En Chantier n°3 : Sur les chemins de la mémoire - Episode 2


Qui sont les Justes?

Les Justes sont des hommes et des femmes de toutes religions, conditions sociales et opinions qui ont eu le courage de sauver un(e) ou plusieurs juif(ve), ont fabriqué des faux papiers ou même transmis des messages en connaissance des risques qu'ils encouraient.
Le nom de "Juste" vient du fait que selon la religion juive, le monde serait sauvé chaque année par 36 Justes anonymes.
Comment devient-on Juste parmi les Nations?
Ce sont les personnes sauvées qui sont à l'origine des "dossiers de candidature". Il faut qu'au minimum deux personnes en fassent la demande. Le dossier est alors étudié par le Comité Français pour Yad Vashem, avant d'être transmis à Jérusalem. Puis, le dossier est examiné par des représentants d'organisations de résistants ou rescapés de la Shoah sous la présidence d'un juge de la cour suprême d'Israël.
Le mémorial de Yad Vashem a décerné le titre de Juste à 2 villages: Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire) et un autre village aux Pays-bas.
Sur l'allée des Justes, il y a un arbre pour chaque Juste. Il y a plus de 21 000 Justes dans le monde.
Mousson, Fuller et Le Gualès De Mézaubran sont les trois familles de
Loire-Atlantique reconnues Justes parmi les Nations.


Trois familles de Loire Atlantique Justes parmi Les Nations

Les informations que vous allez lire ci-dessous ont été trouvées lors de la visite du Mémorial de la Shoah. La médiathèque propose un dictionnaire des Justes dans lequel nous avons trouvé les informations suivantes. Auparavant nous avions recherché sur le site de Yad Vashem s'il y avait des Justes en Loire Atlantique.
Nous avions trouvé trois noms: Mr et Mme Le Gualès de Mézaubran, Mr et Mme Fuller, Mr et Mme Mousson.

Monsieur et Madame Le Gualès de Mézaubran (dossier 8449, nommés en 1999)
Adolphe Le Gualès était maire de Joué-sur-Erdre. Il a offert l'hospitalité à des Parisiens et notamment à Madame Cheffro en 1940 qui est ensuite retournée sur Paris. Le mari de cette femme fut déporté à l'est en juillet 1942. Il fut tout d'abord interné au camp de Beaune-la-Rolande dès mai 1941. Suite à la rafle du Vel d'Hiv, Mr et Mme Le Gualès recueillirent chez eux les deux aînés des enfants Cheffro : Charles (12 ans) et Lucienne (9 ans).
En 1943, Mme Cheffro revint à Joué-sur-Erdre avec 9 autres personnes. Ils furent tous cachés à Joué-sur-Erdre.

Monsieur et Madame Fuller (dossier 1294, nommés en 1978)
Ils étaient amis avec Vital Naar et sa femme. Ces juifs parisiens avaient trois fils; des jumeaux (Roger et Claude) et un bébé (Jean-Pierre). En novembre 1942, Mr et Mme Naar sont arrêtés, internés à Drancy puis déportés vers Auschwitz où ils périrent.
Quand les Fuller apprennent cette nouvelle, ils partent immédiatement à Paris pour récupérer les enfants. Les 3 garçons allèrent à l'école sous de faux noms et possédaient de fausses cartes d'alimentation. Ces enfants vivent chez les Fuller jusqu'en 1948. Ils adoptent le plus jeune, Jean-Pierre qui reste chez eux jusqu'en 1970.
Le Fuller ont également sauvé la vie de Carmen Silber, de sa belle-mère et de ses 3 enfants. Charlotte Fuller les a aidés à passer la ligne de démarcation pour passer en zone sud. Elle s'est ensuite occupée des biens de cette famille.

Monsieur et Madame Mousson (dossier 5286, nommés en 1992)

Le couple avait pour voisin la famille Rimmer (Juifs de Pologne venus se réfugier à Chateaubriant après juin 1940). Ils devinrent amis.
En juillet 1942, Monsieur Rimmer est arrêté par les Allemands et Madame Rimmer en octobre 1942. Cette dernière est internée dans un camp proche de Nantes avec ses 2 enfants Robert (6ans) et Bella (1 an et demi).
Les Mousson multiplièrent les efforts pour faire remettre la famille en liberté: ainsi Madame Mousson et sa fille firent appel au commandant du camp. Il accepta. Elles purent parler à Madame Rimmer. Mme Mousson arriva à la convaincre de lui confier ses enfants et le commandant accepta de les laisser partir car ils étaient nés en France.
Ensuite, Madame Rimmer fut envoyée à Drancy avec son mari puis ils furent déportés tous les deux à Auschwitz où ils furent assassinés.
Après la guerre des membres de la famille Rimmer vinrent reprendre les enfants. Marie Mousson mourut sans les revoir mais Auguste Mousson fut l'invité d'honneur au mariage de Robert, 23 ans après la guerre.

Rencontre avec Madame Le Gualès de Mézaubran, Juste de France

Le lundi 21 janvier 2008, nous avons eu la chance de rencontrer une Juste. Elle est venue nous parler de ses beaux-parents qui ont reçu à titre posthume la médaille des Justes car ils avaient sauvé une dizaine de juifs à Joué-sur-Erdre pendant la seconde guerre mondiale.

Le nom de Le Gualès est inscrit sur le mur des Justes au Mémorial de la Shoah et sur le mur du monument Yad Vashem à Jérusalem.

Mme le Gualès a pu nous communiquer ce que sa belle mère lui avait raconté. Elle nous a expliqué que sa belle mère avait caché une famille juive dans leur deuxième maison. Son beau père, lui, a fabriqué de faux papiers. C'est une amie de sa belle mère qui a gardé les juifs avec elle dans la deuxième maison. Quand sa belle mère est allée les confier à cette dame elle lui a dit de ne pas lui demander d’où ils venaient, ni comment ils s’appelaient.

Elle ajouta qu'elle paierait la nourriture. Mais un jour, le secrétaire de mairie (le beau père étant maire) a dénoncé une juive cachée dans le village et qui était sous la responsabilité de la belle-mère. Les miliciens français sont partis avec la petite mais le beau-père est passé devant eux et a demandé qu'on lui rende la petite fille, voeu d'ailleurs exaucé. Il revint ensuite avec la petite fille au village.

J’ai trouvé que Madame Le Gualès nous racontait bien exactement ce qu'elle avait elle-même entendu de sa belle mère. Elle nous a aussi montré la médaille qu'elle a reçue lors d'une cérémonie en 2000. Elle a reçu au nom de ses beaux-parents la Médaille des Justes parmi les Nations. Ses beaux parents ont pris de gros risques en cachant une famille et en fabriquant de faux papiers.

A venir
L'exposition sur la résistance et la déportation
Du 19 mars au 1er avril, le collège accueille l'exposition de l'Office National des Anciens Combattants intitulée "De la Résistance à la Déportation". Cette exposition retrace la montée du nazisme et de l'antisémitisme, la collaboration de Vichy, la mise en place de la Résistance française pour poursuivre sur la solution finale nazie: le système concentrationnaire.

Les élèves de 3ème 3 présenteront cette exposition aux autres classes de 3ème le vendredi 28 mars. Ils auront au préalable travaillé dessus et élaboré un questionnaire qui sera à remplir par les visiteurs.

Un film documentaire sera également présenté aux élèves sur les Justes parmi les Nations.

Ce travail a été réalisé par le groupe Doc2d (Recherche documentaire au second degré)
Pour nous contacter : bt[arobase]icem-freinet.org
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