Revue CréAtions en ligne "Carnets de bord" n° 197- avril 2010 - SOMMAIRE

Avril 2010

 

 CréAtions "Carnets de bord"

revue en ligne annoncée dans le Nouvel Educateur n°197 

Publication en avril 2010

 

Ont participé à l’élaboration de ce numéro : Jacqueline Benais, Simone Cixous, Véronique Decker, Anne Hadri, Katina Iérémiadis, Agnès Joyeux, Maud Léchopier, Danielle Maltret, Laurence Maurand, Anne Roy, Eliane Trocolo.
Crédits photos: Jacqueline Benais, Dominique Brochet, Philippe Geneste, Claire Loyer, Katina Iérémiadis, Joëlle Meslem, Dominique Tibéri, Eliane Trocolo.

  titre de l'article niveau de classe thème techniques utilisées artiste
Carnets de bord   édito    

Le carnet de bord de Dominique


élémentaire : CM2

Carnet de bord

 

enluminure, écriture, photographie, collage
peinture
 

Le carnet d'Eliane

maternelle : GS

Contes - Peinture - Poésie - Carnet de bord
photographie, bas-relief, assemblage, calligraphie  

Mon dico, journal de bord de Nicolas

4ème de collège

écriture - dictionnaire - carnet de bord techniques mixtes  

Ateliers de peinture


élémentaire : CP CE1

carnet de bord gouache, symétrie, lignes, formes  

Les fils rouges de Saint-Amand-en-Puisaye

adultes

Stage organisé par le secteur Arts et créations de l'ICEM en juillet 2007.Compte-rendus de stagiaires. terre, ocres, installation  

Autres carnets déjà publiés en 2009 et 2010 :

 

  titre de l'article niveau de classe thème techniques utilisées artiste

Le carnet de bord  du stage de Sarzeau

adultes

Stage de formation du Secteur Arts et créations de l'ICEM - Fil rouge, carnet de bord publié dans Créations n° 102

installations, sculpture, graphisme

 

Une année d'arts plastiques en MS

maternelle : MS

Peinture libre - Travail sur thèmes: dragons, passages - Jardinage -
Correspondance - Projets personnels et collectifs 
peinture, encres, collage, dessin, expression corporelle, installations, volumes   

Boîtes à sourires,  Boîtes à soupirs

lycée

Extraits du carnet de bord de Marie - Théâtre - Ecriture - Spectacle vivant

photographie  

Le carnet de bord des élèves de l'atelier danse

lycée

Danse- Ecriture - Carnet de bord - Musique

 geste  

Carnet de bord au collège

collège

Carnets de bord d'élèves


   

Carnet de bord "Images de l'eau"


maternelle : cycle 1

Jeux d'eau - Enquête sur l'eau - La pluie, le ruisseau, les reflets - Lire une image - Peinture "libre" - Les nuages rigolos - Sons de l'eau - Expression corporelle - Spectacle

coulures, collages à plat et en volume, encres et craies grasses, photographie, graphisme, peinture carreau, ribambelle, bateau en volume

 

 Eléments bibliographiques : Revue Hors cadre(s), Observatoire de l'album et des littératures graphiques :
N°5 : CARNETS ET ESQUISSES- octobre 2009 à février 2010 (publiée conjointement par L’Atelier du poisson soluble et les éditions Quiquandquoi)

  

 

Carnets de bord - Edito Nouvel Educateur n°197, avril 2010


Revue en ligne CréAtions n°197 "Carnets de bord"
annoncée dans le Nouvel Educateur n°197 - Parution : avril 2010

Edito : Secteur Arts et Créations

 

Carnets de bord

 

Qu’est-ce qu’un carnet de bord, quelle est sa place dans le domaine de l’éducation artistique ? Quels en sont les enjeux pédagogiques?

Dans le domaine de l’éducation artistique, cet outil du carnet de bord pourrait se définir en premier lieu comme une trace, celle d’un cheminement, individuel ou collectif. Le plus souvent, le carnet de bord s’inscrit dans le temps mais pas forcément, il s’élabore progressivement, suit une évolution propre, s’appuie sur un vécu, des émotions, des sentiments, sur des savoirs personnels et partagés, s’enrichit d’apports multiples, art sous toutes ses formes, rencontres, échanges, etc., et répond aux sollicitations intérieures et extérieures. Il met en lien, rassemble et met en correspondance des éléments épars qui ont nourri l’expression, comme par exemple les sources d’inspiration, le matériel disponible, des modes d’expression, l’environnement présent, l’univers mental de la personne ou du groupe, pour produire quelque chose à offrir ou non au spectateur.

Il matérialise le questionnement par une trace comprenant des écrits variés, des collages d’images ou d’objets, et sert d’appui et de tremplin à la réflexion : « Retour en arrière », « témoignage d’une évolution », regard rétrospectif sur l’acte créateur, « mémoire d’une pensée et d’une expression qui se construisent » (cf. le carnet de bord de Dominique Tibéri). Voilà comment, du vécu ou de l’œuvre, nous passons au discours, à la représentation sous la forme d'un carnet, qu'il s'agisse de carnet de bord, de carnet journal, de carnet de voyage, de carnet de dessins, de carnet d’expériences, de carnet de re-création, de carnet numérique ou de cahier de culture. La liste n’a pas de limite.

On réalise un carnet pour soi-même, pour étayer sa pensée, pour construire ses propres repères, ou pour les communiquer aux autres. Il vient expliquer, argumenter, documenter, poser des jalons pour décrypter un cheminement. Parfois, il prolonge l’œuvre elle-même par sa forme esthétique, humoristique, énigmatique… Le carnet de bord devient une sorte de « petit carnet de voyage intérieur » (ibid) où se tissent librement les pages, à l’aide de l’écriture poétique, du schéma descriptif, de la photographie, du collage, de la juxtaposition d’éléments divers, etc. Il reproduit fidèlement ou bouscule la chronologie des actes et des faits. Il met en rapport les sources d’inspiration, organise les résonances personnelles, conserve la trace des explorations, des observations, des pistes suivies ou abandonnées. Il met en évidence les doutes, les désirs d’expression, soutient les images naissantes et les aide à éclore. Il aide à anticiper, à oser l’aventure et l’inédit et se fait l’allié de l’imagination. Il peut retracer les étapes parcourues, préciser les étapes futures, constater les effets produits, échafauder des règles ou encore se faire l’allié de la rationalité.
Dans la classe, en tant qu’outil collectif, le carnet de bord accompagne et vient étayer l’élaboration d’une culture commune. On s’y réfère, on le prolonge au fur et à mesure de l’avancement des créations. A l'école maternelle, il peut jouer un rôle précieux quant à la structuration de la langue (langage d’évocation), à la structuration temporelle (mémorisation, anticipation, etc.) et d’une façon générale, peut servir de base pour l’élaboration du journal de classe par exemple, ou encore pour réfléchir avec les élèves à la manière d’exposer leurs travaux à destination du public.


« Cheminement, influences,
Traces, références,
Pratiques, didactique,
Impressions, expression…
Et si c’était ça le journal de bord ? »

( Maud Léchopier)

 

Ce numéro présente plusieurs extraits de carnets de bord pour entamer une réflexion collective sur ces questions. Vous les retrouverez en intégralité sur le site de l’ICEM avec leurs illustrations en couleurs : deux carnets de bord d’enseignants, l’un de maternelle, l’autre d’école élémentaire, ainsi que le carnet de bord d’un adolescent.
Sur le site, vous trouverez également des présentations de « Fils Rouges » issues de stages organisés par le Secteur Arts et Créations de l’ICEM (transcription des présentations faites par les stagiaires de leur démarche personnelle de création.

CréAtions

 

Tous les témoignages

Vers les autres Editos

Dossier "carnets de bord"

 


 

Le carnet de bord de Dominique

Revue en ligne CréAtions n°197 "Carnets de bord"
annoncée dans le Nouvel Educateur n°197 - Publication : avril 2010

Classe de CM2, Ecole des Trois-Maisons, Nancy (Meurthe-et-Moselle) - Enseignant: Dominique Tibéri

   

      Carnet n°1 - Une semaine « Création » pour un « carnet de voyage » !

 

 “ - Nous on voudrait faire craies grasses !

  - Y’a encore des fusains !
  - Où on s’met avec les encres ?
 - Dom, j’peux dessiner sur l’ordinateur ?
 - Les pots de colle, y z’ont pas été refermés la dernière fois !
 - …!”
  
L’heure d’arts plastiques ou plutôt d’arts visuels, comme il faut dire maintenant, devenait ingérable. D’autant qu’il fallait encore trouver un moment pour les présentations, mais aussi un espace de réflexion pour les affichages, plus un temps pour scanner et mettre sur le site de classe, sans oublier bien sûr ma part du maître qui consiste souvent à croiser le regard avec d’autres œuvres…
Comment faire tenir tout cela dans une semaine quand il faut aussi du temps pour les ateliers d’écriture et les recherches maths, pour nos aventures documentaire et les ateliers techno, pour nos créneaux au gymnase et l’assistant d’allemand, et bien sûr notre conseil coopé. en fin de semaine… Le tout bien empaqueté en dix-huit heures puisqu’il faudra accessoirement donner neuf heures à l’IUFM ?
Au chapitre du “ on n’aura pas le temps ! ”, du “ ça salit ! ”, et du “ c’est bruyant ! ”, on pourrait se sentir comme dans un poisson dans l’eau et finir par abandonner ces fichus moments qui donnent l’impression permanente d’aller trop vite, de zapper, de ne jamais avoir le temps de s’installer dans l’activité ! Une frustration de plus pour instit. quadra en mal d’aventures pédagogiques !
 
