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Et nous, si on écrivait ?

Juin 2004

L’équipe du Nouvel Éducateur propose, aux Journées d’études de l’ICEM à Nancy du 22 au 25 août 2004, une réflexion autour de nos écrits : « pourquoi écrire sur nos pratiques ? » suivie d’un atelier d’écriture. Nous soumettons à votre lecture une première approche générale et justement discutable de cette question.
Comment se construit le petit d’homme ?
De son premier souffle à son premier pas, de son premier amour à son premier chagrin, c’est dans la prison inventée ou subie des mots et des émotions, dans le respect sans concessions des rites de la famille et de ceux de l’école que se trouve le point d’équilibre.
L’élan vital résiste à la contrainte et fait naître l’action, puis l’envol.
Comment naît l’écriture, l’envie d’écrire, le besoin, la nécessité de l’écriture ?
« Écrire, c’est tenter de savoir ce qu’on écrirait si on écrivait » tranchait Marguerite Duras. L’écriture serait dans l’écriture comme « la nature de la nature est d’être un système de systèmes ». L’écriture est aussi le résultat d’un ensemble de composantes en interaction permanente, qui évoluent par rapport à l’environnement, aux échanges d’idées ou aux frémissements intimes, en fonction des opinions ou des émotions, des mots dits ou découverts, bref, de ce qu’on veut bien laisser s’exprimer pour donner à lire.
D’autres parleront d’aventure : « J’écris parce que je ne sais pas ce que je vais écrire.
Sinon pourquoi écrire ? Écrire, c’est bâtir un chemin ignoré entre deux extrêmes. C’est vivre une aventure.* »
Encore une version très intime de ce que peut être l’acte d’écrire, très intime et qui fait fi des intentions de l’auteur, de la communication des écrits, des lecteurs potentiels.
N’écrirait-on que pour soi, exclusivement ?
Si ce peut être un choix parmi d’autres dans nos classes, avec nos élèves, ce n’est pas notre propos de militants pédagogiques qui publions une revue. Évidemment, notre intention au Nouvel éducateur est d’informer sur nos pratiques,de susciter de nouvelles
vocations, de nouvelles expériences. Évidemment, notre revue coopérative est aussi le miroir du mouvement Freinet, devrait être le miroir du travail des équipes Freinet et proposer des écrits collectifs qui permettent non seulement d’enrichir la revue, mais aussi de faire progresser les équipes qui y écrivent.
L’écriture collective est un apprentissage coopératif indispensable pour toutes les équipes Freinet qui veulent asseoir leur pratique et la transférer de la classe à l’école, qui veulent oeuvrer à la cohérence de leurs actions dans l’école et en dehors de ses murs.
On connaît bien (ou on imagine facilement) les échanges que l’écriture collective peut susciter et les mises au point qu’elle nécessite… après les hésitations des points suspendus, les doutes des points interrogatifs, on quitte le domaine de l’implicite, on précise, on s’explique et face aux contradictions, on est bien souvent amenés à repenser collectivement ce qu’on croyait définitivement installé. Une fois éclaircies toutes les zones d’ombre, une fois mises en oeuvre des pratiques repensées et reformulées, que reste-t-il ? Il reste les textes, les réécritures, la base concrète et transmissible de notre expérience pédagogique et, pour les auteurs, il reste l’essentiel :la connaissance que chacun a de cette entreprise d’écriture, la connaissance que seul l’auteur a de son oeuvre.
Pour partager nos points de vue sur la question « Pourquoi écrire sur nos pratiques ? », que vous soyez membre d’une équipe Freinet ou solitaire dans votre école, le comité de rédaction du Nouvel Educateur vous invite à le rejoindre aux Journées d’étude de Nancy, pour que naissent l’action, puis l’envol !

* D. Apruz, écrivain, auteur de Les pendules de Malac, prix Humour noir 1982.

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