Raccourci vers le contenu principal de la page

Pratique de l'autocorrection

 

 

À propos de la pratique de l'autocorrection

 

Jacques Terraza

(avec une classe de CM1/CM2)

 

Lorsqu'un enfant a terminé un exercice, il prend la fiche « CORRECTION » et, par comparaison, contrôle son travail.

Cette opération demande de l'attention, de la concentration, de la rigueur et de l'humilité.

L'autocorrection est une épreuve de vérité que l'enfant doit assumer même dans les situations défavorables.

 

Apprendre à s'autocorriger

Une période d'apprentissage est nécessaire. Pendant cette période, l'enseignant contrôle le travail a posteriori, évalue le contenu de l'activité et la capacité des enfants à s'autocorriger.

Cette période probatoire doit durer tant que les enfants ne sont pas autonomes.

Les fiches autocorrectives doivent être à la disposition des enfants. La plus grande erreur serait que le maître les garde par-devers lui. Dans ce cas l'enfant, travaillant sous surveillance, n'a aucune chance de devenir autonome.

 

L'évaluation du travail individuel peut s'ordonner autour de trois valeurs dégressives.

Vert : réussi.

Orange : réussi partiellement. La correction, ou l'aide d'un pair, a permis de comprendre. La réussite doit être confirmée par un exercice-bis réalisé seul.

Rouge : échec. Le recours au maître est obligatoire.

 

Lorsque la procédure d'autocorrection est intégrée, les enfants progressent de façon foudroyante dans le fichier. Ils deviennent aptes à analyser leurs erreurs, à les éviter par anticipation et à évaluer leurs besoins d'aide.

 

Vérifier les acquis à l'aide de fiches « test »

Les fiches de synthèse, ou fiches « test », qui ponctuent les séquences permettent de confirmer ou d'infirmer le travail réalisé en amont et la capacité à s'autocorriger.

L'échec conduit l'enfant à s'interroger sur la pertinence de son autocorrection ou à reprendre les exercices.

 

J. Terraza.

 

Difficultés et limites de l'autocorrection

 

Francis Bothner

classe de CM1

 

L'autocorrection n'est pas l'abandon de l'élève devant des fiches « questions-réponses ».

Le principe et la mise en place de l'autocorrection doivent être modulés en fonction des capacités de l'élève à se corriger et aussi suivant le domaine de travail.

Ainsi il est plus facile de mettre en place l'utilisation de fiches autocorrectives dans le domaine des opérations numériques… Et encore ! Quand l'élève barre simplement une réponse fausse et passe à la fiche suivante sans rien d'autre, sa correction est inutile, inefficace pour un apprentissage.

Je dis :

Autocorrection, oui,

mais autocorrection intelligente !

 

Réagir immédiatement aux erreurs et s'interroger sur leurs causes

Ainsi je demande à voir : l'erreur est-elle due à l'étourderie ou à une incompréhension ? C'est ensuite que je peux intervenir pour aider.

 

Le tout est une question de dosage dans le temps (période de l'année, de l'évolution de l'élève) et de type de fichiers.

 

1. Dans le temps :

- Pour les enfants n'ayant pas encore cette habitude de travail, une première étape consiste à chercher la fiche « corrigé », puis de faire le contrôle avec moi.

- Si tout est correct :

je peux parler des consignes pour la suite. L'enfant doit se poser les questions :

- que puis-je faire d'autre ?

- Ai-je le temps de commencer un nouveau travail ?

Ceci suppose l'existence d'un planning journalier, hebdomadaire, d'un emploi du temps, d'une montre personnelle ou d'une pendule dans la classe, permettant

à l'enfant de prendre des repères.

 

- S'il y a des erreurs :

- L'enfant a-t-il compris son erreur ? Il me l'explique. Cette explication est formatrice (prise de conscience, etc.). Si l'enfant n'a pas compris, c'est mon travail

d'expliquer, tout de suite ou à un moment plus favorable, éventuellement en petit groupe si l'erreur est commune à plusieurs enfants.

 

- Par la suite, l'enfant ne vient me montrer son travail que quand il y a des erreurs.

- Plus autonome encore : se passer de moi en cas d'erreur, un autre élève, compétent, pouvant aider. Il faut, dans ce cas, avoir mis en place des structures pour savoir qui peut aider.

 

2. Selon les types de fichiers :

Si avec un fichier d'opérations l'autonomie pour l'autocorrection se conçoit assez vite, d'autresd types le permettent peut-être plus difficilement : les fichiers de lecture, par exemple, qui demandent souvent un peu plus d'explication qu'une simple réponse-type sur une fiche.

 

Quelles seraient les limites de l'utilisation d'un système autocorrectif ?

 

Une des extrêmes limites serait l'isolement de l'enfant devant son travail individuel.

