Pour que les mathématiques ne soient pas réservées à une élite mais accessibles à tous, nous voulons par notre pédagogie, basée sur l’expression, la communication, la création, la coopération et le tâtonnement expérimental, permettre à tous les enfants de construire ses apprentissages mathématiques sans se sentir dévalorisé, incompétent et jugé.
De Rennes à Talence, le chantier math a développé sa réflexion sur les enjeux politiques d’un enseignement différent des mathématiques. L’accès aux mathématiques pour tous les enfants est et reste notre cheval de bataille. Nous voulons sans cesse vérifier la pertinence de nos outils et démarches « création, recherche libre », pour les enfants d’aujourd’hui. La co-formation que le chantier math tente de mettre en place à travers son stage et ses outils de communication,nous semble indispensable, pour que chacune de nous puisse mener à bien sa volonté de changer quelque chose dans l’enseignement des mathématiques dans sa classe. Elle nous permet aussi de conduire une réflexion plus globale sur la portée de ce changement.
Pourquoi changer
Les progressions définies, les exercices portant uniquement sur la notion étudiée, le systématisme de l’enseignement des mathématiques, la volonté d’étudier les techniques sans passer par le sens, donnent à l’enseignement des mathématiques à l’école tous les ingrédients permettant de garder cette prépondérance des maths et d’en faire un outil de sélection.
Un guide du maître bien fait ne permet pas d’accéder à une lecture d’événements mathématiques, qui souvent vont plus loin que les programmes. Une situation même bien montée reste souvent extérieure aux préoccupations des enfants qui même s’ils jouent le jeu restent en dehors, alors seuls ceux qui le peuvent de part leur origine culturelle ou de part leurs capacités réussissent. Les nouveaux
programmes apportent une ouverture en insistant sur les résolutions de problèmes.
Leurs auteurs oublient que l’enfant ne peut investir ses apprentissages que s’ils sont ancrés dans sa propre culture.
Comme pour les autres domaines d’apprentissages,nous souhaitons que la culture première des enfants soit le point de départ de la construction de nouveaux savoirs mathématiques. L’enfant a des représentations, des savoirs premiers et ne pas les
utiliser, est une distanciation non justifiée dans l’enseignement des mathématiques. L’enfant crée, cherche, présente, partage son tâtonnement avec ses pairs.
Il invente des situations de recherches apporte des évènements mathématiques.
Nous devons donc apprendre à être à l’écoute de ces situations mathématiques proposées par les enfants. Issues de créations, de moments de paroles d’événements de la classe, de recherches, elles permettront à la classe d’avancer et de construire ses démarches, ses tâtonnements et sa propre culture mathématique, dans le respect mutuel et la coopération.
La co-formation
Notre co-formation est basée sur le partage de nos représentations, sur l’étude de situation de classe (l’outil vidéo nous aide beaucoup), nos échanges tâtonnements,réflexions pour mieux comprendre les tâtonnements des enfants et découvrir ce que dans la même situation nous aurions pu proposer, et donc avancer ensemble. C’est aussi en approfondissant notre culture propre, par des lectures, des échanges à notre niveau de mathématiques sur des situations de classe, des recherches, que nous pourrons être à même de construire autre-chose avec les enfants.
Marguerite Vigne-Bachy
Chantier « maths » de l’ICEM
Octobre 2002
Auteur :