Danse à l’abbaye

 

Revue en ligne CréAtions n°187 "MACHINES"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°187 - Publication : avril 2008

Classe de CP/CE1 de l’école Victor Hugo 2, à Epinay sur Seine (Seine Saint-Denis) - Enseignante : Monique Quertier - Chorégraphe : Ingrid Keuseman

 


Découverte, à travers la danse contemporaine,

de l’espace d’un monument historique 

 

 

Durant l’année scolaire 1997/98, nous sommes allés en visite à l’abbaye de Maubuisson. Dans la salle des religieuses, les enfants (Cours préparatoire) ont observé les voûtes en les montrant du doigt. La salle était vide. Alors, les enfants se sont mis à bouger, suivre les arcs des voûtes, des colonnes à la croisée, jusqu’à l’autre colonne... et moi, je les regardais, ils «dansaient la salle».
De retour en classe, j’ai demandé aux enfants de dessiner. Ils ont alors représenté la salle gothique avec ses voûtes, ses colonnes, son carrelage, ses vitraux, avec les perspectives : ils avaient intégré l’architecture.
A la séance de danse qui suivait, les enfants ont raconté l’abbaye et montré les dessins à l’intervenante. L’idée d’aller danser à Maubuisson était née. Nous avons bâti un projet pour l’année suivante, avec l’accord de Caroline Coll-Seror, responsable de l’abbaye de Maubuisson, pour l’utilisation des lieux.

Un partenariat réussi

Le travail en partenariat avec la danseuse chorégraphe Ingrid Keusemann, qui s’est effectué plusieurs années de suite en réelle collaboration, nous a permis de mieux nous connaître et ainsi d’enrichir mutuellement nos compétences, nos savoir-faire et d’en faire profiter les enfants. La chorégraphe connaît bien la classe et le lieu de vie des enfants : elle intervient aussi dans la classe, connait son fonctionnement coopératif et tous les projets en cours.

Des savoir-faire spécifiques
En tant que danseuse chorégraphe et professeur de danse, Ingrid sait éveiller les facultés cognitives, imaginatives et créatives des élèves ainsi que leurs aptitudes relationnelles afin de les amener à explorer et connaître les éléments du langage chorégraphique. Elle éveille et développe les capacités corporelles, motrices, sensorielles et perceptives des enfants.
Pour cela, elle les observe et plus particulièrement leur comportement corporel dans son sens le plus large, pour pouvoir 
rebondir sur leurs propositions.
Outre ses encouragements lors des actions de créations et son aide aux enfants en difficultés, l’enseignante s’est attachée à établir des relations entre les séances de danse et les projets de classe en cours. Elle organise la recherche documentaire en histoire ou en architecture en liaison avec le lieu découvert. La mémorisation du geste par le corps est suivie en classe par une autre représentation (graphique, verbale ou écrite) pour que la séance de danse soit mise en mémoire sous une autre forme d’expression, ce qui force l’enfant à l’abstraction.
Elle coordonne les travaux des enfants qui préparent un exposé final sous diverses formes: photos, vidéo, album,etc.

Sous le signe de la complémentarité
Enseignante et intervenante collaborent étroitement pour mener à bien le travail d’expression et de création selon la même méthode d’apprentissage que celle menée en classe dans toutes les disciplines : expression libre, confrontation au groupe avec observations et critiques, tâtonnements, inventions, recherches, réinvestissements, etc.
Selon les propositions de l’intervenante, ils suivent ensemble les pistes de développement corporel (orientation dans l’espace, placement du corps, précisions du geste, dosage d’énergie,etc.) sous forme de corrections d’exercices, précision de consignes, etc. Elles se concertent pour atteindre les objectifs propres au projet : appropriation d’un espace architectural, circulation dans un lieu, rapport entre le dedans et le dehors, prise de conscience d’un espace de vie différent de celui des cités où habitent les enfants, assimilation des impressions dans un but créatif, mise en éveil de tous les sens, choc du silence,etc.

Une année d’activités autour de la danse
Les enfants iront quatre fois danser à l’abbaye. D’autres séances de danse ont lieu régulièrement, à l’école. Mais le projet de danse est aussi un projet de classe et il est présent quotidiennement: au retour de l’abbaye, les enfants enchantés de leur séance, racontent, dessinent, écrivent, questionnent.
L’enseignante utilise toute cette motivation pour gérer avec eux l’organisation du travail. Et à travers toute cette expression (orale, écrite, corporelle, graphique), ces compte-rendus, cette recherche, l’enfant se construit et enrichit ses connaissances : il apprend.

 

 
   

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