On en arriverait à un isolement très grand et méthodique en oubliant un élément fondamental de l'éducation des enfants : la part sociale, relationnelle, indispensable à un équilibre social.

Il faut donc trouver quelle part je peux donner au travail personnel et autocorrectif, quel volume horaire hebdomadaire… Personnellement, je fonctionne ainsi durant un tiers du temps de la semaine.

F.Bothner

 

Pratique de l'autocorrection :
faut-il craindre que l'enfant « fraude » ?

 

Anne-Marie Mislin

cours préparatoire et élémentaires

 

Je réagis au texte de J. Terraza en disant que je suis d'accord avec lui mais j'insisterais sur l'aspect « apprentissage de l'autocorrection ».

 

Observer comment les enfants corrigent

Avec les petits, j'exigeais que durant cette période d'apprentissage de l'autocorrection, chaque enfant corrige seul au moins trois ou quatre fiches par semaine en ma présence (en ma présence mais non pas avec moi).

J'observais comment ils s'y prennent pour corriger, cela permettait de voir où ça coince du point de vue de la méthode de travail.

Nous discutions ensemble de la manière avec laquelle il convient de s'y prendre pour corriger, mais aussi « ce que corriger veut dire », que ce n'est pas uniquement chercher les fautes, mais essayer de comprendre pourquoi c'est faux.

 

Personnellement, j'ai rarement constaté des « fraudes ».

Pourtant en observant le travail du soi-disant « fraudeur » il m'a fallu me rendre à l'évidence suivante : si un enfant se sert des « fiches correction » au moment de travailler sur les « fiches questions » et si par ailleurs il réussit les « fiches test » (pour lesquelles il n'existe pas de « fiches correction »), c'est qu'il n'a pas perdu son temps.

Et si cette « méthode de travail » correspond à sa démarche personnelle d'apprentissage (démarche qui n'est pas forcément prise en compte par le maître), peut-on à ce moment encore parler de « fraude » ?

Et si c'est ce système qui lui permet de réussir, pourquoi ne pas lui proposer cette même démarche dans d'autres domaines ? (Je penses à des domaines non traités par des fiches.)

A.-M. Mislin.


 

 Dans ma classe l'autocorrection n'existe pas

Roland Braun

classe de perfectionnement

 

Le texte de Jacques TERRAZA me parait très intéressant et je suis tout à fait d'accord avec lui, dans la théorie, pour des élèves de cours moyen et dans certains domaines. En le relisant je trouve d'ailleurs qu'il soulève des problèmes de fond qui mériteraient d'être approfondis:

- La correction se limite-t-elle à une comparaison entre son travail et un modèle qui serait la fiche de correction ?

- Peut-on normaliser ainsi les choses ?

- Dans le cas d'un problème par exemple, n'y a-t-il qu'un raisonnement juste ?

Je caricature !!

Dans ma classe de perfectionnement, l'autocorrection n'existe pas !

Je considère que les temps de travail personnel sont autant des temps d'apprentissage que des temps d'entraînement. Je corrige donc individuellement chaque travail et c'est moi qui note le résultat dans le cahier d'évaluation de l'élève. (J'utilise le même code que Jacques Terraza : vert, orange ou rouge.)

Ces moments de correction sont très importants pour moi car ils me permettent de mieux cerner le degré de compréhension de l'enfant (dans certains QCM, -questionnaire à choix multiples-, la réussite n'est pas forcément synonyme de compréhension), de le renvoyer immédiatement vers certaines fiches en fonction des difficultés qu'il a pu rencontrer, de revoir avec lui une notion non acquise ou même d'aborder une nouvelle notion, mais aussi éventuellement de le féliciter pour une réussite particulière, de nuancer un échec et de faire un commentaire sur la présentation, le temps qu'il a mis, etc...

 

Personnaliser la relation maître-élève

Cette dimension sociale d'échange avec l'enfant par rapport à un travail qu'il vient de faire seul devant sa fiche ou son cahier me paraît essentielle, et je crois qu'elle est l'un des éléments qui expliquent l'intérêt de mes élèves pour le travail individuel !

 

Il est vrai que je n'ai que 12 élèves et que j'ai les moyens matériels de fonctionner ainsi. Lorsque l'effectif dépasse 15 enfants, ce système ne peut plus fonctionner car le temps matériel ne suffit plus.

 

Il y a un domaine cependant où je ne corrige pas moi-même le travail des enfants, c'est lorsqu'ils travaillent à l'ordinateur (sauf traitement de texte) : les programmes installés sont autocorrectifs et les erreurs sont immédiatement signalées : l'élève ne peut pas s'enfoncer dans son erreur car la réaction de la machine est immédiate.

Roland Bothner

Extrait de CPE N° 283-284 de nov-décembre 1997