Et puis, est arrivé un paquet de nos correspondants (banlieue de Lille, à Mons-en-Baroeul).
 
Dans le paquet, un CD que les enfants avaient enregistré au cours d’un stage musical d’une semaine. C’est de là que l’idée a germé : et si nous prenions notre temps, si nous nous installions dans l’activité pendant une semaine pour enfin créer un truc sympa. Au diable l’emploi du temps et nos fichus rituels qui nous emprisonnent parfois. Explosons l’emploi du temps ! Les plannings et les programmations. Au diable quoi de neuf et travail individualisé ! Offrons nous, nous aussi, notre petit stage, entre nous, sans rien dire à personne, pour prendre le temps d’entrer dans la matière, la composition, la lumière… Un conseil coopé plus loin et l’idée (la mienne) était adoptée à l’unanimité… Eh oui ! Encore la part du maître !
 
Pour ne pas sacrifier les apprentissages fondamentaux sur l’autel de la création, il fallait trouver une idée qui puisse faire du lien entre plusieurs champs disciplinaires. Nourri depuis quelques temps par les carnets de voyages, j’avais déjà montré aux enfants quelques pages de ces “ carnettistes ” qui travaillent à la frontière de plusieurs langages : littéraire, poétique, photographique, plastique. On a eu alors l’idée de fabriquer un grand carnet de la classe, où chaque enfant fabriquerait sa propre page, qui intégrerait elle-même du texte, du graphisme, du dessin, du collage, de la photo… La semaine promettait d’être riche.
 
Chaque enfant a d’abord défini son propre thème. Puis on a voyagé dans le temps, à la recherche des enluminures que les copistes du Moyen-âge nous ont léguées, puis chacun est parti en quête d’images et de “ trucs ” de récupération à coller. Il a fallu ensuite écrire chacun sa petite histoire, son petit voyage intérieur. Une fois tous ces éléments épars réunis, on a pu commencer à réfléchir à une mise en espace, à une mise en couleur, et au procédé qui pourrait faire du lien entre les différents éléments réunis.
J’avais récupéré un stock de grandes feuilles de papier aquarelle (30 x 40). On a installé une table pour les encres, une table pour les craies grasses, une table pour le découpage. La classe a changé de physionomie pour une semaine et petit à petit, les éléments se sont assemblés, les uns alimentant les pannes d’imagination des autres. Des enluminures sont sorties des crayons, la magie lumineuse des encres leur a donné du relief, les textes ont pris forme et se sont évadées des interlignes bleus des cahiers… Et surtout, les enfants ont pris le temps de s’installer dans l’activité, d’aller au bout de leur projet, de tâtonner en recommençant un fond qui ne leur convenait pas, d’affiner un collage, d’échanger autour de leurs travaux respectifs…
 
            
 
 
 
Et malgré tout, certains n’ont pas encore terminé, et notre gros carnet collectif n’est pas encore terminé. Mais déjà des idées ont germé et certains enfants ont commencé leur carnet individuel…
Affaire à suivre ! : carnet n°2, carnet n°3.
 
Mais d’ores et déjà, un projet d’ateliers artistiques (carnet n°4, carnet n°5) est en cours pour s’adjoindre l’an prochain le partenariat d’une artiste, afin de faire de ces embryons de carnets d’écoliers individuels notre fil rouge pour l’an prochain.
 

   

Tous les témoignages

Les autres carnets de bord

Sommaire Créations 113 Suite de l'article
Carnet de bord, enluminure, écriture, photographie, collage, peinture                                              

 

 

Le carnet de bord d'Eliane

Septembre 2006

Revue en ligne CréAtions n° 197 "Carnets de bord"
annoncée dans le Nouvel Educateur n°197 - Publication : avril 2010
Première partie de l'article déjà publiée dans Créations n° 123 "Territoires" en septembre/octobre 2006 (Editions PEMF)  

Classe de Grande Section, Ecole maternelle Jean Moulin, Pernes-les-fontaines (Vaucluse) - Enseignante : Eliane Trocolo

 


Le carnet d'Eliane


les contes

les techniques plastiques

le dessin

les droits de l'enfant et la photographie

Comment rédiger un carnet de bord ?
 
 
C'est décrire, au jour le jour, toutes les activités plastiques réalisées par les enfants sans oublier de prendre les indispensables photographies.
 
 
 
Ma classe de grande section fait partie des six classes de l’école maternelle Jean Moulin, à Pernes les Fontaines, construite dans les années 90.
Le bâtiment comprend aussi une BCD spacieuse, une salle de motricité, un hall d’entrée transformé en muséum et un hall central, lieu d’exposition. L’école, implantée sur des champs à l’extérieur de la ville, s’est peu à peu trouvée entourée par des lotissements.
 
 
 
Notre projet d’école est axé sur les contes : l’an passé nous avons travaillé la structure du conte et l’oralité ; cette année, nous le poursuivons par la création de contes et une recherche sur la place du loup dans les contes mais aussi dans les albums.
 
 
D’autres projets à long terme tels que la découverte de l’environnement, le dessin en maternelle et la maîtrise des techniques plastiques pour aboutir à une production personnelle sont également prévus. 
 
 
 
    Pour lire la suite, cliquez sur les techniques plastiques
 
 
 

les projets collectifs

 


la découverte de l'environnement
 
 

"il neige, maîtresse!"

les haïkus et le printemps des poètes

 
sommaire "Carnets de bord"

sommaire Créations n° 123 "Territoires"  

contes, peinture, Poésie, carnet de bord, photographie, bas-relief, assemblage, calligraphie

 

Journal de Bord de Nicolas

Revue en ligne CréAtions n°197 "Carnet de bord"
annoncée dans le Nouvel Educateur n°197 - Publication : mars-avril 2010

Classe de 4ème collège A. Lahaye, Andernos, Gironde - Enseignants : Philippe Geneste, professeur de français et Dominique Brochet, professeur d'arts plastiques

 

Journal de bord de Nicolas

Présentation


Le travail interdisciplinaire en français et en arts plastiques porte sur une appropriation intime par l’élève du dictionnaire.
Modalité de travail : chaque élève reçoit des pages d’un dictionnaire réel. Sur ces pages l’élève choisit des mots qui l’intriguent ou qui lui plaisent. Le reste sera appelé à disparaître sous une illustration ou à être rayé.
Il s’agit à la fois d’une création plastique sur les mots choisis et d’une création poétique ou littéraire sous forme de définition. On rentre ainsi dans l’imaginaire plastique et littéraire des mots. Chaque élève tient un journal de bord de ce qu’il fait.


Voici le journal de bord
(texte seul) de Nicolas et quelques extraits de son folio.

 

Voici les différentes étapes de la préparation du folio :

1.J’ai rayé les mots du dictionnaire que je ne garde pas (ceux qui ne me disent rien, qui ne représentent rien de moi) ; j’ai hésité sur « Li » (symbole chimique du lithium) car ce symbole ne me disait rien mais la chimie m’intéresse.

2.J’ai surligné les entrées que je garde pour faire contraste par rapport aux définitions barrées. J’encadre en bleu celles que je ne suis pas certain de conserver.

3.J’ai établi la liste de toutes mes définitions pour mieux me repérer. J’en compte trente-quatre. J’en ai gardé deux de plus que je peux rajouter si je pense que je n’en ai pas assez (à mon avis, j’en aurai suffisamment).

4.Je commence à faire mes définitions personnalisées et les dessins qui représentent les entrées. Je choisis le mot « libellule » en premier. Pour décorer la deuxième page, j’ai surligné avec trois couleurs différentes (orange, vert et jaune) les moteurs puis colorié au marqueur tout autour afin de donner du contraste. J’ai décoré de la même façon quelques autres illustrations du dictionnaire.

 

Vers des pages du folio 

Tous les

témoignages

Les autres carnets de bord

écriture, dictionnaire, carnet de bord, techniques mixtes

 

Atelier de peinture

Revue en lignes CréAtions n°197 "Carnets de bord"
annoncée dans le Nouvel Educateur n°197 - Publication : avril 2010

Classe de CP/CE1, 2008/2009, École Plaisance du Touch – Haute-Garonne - Enseignante : Joëlle Meslem

 

Ateliers de peinture 

« C’est en marchant, que l’enfant apprend à marcher ;
c’est en parlant qu’il apprend à parler ;
c’est en dessinant qu’il apprend à dessiner. »

Apprendre à peindre en peignant.

Ça démarre comme çà : une feuille chacun, des pots de peinture, des pinceaux… « Allez-y comme vous voulez les enfants ! »

Dès qu’ils y sont tous passés, tout est accroché…
On regarde et on discute collectivement des diverses productions.
Qu’est-ce qu’on voit ? Qu’est-ce qu’on ressent ? …
Qu’est-ce qu’on pourrait faire au prochain atelier ?

Quelle « consigne » peut-on se donner ? Avec quels outils, quel support ?
« Allez, ça repart… » ….

Ainsi de suite, chaque étape rebondissant sur la précédente…
Un chemin jalonné de peintures tout au long d’une année à s’émerveiller aux joies des couleurs qui s’étalent sur les feuilles et enluminent nos sensations.

J'ai dressé une sorte de "book" de l'atelier de peinture mené dans ma classe de 22 élèves cette année - 2008-2009 - au fil de son déroulement.

