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La correspondance scolaire

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« Nous cultiverons avant tout ce désir inné chez l'enfant de communiquer avec d'autres personnes, avec d'autres enfants, surtout de faire connaître autour de lui ses pensées, ses sentiments, ses rêves, ses espoirs. Alors, apprendre à lire, à écrire, se familiariser avec l'essentiel de ce que nous appelons la culture sera pour lui une fonction aussi naturelle que d'apprendre à marcher ».

C. Freinet ‑ L 'Éducation du travail

 

« Il faut leur dire ce qu'on mange à Bar sur Loup !
- ... Comment on travaille dans les champs.
- ... Ce qu'on récolte, ce qu'on fabrique
- ... Quels arbres poussent, quelles fleurs. Quelles bêtes vivent.
- ... Comment on s'amuse, les fêtes, les coutumes. »
C’était en 1925, la classe de Freinet (Alpes Maritimes) et celle de René Daniel (Finistère) entamaient pour la première fois une correspondance scolaire. Aujourd’hui, des dizaines d’années après, de très nombreuses classes pratiquent cette technique pédagogique, devenue habituelle, presque banale, recommandée par les textes officiels.

Trop souvent encore, l'école constitue un milieu artificiel, voire hostile pour les enfants. La vie extérieure en étant absente, l'école est un vase clos refermé sur lui-même dont le seul but est l'acquisition de savoirs. On n'y parle que de grammaire, orthographe, mathématiques, programmes... Il y a d'un côté l'école, remplie d'élèves, et de l'autre la vraie vie remplie d’enfants. 

Introduire la correspondance, c'est ouvrir portes et fenêtres : le contact s'établit avec d'autres, semblables mais aussi tellement différents. On apprendra d'eux comment ils vivent, mais on se penchera également, pour le décrire, sur son propre milieu, proche mais souvent méconnu. On nouera des relations affectives, si importantes pour la formation de la personnalité, la connaissance de soi.
La construction de l'individu n'est réelle que si elle intègre l'affectif, le sensoriel, le social : la correspondance est le moyen privilégié de rencontrer les autres, de les comprendre, d'accepter les différences et de s’enrichir.

La correspondance est source inépuisable de travaux : écriture des lettres, lecture des écrits reçus, mais aussi lecture ou écriture de textes divers, à destination collective ou individuelle, production d'albums, enquêtes sur le milieu, recherches mathématiques, documentaires, poétiques, etc.
Au cycle 2 notamment (cycle des apprentissages fondamentaux – GS-CP-CE1), quoi de plus naturel et motivant pour les enfants qui apprennent à lire et à écrire que d'essayer de comprendre ce qu'ont bien pu écrire les « copains », que de tenter de trouver les mots du message qu'on leur destine ? Apprentissage du lire-écrire et correspondance sont indissociables !
 
Quel que soit le niveau de classe, les programmes seront respectés, les acquisitions auront lieu, parce qu'elles répondront à un besoin fondamental pour les enfants, celui de communiquer.
La correspondance est également un véritable ferment de la vie coopérative de la classe : il faudra décider en conseil de classe du contenu, du rythme des envois, des réponses à faire, réguler les conflits si besoin, bref, élaborer les lois nécessaires à une organisation convenant à toutes les parties, gages de réussite.