Quelques dates importantes de l'itinéraire de Célestin Freinet et du Mouvement qu'il a initié
Leurs regards se tournent vers les grands anciens (Rabelais, Rousseau, Pestalozzi ...), vers les expériences d’avant 1914 comme celles de Paul Robin à l’orphelinat public de Cempuis dans l’Oise (Enseignement intégral), de Francisco Ferrer et son « Escuela Moderna » en Espagne (Enseignement rationaliste), et de Sébastien Faure à « La Ruche » près de Rambouillet (Enseignement libertaire). Aussi vers les expériences d’Ecole nouvelle de Faria de Vasconcellos près de Bruxelles et de Kirchstensteiner en Allemagne. Ils s’intéressent aussi de près aux expériences des années 20 en Suisse (A. Ferrière), en Belgique (O. Decroly), en Italie (M. Montessori), aux USA (J. Dewey, plan Dalton), en Allemagne ... et bien sûr aux pédagogues prolétariens de l’École du Travail de la jeune URSS (Pistrak, Blonskij, Kroupskaïa ...).
- Célestin FREINET naît le 15 octobre 1896 dans une famille modeste à Gars dans les Alpes-Maritimes. Entré à l’École Normale d’Instituteurs de Nice en 1912, il en sort pour être mobilisé en 1915. Jeune officier, il est grièvement blessé au poumon par balle en octobre 1917 au Chemin des Dames.
1920 : Après une longue convalescence, il est nommé au Bar-sur-Loup en janvier 1920 où il restera pendant 8 ans. Passionné par son métier et désireux de changer l’école, Freinet profite de ses congés et rencontre d’autres pédagogues (Hambourg en 1922, Montreux en 1923, URSS en 1925). Il collabore à des revues d’avant-garde (« Clarté », « l’École émancipée »), milite sur le plan syndical et politique et participe à de nombreuses œuvres coopératives (« Abeille baroise »).
1924 : Il introduit une imprimerie dans sa modeste classe rurale et rend compte de ses expériences dans diverses revues.
1926 : Il entreprend une correspondance interscolaire régulière avec René Daniel et sa classe de St-Philibert-en-Trégunc dans le Finistère, puis lance une “Coopérative d’Entr’aide pédagogique” avec une revue “l’Imprimerie à l’École”, mettant en place un réseau des “Livres de Vie” composés et imprimés par les écoles travaillant à l’imprimerie. Il épouse Élise Lagier-Bruno, institutrice et artiste (prix Gustave Doré de la gravure en 1927).
1927 : En août, à l’issue du Congrès syndical de la Fédération de l’Enseignement (CGTU) à Tours, se tient le premier Congrès international de l’Imprimerie à l’École avec la présence de la majorité des 40 premiers adhérents actifs, dont un délégué du Ministère de l’Instruction Publique espagnole. En octobre, sous l’impulsion de Rémy Boyau et d’instituteurs girondins, est fondée la Société “Cinémathèque Coopérative de l’Enseignement laïc” qui assure prêts et vente de films, projecteurs, caméras et envisage la production de films pédagogiques.
1928 : Au second congrès à Paris, les activités de l’imprimerie et de la radio fusionnent avec celles du cinéma au sein de la Société “Coopérative de l’Enseignement Laïc” (C.E.L.) dont la revue est “l’Imprimerie à l’École”. De “l’unité de l’enseignement” aux “méthodes naturelles d’apprentissage”, les adhérents de la CEL approfondissent techniques et méthodes nouvelles, et par souci de matérialisme pédagogique vont éditer les “Enfantines”, les “Fichiers Scolaires Coopératifs”.
Célestin et Élise Freinet sont nommés à Saint-Paul (de Vence) à la rentrée scolaire.
1932 : En février 1932, Freinet crée une brochure documentaire pour les enfants : la “Bibliothèque de Travail” (B.T.). En octobre 1932, la revue “l’Imprimerie à l’École” devient “l’Éducateur Prolétarien”. La CEL produit un court-métrage engagé “Prix et profits” réalisé par Yves Allégret avec les frères Prévert comme acteurs…
1935 : Célestin et Élise Freinet ouvrent une école privée “prolétarienne” avec internat à Vence. Pendant le Front Populaire, Freinet propose un “Front de l’Enfance” que préside Romain Rolland, et s’adresse aux parents pour promouvoir l’éducation populaire. Il lance les Brochures d’Éducation Nouvelle Populaires (BENP).