Atelier PEINTURE : gouache

(Série 1)

Atelier PEINTURE :

"peintures en mosaïques"

(série 4)

Atelier PEINTURE :

se choisir une consigne

(série 7)

Atelier PEINTURE : gouache

(Série 2)

Atelier PEINTURE :

"peinture en pliage"

(série 5)

Atelier PEINTURE :

la peinture à la bille

(série 8)

Atelier PEINTURE :

techniques au choix

(Série 3)

Atelier PEINTURE :

encre noire, peinture or et  coton-tige

(série 6)

Atelier PEINTURE :
La peinture soufflée à la paille
(Série 9)

        Atelier PEINTURE :
Gouaches, drawing-gum
et ENCRE NOIRE
(Série 10)

  

témoignages sommaire "Carnets de bord" suite de l'article

carnet de bord, gouache, symétrie, lignes, formes     

 

Les fils rouges de Saint-Amand-en-Puisaye

Revue en ligne CréAtions n°197 "Carnets de bord"
annoncée dans le Nouvel Educateur n°197 - Publication : avril 2010

Stage de formation du Secteur Arts et Créations de l'ICEM, Saint-Amand-en-Puisaye (Nièvre)

 Les fils rouges de Saint-Amand-en-Puisaye

Au stage de formation du Secteur Arts et Créations de l'ICEM, qui s'est déroulé en juillet 2007 à Saint-Amand-en-Puysaye (Nièvre) chaque stagiaire a présenté son fil rouge et a laissé une trace de ce moment de présention in situ. Voici la transcription de quelques présentations.

 

FIL ROUGE D'AGNES


Je suis arrivée au stage avec une certaine expérience, des envies, des questionnements :
En 2007/2008, j’ai participé à un atelier de pratiques artistiques animé par un Conseiller Pédagogique et parfois un artiste. Nous avons notamment expérimenté l’acrylique et je suis arrivée à St Amand avec l’envie de réinvestir ces savoir-faire récents pour moi, pour les conforter, pour les adapter à une situation nouvelle, etc.
J’avais donc apporté des couleurs acryliques , du liant-colle , des brosses et des tissus.
J’avais aussi un très gros appétit de découvrir la terre à la manière d’Anne- Marie. J’avais assisté au Congrès de Paris à la présentation de sa démarche et j’étais très impatiente de la vivre !
- visite de la carrière
- visite de la mini-usine du centre de formation
- jeux de pression et d’empreintes (j’aimerais bien d’ailleurs en faire une petite fiche récapitulative, aide mémoire pour de futures séances avec des enfants)
- séance avec la barbotine
- création en aveugle
- bol à creuser et à tourner…(le temps fut trop rapide)
Mon fil rouge a démarré au lendemain de la « nuit des résistances ». Cette performance collective avait fondé le groupe et m’avait permis de découvrir la richesse des ocres.

J’ai donc utilisé sur un tissu des ocres avec un liant acrylique pour que ce travail puisse rester. La composition générale reprenait une forme spiralée comme celle de la vieille au soir. J’ai travaillé cette matière colorée avec des outils variés, des superpositions, des grattages, en y intégrant (ce qui est une constante de mes productions) des écritures lisibles ou non.
La fleur collée est un clin d’œil à mai 68 dont nous fêtons les 40 ans et dont l’influence se fait encore sentir tous les jours.
Puis, les différents moments de découverte de la terre avec Anne Marie, peut être aussi la présence-absence de Tatiana m’ont inconsciemment replongée dans mon passé, ce qui est rare car ce que je crée habituellement est trop souvent trop cadré, trop dirigé, trop intellectualisé, trop contrôlé…
La séance au bord de l’eau avec la barbotine a été pour moi un grand moment de plaisir et de sensualité. J’ai pris sur moi pour ne pas utiliser tout mon corps. Yeux fermés, j’ai été attentive à mes ressentis mais aussi à mes gestes que j’ai ralentis au maximum (sans tenir compte de la musique, un concerto pour clarinette joué par mon ancien prof, ce qui me replongeait encore dans l’enfance)…
Plus tard, j’ai pensé réutiliser la barbotine dans ma production « fil rouge » que je commençais déjà à voir comme une émergence : il y aurait eu de la barbotine tout autour mais je ne voyais pas comment mettre cela en œuvre de façon un peu durable (au moins jusqu’au temps de visite par le groupe des stagiaires…) et j’ai renoncé.
Cependant ma découverte sensuelle de la terre se poursuivant, notamment par la sculpture qu’Anne marie nous a encouragés à faire les yeux fermés. J’ai cherché à faire une partie lisse et régulière et une autre déchirée, tourmentée, …
Et c’est de l’idée de déchirure qu’est vraiment né mon « fil rouge »
- déchirure de la naissance (la mienne, celle de ma fille, …)
- déchirure de la maladie (ma fille a été opérée en juin d’un cancer de la thyroïde)

J’ai déchiré le tissu que j’avais peint,
J’ai déchiré le bloc de terre que j’avais préparé, lissé, presque formaté, …
Et tout le reste a suivi :
- la ficelle pour solidariser les éléments en terre avec le tissu et pour dire la cohérence de groupe de la « nuit des résistances »
- la bille, porteuse d’ambivalence : œuf symbole d’espoir ou élément étranger, hostile parasite, très contrasté sur le plan formel avec le reste
- le lieu de l’exposition à la fois sauvage mais aussi avec des vestiges de la présence humaine et encore des éléments naturels (les champignons, à la fois parasites et bienfaisants) en harmonie avec mon installation

 

Le travail inconscient a été cette année important et a influencé fortement ma production. Il m’est resté secret jusqu’à l’idée d’émergence et alors, il n’y avait plus de doute pour moi que ce fil rouge de terre, d’ocres, de tissu humain soignait ma souffrance de mère.
Comment les autres pourront-ils le lire ? Jusqu’où pourra aller l’interprétation d’un public éventuel ? Mon installation pourrait-elle aider quelqu’un qui se trouverait dans une situation similaire ? Jusqu’où les spectateurs-voyeurs partageront-ils mon intimité ?


Agnès Joyeux

 

 FIL ROUGE DE KATINA
"Une passante est passée au n° 1300" - Installation

 

J'avais envie de faire quelque chose avec la terre: d'abord un jeu de domino sur les formes puisées dans l'environnement et façonné en terre puis coloré. J'étais attirée par les formes des murs des fours des environs: rythmes, couleurs, etc., attirée par le bâti, les vieilles briques. J'ai cherché d'autres supports, je suis partie à la recherche de déclencheurs. J'ai laissé mon regard errer et me guider.
J'ai alors découvert dans le foyer d'un four, situé au centre du parc, un amas de briques jetées en vrac. Elles étaient peintes aux deux extrémités en blanc. J'ai eu envie de les repeindre avec des ocres, d'aller plus loin, de les décorer, de les maquiller et de les assembler sur le même lieu. Ainsi posées, elles me font penser à une petite ville, au Yémen, et le four à un petit temple. Je n'ai pas voulu recouvrir totalement les briques mais plutôt laisser apparentes les surfaces aux couleurs intéressants. Ces briques servent pour soutenir les plaques de cuisson et ont des couleurs variées. Je leur ai donné un autre statut.

 

 

Et puis, j'ai aussi découvert qu'il y avait des écritures sur l'un des murs du four, mais aussi des traces de dessins. "Un four qui parle!" . Ce lieu a revêtu aussitôt un caractère poétique. J'ai voulu rebondir sur ces paroles insolites: "Il était une fois un petit four qui s'appelait 1300. Il ne pouvait pas accepter de s'appeler 1300. etc. etc." Un début de narration laissé là par ceux qui utilisent le four et qui patientent durant des jours et même des nuits.
J'ai donc souhaité intervenir sur l'existant en me laissant guider par celui-ci.
Le four est devenu comme un être vivant: qui respire, parle, blague, raconte, pense, incite à la rêverie. Un lieu de vie associé à la patience. Et moi, je ne suis qu'une passante. Un lieu marqué par la présence-absence de ceux qui le font fonctionner et que j'imagine recouverts d'un tablier de cuir pour ne pas être brûlés, assis et silencieux dans la nuit, à côté du foyer. Tout se passe comme si j'entre en dialogue avec eux, avec l'espoir qu'ils découvriront les petites métamorphoses de leur lieu de travail et l'espoir que la rêverie se poursuivra. Je m'adresse aussi aux membres du groupe de stagiaires, à travers des citations que je recopie sur les murs: allusion à la matière qui résiste (Anne-Marie), parallèle entre la forme qui surgit et l'âme qui se construit et évolue, clin d'oeil à Hervé qui cherche Alain Fournier (Musée Alain Fournier qu'il vient de visiter, auteur du Grand Meaulnes et qui a disparu pendant la guerre de 14-18, un an après la parution de son livre)- deux chaussures gisent devant le soupirail et une théière est transformée en urne funéraire, etc.

