modes de fonctionnement d’artothèque, complétés sur le site de l’ICEM par la présentation d’autres dispositifs comme la galerie d’artiste installée dans l’école ou encore l’opération « La grande lessive », mises en place par des collègues dans leur établissement.
L’artothèque rassemble des œuvres d’enfants et/ou d’artistes choisies par les classes et elle circule dans les classes, les écoles ou même dans les familles. Sa mise en place et ses fonctionnements divers apportent des solutions intéressantes aux obstacles que nous pensons rencontrer dans notre pratique pédagogique quotidienne des arts plastiques.
Tout d’abord, l’artothèque place l’enfant dans une position privilégiée , au contact des œuvres qu’il découvre, car elle diversifie son regard pour le nourrir :le choix et la profusion des images impliquent l’ouverture, la provoquent et lui permettent d’éviter de s’enfermer « dans un ghetto infantilisant »(*1); les œuvres, émanant d’enfants de tout âge et d’artistes, sont le plus souvent présentées sans hiérarchie ; les recherches documentaires qui peuvent compléter l’artothèque permettent de construire solidement une première culture artistique ; la réception par le groupe occasionne des observations et des échanges sur les techniques, les thématiques et le sens des œuvres et ce travail de lecture déclenche imagination, tâtonnements et expérimentations ; cette culture artistique personnelle se double d’une culture collective qui bâtit « des ponts entre savoirs personnels, -privés-, d’une part et savoirs coopérativement construits au sein d’une communauté que chacun sert et qui sert chacun, savoirs -publics-, d’autre part. » et développe des « métissages de cultures »(*2).
De plus, l’artothèque permet à l’enfant et à la classe de prendre du recul sur leur propre démarche, grâce à la création de carnets de bord qui retracent le parcours de l’exposition et des explorations menées autour de celle-ci. Lorsqu’il s’agit de choisir une œuvre pour la confier à l’artothèque, l’enfant est mis en situation, comme l’artiste, de donner à voir et de communiquer. Il se sent d’abord reconnu dans son mode d’expression.... il a sa place.
Enfin, l’artothèque donne un nouveau statut aux recherches plastiques enfantines et change notre regard sur la production des enfants. La question du choix collectif d’une œuvre parmi toutes celles produites par la classe pour l’exposer conduit les enfants à s’interroger sur les modes de présentation et les types de lecture induits par le spectateur, à voter ensemble après avoir découvert et échangé autour du travail de chacun, à accepter de voir son œuvre personnelle partir pour une longue période ou au contraire, en connaissance de cause, de ne pas la voir choisie pour l’exposition. Le vote permet de définir des critères communs et par conséquent d’échanger, de construire un vocabulaire commun, d’acquérir des notions plastiques, etc., tout un ensemble formant le patrimoine commun de la classe.
Plus qu’une simple banque d’images, ce dispositif donne accès à des productions et des œuvres réelles et devient source d’enrichissement mutuel aussi bien au niveau des élèves qu’au niveau des enseignants. La mise en place coopérative permet à l’enseignant de pouvoir questionner ses collègues sur leur pratique, d’améliorer la sienne, d’oser mettre en place des fonctionnements nouveaux dans son école, et de bousculer ses propres représentations sur la façon d’enseigner dans le domaine artistique. Nous notons que la pratique de ce dispositif, pour des raisons matérielles fort compréhensibles, laisse un peu de côté les productions en volume ou même les images animées vers lesquelles l’ouverture demeure nécessaire en prévoyant notamment des dispositifs de présentation spécifiques à l’école, des rendez-vous (expositions, festival vidéo…) qui permettront également de les valoriser.
(*1) et (*2) :extraits de « L’artothèque à roulettes »

CréAtions

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