1937 : Son école accueille de nombreux enfants victimes de la guerre civile en Espagne. Une école “Célestin Freinet” est ouverte à Barcelone par la Généralité de Catalogne.
1939-1944 : Pendant la seconde guerre mondiale, les activités du Mouvement Freinet sont interrompues. Freinet est arrêté, interné dans plusieurs camps, puis assigné en résidence dans les Hautes-Alpes. L’école de Vence est fermée et saccagée. Des adhérents de la CEL subiront la déportation et périront (Bourguignon, Torcatis, Boubou, Varenne, Ballon).
1945 : À la Libération, Freinet anime le Comité Départemental de Libération à Gap et s’occupe d’enfants victimes de la guerre. La CEL redémarre et s’installe à Cannes. “l’Éducateur” reparaît dès 1945 et l’école de Vence peut rouvrir.
1947 : Le Mouvement Freinet se développe rapidement, s’organisant en 1947 en Institut Coopératif de l’École Moderne (ICEM). Face aux calomnies lancées contre lui par le PCF, Freinet et Élise quittent le Parti en 1948 après 22 ans d’adhésion.
1949 : C’est la sortie du film “L’École buissonnière” de J.P. Le Chanois, sur un scénario d’Élise Freinet, consacré au Freinet novateur et à l’affaire de Saint-Paul. Ce film populaire sera un succès et aura un énorme retentissement. C’est aussi l’année où paraît le livre “Naissance d’une pédagogie populaire” d’Élise Freinet.
1950-1954 : Une campagne virulente des staliniens contre Freinet tente sans succès de déstabiliser l’ICEM et la CEL.
1957 : La FIMEM (Fédération Internationale des Mouvements d’École Moderne) est créée, regroupant les Mouvements de dix pays et consacrant le rayonnement international de la pédagogie Freinet. De nouvelles revues : “Art enfantin” en 1950, “Techniques de vie” en 1959, “l’Éducateur second degré” en 1963, et bien d’autres ... vont voir le jour.
1964 : L’école Freinet est reconnue comme école expérimentale, et ses enseignants pris en charge par le ministère de l’Éducation Nationale. Sa renommée attire de nombreux stagiaires et visiteurs du monde entier, et tous les étés s’y déroulent des rencontres appelées “journées de Vence” avec la participation de personnalités et de chercheurs du monde de l’éducation.
1966 : L’itinéraire de Freinet se poursuit jusqu’à sa disparition à 70 ans en 1966, sous le signe des méthodes naturelles et du tâtonnement expérimental, mais aussi des combats sur les conditions de travail ( 25 élèves par classe dès 1953 !) la défense de l’enfance et ... de la paix.
Élise Freinet continuera leur œuvre et assurera la gestion de l’école jusqu’à son décès en 1981. Leur fille Madeleine Bens-Freinet l’assumera jusqu’en 1991, date à laquelle l’école Freinet, rachetée par l’État, devient école publique d’État et fait aujourd’hui partie du patrimoine, avec de sérieuses garanties de reconnaissance de l’œuvre de Célestin et Élise Freinet.
mai 1969 : fondation de l’association Amis de Freinet
1978 : Dynamisé par mai 68, L’ICEM pédagogie Freinet publie les “Perspectives d’Éducation Populaire” (PEP) en 1978.
1986 : Le contexte économique ne laisse guère de place aux structures coopératives et la CEL doit déposer son bilan, mais redémarre avec la S.A. des PEMF (Publications de l’École Moderne Française).
1996 : L’UNESCO rend un hommage solennel à Freinet à l’occasion de la célébration de son Centenaire, accueillant 49 délégations d’enfants venus du monde entier et pratiquant la pédagogie Freinet.
La Commission Européenne, la Présidence de la République et le Ministère de l’Éducation parrainent cette manifestation.
octobre 2018 : sortie d’un timbre “Célestin et Elise Freinet” (0,95 €)
De nos jours : Les classes coopératives de l’École Moderne fonctionnent toujours avec les techniques de l’expression libre et du journal scolaire, de la correspondance interscolaire et des réseaux, avec l’apport des techniques modernes que sont l’informatique, le minitel, le fax, la vidéo, l’Internet ... Comme à ses origines, un même espoir en la liberté de l’enfant et en l’Homme anime les enseignants de l’ICEM, convaincus que la pédagogie de Freinet, vivante et généreuse, est porteuse d’une éducation populaire synonyme d’espoir et de modernité pour le 21ème siècle.