 

 

J'ai agi dans l'instant, sans idée préconçue sur la forme de mon fil rouge ni sur les actions à mener.
J'ai voulu respecter l'existant, rebondir dessus, apporter une réponse, sans dénaturer le lieu. Ce four est pour moi en même temps un lieu d'humilité et un lieu de noblesse: Il s'agit de le mettre en valeur, comme un petit temple chargé de connotations: pouvoir alchimique, vestales, le feu sacré avec tout le mystère qui est associé à l'action de cuire, source de métamorphoses que l'on ne contrôle jamais totalement.
Mon fil rouge s'est élaboré un peu chaque jour. J'ai habité le lieu un peu chaque jour, comme une passante qui laisse sa marque avec la conscience que le lieu continuera de vivre et d'évoluer sans elle par la suite. J'ai fait le choix de ne pas conserver de trace. Heureusement, les stagiaires ont pris des photographies. Chez moi, pas de volonté d'appropriation ni même de revendication de "l'oeuvre".
J'ai joué sur l'ambivalence du lieu: "sacré et humble". Le bois qui servira pour la prochaine cuisson reste en tas irrégulier à côté du four, les cailloux et les briques aussi. J'ai juste un peu nettoyé le sol et souligné à l'ocre rouge la base du four ainsi qu'une partie du sol.
J'ai employé les ocres déjà présents sur les murs, avec un pinceau. J'ai détourné quelques objets présents (un couvercle de bois en pizza, une théière en urne, etc.).

 

Les entrées d'air du four, organes de respiration du four, sont nommées "soupirail qui soupire" et "soufflet qui souffle", comme si ce grand corps avait des états d'âme... Je m'approprie les graffitis aux allures de chat pour en faire un "grille moustaches". J'ai poursuivi les écritures sur les lignes de briques non pas sur un mode narratif car je voulais permettre une multiplicité d'interprétation et de jeux possibles aux prochains passants.
Je me suis inspiré du livre de Gaston Bachelard "La terre ou les rêveries de la volonté", dans lequel j'ai puisé des citations que j'ai recopiées sur les murs.


Katina Iérémiadis

 

 

 

FIL ROUGE D'ANNE

 

Ce stage à St Amand en Puisaye est le premier que je suis. Je me suis inscrite sans trop savoir ce qu’il allait se passer, ce que je devais faire. J’allais travailler la terre, ça c’était sûr mais comment, dans quel but … ?
Très vite, mes co-stagiaires ont parlé du fil rouge. Tous savaient ou paraissaient savoir de quoi il s’agissait. Un grand moment, l’aboutissement de la semaine, ...Plus on essayait de m’expliquer en quoi consistait le fil rouge, moins je comprenais. Tout était obscur. Alors comme pour mettre en image ce qui se passait dans ma tête, j’ai pensé à un labyrinthe. Il n’y avait là aucune référence artistique ou culturelle, non c’était simplement l’état d’esprit dans lequel je me trouvais.
J’étais arrivée à St Amand et je m’y étais perdue.

 

 

Alors j’ai commencé à travailler la terre et à fabriquer mon labyrinthe, il y avait une entrée, des couloirs mais pas de porte de sortie ni de passage entre les différents chemins. En parallèle, je suivais les conseils d’Anne-Marie, je me laissais porter par la terre, j’essayais de la modeler. Alors petit à petit des ouvertures se sont faites entre les divers chemins et à la fin du stage, une porte s’est ouverte pour permettre la sortie du labyrinthe.
J’ai ensuite placé des mots entendus durant le stage dans mon labyrinthe : main, empreinte, terre, création, trace, dur, sentir, ressentir, art, vie. Et à la sortie, j’ai posé un petit texte qui exprimait ce que j’avais ressenti au contact de la terre.


Anne Hadry

 

FIL ROUGE D'ANNE-MARIE BOURBONNAIS

 

Trop prise par les préparations de mon intervention, j'ai fait mon fil rouge dans le feu de l'action et dans l'urgence du dernier moment.
Pourtant, grâce au groupe que vous faisiez autour de moi, bien des situations, des évènements, des questionnements me sont revenus pèle-mêle à propos de mon engagement-désengagement-réengagement dans l'ICEM. Quelques étapes importantes de mon parcours ont émergé. J'ai eu plaisir à vous les jouer à la « séance de cinéma » présentée ce jour-là.
Situation, environnement, mise en place :
la salle de cinéma possède un toit « parachute » tenu par 12 personnes, bras en l'air.
C'est à moitié confortable mais bon, c'est pour la bonne cause !

 

 

 

A l'affiche ce soir :
HISTOIRE PLAN-PLAN D'UNE PETITE FILLE ET D'UN FIL ROUGE

 

acte I :
(en fait c'est un cinéma-théâtre)
La scène se passe dans la salle de classe d'une école pas très catholique (bien que..)
Sur l'écran du kamishibaï : le tableau noir.
Dans la salle les empreintes de terre en rangs d'oignons symbolisent les élèves.
Dans cette classe on doit chaque matin réciter à tour de rôle les saints du mois. On entend en voix off la litanie des saints. (On ne sait pas très bien si ces voix sont celles des élèves ou bien des spectateurs présents dans la salle de spectacle)
Tout se passe bien, chacun sait la leçon des saints.
Mais dans la salle, une petite jeune fille s'interroge...

acte II :
(en fait, le cinéma-théâtre-coopératif-itinérant-de plein air, est un cinéma-théâtre-coopératif-itinérant-de plein air, « à toit ouvrant », ceci, un, pour rappeler que c'est l'été et un peu les vacances, deux, pour soulager les spectateurs coopératifs)
Donc, bien sur, dehors il fait une belle nuit étoilée. On ouvre donc le toit du cinéma. Ouf !
Des pommes de pins qui cette fois symbolisent les élèves montrent que les temps ont bien changé. La mode aussi.
La petite jeune fille est devenue maîtresse d'école. Les élèves très à l'aise échangent avec respect dans un environnement joliment fleuri.
Dans la salle de classe la position des tables laisse penser que la petite jeune fille qui a bien grandi a aussi bien réfléchi à la pédagogie : les élèves de cette nouvelle école connaissent la loi, écoutent les autres, prennent la parole et la donne, travaillent en groupe, aiment la nature et le silence...ils utilisent les mots et les mathématiques avec art.
C'est normal : dans la salle plane l'ombre de Saint Célestin!

 acte III :
(sur l'écran du théâtre d'image on ne voit plus de salle de classe mais un atelier de poterie) .
Après bien des années la petite jeune fille devenue très grande a préféré la terre aux mots et aux chiffres. Que s'est-il passé ?
On raconte qu'un jour de pleine lune où les choses se mettent dessus-dessous, la petite jeune fille devenue un tout petit peu trop grande est tombée dans une mare d'argile.
Est-elle tombée par accident ? A-t-elle plongé ? A-t-elle trop rêvé ?
L'histoire ne le dit pas mais on raconte qu'on la voit marcher, les nuits de pleine lune, légère comme un saltimbanque, sur un ruban de satin rouge. Il paraît que parfois pour elle la terre est trop lourde à porter. Alors sur son fil rouge elle s'envole un instant pour chanter les empreintes, l'eau, le vent, le feu.
(on entend les louanges de la terre par un chef indien)
les portes du kamishibaï se referment.
conclusion si on en veut une :
inscrire dans les prochains programmes scolaires : « ré-installation d'une poterie dans chaque école et d'un tour de potier dans chaque classe »
FIN

 

 Plusieurs thèmes se sont imposés à moi dans ce jeu-résumé spontané :
· le rôle libérateur de l'école mais pas n'importe laquelle
· la pédagogie Freinet parce que le respect de l'enfant et de la personne
· permanence de l'esprit créateur
· la terre rencontre le corps
· la terre comme ré appropriation du temps et du rythme
· la terre comme expérience sensible, l'empreinte, la main
· la terre comme possibilité de réunification de la personne physique et mentale
· la coopération, le groupe pour accéder à la connaissance
· la matière, la re-connaitre, l'apprivoiser, son rôle dans la création
· la terre comme partage
voilà tout ce qui tourbillonnait...
bon, c'est un petit peu ce que j'aurais souhaité vous faire entrevoir dans ces quelques minutes de fil rouge.
est-ce à dire que la situation me donnait le vertige ?
À vous de voir !


Anne-Marie Bourbonnais

FIL ROUGE DE MARIE

Porte en terre qu’il faut pousser.
Porte craquelée par le temps, les pierres, les feuilles.
Porte colorée d’ocre jaune et rouge.
Porte inspirée par Jean Carriès.
Porte fil rouge.

 


 

FIL ROUGE D'ANNE

De quoi s’est nourri mon fil rouge (non exhaustif !)
Ballade sur le site pour m’imprégner du lieu. Je ramasse plusieurs tessons de poterie. Il y en a partout. Je les dispose par terre dans ma chambre. Les tessons posés sur les carrelages me font penser aux chantiers de fouilles où chaque carré est délimité par des fils tendus au-dessus. Je signale mon « installation » en la délimitant avec une bande de plastique rouge et blanc utilisée sur les chantiers.


Je pense au travail de Anne et Patrick Poirier.
« Anne POIRIER, née le 31 mars 1942 à Marseille - Patrick POIRIER, né le 5 mai 1942 à Nantes Etudes aux Arts décoratifs de PARIS; séjour comme pensionnaires de la villa Médicis à Rome(1969-1973).
À la fois sculpteurs, architectes et archéologues, Anne et Patrick Poirier explorent des sites et des vestiges issus de civilisations anciennes afin de les faire revivre par des reconstitutions miniaturisées. Leurs travaux - composés d'herbiers, de dessins, de photographies et de maquettes - sont une réinvention du passé, où se confondent lieux réels et paysages oniriques, ruines imaginaires et fragments archéologiques. Au début des années 1970, ils développent une œuvre contemporaine qui prend sa source dans une vision de villes calcinées : ruines antiques de la Domus Aurea, en référence à la maison de l'empereur incendiaire, Néron, imitation d'Ostia Antica, ou encore ville imaginaire inspirée tantôt de Borges, tantôt des récits mythologiques. » Extrait du site de l’encyclopédie audiovisuelle de l’Art contemporain.

Hervé m’initie au monde virtuel de « second life ». Je crée mon personnage : Ananas Ragu. J’ai beaucoup de mal à me déplacer autrement qu’en crabe. Je ne suis pas douée pour cet univers.
« Mémoires d’un porc épic » d’Alain Mabankou. Je suis en train de le lire : le narrateur, un porc épic, est le double nuisible de Kibandi.
Double, avatar … Rêve, réalité … Où se situe la frontière ? Qui la définit ?
Anne-Marie me prête un livre dans lequel je vais trouver des explications sur les poteries bleues. Anne-Marie me fait sentir la terre, me transporte dans un monde souple et sans âge.

 

Nous supposons qu’à cette période les hommes devaient encore réaliser eux-mêmes bon nombre de tâches matérielles. Il est probable qu’ils n’avaient comme nous un plusieurs avatars qui effectuaient ces tâches dont nous sommes libérés depuis des siècles.

Hypothèse n° 1
A cette période, les hommes étaient dotés d’extrémités leur permettant de saisir les objets eux-mêmes, un peu comme les pinces de nos avatars.
De quels éléments scientifiques disposons-nous ?
- l’empreinte sur cet objet n°1 (= empreinte de main sur une brique) Objet par ailleurs dont nous ignorons l’utilité (probablement pour se chauffer le corps pendant la saison froide qui n’avait pas encore totalement disparu). Les 5 parties que vous voyez étaient vraisemblablement mobiles et pouvaient ainsi saisir un objet muni de
- cette partie (« anse ») objet n°2

Hypothèse n° 2
Ces hommes mettaient leur nourriture dans des objets et ignoraient l’usage de la sonde gastrique si pratique.
De quels éléments scientifiques disposons-nous ?
Les deux fragments n° 3 et n°4 (goulots) indiquent que c’est probablement par cet orifice que la nourriture passait. Vous constatez qu’il existe deux tailles d’orifice ce qui laisse supposer que la nourriture devait être plus ou moins grosse.
Hypothèse n° 3
Ces hommes connaissaient l’écriture.
De quels éléments scientifiques disposons-nous ?
Ces signes ont été retrouvés. (boîte à lettres)
En utilisant notre dictionnaire intersémantique j’ai pu déchiffrer les lettres C-N-I-F-O-P mais aucun mot de notre langue ne correspond à celui-ci. Est-ce le nom de la tribu qui occupait ce lieu ? Le nom du lieu ? Le nom d’un Dieu ?

Hypothèse n°4
La couleur bleue possédait des vertus particulières.
De quels éléments scientifiques disposons-nous ? Les fragments trouvés dans la sépulture sont tous bleus. Une explication possible : lecture d’un extrait du livre prêté par Anne-Marie.

Par contre nous n’avons pas encore découvert de quels objets viennent ces fragments : vêtement, chaussures, bijoux ????
Hypothèse n°5
Les morts étaient enterrés avec un animal. Ici un oiseau. Etait-ce leur avatar ? Leur double, comme c’est la coutume au Congo, nous l’ignorons.
Hypothèse n°6
En dehors des hommes et de leurs supposés avatars, il existait d’autres éléments vivants. De quels éléments scientifiques disposons-nous ?
Ces fossiles révèlent des empreintes dont nous ne savons pas encore de qui ni de quoi elles proviennent. (planche n°3)

 


Anne Roy

FIL ROUGE DE VINCENT

J’ai découvert un lieu qui m’a intrigué. Je vous y emmène et vous raconte ma démarche.
« Dans un coin isolé du centre, je découvre cet endroit par approches successives car j’ai toujours l’impression qu’il est bouché par des obstacles.
Ce lieu a l’air abandonné ou jamais terminé. Un peu plus loin, une sorte de bassin en ciment assez profond (environ 2,50 m). Il a une vague forme d’œil dont la pupille serait l’île proche d’un des bords du bassin. Je fais un croquis du bassin et j’essaye de comprendre à quoi cela peut faire référence : est-ce la forme du département et l’île représente Saint-Amand ? Est-ce la forme du village de Saint Amand et l’île le CNIFOP ? Mais cela ne correspond à rien de connu et personne ne peut m’éclairer. Ce qui fait que je m’attache d’autant plus à ce lieu malgré son aspect peu accueillant alors qu’il aurait pu l’être s’il avait été un minimum entretenu et aménagé.

 

Un arbre planté au milieu de l’île d’environ 2,50 / 3 mètres de diamètre. Au pied de l’arbre, une sculpture en céramique posée à même le sol. Elle représente un corps d’homme coupé à la taille, la tête renversée en arrière. Nouvelle question : est-ce qu’il sort de terre ? Est-ce qu’il s’y enfonce ?
L’île me parait toujours inaccessible.
Je contourne le bassin par le bas et trouve un nouveau passage.
J’ai l’impression de toujours arriver à la limite du terrain. Si je persévère je découvre de nouvelles voies, de nouveaux passages ce que je ressens comme un rite initiatique.
J’arrive au point le plus proche de l’île et il me suffit d’une grande enjambée pour y accéder.
Je me mets au niveau du visage de la sculpture et suit son regard. J’utilise un pinceau que je fixe au bout d’une longue perche. Je le trempe dans la barbotine et je décide de m’en servir pour marquer le premier obstacle que son regard rencontre, en l’occurrence une branche de l’arbre sur laquelle je marque un point d’argile. Ceci suscite à nouveau des questions : qu’est ce qu’il regarde ? Est-ce qu’il regarde la branche ou par delà la branche ?


Le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt. Ce lieu ne suscite des questions sans réponses : utilité du lieu, forme étrange du bassin, place de la sculpture … »
A ce moment de la visite, je demande à chaque stagiaire d’écrire sur un papier ce qu’il imagine que la statue regarde. Chaque réponse est pliée non lue et déposée dans la sculpture à l’attention du prochain curieux qui viendra à se balader par là. Cela l’amènera à se poser d’autres questions dont il n‘aura pas forcément les réponses. Ma façon de faire perdurer le mystère du lieu.


Vincent Limonet

 

Tous les témoignages Les autres carnets de bord

Fil rouge, terre, ocres, installation

 

Journal de bord du stage de Sarzeau, organisé par le Secteur Arts et Créations en août 2001

Mai 2002

Revue en ligne CréAtions n°197 "Carnets de bord"
annoncée dans le Nouvel Educateur n° 197 - Publication : avril 2010
publié dans Créations n° 102 "Voyages" en mai-juin 2002

Stagiaires du stage organisé en août 2001 par le secteur Arts et CréAtions de l'ICEM

 

Journal de bord du stage de Sarzeau (Morbihan)


L’objectif final de ce stage
d’une semaine, ouvert à des adultes, était pour chacun la présentation d’une réalisation personnelle : le fil rouge mais aussi l’élaboration d’un journal de bord.


Flottement

Contrairement à un stage traditionnel de formation continue, les initiateurs se revendiquaient comme stagiaires et acteurs, ce qui a déstabilisé les nouveaux venus, sentiment accentué par le confinement en cette première journée pluvieuse dans un local exigu et sonore.


Ce démarrage fut difficile mais nécessaire, puisque dans l’action, nous y avons trouvé la communication.
Avec le recul, nous nous sommes rendu compte que chacun avait trouvé « un doudou », en l’occurrence sa chaise, toujours à la même place lors de moments de regroupement.


Rythme, équilibre

Dès le lendemain, ont alterné :

 

- des périodes d’activité et de réflexion,

- des situations de vie en groupe,

- des moments de découverte, d’ouverture : visite, présentation de travaux, consultation de la documentation et des moments d’intériorisation et de création.

- du temps prévu dans la grille et du temps libre.

 

L’influence du groupe s’est révélée

- dans les productions finales
- dans la coopération et la disponibilité de chacun : écoute, climat de confiance,
- dans les personnes-ressources : sculpture, informatique, références culturelles, etc.

Tous ceux qui ont apporté des travaux d’élèves ont pu les montrer, le groupe a pu réagir et élaborer une grille d’analyse des œuvres.


Ce va et vient permanent entre notre vécu de classe et le vécu du stage nous a permis de nous conforter dans nos choix pédagogiques, de progresser, de renouveler notre regard.


Dôlan, Hélène, Cathy, Jacqueline  et Mylène de l'IDEM 56 (Institut départemental de l'Ecole Moderne)

  

Carnet
de Dôlan

Carnet
d'Hélène

Carnet
de Cathy

Carnet
de
Jacqueline

Photos d'autres
"fils rouges"

  

Cheminement, influences,
traces, références,
pratiques, didactique,
impressions, expression…
et si c’était ça le journal de bord ?

 

                                                        Maud

 

témoignages stages             sommaire "Voyages"                          sommaire "Carnets de bord" 

 Fil rouge, Carnet de bord publié dans Créations n° 102, installations, sculpture, graphisme

 

Une année d'expression en arts plastiques dans une classe de Moyenne Section

Revue en ligne CréAtions n°197 "Carnets de bord"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°197 - Parution : avril 2010

Article déjà publié dans la revue CréAtions du98 au n°102

Classe de MS, École maternelle Joliot Curie, Lanester (Morbihan) - Enseignante: Jacqueline Benais

 

Journal de bord de l'année 1999-2000

 Journal n°1 - septembre-octobre

 

Pour répondre à la demande du Secteur : “Et le quotidien ?”, pendant l’année 1999/2000, j’ai essayé de noter au fur et à mesure – mais je n’ai pas toujours été très rigoureuse – les tâtonnements, recherches, pistes de travail exploités tout au long de cette année scolaire dans le domaine des arts plastiques en classe de Moyenne Section.

Dans cette école de 3 classes et demi d’une ville moyenne, en zone sensible , les mois de Septembre et Octobre furent très difficiles avec ces 27 enfants dont un certain nombre en difficulté (le tiers sera suivi par le RASED). Au retour du stage Maternelle, organisé pendant les vacances de la Toussaint, j’ai changé radicalement le fonctionnement de la classe et si cette année fut épuisante, elle aura été aussi très riche.

Les projets à long terme de cette année furent:

- la correspondance avec une classe de Moyenne Section distante de vingt kilomètres dont l’enseignante fait partie du groupe "maternelle" de l'IDEM 56 * avec laquelle je partage une longue et riche expérience de correspondance,

- la participation au concours "Ecoles fleuries" organisé par l’O.C.C.E (projet de toute l’école) associée aux sorties à la ferme pédagogique et à la production du journal d’école, projets soutenant et soutenus par les arts plastiques.

* le groupe "maternelle" a axé son travail sur les arts plastiques avec pour objectif une exposition pour le congrès de Rennes en retenant pour première piste : le carré noir. (IDEM: Institut  Coopératif de l'Ecole Moderne)

 

Journal n° 1 - septembre-octobre -   carré noir  -  les dragons - la correspondance -

Journal n°2 - novembre-décembre

Journal n°3  - janvier-février - passages

 Journal n° 4 - mars-avril 

Journal n° 5 - mai-juin

 

Tous les témoignages

CréAtions N°98

Les autres carnets de bord

Peinture libre, travail sur thèmes: dragons, passages, jardinage, correspondance, projets personnels et collectifs, peinture, encres, collage, dessin, expression corporelle, installations, volumes

 

Le carnet de bord des élèves de l'atelier danse

Septembre 2005

Revue en ligne CréAtions n° 197 "Carnets de bord" 
annoncée dans le Nouvel Educateur n°197 - Publication avril 2010 (PEMF)
publié dans les n° 118 à 122 de la revue CréAtions en 2005-2006

Lycée expérimental de Saint Nazaire (Loire-Atlantique) – Enseignante : Catherine Musseau - Chorégraphe : Christine Quoiraud

 

 

Le carnet de bord des élèves de l'atelier danse

 

Carnet n° 1

 

Dans notre lycée nous menons des projets artistiques, et cette année dans le cadre des Ateliers artistiques, nous allons nous interroger sur l’Autre en croisant les problématiques des artistes qui nous accompagneront.


Pour se familiariser avec la dimension du corps, j’ai proposé que Christine Quoiraud, chorégraphe marcheuse, nous “bouscule” avec ses approches de la marche, vecteur de l’acte dansé, et de l’improvisation dans tous les instants de la journée. Christine est impliquée dans un projet avec le Lycée Expérimental d’Oléron (Lepmo); nous imaginons alors un “croisement” avec les élèves, qui se fera sur l’île d’Oléron.
Nous faisons souvent le choix de quitter le lycée, ses murs et ses routines parfois peu propices à la concentration et au travail pour nous immerger dans la tension de la création.

 

carnet n° 1 suite carnet n° 2 carnet n° 3 carnet n° 4 carnet n° 5

 

témoignages sommaire Créations "Espaces du corps" sommaire  "Carnets de bord"

 

  danse, écriture, carnet de bord, musique, geste

 

Carnet de bord au collège

Revue en ligne CréAtions n°197 "Carnets de bord"
annoncée dans le Nouvel Éducateur n°197 - Parution : avril 2010

Article déjà publié dans la revue CréAtions du n° 103 au n°107

Collège K.Thoueilles de Monsempron Libos - Enseignant : Hervé Nunez

 

Le carnet de bord au collège

 Le “ carnet de bord ” comme outil individuel dans un fonctionnement collectif

 Introduction

Qu’est-ce qui fait courir ce prof ?

Sujet libre. Mais contrôlé !

*Le statut de producteur à l’œuvre dans l’atelier...

*Les règles d’un fonctionnement de groupe

*Comment fait-on exister le ressort de la création ?

À qui cela profite-t-il ?

Quand le carnet de bord s’appose à une recherche personnelle

 *Accumuler, semer, mûrir  

*Rencontrer, confronter, affronter

  *Cogiter

Travailler, expérimenter

Plusieurs carnets de bord

 

Introduction

“ Aujourd’hui j’ai fait quelque chose avec du sable. À continuer.
J’ai mis de la colle à quelques endroits de la feuille.
J’ai pris du sable de mer et j’en ai mis pendant 5 minutes, trois fois.
Puis j’ai mis des morceaux de cire et de la poudre à récurer.
En terminant j’ai mis de l’encre sur un bleu et sur un violet.
Je suis assez content de la réaction du violet avec le sable. ”

(Thibault, élève de 4ème au Collège de Libos - 47).

Il avait neigé, un profond silence régnait partout ; je voyais encore ici et là une petite lumière briller à une fenêtre et sur la neige, la silhouette noire d’un veilleur de nuit. C’était la marée haute. Vincent Van Gogh : Lettres à son frère Théo. Gallimard, 1998 - L'imaginaire

De ce collège du Lot et Garonne où professe un enseignant en Arts plastiques engagé à l’ICEM pédagogie Freinet nous arrivent par la Poste, trois carnets de bord. L’enveloppe gonflée de l’air emmagasiné pendant le voyage ou bien de la vie que les carnets retenaient, on ne savait encore. On ne tarda pas à savoir.

Trois collégiens sont là derrière leur carnet de bord qui en dit long sur la vie dans la classe, dans le collège, la place que les arts plastiques entendent tenir à coup de 55 minutes par semaine. Trois carnets qui passent étrangement en avant plan alors qu’ils sont tout au long de l’année ce qui ne se montre pas ordinairement. C’est vrai qu’on regarde bien davantage le masque d’Audrey ou la sculpture de Thibault encore à l’état de maquette, la vidéo d’Elodie,...

Et pourtant, placés là devant, ils en disent des choses. Sur le collégien qui le tient bien sûr, ses préoccupations, ses envies et son regard sur la classe ou la société mais aussi sur la vie de la classe qu’on voit se dessiner en filigrane. Et l’hypothèse s’échafaude presque d’elle-même : ce classeur que tient Thibault tout au long de son année de quatrième comme un véritable outil de recherche pourrait-il exister ainsi dans une classe fondée sur d’autres principes que ceux qu’on devine ici ? On sait bien que toute pédagogie construit les outils et l’organisation qui correspondent à ses intentions, ses idéaux... et dans ce contexte, le carnet de bord trahit sa nature profonde, celle d’un outil de l’élève chercheur qui ne peut exister que dans les conditions d’une construction des savoirs, d’une expérimentation permanente. Le carnet donne à l’élève un statut d’artiste comme ailleurs on lui confère celui de linguiste? (citation in: Apprendre à écrire : comprendre le sens du geste, AFL, 2002, p.31)

On a déjà parlé du circuit-court*, journal interne d’un groupe, en tant qu’outil dépendant de la vie du groupe, sans autonomie. Le carnet de bord serait-il lui aussi dépendant... Dépendant de l’existence ou non des conditions d’une situation de recherche.(*Le circuit-court: sa spécificité et ses usages. Nathalie Bois in: Actes de Lecture, n°62, p.35 -39).

Voyons...

 
Qu’est-ce qui fait courir ce prof ?

“ J’ai commencé il y a trois ans... à raison de 55 minutes de cours par semaine avec mes élèves, c’est souvent assez difficile. Je rêve de coopération avec les autres profs... de français par exemple. ”

“ Quand il y a consigne de travail, l’évaluation est assez simple. L’élève colle au sujet, l’élève s’en libère, ça se mesure. Lorsque, comme moi, on ne donne pas de consigne de travail autre que de s’investir dans une production individuelle sur l’année, ce n’est pas le résultat qu’il importe de jauger, c’est la progression de l’investissement. Ce que les élèves mettent en terme d’enjeux et d’intentions dans leur production, la capacité à nommer les contenus, la capacité à s’investir dans un projet d’exposition...

Dans cette logique, le carnet est pour moi un outil d’évaluation que je mets en relation avec les productions et ce que je vois de la vie de classe. Il remplit un double rôle d’accompagnement de la production d’une part, et d’objet de compréhension des processus de la production pour moi d’autre part.”

 

Sujet libre. Mais contrôlé !


Une certaine idée des conditions nécessaires à l’exercice de la liberté de création s’organise ici. Une idée de ce qu’il faut au créateur pour produire préside à l’organisation pédagogique : si, en effet, aucun sujet, aucune consigne ne seront imposés au cours de l’année scolaire, les élèves évolueront dans un contexte très construit avec une logique de travail trimestrielle, des conditions d’organisation du groupe et de participation des individus au sein de petites équipes dotées de tâches précises, des ressources mises à disposition du collectif et des propositions culturelles faites pour nourrir l’individu et ouvrir des horizons à sa création. Au total, un contexte qui attrape l’individu et lui fait savoir que :
- toute production individuelle prend racine dans un collectif, dans la participation de l’individu au collectif,
- toute production de sens joue avec les contraintes du matériau qu’elle doit traiter et travailler,
- toute production de sens est un travail, qu’il importe de revoir et relire souvent et longuement. Une relecture toujours renouvelée par la connaissance du monde, du langage artistique que toutes les rencontres, visites, découvertes auront modifié.

Ceci posé, le sujet libre peut se déployer. Autre accord implicite : il y aura nécessairement production. Et si les idées ne venaient pas ! Le mythe de l’inspiration se fait tordre le coup avec une liste d’idées affichée dans la classe et alimentée régulièrement par les élèves qui y déversent des projets qu’ils veulent mettre à disposition des autres. Cela pourrait servir à faire germer de nouveaux projets les jours de panne... quoique l’on voit au détour d’un carnet un élève opter pour une autre forme de déambulation : “ je ne sais pas quoi faire aujourd’hui ” [un détournement de publicité de magazine est collé] suit le commentaire : “ je ne sais pas si ça me servira un jour. ”

 


Le statut de producteur à l’œuvre dans l’atelier...

Les élèves, dans leur carnet, parlent de leur “ œuvre ” ; leur production se voit d’emblée conférer un statut particulier : c’est parce qu’on leur confère le statut de producteur d’œuvres artistiques qu’ils construiront les savoirs et techniques de ce statut. Ceci sera nécessairement un cheminement et se fonder sur ce qu’on sait des artistes experts et des conditions dans lesquelles les uns et les autres, très diversement, travaillent, organise l’environnement des élèves. On est là dans la construction d’un “ artifice pédagogique ” qui conduit l’enseignant à re-constituer, avec sa salle de classe, le CDI et dans un temps limité à 55 minutes par semaine, un atelier d’artiste ou d’artisan. Comme le ferait l’artiste, dans une démarche individuelle, l’enseignant puise aux ressources de la ville et de la région pour alimenter une culture de référence et introduit des moments d’échanges, de rencontres dans le travail avec des artistes en résidence dans la classe.

 

Les règles d’un fonctionnement de groupe

Travailler les couleurs, les matières, le papier et le carton, le plâtre et l’image vidéo,... l’atelier se dessine à travers la liste distribuée en début d’année et collée en début de carnet.

Au détour d’un carnet, on sait aussi qu’au fond de la salle, des livres d’art sont là à disposition permettant aux élèves de puiser dans un fonds documentaire qui s’étend au CDI.

Chaque cours débute de manière programmée : pas de place pour l’improvisation ! Le groupe de gestion a en charge de distribuer le matériel, les œuvres en cours, de veiller à leur bon état et aux conditions de rangement en fin de séance. Une manière indirecte de savoir ce que chacun fait...
Toute cette construction fait que le groupe vit, existe, a du corps, ce qu’on ressent à travers les notes que Thibault prend des débats, par exemple
:

“ Cécilia dit que quelqu’un n’a pas fait une œuvre [mais que c’est ] quelqu’un d’autre qui l’a faite. Mathieu dit que c’est important de faire lui-même l’œuvre. Rachel : On ne peut pas apprendre à tout faire. On sait faire des choses comme on ne sait pas en faire d’autres. Aurélie : des idées viennent au fur et à mesure et pas toujours du réalisateur. M. Nunez répond que les choses que l’on n’a pas faites tout seul sont expliquées et ont un sens dans le cahier. ”

Construction qu’on voit, également à l’œuvre lorsque Audrey écrit : j’ai consacré mon heure à observer les projets de mes camarades. Certains projets m’ont vraiment plu ! J’ai pu remarquer que chacun d’entre nous peut avoir des idées vraiment différentes. J’ai également pris intérêt au projet de Laure A. Et j’ai pu ainsi lui proposer plusieurs idées pour améliorer son œuvre.”

Construction qui s’éclaire encore de la responsabilité collective lorsque, s’apprêtant à assumer une fonction de présidence des débats, un élève utilise son carnet pour se préparer : définir le sujet du débat qu’il veut mener, rassembler ses idées et les illustrations sur lesquelles il s’appuiera.  

“Aujourd’hui je suis président de la séance. Je veux faire un débat sur les dimensions. J’aimerais de-mander que quand les personnes de cette classe font quelque chose si ils pensent à la dimension. Ou s’ils font suivant ce qu’ils ont. Je trouve que beaucoup de personnes utilisent dans la classe le petit format (24X32) et ce pour qu’on ne voit pas trop la production, parce que tout le monde fait comme ça, cela prend moins de temps. J’ai fait exprès de choisir A4 ou 24X32 pourquoi ne pas avoir choisi un format raisin...

Je montrerai Paul Rebeyrolle. En disant qu’il travaille que sur du grand format et que pour lui, c’est principal dans sa peinture. Elle n’aurait pas autant de force ? Moi j’ai trouvé : ça m’a impressionné vu la taille et les matériaux.”


Comment fait-on exister le ressort de la création ?

Par ses attentes exprimées en début d’année, le professeur agit sur le rythme de production : au premier trimestre, les élèves doivent produire 1, 2 ou 3 travaux. Au cours du deuxième trimestre le projet doit généralement s’inscrire dans une exposition ce qui représente des contraintes particulières (thématiques, de conditions d’exposition, de format,...). Et enfin au troisième trimestre, il s’agit de revenir sur les productions du premier trimestre.
Cette option de retour sur... inscrit d’emblée les élèves dans l’idée d’une révision, d’une relecture, d’une maturation... On pense évidemment à ces élèves de cycle 2 * à qui il a été proposé d’écrire un chef d’œuvre en disposant d’une année pour cela et de rapidement pratiquer une écriture par gonflement de l’intérieur et non par allongement du scénario. Les manipulations de la langue portaient alors sur l’ajustement entre le projet d’écriture et le matériau comme ici sans doute, la maturation entre le premier et le troisième trimestre permet de revenir sur le projet, de concevoir les premières étapes comme maquettes préparatoires peut-être, de profiter de nouvelles expériences intermédiaires avec des matériaux, des outils ou des supports nouveaux,... Dès le premier trimestre, savoir qu’on aura à revenir sur l’un de ces projets met, sans doute, dans un état de suspension qui n’est pas un point mort, plutôt quelque chose de l’ordre de l’accumulation d’expériences orientées vers la mise à disposition du projet terminal. (*recherche AFL-INRP sur la voie directe, 1994-1997).

La nourriture de la production de l’élève pendant cette année, outre les échanges formels ou informels dans la classe, prend la forme de visites (musées, expositions en ville), de rencontres avec des artistes ou des visiteurs,... et qui, selon les élèves, sera ou non présent dans les carnets (brochures, prospectus, cartes postales représentant des œuvres exposées,...). C’est le cas lorsque le carnet est pensé comme l’outil personnel d’une recherche, quand on a conscience que celui-ci n’est pas seulement un outil d’évaluation pour l’enseignant.


À qui cela profite-t-il ?
 

Dans la plupart des cas les avancées sont très lentes, les retours en arrière font écho à des perturbations personnelles ou scolaires, des réflexes scolaires et des stérilisations... dont les carnets témoignent, comme le montrent des élèves qui cherchent à répondre à l’attente du professeur,...

La libération ne passe pas seulement par le discours contenu dans le carnet mais aussi par le choix des productions : puisque le sujet est libre, l’observation de celui que se choisit l’élève est en soi marqueur du rapport qu’il entretient avec le système scolaire et plus précisément ce qu’il comprend de l’injonction posée en début d’année : s’investir dans une production individuelle. Ainsi, Elodie, qu’on voit dans son carnet énoncer à partir d’une phrase déclencheur de l’artiste Olivier Leroy “ si tout le monde y croit, c’est possible ” pose une idée qui n’est pas encore une œuvre au sens d’un produit de matière, d’intentions et de travail. “ Je pense que le monde entier repose sur cette phrase, c’est-à-dire que tout commence par quelque chose d’irréel (ex : les fêtes de familles, les rêves, l’entraînement des militaires,...) Moi, je vais m’intéresser à l’entraînement des militaires car en ce moment si cela n’aurait pas exister les pays n’auraient pas pu se défendre.

Les militaires s’entraînent à affronter quelque chose de bien réel en faisant quelque chose d’irréel (ils jouent à la guerre comme le font les petits enfants. (15 novembre)

Un projet est posé, donné à mûrir. Et quelques mois plus tard : “ Ce trimestre je vais concrétiser mon idée en réalisant un court métrage. J’ai donc fait passer le message ; quelques personnes ont été d’accord pour participer au court métrage ou bien pour me prêter le matériel nécessaire. ”

Et lorsque vient le moment de réaliser, s’opère aux yeux du professeur l’extraction du carcan scolaire : l’élève passe aux autres élèves de la classe une commande publique de participation : venir costumés pour le tournage (tenues de camouflage, tenues militaires) et garder leur costume toute la journée dans l’établissement. Elle fait la demande d’autorisation oralement auprès du principal et du principal-adjoint pour expliquer son projet : elle veut dire à tous que le collège, comme la société, est un lieu où s’expriment des comportements guerriers parfois. L’administration refuse aux élèves de la classe de venir costumés toute une journée. Le papillon sorti fraîchement de sa chrysalide manque d’arme pourtant... Pour le présenter à l’administration, l’écrit aurait tellement mieux soutenu ton projet, lui dit son professeur !

Le carnet est outil de cette libération. Il est la mémoire en action, en matérialisation. Il est à la fois gestation et objectivation de ce qui se produit. Mais quels élèves, combien d’élèves cherchent par le biais d’activités métacognitives,... un outil de leur émancipation ?

Dans certains cas, le carnet s’extirpe de sa forme la plus habituelle, “ un cahier d’école à carreaux ” pour devenir classeur petit format, en plastique pour résister aux fréquentations des expériences avec la matière de Thibault. Alors la chronologie des notations, des croquis et esquisses, des réflexions et des collages explose. Le foisonnement et le va-et-vient plus que l’ordonnancement. L’élève a fait abandonner à son professeur l’idée même de pouvoir observer une progression chronologique ; il est ailleurs que dans un rapport à la scolarité, il cherche. Avec un autre élève, très en difficulté par rapport à l’écrit, une autre forme est expérimentée : l’enregistrement vidéo. Un autre encore, tente de tenir son carnet malgré d’extrêmes difficultés. “ C’est très descriptif ” commente le professeur.
Comment faire alors pour que cet outil ne soit pas un agent supplémentaire de révélation et de reproduction des écarts sociaux déjà constatés, fractionnant la classe en deux camps: ceux qui sont dans une recherche, ceux qui sont dans une réponse scolaire ? Comment développer une pédagogie, une médiation dirait J-M Privat, qui aide les jeunes, dominés culturellement, à s’emparer de ces outils sans nécessairement reproduire les usages dominants à leur égard, peut-être en inventant d’autres usages.

La tentation est vite écartée de compter sur “ l’ordre naturel des choses ” : Je pourrais montrer des carnets d’artistes, des carnets d’élèves pour faire exister des images en référence,... pour que les élèves s’appuient sur un existant mais je redoute qu’ils les prennent comme des modèles. En fait j’aimerais que ça vienne grâce aux conditions d’entraide mais ils ne voient pas tout de suite à quoi ça sert. Ils voudraient passer les 55 minutes de cours à produire. 10 minutes de débat leur paraît déjà une amputation. Mais je pourrais essayer de faire avancer cette question en mettant certains carnets de bord en commun, en observation, en faire le sujet d’un débat...

 

 
Quand le carnet de bord s’appose à une recherche personnelle :

 Quand on sent que tout bois peut faire du feu ! tout est là, dans le carnet...

Accumuler, semer, mûrir

“ photocopie de signes chinois qui pourrait me servir pour la sculpture ”
“ Couleur serait bien pour la sculpture des pneus. Voir avec M. Nunez comment la réaliser. ”

On met de côté des signes, des photos, des idées exprimées en deux mots,... Accumulation pas nécessairement organisée mais accumulation sélective car on n’y trouve pas tout. Comment savoir que les signes chinois photocopiés “ pourraient servir ” ? Parce qu’on a un cap, une visée. Or c’est justement l’objectif qu’assigne ce professeur à ses élèves : qu’ils réussissent à se construire un projet de quelque chose à faire et à dire avec la transformation de la matière, avec l’esthétique... Le carnet est donc un lieu où quelqu’un peut lentement s’aider à comprendre ce qu’il aurait à dire avec ce médium que sont les arts plastiques. Un lieu pour voir se construire une image de plus en plus nette de l’intention, un lieu pour se voir en train de construire cette image.


Rencontrer, confronter, affronter

L’auteur, l’artiste, le producteur puise aux contacts avec la vie matérielle, sociale :

“ Enfin un débat qui m’apporte quelque chose. M. Nunez montre un travail d’une autre classe et demande à partir de cela: que pourrait-on faire?"

Voici mon nouveau projet : Je veux faire un dictionnaire de mouvement. Ce qui est en rapport avec le travail d’un autre élève et en rapport avec celui des figurines en fil de fer.


Cogiter

Que serait leur production s’ils n’y réfléchissaient pas, s’ils ne s’interrogeaient pas sur ce qui fait le Beau, ce qui fait légitimité de l’artiste, comment l’artiste pense son rapport au public, comment il pense sa place dans la société,... ? Aussi faut-il que l’organisation pédagogique permette d’introduire cet espace pour penser l’art. Luttant contre la montre, le professeur introduit 10 minutes de débat chaque semaine, fait cohabiter les élèves une semaine par an avec un artiste en résidence dans le collège, organise des visites d’expositions, et parfois les liens se font avec la vie privée dont le carnet témoigne :

“ Comment choisir ce que l’on veut exposer ? (...) le plus original, le plus rare, celui qui signifie le plus de chose. Il faut exposer celui qui te ressemble. Quelle beauté, dit H. Celui qui est bien fait. M. Nunez parle d’un texte sur un brouillon que l’on doit exposer. Ce qui est beau c’est d’arriver à son but. Et on peut exposer un brouillon. Silence. On te mettrait pas au journal de vingt heures dit M. Nunez au président. Le président ferme le débat. ”

Joachim* que j’ai rencontré dans la semaine m’a servi pour beaucoup de choses. D’abord il m’a montré que l’on pouvait faire de l’Art sans avoir de la technique. C’est ce qu’on veut montrer qui est important. Mon dictionnaire des mouvements montre bien ce que je veux faire voir mais sans détail. Ceci est mieux. Sa vision de l’art est assez particulière j’en ai débattu avec quelqu’un qui me disait en l’ayant vu que ce qu’il faisait n’était pas de l’art car dans la définition de l’art il y a beau. Qui est beau. Et ceci pour lui, ce n’est pas beau. Moi, je lui ai dit que le principal n’est pas ‘‘que c’est beau’’ mais que ‘‘ce soit beau pour l’artiste’’. Pour moi, l’art sert à éprouver un sentiment, technique ou pas. À débattre ! ! ! ” (*L'artiste Joachim Mogarra est resté une semaine au collège avec trois objectifs : concevoir une production pendant sa résidence, proposer des investissements aux élèves, aider à la concrétisation de leur propre projet).

Ce qui se consigne ici encore une fois n’est ni un compte rendu précis, ni une relation des conditions du débat ou de la conversation mais bien une sélection très personnelle et difficile à caractériser : les positions qui s’opposent dans une discussion et que l’on veut conserver pour soi parce qu’on sait qu’elles nous font avancer dans un chemin personnel non achevé ; ce qu’on veut garder pour le sourire que cela provoquera : “ On te mettrait pas au journal de vingt heures ”... Caractéristique de ces écrits propres aux travailleurs de la matière qui cherchent et qu’évoque le préfacier de la conversation épistolaire entre Vincent Van Gogh et Théo son frère: Et Vincent n’a pas cessé d’écrire. “ Évidemment mes lettres n’ont pas la prétention d’être toujours bien frappées, ni de toujours expliquer exactement les choses. Oh non ! je gaffe souvent. ” Vincent écrit non parce que ses lettres, comme celles d’épistoliers, doivent être lues à voix haute dans un salon mais parce qu’il doit écrire.(Vincent Van Gogh : Lettres à son frère Théo. Gallimard -L'imaginaire)


Travailler, expérimenter

“ Depuis quelques séances j’aborde un sujet sur les paysages. Je suis passé par différentes étapes. J’ai commencé à faire une centaine de paysages sur des feuilles A4. J’ai l’intention d’aborder ce sujet tout au long de ce trimestre. J’ai continué sur un très grand carton. Et j’y ai ajouté de la couleur avec des pastels et des feutres. Aussi j’ai pris une image de paysage et je l’ai modifié. Je veux les exposer avant la fin de l’année. ”

et puis encore :
“ 1ère séance du 2ème trimestre : Je commence un projet avec du fusain. J’essaye une représentation [de] la nature. Je pense que je vais continuer. La semaine prochaine. Cette idée me plaît et si j’ai le temps j’aimerais en faire beaucoup. ”
“ 2ème séance du 2ème trimestre : Je continue mon projet avec le fusain en plus j’invente des signes. Je continuerai la semaine prochaine, j’aimerais en faire une vingtaine. ”
“ 3ème Séance du 2ème trimestre : Mon objectif d’une vingtaine a été atteint. La semaine prochaine je ne sais pas trop quoi faire. ”
“ 4 et 5. Pendant ces deux séances, j’ai changé de sujet, c’est l’amour, j’ai fini. ”
“ 6 et 7. Pendant ces deux séances j’ai pris un paysage dans une revue et je les ai modifiés à ma façon. ”
“ 8. Je continue un peu mon projet sur le fusain et la nature. Et je pense faire un camion pour l’exposition de Rennes.”(à l'occasion du congrès de l'ICEM-Pédagogie Freinet à Rennes en août 2000).


Pour conclure et peut-être tracer des perspectives pour l’avenir, rendons la parole au professeur :

Cet outil est sous-employé à cause des conditions de sa réalisation. Le manque de temps, d’espace, d’outils langagiers. Le manque de relation entre les enseignements et l’insuffisance de sens que prennent nos enseignements quand devoirs et évaluations prennent le pas.
C’est dommage ! parce que malgré ces mauvaises conditions, le carnet permet de responsabiliser les élèves dans leurs apprentissages, de les ouvrir à la compréhension des processus, à l’observation de la production des autres,... Avec cet outil, ils ont une chance d’appropriation des savoirs qui s’appuie sur autre chose que sur la relation personnelle à leur professeur. ”

Nathalie BOIS de l'Association française pour le lecture (AFL).

Plusieurs carnets de bord:

Le carnet de bord de Thibaud
Le carnet de bord de Cécile
Le carnet de bord d’Audric
Le carnet de bord d’Isabelle

sommaire Créations 103 Grands formats témoignages suite article

Carnet de bord d'élèves, écriture, dessins, collages, etc.